Dictionnaire de la Bible/Tome 3.1.b GREC-HERNIE - Wikisource (2025)

Fulcran Vigouroux

Dictionnaire de la Bible

Letouzey et Ané, (Volume III,p.311-312-637-638).

Tome 3.1.a GAAB-GRAVURE

Tome 3.1.c HÉRODE-ISAI

un nom nouveau que seul connaît celui qui reçoit le caillou. Apoc, ii, 17.

H. Lesêtre.


1. GREC (hébreu: Yâvân; grec: Ἕλλην, ἑλληνικός; latin: Græcus), nom ethnique. La Bible désigne sous cenom tous les peuples qui parlent la langue grecque, aussibien ceux d’Asie et d’Afrique que ceux de l’Helladeproprement dite. La première mention que la sainteÉcriture fasse des Grecs est dans la Genèse, x, 2. Latable ethnographique nomme, parmi les descendants deJaphet, Yâvân, mot qui sous la forme Iavanu désignela Grèce et l’Ionie dans les inscriptions de Sargon àKhorsabadet de Darius à Behistoun. Cf. F.Vigouroux,La Bible et les découvertes modernes, 6e édit. in-12,Paris, 1896, t.i, p.340, n. 1. Voir Javan.

I. Le mot Yâvân est resté en hébreu pour désignerles Grecs dans Isaïe, lxvi, 19; Ézéchiel; xxvii, 13, 19;Daniel, viii, 21; x, 20; xi, 2; Zacharie, ix, 13. Dans cesdiverses passages, les Septante emploient les motsἙλλάς, Ἕλλην, et la Vulgate les mots: Græcia, Græcus.Les hébreux, vers l’époque de la captivité, ont dû connaîtreles Grecs en Égypte, car Psammétique employaitdes Ioniens et des Cariens comme mercenaires. LesGrecs étaient installés près de Bubaste, dans une partiede l’Égypte avec laquelle les Juifs avaient de fréquentsrapports. Voir Cariens, t.ii, col.281. — Isaïe, lxvi, 12,prophétise que les Grecs seront convertis par les Apôtresd’origine juive. — Joël, iii, 6 (hébreu 11), dit que lesTyriens vendaient les fils d’Israël comme esclaves auxGrecs. Il est encore question du commerce d’esclaves etde vases d’airain que les Grecs faisaient avec les Tyriensdans Ézéchiel, xxvii, 13. Daniel, viii, 21-25, prédit lapuissance du bélier, c’est-à-dire d’Alexandre, roi desGrecs, et des rois qui se partageront son empire. VoirAlexandre, t.i, col.346. Zacharie, ix, 13, annonce lesvictoires des Machabées sur les rois grecs de Syrie;Alexandre est désigné sous le nom de premier roi desGrecs. I Mach., i, 1; vi, 2. Voir Alexandre, t.i, col.245.Alexandre visita Jérusalem, d’après Josèphe, Ant. jud.,XI, viii, 3, et quelques Juifs se joignirent à lui dans sonexpédition contre les Perses. Josèphe, Cont. Apion., ii,4. Les rois de Syrie qui soumirent la Palestine à leurdomination sont également appelés rois des Grecs. Cetitre est donné à AntiochusIV Épiphane. IMach., i, 11.Lorsque les Juifs sollicitent des Romains leur secourscontre ces princes, ils demandent qu’on les soustraie aujoug des Grecs. IMach., viii, 18. Les mœurs grecquesséduisirent un grand nombre de Juifs, même parmi lesprêtres. Ceux-ci s’adonnèrent aux exercices helléniques,notamment à ceux de la palestre, au jeu du disque, etc.IIMach., iv, 15. Cependant la plupart restèrent fidèlesaux coutumes et à la religion juive et Antiochus Eupatorse plaint de ce qu’ils ne veulent pas adopter les mœursgrecques. IIMach., xi, 24. Les Grecs avaient établi desgarnisons nombreuses en Palestine. Ils occupaient enparticulier la citadelle de Jérusalem.

II. La langue et la monnaie grecques se répandirenten Palestine sous la domination syrienne. Voir Grec biblique; Drachme, t.ii, col.1502; Didrachme, t.ii,col.1427; Monnaie.

III. Les Juifs furent en rapports avec les Grecs del’Hellade proprement dite sous les Machabées. Le grand-prêtreOniasIer demanda aux Spartiates leur alliance, etle roi Arius lui répondit par une lettre dans laquelle ilaffirmait que «les Spartiates et les Juifs étaient frèreset de la race d’Abraham». IMach., xii, 20-23. VoirArius, t.i, col.965, et Spartiates.

IV. Les Juifs, dans les siècles qui précédèrent la venuedu Messie, se répandirent en grand nombre dansles pays de langue grecque, en Asie, dans l’Hellade proprementdite, en Égypte et dans l’Italie du sud. Ilsfurent généralement bien traités et dans beaucoup decités, ils avaient une sorte d’autonomie et souvent desprivilèges, notamment à Alexandrie, à Cyrène, à Antiocheet à Smyrne. Voir Cité (Droit de), t.ii, col.786.C’est pour ces Juifs hellénistes que fut faite la traductiondes Septante. Un certain nombre d’entre eux écrivirenten grec des ouvrages remarquables; tels furentl’historien Josèphe et Philon.

Les Juifs hellénisants étaient nombreux à Jérusalem.Il y en eut parmi les premiers chrétiens et nous voyonsqu’ils n’étaient pas toujours d’accord avec les palestiniens.Ils se plaignirent que leurs veuves étaient négligées.Act., vi, 1. C’est à la suite de cette réclamation quefurent choisis les premiers diacres qui, leur nom l’indique,furent choisis parmi les hellénisants. Act., vi, 5-6. Les Juifs hellénisants non convertis furent les adversairesles plus acharnés de saint Etienne. Act., ix, 29.Le texte grec emploie pour désigner les Juifs hellénisantsle mot Ἑλληνιστής que la Vulgate traduit parGræcus. Voir Hellénistes. Le mot Ἕλλην dans le Nouveau Testament désigne les païens en général, Rom., i, 14, 16; ii, 9, 10; iii, 9, etc., parce que les premiers d’entre eux auxquels s’adressèrent les apôtres furent, en effet, des Grecs. Act., xi, 20; ix, 4. Saint Paul, pour affirmer que l’Évangile est destiné à tous les peuples,répète qu’il n’y a chez les chrétiens aucune distinctionentre les Grecs, les Juifs et les Barbares. Rom., x, 12;Gal., iii, 28. Les Grecs recherchent la sagesse, mais illeur prêche le Christ crucifié qui est folie pour ceux quine veulent pas accepter sa doctrine mais puissance et sagessepour les élus juifs et grecs. ICor., i, 22-25. Laconnaissance qu’avait saint Paul de la langue grecque lerendait particulièrement apte à la mission que Dieu luiavait réservée de prêcher l’évangile aux païens. Act., xxi, 37. Il fait cependant observer à plusieurs reprisesqu’il ne s’adresse aux Grecs qu’après avoir d’abordprêché aux Juifs. Rom., i, 16; ii, 9, 10; cf. Act., xiii,46, etc.

E. Beurlier.


2. GREC BIBLIQUE. On appelle ainsi le grec del’Ancien Testament et celui du Nouveau Testament. Lepremier se compose 1o du grec post-classique parlé àl’époque de la traduction ou de la composition des livresde l’Ancien Testament et 2o d’un élément hébraïsant. Lesecond se compose 1o du grec post-classique parlé àl’époque où ont été écrits les livres du Nouveau Testament,2o d’un élément hébraïsant et 3o d’un élémentchrétien.

Ire Partie. — Histoire de la formation du grec biblique.

i. diffusion du dialecte attique.

1o Période alexandrine ou macédonienne.

Les conquêtesd’Alexandre, les guerres et les bouleversementspolitiques qui se produisent sous ses successeurs broientles petites nationalités grecques, mettent violemment encontact les Grecs et les Asiatiques (y compris les Égyptiens),établissent entre eux des rapports nécessaires etsuivis, et détruisent leur esprit national, particularisteet exclusif. C’est alors que se produit la diffusion del’hellénisme, civilisation et langue.

Avant Alexandre,il n’existe que des dialectes grecs, dont le principal estl’attique. Désormais, l’attique supplante peu à peu enGrèce les autres dialectes. Il suit les armes d’Alexandreet de ses successeurs et se répand partout avec l’hellénisme,même jusqu’aux frontières de l’Inde. Il s’introduiten Palestine, il fait une fortune brillante enÉgypte, à Alexandrie. Il devient la langue des pays grecset hellénisés, du monde gréco-oriental.

2o Période gréco-romaine.

Les Romains réduisent la Grèce enprovince sous le nom d’Achaïe en 146 avant J.-C. Ess’emparent aussi de l’Égypte et des pays hellénisés del’Asie occidentale jusqu’en Mésopotamie.

L’attique serépand alors du côté de l’Occident, et prend pour ainsidire possession de Rome; il s’étend jusqu’en Espagneet en Gaule, grâce aux marchands, aux esclaves, etc.

ii. langue commune ou grec post-classique.

L’attique qui s’est répandu autour des rivages de la Méditerranéeet plus ou moins dans l’intérieur des terres, enOrient et en Occident, a été appelé par les grammairiensdu iiesiècle «langue commune», ἡ κοινή, et «langue grecque», ἡ ἐλληνική. Les modernes l’appellent aussi «dialecte alexandrin» et «dialecte macédonien», parcequ’il appartient à la période alexandrine ou macédonienne.Mais alors, il ne faut le confondre ni avec ledialecte macédonien qu’on parlait en Macédoine avantAlexandre et que nous connaissons peu; ni avec le dialectealexandrin, c’est-à-dire avec la langue communetelle qu’elle était parlée à Alexandrie, modifiée par desparticularités locales. Aujourd’hui, la «langue commune» est le plus souvent appelée «grec post-classique».

L’attique, qui est devenu la langue commune,n’est pas l’attique littéraire des orateurs et des historiensd’Athènes, mais l’attique parlé par le peuple, soit àAthènes, soit le long des côtes européennes et asiatiquesde la mer Égée. Il doit sa diffusion au commerce, à lanavigation, aux guerres, aux expéditions, aux émigrations,aux colonisations, aux affaires politiques, en unmot aux mille rapports établis entre les hommes par lesnécessités de la vie pratique. La langue commune estessentiellement la langue parlée, la langue familière etcourante, écrite telle qu’on la parlait, et parfois la languepopulaire. Elle est aussi, pendant les deux périodesalexandrine et gréco-romaine, une langue vivante, soumiseaux influences intérieures et extérieures qui lamodifient sans cesse.

iii. caractères de la langue commune.

Voici lesprincipaux:

1o Formation de nombreux dérivés et composésou surcomposés nouveaux, sous l’influence desidées latentes du langage et de l’analogie. Adoption demots et formes dits poétiques; de mots et formes empruntésaux dialectes mourants; d’un petit contingentde mots étrangers, sémitiques, perses, égyptiens, latins,même celtiques. Modification dans la prononciation etl’orthographe. Variations dans le genre des noms, dansles flexions nominales et verbales avec une certaine tendanceà l’uniformité. Disparition du duel, ainsi que demots et formes dits classiques. — Modification du sensdes mots et des expressions; certains termes, ayant unsens général, en prennent un spécial, ou inversement;d’anciens sens se perdent, pendant que de nouveauxs’attachent aux anciens mots; le sens originel de la métaphoredans certains mots et certaines expressions estoublié. — La nature physique des pays où se parle maintenantla langue commune, les conditions nouvelles dela vie au milieu des développements de la civilisation,des changements politiques et sociaux, produisent denouvelles idées, de nouvelles métaphores, par suite, denouveaux mots et de nouvelles locutions. Les nouvellesidées religieuses, philosophiques, scientifiques, etc.,amènent aussi de nouveaux termes, de nouvellesexpressions, des sens nouveaux et surtout spéciauxdonnés à d’anciens mots. — De nouveaux rapports s’établissententre les mots et leurs compléments et produisentde nouvelles constructions. Les constructionsanalogiques ou équivalentes influent les unes sur lesautres, ou bien permutent entre elles; ainsi pour l’emploides cas (avec ou sans préposition), des particules, desmodes, des formes des propositions. — Parlée par lamajorité du peuple, sur une étendue de pays considérable,la langue commune n’est soumise que très faiblementà l’influence des rhéteurs, des grammairiens,des lettrés; elle tend à se charger de tours et de termestrès familiers, populaires. — Quoiqu’elle fût la mêmepartout, la langue commune présentait çà et là desparticularités locales; ainsi le grec des Hellènesd’Alexandrie. — Elle se distingue si bien du dialecteattique littéraire et des autres dialectes disparus, que lesœuvres des poètes et des prosateurs classiques ontbesoin d’être commentées. Alors naît la philologiegrecque avec ses scholiastes, ses grammairiens, etc. — Les écrivains post-classiques qui veulent imiter alorsles classiques forment une sorte d’école; ce sont lesatticistes.

2o La diction subit des changements essentiels. Lemoule littéraire du dialecte attique est brisé. Necherchez plus ni les périodes bien liées, variées avechabileté, dont les parties se distribuent harmonieusementet se balancent dans un équilibre plein d’art et degrâce; ni la mise en relief de l’idée principale autour delaquelle se groupent et se subordonnent les idées secondaires;ni les nuances et les finesses de la pensée;ni les métaphores, les comparaisons, les allusions desauteurs classiques; ni les atticismes de la pensée et del’expression. Langue de tous, écrite pour tous, la languecommune évite d’être périodique, synthétique, littéraireen un mot. Elle est familière, analytique, déliée dansses constructions, aimant à exprimer les idées séparémentplutôt qu’à les fondre; elle vise avant tout à laclarté, à la simplicité, à la facilité. — Aussi, elle est internationale,employée par des peuples très différents,qui ne sont pas grecs, ni même européens, comme lesSyriens, les Juifs d’Alexandrie et de Palestine. — Elleest universelle; elle sert à tous, et pour tout; souple etflexible, elle peut être employée par tous, elle peutexprimer toutes les idées nouvelles, même étrangères. — L’activité littéraire n’est plus cantonnée à Athènes nimême en Grèce; elle se manifeste à Alexandrie, à Antioche,à Pergame, à Rhodes, à Rome, etc.

iv. les juifs hellénisants.

La connaissance etl’adoption de la langue grecque par les Juifs est un desrésultats de la conquête macédonienne. — Pendant lespériodes alexandrine et gréco-romaine, l’hellénisme et,avec lui, le grec s’introduisent ou tentent de s’introduireen Palestine. Des colonies grecques entourent la Palestinepresque de tous côtés. Il s’en rencontre aussi dansl’intérieur de la province. Les cites grecques renfermaientalors une minorité de Juifs, comme des villes juives renfermaientune minorité de Grecs païens. Les différentsmaîtres étrangers de la Palestine y avaient introduit deséléments d’hellénisation, comme des magistrats d’éducationgrecque, des lettrés et des rhéteurs grecs, dessoldats mercenaires parlant grec. HérodeIer avait à sacour des lettrés grecs, comme le rhéteur Nicolas deDamas. Josèphe, Ant. jud., XVII, v, 4. Ajoutez les fêtes,les jeux, les gymnases, les représentations théâtrales enusage chez les Grecs ou les hellénisants de la province.Pour les grandes fêtes religieuses des Juifs, des étrangershellénisants accouraient en foule à Jérusalem, ainsi quedes milliers de Juifs, vivant à l’étranger et parlant grec.Beaucoup de ces Juifs émigrés revenaient terminer leursjours à Jérusalem ou en Judée. Des relations, exigéespar les nécessités de la vie pratique, par le commerce,par l’industrie, par le voisinage, s’établissaient entrel’élément juif et l’élément grec de la population juxtaposés.Ces causes réunies ont produit chez les Juifs dePalestine la connaissance de la langue grecque, maisune connaissance restreinte. Pour tous les détails quiprécèdent, voir Éphébée, Gymnase, Hérode. — Beaucoup de Juifs palestiniens émigrent; ce sont les Juifsde Dispersion. Voir Dispersion (Juifs de la), t.ii, col.1441. Ils adoptent régulièrement la langue de leurnouveau pays. Les Juifs parlant grec, et ce sont les plusnombreux, sont dits hellénistes ou hellénisants, ἑλληνισταί, Act., vi, 1; ix, 29 (et cf. ἑλληνίζειν, «vivre comme les Grecs» ou «parler grec»), tandis que les Juifs appellent tous les païens parlant grec «les Grecs», οἱ Ἕλληνες. — Mais le grec parlé par les Juifs est un grec distinct,appelé «hellénistique» par Joseph Scaliger, Animadv. in Euseb., in-fo, Genève, 1609, p.134. Au lieu de l’appeler «grec» ou «idiome hellénistique», mieux vaudraitdire «grec hébraïsant, langue grecque hébraïsante, langue judéo-grecque». — Les Juifs lettrés, comme JoJosèphe et Philon, emploient la langue littéraire de leur époque, et non le grec hébraïsant; ce que nous disons ici des Juifs hellénisants et de leur langue particulière ne s’applique pas à eux.

v. formation de l’idiome hellénistique.

Les Juifs lettrés savaient seuls l’hébreu. Pendant les périodes de temps qui nous occupent, la langue nationale des Juifs est l’araméen, qui diffère peu de l’hébreu pour la manière de penser et de s’exprimer. Aussi nous appliquons les qualificatifs d’hébraïque et d’hébraïsant aussi bien à l’araméen qu’à l’hébreu, lorsqu’il n’y a pas lieu de distinguer. À parler d’une manière générale, les premiers Juifs hellénisants de la Palestine ou de la Dispersion ont appris le grec par la conversation, par les rapports journaliers du commerce et de la vie pratique, auprès de la partie la plus nombreuse de la population parlant grec, mais la moins cultivée; ils ont appris le grec parlé ou familier de la langue commune. Leur but immédiat était de comprendre les Grecs et de s’en faire comprendre. Ces Juifs continuaient longtemps encore de penser en hébreu ou à la manière hébraïsante, tout en apprenant le grec et en le parlant. Comme le génie de l’hébreu diffère essentiellement de celui du grec, le grec parlé par les Juifs se chargea de tant d’hébraïsmes et prit une couleur hébraïsante si marquée qu’il se distinguait complètement de la langue commune. C’est le grec hébraïsant. Les Juifs hellénisants le transmettaient à leurs enfants. Ils le transmettaient aussi aux émigrants juifs qui arrivaient sans cesse de Palestine; ces derniers apprenaient le grec, surtout auprès de leurs frères juifs, avec qui ils entretenaient naturellement et les premiers rapports et les rapports les plus fréquents. Dès lors, le grec hébraïsant est une branche de la langue commune; il est fixé définitivement comme langue parlée, propre à la race juive. Puis, quand les livres sacrés des juifs ont été traduits ou composés dans ce grec hébraïsant, il se trouve aussi fixé comme langue écrite. Les Juifs parlant grec habitaient des pays très différents et très éloignés les uns des autres. Mais leur idiome restait le même partout. Le fond de leur langue était la langue commune, la même partout, abstraction faite des particularités locales. L’influence de l’hébreu s’exerçait partout sur elle d’une manière identique. Enfin, l’influence des livres sacrés, qu’on lisait maintenant en grec, favorisait puissamment dans toute la Dispersion l’uniformité du grec hébraïsant parlé. À mesure que les années s’écoulaient, les Juifs entretenaient des rapports plus fréquents avec les Grecs de langue; la dureté première du grec hébraïsant allait s’affaiblissant; l’étrangeté de cette langue allait diminuant; les Grecs pouvaient s’entretenir plus facilement avec les Juifs hellénisants et se familiariser eux-mêmes avec la pensée hébraïque et le grec hébraïsant.

IIe partie. — Ancien Testament grec ou Septante.

Ces deux appellations désignent tous les livres de l’Ancien Testament traduits ou composés en grec, protocanoniques et deutérocanoniques. Les Juifs de la Dispersion et de la Palestine se partagent au point de vue de la langue, pendant les périodes qui nous occupent, en trois catégories: ceux qui ne savent que l’araméen et l’hébreu; ceux qui savent l’araméen et l’hébreu et le grec; ceux qui ne savent que le grec. Les Juifs des deuxième et troisième catégories étaient les seuls qui pussent lire les livres composés en grec. Alexandrie fut, pendant la période alexandrine, le berceau de la littérature judéo-grecque. La population de cette ville comprenait alors trois éléments principaux: les colons et commerçants grecs et tout l’élément grec de la cour et des administrations; les Égyptiens ou indigènes; les colons et commerçants juifs. Ajoutez des colons et commerçants venus de toutes les parties du monde. Alexandrie était une ville cosmopolite. La colonie juive était nombreuse et puissante. C’est pour elle, en premier lieu, que l’on a traduit en grec les livres sacrés des Juifs. Les traducteurs ou auteurs des Septante montrent parfois une certaine culture grecque. Cependant, ils ne paraissent pas être des lettrés; ils ne sont pas maîtres de la langue grecque, dont ils connaissent mal les règles traditionnelles. Ils sont ouverts d’avance et pleinement à l’influence de l’hébreu qui s’exerce puissamment sur leur langue. Les livres des Septante ont eu divers traducteurs ou auteurs, écrivant à de certains intervalles; de plus, quelques livres ont pu être composés, non à Alexandrie, mais ailleurs; une différence de main et de style se fait donc parfois sentir; cependant, la langue reste essentiellement la même; elle est le grec hébraïsant tel qu’on le parlait à Alexandrie, au sein de la communauté juive; on y retrouve le grec post-classique de cette ville, avec des particularités locales et un énorme mélange d’hébraïsmes; beaucoup de ces derniers devaient exister déjà dans la langue courante des Juifs alexandrins; l’influence du texte hébreu a dû seulement en accroître le nombre ou la dureté.

i. élément grec ou post-classique dans les septante.

En principe, on regardera comme appartenant à la langue commune tout ce qui, d’un côté, s’écarte de la langue classique, et, d’un autre côté, n’est pas hébraïsant. Exemples:

1o Mots nouveaux et formes nouvelles (dialectales, alexandrines, populaires), ἀναθεματίζειν, ἐνωτίζεσθαι, ἔσθοντες, ἐλήμφθη.

2o Mots composés (directement ou par dérivation), ἀποπεμτόω, ἐϰτοϰίζειν, ὁλοϰαύτωσις, προσαποθνήσϰειν, προτοτοϰεύω, σϰηνοπηγία.

3o Flexions nominales. Au génitif Bαλλᾶς, Μωϋσῆ, Num., ix, 23; au datif, μαχαίρη, Exod., xv, 9; γήρει, Gen., xv, 15; à l’accusatif, ἃλω et ἃλωνα, Ruth, v, 6, 14.

4o Flexions verbales, ἐλεᾶν, Tob., xiii, 2; ἱστᾶν, IIReg., xxii, 34, et ἱστἀνω, Ézech., xxvii, 14; à l’imparfait, ἥγαν, IIReg., vi, 3; ἐϰρίνοσαν, Exod., xviii, 26; au futur, λιθοβοληθίσεται, ἐλάσω, ἀϰoύσω, φάγεσαι, Ps. cxxvii, 2; à l’aoriste, ἥλθαν, ἀπἐθαναν, ϰαθείλoσαν, Jos., viii, 29; ἥρoσαν, Jos., iii, 14; εἴπoσαν et εἴπαν, Ruth, iv, 11,et i, 10, ϰεϰράξαντες et ἐϰἐϰραξεν, Exod., xxii, 23, et Num., xi, 2; ἀνέσαισαν, optatif 3e pers. plur. de ἀνασείω, Gen., xlix, 9, ἔλθoισαν, Job, xviii, 9; au parfait, παρέστηϰαν, Is., v, 29.

5o Syntaxe: Emploi intransitif de certains verbes comme ϰατισχύω, Exod., vii, 13, ϰoρέννυμι, Deut., xxxi, 20; ϰαταπαύω, Exod., xxxi, 18. Point de duel. Après un collectif singulier, les mots qui s’y rapportent immédiatement s’accordent ad sensum; mais dans la suite de la phrase le verbe est au pluriel. Les particules adverbiales de mouvement peuvent être remplacées par celles du repos. La particule d’indétermination est ἐάν; elle se joint aux relatifs (ὅς, ὅστις, ὅπoυ, ἡνίϰα, etc.) pour marquer que le sens du relatif ou la fréquence de l’acte sont indéterminés; dans le second de ces emplois, on la trouvera avec les temps de l’indicatif. Exod., xvi, 3; xxiii, 9. Beaucoup de pronoms sujets ou compléments. Les particules de subordination sont moins nombreuses et moins employées qu’en grec classique; la langue familière ne peut se parler en liant des périodes. Emploi extrêmement fréquent de l’infinitif avec ou sans article (τοῦ par exemple). Le style indirect est régulièrement écarté sous toutes ses formes, et, par suite, sous celle de l’optatif oblique. Extension de l’emploi du participe au génitif absolu. La construction du verbe avec son complément peut changer, comme avec πoλεμεῖν, Exod., xiv, 25, ἐξελθεῖν, Num., xxxv, 26. Tendance à employer une préposition entre le verbe et le complément, etc.

ii. élément hébraïsant des septante.

L’hébreu est une langue essentiellement simple, familière et populaire, un peu primitive même et rudimentaire, par comparaison avec le grec classique. En écrivant, le Juif ne forme pas de périodes; il ne subordonne pas les idées, il ne les groupe pas et ne les fond pas en un tout en les synthétisant. Pour lui, les idées sont toutes égales et prennent place sur la même ligne, les unes à la suite des autres; les propositions se suivent tantôt sans être liées et tantôt en étant liées par une particule spéciale appelée «vav consécutif». La fonction de cette particule ne consiste pas seulement à lier grammaticalement la phrase qui suit avec celle qui précède, mais encore à indiquer qu’il existe entre les deux un rapport logique: de causalité, de finalité, de condition, de comparaison, de conséquence, de simultanéité, de postériorité et d’antériorité, et même de manière, etc. Voir Hébraïque (Langue). Dans le grec des Septante, le vav consécutif est rendu en général par ϰαὶ.

— De là la multitude depetites phrases et de fragments de phrases que nous offrent les Septante; la multitude innombrable des ϰαὶ qui encombrent les pages de ce livre; l’insuccès des essais de périodes que l’on y rencontre et le désordre assez fréquent de ces périodes; l’embarras que l’on éprouve au premier abord devant cette manière d’exprimer la pensée, ainsi que pour saisir la valeur nouvelle de la particule ϰαὶ.

— Tel est le mécanisme élémentaireet fondamental de l’hébreu et du grec biblique. On s’explique dès lors l’allure générale de ces deux langues.

— Si l’on compare la période artistique des auteurs classiques avec les phrases des auteurs qui emploient cette langue familière, il semble que la période grecque ait été démembrée, désarticulée, pour être réduite à ses éléments disposés séparément. Cette formation du grec post-classique, familière, à tendance analytique, était la condition nécessaire pour que le grec pût se rapprocher de l’hébreu, se plier à la pensée juive, et recevoir d’elle un moulage en partie étranger, tandis que l’attique littéraire y aurait été rebelle. Cette condition remplie, le judaïsme a pu s’approprier le grec, et alors s’est produite la fusion de ces deux langues d’un génie absolument différent, ou, pour mieux dire, l’infusion de la pensée, de l'âme juive, dans un corps grec qu’elle a façonné pour elle par un travail intérieur, très profond et très étendu.

— Deux exemples feront toucher du doigt la transformation du grec sous l’influence de l’hébreu d’après ce qui vient d'être dit: Jud., xiii, 10: ϰαὶ ἐτάχυνεν ἡ γύνη ϰαὶ ἔδραμεν ϰαὶ ἀναγγειλεν ϰτλ., littéralement, suivant le génie de l’hébreu: «et la femme se hâta et elle courut et elle annonça,» tandis que le génie du grec auraitdemandé: ταχέως δὲ ἡ γυνὴ δραμοῦσα ἀνήγγειλεν, «vite la femme courut annoncer;» IIIReg., xii, 6: πῶς ὑμεῖς βουλεύεστε ϰαὶ ἀποκριθῶ τῷ λαῷ τούτῷ λόγον; littéralement: «Comment conseillez-vous et vais-je répondre une parole à ce peuple?» tandis qu’on devrait avoir: πῶς ὑμεῖς βουλεύεστέ μοι ἀποκριθῶ τῷ λαῷ τούτῷ; «comment me conseillez-vous de répondre à ce peuple?»

iii. caractères du grec hébraïsant dans les septante.

Le Juif, en écrivant, suit sa pensée beaucoup plus que les règles de la grammaire, qu’il connaît peu. De là, par exemple: lorsque la phrase commence par une construction périodique, cette tournure tend à se briser, ou l’accord grammatical à cesser. La phrase revient alors à la construction indépendante, plus facile, avec de courtes propositions. Lev., xiii, 31; Deut., vii, 1-2; xxiv, 1-4; xxx, 1-3; Is., xxxiii, 20.

— Le Juif aime à ajouter une explication, l’explication se relie facilement avec ce qui précède au point de vue logique; grammaticalement, elle s’accorde ou ne s’accorde pas, ou s’accorde comme elle le peut.

— Le grec biblique contient une multitude d’accidents de syntaxe: appositions ou juxtapositions indépendantes, changements de nombre, de personne, de genre, de temps et de mode; répétitions et suppressions de certains mots ou d’une partie de la proposition; accords bizarres; absences d’accord, etc.

— Les interruptions dans le développement régulier de la phrase et dans l’accord grammatical peuvent correspondre à des pauses; les parties ainsi détachées reçoivent un accent oratoire ou se rapprochent de l’exclamation et de la parenthèse, et tendent à devenir indépendantes. Gen., vii, 4; IVReg., x, 29; Ps. xxvi, 4.

— Le Juif aime à renforcer l’affirmation. On trouvera souvent: le ton interrogatif employé pour affirmer (et nier) plus vivement, IVReg., viii, 24; les expressions: «tout le peuple, tout Israël, tout le pays, personne, pas un seul,» au sens de l’affirmation renforcée et exagérée.

— Le Juif, comme tous les Orientaux, emploie les métaphores les plus extraordinaires. Gen., ix, 5; Lev., x, 11; Ruth, i, 7.

— Le Juif aime à rapporter directement les paroles d’autrui.

— Les cas n’existent pas à proprement parler enhébreu. Par imitation de la construction hébraïque, quand deux noms se suivent dont le second complète le premier, on trouvera, dans les Septante, par exemple: ϰαταϰλυσμον ὕδωρ. De plus, l’hébreu marque fréquemment la relation entre le verbe et le complément au moyen d’une préposition ou d’une locution prépositive; les Septante imitent souvent cet usage. Gen., vi, 7; Is., xxiii, 20; Jonas, i; iv, 2, 5, 6, 8, 10, 11.

— Le Juif aime à considérer l’acte comme accompli ou s’accomplissant, à le représenter comme réel, et à l'affirmer. De là la facilité à concevoir l’acte futur comme accompli déjà ou comme s’accomplissant, Lev., v, 1, 10; xiii, 31; de là le mélange des temps passé, présent et futur dans les prophéties. De là l’emploi du participe présent, qui montrel’acte comme s’accomplissant.

— Les modes grecs ne correspondent pas à ceux de l’hébreu, et le Juif ne pense pas comme le Grec; plusieurs des modes grecsétaient difficiles à manier pour le Juif. Certains modesdeviendront rares, comme l’optatif avec ou sans ἄν,sauf pour le souhait; comme l’impératif et le subjonctifparfait, et même le participe futur, etc.

— Pour le Juif, la parole et la pensée ne font qu’un. «Penser» suppose qu’on a parlé et avec soi et avec d’autres; «parler» peut signifier que l’on n’a parlé qu’avec soi-même, qu’on a seulement pensé. Le Juif n'établit pas, comme le Grec lettré, une différence nette entre les verbes du sens de «croire, penser, percevoir, dire».

— Les Septante ont été souvent contraints de transporter en grec des mots, des expressions, des constructions purement hébraïques, quand ils ne connaissaient pas d'équivalent en grec. Mais ils considéraient aussi leur texte comme la parole même de Dieu; ce respect pour le texte matériel favorisait encore, même à leur insu, les hébraïsmes littéraux.

— Les doctrines théologiques des Juifs, leurs idées morales, leurs sentiments de piété sont exprimés pour la première fois en grec dans les Septante. La langue en reçoit une physionomie toute nouvelle, tout à fait étrangère.

— Il n’est pas une page des Septante qui ne présente des hébraïsmes; cependant, certains livres sont moins hébraïsants que d’autres; ainsi la version de Daniel par Théodotion, le second livre des Machabées, la Sagesse, ces deux derniersécrits en grec, etc.

— Le grec des Septante prend avec la syntaxe grecque un nombre considérable de libertés; néanmoins, il règne dans ce livre une uniformité de pensées, de style, d’expression, qui touche à la monotonie. Mais quand on s’est familiarisé avec ce grec particulier, il produit une impression profonde, toute particulière, qui doit provenir du fond.

— De prime abord, le grec des Septante, fond et forme, devait être à peu près inintelligible, même pour un Grec lettré, instruit.

iv. exemples du grec hébraïsant des septante.

1o Idées religieuses juives: Kύριος, «Dieu, le Seigneur maître du monde;» κτίζειν et ποιεῖν, «créer;» πνεῦμα, «l’esprit ou l’inspiration de Dieu qui possède l’hommeinspiré, l’instruit ou le conduit;» δικαιοσύνη, «la justification» théologique; χάρις «la grâce divine;» τὰ μάταια, τὰ μὴ ὄντα, «les idoles, les dieux qui n’existent pas.»

2o Sens juif de mots grecs: σάκκος, Gen., xxxvii, 53, «habit de deuil;» ἄρτος, ἄρτοι, Ruth, i, 6, «des vivres, de quoi manger;» τὸ ρῆμα, Ruth, iii, 18, «la chose, l’affaire;» σκεῦος, Deut., i, 41; xxii, 5; Is., liv, 16, «un vêtement, un instrument, une arme;» διδόναι,Deut., xxvii, 1; Num, xiv, 4, «établir, constituer, — rendre tel ou tel.» —
3o Métaphores juives : ἐπέσκεπται Κύριος τὸν λαὸν αὐτοῦ δοῦναι αὐτοῖς ἄρτους, Ruth, i, 6, ="le Seigneur a favorisé son peuple de manière à lui donner de quoi vivre; " εὕροιτε ἀνάπαυσιν, Ruth, i, 9, «le repos, = la vie tranquille et sûre;» γένοιτο ὁ μισθός σου πλήρης παρὰ Κυρίου θεοῦ Ἰσραήλ, πρὸς ὃν ἦλθες πεποιθέναι ὑπὸ τὰς πτέρυγας αὐτοῦ, Ruth, ii, 12, ="s’abriter sous sa protection; " ἐx χειρὸς πάντων τῶν θηρίων ἐκζητήσω αὐτό, Gen., ix, 5, et ἐλάλησεν Κύριος πρὸς αὐτοὺς διὰ χειρός Μωϋσñ, où les locutions métaphoriques avec χειρός sont de simples locutions prépositives, le sens de χειρός étant oublié; ἐκ χειρός = ἐκ, «de, de la part de,» et διὰ χειρός = διὰ, «par l’intermédiaire de.» —
4o Mots hébreu: σάββατον, οἶφί, κόνδυ, βαάλ. —
5o Expressions hébraïques: εὑρίσκειν χάριν; καὶ ἰδού; καὶ ἔσται; καὶ ἐγένετο; τάδε ποιήσαι μοι Κύριος καὶ τάδε προσθείη, Ruth, i, 17; ἀναστῆσαι τὸ ὄνομα τοῦ τεθνηκότος, Ruth, , 5; ἐχθὲς καὶ τρίτης, Ruth,ii, 11, = «auparavant, jusqu’à présent;» ζῇ κύριος, formule de serment; ἐπορεύθη ἐν πάσῃ ὁδῷ Ἰεροβοάμ, III Reg., xvi, 26, — «il imita tout ce qu’avait fait…;» ἐν βιβλίῳ λόγων τῶν ἡμερῶν τῶν βασιλέων, III Reg., xvi, 28d, —
6o Nominatif où accusatif absolus placés en tête: Lev., xxii, 14; Num., xx, 5; Is., xx, 17, —
7o Féminin avec la valeur du neutre pour désigner deschoses. Exod., xiv, 31; Num., xix, 2; Jud., xix, 30; III Reg., xii, 8, 43; Ps. xxvi, 24; Is., xlvii, 12; Ezech., xxiii, 21. —
8o Sens du comparatif et du superlatif, δεδικαίωται Θαμάρ ἢ ἐγώ, Gen., xxxviii, 26, avec = «plus que»; ἔθνη μέγαλα καὶ ἰσχυρότερα μᾶλλον ἣ ὑμεῖς, Deut., ix, 1; τὸ δὲ ὕδωρ ἐπεκράτει σφόδρα σφοδρῶς. Gen., vii, 19. —
9o Mot relatif, à compléter avec le pronom personnel qui suit le verbe: οἷς εἶπεν αὐτοῖς ὃ Θεὸς ἐξαγαγεῖν, Exod., vi, 26, en réunissant οἷς et αὐτοῖς, = οἷς seul; τὴν ὁδὸν δι’ἧς ἀναβησόμεθα ἐν αὐτῇ, Deut., i, 2, en réunissant δι’ἧς et ἐν αὐτῇ, = δι’ἧς seul ou ἐν ᾗ seul. —
10o Multitude de prépositions et locutions prépositives: γίνεσθαι ὀπίσω τινός, III Reg., xvi, 21, «être du parti de, suivre;» ἐκτήσατη… ἐν δύο ταλάντων, III Reg., xvi, 24; ἔσονται ὑμῖν εἰς ἄνδρας, Ruth, i, 11; ἐλάλησας ἐπὶ καρδίαν τῆς δούλης σου, Ruth, ii, 13; ἀνὰ μέσον τῶν δραγμάτων συλλεγέτω, Ruth, ii, 15; ὅσα ἐὰν εἴπῃς ποιήσω, Ruth, iii, 5, et, au verset suivant, ἐποίησεν κατὰ πάντα ὅσα ἐνετείλατο. —
11o Verbe grec avec sens causatif de l’hiphil: ἐβασίλευσεν τὸν Σαούλ, «il avait fait devenir roi;» ὃς ἐξήμαρτεν τὸν Ἰσραήλ, IV Reg., iii, 3, «qui avait fait pécher.» —
12o Interrogation et serment avec εἶ: εἶ γεύσεται ὁ δοῦλός σου ἔτι ὃ φάγομαι ἢ πίομαι; II Reg. xix, 85, Et: ὥμοσα αὐτῷ ἐν κυρίῳ λέγων Εἰ θανατώσω σε ἐν ρομφαίᾳ, II Reg., ii, 8, = «je lui ai juré par le Seigneur de le tuer d’un coup d’épée.» —
13o Proposition conditionnelle, avec la proposition principale introduite par καὶ: ἐὰν δὲ προσήλυτος ἐν ὑμῖν γένηται… καὶ ποιήσαι. Num., xv, 44; cf. Ruth, ii, 9.

IIIe Partie. — Grec du Nouveau Testament.

«Les Romains, dit M.Droysen dans son Histoire de l’hellénisme, t. ii, p.774, ne sont pas parvenus, là où ils

rencontraient des civilisations déjà affinées, à imposerleur idiome avec leur domination, au lien que l’hellénisation paraissait s’implanter sur le sol d’une façond’autant plus décisive que les peuples auxquels elle s’attaquait étaient à un degré de civilisation plus élevé.» Eneffet, la Grèce réduite en province romaine et les payshellénisés conquis par Rome ont conservé leur langue, qui s’est même répandue chez leurs vainqueurs. C’estque le grec était plus facile, plus riche, et beaucoup plus connu et parlé que le latin, quand il s’est rencontré avec ce dernier. Aussi, dans la seconde moitié du Iersiècle de notre ère, quand la prédication chrétienne s’établit dans le monde gréco-romain, elle parle le grec post-classique du monde gréco-romain, mais un grec hébraïsant, et qui exprime pour la première fois les idées chrétiennes; d’où les trois éléments de sa langue: grec, hébraïsant et chrétien.

I. ÉLÉMENT GREC OU GREC POST-CLASSIQUE DANS LE NOUVEAU TESTAMENT.

Ce que nous avons dit de l’élément grec dans les Septante s’applique aussi à cet élément dans le Nouveau Testament, sauf exception, s’il y a lieu.

1o Vocabulaire.

Le lexique du Nouveau Testamentcompte en chiffre rond 5500 mots: mots (et formes) classiques, un peu plus de 3000; mots (et formes) non classiques ou post-classiques, avec les mots prenant un sensnouveau, plus de 2000. Les seconds se décomposentainsi:
1o mots et formes des anciens dialectes;
2o motset formes dits poétiques, qui ont toujours existé dans lalangue parlée, mais que les poètes seuls avaient employésjusqu’alors;
3o mots et formes paraissant spécialementpopulaires, très peu;
4o mots et formes post-classiques,propres à la «langue commune», très nombreux;
5o mots et formes paraissant propres au Nouveau Testament;
6o mots étrangers;
7o mots classiques ayant prisun sens nouveau; mots grecs ayant pris une signification étrangère, purement juive par exemple.
La plupartdes mots post-classiques sont dérivés ou composés demots classiques. Beaucoup se rencontrent déjà dans lesSeptante. On trouvera tous les exemples dans les lexiques et Les grammaires du Nouveau Testament. En voici quelques-uns: γογγύζω, ρήσσω, πλημμύρης, συνειδυίης sont ioniens, et, d’ailleurs, l’élément grec des côtes méditerranéennes de l’Asie-Mineure paraît avoir joué unrôle important dans la langue commune; ἵλεως est attique; πιάζω, κλίβανος sont doriens; κράβαττος, παρεμβολή (camp), ρύμη (rue) paraissent proprement macédoniens;ἑώρακαν, τετήρηκαν paraissent des formes propres à Alexandrie; βουνός est d’origine cyrénaïque; εἰπόν est syracusain; ἐνβριμᾶσθαι se trouve une fois, dans Eschyle;les formes, apocopées Ζηνᾶς, Δημᾶς, sont populaires; ἐπίβλημα, εὐκαιρεῖν, καταφέρεσθαι, οἰκοδεσπότης, οἰκιακός,παρεκτός, ἀποκαταλλάσσειν sont post-classiques; ἐνκακεῖν, ἀποκαραδοκία, ἐπιδιορθοῦν (aussi sur une inscription) sontpropres au Nouveau Testament; sens nouveaux de mots grecs: χρηματίζειν, «recevoir un nom,» ὀψάριον, «poisson,» περιέχειν, «se trouverσυναέρειν, «compter avec quelqu’un.»

2o Syntaxe.

Les expressions et constructions traditionnelles, qui forment l’ossature de la langue, restent dans le Nouveau Testament, surtout si elles sont claires, simples, faciles. Mais d’autres constructions, familières etfaciles, y apparaissent aussi. On les trouvera recueillies dans les grammaires complètes du Nouveau Testament. En voici quelques exemples:
Tendance à unifier les flexions, διδῶ, ἀφίω, οἶδα οἴδαμεν, στήκω, ὁρέων πλοός, νοός. —
Locutions populaires: εἷς ἕκαστος, εἷς καθ’εἷς.—
Sujet partitif du verbe, συνῆλθον δὲ καὶ τῶν μαθητῶν, Act., xxi, 16; cf. Joa., xvi, 17. —
Relation particulière établie entre un verbe et son complément: comme l’emploi de εἷς avec l’accusatif ou de ἐν avec le datif, pour le repos dans un lieu ou le mouvement; comme les constructions de πιστεύειν avec ses compléments, comme κρατεῖν τῆς χειρός, Matth., ix, 25, et κρατεῖν τοὺς πόδας, Matth., xxviii, 9, comme μνημονεύειν τι et τινός, I Thes., i, 3; II, 9, comme οἱ χρώμενοι τὸν κόσμον. I Cor., vii 31. —
Ὄφελον, particule invariable pour le souhait irréalisable. Ἄφες, ἄφετε, sorte de verbes circonstanciels avecle sens du français «laissez que, permettez que». —
L’interrogation directe est introduite par τί ὅτι, ὅτι, ποταπός, etc., ou bien ne prend aucune particule, comme dans la conversation. Λαλεῖν est assimilé à λέγειν et εἰπεῖν; δείκνυμι, δηλῶ, φανερῶ (= φαίνω) prennent ὅτι. —
La proposition finale avec ἵνα devient envahissante; elle peut n’être qu’une seule périphrase (analytique) de l’infinitif et lui être coordonnée, comme ἐδόθη αὐτῷ λαβεῖν τὴν εἰρήνην… καὶ ἵνα ἀλλήλους σφάξωσι. Apoc., vi, 4. —

L’indicatif futur et l’aoriste du subjonctif sont regardéscomme des équivalents et permutent; on trouvera lefutur après èiv ou une autre particule combinée avec «v, et le subjonctif aoriste après eî ou une autre particulesans av ou èiv. — Beaucoup de participes sontau génitif absolu ou même indépendants, qui auraientdû être fondus dans la construction. Mais bien desconstructions de la langue familière employées dans leNouveau Testament se rencontrent aussi chez les écrivainsprofanes post-classiques. D’autres constructions,qui appartiennent par nature à la langue familière et serencontrent pour la première fois dans le NouveauTestament, sont dites nouvelles; de fait, la plupartd’entre elles, au moins, devaient être en usage dans lalangue familière de l’époque, et particulièrement danscelle des Juifs de la Dispersion. Le grec post-classique,en continuant d’évoluer, est devenu le grec chrétien etle grec byzantin’; parfois, des formes et des constructionsdu Nouveau Testament trouvent des analogies etdes confirmations dans le grec postérieur, chrétien,byzantin, moderne, plutôt que dans le grec classique.

II. ÉLÉMENT LATIN DU GREC POST-CLASSIQUE DANS LE

nouveau testament. — Cet élément n’existe pas chezles Septante, antérieurs à la conquête romaine en Egypteet en Palestine, mais existe dans le Nouveau Testament.Quelques-uns des auteurs du Nouveau Testament se sonttrouvés en contact avec dés Latins, à Rome ou dans lesprovinces. De fait, l’élément latin du Nouveau Testament,d’ailleurs très restreint, existait déjà dans la languegrecque familière de l’époque et dans le grec hébraïsantdes Juifs de là Dispersion; C’est surtout à leurs contemporainsparlant grec que les auteurs du Nouveau Testamentont emprunté: des mots comme 5r]vàpiov, xev-cupfwv,xt|V<70{, xoXtovia, xoucrTwSfa, xoSpctvmç, X-eyeûv,XévTiov, ), iëepTÏvoi, <pçnxyOû>, etc.; des expressions commeptofiatorC «en latin», xô Exavôv X.a[Lëâvstv, îxavbv jtotsïvxtvÉ, <7U[jiëoiiXiov X. «6sïv, etc. Notons psêrj, mot celtiquelatinisé et ensuite grécisé. Voir P. Viereck, Sermogrmcus quo senatus populusque romanw… usi suntexaminatur, in-4°, Gœttingue, 1888; F. Vigouroux, LeNouveau Testament et les découvertes archéologiques,2e édit., 1896, p. 13-14. — Le Nouveau Testament est unesource bien supérieure aux Septante pour la connaissancedu grec post-classique. Les auteurs de ce livresavent la langue commune beaucoup mieux que lesSeptante, et ils en ont plus l’habitude; ils pensent etcomposent en grec, plus ou moins correctement, maisplus librement que les Septante, constamment influencéset gênés par le texte hébreu qu’ils traduisaient. Les particularitésdu lexique, de la morphologie et de la syntaxedu Nouveau Testament constituent les caractères positifsde sa langue. Les mots nouveaux, les sens nouveaux, lesformes nouvelles, les constructions nouvelles, mêmepopulaires, constituent les gains de cette langue.

111. LA LANGUE LITTÉRAIRE DANS LE GREC DU NOUVEAU

testament. — Elle y est représentée, pour le lexique etla syntaxe, par un assez grand nombre de vestiges, particulièrementdans saint Luc et saint Paul, dont le premierétait d’Antioche et le second de Tarse, deux villespleines de l’hellénisme pendant les périodes alexandrineet gréco-romaine. Ces vestiges sont recueillis dans lesgrammaires complètes du grec du Nouveau Testament.Voici quelques exemples: o-Jv, plus fréquent (danssaint Luc et saint Paul) que (letâ; è-ptaX.eïv (saint Luc etsaint Paul), au lieu de xocnrropeïv, «accuser; ti Ç^ty)[mi(Act.), «objet de recherches et de discussion;» jièv oîv;[tév et 8s, pour distribuer la phrase en deux parties équilibrées,surtout dans saint Luc et saint Paul, y comprisl’Epitre aux Hébreux; iatioi, au lieu de ot’êant; oi rap’inaOXov, Act., xiii, 13, «Paul et ses compagnons;» emploi approprié des verbes simples et de leurs composés;emploi correct du parfait, ainsi que de l’optatifpotentiel et oblique (dans saint Luc); interrogation ou

DICT. DE LA D1BI.E

exclamation double (Jac, iii, 5); emploi de la propositioninfinitive après les verbes du sens de déclarer, etdu participe après les verbes de perception; emploi deSrcwe av (dans saint Luc et saint Paul); emploi de constructionssynthétiques du sujet et de l’attribut, etc. Maisbeaucoup de mots, de locutions et de tours, très littéraires,sont abandonnés ou tendent à l’être; ainsi: l’optatif,comme mode dépendant ou indépendant, en.dehorsdu souhait; plusieurs interrogations fondues en uneseule; les formes enfermant une idée de duel commesxarepoc, Tcdrepoc; ôthoç; orctoç et 6’tkoç >.t avec le futur; leparticipe causal avec are, ofôv, oî «, et l’infinitif causalavec iizt tû après les verbes de sentiment; le comparatifsuivi de $ &rm et autres constructions analogues; lapériodeconditionnelle avec l’optatif pour la simple possibilitéet plusieurs formes de la période concessive; enun mot, les constructions et les tours trop synthétiques,difficiles ou délicats à manier, ou trop abstraits, oudemandant un certain travail d’élaboration, de combinaisonet de polissage. Les mots, formes, locutions,constructions de la langue littéraire, abandonnés outendant à être abandonnés dans le Nouveau Testament,constituent les caractères négatifs de la langue de celivre et les pertes de cette langue.

IV. RÉPARTITION DE L’ÉLÉMENT GREC (LANGUE LITTÉ-RAIRE) DANS LE NOUVEAU TESTAMENT. — L’élément grecest inégalement réparti entre les livres du Nouveau Testament,soit pour la quantité, soit pour la qualité. Aupremier rang viennent l’Épitre aux Hébreux, les Actes,l’Épitre de saint Jacques: au dernier, l’Apocalypse; à unrang moyen les autres livres, avec quelques degrés dedifférence entre eux. La langue des deux ouvrages desaint Luc présente le même contraste; d’un côté, unecorrection recherchée et des tours littéraires, dans lanarration par exemple, et surtout dans les Actes; del’autre, les constructions les plus embarrassées, les hébraïsmesles plus rudes ou une couleur hébraïsanteépaisse, principalement dans les discours ou les récitsqui ont dû être rapportés en araméen ou en grec aramaïsant.Enfin la langue présente entre saint Paul etsaint Luc beaucoup de points de ressemblance, qui donneraientlieu à beaucoup de rapprochements de détail.

7. ÉLÉMENT BÉBRAÏSANT DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

— Ce que nous avons dit de l’élément hébraïsant dansles Septante s’applique aussi à cet élément dans le NouveauTestament, sauf exception. Jésus-Christ et sesApôtres avaient pour langue maternelle Taraméen, et,comme ils vivaient à la campagne, leur araméen étaitplus rude que celui des lettrés des villes et particulièrementde Jérusalem. Tous les auteurs du NouveauTestament, même saint Paul et saint Luc, nés hors de laPalestine, ont subi l’influence hébraïsante et introduitdans leurs écrits un élément hébraïsant. Aux aramaïsmesil faut joindre les rabbinismes, c’est-à-dire certainesexpressions en usage dans les écoles et dans la bouchedes rabbins ou docteurs de la loi. Les hébraïsmes duNouveau Testament sont: parfaits ou complets, quandils n’ont rien de grec; imparfaits, incomplets ou partiels,quand ils présentent quelque chose de grec. Ontrouvera tous les hébraïsmes du Nouveau Testamentdans les lexiques et les grammaires du Nouveau Testameûï’etdans les traités spéciaux qui leur sont consacrés.Voici des exemples: I. Mots. — 1° Mots hébreuxfléchis ou non, àéaS&ôv, féevva, àprp, naTâv et (ratavâç;

— 2° Sens hébraïsant donné à un mot grec, Oâvaxoç, «destruction, peste;» xaxia, «peine, travail;» à5t<xëoX.oç, «l’accusateur, le dénonciateur» (en parlant deSatan); t) 6 «Xa<Nra, «le lac,;» à âSrjî, «les enfers» (ausens du Se’ôl hébreu); xo >i: oZiyiov, «l’âne;» eîç, «premier;» — 3° Métaphores hébraïsantes dans le goûtjuif, nipS *a <x?[ia, = «l’homme considéré dans sanature faible et impuissante;» itXarjvGiv tïiv xapSc’av, «élargir son cœur = entourer de sa tendresse;» <nù.aiIII - Il χνἰζόμαι, = «je suis ému de compassion,» et σπλάγχνα «l’affection, la tendresse;» τὰς ὁδούς μου ἐν Χριστῷ, «ma méthode et ma manière d’agir;» στηρέζειν τὸ πρόσωπον αὐτοῦ τοῦ πορεύεσθαι, = «se déterminer à se rendre;» πορεύεσθαι et περιπατεῖν, = «se conduire, vivre, agir.» Mais beaucoup d’expressions figurées sont le bien commun de toutes les langues, parce qu’elles naissent spontanément dans l’esprit des hommes, comme «le sommeil de la mort, avoir soif de vengeance, dévorerson bien». La prose la plus ordinaire contient cesfigures. Lorsqu’on en trouve dans le Nouveau-Testament, on doit supposer a priori qu’elles sont hébraïsantes, comme πίνειν τὸ ποτήριον, = «subir son sort;»

Expressions hébraïques transportées en grec, ἐν γεννητοῖς γυναικῶν = ἐν ἀνθρώποις; οἱ υἱοὶ τῆς ἀπειθείας = oi ἀπειθοῦντες; καὶ προσθεὶς εἶπεν et προσέθετο πέμψαι; —

Besoin d’affirmer et de représenter l’idée, πάντες ἀπὸ μικροῦ ἕως μεγάλου, Act., viii, 10; καὶ ὡμολόγησε καὶ οὐκ ἠρνήσατο, Joa., i, 20; ἀνοίξας τὸ στόμα αὐτοῦ εἶπεν. Act., viii, 35; x, 34; διὰ στόματος Δαυείδ, Act., i, 16; iv, 25; ἐποίησεν κράτος ἐν βραχίονι αὐτοῦ, Luc., i, 51.

II. Syntaxe.

Constructions hébraïsantes: ἀνέπεσον πρασιαί πρασιαί, Marc., vi, 40, «par groupes;» τρίτην ταύτην ἡμέραν ἄγει, Luc., xxiv, 21; ὅτι ἤδη ἡμέραι τρεῖς προσμένουσίν μοι, Μatth., xv, 32; —

Construction absolue d’un mot placé en tête de la phrase ou d’une apposition détachée, casus pendens, Marc., xii, 38; Luc., xx, 27; Act., x, 37; Phil, iii, 18, 19; Apoc., i, 5; iii, 24;

Génitif lié au mot précédent pour le qualifier ou le décrire, ἀνάστασις ζωῆς, ἀνάστασις κρίσεως, δικαίωσις τῆς ζωῆς; σῶμα τῆς ἁμαρτίας; τὸν οἰκονόμον τῆς ἀδικίας = τὸν ἀδικὸν οἰκονόμον; τὸν μαμωνᾶ τῆς ἀδικίας, τέκνα φωτός, πληγὴ θανάτου, «une plaie mortelle;» —

Degrés de comparaison, καλόν σοί ἐστιν εἰσελθεῖν… ἢ δύο χεῖρας ἔχοντα βληθῆναι, Matth., xvii, 8, et λυσιτελεῖ αὐτῷ… ἢ ἵνα σχανδαλίση, Luc. xv, 9, χαλεποὶ λίαν ὥστε, Matth., viii, 28, πιστός ἐστιν καὶ δίκαιος ἵνα ἀφῇ, I Joa., i, 9, «il est assez fidèle à sa parole et assez juste pour remettre…;»

5° Serment négatif, ἀμὴν λέγω ὑμῖν. Εἰ δοθήσεται τῇ γενεᾷ ταύτῃ σημεῖον, Marc., viii, 12, et cf. la constructiongrecque dans Matth., xvi, 4: σημεῖον οὐ δοθήσεται αὐτῇ;—

Sens hébraïsant donné à une construction grecque;ainsi le futur de commandement, qui atténue l’idée engrec ordinaire, la renforce en grec hébraïsant. Matth.,i, 21. Si la manière de parler hébraïque trouve en grecune expression correspondante, elle favorise l’emploi decette dernière; ainsi l’emploi du tour interrogatif pourrenforcer l’affirmation et la négation, l’emploi de laconjugaison périphrastique, l’emploi du présent et del’imparfait aux dépens de l’aoriste de narration, l’emploide l’infinitif avec τοῦ. Par suite, l’influence de l’hébreu porte aussi sur certaines constructions grecques parelles-mêmes, pour en multiplier l’emploi. Enfin, d’unemanière générale, l’hébreu et l’araméen, langues familières et populaires, contribuent par leur influence àfaire employer par les auteurs du Nouveau Testament lalangue grecque familière avec ses constructions familières et même populaires. —

III. Aramaïsmes proprement dits.

Mots: ἀββᾶ, ρακά, μαμωνᾶς, ἐφφαθά, Κηφᾶς; γεύεσθαι τοῦ θανάτου, = «subir la mort,» ἔρχου καὶ ἴδε, «venez voir,» formule d’invitation; δέω καὶ λύω, = «je défends et je permets;» τὰ ὀφειλήματα, «les péchés;» τὰ ὀφειλήματα ou τὰς ἁμαρτίας ἀφιέναι; σὰρξ καὶ αἶμα, cité plus haut; ὃ αἰὼν οὗτος, ὁ ἐνεστὼς αἰών, ὁ νῦν αἰών, «le monde actuel jusqu’à sa fin;» ὁ αἰὼν ἐκεῖνος, ὁ αἰὼν ὁ ἐρχόμενος, «le monde futur après la fin de celui-ci;» μεθιστάνειν ὄρη, «transporter des montagnes;» θάνατος, Apoc., vi, 8, xviii, 8, «peste;» εἷς, «un,» article indéfini, et la conjugaison périphrastique sont surtout aramaïsants; τί ὑμῖν δοκεῖ» formule rabbinique pour introduire la discussion. —

Constructions.

Les hébraïsmes sont moins nombreux pour lesconstructions que pour le sens des mots. L’hébreu diffère essentiellement du grec; il était impossible d’imiteren grec beaucoup de constructions de l’hébreu; maisil était facile, par analogie, d’attacher à un mot grec unsens hébraïsant. D’ailleurs, un étranger s’approprieassez facilement les constructions courantes et facilesd’une langue; beaucoup moins facilement tous les mots du lexique avec tous leurs sens, ou la couleur générale, le génie de sa nouvelle langue. Josèphe, Ant. jud., xx,xi. —

Quand une locution hébraïsante ou post-classiqueest propre au Nouveau Testament et se retrouve ensuite chez les écrivains chrétiens, il faut supposer a priori qu’ils ont empruntée au Nouveau Testament, comme στηρίζειν τὸ πρόσωπον, ἐνωτίζεσθαι. —

Chaque catégorie d’hébraïsmes relève d’une loi, d’une règle, dont il est utile de trouver la raison. Ainsi, en grec biblique, les verbes du sens de croire, penser, percevoir, sentir, dire et déclarer prennent ou tendent à prendre la même construction avec ὅτι; et ceux du sens de «penser» enferment souvent en eux l’idée de parler, dire, commeἔδοξαν. Matth., i, 9; Marc., vi, 49. La raison de ces deux faits, c’est que, pour le Juif, penser et dire sa pensée ne font souvent qu’un. Ainsi l’optatif, en dehorsdu souhait, est le mode de l’abstraction, de la passibilité, de l’affirmation adoucie; autant de manières depenser auxquelles le Juif répugne naturellement.

VI. COMPARAISON DE L’ÉLÉMENT HÉBRAÏSANT DU NOUVEAU TESTAMENT AVEC CELUI DES SEPTANTE.

L’influence de l’hébreu a modifié le grec du Nouveau Testament de la même manière que celui des Septante, etproduit sur lui les mêmes effets. L’allure généralehébraïsante est substantiellement la même; les hébraïsmes sont analogues ou identiques à ceux des Septante. —

Les Septante sont une traduction en grec; lesquelques livres composés en grec ont été, pour ainsidire, pensés en araméen ou en hébreu, et sont presqueaussi hébraïsants que les autres. Le Nouveau Testamenta été composé immédiatement en grec; ses auteurspensent en grec (hébraïsant}), du moins le plus souvent.—

Au Iersiècle de notre ère, le grec hébraïsant se trouvait plus allégé, plus flexible, plus correct, plus riche de tours et de termes grecs que ne l’était le grec hébraïsant des Septante trois siècles plus tôt, au moment de sa naissance. —

Les Septante étaient des Juifs vivantdans un milieu juif, et traduisaient de l’hébreu qu’ilscontinuaient peut-être de parler et d’entendre, maisqu’ils lisaient à coup sûr, et ils le traduisaient dans ungrec à peine né. Les Juifs, auteurs du Nouveau Testament, n’ont pas débuté par écrire aussitôt en grec la révélation chrétienne formulée en araméen. Cette doctrineétait prêchée en grec depuis quelque temps quand leslivres du Nouveau Testament ont été composés; c’estcette langue grecque de la prédication chrétienne, déjàformée et courante, que les auteurs du Nouveau Testament ont employée en écrivant, après l’avoir parléeeux-mêmes plus ou moins longtemps. —

Le grec desSeptante n’est souvent qu’une traduction servile del’hébreu. Celui du Nouveau Testament se meut beaucoup plus librement sous l’influence hébraïsante. ParSuite, le Nouveau Testament nous offre la langue grecquefamilière du Ier siècle beaucoup plus et mieux que lesSeptante ne nous offrent celle de leur époque. Par suiteaussi, si l’on veut bien saisir la manière vraie dontl’hébreu influait librement et normalement sur le grec,il faut se servir du Nouveau Testament et non des Septante. Et, même dans le Nouveau Testament, il fautécarter les morceaux contenant ce qui a été dit ou rapporté en araméen, parce que le grec de ces fragments peutretomber dans la traduction. Il faut choisir les livres,les morceaux, où l’auteur juif pense pour lui-même ets’exprime en grec spontanément et librement; ainsi lesÉpitres. —

Les Septante sont une collection de traducteurs, et l’on sent une main différente dans les différents livres; cependant, la langue et le style y restent

substantiellement les mêmes. Dans le Nouveau Testament,le matériel de la langue, mots et constructions,reste le même, on peu s’en faut, dans tous les livres;mais le maniement de la langue et le style diffèrent profondémententre les divers auteurs. — Les Septante contiennentdes hébraïsmes. Le Nouveau Testament contientde plus des aramaïsmes et rabbinismes. — Dans lesSeptante, la couleur hébraïsante est épaisse, éclatante;elle est répandue dans tous les livres et dans toutesleurs parties, et à peu près au même degré partout.Dans le Nouveau Testament, la couleur hébraïsante estsaisissable à peu près partout; mais elle n’y est pasexcessive comme dans les Septante, elle y est très inégalementrépartie, et cela dans un même livre. À peinesensible dans l’Épi tre aux Hébreux et dans certains chapitresdes Actes, elle est très forte dans l’Apocalypse ettrès inégalement distribuée dans l’Évangile de saint Lucet dans ses Actes, où certains morceaux sont particulièrementhébraïsants. — Les observations précédentesmontrent que le Nouveau Testament a été composé immédiatementen grec, et n’a pu être composé d’abord enhébreu et traduit ensuite en grec. — Beaucoup d’idéesdu Nouveau Testament sont nouvelles, par exemple lesidées spécialement chrétiennes; et ces idées n’existentpas dans la Septante. — La langue du Nouveau Testamentest la sœur puinée de celle des Septante, et nonsa fille; la plus jeune a seulement demandé aide et secoursà Painée. Au moment d’être prêché par des Juifsdans le monde hellénisant, le christianisme s’est formésa langue, comme le judaïsme s’était formé la siennetrois siècles plus tôt. — On ne peut comprendre le NouveauTestament clairement et complètement, sans connaîtreles éléments essentiels de l’hébreu, comme pourcomprendre les Septante. Comme pour les Septante, onne peut s’attacher à la lecture du Nouveau Testamentsans être suffisamment déshabitué de la forme littéraireet traditionnelle du grec classique, et sans s’être familiariséavec une manière nouvelle de penser et de s’exprimer.

VII. ÉLÉMENT CHRÉTIEN DU NOUVEAU TESTAMENT. —

La première modification linguistique produite par lechristianisme a été celle de l’araméen, commencée parJésus-Christ lui-même, et continuée par ses disciplesvivant avec les communautés chrétiennes aramaïsantesde la Palestine. — La seconde a été celle du grec, dansla bouche des prédicateurs chrétiens hellénisants. Elles’est faite dans les conditions suivantes: 1° Elle a subil’influence de l’araméen, en tant qu’il avait été christianisélui-même, et elle a imité ou transporté en grec desexpressions araméennes chrétiennes; 2° La réflexion desprédicateurs chrétiens sur leurs principes religieux, lescontroverses avec les adversaires juifs ou hérétiques, laréfutation du paganisme, les explications requises pourl’instruction des néophytes, toutes ces causes amènentle développement théorique de la doctrine chrétienne.Mais cette doctrine est aussi pratique; elle donne de lavie une conception nouvelle, surnaturelle; elle s’appliqueà tous les besoins et à tous les actes de la vie ordinairesoumise à la loi morale. Ce développement théorique etpratique du christianisme produit nécessairement unemodification correspondante de la langue grecque ordinaire,qui se développe parallèlement pour former lalangue grecque chrétienne. Ainsi, dans les Épltres, lepéché originel, la grâce, l’habitation et l’opération duSaint-Esprit dans les âmes, la renaissance spirituelle del’âme et la vie nouvelle qui en découle, l’inutilité desœuvres et des formalités dé la loi juive, les tentations etépreuves, l’attitude du chrétien à l’égard du mondeextérieur et de ses biens, voilà des idées qui travaillentmaintenant la langue grecque profondément, la développentet la transforment; 3° Lorsque les auteurs duNouveau Testament ont employé dans leurs œuvres la-langue de la prédication orale déjà formée dans une

certaine mesure, ils ont contribué à la développer danscette même direction chrétienne qu’elle suivait depuisl’origine; 4° Les modifications de la langue sous l’influencechrétienne sont soumises aux lois de l’analogie:le sens propre d’un mot grec est étendu de manière àlui faire exprimer une idée chrétienne; le sens hébraïsantd’un mot grec reçoit aussi une extension decette nature; les composés ou dérivés nouveaux, exprimantdes idées purement chrétiennes, suivent les règlesordinaires du grec hébraïsant, etc.; 5° L’élément chrétienest inégalement répandu dans le Nouveau Testament.Dans les Épitres, par exemple, qui nous donnent le développementdes principes chrétiens, il apparaît considérableet frappant, plus net et plus proprement chrétienque dans les Évangiles, où il reste enveloppé de judaïsme;6° La couleur chrétienne est parfaitement distinctede la couleur hébraïsante. L’influence et la couleurchrétiennes sont plus profondes et plus étendues dansle Nouveau Testament que l’influence et la couleur hébraïsantes.Mais la couleur chrétienne frappe moins:nous sommes trop habitués aux idées et expressionschrétiennes; l’élément chrétien consiste surtout dans lachristianisation du sens des mots grecs ou gréco-hébraïsants;il affecte beaucoup plus le lexique, le style etl’exégèse que la morphologie ou la syntaxe. Au contraire,l’influence hébraïsante produit des changements et desirrégularités considérables. — Exemples de l’influencechrétienne: Mots nouveaux, composés ou dérivés,àvavevvâv, àvaÇîjv, à>>.otpi£m<TX0710<;, ai^xztxyyaltx, pdt7r-Tia|ia, naêêxtimiii, o-uvtrraupoûo-Sai. Mots et expressionsprenant un sens chrétien, «prov xXâuat, x<io-| «>i;, awT7]pi’a,ï<ixq, eùaYTféXiov, x» )pûo-(Teiv et x^puYH*! °’xXï]Tof; oî èxXex-TOi,aTtôcnoXoi, uâpTupe; ; o’xoSo|ir, et oîxoôo^eiv; ctvwdevYevvâirtat; âxovetv et àpâv appliqués aux actes du Ufotdans l’Évangile de saint Jean. Mots et expressions techniques:potirriÇeiv, rccVmc, ol luazol, Siâxovoç, êict’ffxoito;,tiffxsiv en parlant de la passion de J.-C, Cîjv h xupîu,TtpedêuTepoç; tô 7tveû(ia ou icvcOfia âyiov pour désigner latroisième personne de Dieu, et ô X^yoç, ô ylrfç pour désignerla seconde; (ô) 8eôç avec ou sans article, nompropre du seul Dieu qui existe, de celui que les Juifsappelaient 6 ôsôç 6 ïrôv. Métaphores nouvelles, où leschoses du monde matériel expriment les choses dumonde chrétien surnaturel, TrepiraxTeiv èv xatvÔTrjTi ïwîjc,xaià aâpxa, èv r|[i.épot, èv màtti, xarà SvOpwTrov, tû> aÛTâicveii(jiaT(, èv tw ipwrf, etc.; nérpa axavoaXou, tô axâvSocXovtoO (TTaupoû; Ta (ilXr) toO TtovrjpoO Ta Tceicupto^éva et tôv6upebv Trje nîorew;, Eph., VI, 16; eï ti; OsXes ômau> (iouèX8eîv, àicapvr^aàabiù iauTÔv xaî àpàrw tov (rravpbv ocÙtouxat àxoXouOtkw pot, Matth., xvi, 24, avec l’expression hébraïsanteottotw [io’j èXôeïv prenant un sens chrétien;lirt Taûr» i tîj TOTpa oîxo£o|» )<nt) (io’j tïjv êxxXï](r(av xa miXafâ80y où xaTiff/ûffouiiv aÙTÎjç, Swam <toi Tac xXeCSaç xtX.Matth., xvi, 19; à 5>/ eic tôv x<SX ?iov toû itaTpôç. Joa., i.18. Rapport nouveau, chrétien, entre un mot et soncomplément et constructions particulières, àitoOavetv tîà(jL «pT! à; i; î]v tô» 8sâ, Çîjv tw 8e<3 èv XpidTtï’Ikjo-oû, Rom.,vi, 11; t&v 7riaTev<SvTwv Si’àxpo6’jemaç, et x-îjç èv àxpo6u<TTÎot m’o-Teo»; ; PauriÇeiv Tivà év nvtJ|j.aTi, ecç nveOjiot,eU tô ovo(ia toû mxTpô;, èirt xû> àvo^aTi, êv tw iv6xan,etî.Xp^iTTO’v, etç tôv OâvaTov, sic 8v <nô|j.a; rjv icpo; tciv 8e<Svavec le sens théologique de «en Dieu et en union avecDieu», = i wv eï «tov x<SXm>v, Joa., i, 1, 18; èvSuva(loSafle èv Kvpfu t.a Èv tw xpàTei Trjç la^Joi aÙToû (Eph.,vi, 10), «par le Seigneur et en union avec lui, par saforce et en restant dans la sphère d’action de cetteforce.»

VlllCARACTÈRES DE LA LANGUE DU NOUVEAU TESTA-MENT.— 1° L’analyse des éléments constitutifs de lalangue du Nouveau Testament montre qu’il faut laconsidérer comme une langue vivante, en voie de setransformer radicalement sous l’action d’étrangers juifsprêchant au monde la doctrine nouvelle du ehristia

nisme. Après la mort de ces étrangers, la transformationcontinuera quelque temps encore sous l’influencechrétienne seule, pour produire la langue grecque chrétienneproprement dite. Toute langue normalement etcomplètement développée comprend en réalité troislangues: la langue littéraire des orateurs, historiens,philosophes, etc.; la langue familière employée pour les.affaires quotidiennes par les personnes de bonne éducation;la langue populaire des personnes sans cultureaucune. Toutes trois peuvent s’écrire sans changer. Leton de la langue littéraire apparaît dans certaines partiesdu Nouveau Testament. L’Epître aux Hébreux ytouche par son style périodique et soigné. L’Epître desaint Jacques offre des procédés de style et une couleurpoétique qui étonnent à bon droit. Dans les Actes, surtoutaprès le chapitre IX, certains récits et discours nemanquent ni de pureté, ni d’élégance. Quand saint Pauly parle aux Grecs ou au roi Agrippa, la langue prendaussitôt un certain caractère littéraire. D’ailleurs dessecrétaires grecs lettrés ont pu corriger certaines œuvresdu Nouveau Testament. Ces secrétaires sont mentionnésRom., xvi, 2; I Cor., xvi, 21; Col., iv, 28; II Thés., iii, 18;et, dans les Actes, xxiv, 1-2, le grand-prêtre juif emploie,pour plaider sa cause, un rhéteur grec appelé Tertullus. Lalettre de saint Jacques peut sortir de la main d’un secrétairelettré. Mais, régulièrement parlant, les auteurs duNouveau Testament ne sont pas des littérateurs comme^Elius Aristides, Dion Chrysostome, Josèphe et Philon,saint Clément de Rome, saint Justin, etc. Comme ilsécrivent pour convertir, pour tous, ils emploient nécessairementla langue de tous, qu’ils ont apprise de labouche de tous; ils visent à être clairs, simples et faciles,sans se préoccuper d’écrire avec art. Le ton général dela langue du Nouveau Testament, c’est celui de la languefamilière et courante. Mais on retrouve dans cette languefamilière le soin qu’apporte spontanément unepersonne de la classe moyenne à écrire mieux qu’ellene parle, en évitant d’instinct les mots et locutions troppopulaires, négligés ou incorrects. D’un autre côté,sortis du peuple, mêlés surtout au peuple, les auteursdu Nouveau Testament ne pouvaient échapper complètementà son influence; de là des mots, formes, constructionset locutions parfois populaires, et qu’on pourraitappeler des vulgarismes, et, parfois aussi, une certaineallure populaire du style. Un Grec lettré était déroutépar les idées, les images, l’allure et la couleur de lalangue du Nouveau Testament, par le peu d’art que les.auteurs de ce livre y montraient en écrivant. Aussi saintPaul se rendait - il compte de cette impression plutôtpénible produite sur le Grec par la langue nouvelle dela prédication chrétienne, comme on le voitl Cor., ii, l,et II Cor., ii, 6. Cette impression défavorable se retrouvechez les lettrés de la Renaissance qui établissent unecomparaison entre le grec des classiques: et celui duNouveau Testament. Leur opinion se résume dans cesparoles de Saumaise, auteur du livre: De hellenistica,in-12, Leyde, 1643: «Tels les hommes (les auteursdu Nouveau Testament), tel aussi leur langage. Leurlangage est donc celui que l’on appelait idiomxdç, lelangage commun et populaire. Car on appelle ISiûtoiles hommes du peuple sans éducation littéraire, quiemploient le langage dont le peuple se sert dans saconversation, et qui ont appris ce langage de leursnourrices,» Aux xviie et XVIIIe siècles, on se querellavivement sur la qualité et la nature du grec du NouveauTestament. Cette discussion, - qui eut le mérite defaire étudier la langue de ce livre, donna lieu aux systèmesdes puristes, des hébraïstes et des empiristes:

— 1. Les puristes défendaient la pureté et la correctionabsolues du grec du Nouveau Testament. Ils niaient outaisaient les hébraïsmes; ils justifiaient les singularitésde la langue par des exemples analogues, ou prétendustels, déterrés chez les auteurs profanes, même dans

Homère. Ce système dura jusqu’au milieu du xviiie siècle.

— 2. Les hébraïstes. Leur système, en vogue à la findu XVIIe, domine pendant le xviiie. Suivant eux, les auteursdu Nouveau Testament ont pensé en hébreu ouen araméen et traduit leur ransée en grec: leur languen’est que de l’hébreu transporté en grec. — Les empiristesdu xviiie siècle croient que les auteurs du NouveauTestament ne savent pas le grec, ou ne le savent quepeu, et qu’ils l’écrivent au hasard. Ils voient partout desénallages; grâce à cette figure de grammaire, lès écrivainsdu Nouveau Testament avaient pu employer untemps pour un autre, un mode pour un autre, un caspour un autre, etc., sans compter les ellipses. Les empiristesdéfendaient leur système en prétextant que l’hébreune distinguait ni temps ni modes, et n’avait pasde règles de syntaxe. La vraie méthode grammatical» appliquée au grec du Nouveau Testament, dans notresiècle,a fait justice de ces fantaisies. Le tort des éruditset des hellénistes des xvi «-xviiie siècles était d’ignorerqu’une langue n’a pas que son époque dite classique;qu’elle est un organisme vivant qui traverse les sièclesen se modifiant; qu’elle doit être étudiée et appréciéeàchaque phase distincte et décisive de son histoire,quand elle subit quelque transformation caractéristique;que toute langue complètement développée comprendla langue littéraire, la langue familière et la languepopulaire, que chacune d’elles doit être étudiée pourelle-même et appréciée à sa valeur, non pas condamnéeou exclue; que foute doctrine, même divine, ne peutêtre prêchée et écrite que dans la langue ordinaire desesprédicateurs et de leurs auditeurs. D’ailleurs, comm&la langue du Nouveau Testament est composée d’élémentsdivers, Comme elle est en voie de transformation,qu’elle est de qualité moyenne et variable, et qu’ellesubit des influences diverses, les affirmations portéessur elle sont nécessairement toutes relatives; elles nepeuventêtre vraies que dans la mesure variable quiconvient à chacune d’elles; toute affirmation exclusiveouabsolue est nécessairement fausse dans ce qu’elle a.d’exclusif ou d’absolu.

Caractère psychologique de la langue.

Étrangers,

les auteurs du Nouveau Testament n’ont jamaisréussi à penser et à s’exprimer en grec nettement,comme un Grec de race l’aurait fait; ils ne se préoccupentpas non plus de conformer leurs pensées auxconstructions grammaticales et traditionnelles du grecordinaire. Ils sont livrés à lsurs propres idées tellesqu’ils les conçoivent, à tous les mouvements de l’âmequi les entraînent; ils subissent sans réagir, ou presquesansréagir, l’action des diverses influences que nousavons énumérées en analysant leur langue. De là lecaractère spontané de l’expression dans le Nouveau Testament,où l’idée crée l’expression, la phrase, le mouvementdu style. De là plusieurs conséquences, parmi 1lesquelles les suivantes: 1° Tandis que le matériel de lalangue, lexique et grammaire, est impersonnel, le styleest très personnel. Les auteurs du Nouveau Testamentpensent et écrivent avec fermeté et netteté, sans hésitation,sans souci de préparer et de synthétiser les idées,de polir les phrases. La fatigue ni le travail d’écrire ne sefont vraiment sentir chez eux, au moins en général. Ilssuivent la libre allure de leur esprit, la vivacité de leurs;. impressions,-la promptitude de leur mémoire, la mobilitéde leur imagination (en ce sens précis qu’ils aimentà représenter l’idée, même abstraite, d’une manièreconcrète,ou bien à rapporter un événement avec lesdétails qui le mettent sous les yeux). — 2° La phrase etle style réfléchissent à leur tour la manière de penserpropre à chacun d’eux. La phrase apparaîtra, suivant lecas, simple ou compliquée; facile ou embrouillée quandl’arrangement en était aisé; correcte et unie, ou interrompue,brisée; par suite, claire ou obscure (pour nous).Le style offrira la solennité monotone de saint Matthieu, ,

la vivacité et le pittoresque de saint Marc, la grandeurémue de saint Jean, le charme apaisant et pénétrant desActes, le mouvement tendre ou passionné de saintPaul, etc.; et cela avec l’uniformité et même la médiocrité de la langue.

3° Instinctivement, l’auteur juifdu Nouveau Testament adoptera la construction grecque,le mol grec qui se rapprocheront le plus de sa languematernelle; il couvrira d’un vêtement grec quelque locution aramaïsante; il contraindra la langue et r expression grecques à plier sous sa pensée et à la servir,d’autant plus que sa pensée est pour lui la véritédivine, et que souvent déjà, dans les Évangiles parexemple, cette pensée est celle de son Maître divin.

4° Les idées parenthétiques sont assez fréquentes dansle Nouveau Testament; elles sont insérées à leur placelogique, elles s’accordent ou non; elles sont reliées parxot ou un pronom avec ce qui précède, ou flottent indépendantes. Si la note explicative est longue, commedans les Épîtres, l’auteur oublie le début de la phrase-et la reprend sous une autre forme. Ces remarquess’appliquent d’ailleurs à d’autres accidents de syntaxe,Matth., xv, 32; xxv, 15; Marc, mi, 11; Luc, ix, 28;xxiii, 51; Joa., i, 6, 39; iii, 1; Rom., v, 12, 18; ix, 11;xv, 23-25; I Cor., xvi, 5; Hehr., xil, 18-22; souvent^lans l’Apocalypse; ainsi qu’aux citations et réminiscencesdes Septante, souvent dans l’Apocalypse.

5° L’auteurpassera inconsciemment du style indirect au style direct,qui résonne, pour ainsi dire, à son oreille, en mêmetemps qu’il revient à sa mémoire.

6° Destinés presquetous aux communautés chrétiennes, les livres du Nouveau Testament sont écrits pour être lus, ou mieux,pour être dits à haute voix dans l’assemblée des fidèlesà qui ils s’adressaient. Aujourd’hui encore, si l’onveut les comprendre pleinement, qu’on les lise àhaute voix dans le texte, en marquant l’intonation, l’ac-cent oratoire, les pauses et les changements de tons dansles discours, dans les dialogues, dans les lettres, ensuppléant les gestes et les attitudes. L’idée de l’auteur s’anime alors et s'éclaire sans autre explication;on détermine mieux le vrai sens des phrases et leurportée, les nuances et les oppositions d’idées, les interruptions et les reprises du récit, du dialogue, duraisonnement, la suppression de certaines idées accessoires de transition, la tendance de l’accord à cesseraprès une pause et une interruption, etc. De même,c’est le ton de la voix qui marquera l’interrogation, bienmieux et plus vivement que ne le ferait une particule.

Convenance de la langue du Nouveau Testament.

Malgré ses particularités, le grec du Nouveau Testament était la meilleure langue pour la prédication chrétienne: elle était riche et souple. Le vocabulaire grecétait assez étendu pour que les auteurs du NouveauTestament pussent y puiser à leur gré les mots auxquels ils imposeraient un sens chrétien. De plus, le grecse prêtait à des dérivés et à des composés en nombreillimité, aussi nombreux que les idées et les nuancesd’idées à exprimer, aussi clairs que la pensée mêmede l’auteur. La syntaxe de la langue familière étaitsimple, unie, facile, et l’influence hébraïsante avait encore augmenté ces qualités. Au lieu de s’imposer auxauteurs du Nouveau Testament et de les gêner, commel’aurait fait le grec classique, le grec hébraïsant pliait etobéissait à leur pensée, dont il recevait immédiatementle moule et l’empreinte. Il s’appliquait avec une égalefacilité aux choses banales de la vie et aux spéculationsles plus élevées, aux idées abstraites et aux idées concrètes. La quantité d'élément hébraïsant qu’il contientlui permettait d'être facile pour des Juifs habitués à unelangue d’un genre différent; de rester lié avec le mondejuif et oriental, avec ses idées, ses croyances, sa manière<ie penser et de s’exprimer; de conserver la massed’idées juives passées dans le christianisme. Sa quantité «ncore plus grande de grec le rendait accessible et intelligible pour les masses du monde gréco-romain. Legrec du Nouveau Testament était essentiellement unelangue de communication, de circulation, de propagation, précisément la langue qu’il fallait au christianismes'élançant à la conquête du monde gréco-romain. Telétait ce grec du Nouveau Testament, qui constitue lepoint d’arrivée du grec familier et du grec hébraïsant,et que trois ou quatre siècles de révolutions politiqueset sociales avaient formé et mûri pour la prédicationchrétienne. Ni l’hébreu, ni l’araméen, ni le latin n'étaientdes langues favorables pour elle; aucun de ces idiomesn’avait ni ne pouvait avoir la richesse, la souplesse et lecaractère universel et international du grec.

IX. Bibliographie.

L'étude de la langue des Septante est peu avancée, tandis que celle de la langue duNouveau Testament est cultivée avec ardeur et s’enrichit sans cesse. Voici les principaux ouvrages publiésdans ce siècle: F. W. Sturz, De dialecto macedonica etalexandrina liber, Leipzig, 1808; M. J. H. Beckhaus,Veber das Gebrauch der Apocryphen des Alten Testaments zur Erlàuterung der neutestamentlichen Schreibart, 1808; H. Plank, De vera natura orationis gracieNov: Testamenti, Gœttingue, 1810; P. H. Haab, Hebrâisch-griechische Grammatik fur das N. T., 1815;C. G. Gersdorf, Zur Spræhcharacteristik der Schriftsteller des Neuen Testaments, I, Leipzig, 1816; A. T. Hartmann, Linguistiche Einleitung in das Alte Testament,1818; G. B. Winer, Grammatik der neutestamentlichen Sprachidioms, 1823; éditions postérieures, et traductions anglaises; Tholuck, Beitrâge zur Spracjierklârung des N.T., 1832; H. Stuart, Grammar of*theN. T. dialect, Andover, 1834; éditions postérieures;. dumême, Treatise on the Syntaæ of the N. T. dialect,1835; F. Nork (scilicet Korn), Rabbinische Quellenund Parallelen zum N. T., 1839; D. £. F. Bôckel, Dehebraismis N. T., 1, Leipzig, 1840; W. Trollope, AGreek Grammar to the N. T. and to the Common orHellenic diction of the Greek writers, Londres, 1842;G. P. C. Kaiser, De speciali Joannis grammatica culpanegligentix liberanda, i, ii, Erlangen, 1842. Pareil travail sur: Pierre, 1843; Matthieu. 1843; Marc, 1846;Paul, i, ii, 1847; C. G. Wilcke: Die neutestamentlichellhetorik, Dresde, 1843; E. W. Grinfield, iV. T. editiohzllenutica, Londres, 1843; Id., Scholia hellenistica inN. T., Londres, 1848; H. C. A. Eichstàdt, Sententiarumdo dictione N. T. brevis census, Iéna, 1845; Berger deXivrey, Étude sur le texte et le style du N. T., Paris,1856; J. T. Beelen, Grammatica grxcitatis A*. T. quamad G. Wineri ejusdem argumenti librum composait, Louvain, 1857; Gerhard von Zeschwitz, Profangrâcitâtund biblische Sprachgeist, 1859; R. C. Trench,Synonyms of the N. T., Londres, 1858-1802; éditionspostérieures, et traduction française par de la Faye(1869); A. Buttmann, Grammatik des neutestamentlichen Sprachgebrauchs, 1859; traduction anglaise; S.Ch. Schirlitz, Grundzûge der neutestamentlichen Grâcitât fur Studirende, Giessen, 1861; Id., Anleitung zurKenntniss der neutestanientlichen Sprache zugleichals griechinche neutestamentliche Schulgrammalik furGyrnnasien, 1863; K. H. A. Lipsius, GrammatischeUntersuchungen ùber die biblische Grâcitât: ûber dieLesezeichen, 1863; W. Webster, Syntax and Synonyms of the Greek Testament, Londres, 1864; B. A.Lasonder, De linguse Paulinæ idiotnate pars I lexicalis, Il grammaticalis, Utrecht, 1866; W. H. Guillemard, Hebraîsms in the Greek Testament, Cambridge,1879; A. Buttmann et J. H. Thayer, À grammar of theNew Testament Greek (translated by H. Thayer), Andover, 1880; G. Winer et W. Moulton, À treatise on theGrammar of the New Testament Greek (translated byW. Moulton), Edimbourg; G. Winér et J. H. Thayer, AGrammar of the Idiom of the New Testament (translated by H. Thayer), Andover, 1883; Schilling, Cornmentarhts exegetico-philologicus in hebraïsmos N. T.,Malines, 1886; S. G. Green, Handbook to the Grammarof the Greek Testament, Londres, 1886; E. Hatch,Essays in Biblical Greek, Oxford, 1889; Th. Burchardi,Elementargrammatik der griechischen Sprache desN. T., 1889; W. H. Simcox, The language of the NewTestament, Londres, 1889; C. H. Hoole, The classicalElément in the N. T., Londres, 1888; W. H. Simcox,The wrilers of the New Testament: their style andcharacteristics, Londres, 1890; de Pauly, ’Op80TO(u’a, sivede N. T. dialectis accentibusque, Lyon, 1890; J. Viteau,Étude sur le grec du N. T.; le Verbe: Syntaxe despropositions, Paris, 1893; G. Winer et P. W. Sclimiedel:Grammatik des neutestamentlichen Sprachidioms,8e édit. par P. Schmiedel, Gœttingue, 1894; E.Combe, Grammaire grecque du N. T., Paris, 1895;Kennedy, Sources of the New Testament Greek; ofthe influence of the Septuaginta on the vocabulary ofthe N. T., Edimbourg, 1895; Fr. Blass, Grammatikdes neutestamentlichen Griechisch, Gœttingue, 1896;traduction anglaise par II. Thackeray, Londres, 1898;J. Viteau, Étude sur le grec du N. T., comparé aveccelui des Septante: Sujet, complément et attribut,Paris, 1896; E. Nestlé, Einf’ùhrung in das griechischeNeue Testament, Gœttingue, 1897; K. Dieterich, Untersuchungenzur Geschichte der griechischen Sprachevon der hellenistichen Zeit bis zum iO lahrhundert,Leipzig, 1898; F. Blass, The philology of the Gospels,Londres, 1898; I. Reinhold, De græcitate palrumapostolicorum librorumque apocryphorum N. T. quæstionesgrammatiese, Halle, 1898; G. Heine, Synonymikdes neutestamentlichen Griechisch, Leipzig, 1898. —Pour les lexiques des Septante et du Nouveau Testamentgrec, voir Dictionnaires de la. Bible, t. ii, col. 1419-1422.

J. Viteau.


GREC MODERNE (VERSIONS DE LA BIBLE EN). Le grec moderne, appelé aussi romaïque (dePwjvaî’ot, «Romains,» nom pris par les Grecs pendantqu’ils étaient soumis aux empereurs byzantins), estdérivé du grec ancien et se rapproche plus particulièrementdu dialecte attique. On le parle dans le royaumede Grèce, dans les îles Ioniennes, à Chypre, dans unepartie de l’Asie Mineure, etc. Les principales différencesqui distinguent le grec moderne de l’ancien, sont lessuivantes: le datif n’existe plus dans les déclinaisons;on emploie à sa place le génitif ou une préposition quirégit l’accusatif; le duel est inusité; plusieurs temps duverbe se forment avec des auxiliaires, s^o>, «avoir,» 6éXw, «vouloir,» le premier servant à composer les tempspassés, et le second, le futur et le conditionnel; lavoix moyenne et l’optatif ont disparu; l’infinitif esttombé en désuétude; on lui substitue le subjonctif aumoyen d’une périphrase; ainsi, au lieu de dire: èm8u(i<5ISeïv <xÛt(Sv, «je désire le voir,» on dit: êiutOujuù va(abréviation de tva) tôv ISû. La perte de l’infinitif estune des plus grandes imperfections du grec moderne.

On compte que cette langue est parlée par deuxmillions environ des descendants des anciens Grecs.Une traduction du Nouveau Testament en romaïque futimprimée pour la première fois à Genève en 1638.’HKaivï) AjaWjxr; toO Kupt’ou r|(J.wv’ItjctoO XpioioO, SiyXwttoç,Iv 3) àvTrïtp omJnoç t6te 8eïov npwrÔTUnov xaV rjairapaXXàxTu; èÇ èxeivou etç àit).r, v JiâXexTOV 81à xoôliaxapiTou Kupïou MaÇ((iou KaXXiouitoXtTou yevo[iivirip.ETâ ?pa<n; ajj.a hwno>ft-r]<jav. "Etei XIIHAAMIIII. Elleà pour auteur Maxime Calliergi ou Calliopoli. Commel’indique le titre, elle est à deux colonnes, l’une reproduisantle grec ancien, l’autre donnant la version engrec moderne. Elle est précédée de deux préfaces, l’unedu traducteur, l’autre de Cyrille Lucar, patriarche deConstantinople, qui avait passé sa jeunesse à Genève ets’y était imprégné des principes du calvinisme. L’une etl’autre insistent sur la nécessité de publier l’Écriture enune langue intelligible pour le peuple. La version deCalliopoli se distingue par sa littéralité et par la fidélitéavec laquelle elle reproduit le texte original. Elle futréimprimée à Londres avec des corrections en 1703 et en1705 par la Society for propagating the Gospels inForeign Parts. La reine Sophie-Louise de Priasse en fitdonner une nouvelle édition in-12, à Halle, en 1710. LaBritish and Foreign Bible Society la réédita en 1808 et1812.

On conçut peu après le projet de donner une traductioncomplète de l’Ancien et du Nouveau Testament.Elle fut confiée en 1819 à l’archimandrite Hilarion, quidevint plus tard archevêque de Ternovo, et à deux ecclésiastiques,chargés de l’aider dans son travail. Le NouveauTestament, entièrement revu, parut en 1827, aprèsavoir été examiné par Constance, archevêque du MontSinaï. Il avait été imprimé à l’imprimerie même dupatriarcat à Constantinople. Cette version est exacte,mais le style en est dur. — L’Ancien Testament avait ététraduit par Hilarion sur les Septante. Il fut soumis en1829 au comité de la Société biblique. Ce comitérenonça à le faire paraître, préférant une traductionfaite directement sur l’original hébreu. D. Leeves eutla mission de la préparer à Corfou. Il eut pour auxiliaires,outre son compatriote I. Lowndes, les professeursindigènes Bambas, Tipaldo et Johannidès.Chacun de ces trois derniers fut chargé de traduireune partie des livres de l’Ancien Testament à l’aide dela version anglaise autorisée, de la traduction françaisede Martin et de la traduction italienne de ûiodati, sansnégliger les Septante et la Vulgate latine. Le tout futrevisé par Leeves et Lowndes, et le travail fut achevéen 1836. Quelques portions séparées en avaient déjàété publiées. L’Ancien Testament complet fut impriméen Angleterre en 1840; le Nouveau, revu par Bambas,à Athènes, en 1848. Depuis lors, il a paru de l’un et del’autre plusieurs éditions nouvelles. — Voici un spécimendu grec ancien et du grec moderne comparés(grec moderne d’après l’édition d’Athènes de 1855):

    1. GREC ANCIEN (Matth##


GREC ANCIEN (Matth.; vi,

Zy)T£ÎT£ Si 7tpwTOV TY1V (Sa<XtXÉtav toC ®£o0, xal tt|V

8txaioo"0v» ]v aÙToG, xa xaOca itâvTa npo{Ts8ïj<reTai

û(iîv. Mti oîv (i£pt(iv^<jsxe

e’c; tï)V oîîpiov y| yàp auptov[upt|iviï(7Et fà laoTÎj; ’àpxetôv Tîj T|[i£pa r| y.axfoc aÙTÏjç.

Voir S. Bagster, The Bible

dres (1860), p. 241-244.

33-34) GREC MODERNE’AXXà Çy)T£ÏT£ ItpÛTOV TïlV

(SauXei’av tou ©eoO, x «ttjv

81xaio<TJVY]V cctjtoO’xai TaOxa Tïotvxa ôéXouat aaç Trpo<xxeflîj. My] (iepi(ivr’ir(iT£Xo[7t(ivns.pl tîji; oupiov Siort tj

ai’ptov 6éXec (j.epi(Jiv^o"ei ù

iaoTÎjÇ - àpxeTÔv sïvoi’eiç tV

ri(iépav to xaxôv aùrij;of every Land, in-4°, Lon

F. Vigouroux.


GRÈCE (hébreu: Yâvdn; grec: ’EXXâç; latin: Grsecia).La Bible désigne par ce terme non l’Hellade proprementdite mais l’ensemble des pays dont les habitantsparlent grec. Is., lxvi, 19; Ezech., xxvii, 13, 19; Dan.,vin, 21; x, 20; xi, 2; Zach., x, 13. Dans le NouveauTestament, le mot’EXXaç, Grsecia, se trouve une foispour signifier l’Hellade proprement dite, c’est-à-dire laprovince d’Achaïe; saint Paul se rend en Grèce, en quittantla Macédoine. Act., xx, 3. Voir Achaïe, 1. 1, col. 126;

Grec.

E. Beurlier.


GRÉCO-VÉNÈTE (VERSION). Voir Græcus-Venetus, col. 291.


GRECQUES (VERSIONS) DE L’ANCIEN TESTAMENT.Voir Septante, Aquila 2, t. i, col. 811,Symmaqie, Théodotion, Gr*: cus-Venetus, col. 291; pourles versions grecques connues sous le nom de cinquième,sixième et septième versions, voir Hexaples d’Origéne; 333 GREC MODERNE (VERS. DE LA BIBLE EN) — GRÉGOIRE DE NYSSE 334

pour les versions en grec moderne, voir Grec moderne(Versions de la Bible en).

    1. GREENHILL William##


GREENHILL William, théologien anglais non-conformiste,né en 1591, probablement dans l’Oxfordshire,mort le 27 septembre 1671. Son principal ouvrage estson Exposition of the Prophet Ezechiel, 5 in-4°, Londres,1645-1662. Ce livre fut réimprimé en 1839. Q’est unsavant commentaire du prophète, fort estimé, aujourd’huiencore, par les protestants. À. Régnier.

    1. GREFFIER##


GREFFIER, celui qui écrit les arrêts des juges,etc. On rend quelquefois par ce mot dans les versionsfrançaises, l’hébreu sôtêr, qui signifie proprement «scribe», et désigne divers fonctionnaires, dont la Vulgatespécifie les fonctions en traduisant par magistratus,prœfectus populi, tribunus. Les Septante rendent généralementSôtêr par Ypa|i|iaTeûç ou fpai.cizoaaa.faifiûi;.

Josèphe, Ant. jud., IV, xviii, 14, se sert du mot uTtspéTYiç.Voir Scribe. — On traduit aussi en français par «greffier» le YP «[*|iaT5’J «d’Act., xix, 35 (Vulgate: scriba).Voir Grammate, col. 294.

    1. GRÉGOIRE D’AGRIGENTE (Saint)##


1. GRÉGOIRE D’AGRIGENTE (Saint), naquit àPrætoria, près de Girgenti, en Sicile, l’an 559. Engagédans les liens de la cléricature dès l’âge de douze ans,il professa la vie religieuse, dans divers monastères, àCarthage, en Palestine, à Antioche, à Constantinople età Rome. En 590, il fut élu évêque d’Agrigente. Victimede fausses accusations, il fut dépossédé de son siège etmis en prison à Rome. Son innocence ayant été reconnue,il remonta en 595 sur son trône épiscopal. On ignore ladate de sa mort, car après 598, le nom de Grégoired’Agrigente disparait de l’histoire. L’exégèse lui est redevabled’un commentaire très étendu sur le livre del’Ecclésiaste, ’E^vyio-iç eîç tôv’ExxX-/i<ria<rrriv 1 t. XCVIH,col. 741-1182. Ce commentaire est divisé en dix livres;bien que le texte grec appelle ces livres Xtfyoi, c’est plutôtun traité suivi que ce commentaire constitue et nonpas une suite d’homélies. Très net et très méthodique,le traité de Grégoire sur l’Ecclésiaste offre de ce livre dela Bible une explication qui contribue vraiment à enéclaircir le texte si difficile à comprendre.. En générall’interprétation est littérale et ne recourt que rarementà l’allégorie. L’étude du traité de Grégoire d’Agrigenteprésente une certaine importance au point de vue de laquestion du texte de la. Bible. En effet, les citationsqu’en fait Grégoire montrent qu’il a eu en mains unexemplaire assez différent de l’édition des Septante, caron ne peut pas admettre qu’il cite de mémoire. Morcelli,qui a examiné cette question, croit que Grégoires’est servi ou de la version de Symmaque ou des Hexaplesd’Origène, Patr. gr., t. xcviii, col. 733-738. Onpossède aujourd’hui plus de ressources qu’à l’époque deMorcelli pour résoudre cet intéressant problème, et il sepourrait qu’examiné à nouveau il ne donnât plus la mêmesolution. J. Van den Gheyn.

    1. GRÉGOIRE DE NAREG (Saint)##


2. GRÉGOIRE DE NAREG (Saint), fils de Khosrov legrand évêque arménien de la province des Antzévatziks,né l’an 951 et mort en 1003. Religieux du monastère deNareg, sur le lac de Van, près de l’île d’Aghthamar,situé vers le couchant: d’où son surnom de Narégatzi;son corps repose dans ce même couvent jusqu’à nos jours.Il fut un des Pères les plus illustres de l’Église arménienne.On a de lui un Commentaire du Cantique descantiques de Salomon (^hlpim.p fti.% }pq"$ Xspi’yï’jnqnXi%p), divisé en huit chapitres: il l’a écritl’an 977 par ordre du pieux roi Kurken Ardzrouni,comme il le dit dans le Mémorial placé à la fin du livre.On considère cet ouvrage comme un chef-d’œuvre. VoirF. Nève, L’Arménie chrétienne et sa littérature, Louvain,1886, p. 261. Il y suit principalement, mais en l’abrégeant,

le Commentaire de saint Grégoire de Nysse, auquel ilrenvoie le lecteur plus d’une fois pour plus amples développements;souvent il cite aussi les homélies dessaints Grégoire de Nazianze, Basile, Jean Chrysostomeet saint Ignace d’Antioche. Son style est toujours sobreet clair, ses explications à la portée de tout le monde.Les méchitharistes ont publié tous les écrits de ce Père,à Venise, sous ce titre: Sancti Patris nostri GregoriiNaregx monasterii monachi Opéra, 1840, in-8°. Unepremière édition du Commentaire avait été publiée àVenise au couvent de Saint-Lazare en 1789.

J. MlSKGIAN.

3. GRÉGOIRE DE NAZIANZE (Saint) naquit versl’an 326 à Arianze, village de la Cappadoce. Après avoirétudié là théologie à Césarée en Palestine, à Alexandrie,à Athènes, où il fut le compagnon de saint Basile et lecondisciple de Julien l’Apostat, il reçut le baptêmeen 356. Après quelques années passées dans la solitudeet dans l’état monastique, Grégoire devint en 380 évêquede Nazianze. Il mourut en 389 ou 390. Orateur et poète,saint Grégoire de Nazianze ne relève de l’exégèse quepar l’homélie, prononcée à Constantinople en 380, surles douze premiers versets du chapitre xix de saint Matthieu,t. xxxv, col. 281-308. J. Van den Gheyn.

    1. GRÉGOIRE DE NYSSE (Saint)##


4. GRÉGOIRE DE NYSSE (Saint). On ne connaît pointla date exacte de la naissance de ce Père, frère desaint Basile le Grand; on s’accorde pourtant à la fixervers l’an 311. Saint Grégoire de Nysse s’adonna d’abordà la littérature profane et professa la rhétorique. Sur lesinstances de saint Grégoire de Nazianze, il embrassal’état ecclésiastique et devint évêque de Nysse en 371.Quatre ans plus tard, il fut envoyé en exil sur l’ordre deDémosthènes, gouverneur du Pont. En 378, après lamort de l’empereur Valens, il fut replacé sur son siège.L’année suivante, Grégoire prit part au synode d’Antioche,et il assista, en 381, au concile de Constantinople.On le retrouve en 394 au synode convoqué à Constantinoplepar le patriarche Nectaire, puis son nom disparaîtde l’histoire. Grégoire de Nysse a beaucoup écrit, et dansson œuvre littéraire l’exégèse occupe une large place,bien que sa valeur réelle ne soit pas dans ce domaine.L’exégèse de Grégoire de Nysse relève des principesherméneutiques de l’école d’Alexandrie. Il n’a pas lesouci de l’interprétation littérale; pour lui, toute l’exégèseconsiste à entasser, à propos de chaque terme de laBible, un monceau d’applications morales, basées principalementsur la signification allégorique qu’il donneaux passages de l’Écriture.

Voici l’énumération des œuvres exégétiques de saint Grégoirede Nysse: 1°’AtcoXo-piïix’oç itepi t^ç éÇaï)(jiÉpou, «discours apologétique sur l’Hexameron.» P. G., t. xliv,col. 61-124. Dans cet écrit, Grégoire s’est proposé decompléter l’ouvrage de son frère Basile sur l’Hexameron,par l’étude de certaines questions plus difficiles quecelui-ci avait jugé à propos de ne point traiter. —2° ILspl xaTeiiTxeurjç àvOptiitou, «sur la création del’homme,» t. xliv, col. 125-251. Ces deux premierstraités sont les meilleurs travaux exégétiques de Grégoire,et ils échappent, plus que les autres, aux défautsgénéraux de sa méthode. Loin d’abuser de l’explicationallégorique, ici au contraire, il prétend s’astreindre ausens des mots pris dans leur signification propre. —3° IlepY to0 (Ji’ou Mwjctéwç, «sur la vie de Moïse,» t. xuv, col. 297-430. Du récit historique de la vie dulégislateur des Hébreux, Grégoire tire d’abondantes considérationsmorales et des conclusions spirituelles; aussil’ouvrage porte-t-il également le titre d’TitoBÉa-iç si; tovtéXeiov (Siov, «exhortation à la vie parfaite.» — 4° Dansla lettre à l’évêque Théodose iuep tt, ç ÈYYa<rtpipuj80u, «sur la pythonisse ventriloque,» t. xlv, col. 108-113,Grégoire commente le chapitre xxviii du premier livrades Rois, et veut démontrer que ce ne fut point l’âme de

Samuel, mais le démon qui apparut à Saul, — 5° El;t» )v Èît! Ypaij>T)v râv ipaX[*ûv, «du titre des psaumes,» t. xliv, col. 432-608. Ce traité divisé en deux partiesexplique d’abord le but, l’ordre et la division des psaumes,que Grégoire partage en cinq livres, puis vient uneinterprétation des titres des psaumes. — 6° On a ausside saint Grégoire un commentaire complet sur lePsaume vi, t. xliv, col. 608-616. — 7° Les huit homéliessur l’Ecclésiaste, i, 1-m, 13, t. xliv, col. 616-753, partentde l’idée que Grégoire s’était laite du but poursuividans ce livre de la Bible. Il le croit composé pour éleverl’esprit au-dessus des sens et l’arracher aux chosesinférieures. Toutes les interprétations proposées cadrentavec cette idée préconçue et tendent à stimuler l’âmeà atteindre la vie surnaturelle. — 8° Dans les quinzehomélies sur le Cantique des cantiques, t. xliv, col. 7561120, Grégoire s’attache à retrouver le sens mystique decette partie de la Bible. — 9° Cinq homélies sur l’oraisondominicale s’tç trjv xpaaiw/ry, t. xliv, col. 1120-1193, fontvaloir les qualités de la prière et fournissent un commentairetrès ample de la prière du Christ. — 10° Uneautre contribution à l’exégèse du Nouveau Testament setrouve dans les huit homélies sur les béatitudes d; tejçjj-axapiaiio-jç, t. xliv, col. 1193-1301, qui expliquent lepassage de saint Matthieu, v, 1-12. On a parfois attribuéà saint Grégoire de Nysse un commentaire assez courtsur I Cor., xv, 28, t. xliv, col. 1304-25, mais cette attributiona été contestée, et à juste titre.

J. Van den Gheyn.

    1. GRÉGOIRE LE GRAND (Saint)##


5. GRÉGOIRE LE GRAND (Saint), pape de 590 à 604. Néà Rome en 540, il suivit d’abord, comme fils de patriceromain, la carrière de la politique, et dès avant 571, ilremplissait les fonctions de préteur de la ville de Rome.Il embrassa ensuite la vie monastique sous l’habit desaint Benoit. Créé cardinal par le pape Benoît I er, il fut,en 578, envoyé à Constantinople en qualité d’aprocrisiaire,et en 590, à la mort du pape Pelage, il devint sonsuccesseur dans la chaire de saint Pierre. Il mourut en606. Ce grand pape a laissé un grand nombre d’écritsoù l’exégèse tient une place assez restreinte. Nous avonstoutefois à signaler: 1° Expositio in librum Job siveMoraliurn libri XXXV, t. lxxv, col. 509-1162; t. lxxvi,col, 9-782. C’est une œuvre considérable, qui fut commencéeà Constantinople et achevée à Rome. Grégoirelui-même, dans la lettre d’envoi de son travail à Léandrede Séville, en explique le but, qui est de donner du livrede Job une interprétation à la fois historique, typiqueet morale. L’explication historique est assez maigre, etcède le pas aux considérations spéculatives et surtoutaux dissertations morales. — 2° Homilix xxii in Ezechielem,t. lxxvi, col. 785-1072. Ces homélies divisées endeux livres fournissent de la prophétie d’Ezéchiel uneinterprétation mystique et morale. Les douze homéliesdu livre I commentent les trois premiers chapitres etles trois premiers versets du chapitre iv. Le livre II esttout entier consacré à l’interprétation du chapitre XL dela prophétie. — 3° Homiliss XL in Evangelia, t. lxxvi,col. 1075-1312. Ces homélies donnent l’explication desévangiles des dimanches et des fêtes: elles eurent sigrand succès qu’elles furent pour la plupart inséréesdans l’office comme leçons des matines. Sur ces homélieset les manuscrits qui nous en restent, voir Grisar,Die Stationsfeier und der erste rômische Ordo, dansla Zeitschrift fur katholische Théologie, t. ix, 1885,p. 396409. J. Van den Ghetn.

    1. GRÉGOIRE LE THAUMATURGE (Saint)##


6. GRÉGOIRE LE THAUMATURGE (Saint), évêque deNéocésarée. Il naquit dans cette ville vers 210 et s’appelaitThéodore. À l’âge de quatorze ans, après la mort deson père, il partit pour Césarée en Palestine, où il futl’élève d’Origène pendant cinq ans. Aussi l’influence dece maître est-elle sensible dans les écrits de Grégoire, etdéjà Eusèbe l’a constaté. H. E., vi, 30, t. xx, col. 590.

Origène poussa du reste son disciple à s’occuper d’exégèseet. lui adressa une lettre, t. xi, col. 87, où il luidonne certaines instructions pour ses travaux. Vers 233,Grégoire fut nommé évêque de sa ville natale. En 250, il.dut fuir devant la pésécution de Dèce, mais il reprit sonsiège épiscopal en 257. On voit, en 264, son nom figurerparmi les signataires du concile d’Antioche; c’est ladernière date positive fournie par l’histoire. — Grégoirele Thaumaturge est l’auteur d’une METa<ppâ<riç eïç tôv’ExxÂY](ria(jTTjv SoXojj.&vtoç, t. x, col. 987-1081, dontRufîn, E. E., vii, 25, édit. Cacciari, t. 1, p. 436, et saintJérôme, De viris illustribus, 65, t. xxiii, col. 676, etComment, in Eccl., 4, t. xxiii, col. 1049, font grandcas. Ce n’est toutefois qu’une paraphrase au sens strictdu mot, car l’auteur ne s’est pas mis en grands fraisd’interprétation. J. Van den Gheyn.

    1. GRÊLE##

GRÊLE (hébreu: bârâd; Septante, ^ttXaïa; Vulgate:grando), chute de glaçons tombant des hauteursde l’atmosphère sous forme de grains, dont la dimensionest généralement inférieure à celle d’une noisette, maispeut atteindre parfois le volume d’un œuf ou d’unemandarine. On explique aujourd’hui la formation desgrêlons par le passage brusque et violent de petits cristauxde glace à travers des gouttelettes d’eau à l’état desurfusion, c’est-à-dire à l’état encore liquide malgré unetempérature inférieure à 0°. Le phénomène se produitquand les petits cristaux de glace composant un cirrustraversent les gouttelettes d’un nimbus maintenu ensurfusion. Les cristaux se revêtent alors de couches concentriquesde liquide qui se congèlent et se superposentd’autant plus multipliées que les nimbus à traversersont plus nombreux ou plus épais. Cf. W. Schwaab, DieHagel-Theorien altérer und neuerer Zéit, Cassel, 1878;Durand-Gréville, Théorie de la grêle, dans la Revuescientifique, 1894, p. 225-229, 264-270, 455-465, 647-654.

1° La grêle est un phénomène naturel dont Job,xxxviii, 22, a pu dire: «As-tu vu les réservoirs de lagrêle?» L’auteur sacré pouvait parler ainsi à une époqueoù il était absolument impossible de se rendre comptede la formation du météore. La grêle tombe des nuéessous forme de petites pierres. Eccli., xliii, 16. Aussiest-elle appelée parfois’ébén bârâd, «pierre de grêle,» Is., xxx, 30, ’âbnê’âlgdbîs, «pierres de glace,» Ezech.,xiii, 11, 13, ou même simplement’ébén, «pierre.» Aupsaume cxlvi (cxlvii), 17, elle est comparée à de laglace, qorah, lancée par morceaux. — 2° Les effets dela grêle sont toujours désastreux pour les végétaux, parfoismême dangereux pour les animaux et les hommes.Aussi, bien qu’elle soit appelée à louer le Seigneur,Ps. cxlviii, 8, comme les autres phénomènes de la nature,la grêle apparaît toujours dans les Livres Saints comme unterrible instrument de vengeance aux mains du Seigneur.

— 1. La septième plaie d’Egypte consista dans une grêleextraordinaire, accompagnée d’éclairs et de tonnerre,qui s’étendit à tout le pays, dévasta les moissons et lesplantations, et fit périr les hommes et les animaux quise trouvaient dans les champs. Exod., ix, 18-34. Lagrêle est fort rare en Egypte, mais elle n’y est pas inconnue.Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes,6e édit., 1. 11, p. 332, 333. Celle dont parle l’Exodeeut, comme les autres plaies d’Egypte, un caractère miraculeux,au moins par la manière dont elle se produisità la prédiction de Moïse et par ses effets désastreux.L’accompagnement de la grêle par les phénomènes électriquesest ordinaire. Il n’est pas étonnant que cette grêleait tué des hommes et des animaux dans les champs. Ona constaté parfois la chute de grêlons atteignant unpoids de 200 et même 250 grammes et plus. Margolléet Zurcher, Les météores, Paris, 1865, p. 73-76. Lesnaturalistes ont noté des chutes de grêle plus formidablesencore que celles que mentionnent les LivresSaints, «Pendant un orage d’une violence extraordinaire

.qui a éclaté à Narrabri (Nouvelle-Galles du sud), lesgrêlons gros comme des œufs causèrent d’immensesdégâts. Un troupeau tout entier fut anéanti en quelquesminutes et un très grand nombre d’oiseaux, de kangourouset d’autres animaux furent trouvés morts danstoutes les directions. Tous les vitraux des fenêtresExposées à l’orage ont été brisés et un toit formé deplaques de fer galvanisé a été perforé par les grêlons.Xes dimensions de ceux-ci atteignaient iii, 053. Leurforme était triangulaire ou plutôt conoïdale.» Revuescientifique, 1894, p. 222. On a constaté dans d’autresgrêlons un diamètre de 9 à 12 centimètres. On comprendque de pareils projectiles, tombant de haut et pourchasséspar un vent de tempête, puissent causer la mortmême à de forts quadrupèdes. Le phénomène de lagrêle est presque toujours localisé à une région restreinte.Son extension à toute l’Egypte en même tempsest encore due à l’intervention divine. La grêle de laseptième plaie avait épargné le froment et l’épeautre,qui n’étaient pas encore sortis de terre. Exod., ix, 32.Ces plantations échappées à la grêle devaient devenir laproie des sauterelles de la huitième plaie. Exod., x, 5,15. — Deux Psalmistes rappelèrent plus tard la dévastationdes vignes et du bétail d’Egypte par la grêle.Ps. lxxvii (lxxviii), 47, 48; civ (cv), 32. L’auteur de laSagesse, xvi, 16, 20, fit une description poétique dufléau, dans lequel intervinrent à la fois le feu et laglace. — 2. Quand Josué eut mis en fuite à Gabaon lescinq rois ligués contre ses alliés, le Seigneur fit tombersur les fuyards, à la descente de Béthoron, une pluiede grosses pierres, ’âbânîm gedolCf, et ces pierres degrêle, abnê habbdrdd, en firent périr un plus grandnombre que le glaive. Jos., x, 11; Eccli., xlvi, 6. On aobservé que la grêle tombe très fréquemment à l’issuedes vallées profondes des Alpes et sur les monticulesqui les séparent de la plaine. Margollé et Zurcher, Lesmétéores, p. 75. Or la descente de Béthoron se trouvaità peu près dans ces conditions. Cf. Béthoron, t. i,col. 1703. Le phénomène pouvait donc s’y produire naturellement,et la grêle être assez grosse pour fairepérir des hommes en grand nombre; mais Dieu s’enservit miraculeusement en la faisant tomber en cettecirconstance pour détruire les ennemis de son peuple.Quelques auteurs ont cru que les’âbânîm gedolôfétaient des pierres véritables, et ils citent des exemplestirés des auteurs classiques. Cf. Rosenmûller, Josua,Leipzig, 1833, p. 168-170. Mais ces exemples ne concluentpas ici, parce que les faits, s’ils sont réels, se sontproduits du côté de Véies, Préneste, etc., c’est-à-diredans la région de ces anciens volcans du Latium dontl’activité n’a cessé qu’aprè»-la fondation de Rome. Cf.de Lapparent, Traité de Géologie, Paris, 1883, p. 1156;Tite Live, i, 31; xxii, 1; xxvii, 37. D’ailleurs, dans lemême verset, l’auteur du livre de Josué indique la naturede ces «grosses pierres», puisque aussitôt après il lesappelle «pierres de grêle». — 3. Dans d’autres passagesde la Sainte Écriture, la grêle devient le symbole deschâtiments dont Dieu accable les pécheurs, Ps. xvii<xviii), 13, 14; Ezech., xxxviii, 22; Eccli., xxxix, 25;les Assyriens, ennemis de son peuple, Is., xxx, 30;xxxii, 19; les faux prophètes, Ezech., xra, 11, 13; sonpeuple lui-même, coupable d’infidélité, Agg., ii, 17, etcontre lequel le roi d’Assyrie se déchaînera comme unorage de grêle. Is., xxviii, 2, 17. — Au dernier jugement,la colère do Dieu tombera sur les impies commela grêle, Sap., v, 23; Apoc, viii, 7; xi, 19, et mêmecomme une grêle pesant un talent (plus de 40 kilogrammes),par conséquent formidable et écrasante.

-Apoc, xvi, 2t.

H. Lesêtre.

    1. GRENADIER##


GRENADIER, GRENADE (hébreu: rimtnôn; Septante:foi, poti, potoxo;, xwSoiv; Vulgate: malum punicum,malum granatum, malogra.na.lum), arbre et son

fruit, assez fréquemment nommés dans la Sainte Écriture.

I. Description.

Petit arbre très rameux, à feuillesoblongues, obtuses, glabres, luisantes et caduques,portées sur des rameaux opposés et souvent terminés en

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70. — Branche de grenadier fleurie.

épine (fig. 70). Les fleurs sont grandes, rouges, axillaires,formées d’un calice turbiné divisé en 5 à 7 lobes, d’unecorolle à autant de pétales chiffonnés dans la préfloraison,et d’étamines très nombreuses sur plusieurs rangsinsérées, comme les pétales, à la gorge du calice. Labaie volumineuse porte à son sommet une couronneformée par les sépales persistants, et renterme desgraines anguleuses au sein d’une pulpe de saveur aciduléqui rend ce fruit, communément appelé grenade

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71. — Grenade ouverte.

(tig. 71), très apprécié dans les pays chauds comme alimentrafraîchissant. L’espèce unique Punicum GranatumLinné, et se range dans la famille des Granatécsséparée des Myrtacées par la préfloraison valvaire desdivisions du calice. F. Hy.

IL Exégèse. — 1° Nom. — Le rimmôn hébreu, avec lesnoms de même forme, en syriaque rûniônô, en araméenrûmmdna’, en arabe rumman (en berbère armoun),n’offre aucune difficulté d’identification, c’est certainementle grenadier. Le même nom s’emploie égalementpour l’arbre, Num., xx, 5; Deut., viii, 18; I Reg.,xiv, 2; Joël, i, 12; Agg., ii, 19; Cant., iv, 13; vi, 11; vii,13, et pour le fruit. Num., xiii, 23; Cant., iv, 3; vi, 7;xin, 2. La dénomination égyptienne de cet arbre, qui O

paraît avoir été importée de l’Asie avec la plante elle-même,rappelle très étroitement les noms sémitiques;

c’est anhmâni ou arhmâni; I ^^ fj ^ <*""> I ou

iSra^^^^i,, . VLoret, Recherchessur plusieurs plantes connues des anciens Égyptiens,dans Recueil de travaux relatifs à laphilolog. etarchéol.égypt., année 1886, t. vii, p. 108-111. Cette parenté, commeaussi la variété des formes que revêt l’appellation égyptienne,indique bien une origine non indigène. En coptele mot s’est transmis sous la forme 6pM AN, 26fM N.Les Septante appellent l’arbre et le fruit poi, quelquefoispoiâ; quant a ^ofoxoç, diminutif de £odt, il est employépour désigner certains ornements en or, ressemblant àdes grenades. Dans II Par., iv, 15, le mot xtiSwv, clochette,est employé pour traduire rimmon, grenade.Pour désigner la grenade la Vulgate, se sert de l’expressionlatine malum granatum ou malogranatum, «pommeà grains, ï et de malum punicum ainsi nommée parcequ’on la regardait comme importée de Carthage. Pline,H. N., xiii, 34.

Le grenadier en Egypte.

Le grenadier était déjà

connu en Egypte et cultivé sous la XVIIIe dynastie. Aunombre des arbres que le scribe de Thotmès I er, Anna,avait fait planter dans son parc funéraire, se trouventmentionnés cinq anhmen; mais comme il ne semblepas que les armées égyptiennes l’aient rapporté d’Asieà cette époque, et que cet arbre paraît déjà assez cultivédans la vallée du Nil, son introduction en Egyptepourrait bien être plus ancienne et remonter au tempsdes Pasteurs. Les représentations des tombeaux de laXVIII 8 dynastie nous offrent quelques spécimens de grenadiersavec leurs fruits ou leurs fleurs (fig. 72). Champollion,Monuments, pl. clxxiv; Lepsius, Denkmâler, iii,48; v, 95; Fr. Wonig, Die Pflanzen im alten Aegypten,in- 8°, Leipzig, 1886, p. 324. On découvre parfois le fruitsur des tables d’offrande; et les fleurs en ont été trouvéesdans quelques tombeaux thébains. Schweinfurth,Les dernières découvertes botaniques, dans le Bulletinde l’Institut égypt., 2e série, t. v, p. 268; V. Loret, Laflore pharaonique, 2e édit., p. 76-78. De petites grenades,recueillies dans des tombeaux égyptiens, sont

72. — Grenadiers figurés sur les monuments égyptiens.D’après Lepsius, Denkmâler, Abth. III, Bl. 95.

conservées au musée du Louvre. V. Loret, Études debotanique égyptienne, dans Recueil de travaux rel. àlaphil. et arch. égypt., année 1895, t. xvii, p. 189-190. Enrésumé le grenadier paraît avoir été assez répandu enEgypte sous la XIX» et même sous la XVIIIe dynastie.Aussi les Hébreux avaient-ils pu en manger les fruits dansla terre de Gessen. Dans le désert de Sin, ils se plaignentque Moïse les ait fait sortir d’Lgypte et amenés dansun pays où ne viennent ni le figuier, ni la vigne, nile grenadier. Num., xx, 5. S’il faut s’en rapporter auxspécimens trouvés dans les tombes, les grenades d’Egypteauraient été plus petites que les grenades ordinaires.

Pline, H. N., xiii, 34, signale deux variétés de grenadiersen Egypte, l’une au feuillage rouge, l’autre aufeuillage blanc. D’après Théophraste, Hist. plant., ii, 2,7, les fruits recueillis en Egypte avaient un goût sucréavec une certaine saveur vineuse. Ch. Joret, Les plantesdans l’antiquité, i M part., L’Egypte, in-8°, Paris, 1897,p. 116-119.

Le grenadier en Palestine.

Le grenadier dut

être très anciennement connu en Palestine, puisqued’antiques localités rappellent par leur nom sa culture.Ainsi on trouve sur la frontière de Juda Rimmon,

73. — Grenadier figuré sur les monuments assyriens Koyoundjik.D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pl. 15.

Jos., xv, 32; I Par., iv, 32; Zach., xiv, 10; en Manassé,Gath Rimmon, Jos., xxi, 25; I Par., vi, 39; et dans latribu de Zabulon, En Rimmon. I Par., vi, 77; II Esdr.,xi, 29. Originaire, comme le pense de Candolle, L’Originedes plantes cultivées, in-8°, Paris, 1886, p. 189, dela Perse et de pays adjacents comme le midi du Caucase,cet arbre devait naturellement être connu et cultivéen Palestine plus tôt qu’en Egypte. À leur sortie dece pays, quand ils s’approchent d’Hébron, les Hébreuxvoient les espions envoyés par Moïse rapporter de lavallée d’Escol, de belles grenades avec des figues et desgrappes de raisin magnifiques. Num., xiii, 23. La terrede Chanaan leur est dépeinte comme une terre quiproduit la figue, J’olive et la grenade. Deut., viii, 8. Legrenadier devait donc être déjà largement répandu dansla Palestine: il fut certainement très cultivé par lesHébreux après leur occupation du pays. Car après uneinvasion de sauterelles, on signale au nombre des arbresqui ont souffert et causent p*r là une perte considérableaux habitants, le grenadier à côté du figuier et de lavigne. Joël, i, 12. Après la captivité, Aggée, ii, 20, reprenantle peu dé zèle des Juifs à rebâtir le temple,leur rappelle que c’est la raison de l’insuccès des récoltes:c Ne voyez-vous pas que la vigne, le figuier, legrenadier n’ont pas encore fleuri?» Le Cantique desCantiques, vi, 11 (Vulgate, 10); vir, 13 (Vulgate, 12), faitallusion à l’époque de la floraison du grenadier. Dans lejardin fermé de l’Épouse, iv, 13, on remarque desvergers plantés de grenadiers. C’est à la couleur roséed’une tranche de grenade que l’on comparé les joues del’upouse. Cant., iv, 3. D’ordinaire le grenadier est unpetit arbre, mais l’un d’eux était célèbre en Israël peut-êtrepar ses dimensions; il sert, comme le térébinthede Mambré ou le palmier de Débora, à désigner un lieudéterminé: on dit, I Reg., xiv,% que Saül demeurait àl’extrémité de Gabaa, au grenadier de Migron. — LeCantique des Cantiques, vifl, 2, à côté du vin parfumémentionne le’dsis (Vulgate: mustum) de grenades. Cevin ou liqueur de grenades était connu dans tout l’Orient.Dioscoride, v, 34, le mentionne (pomic olvos). Les texteségyptiens parlent assez fréquemment d’une boisson [Hiéroglyphe à insérer], šedehit, qui est mentionnée en particulier comme une des trois liqueurs produites par le jardinfruitier de Ramsès II (Papyr. Anastas., iv, 6-7) et ne saurait être qu’une liqueur tirée de la grenade, la grenadine ou sirop de grenade. V. Loret, La flore pharaonique, 2° édit., p. 77-78. Les grenades, ῥοαί, sontcomptées parmi les καρπούς οἰνώδεις par Plutarque,Sympos., l. III, q. v. Cf. Arnobe, Advers. gentes, , l. V, p.164; Philostrate, Epist. ad Diodorum.

La grenade dans les arts.

Les fleurs ou les fruits ont souvent été employés dans l’architecture comme motifs de décoration: la forme gracieuse des grenades devait naturellement les faire adopter. Elles font partie de la décoration des deux chapiteaux pour les deux colonnes d’airain érigées devant le portique du Temple. III Reg., vii, 18. Il y avait deux cents grenades rangées sur deux rangs autour de chaque chapiteau, ꝟ. 20. Cf. II Par., iii, 16; iv, 13. Les grenades étaient en airain comme les colonnes. IV Reg., xxv, 17. Dans le passageparallèle de ce dernier endroit, Jer., lii, 22-23, le prophète, après avoir dit que les grenades étaient d’airain,place sur les faces du chapiteau, 96 grenades par rangée, et en compte un total de cent autour du treillage: ce qui suppose que quatre d’entre elles n’étaient pas disposées comme les autres. Sur ces différentes données, M. de Vogué, Le Temple de Jérusalem, p. 34, et plus heureusement encore M. Chipiez ont tenté une restitution du chapiteau. Ce dernier dispose les grenades au

[Image à insérer]74. — La grenade figurée sur les colonnes du Temple de Jérusalem.D’après la reconstitution de M. Chipiez. Perrot et Chipiez,Histoire de l’art, t. iv, pl. vii.

dessus et au-dessous du treillis, formant ainsi deuxrangées de 96 grenades avec 4 grenades plus grossestombant à l’intersection des lignes qui dessinent lesquatre faces (fig. 74). Perrot et Chipiez, Histoire de l’art,t. iv, p. 318-320, et pl. vii. Un artiste phénicien, Hiram,ayant donné les plans de cette décoration, on ne sauraits’étonner d’y voir figurer la grenade. C’était un ornementphénicien, d’un sens symbolique qu’on retrouve fréquemmentsur les stèles puniques (fig. 75). On remarquesouvent la grenade au sommet d’une colonne.La grenade avec ses nombreuxpépins était sans doute considéréecomme l’emblème de lavie et de sa puissance de renouvellement.Les Phéniciensqui avaient souvent empruntéaux arts de Babylone et deNinive, en avaient-ils reçu cetemblème? En tous cas le grenadierest représenté sur lesmonuments assyriens commearbre sacré (fig. 73). E. Bonavia, The Flora of the Assyrian monuments, in-8°, Westminster,1894, p. 55. Dans unbas-relief du Louvre, Sargon,debout devant l’arbre sacré,tient à la main trois grenades.Perrot, Histoire de l’art, t. ii,p. 513, fig. 235.

[Image à insérer]75. — Stèle phénicienne sur laquelle est figurée la grenade. Musée de Saint-Louis, Carthage.

Ce n’est passeulement dans l’architecturemais encore pour la décorationdes habits du grand-prêtreque les Hébreux employaientla grenade. Ainsi lebas de la tunique de l’éphodétait orné de clochettes d’oralternant avec des grenadesde couleur hyacinthe pourpreet écarlate. Exod., xxviii,33-34; xxxix, 23-24. Cf. Josèphe,Ant. jud., III, vii, 4. — L’Ecclésiastique, xiv, 10, dans le texte grec ῥοΐκοι χρυσοῖ fait allusion aux grenades: la Vulgate a rendu le mot partintinnabula, clochettes. Le texte hébreu découvert en 1896 porte bien רמנים, grenades. E. Cowley et Ad. Neubauer, The original Hebrew of a portion of Ecclesiasticus, in-4°, Oxford, 1897, p. 24. —Voir J. Braun, De vestitu sacerdotum Hebræorum, in-8°, Leyde, 1680, p. 563-565; Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 271-280.

E. Levesque.

GRENIER, lieu où l’on ramasse les grains et aussi, par extension, les gerbes, le foin, la paille.

I. Noms.

’Asâmîm (d’une racine אסם, cf. Targum,אסנא, «grenier» ), Deut., xxviii, 8; Septante: ταμεῖα; Vulgate: cellaria, Prov., iii, 10; Septante: ταμιεῖά; Vulgate: horrea.

Mâzû, de זוֹה, «mettre de côté,» Ps. cxliv, 13; Septante: ταμεῖα; Vulgate: promptuaria.

Ma’âbûs, «grenier à fourrage» (cf. assyrien,bit abûsâti), Jer., l, 26; Septante: ἀποθήκη; Vulgate: ut exeant.

Megûrâh, sorte de grenier ou magasinsouterrain, Agg., ii, 19 (cf. en égyptien: magar, magarati, «magasin» ); Septante: ἅλω; Vulgate: germine, et Ps. lv, 16, comme synonyme de demeure cachée.

Miskenôt signifie plutôt magasin, approvisionnement,Exod., i, 11; III Reg., ix, 19; II Par., viii, 4, 6;xvi, 4; xvii, 12; xxxii, 28. Dans ce dernier endroitpeut-être un grenier, un magasin de froment, apothecas frumenti.

’Ôṣâr ou beṭ hâ-ôṣâr, proprement «trésor,magasin», est pris dans le sens de grenier. Joël, i,17.

Matmônîm, greniers creusés dans le sol, silos,Jer., xli, 8; Septante: θησαυροί; Vulgate: thesauros.

’Arîm, dans Gen., xli, 35, 48, est habituellementtraduit par ville; n’y aurait-il pas lieu de rapprocher

ce mot de l’égyptien ^* C"3, âr, «magasin, grenier,» et de traduire par ce dernier mot? Le groupe J* fJ3ou C"3> dont la lecture est sujette à discussion, estplusieurs fois l’équivalent de -** 1 1 r, ou ^_^ 1 1 r^j

à côté et un jardin. Wilkinson, The Manners, 1. 1, p. 371,nous représente une propriété thébaine, entourée demurs, renfermant cinq ou plutôt six greniers (car le troisièmede la première rangée doit être caché par le dessinde la porte du domaine); les trois greniers de la seconderangée sont déjà remplis de blé; on est en train de remplirles deux greniers visibles de la première rangée. Un

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76. — Grenier égyptien. IV* Dynastie. Sauiet el-Meitin. D’après Lepsius, UenkmiUer, Abtn. ii, BL 107.

<jui ne peut se lire que drit, et, d’un autre côté, C"3

âr, se trouve en parallélisme avec lvj r— > **"*> «le grenier.» Rien n’empêche donc, dans l’histoire de Joseph,de rapprocher le cny, ’drîm, du âr ou ârit égyptien,signifiant magasin, grenier public.II. Les greniers en Egypte. —D’après Wilkinson, The

autre domaine, d’après une peinture de Beni-Hassan,Champollion, Monuments, l. nr, pl. ccclxxxi ter, contientdeux longues files de dix greniers voûtés (fig. 77). Un croquisdonné par M. Perrot, Histoire de l’Art, 1. 1, p. 489,et pris dans une tombe de Saqqara, nous offre une série degreniers d’une forme singulière: au lieu de la voûteordinaire, ils sont terminés comme des cruchons: ils

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77. — Grenier égyptien. Beni-Hassan. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pl. ccclxxxi

Afanners, 2e édit., 1878, t.i, p.372, les greniers étaient séparésdes maisons et clos de murs comme les fructuaria desRomains. Quelques-unes des pièces dans lesquelles onserrait les grains paraissent avoir eu un toit voûté. Onles remplissait par une ouverture proche du toit, à laquelleon parvenait par une échelle; une porte était réservéeà la base pour la sortie des grains. Prisse d’Avennes,Monuments égyptiens, Paris, 1847, p. 218, donne le pland’une maison de Tell el-Amarna, avec deux greniers bâtis

sont percés d’une porte au ras du sol, et d’une fenêtreaux deux tiers de la hauteur. On trouve d’autres greniersavec des toits plats. Lepsius, Denkmâler, ii, 127;cf. le modèle du Louvre (fig. 78). — L’hiéroglyphe dugrenier lvj, H Sun, primitivement.Ê. semblable àune meule de blé, rappelle’sans doute la façon antiquede conserver le blé. Le grenier en forme de pyramidetronquée «était construit probablement en clayonnagerevêtu de terre battue, et fermé au sommet d’un cou3*5

GRENIER’316

vercle en bois, plat ou légèrement concave, muni d’unepoignée; deux autres poignées saillantes, placées ausommet, permettaient aux ouvriers qui avaient grimpéle long de la paroi dé se maintenir quelques instants enéquilibre pour enlever le couvercle lorsqu’ils voulaientouvrir le grenier». Maspero, La culture et les bestiaux,dans Études égyptiennes, t. ii, 1888, p. 93. Les greniersse disent encore shunèh dans la vallée du Nil, parun emprunt que les Arabes ont fait à l’égyptien. Lesnoms de scribe des greniers, surintendant des greniers,préposé aux doubles greniers, reviennent souvent dansles textes. Lepsius, Denkmâler, ii, 9, 47, 51, 103; iii, 76,77; Maspero, Un manuel de hiérarchie égyptienne, dansÉludes égyptiennes, t. ii, i cr fasc, p. 57.

Les scènes du transport des céréales dans les greniersse rencontrent assez fréquemment dans les monuments,en sorte qu’on peut se faire une juste idée des coutumeségyptiennes. Quand le blé était battu et tamisé, il étaitmis en tas et on le mesurait sur place ou devant le grenier,dans la cour d’entrée. Des boisseleurs jurés, sous

35, 48, avec le mot égyptien âr, «grenier pnblic, s lenom, au lieu d’être sous-entendu, se trouverait expressémentdésigné et emprunté à la langue égyptienne dansdes chapitres qui ont conservé tant de termes du pays.III. Grenieiîs en Palestine.

1° Ancien Testament.

— Le texte sacré ne nous a laissé aucune descriptiondes greniers construits dans le pays de Chanaa’n..Peut- _être ne différaient-ils pas beaucoup des constructionsque nous avons vues en Egypte. Il est seulement fait allusionaux greniers de Palestine. Joël, i, 17; Amos, viii,5; Prov., iii, 10, et Matth., iii, 12; vi, 26; xiii, 30; Luc. rm, 17; xii, 18, 21. On ne pouvait ouvrir les grenierspour vendre le blé avant la fin du sabbat. Amos, viii, 5.Des greniers abondants sont une bénédiction, Deut.,xxviii, 15-17; Prov., iii, 10; les greniers vides, suite de.la stérilité produite par une invasion de sauterelles, sontune malédiction divine. Joël, i, 17. — Dans la Vulgate, .Ruth, ii, 23, il est question de blé et d’orge qu’on renfermedans des greniers, in horreis. Mais le texte originalporte simplement: «jusqu’à la fin de la moisson.

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78. — Modèle de grenier égyptien. D’après l’original du Musée de Louvre.

la surveillance d’un gardien, procédaient à l’opération: «Un crieur annonce chaque boisseau et un scribe l’enregistre(fig. 77). Dès qu’un tas est épuisé, des hommesde peine l’emportent dans des couffes et le rentrent sousla direction d’un magasinier; parfois une échelle mobilepermet aux manœuvres d’atteindre à l’orifice supérieurde chaque cellule, parfois les cellules sont surmontéesd’une terrasse à laquelle on accède par un escalier enbriques.» G. Maspero, Lectures historiques, in-12, 1892,p. 64. — Ces scènes des monuments nous permettent denous représenter, avec la vérité des moindres détails, tousles soins que prescrivit Joseph en faisant accumuler dansles greniers publics l’excédent des récoltes des annéesd’abondance. Gen., xli, 35, 48, 56. Il y eut une tellequantité de blé recueilli, que les scribes se fatiguèrentbientôt d’inscrire les mesures. Gen., xli, 49. Vigouroux,Bible et découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 167171. Il est à remarquer que le mot horreum de laVulgate, dans ces passages: Gen., xli, 35, 47, 56; xlvii,22, n’a pas de correspondant dans le texte hébreu; maisbien que le nom de grenier ne soit pas employé, il estsous-entendu. «Qu’ils fassent des amas de blé, des approvisionnementsdans les villes et qu’ils en aient la garde,» avait dit Joseph. Gen., xli, 35. Évidemment ces approvisionnementstirés de toute la campagne entourantchaque ville, jfr. 48, se faisaient dans des greniers publics.Si on admet l’identification du on», ârim, Gen., xli,

des orges et des Mis.» — Il faut sans doute considérercomme des greniers publics ces magasins, ’âsrôt, devivres que David fit établir dans les villes, les villages etles campagnes, I Par., xxviii, 25, et ceux que Robôam fitconstruire dans plusieurs villes fortes de Juda. II Par.,xi, 11. — Ézéchias fit bâtir de semblables greniers, miskenôf,apothecas, pour le blé. II Par., xxxii, 28. Lemême roi [fit préparer dans le temple des. chambres,lesâkôf, pour recevoir les offrandes, les dîmes. II Par.,xxxi, 11. Mais ce sont plutôt des magasins, un trésor,qu’un grenier proprement dit, bien que la Vulgate traduisepar le mot horrea; c’est le trésor, Bet-hâ-’âsdr(Vulgate: horreum), où l’on doit porter la dlme. II Esd.,xiii, 12-13; Mal., iii, 10. On conservait aussi le blé oul’orge dans des greniers souterrains, des silos creusésdans les champs, matmônîm, où l’on peut cacher sesprovisions plus sûrement et les mettre à l’abri desrazzias des Bédouins. Jer., xli, 8. Les Arabes ont encorecette habitude. Robinson, Bïblical researches, 3e édit.1867, 1. 1, p. 324-325; t. ii, p. 385.

Nouveau Testament.

La mention du grenier,

àro>flT; xiri, revient dans plusieurs comparaisons ou parabolesde l’Évangile. Le Messie est comparé par saint Jean-Baptisteà un moissonneur qui, le van à la main, nettoieson grain et le ramasse dans son grenier, tandis qu’iljette la paille au feu. Matth., iii, 12; Luc, iii, 17. — LeSauveur dit que les oiseaux du ciel qui ne sèment, ni

"ne moissonnent, ni n’amassent dans des greniers, sontnourris par le Père céleste, exemple de la confiance enla Providence. Matth., vi, 26; Luc, iii, 24. — Le Messie,au temps de la moisson, fe» i arracher l’ivraie par sesserviteurs pour la brûler et ramassera le blé dans songrenier. Matth., xiii, 30. — Dans la parabole du richecupide, Luc, xii, 18, on voit cet insensé ne pensantqu'à agrandir ses greniers pour amasser d’abondantesTécoltes sans autre préoccupation que ses intérêts matéTiels, tandis que ce superflu ne lui assure pas la viemême jusqu’au lendemain. E. Levesque.

    1. GRENOUILLE##

GRENOUILLE (hébreu: sefardê'a; Septante: pâtpaxoç; Vulgate: rana), batracien de l’ordre des anoures^sans queue) et de la famille des ranidés.

I. Description.

Cet animal, bien connu dans noscontrées, est pourvu de dents à la mâchoire supérieureet se nourrit exclusivement de proies vivantes dont il aconstaté le mouvement, larves, insectes aquatiques, vers,petits mollusques. Le mâle possède de chaque côté de lagorge une vessie au moyen de laquelle il produit soncoassement. Pendant l’hiver, la grenouille vit engourdiedans la vase. Au printemps, elle se reproduit par centaines. — 1° La grenouille ordinaire, appelée rana escwlenta (fig. 79), parce que sa chair est fort bonne à manger, est très commune dans nos pays. On la trouve parmyriades en Egypte, dans tous les endroits où il y a dePeau. Malgré le nom de rana nilotica qu’on a donné àla grenouille égyptienne, elle ne diffère en rien de cellede nos contrées. Elle est tellement abondante que sescoassements causent la plus grande importunité auxvoyageurs. Elle est également commune en Palestine.— 2° La grenouille des arbres, hyla arborea, ou rainette, plus petite que la grenouille ordinaire, passe l'étésous les feuilles des arbres, restant accrochée danscette position au moyen de ventouses qu’elle a sousleV doigts. Elle se nourrit de vers et d’insectes. Cetteseconde espèce se rencontre aussi très fréquemment enEgypte et en Palestine, partout où la végétation se développe dans des lieux humides. On signale aussi en Egypte

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79. — La grenouille commune.

une autre espèce, la rana punctata, ainsi nommée àcause des points granulés dont elle est couverte. Cf.Tristram, The natural history of the Bible, Londres,4889, p. 280.

II. La grenouille dans l'Écritdre. — Les grenouillesfurent l’instrument de la seconde plaie d’Egypte. Surl’ordre du Seigneur Aaron étendit sa verge et les grenouilles couvrirent le pays, pénétrant dans les champs,les cours et les maisons. Exod., viii, 2, 9. Josèphe, Ant.jvd., II, xry, 2, décrit ainsi cette plaie: «Une multitudeimmense de grenouilles se mit à dévaster le pays. Lefleuve en était tellement rempli qu’on n’en pouvait plustirer qu’un breuvage souillé et infecté par le sang deces animaux, dont beaucoup y mouraient et s’y putréfiaient. Toute la terre d’Egypte était souillée d’une ignoblevase d’où naissaient et où mouraient des grenouilles.Elles troublaient même les habitudes ordinaires de lavie; on les trouvait dans les aliments et la boisson, etelles s’introduisaient même çà et là dans les lits. Enfinune odeur lourde et fétide se dégageait des animaux quine cessaient de mourir et de pourrir dans la vase.» Auxgrenouilles se mêlaient probablement des crapauds, également abondants en Egypte. Frz. Delitzsch, Oie Psalmen,Leipzig, 1874, t. ii,p. 46. Les magiciensdu pharaon imitèrent le prodige opérépar Aaron, ce quieut pour effet d’augmenter le mal dontsouffraient les Égyptiens. Pline, H. N.,vin, 29, mentionne,d’après Varron, uneville des Gaules dontles habitants avaientdû fuir devant lesgrenouilles; Justin,xv, 2, et Orose, iii,23, t. cxxxiv, col.851,parlentaussi, d’aprèsTrogue Pompée, d’une émigration. deshabitants d’Abdèredevant une invasionde grenouilles et derats. Mais en Egypte,la plaie avait un caractère plus grave,puisque tout le paysen souffrait, et sacause était surnaturelle, puisqu’elle sedéchaînait sur l’ordre du Seigneur, et redoublait d’intensité grâce à l’intervention du démon sollicité par les magiciens. Dans lapremière plaie, Dieu avait humilié les Égyptiens en leurmontrant que le Nil, qu’ils honoraient comme un dieu,n'était qu’une créature soumise à sa puissance. Dans laseconde plaie, il leur fit voir ce que valait leur déesseHiqit (fig. 80), qu’ils représentaient avec une tête degrenouille, sur laquelle ils comptaient pour les protéger,et dont le culte remontait chez eux au moins à la cinquième dynastie. Pierret, Dictionnaire d’archéologieégyptienne, Paris, 1875, p. 241. Cf. Vigoureux, La Bibleet les découvertes modernes, Paris, 1889, t. ii, p. 319-321.La grandeur du mal fit réfléchir le pharaon, qui parutse repentir. Sur une nouvelle intervention du Seigneur,les grenouilles furent confinées dans le fleuve. Celles quirestaient sur la terre périrent, furent entassées en monceaux et infestèrent le pays par leur pourriture. Exod.,vin, 4-11; Ps. lxxviii (lxxvii), 45; cv (civ), 30. Ce dernier passage note l’invasion des grenouilles jusque dansles chambres des rois. Les maisons égyptiennes étaientassez peu closes pour que les grenouilles y entrassentaisément. Sap., xix, 10. — 2° Dans l’Apocalypse, xvi, 13,saint Jean voit les esprits impurs sous la forme de grenouilles. «On remarque dans ces grenouilles quelqueidée d’une des plaies de l’Egypte.» Bossuet, Explicationde l’Apocalypse, xvi, 13, Bar-le-Duc, 1870, t. ii, p. 249.

H. Lesêtre.

GRIESBACH Johann Jakob, théologien protestantallemand, né à Butzbach (Hesse-Darmstadt) le 4 janvier 1745, mort le 24 mars 1812. Il étudia successivement à Tubingue, à Halle et à Leipzig. Après avoir voyagéen Allemagne, en Hollande, et visité Londres, Oxford,Cambridge et Paris, pour faire des recherches critiques

80. — La déesse Hiqit. D’après Wilkinson, Manners, 1e édit., t. iii, n" 502.

319

GRIESBACH — GRILLE

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sur le texte de la Bible, il devint professeur à Halle en1773, et depuis 1775 jusqu’à sa mort, à Xéna. Il estdevenu surtout célèbre par ses travaux critiques sur leNouveau Testament: Libri Novi Testamenti historici,2 parties, Halle, 1774. Les Épitres et l’Apocalypse parurentcomme tome il en 1775. Seconde édition complète,2 in-8°, Halle et Londres, 1796, 1806, sous ce titre:Novum Testamentum grsece; textum ad fidem Codicum,versidnum et Patrum recensv.it et leclionis varietatemadjecit J. J. Griesbach. Troisième édition: NovumTestamentum grxce ex recensione J. J. Griesbach(édition de luxe sur papier vélin), 4 petits in-4°, oupetit in-f°, Leipzig, 1803-1807. Quatrième et cinquièmeéditions, ne contenant que les principales variantes,

81. — Gril romain trouvé à Pompéi.D’après L. Conforti, Le Musée national de Naples, pl. 27.

2 in-8°, Leipzig, 1805, 1825. — David Schulz entrepriten 1827 une nouvelle édition de l’œuvre de Griesbach,mais il n’en a paru que la première partie. Nouvelleédition par H. A. Schott, in-8°, Leipzig, 1805; J. White,

GRIFFON) nom donné à deux grands oiseaux deproie, le gypaète (probablement l’hébreu pérés, le Ypd<fdes Septante, le gryphus de la Vulgate, Lev._. XI, 13;Deut., xiv, 12) et le vautour fauve, et aussi au martinetnoir. Voir ces mots. Pour le griffon fabuleux, voir AnimauxFABULEUX, 4°, t. i, COl. 612.

GRIL (Vulgate: craticula), instrument en métal, ordinairementen fer, composé de barreaux parallèles(fig. 81), quelquefois entrecroisés (fig. 82), sur lequelon fait rôtir des viandes ou des pâtes en le plaçant surle feu. Le gril était bien connu des Romains. Saint Jérômel’a nommé deux fois dans sa version. Il a rendu parcraticula, dans le Lévitique, ii, 7; vii, 9, le mot hébreu

82. — Gril de saint Laurent, représenté sur le sarcophage de Galla.D’après Garrucci, Storia delV arle christiana, t. iv, pl.233.

marhését, mais ce substantif, qui vient du verbe rdhaS, «. bouillir, bouillonner,» signifie un vase ou chaudièredans lequel on fait cuire la viande et non un gril. LesSeptante, comme saint Jérôme, avaient déjà traduit

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83. — Autel romain avec grille. Peinture de Pompéi. D’après le Museo Borbonico, t. vi, pl. 94.

2 in-8°, Oxford, 1808; A. Dickinson, in-12, Edimbourg,1811, 1817, etc. — Plusieurs des leçons propres à Griesbachsont citées dans les éditions critiques du NouveauTestament publiées dans notre siècle. On a aussi deGriesbach: De codicibus Evangeliorum origenianis,1771; Curx in historiam texlus Epistolarum Paulinarum,in-4°, Iéna, 1777; Symboles critwee ad supplendaset co7Tigenda$ variarum Novi Testamenti leclionumcollecliones, 2 in-8°, Halle, 1785-1793; Commentariuscriticus in textum græcum Novi Testamenti, parti culai, Iéna, 1798; particula ii, Iéna, 1811; Theopneusti,1784; Christologie des Hebrûerbriefs, 1791; Vorlesungenûber Hermeneulik des Neuen Testaments (ouvrageposthnme), 1815. Voir Th. H. Horne, Introduction tothe Holy Scriplures, 3e édit., t. ii, 1822, p. 142, 55-58.

marfyését par ia/ipa, en lui attribuant ce sens, commeà mikbar, également rendu par craticula dans la Vulgateet dans ce dernier cas avec raison. Voir Grille.

    1. GRILLAGE##


GRILLAGE, ouvrage composé de barreaux de boiset de métal et disposé en forme de treillis. Il y avait auxfenêtres des habitations en Palestine des grillages outreillis, ordinairement en bois, qui permettaient à lafumée de sortir, Os., XIII, 3, et aux personnes de regarderde l’intérieur de la maison sans être elles-mêmesaperçues. Prov., vil, 6; Cant., ii, 9, etc. Voir Fenêtre,

t. ii, col. 2202, 2203.

H. Lesêtre.

    1. GRILLE##


GRILLE, assemblage de barreaux d’airain destiné àsoutenir le bois qu’on brûlait sur l’autel des sacrifices.

Dans la description de l’autel des holocaustes, il estdit: «Tu feras à l’aute! une grille (mikbar de kâbar, «tresser;» kafâ.pa., «foyer d’autel;» cratieula) d’airainen forme de treillis (réSéf, «filet;» epyw Sty-tuiotô; inmodum retis) et tu mettras quatre anneaux d’airain auxquatre coins du treillis. Tu le placeras au-dessous durebord de l’autel, à partir du bas jusqu'à la moitié dela hauteur de l’autel. Tu feras [l’autel] creux avec desplanches.» Exod., xxvii, 4-8. Il est encore question decette grille. Exod., xxxv, 16; xxxviii, 4, 5, 30; xxxix. 39(Vulgate, retiaculum dans ce dernier passage). Plusieurscommentateurs se sont imaginé qu’il s’agissait ici d’ungrillage d’ornementation, entourant l’autel depuis le soljusqu'à moitié de sa hauteur. Cette idée est erronée. Lagrille dont parle le texte sacré était faite pour être placéehorizontalement à l’intérieur de l’autel, qui lui-mêmeétait creux, ainsi qu’il est expressément marqué. Ellereposait à mi-hauteur de l’autel et les anneaux des quatrecoins servaient à la placer ou à la retirer. C’est sur cettegrille qu’on allumait le bois et qu’on déposait les victimes à consumer, précaution indispensable pour laconservation de l’autel mosaïque qui, bien que, revêtude plaques de métal, était cependant en bois. Exod.,xxvil, 1. Les cendres, les charbons et tous les résidusde la combustion tombaient sur le sol même à traversla grille. Josèphe, Ant. jud., III, VI, 8, dit de l’autel desholocaustes, placé devant le tabernacle, qu’il était pourvud’une grille en forme de réseau, et que l’autel n’ayantpoint de fond, la terre recevait tout ce qui tombait dufoyer supérieur. On comprend d’ailleurs ^nécessité decette disposition; le feu ne pouvait avoir l’activité indispensable qu’autant qu’on ménageait un appel d’airau-dessous du foyer. La forme de résép, attribuée à lagrille, suppose qu’elle se composait de barres longitudinales reliées entre elles par des barres transversalesdans le genre de la fig. 83. — L’autel des parfums auraiteu une grille analogue d’après les Septante (êo-^apîç,i<r/âpa) et la Vulgate [cratieula), Exod., xxx, 3; xxxvii,26, mais cette traduction n’est pas exacte. Le texte hébreu porte gâg, «toit,» ce qui désigne simplement ledessus, la partie supérieure de l’autel des parfums.

H. Lesêtre.

GRIMM Cari Ludwig Willibald, théologien protestant allemand, né à Iéna le 1 er novembre 1807, mortdans cette ville le 22 février 1891. Il y fit ses études de1827 à 1832, y devint en 1837 professeur extraordinaireet en 1844 professeur honoraire de théologie. Parmi sesouvrages, remarquables par leur érudition, nous devonsmentionner: De Joanneæ Christologise indole Paulinsecomparata, in-8°, Leipzig, 1833; De libri SapientiæAlexandrina indole perperam asserta, in-8°, Iéna, 1833;Commentar ûber dos Buch der Weisheit, in-8°, Leipzig,1837; Die Glaubwùrdigkeit der evangelischen Geschichte, Iéna, 1845; Kurzgefasstes exegetisches Randbuch iu den Apokryphen des Alten Testaments (publiéavec 0. F. Fritzsche), 6 in-8°, Leipzig, . 1851-1860. Grimma publié dans cette collection: Dos ente Buch der Maccabàer, 1853; Dos zweite, dritte und vierte Buch derUaccabàer, 1857; Dos Buch der Weisheit, 1860. Grimma aussi donné plusieurs éditions nouvelles, revues, deChr. Gottl. Wilkii Clavis Novi Testamenti phïlologicacastigavit et emendavit C. L. W. Grimm, in-8°,Leipzig, 1877-1878; 2e édit., 1879; 3e édit., 1888. On aaussi de Grimm, Kurzgefasste Geschichte der hitherischen Bibelûbersetzung bis zur Gegenwart, in-8°, Iéna,1884.

_ GRIVE, passereau du genre merle (flg. 84). La SainteÉcriture ne nomme les passereaux que d’une manièregénérale. Voir Passereau. Mais on rencontre dans lesud de l’Europe et' assez souvent en Palestine la grivebleue, petrocynela cyansea ou petrocossyphus cyanseus,rrdinairement solitaire et rarement plus de deux ensemble. Cet oiseau, au plumage bleu foncé et d’allurepeu vive, s'établit sur le haut d’un toit ou sur la cimed’un rocher, et fait entendre de temps à autre un cri

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84. — La grive bleue.

mélancolique et monotone. Il répond bien à l’idéequ’exprime un psalmiste de la captivité, pleurant surles malheurs de Jérusalem: «Je veille, pareil au passereau solitaire sur le toit.» PS. ci (en), 8. Cf. Tristram.The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 202;,Wood, Bible animais, Londres, 1884, p. 398.

H LesêtreGRŒNLANDAISE (VERSION) DE LA BIBLE.Le Groenland, «la terre verte,» vaste région del’Amérique du nord, est situé au milieu de l’Océanglacial arctique et encore aujourd’hui en partie incon*nu. Quelques Esquimaux habitent la côte orientale; lesDanois se sont établis sur la côte occidentale. Cf. C. C.A. Gosch, Danish arclic Expéditions, 1605 ta 1620,2 in-8°, Londres, 1897. — Le groenlandais est le mieuxconnu des idiomes esquimaux. Il diffère assez notablement des autres. C’est une langue polysynthétique ouagglutinante, avec des composés fort longs; les nomsn’ont pas de genre, les cas se forment par des suffixesou désinences. Voir S. Kleinschmidt, Grammatik dergrônlandischen Sprache, in-8°, Berlin, 1851; Chr. Rasmussen, Grônlandsk Sprôglsere, in-8°, Copenhague,1888; C. Ryberg, Dansk-grônlandsk Tolk, in-16, Copenhague, 1891, J. Kjer et Chr. Rasmussen, Dansk-Grônlandsk Ordbog, in-S 3, Copenhague, 1893. Un pasteur norvégien, Hans Egede, surnommé l’apôtre du Groenland(né à Harstadt, en Norvège, le 31 janvier 1686, mort àFalster le 5 novembre 1758), traduisit en groenlandais lesPsaumes et les Épitres de sa^nt Paul. La version duNouveau Testament fut complétée par son fils Paul (néen 1708, mort le 3 juin 1789). Des parties en furent publiées à Copenhague en 1744; une édition des Évangileset des Actes parut en 1758; le Nouveau Testament complet, en 1766. La traduction étant défectueuse, Fabriciusen donna une nouvelle en 1799, mais elle fut jugée encore insuffisante, et les missionnaires moraves entreprirent une troisième version, faite sur la version allemande de Luther; elle fut imprimée en 1822 par laBrilish and Foreign Bible Society (nouvelle éditionpar la Société biblique danoise). Une édition retouchéea paru à Herrnhut en 1851. On a publié aussi quelquesparties de l’Ancien Testament. Voir S. Bagster, The Bibleof every Land (1860), p. 442; Hans Egede, À Description of Greenland, in-8°, Londres, 1818; C. G. F. Pfoff,Bibliographia Grœnlandica, inr8°, Copenhague, 189ft

    1. GROSSESSE##


GROSSESSE, état de la femme qui est enceinte. —1° La mère des Machabées dit au plus jeune de sesfils: «Je t’ai porté neuf mois dans mon sein,» IIMach.,vu, 27, et l’auteur de la Sagesse, vil, 2, écrit qu’il a étéporté «dix mois». Les anciens attribuaient courammentdix mois à la grossesse. Aristote, Hist. anim., vii, 4;Virgile, Eclog., IV, 61; Aulu-Gelle, Noct. att., iii, 16; etc.Tertullien, De anim., 37, t. ii, col. 714, dit avec plus deprécision que l’enfantement se produit au commencementdu dixième mois. En fait, la grossesse dure neufmoisou 270 jours, avec une avance ou un retard de 8 à10 jours. Surbled, La morale dans ses rapports avecla médecine, Paris, 1892, t. ii, p. 159. Comme les ancienscomptaient par mois lunaires de 29 et de 30 joursalternativement, la période moyenne de 270 jours duraitun peu plus de neuf mois, et la grossesse atteignait lemilieu du dixième mois quand l’enfantement tardait dequelques jours. Les deux expressions employées par lesauteurs sacrés sont donc approximativement justes l’uneet l’autre. — 2° La loi réglait la peine encourue parcelui qui frappait une femme en état de grossesse:l’amende, si aucun dommage sérieux ne résultait descoups; la mort, si la femme ou l’enfant venaient à périr.Exod., xxi, 22, 23. Quand les coups étaient involontaires,le cas rentrait dans celui de l’homicide involontaire.Voir Homicide. — 3° La Sainte Écriture parleplusieurs fois de la grossesse. C’est pendant que la femmeest en cet état que Dieu forme mystérieusement le corps del’enfant. Eccle., xi, 5. Une forte émotion peut amener linenfantement prématuré. I Reg., iv, 19. Dans les guerres,les vainqueurs fendaient le ventre des femmes enceintes.IV Reg., viii, 12; xv, 16; Am., i, 13. Le Seigneur ramènerade captivité les femmes enceintes, Jer., xxxi, 8;mais malheur à celles qui, en cet état, auront à fuir aumoment où les Romains marcheront sur la Judée, carelles ne pourront s’échapper assez vite. Matth., xxiv,19; Marc, xiii, 17; Luc, xxi, 23. — 4° Saint Matthieu,i, 18-24, mentionne l’effet produit sur saint Joseph parla grossesse de la très sainte Vierge et l’interventionde l’ange pour lui en révéler la cause.

H. Lesêtre.

    1. GROTIUS Hugo##


GROTIUS Hugo, de son vrai nom de Groot, polygraphehollandais, protestant, né à Delft le 10 avril 1583,mort à Rostock le 28 août 1645. Il étudia à Leyde où,malgré son jeune âge, il fut remarqué du célèbre Scaliger.Il vint en France, séjourna à Paris et à Orléans où il sefil recevoir docteur en droit. De retour en son pays, ils’adonna à la jurisprudence et dès 1607 il était avocatfiscal des Pays-Bas. En 1616, il fut envoyé en Angleterrepour représenter son pays dans une conférence et cettemission lui permit de s’entretenir avec Casaubon desmoyens de réunir les catholiques et les protestants. Deretour en Hollande, il se mêla activement aux discussionsreligieuses, se déclarant en faveur des doctrinesd’Arminius et contre celles de Gomar. Mais les partisansde ces derniers soulevèrent le peuple et le stathouder,Maurice de Saxe, heureux de cette occasion d’intervenir,se déclara en leur faveur contre les États deHollande. Grotius fut arrêté et le 18 mai 1619 étaitcondamné à la prison perpétuelle. Au bout de deux ans,grâce au dévouement de sa femme, il put s’échapper etgagna Anvers, puis Paris où il arriva le 15 avril 1621. Ilresta dix ans en France où, après un court séjour enSuède, il ne tarda pas à revenir comme ambassadeur dela reine Christine. En 1645, il demanda son rappel et ilétait en route pour rentrer en Hollande lorsque la mortl’arrêta à Rostock. Grotius a laissé de nombreux ouvragesd’histoire, de jurisprudence, de droit international etde théologie. Parmi ces derniers nous citerons: Poematasacra, in-4°, La Haye, 1601, renferme la paraphrased’un certain nombre de psaumes; Commentatio ad locaquædam Novi Testamenti qux de Anti-Christo agunt,aut agere putantur, in-8°, Amsterdam, 1C40; Annotâmes.DE LA BIBLE.

tiones in libros Evangeliorum cum tribus tractatibuset appendice ea spectantibus: scilicet annotata in quædamloca epistolarum S. Pauli, S. Jacobi, S. Johanniset Apocalypsis; explicatio decalogi ut græce exstatet quomodo ad decalogi locos evangelica precepta referantur:et appendix ad interpretationem locorurii quaide Anti-Christo agunt aut agere putantur, in-f°, Amsterdam,1641; Annotationes in epistolam ad Philemonem,in-8°, Amsterdam, 1642; Annotationes in VêtusTestamentum, 3 in-f°, Paris, 1644; Annotationes inNovumTestamentum, in-f», Paris, 1644; AnnotationuminNovum Testamentumpars secunda, videlicet in ActaApostolorum et inepistolas apostolicas, in-f 1’, Paris, 1646;Annotationum in Novum Testamentum pars tertia etultima, videlicet, in epistolas S. Pétri, Johannis etJudm: subjuncti sunt ejusdem auctoris libri pro veritatereligionis christianse ita digesti ut annotata suis quæqueparagraphe sunt subnexa, 3 in-f», Paris, 1650. Lesœuvres théologiques de H. Grotius ont été réunies par lessoins d’un de ses fils, Pierre Grotius, et publiées en 4 in-f",1679, à Amsterdam. Les trois premiers volumes renfermentles écrits ayant trait à l’Écriture Sainte. En tête dupremier volume se trouve la vie de H. Grotius. L’exégèsede Grotius, exclusivement philologique et historique, estempreinte de rationalisme. F. Vigouroux, Les LivresSaints et la critique rationaliste, 4e édit., t. i, p. 497591. — Voir Ch. Barksdale, Life of H. Grotius, in-12,Londres, 1652; J. Levesque de Burigny. Vie de H. Grotius,2 in-8°, Paris, 1750; H. Luden, H. Grotius nachseinen Schicksalen und Schriften dargestellt, in-8°Berlin, 1806; J. Laurentius, H. Grotius papizans, in-8°Amsterdam, 1830; Valère André, Bibliolh. Belgica, p. 397.

B. Heurtebize.

GRUE, oiseau de l’ordre des échassiers et de lafamille des hérodiens. La grue (fig. 85), très élevée surses pattes, a le cou allongé, le bec effilé et de mêmedimension que le reste de la tête. Chez l’espèce la pluscommune, grus cinerea, le haut de la tête est rouge, lagorge noirâtre et le reste du corps gris cendré. Laqueue forme une sorte de panache qui contribue àrendre gracieuse l’allure de l’oiseau. La grue se nourritde poissons, de reptiles, parfois de graines enlevées auxchamps récemment ensemencés et de plantes aquatiques.Elle habite et fait son nid dans des endroits assez découvertspour lui permettre de n’être point surprise par lesennemis. En dehors de l’époque où elle couve, elle viten sociétés nombreuses. Pendant le sommeil de la bande,quelques-unes demeurent éveillées pour avertir lesautres du danger. C’est un oiseau essentiellement migrateur,qui vient habiter en Egypte, Hérodote, ii, 22,en Palestine et dans les autres pays méridionaux enhiver, pour retourner au printemps dans les pays dunord. Au moment du départ, les grues se réunissentpar troupes de plusieurs centaines, s’élèvent dans lesairs et y volent en formant un grand V dont la pointeest tournée en avant. C’est ordinairement pendant lanuit qu’elles voyagent; elles poussent alors, sans doutepour s’avertir mutuellement, de grands cris qui ontquelque chose de lugubre au milieu des ténèbres, etqui retentissent au loin à raison de leur grand nombre.La grue est un oiseau de haute taille. En Palestine, ellemesure plus de l m 50 de haut et jusqu’à 2 m 50 d’envergure.Sa taille n’est dépassée que par celle de l’autruche.

— La grue est très vraisemblablement désignée dans laSainte Écriture par le mot’dgûr, qui se lit dans lesdeux passages suivants: Is., xxxviii, 14: «Comme l’hirondelleet comme le’dgûr, je criais, je gémissais commela colombe, s Les Septante ne traduisent pas ici’dgûret la Vulgate joint les deux noms: sicut pullus hirùndinis;Jer., viii, 7: «La tourterelle, l’hirondelle et le’dgûr connaissent le temps de leur retour..» Septante:à<j(Sa, Vulgate: ciconia. Gesenius, Thésaurus, p. 990,fait de’dgûr un adjectif serrant à qualifier l’hirondelle

III. - 12 «caqueteuse». Il lui semble que, dans les deux textescités, il ne peut être question d’un grand oiseau commela grue qui serait associé à de beaucoup plus petits,1 hirondelle, la colombe, la tourterelle. Mais ces différentsoiseaux ne sont nullement comparés au point devue de la taille. Isaïe les associé à cause de leurs cris et

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85. — La grue.

Jérémie à cause de leur instinct migrateur. D’ailleursdans les deux textes, la contexture de la phrase réclameun substantif. Le Talmud, Kidduschin, ꝟ. 44 a, traduit’âgûr par kûraki’a, «grue.» Rosenmuller, InJerem.,vin, 7, Leipzig, 1826, t. î, p. 277, adopte aussi cette traductiond’autant plus probable qu’un oiseau aussi grandet aussi commun en Palestine n’a pu manquer d’attirerl’attention des auteurs sacrés, et ne serait nommé nullepart si’âgûr n’avait pas ce sens. Cf. Tristram, The naturalhistory of the Bible, Londres, 1889, p. 239: Wood,Bible animais, Londres, 1884, p. 474.. H.Lesètre.

    1. GUDE Gottlob Friedrich##


GUDE Gottlob Friedrich, théologien protestant allemand,fils de Frédéric Gude, théologien distingué luiaussi, né à Lauban, le 26 août 1701, mort dans la mêmeville, le 20 juin 1756. Il fit ses études à Halle et à Leipzig;puis après avoir fait quelques cours à cette dernièreuniversité, il retourna à Lauban, où il fut successivementdiacre adjoint, second diacre, premier diacre, etenfin archidiacre en 1753. Il a beaucoup écrit, et, entreautres, les ouvrages suivants: Comni. de ecclesiseEphesinx statu, contra Wesselvum, in-8°, Leipzig, 1732;Grûndlic/ie Erlâuterung des Briefs Pauli an dieEpheser, in-8°, Lauban, 1735. A.’. Régnier.

GUÉ (hébreu: ma’âbâr, rna’àbârâh; Septante Siâ-Same;Vulgate: vadum, transitas, transcensus), partiepeu profonde d’une rivière où l’on peut passer sans nager

et sans bateau. L’Écriture mentionne le gué au Jàboc,Gen., xxxii, 22, de l’Arnon, Is., xvi, 2; les gués duJourdain, Jos., ii, 7; Jud., m-28; xii, 5, 6; II Reg., xix,18, et de l’Euphrate (peut-être des ponts). Jer., li, 32.Voir Jourdain et Béthabara, 1. 1, col. 1647.

GUEL (hébreu: Ge’û'êl, «grandeur de Dieu;» Septante:rou’SrqX), fils de Machi, de la tribu de Gad, fut undes espions envoyés par Moïse pour explorer la TerrePromise. Num., xiii, 16.

    1. GUELFERBYTANUS (CODEX)##


GUELFERBYTANUS (CODEX). Les manuscritsgrecs désignés par les sigles Pet Q dans l’appareil critiquedes Évangiles, appartiennent ensemble à la bibliothèquede Wolfenbùttel et font partie d’un même manuscritpalimpseste (Isidore de Séville, dans l’écriture récente),conjointement avec des fragments de la version gothiqued’Ulfilas. L’écriture première fut découverte par Knittel,qui en publia les textes en 1762. Tischendorf en repritplus tard la lecture et en donna une édition complètedans ses Monumenta sacra inedita, t. iii, Leipzig, 1860,et t. vi, 1869. On en trouvera un fac-similé au t. iii, pl. n.Le manuscrit palimpseste passe pour venir de Bobbio;il a été acheté à Prague en 1689 par le duc de Brunswick.Le ms. P est constitué par quarante-trois feuilletsà deux colonnes de vingt-quatre lignes: il est écrit d’unegrande onciale allongée, non accentuée, du VIe siècle.Ces quarante-trois feuillets "ont donné en trente et unfragments 518 versets environ des quatre évangiles. Lems. Q est constitué par treize feuillets à deux colonnesde vingt-huit lignes; il est écrit d’une grande oncialearrondie, non accentuée, du Ve siècle. Ces treize feuilletsont donné en douze fragments 247 versets environ desaint Luc et de saint Jean. Les leçons de P et de Q sontapparentées à celles de YAlexandnnus et du Vaticanus.

— Voir Scrivener-Miller, À plain introduction to thecrhticismof the New Testament, 1. 1, Londres, 1894, p. 143;C. R. Gregory, Prolegomena, Leipzig, 1894, p. 386-388.

P. Batiffol.

    1. GUÉNÉE Antoine##


GUÉNÉE Antoine, controversiste français, né àÉtampes le 23 novembre 1717, mort à Fontainebleau le27 novembre 1803. Né de parents pauvres, il fit néanmoinsde bonnes études, embrassa l’état ecclésiastiqueet succéda en 1741 à Rollin comme professeur de rhétoriqueau collège du Plessis à Paris. Il remplit cettefonction jusqu’en 1761. Il renonça alors à l’enseignementpour se vouer tout entier à la défense de la religion attaquéepar les philosophes. Il avait déjà appris, dans cebut, l’hébreu, outre le grec; il étudia également leslangues modernes en Italie, en Allemagne et en Angleterre,afin de mettre à profit les travaux apologétiquespubliés dans ces pays. Ainsi armé, il devint le meilleurapologiste de son siècle en France. Le pieux évêqued’Amiens, d’Orléans de la Motte, le récompensa de sestravaux en lui donnant un canonicat dans sa cathédrale;le grand aumônier de la cour l’attacha à la chapelle deVersailles et le comte d’Artois (depuis Charles X) lechoisit comme sous-précepteur de ses enfants. Les assembléesdu clergé de France lui décernèrent des éloges en1775 et en 1780; l’Académie des Inscriptions l’admitcomme un de ses membres en 1778; il fut nommé en1785 à l’abbaye de Loroy, dans le diocèse de Bourges. LaRévolution le priva bientôt de ce bénéfice; il acheta alorsun petit domaine près de Fontainebleau, mais, voulantl’exploiter lui-même, il ne réussit pas, le revendit et seretira à Fontainebleau où il mourut. — Guénée doit sacélébrité à ses Lettres de quelques Juifs allemands etpolonais à M. de Voltaire, in-8, Paris, 1769. Les premièreslettres publiées portaient le titre de Lettres dequelques Juifs portugais, parce qu’elles sont en effetd’un Juif originaire du Portugal établi à Bordeaux. Cettecirconstance donna à l’abbé Guénée l’idée d’emprunterle nom de quelques Juifs étrangers pour réfuter les ca

lomnies et les erreurs de Voltaire contre les Écritures.Il le fit avec autant d’esprit que de science. «Le secrétairejuif, nommé Guénée, écrivait Voltaire à d’Alembertle 8 décembre 1776 (Œuvres, édit. Didot, t. x, 1861, p. 752),n’est pas sans esprit et sans connaissances, mais il estmalin comme un singe. Il mord jusqu’au sang, en faisantsemblant de baiser la main.» Les Lettres reçurent successivementde nombreuses additions et les éditions s’enmultiplièrent. La cinquième parut en 1781, la sixièmeen 1805, Paris, 3 in-8° et 4 in-12, avec une notice surl’auteur par M. de Sainte-Croix; la septième en 1815,4 in-8°, Paris (elle est précédée d’une Notice sur l’abbéGuénée par M. Dacier). Beuchot, l’éditeur de Voltaire, adonné la 8e édition sous ce titre: Lettres de quelquesJuifs à M. de Voltaire avec un petit Commentaire extraitd’un plus grand à l’usage de ceux gui lisent ses Œuvreset Mémoires sur la fertilité de la Judée; in-8°, Versailles,1817. Cette édition, revue et corrigée, est augmentée denotes qui mettent l’ouvrage en rapport avec l’édition deVoltaire faite à Kehl. Les Recherches sur la Judée considéréeprincipalement par rapport à la fertilité de sonterroir avaient pour objet de répondre aux objectionstirées de la stérilité actuelle de ce pays pour attaquerla véracité des Livres Saints. Guénée avait lu un premierMémoire à l’Académie des Inscriptions le 4 mai 1779;il en composa depuis trois autres pour compléter lepremier et on les a joints aux dernières éditions de sesLettres depuis la septième. La neuvième édition desLettres a été donnée en 1 in-12 à Paris en 1837. Autreédition par Desdouits, 3 in-12, Lyon, 1857, etc. — Ondoit aussi à Guénée une édition de: Les témoins de larésurrection de Jésus-Christ examinés suivant les règlesdu barreau, traduit (par Le Moine) de l’anglais de Sherlock,in-12, Paris, 1753; La religion chrétienne démontréepar la conversion et l’apostolat de saint Paul, traduitde l’anglais de lord Lyttleton, et suivi de deux Dissertationssur l’excellence de l’Écriture Sainte, traduitesde Seed, in-12, Paris, 1754; Observations sur l’histoireet les preuves de la résurrection de Jésus-Christ, traduitde l’anglais de West, in-12, Paris, 1757. Ces troisderniers ouvrages ont été réunis et réimprimés in-12 àParis en 1821. F. Vigouroux.

    1. GUÊPE##

GUÊPE (Septante: ayrfe; Vulgate: vespa), insectehyménoptère de couleur noire et brune mélangée dejaune, pourvu d’un aiguillon, et vivant en société commeles abeilles et les fourmis (fig. 86). La guêpe communeconstruit son nid dans la terre. Dans les piqûres que

— La guêpe.

produit son aiguillon, elle verse un liquide venimeux quicause une sensation très douloureuse. Lefrelonest la plusgrosse espèce du genre guêpe. Les guêpes ne sont mentionnéesque dans le livre de la Sagesse, xii, 8, qui leurattribue, dans l’extermination des Chananéens, un rôle-que les livres antérieurs assignent aux frelons. L’auteursacré nomme le genre au lieu de l’espèce. Voir Frelons.

H. Lesêtre.

    1. GUÉRIN Victor Honoré##


GUÉRIN Victor Honoré, palestinologue français, néà Paris le 15 septembre 1821, mort à La Tour (Seine-et-Marne) le 21 septembre 1890. Ce savant, dont le nom estsi souvent cité dans les pages de ce Dictionnaire, quis’honore de l’avoir compté au nombre de ses premierscollaborateurs, est l’un de ceux qui ont le mieux faitconnaître la géographie de la Palestine. Sa mère luiapprit à lire dans une vieille Bible illustrée où il puisal’amour des Lieux Saints. Après avoir commencé sesétudes à l’institution de l’abbé Poiloup et les avoirachevées au collège Rollin, il fut admis à 19 ans, le25 octobre 1840, à l’École normale supérieure de Paris,comme élève de la section de grammaire. Il en sortit en1842 et devint cette année même professeur de rhétoriqueau collège de Coutances. Après avoir enseignédans divers collèges et lycées, il fut chargé en 1852 dela surveillance des études à l’École normale supérieure,L’année suivante, 1853, il partait pour Athènes commemembre de l’école française établie dans cette ville etdès lors il pouvait donner libre carrière à son attraitpour l’archéologie et l’exploration scientifique, visitantla Grèce, la Syrie, l’Asie Mineure, plusieurs îles de l’archipelet en particulier Patmos, dont l’étude devaitparticulièrement satisfaire ses goûts de savant et sessentiments chrétiens. Les résultats de ce voyage sontconsignés dans sa Description de l’île de Patmos et del’île de Samos, in-8°, Paris, 1856. Ce qui caractérisecette première publication comme toutes les suivantes,c’est l’étude consciencieuse des lieux et des monumentsanciens et une exactitude minutieuse et irréprochablequi donne à ses descriptions une autorité irrécusable.

— En 1854, M. Guérin recevait une mission scientifiquepour la Terre Sainte elle-même où il se sentait attirépar un charme irrésistible, à laquelle il devait consacrerla meilleure partie de sa vie. Le fruit de son pèlerinagefut une thèse latine présentée à la Sorbonnepour le doctorat es lettres: De ora Palestine a promontorioCdrmelo usque ad urbetn Joppen pertinente,in-8°, Paris, 1856. Sa thèse française fut une Étude surl’île de Rhodes, in-8°, Paris, 1856 (2e édit., 1880); ilavait passé plusieurs mois dans cette île l’année mêmeoù il avait exploré pour la première fois la Palestine,en 1853-1854. — Au retour de ce voyage, il professapendant un an (1855) la rhétorique au lycée d’Angers.Ce fut sa dernière année d’enseignement secondaire,En 1856, il prépara et soutint ses thèses de doctorat.L’année suivante, il fut chargé d’une mission scientifiqueen Egypte et en Nubie. Il en rendit compte dansson Rapport à M. le ministre de l’Instruction publique,daté d’Assouan Il février 1858. De janvier à avril 1859,il suppléa M. Heinrich dans la chaire de littératureétrangère de la Faculté des lettres de Lyon; d’avril àaoût 1859, il donna le même enseignement à la Facultéde Grenoble. — À partir de 1860, il se donna tout entieraux missions et aux voyages scientifiques. En cetteannée 1860, il explora la régence de Tunis, presquecomplètement fermée jusqu’à lui aux Européens, et pénétramême dans la ville sacrée de Kairouan dont le fanatismemusulman interdisait rigoureusement l’accès auxétrangers. La notice qu’il lut sur.cette ville, réputéeimprenable, à la séance générale de la Société de géographiele 24 décembre 1860, est si exacte et si préciseque ce fut grâce à elle que nos troupes purent s’enemparer quelques années plus tard. Aussi au retour deleur conquête, une douzaine d’officiers allèrent-ils levisiter pour lui déclarer que c’était à lui qu’ils étaientredevables de leur victoire. Voir F. Deltour, dans l’Associationdes anciens élèves de l’École normale, in-8°,Paris, 1891, p. 35. Les années 1861 à 1863 furent consacréesà la rédaction de son Voyage archéologique dansla Régence de Tunis, exécuté et publié sous les auspiceset aux frais de M. H. d’Albret, duc de Luynes,par V. Guérin, 2 in-8°, Paris, 1862. m

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GUÉRIN — GUÉRISON

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En 1863, une nouvelle mission le ramena en Palestinepour travailler à l’œuvre la plus importante de savie. fi partait, cette fois, avec la digne compagne queDieu lui avait donnée en 1861. Il explora, ville par ville,village par village, on pourrait presque dire maison parmaison et pierre par pierre, tout le territoire de l’ancienneJudée. La rédaction et la publication des nombreusesnotes prises au cours de cette campagne archéologiquel’occupèrent de 1864 à 1869. Elles furentimprimées par l’Imprimerie Impériale et parurent sousle titre de Description géographique, historique et archéologiquede la Palestine, accompagnée de cartesdétaillées. Première partie. Judée, 3 in-8°, Paris, 1869.

— À peine son travail était-il achevé, il repartait pour laTerre Sainte (1870) et explorait avec le même soin laSamarie et la vallée du Jourdain. C’est pendant ce voyagequ’éclata, la guerre de 1870. Au milieu des montagnesde la Samarie, il apprit le désastre de Wissembourg.Sur-le-champ il revint en France. Il trouva Paris bloqué.Il arrivait brisé de fatigue, brûlé par la fièvre; il étaitâgé de cinquante ans; et sans hésiter, il s’enrôla commesimple soldat dans l’armée de la Loire. Mais ses forcesle trahirent. La maladie l’obligea d’aller se soigner à Fontainebleau.Dès que Paris fut rouvert, il y rentra par lapremière voiture qui partit de Fontainebleau pour la capitale.H s’y trouvait au 18 mars. Tant que la chose futpossible, il y lutta en faveur de l’ordre dans la gardenationale et il y resta pendant toute la Commune. Laguerre finie, il rédigea, de 1871 à 1874, la deuxièmepartie de sa Description de la Palestine, Samarie,

2 in-C°, Paris, 1874-1875. — En 1875, il reprenait laroute de la Palestine pour aller achever son œuvreet explorer la Galilée, la Pérée, la Cœlésyrie et la Phénicie.De 1876 à 1879, il mit en œuvre les notes qu’ilvenait de recueillir, et la troisième partie de sa Descriptionde la Palestine, la Galilée, parut en 2 volumes in^°en 1880. Il avait publié aussi en 1879 ses Rapports surune mission en Palestine, in-8°, Imprimerie Nationale.-*- Après avoif si fructueusement travaillé pour les érudits,M. Guérin s’adressa au grand public, et en 1881, ilmit au jour La Terre Sainte, son histoire, ses souvenirs,ses sites, ses monuments (première partie) avec 22 plancheshors texte et 288 gravures, in-f°, Paris, 1881. En1882, il retourna au Liban, et à son retour il fit paraîtrela deuxième partie de la Terre Sainte. Liban, Phénicie,Palestine occidentale et méridionale, Pétra, Sinaï,Egypte. Avec 19 planches, 300 gravures sur bois et

3 cartes coloriées, 1883. La Terre Sainte se distingue,comme les autres ouvrages du savant explorateur, par lasolidité de l’érudition, par la clarté et la sobriété duStyle. —En 1884, M. Guérin visitait et étudiait à nouveauJérusalem. En 1885, il entreprenait une seconde missionscientifique en Tunisie, en Tripolitaine et à Malte, et aprèsson retour il publiait La France catholique en Tunisie,à Malte et en Tripolitaine, in-8°, Tours, 1886. La fin del’année 1886 le ramenait en Egypte et le résultat de cevoyage d’études fut La France catholique en Egypte,hv8°, Tours, 1887. — En 1888, M. Victor Guérin, épuisépar tant de travaux et de fatigues, voulut visiter une dernièrefois la Terre. Sainte avec la digne compagne de savie et ses enfants et lui faire Ses adieux. Celui qui écritces lignes eut le bonheur de faire avec lui une partiedu pèlerinage, de s’édifier de sa piété, de profiter de sascience et de sa vaste érudition. Quand il fut revenu enFrance, Dieu lui laissa le temps de compléter son œuvre;sa dernière publication, digne couronnement de tant detravaux, fut Jérusalem, son histoire, sa description, sesétablissements religieux, avec carte en couleur, in-8°,Paris, 1889. — Quelques années auparavant, il avait publiéune carte de la Palestine qui avait reçu, en 1881, unemédaille d’honneur au congres géographique de Venise.

Maintenant la mission que Dieu lui avait confiée étaitterminée. Dieu rappela à lui son fidèle serviteur à l’âge

de 69 ans. Sur son lit de mort, il disait à Notre-Seigneur: «Seigneur Jésus, souvenei-vous que je vous ai prié àBethléhem, à Nazareth, au Calvaire.» L’amour des LieuxSaints avait été sa grande passion; les livres que cetamour lui a fait écrire seront toujours son titre de gloire.Sa foi chrétienne a pu seule lui donner la force de menerà bonne fin l’entreprise qui germa de bonne heure dansson esprit et dans son cœur: celle de faire une étudeapprofondie de la Palestine. L’œuvre qu’il a exécutée luia coûté vingt-cinq ans d’explorations et de recherches,mais on peut le dire sans exagération, c’est la plusextraordinaire qui ait jamais été conçue et réalisée parun seul homme. Eusèbe avait décrit brièvement la TerreSainte où il était évêque; saint Jérôme avait traduit lelivre d’Eusèbe, quand il fut devenu le solitaire de Bethléhem;beaucoup d’autres après eux avaient raconté leurspèlerinages aux Saints Lieux; personne n’avait jamaisfait une exploration méthodique et détaillée de la Palestinecomme Victor Guérin. Il n’existe pas une localité,pas une ruine en Judée, en Samarie, en Galilée, quecet infatigable savant, doué d’un don remarquable d’observationet scrupuleux d’exactitude, n’ait étudiée pendantces sept longs voyages dans l’antique terre de Chanaan,avec une patience que rien n’a pu lasser, avec uneintrépidité que n’a effrayée aucun danger, avec une sciencequi a presque épuisé la matière. Il n’avait guère cependantd’autres ressources que les siennes propres, maisil les dépensait généreusement pour l’amour des ÉcrituresSacrées, parcourant en tout sens la Terre Sainteà cheval, accompagné le plus souvent d’un seul moukreet campant sous sa petite tente, à l’ombre du drapeautricolore. La France, comme l’Église, a lieu d’être fièred’un tel savant. Il a pu se tromper dans quelques identificationsde lieux; personne ne peut échapper aux erreursde ce genre; mais ses descriptions sont d’uneexactitude irréprochable. Depuis lui, le comité anglaisdu Palestine Exploration Fund a fait exécuter en Palestinedes travaux qu’un particulier ne pouvait accompliret a rendu ainsi de grands services à la géographiebiblique; néanmoins, même avec tous les secours pécuniairesfournis par une société puissante et malgré leurnombre, les savants anglais n’ont pas éclipsé l’œuvre deGuérin qui, pour les descriptions et les détails, reste enbien des cas supérieure à celle des Memoirs publicspar l’Exploration Fund. Une modestie ou plutôt unehumilité chrétienne qu’on serait tenté d’appeler excessive,jointe à la vivacité de ses sentiments chrétiens, aété cause qu’il n’a pas joui pendant sa vie de la gloirehumaine qu’il avait si justement méritée, mais la postéritélui rendra justice, car ses travaux lui assurentpour toujours une des premières places parmi les explorateursde la Terre Sainte. F. Vigouroux.

    1. GUÉRISON##

GUÉRISON (hébreu: rifùf, marpê’, de rdfà’, «recoudre,guérir;» Septante: ïaj.a, ?a<nc, la-zpzia; Vulgate:curatio, sanitas), rétablissement de la santé pardes moyens naturels ou surnaturels.

I. GUÉRISONS NATURELLES.

Voir MÉDECINE.

II. Guérisons surnaturelles.

Dans la SaintsÉcriture, surtout dans le Nouveau Testament, la puissancedivine intervient pour guérir surnaturellementdes maladies. — 1° On remarque dans l’Ancien Testamentla guérison des Hébreux du désert par la vue duserpent d’airain, Num., xxi, 9; Sap., xvi, 10-12; cellede Naaman le Syrien, guéri dans l’eau du Jourdain,IV Reg., v, 10-14; celle d’Ezéchias, IV Reg., xx, 5, 8;celle de Tobie. Tob., xi, 15. À la piscine de Bethesda, ilse produisait des guérisons miraculeuses chaque foisque l’ange du Seigneur descendait et agitait l’eau. Joa.,v, 4. — 2° En preuve de sa mission et pour témoignerson amour envers les malheureux, Notre-Seigneur aopéré beaucoup de guérisons miraculeuses: celle du filsd’un officier, Joa., iv, 46-54; de la belle-mère de saint

Pierre, Matlh., vjh, 14, 15; Marc, i, 29 31; Luc, iv, 98,39; de l’homme à la main desséchée, Matth., xii, 9-13;Marc, iii, 1-5; Luc, vi, 6-10; du serviteur du centurion,Matth., viii, 5-13; Luc, vii, 1-10; de l’hémorroïsse, Matth.,IX, 20-22; Marc, v, 25-34; Luc, viii, 43-48; de là fillede la Chananéenne, Matth., xv, 21-28; Marc, vii, 24-30;de la femme courbée, Luc, xiii, 11-13; de l’hydropique,Luc., xiv, 1-6; de Malchus, Luc, xxii, 50, 51; du postsédéde Capharnaûm, Marc, i, 23-27; Luc, iv, 33^36;du possédé aveugle et muet, Matth., xii, 22; Luc., xi,14; des possédés de Gérasa, Matth., viii, 28-34; Marc, v,1-20; Luc, viii, 26-39; du démoniaque muet, Matth., ix,32, 33; de l’enfant possédé, Matth., xvii, 14-20; Marc,IX, 13-28; Luc, ix, 37-44; d’un lépreux, Matth., viii, 2-4;Marc, I, 40-45; Luc, v, 12-15; de dix lépreux, Luc,xvii, 11-19; du paralytique de Capharnaûm, Matth., ix,1-8; Marc.; ii, 1-12; Luc, v, 17-26; du paralytique deBethesda, Joa., v, 1-14; de deux aveugles, Matth., ix, 2731; de l’aveugle de Bethsaïda, Marc, viii, 22-26; del’aveugle-né, Joa., ix, 1-38; des deux aveugles de Jéricho,Matth., xx, 29-34; Marc, x, 46-52; Luc, xviii, 35-43, etenfin de nombreux malades qu’on apporte en masse àNotre-Seigneur et qu’il guérit à plusieurs reprises sansque l’Évangile entre dans le détail. Matth., iv, 23; viii,16, 17; xii, 15; xv, 30, 31; Marc, i, 32-34; iii, 10-12;Luc, iv, 40, 41; v, 17; vi, 18, 19; ix, 11. Sur les guérisonsde possédés, voir Démoniaques, t. ii, col. 1375.

— 3° Notre-Sèigneur donna le pouvoir de guérir miraculeusement,d’abord aux douze apôtres quand il lesenvoya en mission, Matth., x, 1; Luc, ix, 1, puis auxsoixante-douze disciples, Luc, x, 9, enfin aux prédicateursdéfinitifs de l’Évangile. Marc, xvi, 18. — 4° Cepouvoir fut employé par les apôtres pour les guérisonsdu boiteux de la Belle-Porte, Act, iii, 7, des malades deJérusalem auxquels l’ombre de saint Pierre rendait lasanté, Act., v, 15, 16, du paralytique de Lydda, Act., IX,34, de l’impotent de Lystre, Act., xiv, 7, des maladesd’Éphése, Act., xix, 12, du père de Publius et des malades

de Malte. Act., xxvii, 8, 9, etc.

H. Lesêtre.

    1. GUERRE##

GUERRE (hébreu: millfâmdh; Septante: uôXe|j.o; ;Vulgate: bellum), lutte armée entre plusieurs peuples.

— Il est souvent question de guerres dans la JsainteÉcriture. Les Hébreux durent faire la guerre pour conquérirle pays de Chanaan et s’y maintenir. Ce pays,par sa situation même, les exposa à des guerres perpétuelles.Les rois d’Asie et ceux d’Egypte ne pouvaiententrer en lutte sans passer par la Palestine, et lesHébreux se trouvèrent par là même obligés de se défendreà main armée, soit contre les uns, soit contre lesautres. Dieu se servit de la guerre pour maintenir sonpeuple toujours en haleine, pour exercer envers luitantôt sa miséricorde et le plus souvent sa justice, finalementpour le disperser à travers le monde commetémoin vivant de son intervention dans l’Ancien Testamentet préparateur de la prédication du Nouveau.

I. Les usages anciens.

Sur la composition desarmées chez les Hébreux et les autres peuples, voirArmée, t. i, col. 971-1000. Sur l’armement des combattants,voir Arme, t. i, col. 967-971. Sur le séjour desarmées en campagne, voir Camp, t. ii, col. 96-102. Surl’attaque et la prise des villes etdes forteresses, voir Siège.

Préparatifs.

C’était ordinairement le roi ou

le chef du peuple qui exerçait le commandement, nonsans avoir comparé ses ressources avec celles de l’ennemi,surtout quand il s’agissait de prendre l’offensive.Luc, xiv, 31. On entrait habituellement en campagneau printemps. II Reg., xi, 1. On envoyait des espionspour connaître les forces et la situation de l’ennemi.Jos., vi, 22; Jud., xviii, 2; I Reg., xxvi, 4; I Mach.,v, 38; xii, 26. Voir Espions, t. ii, col. 1966. Quelquefoisune déclaration de guerre précédait l’entrée en campagne,Jud., XI, 12; III Reg., xx, 2; IV r.eg., xiv, 8;

mais plus communément les hostilités commençaient àl’improviste. Avant l’action, la parole était adressée auxtroupes, soit par un prêtre, comme l’avait prescrit Moïse,Deut., xx, 2, soit par le roi lui-même. II Par., xx, 20;Enfin, en face de l’ennemi, on offrait un sacrifice pourse rendre Dieu propice. I Reg., vil, 9; xiii, 8.

Stratégie.

La ruse, la force numérique de l’armée

et la valeur individuelle des combattants constituaientles éléments principaux de la stratégie. On employaitvolontiers les embuscades, Jos., viii, 2, 12; Jud., xx,36; I Reg., xv, 5; IV Reg., vil, 12; les surprises, Jud.,vu, 16; les mouvements tournants, II Reg., v, 23; lesstratagèmes. IV Reg., vii, 12; Josèphe, Bell, jud., III,vu, 13, 14, 20, 28. L’ordre de bataille était assez simple.Toute la masse des soldats tombait sur l’ennemi et combattaitcorps à corps. Mais on trouve parfois l’armée diviséeen trois corps (Jud., vii, 16); I Reg., xi, 11; II Reg.xviii, 2; I Mach., v, 33; II Mach., viii, 22. Les trompettesdonnaient le signal et animaient à la lutte, Num.,x, 9; xxxi, 6; II Par., xiii, 12; IMach., xvi, 8, et lescombattants poussaient eux-mêmes des cris. I Reg., xvii,52; Is., xlii, 13; Am., i, 14; Jer., i, 42; Ezech., xxi, 22.Voir Cri de guerre, t. ii, col. 1117. On voit une fois lesdeux armées adverses s’en remettre aux chances d’uncombat singulier. I Reg., xvii, 48-54. Une autre fois onchoisit douze champions contre douze. II Reg., ii, 14,15. Avec le temps, les Hébreux perfectionnèrent leurstratégie, à l’école même de leurs ennemis, et ils devinrentcapables de tenir tête honorablement aux annéessyriennes, Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 5, et plus tardaux armées romaines elles-mêmes.

Conséquences.

Pour arrêter le combat, les trompettes

sonnaient la retraite. II Reg., Il, 28; xviii, 16;xx, 22. On mettait à mort les chefs ennemis, souvent enleur coupant la tête. Jos., x, 26; Jud., vii, 25; I Reg.,xvii, 51; xxxi, 9; II Mach., xv, 30; Josèphe, Bell, jud.,I, xvii, 2. On mutilait les survivants, Jud., i, 6; IReg., xi,2; on les réduisait en esclavage, Deut., xx, 11; Jos.,xvi, 10; Jud., i, 28, 30, 33, 35; v, 30; IV Reg., v, 2, ouon les faisait périr, quelquefois d’une façon très cruelle.Jud., viii, 7; ix, 45. Les femmes, les enfants et les vieillardsn’étaient même pas toujours épargnés par lesennemis d’Israël. IV Reg., viii, 12; xv, 16; Is., xiii, 16,18; Os., x, 14; xiii, 16; Am., i, 13; Nah., iii, 10; Il Mach.,v, 13. Parfois tout un peuple vaincu était soumis à ladéportation. IV Reg., xvii, 6; xxiv, 14; xxv, 11. Lesvainqueurs coupaient les jarrets des chevaux qu’ils nepouvaient utiliser, Jos., xi, 6; II Reg., viii, 4; recueillaientle butin, I Reg., xiv, 26; IV Reg., xiv, 14; xxiv,13, voir Butin, t. i, col. 1975; imposaient des tributs,IV Reg., xviii, 14; brûlaient ou détruisaient les villesprises, Jud., ix, 45; IV Reg., iii, 25; I Mach., v, 28, 51;x, 84, et dévastaient les champs. I Par., xx, 1; IV Reg.,ni, 19, 25; Judith, ii, 17. On emportait aux vaincusleurs idoles, Is., xlvi, 1, 2, et de leur côté les Hébreuxdétruisaient les temples idolâtriques. I Mach., v, 68. —On célébrait la victoire par des chants, Exod., xv, 1-21;Num., xxi, 14, 15, 27-30; I Reg., xviii, 6-8, et desdanses, Exod., xv, 20; Jud., xi, 34; I Reg., xviii, 6, 7;xxi, "12; xxix, 5; xxx, 16. Voir Danse, t. ii, col. 1289.On érigeait des pierres commémoratives. I Reg., vil, 12.On déposait des armes dans le sanctuaire, comme unhommage de reconnaissance au Seigneur. I Reg., xxi,9; IV Reg., xi, 10. Les Philistins mettaient aussi dansles sanctuaires de leurs dieux les armes des vaincus.I Reg., xxxi, 10; I Par., x, 10. Des récompenses particulièresétaient distribuées à ceux qui s’étaient distinguéspar leurs hauts faits, Jos., xv, 16; I Reg., xviif25;xviii, 17; II Reg., xviii, 11; leurs noms étaient consignésdans l’histoire. II Reg., xxiii, 8-39; I Par., x, 1047. Tout le peuple se réjouissait à la suite de la victoire.Judith, xvi, 2, 24; I Mach., iv, 24. Mais on n’oubliaitpas ceux qui avaient glorieusement succombé. Leur

mort disait l’objet d’un deuil national, II Reg., iii, 31;on les inhumait avec soin, III Reg., XI, 15, tandis que lescadavres des ennemis restaient privés de sépulture etdevenaient la proie des bêtes. I Reg., xvii, 44; Jer.,sxv, 33. On plaçait dans leur tombeau leurs armes deguerre, Ezech., xxxii, 27; on composait des chants funèbres pour honorer leur mémoire, II Reg., i, 17-27;II Par., xxxv, 25, et enfin l’on offrait des sacrifices pourlarémission de leurs péchés. II Mach., xii, 43-45. Auretour, les combattants se soumettaient aux rites purificatoires imposés à ceux qui avaient tué des hommes ouqui avaient touché des morts. Num., xxxi, 19. — Laplupart de ces usages n’avaient rien d’absolu; plusieursont dû être suivis ou omis selon les circonstances, sansque les écrivains sacrés aient pris la peine de le noter.II. La législation mosaïque.

Les prescriptions deMoïse, relativement à la guerre, ont pour but d’en diminuer la cruauté et d’en limiter les occasions.

Dispositions législatives.

Les Hébreux ne pouvaient frapper à la guerre que les hommes; défense leur

était faite d’exterminer les femmes, les enfants et mêmele bétail. Deut., xx, 13, 14. Les femmes et les jeunes fillespouvaient être réduites en captivité et l’Hébreu était autorisé à prendre pour épouse l’une de ces dernières. Maisil devait tout d’abord lui laisser un mois pour pleurerson père et sa mère, et si ensuite il ne voulait plusd’elle pour compagne, il était obligé de lui rendre saliberté. Deut., xx, 10-14; Jud., v, 30. Il était défendu dedétruire les arbres fruitiers, et même on ne pouvaitabattre d’autres arbres que pour faire des retranchements. Deut., xx, 19, 20. Cependant, sur l’ordre d'Élie,il fut dérogé à cette règle dans la guerre contre les Moabites. IV Reg., iii, 19, 25. Ces dispositions contrastaientavec la férocité dont les autres peuples de cette époqueétalent coutumiers, et les Syriens, voisins immédiatsdes Hébreux, constataient eux-mêmes que les rois de lamaison d’Israël étaient miséricordieux. III Reg., xx, 31.Ces derniers obéissaient ainsi à la lettre et à l’esprit deleur loi. Cf. Josèphe, Cont. Apion., ii, 29. Les raresexemples de cruauté qu’on peut mettre à l’actif desHébreux ont le caractère de représailles ou sont desviolations formelles de la loi. II Par., xxv, 12. Encore,l’un des principaux, attribué à David, n’existe-t-il quedans des traductions fautives du texte hébreu. On faitdire à ce texte que David fit sortir les Ammonites de laville de Rabba pour les «placer sous des scies, desherses de fer et des haches de fer, et les faire passer pardes fours à briques». Il Reg., xii, 31. En réalité le textepeut signifier seulement que David préposa les Ammonites aux scies, aux haches et aux moules à briques,c’est-à-dire fit d’eux des bûcherons, des tailleurs depierre et des briquetiers. "Voir Four, t. ii, col. 2338. —Les Hébreux ne pouvaient assiéger une ville sans commencer par lui offrir de se rendre. Deut., xx, 10-15. —Le jour du sabbat n’interrompait pas les opérations militaires, comme on le voit pour Jéricho, assiégé durantsept jours consécutifs. Jos., vi, 15-21. À l'époque desMachabées, un zèle mal entendu porta des Israélites àne pas se défendre contre les ennemis le jour du sabbat.Si ce rigorisme eût prévalu, les ennemis eussent facilement exterminé toute la nation, en multipliant leursattaques le jour du sabbat. Mathathias jugea qu’il n’enpouvait être ainsi et il fut décidé qu’on se défendrait àmain armée ce jour-là aussi bien que les autres. I Mach.,il, 34-41; Josèphe, Ant. jud., XII, vi, 2. Cependant lesJuifs ne cessèrent pas de s’interdire, le jour du sabbat,certains travaux militaires d’une nature plus servile.Josèphe, Bell, jud., i, vil, 3. Cf. II Mach., xv, 1-5. Il estprobable que l’abstention, était encore plus stricte àl'époque des trois grandes fêtes, car le Seigneur avaitpromis que pendant ces solennités son peuple ne seraitpas attaqué. Exod., xxxiv, 24.2° Les ennemi» d’Israël. — La loi mosaïque avait pris

soin de déterminer dans quelle mesure les Hébreuxpourraient faire la guerre avec leurs voisins. Les Chananéens furent voués par le Seigneur à une exterminationcomplète, parce que le pays qu’ils occupaient avait été.promis à Abraham et à ses descendants. Gen., xv, 7-21,et que l’abominable culte idolâtrique qu’ils professaientaurait pu entraîner au mal les Hébreux. Deut., xx, 1618. De fait, c’est pour n’avoir pas exécuté cette prescription à la rigueur que les Israélites se laissèrent aller sisouvent aux pratiques de l’idolâtrie. — Les Amalécitesavaient attaqué les Hébreux à leur sortie d’Egypte; laguerre contre eux devait être perpétuelle. Exod., xvii,16; Deut., xxv, 17-19; I Reg., xv, 2, 3. — Les Madianites avaient attiré les Hébreux au culte de Béelphégor }ils étaient voués à l’extermination, comme les Chananéens. Num., xxv, 16-18; xxxi, 1-12. — Les Moabites etles Ammonites étaient descendants d’Abraham. LesHébreux ne devaient donc pas leur faire la guerre; maisil leur fut défendu de contracter aucune alliance avecces peuples, qui avaient refusé des provisions auxHébreux dans le désert et suscité contre eux le fauxprophète Balaam. Deut., ii, 4-6, 19; xxiii, 4-7. — LesIduméens avaient refusé le passage aux Hébreux dans ledésert, Num., xx, 14-21; mais comme ils descendaientd'Ésaù, toute hostilité à leur égard fut défendue. Deut..xxiii, 7. — Quant aux Égyptiens, les Hébreux devaientgarder avec eux de bons rapports, parce qu’ils avaientreçu l’hospitalité dans le pays d’Egypte. Deut., xxiii, 8.— Il n’est point question des autres peuples. Les Israélites gardaient la liberté soit de prendre l’offensive, soitde se défendre contre eux quand les circonstances l’exigeraient. L’offensive semble prévue par l’extension quele Seigneur assigne au domaine des Hébreux. Ce domaine doit en effet avoir pour limites d’un côté le fleuved’Egypte, et de l’autre le grand fleuve de l’Euphrate.Gen., xv, 18-21; Exod., xxiii, 31; Deut., i, 7. Les Israélites étaient donc autorisés de droit divin à faire laguerre pour atteindre ces limites.

III. Les interventions divines.

Les préliminaires.

La mission providentielle assignée au peuple

hébreu ne pouvait s’accomplir sans l’intervention deDieu. Aussi la Sainte Écriture nous montre-t-elle souvent le Seigneur agissant miraculeusement pour assurerla victoire aux Israélites dans les combats. Dieu luimême avait promis de soutenir son peuple contre lesennemis et lui avait recommandé de ne pas craindre.Deut., xx, 1-4. Les Hébreux savaient d’ailleurs que leSeigneur donne le courage qui fait les hommes deguerre, Ps. xvii, 40; cxliii, 1, et l’assistance qui assurela victoire, Ps. lxxxviii, 44; cxxxix, 8, qu’il arrête,quand il lui plait, les guerres et les guerriers. Ps. xlv, 10;lxvii, 31. Aussi, avant d’entreprendre une guerre, lesHébreux commençaient par s’enquérir de la volonté duSeigneur, soit en le consultant lui-même par YUrim etle Thuramim, Jud., i, 1; xx, 27; I Reg., xiv, 37; xxiii, 2;xxviii, 6; xxx, 8, soit en interrogeant un de ses prophètes. III Reg., xxil, 6; IV Reg., xix, 2, 7; II Par.,xviii, 5. Cf. Ezech., xxi, 26; l Mach., v, 67. On offraitensuite le sacrifice pour appeler le secours divin. I Reg.,vu, 9; xiii, 8. Comme gage de l’assistance divine, onemportait l’arche d’alliance à la guerre. Elle était aumilieu des combattants comme le symbole de la présencede Dieu. Jos., iv, 6-16; Jud., xx, 18-27: I Reg., iv, 3-22;xiv, 18; Ps. lxviii, 1-24. Voir Arche d’alliance, t. i,col. 919-921. La guerre entreprise avec ces garantiesméritait vraiment le nom de «guerre du Seigneur».I Reg., xviii, 17; I Par., v, 22.

Les interventions miraculeuses.

Outre l’assistance ordinaire qu’il prétait à son peuple dans les combats, Dieu daigna plusieurs fois intervenir d’une manière

extraordinaire en sa faveur, principalement durant lapériode de la conquête chananéenne. De même qu’ila fait périr les Égyptiens qui poursuivaient les Hébreux

à la mer Rouge, Exod., xiv, 27, 28, il aide Josué contreles Amalécites pendant que Moïse prie sur la colline,Exod., xvii, 9-13; fait tomber les murs de Jéricho,Jos., vl, 20; accable d’une grêle formidable les rois chananéensréunis près de Gabaon et prolonge le jour pourassurer leur défaite, Jos., s, 10-14. Il prête successivementle concours de sa puissance aux juges d’Israël,principalement à Gédéon, Jud., vi, 34-40; vii, 22; àJephté, Jud, , xi, 32; à Samson, xiii, 5; xvi, 28-30. Dansla suite, le Seigneur intervient encore miraculeusementpour causer une panique aux Syriens qui assiègentSamarie et les obliger à s’enfuir, IV Reg., vii, 6, 7; pourfaire périr les Assyriens de Sennachérib qui assiègentJérusalem, IV Reg., xix, 35, 36; et pour soutenir JudasMachabée contre les Syriens de Lysias. II Mach., XI, 6-9.Par contre, le Seigneur irrité par les crimes de sonpeuple prépare son châtimeut et conduit contre lui lesAssyriens, IV Reg., xv, 19-20, 29; xvii, 3-6; xviii, 941; 13; I Par., v, 6-26; Judith, vii, 1; les Babyloniens,IV Reg., xxiv, 10-16; xxv, l-ll, et plus tard les Romains.Il est à remarquer que dans la catastrophe finale, lamain de Dieu fut reconnue par Titus lui-même. Josèphe,Bell, jud., VI, ix, 1; cf. VI, iv, 5.

IV. Les guerres des Hébreux.

Dès leur sortied’Egypte, les Hébreux furent en guerre avec les peuplesqu’ils rencontrèrent dans le désert, Amorrhéens, Num.,xxi, 23-26; Madianites, xxxi, 1-54, etc. Il existait alorsun livre, perdu depuis, et intitulé «livre des guerres deJéhovah».Num., xxi, 14. Les Hébreux eurent ensuite àcombattre les tribus chananéennes qui occupaient la Palestine.Le récit de ces luttes pour la prise de possessionde Chanaan remplit les livres de Josué et des Juges. Dèscette époque, la guerre civile fit son apparition parmi lesHébreux; la tribu de Benjamin périt presque tout entièreà la suite d’un crime commis par l’un de ses membres.Jud., xix-xxi. En Palestine, les Hébreux trouvèrentétablis, sur le bord de la Méditerranée, les Philistins,peuple qui n’était pas de race chananéenne et qu’ilsn’avaient pas mission d’exterminer, mais qui, rusé,brave et industrieux, lutta avec acharnement contre lesnouveaux venus sous le gouvernement des Juges, iii, 3, 31;x, 7; xiii, 1; xv, 9; xvi, 1-31; d’Héli, I Reg., iv-vi; deSamuel; I Reg., vii, 7-14; de Saûl, I Reg., xiii, 5; xiv,xvii, etc.; de David, II Reg., v, 17-25; viii, 1; xxr, 15-22;et d’Ézéchias. IV Reg., xviii, 8. Voir Philistins. Parleurs incessantes hostilités, ils contribuèrent notablementà développer chez les Hébreux les aptitudes militaires.Saùl eut à combattre les Ammonites, I Reg., xi,1-11; les Amalécites, I Reg., xv, et plusieurs fois lesPhilistins, qui finalement furent la cause de sa mort.

I Reg., xxxi, 1-6. David fit la guerre aux Philistins,aux Moabites, aux Syriens, aux Iduméens, aux Ammonites,II Reg., viii, 1-18; x, 7-19; xxi, 15-22, et eut àsoutenir une guerre civile contre son propre fils Absalom.

II Reg., xv, 1-xvill, 33. Il fut un roi guerrier et pourcette raison ne put être admis à bâtir le temple du Seigneur,comme il l’aurait désiré. III Reg., v, 3. Le règnede Salomon fut pacifique, bien que sous ce roi ledomaine des Israélites ait atteint son apogée en s’étendantde l’Egypte à l’Euphrate. III Reg., IV, 21. Les guerresrecommencèrent sous ses successeurs, guerres entre lesdeux royaumes de Juda et d’Israël, III Reg., xv, 6, 7,16, 17, 32; IV Reg., xiv, 8-12; guerre avec les Égyptienssous Roboam, III Reg., xvi, 25-28, et plus tard sousJosias et Joachaz, IV Reg., xxiii, 29-36; guerres contreles Moabites, IV Reg., iii, 21-27, et les Iduméens.IV Reg., viii, 20-22. Durant cette période, les guerresles plus nombreuses se firent avec les Syriens de Damas.

III Reg., xv, 20, 21; xx, 1-21, 29-32; xxii, 31-36;

— IV Reg., vi, 24, 25; vii, 3-9; viii, 28, 29; x, 32, 33;,xii, 17, 18; xiii, 3, 7, 24, 25; xv, 37; xvi, 5, 6. Lesguerres avec les Syriens occupaient surtout les roisd’Israël et les empêchaient de chercher trop souvent

querelle aux rois de Juda. Les Syriens faisaient habile’ment manœuvrer leur cavalerie dans les immensesplaines de leur pays; les Israélites se défendaient avecavantage dans leurs montagnes, comme ils l’avaient faitprécédemment contre les Philistins, habitants de laplaine. Aussi les Syriens disaient-ils: «Leurs dieuxsont des dieux de montagnes; voilà pourquoi ils nousont vaincus. Combattons-les dans les plaines et nous enserons vainqueurs.» III Reg., xx, 23. Ils ne cessèrentleurs incursions contre le royaume de Samarie quequand eux-mêmes furent déportés par les Assyriens.Ceux-ci furent les derniers et les plus terribles desennemis en face desquels se trouvèrent les anciensHébreux. Le Seigneur en délivra une fois miraculeusementJérusalem sous Ézéchias. IV Reg., xix, 9-36.Mais déjà le royaume d’Israël était tombé sous leurscoups, IV Reg., xv, 27-29; xvii, 3-6; xviii, 9-12, et plustard le royaume de Juda fut aussi détruit par les Chaldéens.IV Reg., xxiv, 10-20; xxv, 1-21. Il n’est plusquestion de guerre, dans l’Ancien Testament, que sousles Machabées, qui luttent héroïquement contre les roisde Syrie, avec des fortunes diverses, pour l’indépendancede leur nation. Dans le Nouveau Testament, iln’est fait mention que de la grande guerre finale queles Juifs auront à soutenir contre les Romains, et queNotre-Seigneur prédit à l’avance avec détail. Matth.,xxiv, 1-21; Marc, xiii, 1-19; Luc, xxi, 5-24. Pendantcette effroyable guerre, les Juifs montrèrent tout ce quela Providence leur avait accordé de valeur militaire etde patriotisme. Les Romains eurent mille peines à lesvaincre; les Juifs périrent glorieusement et il fut visibleque la main de Dieu aidait leurs ennemis. «Jamais, enaucun temps, nation n’a tant souffert et ne s’est jetée sibravement et tout entière entre les bras de la mort, pouréchapper au plus poignant des malheurs, à l’envahissementet à l’asservissement par la force brutale desarmées étrangères. Ils ont payé de leur sang le droit detransmettre à leur descendance le souvenir de la plusbelle résistance qui ait jamais été faite par les faiblescontre les horreurs de la conquête.» De Saulcy, Lesderniers jours de Jérusalem, Paris, 1866, p. 437.

H. Lesêtre.

    1. GUERRES (LIVRE DES) OU SEIGNEUR##


GUERRES (LIVRE DES) OU SEIGNEUR. Voirt. iv, col. 317, 4% 1°.

    1. GUEULE##

GUEULE (hébreu: péh, «bouche;» chaldéen: pum;Septante: ardjjwi; Vulgate: os), la bouche chez la plupartdes grands carnassiers, des reptiles et des poissons.

— 1° Au sens propre. La Sainte Écriture parle de lagueule du lion dans laquelle, d’après les versionsspécialisant le sens de l’hébreu, Samson trouva unessaim d’abeilles, Jud., xiv, 8; des lions auxquels Dieufit échapper Daniel, Dan., vi, 22; I Mach., ii, 60; Hebr.,xi, 33; du lion auquel le berger arrache les restes de sabrebis, Am., iii, 12; de l’ours, Dan, , vil, 5; du crocodile,Job, xli, 10; du serpent qu’adorent les Babylonienset que Daniel fait périr, Dan., xiv, 26; du poissondans lequel saint Pierre trouve le statère destiné autribut. Matth., xvii, 26; — 2° Au sens figuré. La gueuledu Hon symbolise la férocité des persécuteurs. Ps. xxi,22; cꝟ. 14; II Tim., iv, 17. Les ennemis d’Israël, Is., ix,11, et les mauvais pasteurs, Ezech., xxxiv, 10, sontcomme des bêtes à la gueule dévorante. La bête infernaleque voit saint Jean a une gueule de lion, Apoc,xiii, 12, et Satan une gueule de serpent. Apoc, xil, 15;xvi, 13. La terre qui s’entr’ouvre est comparée à unanimal qui ouvre sa gueule pour engloutir. Num, , xvi,30, 32; xxvi, 10; Deut., si, 6; Ps. lxviii, 16; Apoc, xii,16; xvi, 13. De même le scheôl. Is., v, 14.

H. Lesêtre.

    1. GUEVARA Antonio##


1. GUEVARA Antonio, théologien espagnol duxvie siècle, a écrit les deux ouvrages suivants: IAteralisexpositio in primum caput Geneseos, in-4°,

Vienne, 1585; Commentarius et Ecphrasis inHabacucprophetam et in psalmos Davidicos brèves annolatiunculæ,in-4°, Madrid, 1595. — Voir N. Antonio,

Bibl. Hispana nova, t. i, p. 128.

B. Heurtebize.

    1. GUEVARA Jérôme##


2. GUEVARA Jérôme, jésuite espagnol, né à Séville en1585, mort à Madrid le 19 février 1649. Entré au noviciaten 1600, il professa la théologie morale. Commentariusin Evangelium Matthœi, 3 in-f°, Madrid, 16341641; ibid., 1736 (?). C. Sommervogel.

    1. GUILLAERTS Dominique##


GUILLAERTS Dominique, théologien catholique desPays-Bas, était chanoine de la cathédrale d’Anvers, etmourut dans cette ville en 1722. Il est auteur d’un commentaire,qui ne parut qu’après sa mort: Annotationesin Evangelium secundum Joannem, in ivpriora capitaEvangelii secundum Matthxum, et in mpriora capitasecundum Lucam, Gand, 1724. A. Régnier.

    1. GUILLAUD Claude##


GUILLAUD Claude, théologien français, né à Beaujeu,mort en 1561, était docteur de la maison et sociétéde Sorbonne. Ses commentaires sur les Épîtres canoniquesayant été censurés par la faculté de théologie, ilse retira en Bourgogne. Il fut curé de Villefranche-en-Beaujolais,chanoine et théologal d’Autun. Voici sesprincipaux ouvrages: Colla’tio in omnes D. Pauli epistolas,in-4°, Lyon, 1542; Collatio in canonicas Apostolorumvu Èpistolas, in-4°, Paris, 1543; in-8°, Paris,1550; Enarrationes in Evangelium Joannis, in-f°, Paris,1550; Collationes in Matthseum, in-f», Paris, 1562. —VoirDupin, Histoire des auteurs ecclésiastiques de 1550

à la fin du siècle (1703), p. 5.

B. Heurtebize.

    1. GUILLAUME de Saint-Thierry##


GUILLAUME de Saint-Thierry, bénédictin, puis cistercien,né dans le diocèse de Liège, mort à l’abbaye deSigny vers 1150, fut envoyé à Reims pour y faire sesétudes. Il s’y consacra à Dieu sous la règle de saintBenoît dans l’abbaye de Saint-Nicaise et devint abbé deSaint-Thierry au mont d’Hor. Ayant connu saint Bernarddans un voyage à Clairvaux, il se résolut, à embrasser lavie cistercienne à l’abbaye de Signy. Ses œuvres impriméesse trouvent dans le tome clxxx de la Patrologielatine de Migne. On y remarque Brevis commentaitin priora duo capita Cantici Canticorum;Commentarius in Cantica Canticorume scriptisS. Ambrosii collectus; Excerpta ex libris S. Gregoriipapse super Cantica Canticorum; Expositio altérasuper Cantica Canticorum; Expositio in Epistolam adRomanes. — Voir Fabricius, Biblioth. latina médisetetatis (1858), t. iii, col. 157; Hist. littéraire de laFrance, t. xii, p. 312; Visch, Bibl. Cisterciensis, p. 137;D. Ceillier, Hist. générale des auteurs ecclésiastiques(2e éd.), t. xiv, p. 386; Paquot, Mémoires pour servir àl’hist. littéraire des Pays-Bas, t. ii, p. 207; Patrologie

latine, t. clxxx, col. 185-726.

B. Heurtebize.

    1. GUILLEBERT Nicolas##


GUILLEBERT Nicolas, prêtre et théologien français,vécut dans la première moitié du xviie siècle. Il a laisséplusieurs paraphrases de l’Ancien et du Nouveau Testament:Les Proverbes de Salomon paraphrasés, in-8°,Paris, 1626; in-8°, 1637; Paraphrase sur l’Ecclésiastede Salomon, in-8°, Paris, 1627, 1635, 1642; La Sagessede Salomon paraphrasée, in-8°, Paris, 1631; Paraphrasesur les Épitres de saint Paul aux Colossiens,aux Thessaloniciens, à Timolhée et à Tite, in-8°, Paris,1635; Paraphrase de l’Épitre aux Hébreux et desÉpître8canoniques, ’m-8f>, PaLTÏs, i&$8. A. Régnier.

    1. GUILLEMIN Pierre##


GUILLEMIN Pierre, bénédictin, né à Bar-le-Duc,profès de l’abbaye de Saint-Mihiel le 9 juin 1703,mort à Neufchâteau en Lorraine, le 9 septembre 1747. Ilfut prieur de Saint-Mansuy de Toui. Il est auteur d’unCommentaire, littéral abrégé sur tous les livres de

l’Ancien et du Nouveau Testament avec la versionfrançaise, 3 in-8°, Paris, 1721. Ces trois volumes qui necomprennent que le Pentateuque devaient être suivisde sept autres qui n’ont jamais été imprimés. Guilleminrésume les Commentaires de Calmet, mais necraint pas de s’écarter des explications de ce dernierquand il le croit nécessaire. — Voir Dom François,Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre deSaint-Benoit, t. i, p. 445; Journal des savants, janvier

1723, p. 34.

B. Heurtebize.

    1. GUIOT DE MARNE Joseph Claude##


GUIOT DE MARNE Joseph Claude, théologienfrançais, naquit à Bar-le-Duc le 8 janvier 1693. Il futgrand-vicaire de l’Ordre de Malte dans les duchés deLorraine et de Bar, et membre de l’académie de Florenceet de Tortone. Il a laissé: Une dissertation latine,adressée au cardinal de Polignac, pour prouver quesaint Paul a passé à Malte d’Afrique, et non pas à Mélédadu golfe Adriatique comme le prétendait le P. George deRaguse, Rome, 1731; Commentarium in Acta Apostolorum,Palerme. — Voir A. Calmet, Bibliothèque lorraine,in-f°, Nancy, 1751, col. 471. A. Régnier.

    1. GULLOTH##

GULLOTH (hébreu: gullôf; Septante: Boteavfç,TovaiôXâv, Jos., xv, 19; XvEpcoijiç, Jud., i, 15; d’autresmanuscrits portent: r<oXàè|*ae’(i, rwXcfô [voir Vigouroux,Polyglotte, t. ii, p. 88]; Vulgate: irriguum), motqui signifie «sources, fontaines» et indique peut-êtredes eaux qui jaillissent en bouillonnant (A. P. Stanley,Sinai and Palestine, 1877, p. 512), chose rare en Palestine.Axa, fille de Caleb, femme d’Othoniel, dit un jourà son père: «Tu m’as donné une terre aride; donnemoiaussi gullôf mayim, des sources d’eaux. Et il luidonna Gullôf’iliyôf (les fontaines de dessus) et Gullôftahfiyôf (les fontaines de dessous).» Jos., xv, 19; Jud.,i, 15. Voir Axa, t. i, col. 1295. Rosen, dans la Zeitschriftder deutschen morgent ândischen Gesellschaft,t. ii, 1857, p. 50-64, suppose que ces deux sources^sônt "*VAïn Nunkur et le Devir-Ban actuels, dans une bellevallée à une heure environ au sud-ouest d’Hébron.Contre cette opinion, voirDABm, t. ii, col. 1198. Voiribid., col. 1200, pour d’autres identifications.

GUNI (hébreu: Gûnî), nom de deux Israélites.

1. GUNI (Septante: r<owt, Gen., xlvi, 24; TauvEÎ,Codex Alexandrinus: rWivî, Num., xxvi, 48, et Twvef,Codex Alexandrinus: Twjvi, I Par., vii, 13), le seconddes fils de Nephthali, Gen., xlvi, 24; I Par., vii, 13, chefde la famille des Gunites. Num., xxvi, 48. Il semblequ’à la place de Gésonite dans I Par., xi, 33, il faillelire Gunite ou fils de Guni d’après la recension deLucien. Voir Gézonite.

2. GUNI (Septante: Touvf), descendant de Gad, pèred’Abdiel lequel l’était d’Achi ou Ahi. C’est ce dernier etnon Guni qui était chef d’une famille au temps de JéroboamH, roi d’Israël, ou de Joatham, roi de Juda. I Par., ,V, 15, 17. Voir Ahi 2, 1. 1, col. 291. E. Levesque.

    1. GUNITES##

GUNITES (hébreu: hag-Gûnî; Septante: à Vaml,Codex Alexandrinus: rWvé; Vulgate: Gunitse), familleissue de Guni, le second fils de Nephthali. Num., xxvi,

    1. GURBAAL##

GURBAAL (hébreu: Gûr-Ba’al, «demeure de Baal;» Septante: tj nérpa), localité d’Arabie, au sud de laPalestine, dont les habitants, furent battus par Oziasroi de Juda. II Par., xxvi, 7. Le nom de cette ville sembleindiquer qu’on y rendait un culte particulier à Baal.Son identification est incertaine. Les Septante paraissentl’avoir confondue avec Pétra, capitale de l’Idumée. Le-Targumy a vu Gérare, lisant tu au lieu de tu. Sur uneDict. ve ca Bipee


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i os Ya oesImp. G. DEBERQUE, 103, rue de VaugirarsBIBLE HISTORIALE(FRUILLET 1, VERSO, COMMENCEMENT DE LA GENESE)Bibliothéque Mazarine, Manuserit 312

des dernières ramifications des montagnes de Juda, quiva se perdre dans la vallée de Bersabée, se trouve unendroit appelé el-Ghurra et une colline appelée Tell elGhur, qui conservent peut-être le nom de Gur-(Baal).

    1. GUYART DESMOULINS##


GUYART DESMOULINS, chanoine d’Aire, traducteur de la Bible en français. On écrit aussi son nomGuyard et Guiars Desmoulins. Lui-même s’appelle dansun opuscule latin: Ego Guiardus de Molendinis (Decapite B. Jacobi Majoris Apostoli, publié dans la Revuedes sociétés savantes, 1861, t. v, p. 510) et dans une chartefrançaise «Guiars des Molins», N, de Wailly, Charlesd’Aire en Artois, dans les Mémoires de l’Académie desinscriptions, t. xxviii, part. i, 1874, charte 9, p. 193(Guiart, dans la charte 6, ibid.), de même que dans plusieurs manuscrits de la Bible hisloriale (S. Berger, LaBible française, p. 160). Il était né à Aire en juin 1251,Le 1 er octobre 1297, le chapitre de Saint-Pierre d’Aire,dont il faisait partie, le nomma son doyen. On ignorela date de sa mort, on sait seulement qu’il vécut jusqu’après 1313, probablement jusque vers 1322, époque où ilavait un successeur. Guyàrt a été un des premiers écrivains qui aient traduit une partie de la Bible en français.Sa traduction, très importante pour l’histoire des versions des Écritures en notre langue, est connue sous lenom de Bible historiaux ou Bible hisloriale. Sur sonœuvre, voir Françaises (versions) de la Bible, t. ii,col. 2355-2357. Nous reproduisons ici le verso du premierfeuillet de la Genèse (fig. 87), d’après le manuscrit 312 dela bibliothèque Mazarine. — La Bible historiale fut imprimée par Antoine Vérard à Paris, en 2 volumes, versla fin du xve siècle, mais d’après des manuscrits danslesquels l'œuvre du chanoine d’Aire avait été notablement modifiée et transformée. Voir Fr. Morand, Unopuscule de Guiard des Moulins, dans la Revue dessociétés savantes des départements, 1861, t. v, p. 495-500;Ed. Reuss, Fragments relatifs à l’histoire de la Biblefrançaise, dans la Revue de théologie, t. xiv, 1857, p. 1248, 73-79; Sam. Berger, La Bible française au moyenâge, in-8°, Paris, 1874, p. 157-188, 325-327, etc.; PaulinParis, Guyart des Moulins, dans l’Histoire littéraire dela France, t. xxviii, 1881, p. 440-455.

    1. GUYAUX Jean Joseph##


GUYAUX Jean Joseph, théologien catholique belge,né à 1684 à V amfercee en Brabant, mort à Louvain le8 janvier 1774. Il avait fait ses études de philosophie encette dernière ville. Il y devint professeur d’EcritureSainte, chanoine, puis doyen de la collégiale de SaintPierre. Il a travaillé à l'édition de la Bible publiée pardu Hamel, in-f», Louvain, 1740, et une grande partiedes notes sont de lui. Il est en outre auteur d’un Commenterais in Apocalypsim, in-8°, Louvain, 1781.M. Gérard, chanoine de Gand et professeur de philosophie à Louvain, a fait imprimer l’ouvrage suivant deJ.-J. Guyaux: Prxlectiones de sancto Jesu Christi Evangelio deque actis et epistolis Apostolorum, 7 in-8°, Loutvain. — Voir Hurter, Nomenclator literarius (2 «éd.),

t. iii, col. 9t.

B. Heurtebize.

    1. GYMNASE##

GYMNASE (grec:»(iv<xo-tov; latin: Gymnasium),ensemble des locaux spécialement affectés chez les Grecsaux exercices physiques de la jeunesse et à l’entraînement des athlètes. Sous le règne d’Antiochus IV Épiphane, l’impie Jason et ceux qui, comme lui, voulaientintroduire chez les Juifs les mœurs païennes, obtinrentdu roi, à qui ils promirent, en échange de cette permission, la somme de cent cinquante talents d’argent,l’autorisation de construire à Jérusalem un gymnase etune éphébée. I Mach., i, 15; II Mach., iv, 9. Ce gymnase fut en effet construit par eux aux pieds de la citadelle. II Mach., r?, 12. La description la plus complèted’un gymnase grec est celle que nous donne Vitruve, V,Xi (fig. 88). En voici l’ordonnance. On trace d’abord un

péristyle carré ou rectangulaire, sur un pourtour dedeux stades olympiques, soit 384 mètres. Trois des portiques qui bordent les côtés sont à colonnade simple, léquatrième, qui fait face au sud, est à double colonnade.Sous ce portique double sont placées les pièces suivantes: i°l’ephebeum, k(voiT Éphébée, t. ii, col. 1830),vaste salle où sont disposés des sièges de façon à ce queles éphèbes puissent s’exercer en présence de leursmaîtres; 2° le coryceum, B; quelques savants croientque cette salle était destinée au jeu du corycos, sortede ballon suspendu contre lequel les athlètes et lesjeunes gens s’exerçaient au pugilat. D’autres en fontle lieu où ils déposaient leurs provisions de boucherenfermées dans des besaces, en grec xdpuxoc; 3° le conisterium, C, c’est-à-dire l’endroit où les lutteurs sefrottaient de sable fin, xovi'Çw; 4° le bain froid, D, ou).outpôv; 5° l’elxothesium, E, où ils oignaient leurs membres; 6° le frigidarium, F, pièce fraîche qui servait detransition entre la cour et le tepidarium; 7° G, un couloir qui conduisait au propnigeum; 8° le propnigeum,H, c’est-à-dire la pièce qui précède l'étuve et où setrouvait le calorifère; 9° en retour, l'étuve voûtée, I,dont la longueur est double de la largeur et qui renferme à une extrémité le laconicum, c’est-à-dire l’endroit où l’on transpirait à l’aide de l’air chaud et à

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88. — Gymnase. Plan, d’après Vitruve; Saglio,Dictionnaire des antiquités, i. ii, p. 1687.

A. Ephebeum; B. Coryceum; C. Conisterium; D. Bain froid;E. EUeothesium; F. Frigidarium; G. Couloir; H. Propnirgeum; I. Étuve voûtée.

l’autre la piscine d’eau chaude. En face, se trouvaientles exèdres ou sièges des juges et des maîtres. L’ensemble de ces bâtiments formait la palestre. — Un passage conduisait de la palestre dans le gymnase proprement dit. «En dehors de la palestre, dit Vitruve, onconstruira trois portiques; l’un sera contigu au péristyle,les deux autres seront placés à droite et à gauche sur lalongueur d’un stade. Le premier, qui regarde du côtédu nord, sera double et très large, le second simple.Dans ce dernier on disposera le long du mur des trottoirslarges de 10 pieds au moins. Au milieu, on creuseraune chaussée qui sera de deux marches de 1 pied etdemi en contre-bas du trottoir. La largeur de la chaussée sera d’au moins 12 pieds.» Ce portique était appelépar les Grecs Çikttô;. «Le long du xyste et du portiquedouble on tracera des allées que les Grecs appellenticap «Spo|tî8e(.» Les athlètes s’exerçaient dans la mauvaise saison sous le xyste couvert; pendant.les beauxjours ils se tenaient sous des arbres en plein air. Derrière le xyste était un stade assez vaste pour contenirles spectateurs. Les ruines des gymnases découvertesdans les fouilles récentes correspondent assez bien àla description de Vitruve. Il est facile de s’en rendrecompte par le plan de celui d’Olympie (fig. 89). Toutefoisce n’est que par conjecture qu’on identifie la plupartdes pièces. — Les gymnases étaient fermés la nuit et nes’ouvraient qu’au lever du soleil. L’administration de ces

établissements était confiée à des magistrats spéciauxappelés gymnasiarques, qui avaient sous leurs ordresdes fonctionnaires subalternes et des esclaves, portiers,

COUR BTJ G-TMKASE

89. — Gymnase d’Olympie. D’après E. Curtius, F. Adler, etc.,Die Ausgrabungen zur Ôympia, t. v, 1881, pi, 38.

garçons de bains, cuisiniers, etc. Pour les exercices dugymnase voir Athlètes, t. i, col. 1222. — Voir Scbmidt,Die Gymnasien als VebunsgsplàHe, in-8°, Halle, 1844;A. L. Brugsma, Gymnasiorum apud Grœcos descriptio,in-8°, Groningue, 1855; Petersen, Dos Gymnasium d-erGriecfwn nach seiner baulichen Einrichtung, in-4°,Hambourg, 1858; Buegsen, De Gymnasii Vilruvianipalœstra, in-8°, Bonn, 1863; A. Baurneister, Denkmàlerdes cla3sichen Alterlums, in-4°, Munich, 1885, t. i,p. 609-611. E. Beurlier.

    1. GYPAÈTE##


GYPAÈTE, grand oiseau de proie, de l’ordre des rapacesdiurnes, tirant son nom du vautour et de l’aigle,auxquels il ressemble, et ne formant qu’une seule espèce,le gypælus barbatus, appelé aussi leemmergeier, s vautourdes agneaux» (fig. 90). Le gypaète a la tête et lecou jaunes, avec une touffe de poils raides sous le bec,

qui est fort et renflé vers la pointe, le reste du corpsfauve en dessous et noir en dessus. Une ligne noires’étend à la base du bec jusqu’au-dessus des yeux. L’oiseauatteint aisément l m 50 de long et 3 mètres d’envergure.Il se nourrit de proies mortes ou vivantes, ets’attaque parfois aux quadrupèdes de moyenne taille,agneaux, chèvres, daims, etc. Il profite du moment oùces animaux se trouvent sur le bord de quelque précipice,fond sur eux, les frappe des ailes et de la poitrinepour les faire tomber dans l’abime, les suit dans leurchute et peut alors les déchiqueter à son aise. Il habiteles montagnes et les hauts rochers, dans lesquels il

établit son aire. Les gypaètes vivent isolément par paires,et ne se réunissent que rarement en plus grand nombre.

— Le gypaète n’est pas commun en Palestine. Il serencontre cependant dans les rochers des gorges profondes,comme celle du Jaboc, et Tristram a pu personnellementen observer une paire. Natural history ofthe Bible, Londres, 1889, p. 171. Il est probable que legypaète est désigné dans la Bible sous le nom Aepérés,qui se trouve rangé parmi les noms d’oiseaux impursentre l’aigle commun et l’aigle de mer. Lev., xi, 13;Deut., xiv, 2. Les Septante traduisent pérés par ipity, «griffon,» la Vulgate par gryps, qui a le même sens,Bochart, Hwrozoicon, Leipzig, 1793, t. ii, p. 770, parossifraga, «orfraie» ou aigle de mer, les modernesplus communément par «gypaète». Wood, Bible animait,

Londres, 1884, p. 333-338.

H. Lesêtre.

H

H. Voir et Heth 2.

HABA (hébreu: Yeḥubbâh (ketib); Yaḥbéh et ve-Ḥubbâh(keri); Septante: Ώβάβ; Codex Alexandrinus: Όβά), troisième fils de Somer, de la famille de Bariadans la tribu d’Aser. IPar., vii, 34. La leçon du ketibest évidemment fautive; la conjonction ר, vav, qui doitrégulièrement se trouver devant le nom propre Ḥubbâh,s’est trouvée raccourcie en ׳, yod, par une faute de copiste.

1. HABACUC (hébreu: Ḥǎbaqqûq; Septante: Άμβακούμ), le huitième des petits prophètes.

I. Temps et âge.

1o Il est difficile à fixer avec précision.Il est dit i, 5c, qu’il va se faire parmi les nationsune chose incroyable, qu’elle se fera du vivant de ceuxqui écoutent, 5b, savoir que Dieu est près de susciter lesChaldéens, race avide, impétueuse et dure. Or, leurpremière irruption en Juda tombe vers 604, quelquetemps après la défaite de Néchao par le jeune Nabuchodonosoren 605. Donc la prophétie existait à cette date.Certainement elle existait plus tôt encore, avant l’an 608ou 607, car c’est l’année où Ninive succomba sous lesefforts réunis de Nabopolassar et du Mède Cyaxare,et à ce moment il ne pouvait être incroyable que le Chaldéense jetât sur la Palestine. Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., p.516; F. Vigouroux,La Bible et les découvertes modernes, 6e édit.,1896, t. iv, p.136, 139-140; cf. C. Tiele, Babilonisch Assyrische Geschichte, t. ii, p.414. On peut remonterplus haut encore. L’état social, dont le prophète se plaint,i, 2-4, est plutôt mauvais. Partout l’oppression, la violence,l’injure, vešôd veḥâmâs, la justice mal rendue. La loi, «âme et cœur de la vie politique, liturgique et privée,» Keil, Die kleinen Propheten, p.411, est paralysée, sansvigueur. L’idolâtrie cependant ne paraît pas avoir ététrès répandue. Du moins il n’en parle pas. Il se peut queles idoles aient été tolérées avec le culte du Dieu vivant.Pusey, On the minor Prophets, Londres, 1895, p.399.Or, cet état général représente assez bien la secondepartie du règne de Manassé et la première du règne deJosias avant 623. La date du temps de Manassé ne paraîtpas improbable. Telle fut, du reste, l’opinion ancienne,juive et chrétienne, confirmée d’ailleurs, entre autres, parles imitations de Sophonie et de Jérémie, et par le fond,la forme et le style même du livre. Voir les auteurs quisont de cette opinion dans Frz. Delitzsch, De Habacuci Prophetæ vita atque ætate, in-8o, Leipzig, 1842, p.9-12.Soph., i, 7, vient de Hab., ii, 20, comme Jer., iv, 13 etv, 6 vient de Hab., i, 8. Pusey, On the minor Prophets,p.399. Or, ces prophètes qui imitent le nôtre, sont,dans ces versets, des premières années de Josias. Il estl’imité et non l’imitateur, car on lui reconnaît, dans laconception, l’usage des mots, le style, une indépendance,une personnalité que certes les deux autres n’ont pas.On peut donc vraisemblablement placer la prophétieentre l’an 645 environ et l’an 630, entre la fin de Manassé:remonter plus haut est impossible à cause deHab., i, 5b bîmêkém, «de vos jours,» et les premièresannées de Josias, avant que le nom chaldéen ait pu paraître menaçant à Israël. — Les modernes critiques engénéral et nommément les rationalistes en abaissent ladate à l’an 615, 608, 605, 604 et même 590. Ils y sontamenés presque tous, qu’ils le veuillent ou non, parl’axiome, que la prophétie est métaphysiquement impossible. «On trouverait sans peine et vite l’âge d’Habacuc,si l’on se défaisait de ce préjugé, qui est l’âme de lacritique moderne, qu’une prédiction fondée sur uneillumination d’en haut n’est pas possible: elle ne sauraitêtre que l’effet d’une humaine prévoyance et d’une sortede divination. Puisque Habacuc prophétise l’invasion desChaldéens, il faut donc qu’il ait vécu au temps où, parson intelligence naturelle, il pouvait prévoir avec certitudece terrible événement, savoir, un peu avant ouaprès la bataille de Carchamis, la quatrième année deJoakim.» Par là on s’explique les dates légèrement antérieuresà l’an 604 et celle de 590. La prophétie alors,faite après 604, ne serait plus, quoi qu’en dise Kuenen,Histoire critique de l’Ancien Testament, t. ii, p.448,449, qu’un vaticinium ex eventu. Nous retrouveronsplus bas ces questions. Voir sur l’âge et le temps du prophèteFrz. Delitzsch, Der Prophet Habakuk, Leipzig, 1843,p. iv-xxiii. Cf. Pusey, The minor Prophets, p.398-405.

2o Tout ce qu’on sait de certain sur lui se réduit àceci: Habacuc le prophète, i, 1; iii, 1. Il était donc prophète,d’office. Pusey, p.398. Donc son livre n’est pasune histoire mais une vraie prophétie. Le nom ne se litpas ailleurs. Il dérive de ḥâbaq, par redoublement de ladernière radicale, et il signifie «embrassement» ou «celui qui embrasse». Il pourrait signifier aussi «lutte» ou «lutteur», S.Jérôme, In Hab., Prol., t. xxv, col. 1333,mais c’est moins probable. Les Septante auront lu ḥâbaqûq,qu’ils ont transcrit: Άμβακούμ, le premier בet le dernier ק rendus par μ, par euphonie. L’assyrien aun mot pareil ḥambakûkû, mais c’est un nom de plante.Frz. Delitzsch, De Habacuci, etc., p.1-5; L. Reinke, Der Prophet Habakuk, p.1-3. — L’agada juive s’est plu ensuite,avec, du reste, la légende chrétienne, à suppléerà l’histoire. Quelques rabbins, à cause de IVReg., iv,16 (ḥôbéqéṭ), ont pris le prophète pour le fils de la Sunamiteressuscité par Élisée. Il serait né, selon les Viesdes prophètes existant en deux recensions attribuées,l’une à saint Épiphane et l’autre à Dorothée, dans les environsde Βεθζαχαρίας à soixante-dix stades de Bethsurdans la tribu de Juda, IMach., vi, 32-33; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 4; Bell. jud., I, i, 5, aujourd’hui Beth Zachariyéh,à seize kilomètres au sud de Jérusalem. Il serait dela tribu de Siméon, d’après les deux Vies. Le Danieltétraplaire, dans l’extrait: Bel et le Dragon, le dit de latribu de Lévi, ce qui n’est pas, car il est très douteuxqu’il s’agisse du même prophète, encore que les notesmusicales de iii, 1 et 19d semblent trahir un lévite.Hab., ii, 1, rapproché de Is., xxi, 6, 8, fit surgir la légendeinadmissible que le prophète était cette sentinelleposée par le fils d’Amos pour signaler l’approche desMèdes et des Perses. Il est raconté aussi dans les Viesdu pseudo-Épiphane et du pseudo-Dorothée que notreprophète, au moment du siège, s’enfuit à Ostracine, είς Όστρακίνην (Straki), sur les côtes de l’Égypte, qu’il ne

revint dans son pays qu’après l’éloignement des Chaldéens,qu’il y mena une vie agricole et qu’il y mourutdeux ans avant l’édit de retour, en 538. S. Ëpiphane,t. xliii, col. 409. Cf. S. Isidore de Séville, De ort. et ob.Patr., 47, t. lxxxhi, col. 145. Le récit, en un point, coniirmel’extrait de Daniel sur l’Habacuc discophore dontparle du reste une tradition orientale très répandue, maisil ne regarde pas notre prophète. Il fut enseveli dans sonchamp, et son tombeau se voyait, du temps d’Eusèbe, àCeila ou, plus exactement, entre Ceila et Gabata, non loind’Éleuthéropolis. Ses restes furent trouvés par Zébennios,évêque de cette ville au vie siècle. Disons cependant quela tradition juive nomme plutôt Huqqoq en Nephthali.Hormis le fait raconté Dan., xiv, 32-38, qui ne touche pasprobablement à notre prophète, tous ces récits sont incertains,incohérents, et la critique, même la plus raffinée,ne sait en général où se prendre dans ces légendes.Voir Frz. Delitzsch, De Habacuci prophetse vita atquemtate, Leipzig, 1842, et S. R. Driver dans le Dictionaryof the Bible de J. Hastings, Edimbourg, 1899, t. ii,p. 272. Cf. W. Farrar, The minor Prophels, p. 159-174.II. Le livre du prophète.

Analyse.

La prophétie,

massa’, onus, «fardeau,» cf..L. Reinke, p. 63,s’ouvre brusquement par une plainte: Jusqu’à quandcrierai-je sans être écouté? La violence et l’oppressionaugmentent. L’inique prévaut. La loi est morte, i, 1-i. —Réponse de Dieu: Qu’ils regardent au loin. Il va exercersur eux, de leur vivant, un jugement qu’ils ne croiraientpas, s’il leur était raconté: voici que je fais lever lesChaldéens, sauvage nation, avide de ce qui n’est pas àelle, plus légère que le léopard, plus rapide que le loupdu soir, race terrible sans autre droit qu’elle-même, —elle viendra pour détruire et ravager: ni rois, ni princes,ni villes ne l’arrêteront, elle emportera tout, puis elles’exaltera, alors elle excédera et elle dira: ma force estmon dieu.ꝟ. 5-11. Le prophète effrayé intercède pourle peuple menacé: Dieu, vous êtes le Dieu de l’alliance(mn>) qui ne se rompt pas, l’Élohim d’Israël, leSaint qui ne doit pas vouloir que le peuple saint périsse.Donc, nous ne mourrons pas. Le Chaldéen n’a pas étéfait si fort pour détruire absolument. D’ailleurs, l’œildivin est trop pur pour souffrir l’impie et le laisserdévorer en somme plus juste que lui. Israël est commele poisson qui n’a pas de chef: le Chaldéen l’enlève àl’hameçon, le ramasse dans son filet. U triomphe. Ilsacrifie à son filet, il offre de l’encens à ses rets. Cf. y ll b.En sera-t-il toujours ainsi? Est-ce logique ?ꝟ. 12-17. — Ilse relire en lui-même, en sa conscience de prophète, etattend que Jéhôvah lui réponde, ii, .1. Jéhovah lui répondet lui enjoint d’écrire très lisiblement la prédiction dela ruine, lente à venir mais inévitable, du Chaldéen. Ledécret prophétique est rédigé par manière de proverbe:

Voici, elle [l’âme du Chaldéen] s’est enflée, elle manque de rec-Pourle juste. [Israël], il vivra par sa foi. [titude;

L’orgueil sera la mort du Chaldéen, la foi, la vie d’Israël,y. 2-4. Leꝟ. 5 paraphrase 4°. Le Chaldéen est prisdu vin d’orgueil, d’un orgueil qui monte, monte, s’annexantpeuples sur peuples. Mais ceux-ci, en un môsâi, «proverbe» de cinq strophes, chantent à l’envi sa ruine,qui est leur vengeance prédite. Les strophes énoncentchacune un malheur distinct pour un crime distinct. —1. Malheur à qui s’approprie ce qui ne lui appartientpas, il sera dépouillé par les survivants, à cause du sangversé et de la violence faite à la terre, à la ville et àses habitants, ꝟ. 6 c -8. — 2. Malheur à qui cherche parune opulence mal acquise à se rendre inaccessible auxcoups du sort, il sera atteint par la confusion méritéepar ses oppressions et ses crimes, ꝟ. 9-11. — 3. Malheurà qui bâtit de somptueux édifices et des villes superbesavec l’injustice et du sang, c’est pour le feu et le néantqu’il aura fait travailler, et en fin de compte la connaissancede Jéhôvah remplira toute la terre, ꝟ. 12-14. —

4. Malheur à qui a traité les peuples avec le derniermépris, plus grande encore sera sa honte et son ignominie:€ Bois, toi aussi, et qu’on voie ta nudité» pouravoir si honteusement raillé et les hommes et les choses.y. 15-17. — 5. Malheur à qui fait des idoles et les invoque: «il n’y a pas de souffle à l’intérieur. »ꝟ. 17-19. —Transition. Pour Jéhovah, «celui qui est, s il habite dansson ciel; que toute la terre fasse silence devant lui.ꝟ. 20.Il va exercer le jugement et opérer la délivrance. Habacuc,plein d’effroi à ces révélations, le prie d’abréger lesdélais et de joindre la miséricorde à «l’œuvre» decolère, iii, 2 hc. Une vision grandiose est la réponse àcette prière. — 1. Le Dieu saint vient par le sud, parTheman et Phâran: sa gloire, son cortège, les effetsde sa présence: les peuples tremblent et se dissolventsous son regard, les montagnes originelles s’affaissent ets’écroulent, ꝟ. 3-7. — 2. Il vient a) pour juger les impies,les Chaldéens et 6) pour sauver son peuple. Il le dit symboliquementd’abord, ꝟ. 12, puis en termes explicites:

Tu sors pour sauver ton peuple,

Pour sauver ton [peuple] Christ.

Tu frappes le faite de la maison de l’impie;

Tu mets à nu son fondement jusqu’au ras du sol.

Tu perces de tes traits la tête de ses princes,

Ils se précipitent comme un tourbillon pour me disperser:

Leur joie est de celui qui dévore le juste en secret.

Tu te fais un chemin dans la mer,

Et tes chevaux traversent la boue des grandes eaux. ꝟ. 13-15.

Il revient encore sur l’effroi que cette vision terriblelui inspire, ꝟ. 16 (16 b très difficile et altéré peut-être),vision à laquelle il ajoute quelques autres traits, ꝟ. 17.Mais il s’y mêle un vif sentiment de joie et de confianceen Dieu, qui est sa force et son libérateur, ꝟ. 18, 19, héb.

Division.

Le petit écrit se partage en deux parties,

iii et m. — Première partie. 1. Plainte duprophète, i, 1-4; — 2. Réponse de Dieu: prophétie del’invasion des Chaldéens, ꝟ. 5-11; — 3. Prière du prophètequi cherche à conjurer l’extermination dont Israëlest menacé, ꝟ. 12-17; — 4. Attente ferme d’une répliquede Dieu, ii, 1; — 5. Révélation d’une des lois du gouvernementthéocratique, ꝟ. 2-5; — 6. Ruine et destructiondes Chaldéens annoncée, conformément à cette loi,dans une série de cinq «malheurs» ou Vse répondantà cinq grands crimes distincts: a) ambition insatiable,y. 6-8; — b) avidité criminelle et effort pour se mettrehors de toute atteinte, ꝟ. 9-11; — c) oppression des peupleset extorsions pour élever de superbes monuments,y. 12-14; — d) humiliation et mépris des nations soumises,y. 15-17; — e) idolâtrie absurde et vaine, ꝟ. 18-20. —Deuxième partie. 1. Prière du prophète afin de hâterl’heure du salut et de faire entrer la pitié dans le châtiment,m, 2; — 2. Jugement et délivrance. Théophanie,y. 3-7. But et fin de cette apparition divine, exprimés parsymbole et figure et ensuite en termes exprès, ꝟ. 7-16;

— 3. Conclusion. Joie et confiance du prophète en laforce de Jéhovah sauveur, ꝟ. 17-19.

Intégrité critique.

L’école critique s’est beaucoup

occupée du texte. Voyons rapidement comme ellel’a jugé. Tout d’abord, quelques-uns disent que I,1-4, doit s’entendre des Chaldéens: c’est eux qui sont1’«impie qui prévaut», ꝟ. 4e, et Israël, le juste qui souffreviolence. Giesebrecht, Seitrâge zur Erklârung desJesaias, Leipzig, 1897, p. 196,. Certainement, s’il enest ainsi, i, 5-11, n’est pas à sa place, il faut ou le mettreavant i, 1-4, ou le regarder comme inauthentique ouinterpolé. Le mettre avant i, 1-4, est arbitraire et rienn’y oblige. Le tenir pour inauthentique ou interpolé est «non pas dénouer la difficulté, mais la trancher». Donc,il n’est pas vrai que 1, 5-Il ne soit pas à sa place et, partant,que i, 1-4 s’entende des Chaldéens. — R n’est pas.plus vrai qu’il doive s’entendre des Assyriens. K. Budde,dans les Studien und Kriliken, 1893, p. 383, et dans.YExpositor, mai 1896, p. 372, le prétend. Selon lui, i,

1-4, se rapporte aux Assyriens; i, 12-17 prédit la punitionqui les attend, et i, 5-11, l’exécution dont les Chaldéenssont l’auteur. Ici encore, I, 5-11, n’est pas à saplace: sa place est après ii, 4. L’ordre réel est donc: l,1-4, 12-17, ii, i-i, i, 5-11. La date du livre serait 621environ. Mais il y. à un obstacle à cet arrangement, c’estle rôle de libérateurs — rôle étrange pour eux — qu’yprennent les Chaldéens. Un rédacteur, avant 538, voulutle lever et il fit d’eux non pas les rédempteurs d’Israël,mais, ce qui est historique, ses oppresseurs et leurappliqua i, 12-17. On eut ainsi l’ordre actuel: i, 1-4,5-11, 12-17. L’opinion de K. Budde, qui, au fond, nerepose que sur un sens probable donné au mot râsâ’(impius,4°), est sans valeur. Il suffit d’expliquer i, 1-4, del’état intérieur d’Israël, où l’impie domine, où le justeest opprimé, pour que tout s’accorde aisément. Maisnon, visiblement, ces critiques sont gênés par I, 1-5,qui est une prophétie, Réfractaires à toute prophétie,ils cherchent par tous les moyens à éliminer celle-là,et leurs opinions ne sont que l’un de ces moyens. —W. Nowack, Die kleinen Prophelen, 1897, p. 261, ditque ii, 5 est très altéré. Non. ii, 5 est obscur et difficile,mais pas altéré. — Quelques autres, B. Stade,dans la Zeitschrift fur die altt. Wissenschaft, 1884,p. 154, et A. Kuenen, Einleitung, § 76, 77, terminentle livre à II, 8 et regardent ii, 9-20 comme une glosepostexilienne. ii, 9-11, disent-ils, ne saurait convenir auroi chaldéen, que nul ne menace, mais c’est plutôt de’Joakim qu’il s’agit: raison mauvaise, tirée d’une image{nidus ejus, 9 b) qu’ils ont mal saisie. — ii, 12-14, provient,selon eux, de réminiscences étrangères: ꝟ. 12 est prisde Mich., iii, 10; >. 13 de Jer., li, 58, et 14 d’Is., xi, 9.

— Il est plus exact de dire simplement que Habacuca imité Michée et Isaïe et qu’il a été imité par l’autre.

— Il, 15-17, serait douteux, parce que ꝟ. 17 b est répétédu ꝟ. 8 b et ꝟ. 17 a rappelle une injure, hâmâs, faite auLiban, dont il n’y a pas, historiquement, trace ailleurs.Bisons plutôt que la répétition il. 17 b est un refraincomme il en existe beaucoup et que l’idée de ꝟ. 17° serencontre déjà Is., xiv, 8. — II, 18-20 enfin est un reproched’idolâtrie fait aux païens, et l’on sait, qu’à cetégard, les prophètes ne s’adressent qu’à Israël. Non,ils s’adressent aussi aux nations étrangères, comme onle voit par Is., XL, 18; x, 10-11; Jer., x, 1-10; Ps. cxv,4-8. Toute cette critique, partiale et pointilleuse, est envérité bien mesquine. — Finissons, iii, d’après cetteécole, est un chant détaché d’un recueil liturgique postesilicn.Le titre, ꝟ. 1, et les notes ou indications demusique, J. 19 b, 3, 9, 13, le prouvent. Il n’est donc pasd’Habacuc. On le lui aurait attribué à cause de l’inscription{eftllâh le-Ifâbaqqûq, qui, en fait, n’est pas plusvraie que nombre de titres dans les Psaumes. Il n’a,du reste, aucune parenté d’idées avec le livret prophétiqueet ne reflète en rien l’état social et religieuxrévélé par i et il. Et puis, à le prendre en lui-même,il offre des altérations de mots et de textes très considérables,W. Nowack, p. 266-273, et il se brise net aut- 16, les jr. 17-19 ayant été substitués après coup à lafinale originelle perdue (Wellhausen), à moins qu’ilsn’aient été, comme il semble, l’occasion de cette ode.W. Nowack, p. 266. — Reprenons. La théorie indiquéen’est pas admissible. Habacuc est certainement l’auteur:le titre le dit. Que si quelques titres sont inexacts,on le prouve. Ici, le prouve-t-on? Il est, en outre, fauxqu’il n’y ait aucun rapport logique de i-ii à m: ces deuxparties, au contraire, se lient très étroitement: le jugementcontre les Chaldéens et la libération d’Israël, quisont les idées-mères du livre, II, 4, se rencontrentaussi expressément dans l’une que dans l’autre; dureste, ii, 20 b est une transition assez visible. V. Kirkpatrick,The Doctrine of the Prophets, Londres, 1897,p. 281. Puis, si le texte est irrégulier, difficile, obscur, ilne faut pas oublier 1° qu’il appartient littérairement au

genre dithyrambique (hgyônôf, iii, 1), et 2° que ce genrecomporte des libertés de mots et de forme, qui nesont pas ordinaires. Quant aux annotations musicales,ꝟ. 19e, 3, 6, 13, leur présence n’est pas une preuved’origine postexilienne, car on en constate de semblablesdans les Psaumes du premier temple. Enfin, la rupturequi est affirmée au ji. 16 par Wellhausen, est toute imaginaire:le contexte en effet est plein et entier, et ils’enchaîne logiquement, comme on s’en convaincra enlisant J. Knabenbauer, In minores Prophetas, t. ii,p. 117-120. — Voilà quelques difficultés des critiquescontre le prophète. Le commentaire de W. Nowack estécrit en ce genre. La recherche critique la plus serréele remplit presque exclusivement: lettres, mots, versets,tout est analysé, examiné minutieusement; additions,gloses, corrections, transpositions, interpolations,tout est hardiment tenté, admis, sans égard à la scienceantique. Avec combien peu de vérité, nous venons de levoir. Cf. A. B. Davidson, Nahum, Habakkuk andZephaniah, Cambridge, 1896, p. 55-59.

Valeur littéraire.

Le mérite du prophète commeécrivain est hors de conteste. La pensée est forte et personnelle.Le style est classique, sans imitation servile. —1. Il s’y trouve, çà et là, des mots et des tournures propres,des sens nouveaux, un usage assez répété de formes verbalesirrégulières ou inusitées. En voici des exemples:Megammap (ventus urens), i, 9. Knabenbauer, p. 63.Delitzsch, p. 15, 16, usité ici seulement. —’Abêtît(densum lutum), ii, 6. Knab., p. 79. — Qlqâlôn (vomitusignominix), ii, 6. — Meza’ezeékâ (diveccantes te),n, 7, forme irrégulière. — Me’uqqâl (perversum), i, 4,inusité ailleurs. — Hittamehû (admiramini), i, 5, niphalinusité. Frz. Delitzsch, p. 9. — Yehîtan (déterrebiteos), ii, 17, hiphil anormal, de frdtâp pour iaha(.Knab.. p. 88; cf. L. Reinke, p. 120. — Massêkâh (conflatile),il, 18. — Hê’drel (consopire), ii, 16, hébreu: nudator,niphal inusité. Knab., p. 87. — Va-yemôdéd (etmensus est), iii, 6, inusité poel. Keil, p. 442, 443. — Vaiiteposesû(contriti sunt), iii, 6, hithpalpel inusité. — *fë’ôr(suscitabis), iii, 9, niphal. Gesenius-Drach, p. 458,de’ûr =’ârâh, Keil, p. 444. —’Âlisufdn (exultatioeorum), iii, 14, tournure peu usitée. — Qesôp (concidite),II, 10, hébreu: concidere. Nowack, p. 263. —l Uffeldh(quiincredulusest), ii, 4, hébreu: tumida, puaiusité seuiement ici et Num., xiv, 44. Voir les différentssens dans Frz. Delitzsch, p. 45-53. — Inevéh (décor abitur),II, 5, sens nouveau. Nowack, p. 261; Knab., p. 78; Delitzsch,p. 56, 57. — (fébyôn (abscondita est), iii, 4,hébreu: absconsio, inusité. — Rôgéz (cum iratus fueris),ni, 2, sens nouveau. Frz. Delitzsch, p. 133. — Tâfûs (coopertusest), ii, 19, usité seulement ici dans le sens deobducere. Frz. Delitzsch, p. 160. — Me’ôrêhêm (nuditateniejus), ii, 15.— Vehaddû (velociores), r l, 8, SlUc;, usité iciseulement.— Ve-kdfîs (etlignum), ii, 11. Knab., p. 82. —Limesissôt (in rapinam), II, 7, de màsas, sens nouveau. —l}âlelû (contrernuerunt), iii, 16, pour signifier le tremblementdes lèvres, inusité. — Ifôme’r (in Mo), iii, 15,hébreu: xstus undarum, sens nouveau. Frz. Delitzsch,p.188. Cf. E. B. Pusey, On the minor Prophets, p. 405.2. La forme n’est pas moins classique et originale. Lepetit livre tout entier est un dialogue auquel est jointeune poésie lyrique. Le dialogue est pressant, dramatique:une plainte exaspérée, une réponse promettantun châtiment, une réplique suppliante, puis après uninstant, un arrêt définitif qui clôt le dialogue. Voir enparticulier i, 6-11: portrait et invasion des Chaldéens;en outre II, 6 b -20: chant (niâsâl) en cinq strophes trèsburinées du jugement qui va frapper les Chaldéens et leurscrimes. Quant à la poésie lyrique, c’est une des plusbelles qui soient en hébreu. G. Gietmann et G. Bickellen ont étudié le mètre et la strophe. G. Gietmann y distingueexactement 63 vers heptasyllabiques et 10 strophesinégales (De re metrica llebrxoru.ni, Fribourg, 1830,

p. 77-79). Il ne touche aucun mot du texte, sinon pourdonner à quelques-uns une forme plus pleine; ainsi ilécrit: ꝟ. 12 b gevajim pour gôîmi, ꝟ. 15 b rebâbîm pourrabbîtn, ꝟ. 16' vetachtajja pour vetafyfai, ꝟ. 17° tepârach pour fifr&h et ꝟ. 17e ma’assajja pour ma'âséh,Et il se justifie de ces modes d'écrire par des règles générales, p. 18, 21, 24, 27. G. Bickell agit plus librement.Il avait d’abord établi 65 heptasyllabes et 12 strophesavec peu de corrections (Metrices bibliese Regulx, Inspruck, 1879, p. 11-13), mais ensuite il s’en tint àIl strophes de 3 distiques heptasyllabiques (CarminaVeteris Testamenti metrice, p. 213-214). Il ajoute unvers 12e, trois parties de vers 9e, 11e, 19 b, trois mots 14e,16 d et 19°, et fait quelques autres corrections. Il retranche à tort comme insignifiant 4 1 et comme inutile S>>.Tout cela n’est pas également probable, d’autant plusque certaines mutations sont inspirées par le désir d’obtenir des strophes régulières. Plusieurs cependant s’appuient sur le contexte et le grec. Il nous paraît d’unesage critique d’adopter le texte de G. Gietmann en corrigeant ainsi selon G. Bickell ses corrections: ꝟ. 12 blire «beafkâ» et laisser «gôîm», ꝟ. 15 b lire «behomér» et laisser «rabbîm», ꝟ. 16 ajouter «'aSûri» etlaisser «vetahtai», enfin ꝟ. 17e lire «haz-zait» etlaisser «ma'âsêh». Cf. Knabenbauer, p. 120, 121. Unécrivain récent applique à cette poésie la théorie duP. Zenner sur la forme chorale attribuée à des psaumes.Il y distingue deux strophes, deux antistrophes et unestrophe alternante. Les strophes et les antistrophes sontrégulières et se répondent, sens et forme. Mais la strophealternante offre un ordre de vers très troublé et paraitavoir souffert dans sa transcription actuelle. Il proposedonc la division chorale suivante:,

Strophe, 2, 3-. Antistrophe, 3°, 4, 5.

Strophe alternante, trois alternes: a) 6. 9 10. b) 7, 8°. 11, 12. c)

Stropne, 14, 15, 16. Antistrophe, 17, 18, 19. [8°, 9'. 13.

Voir Condamin, dans la Revue biblique, janvier 1899,p. 133-140. Le système est vraiment ingénieux, mais ilfaut regretter qu’il ne soit pas suffisamment prouvé. Ici,en particulier, l’arrangement de la strophe alternante estpar trop subjectif, je crois. Quoi qu’il en soit, l'éloge dece petit poème n’est plus à faire. On l’a exalté à l’envi.Pensées élevées, style et expressions sublimes, imageshardies, audacieuses même, prises à la nature et à l’histoire populaire, passions variées et étonnamment profondes, tout tend à faire de cette ode «l’une des pluspartàites qui existent». R. Lowth. Tel n’est pas, toutefois, le jugement de plusieurs modernes. «Ce psaumeindiscrètement loué, dit H. Cornill, Einleitung, p. 195,est de la rhétorique pure: on y chercherait en vain uneclaire progression dans la pensée et une situation historique précise. Il ne saurait être du prophète, n’ayantpas d’analogie dans toute la littérature de son temps.Les idées exprimées sont celles des apocalypses à couleur eschatologique. Quant au style, c’est le style artificiellement archaïque des vieilles pièces qu’on lit Deut.,xxxii; II Reg., xxiii, 1-7; Ps. lxviii et xc. L’inscriptionde ce dernier se retrouve dans le cantique.» Cf.E. Reuss, Les Prophètes, t. i, p. 396. Voir, au contraire,S. R. Driver, An Introduction, 1891, p. 317; Frz. Delitzsch, Der Prophet Habakkuk, p. xii, xiii, 118-125.

III. Doctrine du prophète.— «Habacuc, qui est commeapparié à Nahum…, appartient commelui aux prophètesdu groupe isaïen.» Frz. Delitzsch. Tout son livre en effetest écrit — avec des différences accidentelles, qui viennent de la mesure du don reçu — sur le thème commun à ce groupe: a) que le peuple est coupable; 6) qu’ilsera, puni par les Chaldéens suscités de Dieu et c) que lesClialdéens seront punis à leur tour, et, par là même,Israël délivré. L’intervention divine, dans ce conflit, estexprimée ex profeiso. Et telle est l’ampleur de conception de la poésie qui la raconte, iii, qu’elle oblige à

admettre, par-dessus la libération chaldéenne, des jugements et des délivrances futures plus suprêmes. Il neparait pas cependant que 'et meUlfèkâ, iii, 12, se doiveentendre du Messie, au moins au sens littéral. Knabenbauer, p. 112. Mais à passer plus avant, le nœud de toutela prophétie, comme du livre, se trouve dans le preverbe ii, 4, qu’il faut expliquer:

Les versions, un peu différentes, dans 4 a surtout, donnent finalement le même sens. Knab., p. 76-77; Frz. Delitzsch, p. 48-49. Il y a là deux parallèles antithétiques,dont l’un (4°) inachevé est complété par l’autre. Qui al'âme enflée d’orgueil ['uffelâh= tumefacta], qui ne l’apas droite et simple, par conséquent qui ne croit pas(Vulgate: gui incredulus est), car l’orgueil est antipathique à la foi — celui-là ne vivra pas (suppléé de 4 bnon vivet). Au contraire (i, ve adversatif), le juste, celuiqui est simple et droit, moralement [ydsâr = planus,rectus], ꝟ. 4°, vivra d’une vie de sécurité, d’abondance etde paix; et c’est par la foi en Dieu, en sa parole et sespromesses, et dans cette foi, opposée à l’enflure, ꝟ. 4°,qu’il vivra de cette pleine vie. Ainsi, d’un côté, là~Vieheureuse, affranchie du mal, et la foi, celle-ci principe decelle-là; de l’autre, le malheur ou la ruine et l’espritd’impiété, ceci cause de cela, — telle est la loi complexede la providence messianique. Isaïe l’avait déjà énoncée,Yli, 9 b, cf. Knabenbauer./n Isaiam, t. l, p. 157.0r la foi dontil s’agit est la foi «dogmatique», comme il ressortincontestablement du contexte. Il en ressort en effetqu’elle est l’adhésion ferme 3 de l’esprit à la vision{hâzôn, ꝟ. 2) ou révélation du sort divers des Juifs etdes Chaldéens, révélation dûment proposée par un prophète accrédité. Et à cette foi sont jointes l’espéranceet la confiance, ji. 2-3, ainsi que l’humble soumissionde l’esprit et du cœur. Que tel soit le sens du mot 'ëmûndh, fides, on peut le voir par Frz. Delitzsch, p. 49-51, etpar J. Fùrst, Concordantise hebraicm atque chaldaicse,Leipzig, 1840, au mot 'âmân, p. 81. Voir cependantJ. B. Lightfoot, Ephtle to the Galatians, Londres, 1881,p. 138, 154-158. Saint Paul a cité le verset selon les Septante. Il le cite Heb., x, 38' en entier, Rom", i, 17, et Gal.,m, Il en partie seulement (ꝟ. 4 b), mais partout au senslittéral, ꝟ. 4 b est une preuve qu’il invoque de préférencedans sa thèse de la justification par la foi. Cf. R. Cornely,EpUtola ad Galatas, p. 485. — Le sens de cette loi connuet expliqué, il est aisé d’y ramener le livre et de l’appliquer. Le juste, i, 4; ii, 4, est manifestement l’Israëlfidèle; et l’impie, l’homme d’orgueil, l, 4, 13; ii, 4 a, 5, leChaldéen en général. Suivant sa loi exprimée, Dieuchâtie l’Israël impie avec, par accident, les justes, enenvoyant contre lui la terrible nation chaldéenne.Apaisé par l’intercession prophétique et par des raisonsspéciales, 1, 12, 13, il prend en pitié son peuple de justeset déchaîne sa colère sur les Chaldéens qui, dans l’exécution de son jugement, ont passé toute borne. Ilsseront détruits de fond en comble, à cause des cinqgrands crimes dans lesquels ils sont tombés. VOratioHabacuc dénonce la lutte ardente où Dieu intervientpersonnellement pour punir et abattre, pour relever etpour sauver. Et la prophétie du livre s’est exactementaccomplie. L’irruption des Chaldéens et leurs ravagesen Juda sont racontés IV Reg., xxiv; II Par., xxxvi;Dan., ii, 1, 2; Jer., xxxiv, xxxix, ni; Josèphe, Ant.jud., X, 7, 8. Cf. G. Brunengo, t. ii, p. 270. Quant à lachute des Chaldéens et de-leur empire, les historienssacrés et profanes nous en ont transmis le récit exactet concordant. On trouverait aisément chez eux la men-rtion des crimes: impiété, violence et sang, orgueil etcupidité, cause de leur ruine. Dan., v, 30, 31. Cf. G. Brunengo, t. ii, p. 421. À voir sur la doctrine d’Habacuc,Knabenbauer, In Prophetas minores, t. ii, p. 70-78;

A. F. Kirkpatrick, The Doctrine of the prophets, Lecture X, Londres, 1897; Frz. Délitzsch, Messïanic Prophéties, Edimbourg, 1880, § 46.

IV. Bibliographie.

Outre les auteurs nommésdans cet article, voir: Hamaker, Conimentariorum inHabacuci vaticiniorum Prolegomena, dans Orient, édit.Juynboll, Roorda, Weijes, t. ii, p. 1-26; A. C. Ranitz,Introductio in Habacuci vaticinia, Leipzig, 1808; A. Carrière, Étude historique et critique sur l'époque de laprophétie d’Habacuc, Strasbourg, 1864; J. A. Tingstad,Animadversiones philologicge et criticx ad vaticiniaHabacuci, Upsal, 1795; H. C. Hænlein, Symbolse criticx ad interpretationem vaticiniorum Habacuci,Erlangen, 1795; F. Plum, Observationes in textum etversiones maxime greecas Obadise et Habacuci, Gœttingue, 1796; Commentaire de R. Tan’hum de Jérusalemsur le livre de Habakkouk, publié pour la première foisen arabe sur un manuscrit unique de la Bodléienne etaccompagné d’une traduction et de notes par S. Munk.Extrait du t. xii de la traduction de la Bible de Cahen,Paris, 1843. — Outre les commentaires généraux de saintCyrille d’Alexandrie, de Théodoret, de saint Jérôme, voirA. de Guevara, Commentarius et ecphrasis in Habacucprophetam, Madrid, 1585 et 1593; Augsbourg, 1603; Anvers, 1609; M. Luther, Der Prophet Habacuc ausgelegt,Wittenberg, 1526; Strasbourg, 1526 (en latin); J. Grynams, Hymnemata in Habacuc, Bâle, 1582; D. Chytræus, Lectiones in prophetiam Habacuc, Leipzig, 1592.A. Agelli, Commentarius in prophetam Habacuc,Anvers, 1597 (excellent); H. Garthius, Commentariusin prophetam Habacuc, Wittenberg, 1605; Ild. dePadilla, In Habacuc prophetam commentaria, adnotationes ad literam et discursus ad mores complectentia,Madrid, 1657; Salzbach, 1674; Rome, 1702; Salomonvan Till, Phosphorus prophelicus, seu Mosis et Habacuci vaticonia novo ad istius canticum et hujus librumpropheticum commentario illustrata, Leyde, 1700;J. G. Kalinsky, Vaticinia Chabacuci, Breslau, 1748;J. G. Abicht, Adnotaticmes ad vaticinia Habacuci prophétie, Wittenberg, 1732; Ludwig, Habakuk der Prophet nach dem ebràischen Text, mit Zuziehung derâlteren Ubersetzungen, ûbertragen und erlaïttert,Francfort, 1779; W. Justi, Habakuk, neu ûbersetz underlaûtert, Leipzig, 1821; A. Wolf, Der Prophet Habacuc,mit einer wôrtlichen und einer metrischen Ubersetzung, einem vollstândigen philologisch-kritischen undexegetischen Commentare, Darmstadt, 1822; L. Bauemlein, Commentationes de Habacuci vaticinio, Heilbronn, 1840; J. von Gumpach, Der Prophet Habakuk,Munich, 1860 (systématique). Bibliographie plus complète dans C. Trochon, Les Petits Prophètes, p. 325,326, et dans L. Reinke, Der Prophet Habakuk, p. 56-62.Voir aussi E. Reuss, Die Geschichte der HeiligenSchriften Altes Testamentes, Brunswick, 1890, p. 394.— Explications de VOratio Habacuc: A. Agelli, Commentarius in Psalmos et in Cantica, Rome, 1506, p. 670690; Siméon de Muis, Commentarius in omnes Psalmoscum versione nova ex hebrseo, Paris, 1650, p. 884-894;G. Perschke, Habacuc vates olim hebrxus, in primishymnus denuo illustratus, Leipzig, 1777; A. Schrœder,Dissertatio in canticum Chabacuci, Groningue, 1781;C. F. Schnurrer, Dissertatio philologica ad carmen Chabacuci, c. iii, Tubingue, 1786; Mœrer, Hymnus Habacuci, Upsal, 1790; J. G. Stickel, Prolusio ad interpretationem c. m Habacuci, Neustadt, 1827; V. Thalhofer,Erhlârung der Psalmen, Ratisbonne, 1880 (excellent).

E. Philippe.2. HABACUC ('A[igaxo15(i.), prophète de Judée. AutDoment où il allait porter à ses moissonneurs le repasqu’il venait de leur préparer, un ange du Seigneur luicommanda de prendre ces aliments et il le transportaà" Babylone en le tenant par sa chevelure, afin qu’ildonnât de quoi manger à Daniel enfermé dans la fosse

aux lions. Ce qu’ayant fait, l’envoyé céleste le rapportadans son pays. Dan., xiv, 32-38. Ce prophète est, d’aprèsles uns, le huitième des petits prophètes (voir col. 376);d’après les autres, c’est un personnage différent, parcequ’il a vécu à une époque plus tardive. Il est d’ailleursinconnu. Cette seconde opinion paraît plus probable.

    1. HABER##

HABER (hébreu: Hébér; Septante: Xâëep, Cinéen,descendant d’Hobab, parent de Moïse. Il s'était fixé, àSennim, près de Cédés, Jud., iv, 11, après avoir quittéles autres Cinéens établis dans le désert de Juda. Jud.,i, 16. Il avait pour épouse Jahel qui tua Sisara en luienfonçant un clou dans la tempe. Jud., iv, 17, 21; v, 24.C'était à l'époque où Jabin, roi d’Asor, était en paix avec,la maison d’Haber le Cinéen. Jud., iv, 17.

    1. HABERT Isaac##


HABERT Isaac, évêque français, né à Paris, mort àPont-de-Salars, près de Rodez, le 15 septembre 1668. Docteur de Sorbonne, chanoine, puis théologal de NotreDame de Paris, il se montra toujours l’adversaire desdisciples de Jansénius. En 1645 il devint évêque deVabres en Rouergue et on lui attribua, non sans raison,la lettre adressée en 1651 à Innocent X et signée par85 évêques demandant au souverain pontife de condamner les doctrines jansénistes. Il était tout à la fois helléniste, poète latin et érudit. Parmi ses écrits, nous n’avonsà mentionner que le suivant: In B. Pauli ApostoliEpistolas très episcopales expositio perpétua, in-8°,Paris, 1656. — Voir Gallia Christiana, t. i, p. 282;Rapin, Mémoires, t. i, p. 43; Hurter, Nomenclator

literarius (2e édit.), t. ii, col. 64.

B. Heurtebize.

H ABIA (hébreu: Habayyâh, IEsdr., ii, 61, etHôbâyàh,H Esdr., vil, 63; Septante: Aaéetâ; Codex Alexandrinus: 'Oëouâ, I Esdr., Il, 61; et 'Eëeiâ, Codex Sinaiticus:'Aëeiâ, II Esdr., vii, 63; Vulgate: Hobia, Esdr., ii, 61,et Habia, II Esdr., vii, 63), père d’une famille de prêtresqui, au retour de la captivité au temps de Zorobabel, nepurent indiquer leur lignée d’une façon certaine.

    1. HABILLEMENT##


HABILLEMENT. Voir Vêtement.

    1. HABITATION##


HABITATION. Voir Maison.

    1. HABOR##

HABOR (hébreu: Hâbôr; Septante: 'Aëtip, IV Reg.,xvil, 6; xviii, 11; Xaëtip, I Par., v, 26; Vulgate: Habor),fleuve de Mésopotamie, affluent de l’Euphrate, qui porteencore aujourd’hui le nom de Khabour. Il est mentionnédans les inscriptions cunéiformes et par les anciens auteurs grecs et latins. Assurnasirhabal le nomme commela Bible, Ha-bur (col. i, lig. 77; iii, 3, 31). Strabon,XVI, i, 27, édit. Didot, p. 636, et Procope, Bell, pers.,u, 5, 19, édit. de Bonne, 1833, t. i, p. 171, 236, l’appellent 'Aëoppaç; Isidore de Charax, édit. Didot, p. 248,'Aëovpaç; Zozime, iii, 12, édit. de Bonne, 1837, p. 141,'Aëwpaj; Ptolémée, v, 18, Xaêtipaçjvmmien Marcellin,xiv, 3; xxxiii, 5, édit. Teubner, 1874, t. i, p. 13, 315, 316,Aboras; Pline, H. N., xxx, 3, Chaboras. Les rives duHabor furent un des endroits où Théglathphalasar III etSargon, rois d’Assyrie, déportèrent les Israélites réduits encaptivité. I Par., v, 26; IV Reg., xvii, 6; xviii, 11. Procope^ Bell, pers., ii, 15, l’appelle avec raison «unegrande rivière», 7toTa(i.ôç (léyaj, mais malgré son importance, il est encore peu et mal connu. Voir la carted’AsSYME, t. i, vis-à-vis de la col. 1147.

1° Les auteurs arabes placent sa source à Ras-el-Aïn. «La rivière du Khabour, nahr Alkhabour, dit Aboulféda, prend naissance dans la ville de Ras Aïn… RasAïn (tête de la source) est située dans une plaine. IbnHauqal dit que de cette ville sortent les eaux de plus detrois cents sources limpides, lesquelles se réunissentpour former le Khabour.» Géographie d’Aboulféda,traduct. Reinaud et Stan. Guyard, 3 in-4°, Paris, 1848

1883, t. ii, part, i, p. 66; part, ii, p. 55. Strabon, XI, v,6; xiv, 2, p. 434, 452, et Ptolémée, v, 18, p. 142, disentque le Chaboras a sa source dans le mont Masius (leKaradja-Dagh actuel), non loin de Nisibe. Pline, H. N.,xxxi, 22, t. iv, p. 267, ajoute que c’est l’unique sourceau monde qui soit parfumée et exhale une bonne odeur,xxxii, 7, p. 288, qu’on y trouvé des anguilles portant desboucles d’oreille. Ce qui est certain, c’est que ce coursd’eau est formé dès son origine par un grand nombre deruisseaux. C. Ritter, Èrdkunde, t. x, p. 247. «La sourceprincipale de la branche qui donne son nom à cette rivière(l’Araxe de Xénophon), dit Chesney, The Expéditionfor the survey of the rivers Euphrates and Tigris, t. i,1850, p. 49, se trouve dans la chaîne de l’Abd-el-Aziz, prèsde Ras al-Aîn, en un endroit appelé Al-Zahriyéh (parterre

plus chauds de l’été; c’est comme un paradis terrestrevers lequel l’Arabe nomade tourne ses pas quand il peuty conduire ses troupeaux en sécurité.» Voir ibîd., p. 269.Aujourd’hui les Bédouins Djébour, en partie nomades,qui de pasteurs sont devenus agriculteurs, dressent leurstentes dans cette région fertile, Ed. Sachau, Reise inSyrien und Mesopotamien, in-8°, Leipzig, 1883, p. 291,295; mais elle est aujourd’hui peu peuplée, après avoirnourri autrefois de nombreux habitants, Und., p. 293, etavoir vu fleurir sur ses rives plusieurs villes importantes.On a trouvé dans cette région des ruines considérableset de beaux spécimens de l’art assyrien, en particulierà Arban (fig. 91). — Le Khabour se jette enfin dans l’Euphrate,sur la rive gauche, à Kerkesiéh, le Circésiumdes anciens. Isidore de Charax, p. 248; Ammien Marcel91. — Le Khabour, près d’Arbah. Vue prise du côté du nord.

de fleurs), situé à une journée de marche à l’ouest deMardin, et non loin d’Orfah. Il suit une direction généralesud-est et est grossi par dé nombreux ruisseaux.» Son principal affluent est le Mygdonius. Sur ses autresaffluents, voir ibid., p. 49-52; Frd. Delitzsch, Wo lag dasParodies, in-12, Leipzig, 1881, p. 183. Sur d’autressources du Khabour, voir W. F. Ainsworth, Travels inthe track of the Ten Thousand Greeks, in-12, Londres,1844, p. 75; A. Layard, Nineveh and Babykm, 1853,p. 308-309, 312. Il devient navigable pendant une partienotable de son cours au-dessus de son embouchure,C. Ritter, Erdkunde, t. x, 1843, p. 120. Le colonel Chesneyle remonta en 1836 pendant plusieurs milles. Journal ofthe geographical Society of London, t. vii, 1837, p. 425426. Son cours est de plus de trois cents kilomètres.G. Rawlinson, The five great monarchies, t. i, 1862,p. 236. La vallée qu’il arrose et où furent déportés lesIsraélites, est riche en pâturages. Ammien Marcellin, xiv,3, t. i, p. 13, vante ses bords couverts d’herbages (herbidasripas). Layard, Nineveh and Babylon, 1853, p. 235,fait aussi l’éloge de sa fertilité. «Les pacages y sontabondants, les fleurs fort belles; ses jungles fourmillentde gibier de toute espèce; le feuillage épais de ses arbresforme une ombre très agréable pendant les jours les

lin, xxiii, 5, t. i, "p. 315; Géographie d’Aboulféda, t. ii,part, i, p. 66; Procope, Bell, pers., ii, 5, p. 171. C’estle dernier affluent que reçoit le grand fleuve avant de sejeter dans la mer. G. Maspero, Histoire ancienne despeuples de l’Orient, t. i, 1891, p. 549. Dans son coursinférieur, le Habor sépare la Mésopotamie méridionale(le désert) de la Mésopotamie septentrionale et c’estjusque-là que s’étendit l’empire romain (Vwpaiav ippoûpwveu^otov, dit Procope, Bell, pers, ii, 5, p. 171).

2° Au xii» siècle, lorsque le Juif espagnol Benjaminde Tudèle visita Circésium, il y trouva environ cinqcents Israélites. Il en avait trouvé à peu près deux centsaux sources du Habor. The Itinerary of Rabbi Benjaminof Tudela, translated by A. Asher, 2 in-8°, Londres,1840-1841, t. i, p. 92, 90. On peut croire qu’ilsétaient, au moins en partie, les descendants des Israélitesdéportés en ces lieux par les rois d’Assyrie. À l’époqueoù eut lieu cet événement, le pays portait le nom deGozan. Voir Gozan, col. 287. Les premiers captifs quis’y établirent y furent envoyés par Thëglathphalasar III.I Par., v, 26. Le quatrième livre des Rois, xv, 29, dansson récit, dit simplement que le roi de Ninive transportales Israélites «en Assyrie». Le premier livredes Paralipomènes, v, 26, détermine exactement quelle 385

HABOR — HACELDAMA

était la partie de l’Assyrie où ils avaient été transplantés.Voir Ara, t. i, col. 818. C’est dans les mêmes lieux queSargon exila aussi plus tard les Israélites, après la prisede Samarie et la ruine du royaume du nord de la Palestine.IV Reg., xvii, 6. Comme les localités énuméréessont à peu près les mêmes dans les deux passages,I Par., v, 26, et TV Reg., xvii, 6, plusieurs commentateursont pensé qu’il y avait une altération dans les Paralipomènes.L’altération est possible, sans doute, elle estmême certaine pour quelques détails, par exemple pourle nom du roi d’Assyrie qui est appelé par corruption «Tilgalpilhéser» et de même pour la répétition Phulet Tilgalpilnéser, ces deux noms royaux indiquant unseul et même personnage (voir F. Vigouroux, La Bible

Babylon, p. 56; voir la carte d’Assyrie, t. i, col. H 47),mais la région qu’arrose cette rivière ne s’est jamaisappelée le pays de Goian.Voir Eb. Schràder, Die KeiUinschriftenunddas alte Testament, 2e édit., 1883, p. 614.3° Enfin, c’est non moins faussement qu’on a souventconfondu autrefois le Habor où furent déportés lesIsraélites avec le Chobar sur les bords duquel Ézéchiel,i, 1, eut sa vision célèbre des chérubins. Le Chobar étaitun grand canal situé dans le voisinage de Nippour, en^abylonie. Voir Chobar, t. ii, col. 709. Il s’appelle enassyrien Kabaru et non ffabur, comme l’attestent lescontrats cunéiformes trouvés par les savants américainsqui ont exploré les ruines de Nifler. H. V. Hilprecht,Note on recently found Nippur l’ablets, dans le Pales92. — Haceldama. D’après une photographie.

et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 501); maison n’a aucune raison suffisante de nier que Théglathphalasarait le premier déporté des Israélites dans lesendroits où devait en déporter plus tard un de ses successeurs,Sargon. Les documents cunéiformes nous montrentque des déportations ont été faites dans les mêmeslieux à des époques différentes. Les guerres continuellesdes rois de Ninive dépeuplaient leurs États et il étaitsouvent nécessaire d’en combler les vides. — Il n’y a pasnon plus de motif d’admettre l’opinion d’autres commentateursd’après lesquels il aurait existé deux paysde Gozan. S’appuyant sur ce fait qu’il y avait deux rivièresportant le nom de Khabour, ils supposent quel’une des deux déportations s’est faite à l’est du Tigre,l’autre à l’ouest. Il est vrai que, outre le Khabour affluentde l’Euphrate, il y a un second Khabour affluentdu Tigre, qui prend naissance dans les hauts plateauxdu centre du Kurdistan, coule du nord-est au sud-ouestet se jette dans le Tigre à une centaine de kilomètres aunord, au-dessus de Mossoul (A. Layard, Kineveh and

MCI.’DE LA BIBLE.

Une Exploration Fund, Quarterly Statement, janvier1898, p.55. F. Vigouroux.

    1. HABSANIAS##

HABSANIAS (hébreu: Çâbassineyâh; Septante:Xaëowîv), père ou ancêtre de Jérémie qui était père deJézonias, lequel au temps du prophète Jérémie était lechef de la tribu des Réchabites. Jer., xxxv, 3.

    1. HACCUS##

HACCUS (hébreu: Haqqôs; Septante: <Ax166; CodexAlexandrinus et Sinaiticus: ’Axxûç), ancêtre d’unIsraélite du nom de Merimuth qui bâtit une partie desmurs de Jérusalem sous Néhémie. II Esd., iii, 21. Auꝟ. 3 du même chapitre, la Vulgate orthographie le nomAccus, et les Septante’Axwç. Cet Haccus paraît bienêtre le même que le chef de la famille sacerdotale de laseptième classe, I Par., xxiy, 10, et que la Vulgate appelleAccos. I Esd., ii, 61; II Esd., vil, 63. Voir Accos 1.

    1. HACELDAMA##

HACELDAMA (’AxfXSagiâ-/, ou dans certains manuscrits, ’AxeXBoGjià), nom donné par les Juifs au champ

m. - 13

qui fut acheté prés de Jérusalem avec le prix de latrahison de Judas. Matth., xxvii, 8 (dans la Vulgate; nondans le grec); Act., i, 19. Cet endroit était appelé auparavant «le champ du potier». Matth., xxvii, 7. L’argilequ’il contenait étant probablement épuisée en grandepartie, il put être acquis pour une somme modique, etfut destiné à la sépulture des étrangers. Mais commeles trente deniers étaient «le prix du sang», les habitants de Jérusalem le nommèrent «en leur langueHaceldama, c’est-à-dire le champ du sang». Matth.,xxvii, 6, 8; Act., i, 19. Le grec 'AxeXSauà n’est, en

effet, que la reproduction de l’araméen ttrn Sçn, hâqal

demâ'; le x de 'AxeXSapuxx semble même ajouté pourrendre le son de la gutturale finale. D’après saint Matthieu, ce sang serait celui du Sauveur; d’après les Actes,ce serait celui de Judas. Rien n’empêche que le nomsoit dû aux deux circonstances. Pour l’explication desdifficultés qui peuvent naître des deux textes, cf. J. Knabenbauer, Commentarius in Matth., Paris, 1893, t. ii,p. 490-494; Comment, in Actus Apostolorum, Paris,1899, p. 34-35.

La tradition, bien qu’ayant parfois varié, place généralement le champ d’Haceldama au sud de Jérusalem,c’est-à-dire sur la pente nord-est du Djebel Deir AbuTôr, au-dessus de la vallée de Hinnom (fig. 92). SaintJérôme, Onomastica sacra, Gceltingue, 1870, p. 99, nous lemontre «au sud du mont Sion». Il corrige ainsi Eusèbe,qui l’indique, p. 229, au nord de la même colline. AuVIe siècle, Antonin Martyr signale, en venant de la fontaine de Siloé, le champ d’Akeldemac, où, parmi lestombeaux, sont des cellules des serviteurs de Dieu, et,çà et là, des vignes et des vergers. Cf. T. Tobler, ItineraTerres Sanctæ, édités par la Société de l’Orient latin,Genève, 1877, t. i, p. 106. Au vu» siècle, Arculphe levisite souvent «au sud du mont Sion», et le donnecotnme lieu de sépulture des pèlerins. Ibid., p. 160.Tel est également, au vin», le témoignage du vénérableBède. Ibid, ., p. 221. Au moyen âge, Haceldama ouAkeldemaç se corrompt en Caudemar. «D’autre part, lavalée à main senestre, priés d’ileuques, a un carnierc’on apiele Caudemar. Là getoit on les pèlerins quimoroient h VOspital de Jherusalem. Cette pièce de tiereoù li carnièr est, fu acatée des deniers dont Judas vendile car Nostre Seigneur Jhesu Crist, si comme l'Évangile tesmongne.» Ernoul, La citez de Jherusalem,dans les Itinéraires français de la Société de l’Orientlatin, Genève, 1882, t. iii, p. 45. D’autres documentsplacent Acheldemac non loin de la fontaine de Siloé.Ibid., p. 168, 184, 195, 231. Une croyance populaire attribuait à la terre de ce champ la propriété de consumertrès rapidement les corps. Sainte Hélène en fit transporter une grande quantité au Campo Santo de Rome.Au temps des croisades, la ville de Pise imita cetexemple. Cf. T. Tobler, Topographie von Jérusalem,. Berlin, 1854, t. ii, p. 260-275.

Le champ d’Haceldama est aujourd’hui en partie inculte et abandonné; il appartient aux Arméniens nonunis. On y remarque surtout une construction en ruine,élevée sur des cavités creusées dans le roc et sur uneprofonde tranchée pratiquée elle-même dans les flancsescarpés de la colline. Au fond, c’est-à-dire à la partieméridionale, la roche forme le toit; mais le côté nord,plus bas, est fermé par un mur rectangulaire, sur lequels’appuie une voûte arrondie, que supporte égalementun pilier carré placé au centre. Le faîte de cette voûteest percé de neuf ouvertures situées à égale distanceles unes des autres et de niveau avec le sol y adhérantau côté sud. Elles devaient servir de soupiraux, ou bienl’on descendait par là les corps des morts. Deux brèchesont été faites par le temps, l’une dans le mur occidental,l’autre dans le mur oriental; plus récemment, unepartie du mur du nord s’est écroulée. An de la de cette

tranchée Voûtée, remplie de décombres, se trouventdes cavités naturelles et artificielles, dont une partie aété utilisée pour-des tombeaux, comme le prouvent lessix loculi que l’on voit au sud-ouest. Le coin sud-estne renferme qu’une chambre avec deux bancs creusésdans la paroi rocheuse pour recevoir les corps. Unepartie de ces cavités semble bien avoir été formée parl’extraction de l’argile. L’ensemble du monument répondainsi au double usage que lui assigne la tradition. Onpeut en voir la description détaillée et le plan d’aprèsC. Schick, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1892, p. 283-289.

A. Legendke.HACHAMONI (hébreu: Hakmônî; Septante: 'Axa[ «.dcv et Axapu; Codex Alexandrinus: 'A^au-avÉ), donnécomme le père de Jesbaam, I Par., xi, 11, et de Jahiel,I Par., xxvii, 32, tous deux appelés Bén-Hakrnôni. Hakniônî ou plutôt Hdkmôn devait être le fondateur de lafamille: car le père de Jesbaam est appelé Zabdiel.I Par., xxvii, 2. Au lieu de «anan-p nyaw», Yaéob’dm,ben-Hakmônî, dans la liste parallèle, II Reg. (Sam.),xxiii, 8, on lit isnann nawa aw>, YôSeb baSSébéf (ahkemôni; ce dernier passage a été très altéré par les copistes, et on doit lire d’après la comparaison des Septante YiSba’am ou plutôt YiSba’al, le Hakmônite, ijDSnn,le ii, ha article, est changé en ii, thav. Ha-hakmônî, leIfakmônite, est donc un nom patronymique, équivalentà Bén-H akmôn. Cf. Driver, Notes on the Hebrew Text ofthe Books of Samuel, in-8o, Oxford, 1890, p. 279.

    1. HACHE##

HACHE (hébreu: magzêràh, de gâzar, «fendre;» garzén, kèlapôt, kaSUl, ma'àsdd, qardom; Septante:încoTO[jie15{, àÇi’vT), iréXexvj, Xaleur^piov, (jxératpvov; Vulgate: ascia, cultrum, securis), outil tranchant et pesant, muni d’un manche assez long, et pouvant êtrebrandi pour fendre ou couper le bois, tailler la pierre

Haches assyriennes en bronze. British Muséum.D’après une photographie.

ou même tuer des hommes à la guerre, Voir t. i, fig. 225,268, 286, col. 903, 991, 1061. Cet outil peut affecter différentes formes. Les noms multiples qu’il a en hébreu eten grec répondent à ce que nous appelons hache, hachette, cognée, merlin, hache d’armes, etc. Les premiers hommes se fabriquèrent des haches rudimentairesavec des silex taillés. Voir Adam, t. i, col. 196-202;Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orientclassique, Paris, 1895, t. i, p. 755. Plus tard, ils employèrent le métal, le cuivre, le bronze, voir t. ii, fig. 434,col. 1155, et le fer (fig. 93). Voir t. i, col. 2206-2208;Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 756.

Chez les Hébreux.

La législation mosaïque prévoyait le cas du meurtre involontaire, commis par celuiqui brandit contre un arbre une hache dont le fer sedétache du manche et va frapper quelqu’un mortelleHACHE — HACHILA

390

ment. Deut., xrx, 5. Elle défendait d’abattre les arbresà coups de hache quand on faisait le siège d’une ville.Deut., XX, 19. Cette pratique était familière aux autrespeuples de l’antiquité. Voir t..i, col. 990, fig. 265.Depuis leur entrée en Chanaan jusqu’au temps des rois,les Hébreux s’adressèrent aux Philistins pour forger ouaiguiser leurs haches. I Reg., XIII, 20-21. Plus tard,ils fabriquèrent eux-mêmes ces outils, en mettant lefer au feu et en le battant avec le marteau, Is., xliv, 12.Abimélech et ses soldats se servirent de la hache pourcouper les branches d’arbres destinées à incendier latour de Sichem. Jud., ix, 48. Quand David eut vaincules Ammonites de Rabbath, il les plaça be-magzerôthab-barzél, non pas «sous des haches de fer» pour lesfaire périr, mais «sur des haches de fer» afin qu’ilsexerçassent pour son compte, en qualité d’esclaves, lemétier de bûcherons. II Reg., xii, 31. Voir Fodh, t. ii,col. 2338. Pour la construction du temple, les pierres

94. — Haches égyptiennes. Musée du Louvre.’furent apportées toutes taillées, de sorte qu’on n’entenditpas le bruit de la gazzén (seeuris) au cours dutravail. III Reg., vi, 7. Pendant que des fils de prophètescoupaient du bois sur le bord du Jourdain, le fer d’unehache tomba dans l’eau. Or, c’était une hache d’emprunt.Elisée, témoin de l’accident, voulut tirer d’embarrascelui qui avait ainsi perdu l’outil emprunté. Il jetadonc un morceau de bois dans l’eau, à l’endroit où lahache était tombée, et celle-ci vint surnager à la surface,de sorte qu’on put la saisir avec la main. IV Reg.,71, 4-7. Il est clair que l’écrivain sacré entend ici raconterun fait extraordinaire. Si l’on se fût contenté depasser un morceau de bois dans le trou de la hachepour tirer celle-ci hors de l’eau, il n’y eût rien eu là quiméritât d’être relaté entre la guérison de Naaman et lerécit d’une campagne militaire.

Chez les étrangers.

C’est à coups de hache qu’on

abattait le* bois dans la forêt pour tailler des idoles.Jer., x, 3. Voir des haches (fig. 94) et des charpentiers égyptiensqui travaillent le bois avec la hache, t. ii, col. 600,Gg. 210. On avait beau mettre ensuite une hache auxmains de l’idole, elle était incapable de se défendre contreles voleurs. Bar., vi, 14. Voir 1. 1, fig. 454 et 474, col. 1481et 1559, à gauche, une idole babylonienne, Bel ou Ramman,dieu des orages, portant la hache. Le même dieu estreprésenté avec la hache sur une petite stèle de terre

cuite conservée au British Muséum. Les Assyriens marchèrentcontre l’Egypte avec des haches, comme desbûcherons qui s’avancent dans une forêt. Jer., xlvi, 22.L’auteur du Psaume lxxiv (lxxiii), 5, 6, dit en parlantde la destruction du temple par les Chaldéens:

On les a vus, tels que ceux qui brandissent

Les haches (qardummôt) dans l’épaisseur des arbres.

Et maintenant, toutes les sculptures à la fois,

Ds les ont brisées avec la cognée (kassiC) et les kêlapôt.

Ce dernier mot, qu’on ne lit qu’en ce passage, n’estautre que l’assyrien kalapâti ou kalabâti, désignant unoutil ou une arme qui pouvait servir à la fois de hacheet de marteau.

Au sens métaphorique.

La hache ne s’enorgueillit

pas aux yeux de celui qui la manie. Is., x, 15. De mêmel’Assyrien n’a pas le droit de s’enorgueillir des chosesque lui fait accomplir la justice divine. La hache, quiest déjà à la racine de l’arbre, pour le couper s’il tardeà donner des fruits, figure la justice de Dieu prête àfrapper les coupables s’ils ne se convertissent. Matth.,

m, 10; Luc, va, 9.

H. Lesêtre.

    1. HACHELAÏ##


HACHELAÏ, nom du père de Néhêmie, dansIIEsdr.,x, 1, qui est appelé dans II Esdr., i, 1, Helchias. VoirHelchias.

    1. HACHILA##

HACHILA (hébreu: gib’at ha-R~âkîlâh; Septante:à poOvôç to0’E/eXS, et <5’E^eXâ; Vulgate: coJKs Hachila;Gabaa Hachila), colline boisée de la tribu de Juda,au sud d’Hébron, dans le désert (midbar) qui était dansle voisinage de Ziph, à droite, c’est-à-dire au sud de Jésimon.I Reg., xxiii, 19, 24. Jésimon signifie «désert» ets’entend ici spécialement d’une partie du désert de Juda.Voir Désert, 4°, YeSimôn, t. ii, col. 1390. La Vulgate,a conservé Je mot Jésimon, I Reg., xxiii, 24; elle l’atraduit par «désert». I Reg., zxiii, 19; xxvi, 1, 3. — 1°De l’ensemble du récit, on peut conciure que la collined’Hachila était située entre Ziph et Maon, de sorte qu’onpouvait désigner indifféremment cette région sous lenom de désert de Ziph ou désert de Maon. I Reg., xxiii,14-25. Cette situation était forte, ꝟ. 14, 18, 19, et la forêt,ꝟ. 16, 19, qui couvrait la colline en faisait un endroitpropice pour s’y cacher. (Les Septante, au lieu de «forêt», hôréî, ont lu hôdéi et, en faisant un nom proprede lieu, ont traduit: iv-ri) Kaivfj, «à la [Ville] Neuve,» mais cette lecture et cette traduction sont probablementinexactes.) Les Septante, I Reg., xxiii, 14, dans le passageoù il est dit que David habitait «sur la montagnede Ziph», ajoutent au texte: lv tt}-pi T*i aù^fiiiSeï, «dansla terre aride; s la Vulgate, de son côté, ajoute: inmonte opaco, «sur une montagne ombragée.» «Laforêt dont il est question ici est probablement l’un deces fourrés de chênes verts qui couvrent, encore aujourd’hui,plusieurs des montagnes des environs (de Ziph),et qui autrefois pouvaient être plus considérables et plusétendus que mainlenant.» V. Guérin, Judée, t. iii,p. 160. Son véritable emplacement est inconnu. «Lacolline d’Hachila n’a pas encore été retrouvée d’une manièrecertaine. Elle devait être située entre Ziph aunord et Maon au sud, puisque David, en abandonnantcette colline, se retira dans le désert de Maon, qui faisaitsuite vers le midi à celui de Ziph.» V. Guérin,ibid., p. 161. M. Çonder, Palestine Exploration Fund,Memoirs, t. iii, 1883, p. 313, a proposé d’identifier Hachilaavec la colline de Dahr el-Kôld, au nord de l’ouadi eUUar; et son hypothèse est acceptée par F. Buhl, Geographiedes alten Palâstina, in-8°, Fribourg-en-Brisgau,1896, p. 97, et par quelques autres. — À peu de distance àl’ouest de la ville de Ziph se trouve une colline appeléeTell Zif. Ed. Robinson, Biblical Researches in Palestine,3 in-8°, 1841, t. ii, p. 190-191. Quelques exégètes,comme P. Holmes, dans Kitto, Cyclopœdia of Biblical

Literature, 3e édit., 1864, t. ii, p. 184-186, croient queHachila était cette colline voisiné de Ziph. Le problèmen’est pas encore résolu. Voir Ziph et Maon.

2° David s’était réfugié à Hachila pour échapper à lapersécution de Saül et il y reçut la visite de son amiJonathas. I Reg., xxiii, 16-18. Les Ziphéens dénoncèrentau roi le lieu de retraite du fils d’Isaï. Celui-ci, avertiaussitôt, se retira dans le désert voisin de Maon, surle rocher qui fut appelé en souvenir de cet événementSéla’ham^mahleqôt, «Rocher de la séparation» ou «de la délivrance». Il échappa à cette poursuite, grâceà la nouvelle qui fut apportée à Saül d’une invasion dePhilistins qui l’obligea de marcher à leur rencontre.I Reg., xxiii, 20-28. — Quelque temps après, Davids’était caché de nouveau dans les bois d’Hachila. LesZiphéens le trahirent encore et Saül revint pour s’emparerde sa personne. Pendant la nuit, David arriva jusqu’àla tente de son ennemi, et, sans vouloir le tuer,comme les siens l’en pressaient, il se contenta de luiprendre sa lance et sa coupe pour lui prouver qu’ilavait respecté sa vie. Le roi, touché de sa générosité,cessa sa poursuite et le laissa en paix. I Reg., xxvi.Voir David, t. ii, col. 1313-1314. F. Vigouroux.

    1. HACKSPAN Théodore##


HACKSPAN Théodore, théologien et philologueallemand, luthérien, né à Weimar, en 1607, mort àAltorf le 19 janvier 1659, avait étudié sous le célèbreCalixte et devint professeur à l’université d’Altorf. Nousavons dé lui: Observationes À rabico-syriacse in quædaniloca Veteris et novi Testamenti, in-8°, Altorꝟ. 1639;Quadriga dispulatio de locutionibus sacris, ih-4, Altorf,1648; Miscellaneorum sacrorum libri duo, in-8°, Altorf,1660; Notée philogico-theologicm in varia et difficiliaScripturse loca secundum ordinem librorum biblicorumVeleris et Novi Testamenti, 3 in-8°, Altorꝟ. 1664, ouvragepubHé par les soins de G. M. Koenig. Dans le Dispulatiorinfhphilologicarum et theologicarum sylloge, in-4°,Altorꝟ. 1663, de Th. Hackspan, on remarque: Ad epistolamD. Hieronymi de nominibus divinis exercitationesduse; Disputàtiones circulares in xvii priora capitaGeneseos; Exercitatio in psalmum ex. Dans le Thésauruslibrorum philologicorum et historicorum, deThomas Crenius, 2 in-8°, Leyde, 1700, a été publié letravail suivant de Hackspan: Interpres errabundus, hocest brevis disquisitio de causis errandi interpretuni,comnientatorum, disputatorum, omniumque adeo quicirca sanas utriusque Fœderis occupantur litleras. —Voir Lelong, Biblioth. sacra, p. 760; Walch, Biblioth.

tlieologica, t. iv, p. 300, 789, 925.

B. Heurtebize.

    1. HACUPHA##

HACUPHA (hébreu: Jfâqûfâ’; Septante: ’Axouçii,flans I Esdr., ii, 51 et’A/içi, dans II Esdr., vii, 53), chefd’une famille de Nathinéens, dont les membres revinrentde Babylone avec Zorobabel. IEsdr., H, 51; IIEsdr., vii, 53.

    1. HADAD (IJâdad)##


1. HADAD (IJâdad), huitième fils d’Ismaël, I Par., i,30, appelé Hadar dans la Genèse, xxv, 25. Voir Hadar.

2. HADAD (hébreu: Ifâdad; Septante: *À5âS), dieusyrien qui n’est pas mentionné individuellement dansl’Écriture, d’après l’opinion générale, mais qui entrecomme élément composant dans plusieurs noms propresiduméens et araméens (Voir Bénadad, t. i, col. 1572;Adarezer, t. i, col. 211; Adadremmon, 1. 1, col. 168-169),dont quelques-uns se lisent déjà dans les lettres cunéiformestrouvées à Tell el-Amarna et remontantau xvsiècleavant notre ère. Voir 1. 1, col. 1573. On en retrouve aussidans les inscriptions ninivites. Cf. Schrader, Die Keilinschriftenund dos alte Testament, 2e édit., 1883,p. 200-203; Die Namen Hadad, Hadadezer, dans la Zeitschriftfur Keilischriftforschung, t. ii, 1885, p. 365-384.De même sur les monnaies d’IIiéra polis (Bambyce),fig. 342, t. i, col. 1200, où l’on voit au revers le prêtre

Abd-Hadad, c’est-à-dire «serviteur d’Hadad», debout dansun temple figuré par deux colonnes supportant un toittriangulaire et tenant une pomme de pin au-dessus d’unpetit autel. E. Babelon, Les Perses Achéménides, 1893,p. i.m, 45. Le nom du dieu lui-même nous est connupar les auteurs anciens et par les monuments figurés.Il est mentionné dans Philon de Bjblos (Eusèbe, Prsep.ev., t.xxi, col. 84); dans Macrobe, Saturn., i, 23, et dansPline, H. N., xxxvii, 71, édit. Teubner, t. v, 1897,p. 467. Celui-ci énumère trois pierres précieuses qu’onappelait «les reins, l’œil et le doigt d’Hadad». Adaditnephros sive renés, ejusdem oculus, digitus. Cî. V. De-Vit,Totius Latinitatis Onomasticon, t. i, Prado, 18591868, p. 51. De précieux monuments de son culte ontété découverts ces dernières années. Une statue du dieuHadad avec une inscription votive a été trouvée en 1888pendant les fouilles de Sendjirli, à Gerdjin, près de cettedernière localité. Voir Ausgrabungen in Sendschirli,in-f°, Berlin, 1893, p. 49-52. Nous avons reproduit cetlçstatue, t. i, fig. 481, col. 1572. Quelques années auparavant,en 1868, M. de Vogué avait publié un cylindre oùest aussi représenté, mais naturellement en petitesdimensions, le même dieu Hadad. Voir t. i, fig. 482,col. 1573. Il résulte des inscriptions qu’on lit sur lastatue du dieu et sur le cylindre que son nom véritableétait bien Hadad et non Hadar ou Adar, comme l’ont crucertains exégètes, parce qu’il est quelquefois altéré souscette dernière forme dans les noms propres scripturaires,Hadarézer au lieu de Hadadézer, voir t. i, col. 211; "ASsp,au lieu d’Adad, col. 266, etc. Du reste, l’origine et l’étymologiedu nom restent jusqu’à présent une énigme.Frd. Bæthgen, Beilrâge zur semitischen Beligionsgeschichte,in-8°, Berlin, 1888, p. 68.

1° On sait peu de chose sur le dieu Hadad et sur sesattributs. Philon de Byblos, dans Eusèbe, Prsep. ev.,i, 10, t. xxi, col. 84, l’appelle «roi des dieux», "ASwSoçêa<ji), EÙc 8£ûv. Macrobe, Saturn., 1, 23, est celui qui nousfournit le plus de renseignements. «Voici, dit-il, l’idéeque se font les Assyriens de la puissance du soleil. Ilsont donné au dieu qu’ils vénèrent comme le plus élevé etle plus grand le nom d’Adad, ce qui signifie unique(unus).» Et il ajoute: «À ce. dieu qu’ils adorent commele plus puissant, ils unissent une déesse, appelée Adargatis.(Voir Atargatis, t. i, col. 1199.) Ils attribuent lesouverain pouvoir sur l’universalité des choses à cesdeux divinités, par lesquelles ils entendent le soleil etla terre; et, au lieu de désigner par des termes particuliersles diverses manifestations de leur puissance, ilsexpriment leur prééminence multiple par les attributsdont ils les décorent. Or tous ces attributs se rapportentau soleil: la statue d’Adad est, en effet, entourée derayons inclinés pour montrer que la force du ciel résidedans les rayons que le soleil lance sur la terre; tandisque la statue d’Adargatis se distingue par des rayons dirigésobliquement de bas en haut, ce qui montre quetous les fruits de la terre sont le produit des rayons envoyésd’en haut.» — Ce que dit Macrobe est exact, nondans tous les détails, mais dans l’ensemble. Hadad ne seconfondait pas cependant complètement avec le soleil.L’inscription gravée par le roi Panammou sur la statued’Hadad le place en tête de tous les dieux, mais elle ennomme quatre autres après lui, entre autres §émé8 r «le soleil» (lignes 2, 11, 18), de même que l’inscriptionde Bar-Rekoub, fils de Panammou (ligne 22).Dav. H. Mûller,Die altseniitischen Inschriften von Sehdschirli,in-8°, Vienne, 1893, p. 19-20, 8. Hadad et le Soleil étaientdonc deux divinités distinctes. On peut supposer, d’aprèscertains documents cunéiformes, que Hadad était le dieude l’atmosphère, appelé en assyrien Ramman, ce quipourrait être confirmé^ par le’nom d’Hadadrimmon(Vulgate: Adadremmon) qu’on lit dans Zacharie, xii, 10, elqu’on peut expliquer étymologiquement comme ignifiantque Hadad est le même que Rimmon ou Ramman.

393

HADAD — HADRACH

394

Quelques traits de ce dieu expliquent néanmoins pourquoion l’assimila au soleil. Ce que dit Macrobe de lamanière de le représenter, ainsi qu’Alèrgatis, paraît exact.

— Les Romains ayant emprunté le culte d’Hadad à Héliopolis(Baalbek), d’où le nom de Jupiter Heliopolitanus,qu’ils lui donnèrent, le confondirent, avec Hélios ou leSoleil qu’on adorait dans cette ville d’Asie. L. Preller,Rômische Mythologie, 2 in-8°, Berlin, 1881-1883, t. ii,p. 402. Cf. Lucien, De dea Syria, 31, édit. Didot, p. 742,où Hadad, sans être nommé, est assimilé à Jupiter.Bæthgen, Beitrâge, p. 72. La distinction entre les diversdieux était, d’ailleurs, souvent assez difficile à établir, etl’on pouvait aisément, et quelquefois avec raison, les confondreles uns avec les autres. — Movers a rapprochéHadad d’Adonis, qui est aussi une personnification dusoleil. Die Phônizier, t. i, 1881, p. 196; t. II, p. I, 1849^p. 513. Il s’appuie sur ce que Zacharie, . xii, 10, parle dela «lamentation d’Hadadrimmon», et il y voit une allusionaux lamentations des femmes de Byblos sur la perted’Adonis. L’allusion est fort douteuse. Voir Die Klage ûberHadàd-Rimmon, dans W. von Baudissin, Studien zurReligionsgeschichte, t. l, in-8°, Leipzig, 1876, p. 295-325.2° Quelques commentateurs tels que Grotius, Bochart,Vitringa, Lowth, Rosenmûller, Scholia in Vêtus Testamentum,Jesaias, t. iii, 1791, p. 963, ont cru trouver lamention du dieu Hadad dans un passage obscur et peut-êtrealtéré d’Isaïe, lxvi, 17. Cf. Cornélius à Lapide,In Is., édit. Vives, t. xi, p. 763. Le prophète annonceles châtiments qui frapperont ceux qui pratiquent lesrites païens, «qui se sanctifient et se purifient au milieudes jardins,» ’ahar’ahad (Vulgate: postjanuam). D’aprèscertains exégètes, ’ahad ne serait autre que le dieu Hadadet ce serait contre les adorateurs du faux dieu qu’Isaïeferait entendre ses menaces. Cette hypothèse n’est pasgénéralement admise. Voir W. Gesenius, Commentarûber den Jesaja, t. i, part. ii, 1821, p. 307. Siir les mots’ahar’ahad, qui ont un sens si douteux, voir J. Knabeniauer,Conim. in Isaiam, t. ii, 1887, p. 512-513.

F. Vigouroux.

H ADAÏA (hébreu: ’Adâyâh; Septante: ’EJeVi; CodexAlexandrinus: ’UStBâ), de Bésécath, père de la reineIdida, la mère du roi de Juda Josias. IV Reg., xxii, 1.

    1. HADAR##

HADAR (hébreu: Radar, Gen., xxv, 15; Hâdad,I Par., i, 30; Septante: Codex Alexandrinus: XoSôetv;Codex Cottonianus: Xaî, 8ô; Codex Bodleianus: XoSSâB,Gen., xxv, 15; Codex Vaticanus.-XovSâv; Codex Alexandrinus:XoSSetS, I Par., i, 30; Vulgate: Radar, Gen.,xxv, ’15; Hadad, I Par., i, 30), nom du huitième filsd’Ismaël. Gen., xxv, 15; I Par., i, 30. Quelle est la vraieforme de ce nom? Le texte original et les versionsoffrent des variantes embarrassantes. La leçon Hâdad apour elle le meilleur appui. Ces! celle que donnent,même pour Gen., xxv, 15, plus de trois cents manuscritset de nombreuses éditions imprimées. Le Pentateuquesamaritain et beaucoup de manuscrits chaldéensont le daleth final, bien que le heth initial soit remplacépar un hé. Les Septante, malgré la corruption du mot,semblent avoir aussi lu ljàdad; le X du commencementreprésente le heth. Dans les anciens manuscrits et lesvieilles éditions de la Vulgate, on trouve Hadad ouAdad. Cf. J. B. de Rossi, Variée lectiones Veteris Testamenti,Parme, 1781, t. i, p. 22-24; t. v, p. 5; C. Vercellone, Variæ lectiones Vulgatse latinee, Rome, 1860,t. i, p. 91. Quant à l’histoire d’Hadad ou de la tribu quien descendit, nous ne savons absolument rien. On acherché à rapprocher de ce nom la côte arabe de Hatf,entre Oman et Bahrein, le pays de Xarrr.vs’a de Polybe,ï’Attene de Pline. Cf. Keil, Genesis, Leipzig, 1878,

p. 224.

A. Legendre.

    1. HADASSA##

HADASSA (hébreu: Hâdàëâh; Septante: CodexVaticanus: ’ASouriv; Codex Alexandrinus: ’AJaui),

ville de la tribu de Juda, mentionnée une seule foisdans l’Écriture. Jos., xv, 37. Le nom signifie: neuve[ville]: on peut le rapprocher du phénicien Qarfhadaif etde l’assyrien Qar-ti-fya-da-as-ti, «Villeneuve, Neapolis.» Cf. Corpus inscriptionum semiticarum, Paris, 1881,part, i, t. i, p. 25-26. Hadassa fait partie du deuxièmegroupe des cités de «la plaine» ou de la Sêphélah. Elleest citée entre Sanan et Magdalgad. Cette dernière peutêtre reconnue dans El-Medjdel, à l’est d’Ascalon. C’estdonc dans le voisinage qu’il faudrait chercher la villedont nous parlons. Les explorateurs anglais proposentde l’identifier avec’Ebdis ou’Eddis. Cf. Survey ofWestern Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii,p. 409; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names andplaces in the Old and New Testament, Londres, 1889,p. 76. Si le dernier nom, ’Eddis, est exact, il peut à larigueur convenir. Il est clair, en tout cas, qu’il ne fautpas, comme l’a fait Eusèbe, Onomastica sacra, Gœttingue,1870, p. 220, confondre Hadassa avec F’Aêocaâ(Vulgate: Adarsa, Adazer) des Machabées, située aunord de Jérusalem. I Mach., vii, 40, 45. Voir Adarsa,t. i, col. 213. Les Talmuds, Mischna, Erubin, v, 0,parlent d’une localité de Juda, HadaSah, qui ne renfermaitque cinquante maisons. Cf. A. Neubauer, La géographiedu Talmud, Paris, 1868, p. 98. Reland, Palsestina,Utrecht, 1714, pense qu’il s’agit de celle de Josué.

A. Legendre.

    1. HADÈS##

HADÈS ("<xc8ï)ç, 88 «15), séjour des morts. Les Septantoont ordinairement rendu par ce mot le terme hébreuse’ôl. Voir Enfer, . t. ii, col. 1793. Les écrivains du NouveauTestament ont fait de même. Luc, xvi, 23; Act., if,27, 31; Matth., xvi, 18; I Cor., xv, 55; Apoc, i, 18; vi,8; xx, 13, 14. Ils l’ont employé dans un sens métaphorique.Matth., xi, 23; Luc, x, 15. Le mot SSric se lit aussidans les livres et parties deutérocanoniques de l’AncienTestament. Tob., iii, 10; iv, 19; xiii, 2; Sap., i, 14; ir,1; xvi, 13; xvii, 14; Eccli., ix, 12; xiv, 12, 16; xvii, 27;xxi, 10; xxvilij 21; xli, 4; xlviii, 5; li, 5-6; Baruch, ir,17; iii, 11, 19; Dan., iii, 88; II Mach., vi, 23. La Vulgatea traduit Se’ôl et &81)i; par infemius, inferi, inferus. VoirEnfer et Scheôl.’HADID (hébreu: Hàdîd; Septante: AoSaSf; CodexVaticanus: AU, ’ÂpwB; Codex Alexandrinus: A68’AUS,

I Esdr., ii, 33; AoSaBéS; Codex Vaticanus: A68, ASià;Codex Alexandrinus: "ASÎ8, II Esdr., vii, 37; ’AStAS,

II Esdr., xi, 34), ville mentionnée entre Lod, l’ancienneLydda, au sud-est de Jaffa, et Ono, Kefr’Ana. I Esdr.,n, 33; II Esdr., vii, 37; XI, 34. C’est la même qu’Adiada,de I Mach., xii, 38. Voir Adiada, t. i, col. 216.

A. Legendre.

    1. HADRACH##

HADRACH (hébreu: Ifadrâk; Septante: 2e8pi-/,Vaticanus: ’A8pi/, variante). Ce nom, ne se rencontran lqu’une seule fois dans la Bible, dans l’oracle de ZacharieIX, 1, contre les nations limitrophes d’Israël, a donnélieu à des interprétations incertaines et contradictoires.Toutefois le texte même de Zacharie, lui donnant commeparallèle Damas, et le faisant suivre au ꝟ. 2 d’Émath,noms de villes de Syrie bien connues, indique suffisammentqu’Hadrach est une appellation géographique,désignant également une localité syrienne, dans le voisinagedes deux précédentes. Si l’on ne trouve plusprésentement dans le voisinage de Damas de localité dece nom (J.-L. Porter, dans Kitto, Biblical Cyclopsedia, .1876, t. ii, p. 190), et quelque valeur qu’on attribue àl’affirmation de R. José reproduite par Iarchi (Calmet,Comment, liitér., Zacharie, ix, 1; Gesenius, Thésaurus,p. 448), il est certain que les Assyriens connaissentet mentionnent, précisément dans les environs deDamas et d’Émath, en Syrie, une terre et une ville dontle nom est transcrit dans les textes cunéiformes: Rala-ri-ka,Ha-ta-ra-ka ou Ra-twak-ka, où l’on ne peutse refuser à reconnaître le nom même d’Hadrach. Uno

liste géographique assyrienne, The cuneifoi m Inscriptions of the Western Asia, t. ii, pl. 53, n. 1, verso,col. b, 1. 35-38, nous donne en effet la série suivante:Damas, Karninï, tfamat, ffatarika; la liste des éponymes assyriens relatant la série chronologique desguerres entreprises par les monarques ninivites, mentionne l’invasion par Salmanasar du pays de I.Iatarikaaprès celui de Damas, aux années 773 et 772; voir aussiaux années 765 et 755 ce même pays envahi par Assurdan-il: Schrader, Keilinschriftèn und Geschichtsforchung, p. 122, 96; et dans Riehm, Handwôrterbuch desbiblisch. Altert., 1884, t. i, p. 551; Schrader-Whitehouse, The cuneiform Insa-iptions and the Old Test.,t. ii, p. 153; Frd. Delitzsch, Wo-lag dos Parodies,p. 279; Schrader, Eponymen Kanon, dans Keilinschriftliche Bibliofek, t.i, p. 210-211. Cette ville et son nom ayantdisparu depuis longtemps, dès l'époque d’Eusèbe et desaint Jérôme on donnait de ce mot une interprétationallégorique, suivant une méthode juive fort usitée, en ledécoupant en syllabes: iii, Jlad, «dur,» et-p, rak, «doux» (cf. miktam, le nom spécifique de certainspsaumes, décomposé en mik, humble, et tam, parfait),deux qualités qu’on appliquait ensuite à la prophétie deZacharie, à la parole de Dieu en général, au Verbe, auMessie, au conquérant de Damas, et même au Tigre età l’Euphrate. S. Jérôme, In Zachar., t. xxv.. col. 1479.D’après Kimchi, R. Juda appliquait ce terme au Messie,doux pour Israël et sévère pour les nations. Kitto, Cyclopsedia, t. ii, p. 190. D’autres enfin y voyaient sans plusde fondement le nom d’un roi Adarézer ou Ador, Gesenius, Thésaurus, p. 449, ou celui d’une idole, la déessephénicienne Dercéto-Atargatis, l’idole babylonienne Sadrak ou Adar, etc. Nous ne connaissons, d’ailleurs, de

cette ville que le nom.

E. Pannier.

    1. HADRIEL##

HADRIEL (hébreu: 'Adrî'êl; Septante, omis dans leCodex Vaticanus, I Reg., xviii, 19; 'EaSpi^X, JI Reg., xxi,8; Y Alexandrinus lit 'EoSpï dans ce dernier endroit et'Iirparii dans le premier), fils de Berzellaï, le Molathite,auquel Saül donna sa fille Mérob, qu’il avait promiseà David. I Reg., xviii, 19. Il naquit de ce mariage cinqfils que David livra plus tard aux Gabaonites. II Reg.,xxi, 9. Dans cet endroit, il est vrai, le kétib porte Mikal, Michol; mais c’est une faute évidente de copiste quecorrige le keri: il faut lire Mêrab, Mérob.

    1. HAENLEIN Heinrich Karl Alexander##


HAENLEIN Heinrich Karl Alexander, théologien évangélique allemand, né à Ansbach le Il juillet 1762, mortà Esslingen le 15 mai 1829. Il professa la théologie àErlangen, remplit des fonctions diverses et devint finalement membre, puis directeur du Consistoire supérieurprotestant à Munich, On a de lui, outre des programmeset des sermons, Dissertatio inauguralis. Observationescriticæ atque exegeticse ad loca quædam Veteris Testamenti, in-8°, Gœttingue, 1788; Handbuph der Einleitung in die Schriften des neuen Testaments, 3 in-8°,Erlangen, 1794; 2e édit., 1802-1809; Lehrbuch der Einleitung in die Schriften des neuen Testaments fur Akademien und Gymnasien, in-8°, Erlangen, 1802; Dissertatio inauguralis. Commentarius in [Epistolam Judse,in-8°, Erlangen, 1796; Epistola Judée grsece commentario critico et annotatione perpétua illustrata, in-8°,Erlangen, 1799; 2e édit., 1804.

HAEVERNICK Heinrich Andréas Christophe exégèteprotestant, né le 29 décembre 1811 à Erôpelin dans leMecklembourg-Schwerin, mort à Kônigsberg le 19 juillet 1845. Après avoir étudié au Gymnasium Fridericianum, d’Ostern, il suivit Michaëlis à l’universitéde Leipzig en 1827, puis à celle de Halle en 1828 où ilse livra à l'étude de l’Ancien Testament et des languessémitiques. Il alla ensuite à Berlin où, en 1832, il s’attachaétroitement à Hengstenberg, dont il suit ordinairement

les principes d’exégèse. Après avoir enseigné à Genève,à Rostock, il devint professeur à Kônigsberg en 1840.Ses travaux exégétiques sont: Commentar ûber dasBuch Daniel, iri-8°, Hambourg, 1832; Neue kritischeUntersuchungen ûber das Buch Daniel, in-8°, Hambourg, 1838; Handbuch der historisch-kritischen Einleitung in das Alte Testament, part. I et ii, 2 in-8°,Erlangen, 1836-1844; part, iii, achevée par Keil, in-8°,Erlangen, 1849; 2e édit., 1854-1856; Commentar ûberden Propheten Ezechiel, in-8°, Erlangen, 1843; Symboles addefendendam authentiam Vaticinii Jesaise,c. XIII-xiv, 13, in-8°, Regismonti Boruss., 1843; Vorlesungen ûber die Théologie des Alten Testaments,publiées après sa mort par Hahn, in-8°, Erlangen, 18482e édit., par H. Schultz, 1863; on lui doit aussi un certain nombre d’articles de la Cyclopœdia of biblicalLiterature de J. Kitto. Cf. Allgemeine Deutsche Biographie, t. xi, in-8°, Leipzig, 1880, p. 118-119.

E. Levesqoe.HAFENREFFER Mathias, théologien allemand, luthérien, né à Lorch (Wurtemberg), le 24 juin 1561, mortà Tubingue, le 22 octobre 1619. Il fut professeur à Tubingue et à composé les deux ouvrages suivants: Templum Ezechielis, sive in IX postrema prophétie capitacommentarius, nontantum genuinam texlus et expeditam interpretationem, una cum lempli admirandi,Spiritus Sancti cura et studio delineati, architectonicaœneis formis expressa; … facilem insuper de Ebrmorumomnium generum mensuris, ponderibus ac monetis,cum nostratibus comparatam, explicationem complectens, in-f°, Tubingue, 1613; Commentarius inNahum etHabacuc, in-4°, Stuttgart, 1663. —Voir Walch, Biblioth.theologica, t. iv, p. 550, 551, 586, 588; Th. Lansius, Monumentum amiciliee M. Hafenreffero consecratum, in-4°,

Tubingue, 1620.

B. Heurtebize.

    1. HAGAB##

HAGAB (hébreu: IJâgâb; Septante: 'Aycî.6), chefd’une famille de Nathinéens dont les descendants revinrent de la captivité avec Zorobabel. [ Esdr., ii, 46.Dans la liste parallèle, II Esdr., vii, 48, la similitude dece nom avec celui d’Hagaba, l’a fait omettre dansl’hébreu., Le Codex Alexandrinus porte 'Afâê commedans l’autre liste.

    1. HAGABA##

HAGABA (hébreu: ffâgâbâh dans I Esdr., ii, 45, etHâgâbâ' dans II Esdr., vii, 48; Septante: 'AfaSct), chefd’une famille de Nathinéens qui accompagnèrent Zorobabel à son retour de la captivité. I Esdr., ii, 45;vu, 48.

    1. HAGADA##


HAGADA, nom de l’exégèse homilétique chez lesJuifs. Voir Midrasch.

    1. HAGGI##

HAGGI (hébreu: Ifaggî; Septante: 'A-fY'?)» secondfijs de Gad, Gen., xlvi, 16, père de la famille des Haggites. Num., xxvi, 15. Le nom est écrit Aggi par la Vulgate dans ce dernier endroit. Voir Aggi.

    1. HAGGIA##

HAGGIA (hébreu: ffaggiyydh; Septante: 'A|La;Codex Alexandrinus: 'Ayyia), lévite, fils de Sammaaet père d’Asaïa, dans la branche de Mérari. I Par., vi,30 (hébreu, 15).

    1. HAGGITH##

HAGGITH (hébreu: Haggip; Septante: 'AytW;II Reg., iii, 4; 'Ay-fett, III Reg., i, 5, 11, et I Par., III,2; omis dans III Reg., ii, 13, sauf dans le Codex Alexandrinus: oiôç 'Ayçiô), une des femmes de David, la mèred’Adonias, le quatrième fils de David, né à Hébron.II Reg., iii, 4; III Reg., i, 5, 11, ii, 13; I Par., iii, 2. Dansce dernier endroit, l’orthographe du nom, dans la Vulgate, est Aggith. E. Levesque.

    1. HAGIOGRAPHES##


HAGIOGRAPHES, c écrivains sacrés.» On appelle ’ainsi les auteurs des livres qui forment-la troisième divisionde la Bible hébraïque (kefubîm), comprenant lesPsaumes, les Proverbes, Job, le Cantique des Cantiques,Ruth, les Lamentations de Jérémie, , 1’Ecclésiaste, Esther,Daniel, Esdras, Néhémie et les deux livres des Chroniques(Paralipornènes).

    1. HAHN Heinrich August##


HAHN Heinrich August, théologien protestant allemand,né le 19 juin 1821 à Kônigsberg, mort le 1 er décembre1861, était fils d’Auguste Hahn, professeur extraordinairede théologie à Kônigsberg; il suivit son pèreà Leipzig, puis à Breslau, où il commença, à l’universitéde cette ville, ses études théologiques, qu’il acheva à cellede Berlin: il s’appliqua surtout à l’exégèse de l’AncienTestament au point de vue de l’archéologie et de ladoctrine. Sa thèse fut: De spe immortalitalis subVeteri Testamento, gradatim exculta, dissertatio, in-8°,Breslau, 1845. Il donna ensuite: A<xvit|X xotù toù; ’E680|j.TixovTae codice Chisiano post Sagaarium ediditsecundum versionem syriaco-hexaplarem recogn. annot.crit. et philog. illustr., H. A. Hahn, grand in-8°,Leipzig, 1845; Commentar ïiber das Buch Hiob, in-8°,Berlin, 1850; Das hohe Lied von Salomo, ùbersetzt underklàrt, in-8°, Breslau, 1852; Commentar ùber dasPredigerbuch Salomo’s, m-8°, Leipzig, 1860. Il édita, en1848, Hâvernick’s Vorlesungen ùber die Théologie desAlten Testaments, et collabora, avec Frz. Delitzsch,à la il» et m 8 partie du Der Prophet Iesaia de Mor.Drechsler, 2 in-8°, Berlin, 1854-1857. Voir Zimmernian’sAllgemeine Kirchenzeitung, 1862, t. i, p. 401;Allgemeine Deutsche Biographie, Leipzig, t. x, 1879,p. 362. E. Levesque.

HAI (hébreu: Hd-’Ai, avec l’article, Gen., xii, 8, etc.; ’Aî, Jer., xux, 3), nom de deux villes situées, l’une àl’ouest, l’autre à l’est du Jourdain.

1. HAI (hébreu: Hd-’Ai, avec l’article, «le monceau depierres» ou «de ruines», partout, excepté II Esd., xi,31, et Is., x, 28, où l’on trouve’Ayyâh et’Ayydf; Septante: ’Ay-fat, Gen., xii, 8; xiii, 3; Is., x, 28; Ta: ’, Jos.,vu, 2, 5; viii, 1, 2, 3, 9, 12, 14, 17, 18, 21, 23, 25; ix, 3;x, 1, 2; xil, 9; ’A: a, I Esd., Il, 28; Codex Vaticanus;"AXeiâ; Codex Sinaiticus et Cad. Alexandrinus, ’Ai,II Esd., vii, 32; ’Ai’a, Codex Sinaiticus, ’Aéw, II Esd., xi,31; Vulgate: Aiath, Is., x, 28), cité royale chananéenne,Jos., viii, 23, 29; x, 1; xii, 9, existant déjà à l’époqued’Abraham, Gen., xii, 8; xiii, 3, assiégée et prise parJosué, Jos., viii, 1, 2, etc. Josèphe, Ant. jud., V, i, 12,l’appelle "Aïva; édition Dindorf, "Awa.

I. Identification.

L’emplacement d’Haï est nettementindiqué, au moins d’une façon générale, par l’Écriture.La ville se trouvait «à l’orient de Béthel», aujourd’huiBeitin, Gen., xii, 8; Jos., vii, 2; xii, 9; «c près deBéthaven,» Jos., vii, 2; apparemment plus prés deBéthel que de Machmas, Mukhmas, I Esdr., II, 28; Il Esdr.,vu, 32; au nord de cette dernière. Is., x, 28. Elle avaitau nord une vallée, Jos., viii, 11, et à l’ouest un terrainpropice aux embûches, où 5000 hommes pouvaient secacher. Jos., viii, 12. C’est donc entre Béthel, Machmaset le désert de Béthaven qu’il la faut chercher. Voir lacarte de Benjamin, t. i, col. 1588. Malheureusement, elleest insaisissable comme le feu-follet, dit un auteur anglais.Voici les quatre hypothèses principales. — 1° V.Guérin, Judée, t. iii, p. 59, l’identifie avec Khirbet el-Kudéiréh,au sud-est de Beitin. «Près de Béthel, dit-il,dans la direction de l’est, aucune autre ruine n’égale enimportance le Khirbet el-Kudéiréh. Si le village actuelde Deir Diudn, situé plus au nord et à l’est-sud-est„ de Beitin, répond mieux à la position que la Bibleassigne à’Aï; d’un autre côté, d’après les traditions conservéesdans le pays, Deir Diudn a été construit avecles débris à’El-Kudéiréh, et c’est un village relativement moderne, tandis que El-Kudéiréh présente tous lescaractères d’une cité antique rasée, mais dont la nécropole,les citernes et les birket prouvent la primitivegrandeur.» Robinson, Biblical Reseàrches in Palestine,Londres, 1856, t. i, p. 575, semble indiquer le mêmeemplacement. — 2° D’autres ont cru le retrouver unpeu plus au nord, sur une colline escarpée appelée Tellel-Hadjâr, «la colline des pierres,» à cause d’un amasdç pierres informes de petites dimensions, qui en couronnentle plateau supérieur et sont les restes d’habitationsdétruites de fond en comble. Suivant certainsvoyageurs, le vrai nom serait plutôt simplement Et-Tell,qui représenterait ainsi exactement le mot dont se sertl’Écriture, lorsqu’elle dit que «Josué brûla la ville eten fit un Tumulus» (hébreu: fêl) ou «monceau» éternel.Jos., viii, 28. Par ailleurs, le site correspondraitparfaitement à toutes les données topographiques de laBible: la proximité de Béthel, une vallée au nord, et,à l’ouest, une pointe rocheuse, appelée Burdjmus, coupantla vue de ce côté, et pouvant cacher une troupe.Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement,Londres, 1874, p. 62. Telle est l’opinion de Van de Velde,Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha,1858, p. 282; Reise durch Synen und Palâstina,Leipzig, 1855, t. ii, p. 251; de Ch. Wilson, dans leSurvey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 18811883, t. ii, p. 372. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 56, objecteque Tell el-Hadjar n’offre pas les ruines d’une villevéritable: ce sont les restes d’un simple village, composéd’un petit nombre de maisons, et qui n’a jamais dûrenfermer même la dixième partie de la population quela Bible attribue à Haï. La proximité de Béthel semble àd’autres un inconvénient. Ils se demandent commentles 5000 hommes purent se cacher à si peu de distancede la ville, sans que les habitants s’en aperçussent. Ilest probable, en effet, que, s’ils avaient vu ce mouvement,ils ne se seraient pas tous lancés à la poursuitedes Israélites, en laissant leur propre cité à la mercid’un coup de main. Jos., viii, 17. Cf. Palestine Explor.Fund, Quart. St., 1878, p. 75. — 3° Il existe au sud-estd’Et-Tell, entre Deir Diudn et Khirbet el-Kudéiréh, unendroit dont le nom, suivant certains auteurs, répondraitsuffisamment à l’antique dénomination, Hd-’Ai.C’est Khirbet Haiydn. Ce nom rappelle 1’'Aiva de Josèphe,Ant. jud., V, i, 12, et le site offre, d’après eux,mieux encore qu’Et-Tell, toutes les conditions topographiquesexigées par le récit biblique. C’est l’hypothèseadmise par Conder, Tent Work in Palestine, Londres,1889, p. 253; Palestine Explor. Fund, Quart. St., 1881,p. 254. — 4° On a voulu aussi chercher Haï à Khirbetel-Haiyéh, au sud-est de Mukhmas. Tel est le sentimentde Krafït, Die Topographie Jerusalems, Bonn,1846, p. 9, et de H. Kitchener, Palestine Explor. Fund,Quart. St., 1878, p. 10, 75, 132; Survey of West. Pal.,Memoirs, t. iii, p. 33. Il a été justement, croyons-nous,combattu par V. Guérin, Judée, t. iii, p. 66, et Robinson,Biblical Reseàrches in Palestine, t. iii, p. 288, note 3.Cet endroit est trop loin de Béthel, et d’après Is., x, 28,Haï ou Aiath était plutôt au nord de Machmas. Il suffi!enfin de mentionner l’hypothèse de H. Guest, identifiantHaTavec Rummon, à l’est de Béthel. Cf. Pal. Expl.Fund, Quart. St., 1878, p. 194; Survey of Wëst. Pal.,Mem., t. iii, p. 34. — En somme, s’il est difficile de seprononcer entre les trois premiers points, c’est-à-dire Et-Tell,Khirbet Haiydn et Khirbet el-Kudéireh, ils noussemblent circonscrire le terrain des recherches.

II. Histoire.

Haï est mentionnée pour la premièrefois dans l’histoire d’Abraham, qui dressa sa tente et unautel sur une colline située entre Béthel à l’ouest et Haïà l’est, Gen., xii, 8, où il revint à son retour d’Egypte.Gen., xiii, 3. Elle est célèbre surtout par la conquêtequ’en firent les Israélites dès leur entrée dans la TerrePromise. Maîtres de Jéricho, il leur fallait maintenant

pénétrer au cœur de la contrée, dans l’intérieur du massifmontagneux. L’heure était critique, semblable à celleoù ils avaient tenté d’aborder le pays de Chanaan par lesud, et où ils avaient été repoussés dans le désert. Num.,Xiv, 45. Comme alors, Josué envoya donc des explorateurspour examiner le site et l’importance de la ville.Jos-, vii, 2. Ceux-ci revinrent en disant que deux outrois mille hommes suffiraient pour s’en emparer. Troismille hommes s’avancèrent en armes; mais ils lâchèrentpied aussitôt devant les habitanls de la place, qui entuèrent Un certain nombre, ꝟ. 3-5. josué apprit que cetéchecétàit un chàtimentcéleste, parce qu’on avait dérobéquelque chose de l’ànathème de Jéricho. Après avoir recherchéet puni les coupables, il entreprit une nouvelleattaque contre Haï. Plaçant cinq mille hommes en embuscadeà l’occident de la ville, il alla se poster du cotédu nord avec le reste de ses troupes. Par une tactiquecommune dans ces temps-là, il simula une fuite à lapremière sortie des assiégés, pour les attirer loin deleurs remparts. Ceux-ci, en effet, le poursuivirent, laissantla ville sans défense. Mais, à un signal donné, ledétachement caché à l’ouest envahit la place désertée etla livra aux flammes. En même temps, l’armée desHébreux se retournait contre les habitants d’Haï. Prisbientôt par devant et par derrière, ceux-ci furent complètementexterminés. Leur roi fut pendu à un gibet:le soir, au coucher du soleil, son cadavre fut descendu «t jeté à l’entrée de la ville, et l’on amassa dessus unmonceau de pierres. Jos., viii, 1-29; ix, 3; x, 1, 2; xii,9. Haï, détruite par Josué, fut néanmoins rebâtie pluslard, car Isaïe, x, 28, décrivant la marche des Assyrienssur Jérusalem, signale Aiath, qui, d’après le contexte,semble bien être la même ville. Elle fut, avec Béthel,réhabitée au retour de la captivité. I Esdr., ii, 28; II Esdr.,vu, 32; xi, 31. À l’époque d’Eusèbe et de saint Jérôme,qui^par erreur ou par une faute de copiste, la placent àl’ouest de Béthel, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870,p. 83, 209, elle, était déserte, et l’on ne montrait plusque quelques ruines sur l’emplacement qu’elle avait

occupé.

A. Legendre.

2. HAI (hébreu: ’Ai; Septante: Tac; omis par leCodex Vaticanus), ville dont il est question dans Jer.,xlix, 3. «Hurle, Hésébon, dit-il, parce que Haï a étédévastée.» Hésébon est aujourd’hui Hesbân, à l’est dela mer Morte. Il s’agit donc d’une cité voisine, et d’unecité importante, qui vient de tomber au pouvoir de l’ennemi.Yoilà pourquoi l’autre doit craindre le même sort.On ne saurait penser ici à la ville chananéenne prise etdétruite par Josué, viii, 2, etc., rebâtie plus tard etmentionnée dans Isaïe, x, 28. Voir Haï 1. Il est plutôtquestion d’une localité des Ammonites, restée complètementinconnue. Malgré l’obscurité du nom, il vautmieux le prendre pour un nom propre que de chercherà le transformer en un substantif commun applicable àRabbathvmmon. Cf. liei, Der ProphetJeremia, Leipzig,1872, p. 479; J. Knabenbauer, Commentarius in Jeremiam,

Paris, 1889, p. 542.

A. Legendre.

HAIE (hébreu: meSûkàh, de Sûk, «entourer;» Septante:çpaYiiôç; Vulgate: sepes), barrière, ordinairementformée d’épines, destinée à clore un terrain ou àfermer Un passage. Les verbes Sûk, sûg, sâkak, gâbal,iteptçpâffiretv, çpiaireiv, sepire, signifient «établir unehaie». La clôture est souvent faite en pierres. VoirMur. Dans plusieurs passages, les versions rendent par «haie» des mots qui en hébreu ont le sens de «mur».Ps. lxxxviii, 41; Eccle., x, 8; Jer., xux, 3; Nah., iii,17, etc. — Moïse eut à établir une haie pour empêcherle peuple d’approcher du Sinaï.’Exod., xrx, 23. On mettaitdes haies d’épines autour des vignes pour empêcherles passants et surtout les animaux d’y entrer. Is., v, 2,5j Hatth., xxr, 33; Marc, xii, 1. Sans haie, une propriété élait au pillage. Eccli., xxxvi, 27. Aussi les cheminsétaient-ils souvent bordés de haies, pour empêcherl’accès des cultures. Luc, xiv, 23. L’épouse du Cantique,vu, 3, est comparée à un monceau de fromententouré d’une haie de lis, image gracieuse de la fécon^dite unie à la beauté et à la pureté. — Au figuré, la haiesymbolise la protection divine qui entoure Job et sesbiens, Job, i, 10, et la puissance de Dieu qui arrête lamer à sa limite. Job, xxxviii, 8. La haie d’épine quiempêche de passer figure les obstacles par lesquels Dieuentend mettre fin aux débordements d’Israël. Os., ii, 8.Le chemin du paresseux est comme une haie d’épines,Prov., xv, 19, parce que le paresseux trouve difficultéà tout. Mettre à ses oreilles une haie d’épines, Eccli.,xxviii, 28, c’est prendre ses garanties contre les mauvaiseslangues. — Les docteurs pharisiens finirent par donnerforce de loi à Une foule de pratiques qu’ils avaientajoutées aux prescriptions de Moïse. Josèphe, Ant. jud.,X11I, x, 6. Ces pratiques formaient d’après eux une «haie à }a loi», c’est-à-dire une sauvegarde contre satransgression. Dans la Mischna, Pirke aboth, 1, 2, il estdit: «Soyez circonspects dans le jugement, formez beaucoupde disciples, faites une haie à la loi.» Notre-Seigneureut souvent à renverser cette haie, composée enpartie de prescriptions puériles, abusives ou impraticables.

H. Lesêtre.

    1. HAINE##

HAINE (hébreu: èdnê’; Septante: fu<rêw). Le sentimentd’aversion que ce mot signifie a pour objet, dansl’Écriture, tantôt le mal et les méchants, tantôt le bienet les justes. Dans la première de ces acceptions, il estdit que Dieu hait toute pensée ou œuvre de péché. Sap.,xiv, 9; Eccli., xii, 3, 7. Dans le même sens, les justesont la haine de l’iniquité, Ps. cxviii, 113, 138; cxxxviii,22; les disciples de Jésus haïssent le monde et sesconvoitises. I Joa., ii, 15, 16; cf. v, 19. De’son côté, lemonde, c’est-à-dire les méchants, hait les disciples deJésus-Christ, Matth., x, 22; xxiv, 9, 10; Marc, xiii, 13;Luc, xxi, 17; Joa., xvii, 14, comme il hait Jésus-Christlui-même. Joa., xv, 18-25. La haine des hommes entreeux est un péché et une source de toutes sortes de péchés.Prov., x, 12. Aussi, vàut-il mieux être pauvre avecla charité; que riche avec la haine au cœur. Prov., xv,17. Si la loi ancienne tolérait qu’à la haine on réponditpar la haine, Jésus-Christ demande à ses disciples derépondre à la haine par l’amour; il donne-cette différencecomme l’un des traits caractéristiques de la loi évangélique.Matth., v, 43. Déjà pourtant, dans la loi mosaïque,la haine, quand elle s’ajoutait au crime, était regardée.comme une circonstance aggravante, et il en était tenucompte, dans l’appréciation du tort fait au prochain.Num., xxxv, 20-22; Deut., xrx, 4-6, M.

C’est un hébraïsme assez fréquent dans l’Écriture que_l’emploi du mot haine dans le sens d’un moindre amourpar exemple: «J’aime Jacob, et je hais Ésaû,» pour «Je préfère Jacob à Ésaù.» Gen., xxix, 30; Mal., i,2, 3; Rom., ix, 13. Cf. Gen., xxv, 23; xxvir, 27-29, 37-40.De même, Deut., xxr, 15, où l’épouse «aimée», c’est-à-direpréférée, est opposée à l’épouse «haïe», c’est-à» dire moins aimée. Cf. Deut., xxi, 16. Il est dit dans lemême sens que le père qui ne châtie pas son enfant lehait, Prov., xiii, 24; que celui qui hait sa vie en cemonde la sauvera dans l’autre, Joa., xii, 25, et que celuiqui prétend servir deux maîtres en même temps haïrasûrement l’un d’eux. Matth., vi, 24; Luc, xvi, 13. Au contraire,lé terme privatif «ne pas haïr» est pris quelquefoispour désigner un amour de prédilection. C’est ainsique saint Paul montre aux Éphésiens le grand amourde Jésus-Christ pour son Église, par cette considérationque l’Église est son corps et que personne «ne hait» son propre corps. Eph., v, 29. P. Renard.

HALA (hébreu: ffâlab; Septante: ’AXai, ’E)Xal, IV

Reg., xvii, 6; xviii.ll, — et hébreu: Hélah; Septante:XoXôx; Vulgate: Lahela, I Par., v, 26), localité dépendantede l’Assyrie, où furent déportés les Israélites,d’abord par Théglathphalasar III, vainqueur des tribustransjordaniennes Rùben, Gad et Manassé, puis par ledestructeur de Samarie, Salmanasar ou Sargon, aprèsla chute du royaume d’Israël. La forme de la VulgateLahela ne diffère de l’hébreu IJelah que parce qu’on aomis d’en séparer le lamed ou préposition «à, vers».Cette localité est distincte de Chalé, l’une. des capitalesde l’Assyrie, mentionnée dans la Genèse, x, 11; l’hébreu,suivant très exactement l’orthographe des textes cunéiformes,en donnant un kaf, d, à la capitale assyrienneet un heth, ii, au lieu de la déportation des Israélites,ne permet pas de les confondre, comme avaient faitanciennement entre autres Bochart, Phaleg, Francfort,1681, t. i, p. 220, et Calmet, Dissertation sur le pays oùles tribus d’Israël furent transportées, Comment, desParalipomènes, 1721, p. xxxi; Ewald, Geschichte desVolkes Israël, 1866, t. iii, p. 658. Hala doit être la villenommée par les Assyriens Ifa-lah-hu, qu’une table géographiquecunéiforme mentionne à côté de Ra-tsap-pa= Réseph, et non loin de Gu-za-na = Gozan et Na-tsibi-na= Nisibe, toutes localités de la Mésopotamie septentrionaledépendantes de l’Euphrate. The CuneiformInscriptions of the Western Asia, t. ii, pl. Lin, 1. 3643. La Bible nous maintient dans la même région, engroupant ensemble, aux deux passages indiqués, Hala,Gozan et le Haborï Voir ces noms. Plus tard Ptoléméeplace également sur la rive orientale du haut EuphrateChalcitis et la Gauzanitide, où l’on ne peut méconnaîtreles noms Halah et Gozan. Actuellement, le nomde Hala paraît conservé sous la formjî Gla ou Kalah,donnée par les Arabes à des monceaux de ruines prèsde la source du Khabour, affluent de la rive gauche del’Euphrate. — Winckler, À Ittestamentliche Untersuchungen,p. 108-110; Maspero, Histoire ancienne de l’Orient,1899, t. iii, p. 216, note, supposent une altération dutexte hébreu et une confusion du beth, a, et du l.ieth, ii,de sorte qu’ils lisent, au lieu de Hala, Balikh, nom d’unaffluent oriental de l’Euphrate. Mais rien n’oblige àrecourir à cette hypothèse; le lieu de déportation desIsraélites n’en est pas d’ailleurs notablement changé.Les textes anciens ne nous apprennent rien d’autre surHala. Voir Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtforschungen,p. 167, note; Schrader-Whitehouse, TheCuneif. Inscript, and the Old Test., t. i, p. 268; Vigouroux,La Bible et les découvertes modernes, 5e édit.,t. iii, p. 561; G. Rawlinson, The five great monarchies,

1879, t. i, p. 196.

E. Pannier.

    1. HALAA##

HALAA (hébreu: Hel’âh; Septante: 'Ao>6a; CodexAlexandrinus: ’AXai), première femme d’Assur, fondateurde Thécué. I Par., iv, 5, 7. Au ꝟ. 7, on lui donnepour fils Séreth, Isaar et Ethuan.

    1. HALAKA##


HALAKA, nom de l’exégèse légale chez les Juifs. Voir

MlDRi-SCH.

    1. HALCATH##

HALCATH (hébreu: Hélqat; Septante: CodexValicanus: ’EXexéÔ; Codex Alexandrinui: XeXxâfc, Jos.,xix, 25; Cod. Val.: XeXkôt; Cod. Alex.; QeXxâô, Jos.,xxi, 31; Vulgate: Halcath, Jos., xix, 25; Helcath, Jos.,xxi, 31), ville de la tribu d’Aser, Jos., xix, 25, assignée,avec ses faubourgs, aux lévites, fils de Gerson. Jos.,xxi, 31. Dans la liste parallèle des cités lévitiques, IPar.,VI, 75 (hébreu, 60), elle est appelée Hûqôq, Septante:Cod. Vat.: ’Ixàx; Cod. Alex.: ’Iaxax; Vulgate: Hucac.C’est la première localité dont Josué, xix, 25, se sert„ pour déterminer les limites de la tribu. Elle semble.bien, d’après l’énumération, appartenir au centre de latribu. Voir Asek 3, et la carte, 1. 1, col. 1084. R. J. Schwarz,-Dca heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 152,

l’identifie avec Yerka, au nord-est d’Akka ou Saint-Jeand’Acre. On peut voir, en effet, une certaine analogieentre l’hébreu nj’in, Hélqat, et l’arabe l^>, Yerka,

bien que le changement de heth initial en yo soit difficileà expliquer. On peut au moins, avec V. Guérin,Galilée, t. ii, p. 16, et d’autres, regarder cette assimilationcomme très probable. Yerka est un village assissur le sommet d’une colline qui a 324 mètres d’altitudeIl Venferme une population de 850 Druses. Dans laconstruction de beaucoup de maisons, on a employé unassez grand nombre de belles pierres de taille d’apparenceantique. On remarque aussi çà et là plusieurs fûtsde colonnes monolithes brisées, provenant d’un édificetotalement détruit, peut-être une synagogue, à laquelleavait pu succéder une église chrétienne. Une centainede citernes creusées dans le roc, dont une moitié estactuellement hors d’usage et dont l’autre sert encore auxbesoins des habitants, révèlent également l’existence,en cet endroit, d’une ancienne localité de quelque importance.Du point culminant de la colline, le regardembrasse une assez vaste étendue de mer et toute laplaine de Saint-Jean d’Acre. À l’est des habitations, s’étendun plateau où un grand réservoir antique, en partieconstruit avec des pierres de dimension moyenne maisrégulière, et en partie creusé dans le roc, recueille leseaux pluviales. À côté, croissent dans des vergers desabricotiers, des mûriers, des figuiers et du tabac.

A. Legendhe.

    1. HALEINE##

HALEINE (hébreu: hébél, et plus rarement néfés,Job, xli, 12; neSâmâh, rûah; Septante: 7tv$0(ia, tcvoti;Vulgate: halitus, flatus, aura, spiritus, spiraculum),air qui sort des poumons et qui s’échappe par labouche, soit sous forme d’haleine proprement dite, parle jeu naturel de la respiration, soit sous forme desouffle, quand cet air est expulsé vivement à travers uneétroite ouverture formée par les lèvres.

Au sens propre.

Job, xix, 17, dit que son haleine,

rûah, cause du dégoût à sa femme. Son haleineest en effet devenue fétide par suite de l’éléphantiasisdont lui-même est atteint. L’haleine, ne’/e’S, du crocodileenflamme des charbons, Job, xli, 12, c’est-à-dire paraitenflammée sous les rayons du soleil.

Au sens figuré.

Les deux mots hébél, de hâbal, «respirer,» et neëâmdh ne sont employés que dans ce

sens. — 1. L’haleine de Dieu, c’est-à-dire le vent, produitla glace. Job, xxxvii, 10. L’haleine de Dieu, c’est-à-direson souffle créateur et tout-puissant, a formé l’arméedu ciel, les étoiles, Ps. xxxiii (xxxii), 6; donne lavie et la sagesse, Job, xxxii, 8; xxxiii, 4; fait périr lesméchants, Is., xi, 4, et est l’expression de la colère divine.Job, iv, 9; Ps. xviii, 16; Is., xxx, 33; lvii, 13. —2. L’haleine est un souffle léger qui sert à symboliserles choses périssables ou méprisables, la vie de l’homme,Job, vii, 7, 16; Ps. xxxix (xxxviii), 6, 12; lxxvih(lxxvii), 39; cxliv, 4; les usages et la science deshommes, Jer., x, 3, 8; les trésors mal acquis, Prov.,xxi, 6; les richesses, Prov., xiii, 11; la beauté, Prov.,xxxi, 30, et en général toutes les choses de ce mondepassager. Vingt fois l’Ecclésiaste emploie le mot hébél,que les versions traduisent par [laTaii-riiç, (lâ-raiov,(làraia, vanitas, vanum, vana, pour qualifier les soucisque s’imposent les hommes. Eccle., i, 2, 14; ii, 11, 17,19, 20, 26; iii, 19; iv, 4, 7, 8; v, 9; vi, 2, 9, 11; vii, 16;vin, 10; ix, 9; xi, 10; xli, 8. — Enfin le même mothébél sert à désigner les idoles, qui sont les choses futileset méprisables par excellence. Deut., xxxii, 21;(II Reg-, xvi, 13; IV Reg., xvii, 15; Jer., ii, 5; xiv, 22.

H. Lesêtre.

    1. HALGRIN##


HALGRIN, cardinal français appelé aussi Alégrin.Voir Algkis, t. 1, col. 342.

    1. HALHUL##

HALHUL (hébreu: Halhûl; Septante: Codex Vati

canus: ’Alouà; Codex Alœeandrinus: ’A), oû).), ville dela tribu de Juda, mentionnée une seule fois dans laBible. Jos., xv, 58. Elle fait partie du quatrième groupedes cités de «la montagne», groupe dont presque toutesles localités sont parfaitement identifiées: Bessur (hébreu:Béf-Sûr) = Beit Sûr, à sept.kilomètres au nordd’Hébron; Gédor = Khirbet Djedûr, plus au nord;Béthanoth = Bêit Ainûn, au nord-est. Voir la carte dela tribu de Juda. C’est donc aux environs d’El-Khalîlqu’il faut chercher Halhul, et nous y trouvons précisément,un peu au sud-est de Beit-Sûr, un village dont lenom ( JLs’**", Uall, iûl, reproduit avec une remarquableexactitude l’ancienne dénomination hébraïque, bmbrt,

Jfalhûi. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigenPalâstina, dans la Zeitschrift des Palàstina-Vereins,t. xvi, 1893, p. 39. Cet emplacement, conforme aux donnéesde l’Écriture, ne l’est pas moins à celles de la tradition.Saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 119,identifie Elul de la tribu de Juda avec une localité nomméeAlula, près d’Hébron. Babbi Ishak Chelo, qui serendit en Palestine en 1333, écrit dans Les Cheminsde Jérusalem: «De là (de Téko’a, l’ancienne Thécué,aujourd’hui Khirbet Teqiïa), on va à Halhul, endroitmentionné par Josué. Il y a ici un certain nombre de Juifsqui vous conduisent vers un ancien monument sépulcral,attribué à Gad le voyant.» Cf. E. Carmoly, Itinérairesde la Terre Sainte, Bruxelles, 1847, p. 242. Lamention de ce tombeau se rencontre également dans leJichus ha-Tsadikim et le Jichus ha-Abot. Cf. Carmoly,ouv. cit., p. 388, 435. L’Écriture ne nous dit rien sur lelieu de la naissance, de la mort et de la sépulture duprophète. Halhul est «un village de sept cents habitants,situé sur le sommet d’une colline. Un certainnombre de maisons sont bâties avec des matériaux antiques.Plusieurs tombeaux creusés dans le roc datentégalement de l’époque judaïque. Les habitants s’approvisionnentd’eau à une source située au-dessous duvillage, vers le sud, et appelée’Ain Ayx’ib, «source «de Job.» À une faible distance des maisons, s’élève, surun plateau, une mosquée vénérée sous le nom âeDjama’Néby Y unes, «mosquée du prophète Jonas.» Les mursde cet édifice ont été construits en partie avec des blocsantiques». V. Guérin, Judée, t. iii, p. 284. Cf. Surveyof Western Palestine, Metnoirs, Londres, 1881-1883,

t. iii, p. 329.

A. Legendre.

HAL1CARNASSE (grec: "AXtxâpvairo-oc; Vulgate:Alicarnassus), ville d’Asie Mineure, capitale de la Carie(fîg. 95). Halicarnasse est nommée. dans I Mach., xv, 23,parmi les villes auxquelles le consul Lucius envoya lalettre dans laquelle il annonçait l’alliance conclue entre laRépublique romaine et le grand-prêtre Simon. Il y avaità Halicarnasse une population juive à laquelle plus tardles Romains permirent de bâtir des lieux de prières prèsde la mer, suivant leurs usages nationaux. Josèphe,Ant. jitd., XIV, x, 23. Halicarnasse était une colonie deTrœzène, ville d’Argolide; elle fît partie de l’hexapoledorique. Hérodote, vil, 96; Strabon, XIV, II, 16; Pausanias,II, xxx, 8. Elle était située sur la côte du golfeCéramique (fig. 96). Plusieurs citadelles, placées surle sommet des rochers, la protégeaient du côté du nord.Arrien, Anab., i, 23. Les Perses, lorsqu’ils soumireDttoute la côte d’Asie, établirent à Halicarnasse des tyransqui devinrent maîtres de toute la Carie. Une des reinesde Carie, Artémise, figura avec ses vaisseaux dans la flottede Xerxès à Salamine. C’est aussi à Halicarnasse qu’uneautre Artémise éleva, en mémoire de son mari Mausole,le fameux tombeau qui était compté parmi les sept merveillesdu monde. Halicarnasse resta fidèle aux Perses etse djfendit avec énergie contre Alexandre le Grand quila détruisit par le feu après un long siège. Arrien, Anab.,l) 23; St.abon, XIV, ii, 17. Là ville rebâtie plus tard ne

recouvra jamais son ancienne splendeur. Aujourd’huion a peine à distinguer les traces des murailles antiques.Ce qui reste du mausolée a été transporté au BritishMuséum, à Londres. La ville qui occupe actuellement

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95. — Monnaie d’Halicarnasse de Carie.

    1. AAIKAPNAE##


AAIKAPNAE. Buste de Pallas, à droite.— fy Tête d’Hélios

(le soleil) de face.

l’emplacement d’Halicarnasse s’appelle Budrum (fîg. 96).

— Voir C. T. Newton, À history of discoveries at Halicarnassus,Cnidus and Branchidx, 2 in-8°, avec atlas,Londres, 1862-1863; 0. Benndorf et G. Niemann, Reisenin Lykien und Karien, in-f°, Vienne, 1884, p. 11-12.

E. Beurlier.

    1. HALLEL##

HALLEL (V ?n, hallêl, «louange» ), nom donné au

groupe des Ps. cxiii-cxviii (hébreu) que les Juifsavaient la coutume de réciter aux trois grandes fêtes(Pâques, Pentecôte et Tabernacles), à la fête de la Dédicacedu Temple et aux néoménies ou premier jour dumois. Ces Psaumes sont ainsi appelés parce qu’ils sontdes Psaumes de «louange» et parce que le Ps. cxii(hébreu) commence par halelu-Yâh pu Alléluia (voir 1. 1,col. 369). On distingue «Vhallêl égyptien» et «le grandhallel». Le premier est ainsi appelé parce qu’on lechantait dans le Temple pendant l’immolation de l’agneaupascal qui rappelait la délivrance de la servitude d’Egypte.Le «grand hallel» s’entend du groupe des Ps. cxxcxxxvi(hébreu) et spécialement du Ps. cxxxvi où l’onrépète vingt-six fois le refrain: «car ta miséricorde estéternelle.» — Vhallêl égyptien était chanté dans leTemple dix-huit fois dans l’année aux fêtes mentionnéesplus haut. À Babylone, on le chantait aussi en partie,au moins depuis le second siècle de notre ère, auxnéoménies. Taanith, 28 a. On le chantait enfin en particulierdans les familles pour la célébration de la Pâque,le premier soir de la fête, en le divisant en deux parties,La première partie, Ps. cxiii et cxiv (hébreu), étaitchantée pendant qu’on buvait la seconde coupe (voir Cène,t. ii, col. 414), et la seconde, Ps. cxv et cxvi, pendantqu’on buvait la quatrième et dernière coupe réglementaire.Ceux qui désiraient prendre en plus une cinquièmecoupe récitaient en la prenant le grand hallêl, qui servaitaussi à remercieT Dieu dans les circonstances de grandesréjouissances. Mischna, Taanith, iii, 9. — Il est impossiblede déterminer à quelle’époque précise l’usage deVhallêl s’introduisit dans le service liturgique. Les rabbinsl’ont fait remonter sans preuves à une haute antiquité.Pesachim, 117 a. On peut conclure de II Par.,xxxv, 15, que du temps du roi Josias on avait déjà l’habitudede le chanter pendant l’immolation de l’agneau,pascal. Cf. aussi, pour l’époque d’Ézéchias, II Par., xxx,21, spécialement dans la traduction des Septante: xotOu(ivoOvTeç. — Le livre de la Sagesse, xvii, 9, parle expressémentsous le nom de at’vou;, laudes, de Vhallêl chantépendant la célébration de la Pâque. — Les évangiles,le mentionnent également à propos de la dernière Pâquede Notre-Seigneur: ù|ivin<TavTe;, hymno dicto. Matth.,xxvi, 30; Marc, xiv, 26. Cet «hymne» est la secondepartiedu hallêl. Voir Alléluia, t. i, col. 370; Chr. Ginsburg,dans Kitto, Cyçlopœdia of Biblical Literature, t. ii,1864, p. 280; Frz. Delitzsch, Die Psalmen, 4e édit., 1883,.p. 735. <’'

HAM. Le mot hébreu Hâm, Gen., xiv, 5, désigne probablementune localité située à l’est du Jourdain ou dela mer Morte. L’auteur sacré, racontant l’expédition de:

Chodorlahomor et de ses alliés, dit qu' «ils frappèrentles Raphaïm à Astarothcarnaïm et les Zuzim à Hâm,et les Émim à Savé-Cariathaïm». Le texte massorétiqueporte, en effet, à propos des Zuzim, ons, be-Hàm,comme il porte pour les autres peuples vaincus: 6e’Asferôt Qarnaîm et be-Sdvêh Qiryâtâîm. Il y a ainsirégularité dans la phrase, avec indication du lieu où futdéfaite la seconde de ces tribus. Cette régularité, au contraire, est brisée par les Septante et la Vulgate, qui ontvu dans 3, b, une préposition, et dans nn, hm, le pronom suffixe, et, lisant ans, bâ-hém, ont traduit parâp.a ccÙtoîç et cum eis, «avec eux,» ç'est-à-dire avec lesRaphaïm. Cependant, saint Jérôme dans son livre Reb.

p. 173; Frz. Delitzsch, Die Genesis, Leipzig, 1887,p. 265; A. Dillmann, Die Genesis, Leipzig, 1892, p. 239.Il est difficile de faire ici autre chose que des hypothèses

plus ou moins plausibles.

A. Legendre.

    1. HAMATHÉEN##

HAMATHÉEN (hébreu: ha-hâmâti), habitant de Hamath, ville que la Vulgite appelle Émath. I Par., i, 16.Notre version latine a orthographié ce mot Amathœus,dans Ja Genèse, x, 18. Voir Amathéen, t. i, col. 447, etÉMA.TH, t. ii, col. 1715.

    1. HAMBURGENSIS (CODEX)##


HAMBURGENSIS (CODEX). Le manuscrit grecdésigné par le sigle M dans l’appareil critique des

S6. — Vue d’Halicarnasse. D’après Newton, À history of discoveries at Halicarnassm. Frontispice.

Qussst, in Genesim, t. xxiir, col. 959, fait remarquercette méprise de la version grecque, et, s’appuyant surdes manuscrits où le nom était écrit avec un ii, heth,au lieu d’un ii, hé, le regarde comme un nom de lieu, «àHom.» Le Pentateuque samaritain appuie cette leçon;mais les manuscrits hébreux collationnés par B. Kennicott et B. de Rossi maintiennent le hé, bien que cettelettre soit souvent difficile à distinguer du heth. Cf. B. deRossi, Varias lectiones Veteris Testamenti, Parme, 1784,t.l, p. 14. La paraphrase chaldaïque porte Nrran, Hémtâ'.Reste la difficulté de savoir où se trouvait Hâm.R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main,1352, p. 173, la place dans le pays de Moab et l’identifieavec le bourg actuel d'Ô Humeimat, à une demi-heured’Er-Rabbah. Voir aussi G. Kampffmeyer, Alte Namenini heutigen Palàslina und Syrien, dans la Zeitschriftdes Deulschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893,p. 38. D’autres y voient la ville qui devint plus tard laCapitale dès Ammonites, c’est-à-dire Rabbath Ammon,aujourd’hui 'Amman. Cf. Keil, Genesis Leipzig, 1878,

épltres paulines, appartient au Johanneum de Hambourg^Deux feuillets de ce même manuscrit ont été retrouvésdans la reliure du cod. Harleian D. 5643 du BritishMuséum. Af se compose de quatre feuillets en tout, de260 millimètres sur 208, à deux colonnes, de 45 lignes àHambourg, 38 à Londres. L'écriture est onciale, récente, accentuée; on l’attribue au IXe siècle. Les quatrefeuillets ont fourni 196 versets pris à I Cor., II Cor. etHeb.^On désigne M quelquefois sous le nom de Codexruber parce qu’il est écrit à l’encre rouge. Il proviendraitd’Italie, croit-on. Le texte est apparenté «ad optimostestes», dit Gregory. Les feuillets de Hambourg et deLondres ont été édités par Tischendorf dans ses Anecdota sacra, Leipzig, 1855. — Voir Scrivener-Miller, Aplain introduction to the criticism of the New Testament, t. i, Londres, 1894, p. 184, et la planche xii, n. 34,qui donne un facsimile pris aux feuillets de Londres.C. R. Gregory, Prolegomena, Leipzig, 1894, p. 431-433.

P. Batiffol.

HAMDAN (hébreu: ïïémdân; Septante: 'ApaSâ),

fc*.

fils" aîné de Dison, dans la descendance de Séïr l’Horréen.Gen., xxxvi, 26. Dans la liste parallèle de I Par.,I, 41, le nom est en hébreu, ffanvràn; en grec, CodexVaticanus: 'EjjLEpwv; Codex Alexandrinus: 'A|jLa8â;Vulgate: Hamram. Cependant, un certain nombre demanuscrits du texte original portent Uamdân commedans la Genèse. Cf. B. Kennicott, Vêtus Testamentumheb. cum variis lectionibus, Oxford, 1776-1780, t. ii,p. 645; J. B. de Rossi, Variée lectiones Vet. Testamenti,Parme, 1784-1788, t. iv, p. 170; C. Vercellone, Variielectiones Vulgatæ latinx, Rome, 1860, t. i, p. 130. On arapproché ce nom de celui de certaines tribus arabes,Hamâdy, Huméidy, à l’est et au sud-est d’Akabah,Béni Hamidéh, au sud-est de la mer Morte. Cf. Knobel.Die Genesis, Leipzig, 1860, p. 256; Frz. Delitzsch, Die

Genesis, leipzig, 1887, p. 432.

A. Legendre.

    1. HAMEÇON##

HAMEÇON (hébreu: hakkâh; Septante: a-pii<rrpov;Vulgate: hamus), petit crochet de métal qu’on attacheà une corde, qu’on recouvre d’un appât et qu’on jette

i>7. — Pèche à la ligne en Egypte. D’après Wilklr.scn,Manners, 2- édit, t. ii, fig. 371.

dans l’eau pour que le poisson s’y prenne. Le nomhébreu de l’hameçon vient de fyêk, «palais, gorge,» parce que c’est au palais que le poisson est ordinairementsaisi par cet engin. — On jette l’hameçon dans la

98. — Pêche à la ligne en Assyrie. D’après Layard,Monuments of Nirieveh, 1. 1, pl. 39.

mer et, quand le poisson est pris et arrive à fleur d’eau,on le recueille avec le filet de peur que son poids et sesmouvements ne brisent la corde. Habac, i, 15. — Les' égyptiens péchaient à la ligne dans le Nil (fig. 97). Dansune scène de bazar, Lepsius, Denkm., ii, 96, on voit deuxhommes qui débattent le prix d’un paquet d’hameçons(Voirfig. 512, t. il. col. 1555, adroite du registre inférieurde gauche). Dans sa prophétie contre l’Egypte, Isaïe, xix,8, dit que ceux qui jettent l’hameçon dans le fleuve se lamenteront,parce que le fleuve sera desséché. — Le crocodilene pouvait se prendre à l’hameçon comme un

vulgaire poisson. Job, XL, 20. — Sur l’ordre du Seigneur,Pierre jette l’hameçon dans le lac de Tibériade et yprend le poisson qui porte en sa bouche un statère.Matth., rvn, 26. — Amos, iv, 2, dit en parlant de Samarie: «On vous enlèvera avec des harpons, sinnôf, etvotre postérité avec des hameçons, sirôf.» Les harponsconviennent bien pour les grandes personnes et leshameçons pour les enfants. Le mot sirô{ signifié «épines»;il désigne aussi les hameçons, soit parce que ceux-ciavaient la forme d'épines, soit plus probablement parcequ’on fabriquait primitivement des hameçons avec desépines qu’on laissait attachées à la branche et qui, convenablementagencées, formaient un engin parfait. Ontrouve de même dans Ovide, Nux, 115, le mot hamussignifiant «épine de ronce». Le mot sir veut dire aussi «marmite», d’où la traduction fautive des versionsdans ce passage: Xéëexai, ollx. Voir Chaudière, t. ii,col. 628. — À un autre endroit, Eccle., ix, 12, les versionsparlent d’hameçons là où il est question de filets

dans l’hébreu.

H. Lesêtre.

    1. HAM MATH##

HAM MATH (hébreu: Uammaf, Septante: À! [isO;Vulgate: Calor), ancêtre des Réchabites. I Par., iii, 55.

    1. HAMMOTH DOR##

HAMMOTH DOR (hébreu: HammôtDô'r; Vaticanus;NcjjLp.âO; Alexandrinus: 'EfiaôStip), villelévitique et de refuge dans la tribu de Nephthali.Jos., xxi, 32. Dans la liste parallèle de I Far.,vi, 76 (heb., 61) on lit Hamon, hébreu Hamviôn.Les deux mots nsn, IJammôt, et jïEn, IJammôn.

se rattachent à la même racine, hdmam, «être chaud,» et peuvent facilement être confondus. Le Cod. Vaticanus,I Par., vi, 76, a lu Ifammôt, comme le prouveclairement sa traduction Xajjuiô. Ce dernier nom indiquedes «thermes», et peut aussi bien être ponctuénsn, lfammat, comme celui de la ville mentionnée Jos.,

xix, 35, appartenant à la même tribu, et appelée Émathdans la Vulgate. Voilà pourquoi on applique généralementles trois dénominations à une seule et même localitévoisine de Tibériade, Elrljammâm, célèbre par seseaux thermales. El-IJammâm n’est, du reste, on levoit, que l’exacte reproduction de la racine hébraïque.Voir Emath 3, t. ii, col. 1720. D’où vient l’adjonction deDô'r? Il est difficile de le savoir. Remarquons simplementque le Cod. Vaticanus ne la porte pas et supposela leçon ffamniaf; NsjjL|iâô est une faute des copistesgrecs pour Xsjjl[kï8. D’autre part, nous trouvons le motDôr, précédé de nâfaf, Jos., xii, 23; de nâfôf, Jos., xi,2, à propos de^ la ville maritime que représente aujourd’huiTantûrah; de 'en dans 'En-Dôr, ou Endor, Jos.,xvii, 11, au pied du Djebel Dâhy ou Petit-Hermon.Nous aurions ainsi sur trois points différents: «leshauteurs de Dor, la source de Dor, les thermes de Dor.» E. Schrader, Die Keilinschriften und das Aile Testament,Giessen, 1883, p. 172, a cru reconnaître HammolhDor dans une liste géographique des inscriptions assyriennes.Ce n’est pas certain. Cf. Frd. Delitzsch, Volag das Parodies? Leipzig, 1881, p. 278.

A. Legendre.

    1. HAMON##

HAMON (hébreu: Ifammôn; Septante: 'E|ie(j.a<iv,Xafiwv), nom de deux villes de Palestine, l’une appartenantà la tribu d’Aser, l’autre à la tribu de Nephthali.

1. HAMON (hébreu: Blammôn; Septante: Codex Vaticanus:'EjjLejjLotiiv; Codex Alexandrinus: 'Ajjuàv), villede la tribu d’Aser. Jos., xix, 28. Mentionnée entreRohob, aujourd’hui Tell er-Rahib, et Cana, Qdna, ausud-est de Tyr, elle appartenait au nord de la tribu. VoirAser 3 et la carte, t. i, col. 1084. On a voulu la chercherjusqu'à Hammana à l’est de Beyrouth. Cf. Keil, Josua,Leipzig, . 1874, p. 157. C’est beaucoup trop haut; le territoired’Israël ne s'étendait pas si loin. Rohob et Cana,

du reste, nous amènent au sud-est et au sud de Tyr.Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres,1856, ’t. iii, p. 66, et Van de "Velde, Memoir to accom.pany the Map of the Holy Lànd, Gotha, 1858, p. 318,signalent, comme pouvant représenter Hamon, le villagede Hamûl, sur l’ouadi de même nom, entre le Rds el-Abiadet le Râs en-Naqurah. Il n’est pas question duvillage dans les autres voyageurs; mais l’ouadi et l’amHamûl en maintiennent le nom. Il existe dans le voisinageune localité, Vmmel-’Amtdou élr’Auâmid ou encoreel-Amûd, avec laquelle "V. Guérin, Galilée, t. ri, p. 146,identifie l’antique cité d’Aser dont nous parlons (fig. 99).Des ruines importantes y ont été explorées surtout par

comme un monument égypto-phénicien. À côté, versl’est on voit les vestiges d’un autre qui était pavé delarges dalles et orné de colonnes monolithes, dontquelques tronçons mutilés sont couchés là. Les beauxblocs avec lesquels il avait été bâti paraissent indiquerun travail grec. Enfin, à l’extrémité occidentale da laville, des ruines très considérables couvrent une grandeplate-forme artificielle. Là s’élevait autrefois un grandédifice que décoraient des colonnes monolithes en pierre,surmontées de chapiteaux ioniques et doriques. Ce sontces colonnes, dont quelques-unes se dressent encoredebout et attirent de loin les regards du passant, quiont fait donner par les Arabes au lieu en question le

99, _ Vue des ruines d’Oumm el-Aouamid. D’après Renan, Mission de Pliénicie, pl. 54.

M. Renan, et sont décrites dans sa Mission àe Phénicie,in-4°, Paris, 1864, p. 695-749. Situées à une faible distancedu rivage, qui forme en cet endroit une crique, sorte depetit port naturel, elles s’étendent de l’ouest à l’est surles pentes et sur le plateau accidenté d’une colline,tout entière couverte de débris (fig. 100) dans une longueurde 1 kilomètre au moins sur 800 mètres de large.Au pied méridional de cette colline serpente l’ouadi el-Hamûl,dans une étroite vallée plantée de beaux caroubiers,de térébinthes, de lauriers-roses et de lentisques.La hauteur où la ville s’élevait en amphithéâtre est elle-mêmeenvahie en grande partie par des broussailles etdes arbres; quelques-uns de ceux-ci tombant de vétusté,prouvent que les édifices et les maisons au milieu desquelsils se sont développés ont été abandonnés depuisdes siècles. Tout y paraît antique. À une époque trèsreculée appartiennent de gros murs de soutènement oude défense, construits avec d’énormes blocs assez maléquarris, de toute forme et de toute grandeur, la plupartsans ciment. Parmi les édifices encore reconnaissables, ilen est un, à peu près au centre de la ville, regardé

nom de Khirbet Vmm el-’Audmîd, «ruine de la mèredes colonnes.» Cf. V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 141-144.Parmi les inscriptions phéniciennes découvertes en cetendroit, il en est une sur laquelle on lit le nom de |on,Ifanimôn. Elle est ainsi conçue: «À Malak-Astarté,Dieu Hammon, vœu fait par Abdesmun, pour son fils, sCf. Corpus inscriptionum senriticarum, Paris, 1881,part. i, t. i, p. 33. S’il s’agit ici du «dieu Hammon»,l’inscription ne nous apporte aucune lumière pourl’identification cherchée. Mais si, avec quelques auteurs,on peut voir dans’El Hammon, «le dieu de Hammon,» la divinité adorée dans cette ville, la preuve est faite.Les auteurs du Corpus, loc. cit., p. 34, disent que lacité de Josué était «une cité méditerranéenne», tandisquele nom actuel d’ouadi Hamûl vient de YaïnHamûl, situé plus haut dans la montagne. Mais riendans l’Écriture n’indique que Hamon était absolumentsur les bords de la mer. La source d’ailleurs est à peineà 25 minutes de Vmm el-’Auâmid. Si elle ne représentepas exactement l’emplacement de la ville biblique, elleen rappelle parfaitement le nom. Il est clair que Vmm -- «1

411

HAMON — HANAN

412

el-’Auâmîd est une dénomination banale donnée par lesArabes à tous les endroits où se trouvent des colonnestant soit peu apparentes; mais on n’en saurait dire autantde Hâmûl. L’arabe J^oli», Hlâmûl, ’peut bien êtreregardé comme le correspondant de l’hébreu r*12>n, ffammôn. Dans l’onomastique palestinienne, le ii, heth, estordinairement rendu par le _, ha; par exemple: Ifalhûl,

Jos., xv, 58, = Ifalhûl; Héëbôn, Jos., xiii, 17, 26, =IJesbân, etc. Le changement du i, nun, en j, lâm,n’est pas aussi fréquent que celui de l en n; mais il serencontre cependant. Cf. G. Kampffmeyer, Aile Namenim heutigen Palâstina und Syrien, dans la Zeitschriftdes Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892,p. 24, 66. Nous croyons donc que l’identification proposéese justifie et par le nom et par la position. V. Guérin,Galilée, t. ii, p. 147, après avoir exploré complètementtous les alentours d’Umm el-’Auàmîd et suivi tous les

r "*"**.

nu

100. — Siège trouvé à Oumm el-Aouamid.D’après Renan, Mission de Phénicie, pl. 53.

replis de l’ouadi Hamùl, s’est assuré qu’aucune localitésituée plus haut dans cette vallée ne portait le nom deHamûl, comme le marquent par erreur quelques cartes,et dès lors ne pouvait être identifiée avec Hamon. Voilàpourquoi il s’en tient à Umm el-’Auâmîd, opinionacceptée par F. Buhl, Géographie des Alten Palâstina,Leipzig, 1896, p. 229. Les explorateurs anglais inclinentvers’Ain Hamûl. Cf. Survey of Western Palestine,Nome lists, Londres, 1881, p. 39, 57; G. Armstrong,W. Wilson et Conder, Names and places in the Oldand New Testament, Londres, , 1889, p. 78. Sur KhirbetUmm el-’Auâmîd, voir le Survey, Memoirs, Londres,1881-1883, t. i, p. 181-184. - Conder, Bandbook to theBible, Londres, 1887, p. 413, propose pour Hamon lesite de Khirbet el-Hama ou Hima, plus loin dans lesterres, vers l’est. — Hamon n’est mentionnée qu’uneseule fois dans la Bible, dans une simple énumérationde villes; son histoire nous est donc complètement inconnue.

.

A. Legendre.

2. HAMON (hébreu: tfammôn; Septante: Cod. Vaticanus,Xa|uJ0; Cod. Alexandrinus, Xapûv), ville de la

tribu de Nephthali assignée aux lévites fils de Gerson.

I Par., VI, 76 (heb., 61). Dans la liste parallèle de Josué,xxi, 32, on trouve Fammoth Dor. Elle est donc identiqueà celle-ci, qui est elle-même généralement assimiléeà Émath (hébreu: Ifammat). Jos., xix, 35. VoirHammoth Dor, et Émath 3, t. ii, col. 1720.

A. Legendre.

3. HAMON Jean, médecin français, janséniste, né àCherbourg vers 1618, mort à Port-Royal le 22 février1687. Docteur de la faculté de médecine de Paris etdéjà célèbre, il distribua, sur les conseils de M. Singlin,tous ses biens aux pauvres et, âgé de trente-trois ans, seretira parmi les solitaires de Port-Royal où il vécut dansla pratique de la pénitence la plus austère, donnant tousses soins aux indigents, mais refusant de se soumettreaux décisions du souverain pontife sur la doctrine deJansénius. Parmi ses écrits on remarque: JEgrse animaset dolorem suum lenire conantis pia in Psalmumcxrill soliloquia, imprimé en Hollande en 1684, traduiten français, in-12, Paris, 1685; Explication duCantique des cantiques, 4 in-12, Paris, 1709, ouvragepublié par les soins et avec une préface de Nicole. —Voir Nécrologe de Port-Royal (1723), p. 95; Quérard,

La France littéraire, t. iv, p. 2t.

B. Heurtebize.

    1. HAMRAM##

HAMRAM (hébreu: Hamrân; Septante: ’Ejxsptiv),orthographe, dans I Par., i, 41, du nom de l’Iduméen,descendant de Dison, appelé dans la Genèse, xxxvi, 26,Hamdan. Voir Hamdan, col. 409.

    1. HAMUEL##

HAMUEL (hébreu: IJammu’êl; Septante: mis dansle Codex Vaticanus; ’AjiourjX dans V Alexandrinus),fils de Masma, de la tribu de Siméon. I Par., iv, 26.

    1. HAMUL##

HAMUL (hébreu: Ifamûl; Septante: ’IenourjX, dansGen., xlvi, 12; I Par., ii, 5; ’Ia|xojv, et Codex Alexandrinus, ’Ioc|xour; X, dans Num., xxvi, 21), fils de Tharès,dans la descendance de Juda. Gen., XLVi, 12; I Par., ii, 5.

II est mentionné dans Num., xxvi, 21, comme Chef dela famille des Hamulites.

    1. HAMULITE##

HAMULITE (hébreu: héhâmûli, nom patronymiqueavec l’article; Septante: h’Iajxouvei; Codex Alexandrinus:à’Iau.oveXi), famille de la tribu de Juda dont lechef était Hamul. Num., xxvi, 21.

    1. HANAMEEL##

HANAMEEL (hébreu: ffâname’êl; Septante: ’Ava|X£T|X), fils de Sellum et cousin de Jérémie. C’est de luique Jérémie, ayant droit d’achat, acquit un champ àAnathoth. Jer., xxxii, 7-9, 12, 44.

    1. HANAN##

HANAN (hébreu: Hdnân, de la racine hânan, «fairegrâce;» Septante: ’Avàv), nom de dix personnages.

1. HANAN (hébreu: Bén-hdnân; Septante: uVô; <f avi;Codex Alexandrinus: ’Avàv; Vulgate: filius Hanan),le troisième fils de Simon, dans la tribu de Juda. I Par.,îv, 20. Dans l’hébreu il est appelé: Bén-hdnân; lesSeptante et la Vulgate ont traduit le premier mot Bén,uiôç, filius, de sorte que Rinna paraît être dans ces versionsle fils de Hanan. En réalité, c’est son frère.

2. HANAN, chef de famille de la tribu de Benjamin,un des onze fils ou descendants de Sésac. I Par.,vm, 23.

3. HANAN, le sixième des fils d’Asel dans la descendancede Saûl. I Par., viii, 38; ix, 44.

4. HANAN, un des vaillantsguerriérs de David, d’aprèsla liste de I Par., xi, 43. Il n’est pas nommé dans bliste parallèle de II Reg., xxiii, 8-39, qui est moinsdéveloppée. Il était fils de Maacha.

413

HANAN — HANANIAS

414

5. HANAN, chef d’une famille de Nathinéens qui revintde Babylone avec Zorobabel. I Esdr., ii, 46; II Esdr.,vu, 49.

0. HANAN, un des Lévites, qui faisaient faire silenceau peuple pendant qu’Esdras lisait la loi. II Esdr., viii,7. C’est probablement le même personnage qui signaavec Néhémie le renouvellement de l’alliance théocratique.II Esdr., .x, 10.

7. HANAN, un des chefs du peuple qui signèrent avecNéhémie, après les Lévites, le renouvellement de l’alliance.II Esdr., x, 22.

8. HANAN (Septante: Aîvâv), autre chef du peuplequi signa dans les mêmes circonstances que le précédent.II Esdr., x, 26.

9. HANAN, un notable d’Israël, fils de Zachur et descendantde Mathanias. Dans la réforme de Néhémie, ilfut chargé, avec un prêtre, un scribe et un lévite, de lagarde des greniers. II Esdr., xiii, 13.

10. HANAN, (Ils de Jégédélias. Ses fils avaient dansle temple une chambre près de la salle des princes ousalle du conseil. Jer., xxxv, 4. Hanan (et non son père)est appelé «homme de Dieu», qualification donnée généralementaux prophètes. III Reg., xii, 22. Aussi «filsde Hanan» pourrait bien signifier ici «c disciples duprophète Hanan», comme dans IV Reg.. ii, 15; vi, 1, etc.

E. Levesque.

HANANÉEL(TOUR DE) (hébreu: migdal Hânan’êl;Septante: Codex Vaticanus: itûp-fo; "Avaver|X, II Esdr.,ni, l; xii, 38; Codex Alexandrinus et Codex Vaticanusn-jpi-oç’AvatisifX, II Esdr., iii, 1, xii, 38; Jer., xxxi, 38;Zach., xiv, 10), une des tours de l’enceinte de Jérusalem.Elle est mentionnée quatre fois dans la Bible: à proposde la reconstruction des murs de la ville sainte, II Esdr.,ni, 1; de leur consécration solennelle, II Esdr., xii, 38;des limites de la nouvelle Jérusalem. Jer., xxxi, 38;Zach., xiv, 10. Elle se trouvait près de la tour d’Émathou de Méâh, II Esdr., iii, 1; xii, 38; d’après ce dernierpassage, on peut conclure qu’elle était à l’ouest dela dernière, et que les deux étaient situées entre la portedes Poissons et la porte des Brebis ou du Troupeau.Elle appartenait donc à la partie nord-est des murailles,à l’angle nord-ouest du Temple. Comme celui-ci pouvaitêtre facilement attaqué de ce côté, on y construisit lesdeux tours en question, qui, plus tard, n’en firent qu’unesous le nom de Baris, puis d’Antonia. Voir t. i, col. 712.Cf. C. Schick, Nehemia’s Mauerbau in Jérusalem, dansla Zeitschnft des deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig,t. xiv, 1891, p. 45, pl. 2; P. M. Séjourné, Les murs deJérusalem, dans la Revue biblique, Paris, t. iv, 1895,p. 46, plan, p. 39. Voir’ÉMATH (Tour d’), t. ii, col. 1723;

Jérusalem.

A. Legendre.

    1. HANANI##

HANANI (hébreu: #ânanî/abréviation de Hânanyâh;Septante: ’Avav;), nom de six Israélites.

    1. HANANI##


1. HANANI, père de Jéhu, le prophète qui eut à exercerson ministère contre Baasa. III Reg., xvi, i. Peut-êtreest-il le même que le prophète Hanani qui exerça lesien dans le royaume de Juda sous Asa. Voir Hanani 3.

    1. HANANI##


2. HANANI, lévite, le septième des quatorze fils d’Héman,chargés de chanter et de jouer des instrumentsdans le temple sous la conduite de leur père. Hananiserait le chef de la dix-huitième classe des chanteurs.I Par., xxv, 4, 25.

    1. HANANI##


3. HANANI, prophète qui s’éleva contre Asa, roi deJuda, parce qu’il avait manqué de confiance en Dieu,

et avait fait alliance avec Benadad, roi de Syrie. Il luiannonça que la fausse politique du roi serait cause qu’ilaurait de nouvelles guerres à soutenir. Asa, irrité desreproches du voyant, le fit jeter en prison. II Par., vii,10. On regarde communément cet Hanani comme le pèrede Jéhu, le prophète qui annonça à Baasa la chute de samaison, III Reg., xvi, i, 7, et fit des reproches à Josaphat.II Par., xix, 2; xx, 34.

    1. WANANI##


4. WANANI, prêtre, fils d’Emmer, qui, ayant épouséen captivité une femme étrangère, la renvoya au retour.I Esdr., x, 20.

    1. HANANI##


5. HANANI, un des frères de Néhémie qui vint deJérusalem à Suse, II Esdr., i, 2, et auquel Néhémieconfia le commandement de Jérusalem. II Esdr.,vu, 2.

    1. HANANI##


6. HANANI, prêtre, qui fit partie de la processioneffectuée sur les remparts de Jérusalem pour leur dédicace.II Esdr., xii, 35. E. Levesque.

    1. HANANIA##


HANANIA. Voir Hananias 2, 5, 6, 8 et 9.

    1. HANANIAS##

HANANIAS (hébreu: Hânanyâh et Hânanyâhù, «Jehova fait grâce;» Septante: ’Avavc’a), nom de douzeIsraélites.

    1. HANANIAS##


1. HANANIAS, fils de Zorobabel, et père de Phaltias.I Par., iii, 19, 21. Quelques exégètes ont voulu l’identifieravec’Iwavvàç, Joanna de saint Luc, dans la généalogiede Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il est vrai que le sensdu mot est le même: Hânanyâh et Yôhânan sontcomposés l’un et l’autre du nom de Jéhovah et du verbehànan, «faire grâce.» Mais alors il faut supprimer Rhésade la liste de saint Luc et donner Joanna comme filsà Zorobabel. On pourrait, d’autre part, regarder le nomde fils de Zorobabel dans I Par., iii, 19, comme synonymede «petit-fils, descendant».

    1. HANANIAS##


2. HANANIAS, nommé Hanania dans la Vulgate, chefde famille dans la tribu de Benjamin. I Par., viii, 24.

    1. HANANIAS##


3. HANANIAS, lévite, sixième fils d’Héman, qui avaitla charge de chanter et de jouer des instruments dansle Temple sous la conduite de son père. Il était à la têtede la seizième classe de musiciens. I Par., xxv, 4-6, 23.

    1. HANANIAS##


4. HANANIAS, un des généraux de l’armée d’Ozias,roi de Juda. II Par., xxvi, 11.

5. HANANIAS (Vulgate: Hanania), - un des quatre filsde Bébaï, qui renvoyèrent à l’instigation d’Esdras lesfemmes étrangères qu’ils avaient prises durant la captivité.I Esdr., x, 28.

6. HANANIAS (Vulgate: Hanania), fils de Sélémias,bâtit une partie des murs de Jérusalem après la captivité.II Esdr., iii, 30. Il ne paraît pas être le même personnageque Hananias (Vulgate, Ananias), un desprêtres chargés de la confection des parfums sacrés, qui,lui aussi, rebâtit une autre partie des remparts. II Esdr.,m, 8. Mais il pourrait bien être le prêtre Hananias (Vulgate:Hanania), qui prit part à la dédicace des mursde Jérusalem. II Esdr., xii, 40.

    1. HANANIAS##


7. HANANIAS, chef de la citadelle qui protégeait letemple, connue plus tard sous le nom de forteresseAntonia. Néhémie, après la reconstruction des remparts,lui confia la garde de Jérusalem, parce que c’était unhomme sûr et craignant Dieu. II Esdr., vii, 2.

8. HANANIAS (Vulgate: Hanania), un des chefs du C

peuple, signataire de l’alliance théocratique. II Esdr., x,23 (hébreu, 24).

9. HANANIAS (Vulgate: Hanania), chef de la famillesacerdotale de Jérémie, qui revint d’exil avec Zorobabel.II Esdr., xii, 12.

10. HANANIAS, fils d’Azur, de la tribu de Benjamin,originaire de Gabaon. Cette ville étant sacerdotale, Jos.,xxi, 17, il pouvait être prêtre. Jer., xxviii, 1. Au mêmeverset, il est appelé prophète. C’était un faux prophète,qui se leva contre Jérémie. La quatrième année de Sédécias,roi de Juda, il vint au temple de Jérusalem, et, enprésence du peuple et des prêtres, et à là face de Jérémie,il annonça que le joug du roi de Babylone seraitbrisé, que les vases de la maison de Dieu emportés àBabylone par Nabuchodonosor seraient rapportés dansdeux ans, et que Jéchonias et les autres captifs reviendraient,ꝟ. 2-4. Jérémie répondit qu’il souhaiterait bienqu’il en fût ainsi, mais que l’événement montrerait quelui, Jérémie, avait annoncé la vérité. Alors Hananias,saisissant les liens que Jérémie portait sur son cou enfigure de la captivité du peuple, les brisa en disant:Voici ce que dit le Seigneur: «Ainsi, dans deux ans, jebriserai le joug du roi de Babylone.» ꝟ. 10-11. Sur l’ordredu Seigneur, Jérémie s’en fit un autre en fer, et vintdire à Hananias: «Ainsi j’ai mis un joug de fer sur lecou de toutes ces nations, afin qu’elles servent Nabuchodonosor.» Puis, se tournant vers Hananias, il lui annonçaqu’en punition de ses fausses prédictions il mourraitdans l’année même. ꝟ. 1246. Et Hananias mourut cetteannée-là, le septième mois. }A7. Évidemment Hananiasétait du parti politique qui, alors, voulait favoriserl’.fegypte et entretenait secrètement des négociationsavec Ophra et avec les peuples voisins, afin d’arriver parlà à secouer le joug babylonien. Jcr., xxvii, 3. La meilleurepolitique était celle de Jérémie: elle eût préservéJérusalem de la ruine complète.

11. HANANIAS, père de Sédécias, lequel était un desprinces de la cour du roi Joachim. Jer., xxxvi, 12.

12. HANANIAS, père de Sélémias et grand-père ou"ancêtre de Jérias, qui gardait la porte de Benjamin,à Jérusalem, lorsqu’il arrêta le prophète Jérémie enl’accusant de passer aux Chaldéens. Jer., xxxvii, 13.

E. Levesqhe.

    1. HANATHON##

HANATHON (hébreu: Hannâtôn; Septante: CodexVaticanus: ’Ajitifl; Codex Alexandrinus: ’Evvo8w6),ville de la tribu de Zabulon, mentionnée une seule foisdans l’Écriture. Jos., xix, 14. Elle se trouvait sur lafrontière nord de la tribu. On a voulu l’identifier avecCana de Galilée ou Kana el-Djelîl, entre Rummanéh etDjefat. Cf. Keilj Josua, Leipzig, 1874, p. 153. Elle semblemieux placée à Kefr’Anân, plus haut vers le nord-est.Cf. Survey of. Western Palestine, Memoirs, Londres,1881-1883, t. i, p. 203-205; G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament,Londres, 1889, p. 79. Le village en question, assissur un monticule, compte de 100 à 150 habitants, tousmusulmans. Quelques murs de soutènement sur lesflancs de la colline paraissent antiques; il en est demême d’une tombe creusée dans le roc. C’est le KefarR~ananyah signalé dans le Talmud comme étant sur lafrontière de la Galilée inférieure et de la Galilée supérieure.On y fabriquait des pots de terre noire. Leshabitants en faisaient presque tous le trafic. «Amenerdes marchands de pots à Kelar Hananyah» correspondaità notre proverbee porter de l’eau à la rivière».Cf. R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main,1852, p. 148; A. Neubauer, La géographie duTalmud, Paris, 1808, p. 178, 179, 226; V. Guérin, 6alilée, t. ii, p. 457; E. Carmoly, Itinéraire de la. TerreSainte, Bruxelles, 1847, p. 260, 382, 453.

A. Legendre.

    1. HANCHE (hébreu##


HANCHE (hébreu, toujours au pluriel: mofnayim;Septante: oo-tp-j; ; Vulgate, toujours au pluriel: lumbi,quelquefois dorsa, ïlia, renés), saillie formée aux deux.côtés du corps humain par les deux os iliaques, qui fontpartie du bassin. Cette saillie sert d’appui naturel auxceintures et aux vêtements légèrement serrés à la taille» Voir t. ii, fig, 24, 25, col. 61. Comme la ceinture fait letour du corps, on dit vulgairement, en prenant la partiepour le tout, qu’elle ceint les reins, alors qu’en hébreuil est question des hanches. -— 1° Aux hanches s’attachele cilice qui sert de vêtement de deuil ou de pénitence,Gen., xxxvii, 34; III Reg., xx, 31; Is., xx, 2; Jer.,xlviii, 37; Am., viii, 10; Matfh., iii, 4; la ceinture deguerre, III Reg., ii, 5; l’épée, II -Reg., xx, 8; la ceinturede voyage qui relève le vêtement, Exod., xii, 11; IV Reg.,IX, 1; celle que prend le serviteur pour serrer ses vêtementset être prêt à agir, si bien que l’expression «ceindre ses hanches» signifie se tenir disposé à l’action,Prov., xxxi, 17; Jer., i, 17; Luc, xii, 35; Eph., vi,14; I Pet., i, 13; la ceinture de cuir, IV Reg., i, 8, oud’or, Dan., x, 5; la corde qui sert à entraîner le captif,Job, xii, 18; Jer., mi, 1, 2, 4, 11; la courroie à laquelleon suspend l’écritoire. Ezech., ix, 2. — 2° Les hanchessont considérées comme un des sièges principaux de laforce de l’homme. Elles portent les fardeaux pesants.Ps. lxvi (lxv), 11. Retourner les hanches, Is., xlv, 1;les rendre immobiles, Ezech., xxix, 7; les faire chanceler,Ps. lxix (lxviii), 24; les briser, Deut., xxxiii, 11,c’est donc réduire quelqu’un à l’impuissance. — LeMessie aura les hanches ceintes de fidélité et de justice,Is., xi, 5, c’est-à-dire qu’il sera puissant par ses attributs

divins.

H. Lesêtre.

    1. HANEBERG (Daniel Boniface de)##


HANEBERG (Daniel Boniface de), évêque allemand,né le 16 juin 1816 à Tanne, hameau de la paroisse deLenzfried près de Kempten, mort à Spire le 31 mai 1876.Il commença ses études à Kempten et là, sans maître,acquit ses premières connaissances des langues orientales.Il suivit ensuite les cours de l’université de Munich.Reçu docteur en théologie en 1839 et ordonnéprêtre le 29 août de la même année, il obtint dans cetteuniversité la chaire d’hébreu et d’Écriture Sainte etcommença ses leçons sur l’Ancien Testament. En 1850,il se retira à l’abbaye de Saint-Boniface de Munich où ilfit profession de la règle de saint Benoît le 28 décembre1851. Quelques années plus tard, il devenait abbé de cemonastère, tout en continuant son enseignement. Il futsacré évêque de Spire le 25 août 1872 et pendant soncourt épiscopat se montra le zélé défenseur des droitsde l’Église contre les empiétements de l’État. Théologienconsommé, Haneberg n’était pas moins versé dans laconnaissance du sanscrit, de l’hébreu, de l’arabe, dusyriaque, du persan et de l’éthiopien. Parmi ses nom-.breux écrits, nous devons une mention spéciale auxsuivants: De significationibus in Veteri Testamentopræter litteram valentibus, in-8°, Munich, 1839; Diereligiôsen Alterthûmer der Hebràer, in-8°, Landshut,1844, dont une édition complètement refondue parutsous le titre: Die religiôsen Alterthûmer der Bibel,in-8°, Munich, 1669; Einleilung in das Alte Testament,in-8°, Ratisbonne, 1845, qui devint. grâce à de nombreusesadditions et modifications: Geschichte derbiblischen Offenbarung, in-8°, Ratisbonne, 1849, 1854,1863, 1876. Cet ouvrage a été traduit en français parGoschler: Histoire de la Révélation biblique, 2 in-8°,Paris, 1856. On commentaire sur l’Évangile de saintJean, Kvangelium nach Johannes, 2 in-8°, Munich,1878-1880, a été terminé et publié par les soins de P. J.’Schegg. — Voir Hurter, Nomenclator literarius, 2e édit.,t. iii, col. 970, 971, 1265; P. J. Schegg, Erinnerungen

an D. B. von Haneberg, Munich, 1878; Weinhart, dans

le Kirclienlexiam, t. v, col. 1490.

B. Heurtebize.

    1. HANÈS##

HANÈS (hébreu: If ânes; Septante: (la-rriv), villed’Egypte mentionnée une seule fois dans la Bible. Is.,xxx, 4. Le prophète reproche à Juda de tenter unealliance avec les pharaons et de leur demander appui.Cette alliance, honteuse en soi, demeurera complètementinutile. Les princes du peuple auront beau aller àTanis, les ambassadeurs se rendre jusqu’à Hanès, lesuns et les autres ne trouveront que confusion en voyantun peuple qui ne pourra leur être d’aucun secours, qui,loin d’être leur aide et leur soutien, sera plutôt leur

Peschito qui suit les Septante, ont vu ici un nom propre.Le Targum le rend par dtmsitc, Tahfanhès, Taphnés ou

Daphnie, sur la frontière orientale du Delta. Il est difficilede considérer Hànês comme une simple abréviationde Tahfanhès; puis le contexte semble indiquer que laseconde ville mentionnée était plus éloignée que la première,c’est-à-dire Tanis. La version de Saadia metLw. «, (j >, Bahnsa, YOxyrynchus des Grecs, dans lamoyenne Egypte. Ce sont des conjectures auxquellesil est parfaitement inutile d’avoir recours. Le nom hébreu,Hânés, a son correspondant exact dans l’égyptien

i 3) j>( _» Q, qu’on lit Hininsu, dans le copte £! UtC,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
101. — Vue des fouilles d’Aimas el-Medinéh. D’après Ed. Naville, Ahnas el-Medineh, frontispice.

honte et leur opprobre. Tanis est une ville bien connuedu Delta, la capitale de plusieurs dynasties égyptiennes.Mais que peut bien être Hanès? Les Septante donnentune leçon toute différente de l’hébreu. Au lieu de lirecomme la Valgate: ïy» î> D3n, Hânés yaggi’û, «[les

ambassadeurs] parviendront à Hanès,» ils ont lu:W> o: ii, hinnâm yigâ’û, «en vain ils se fatigueront,»

l «TT|V xomdtaoumv. La pensée est toute naturelle et d’accordavec le contexte; mais le parallélisme, bien marquédans ce morceau, est brisé, et nous croyons qu’il réclameun nom de ville comme pendant de Tanis. On trouvenéanmoins quelques manuscrits qui portent hinnâm.Cf. J. B. de Rossi, Variée lectiones Veteris Testamenti,Parme, 1786, t. iii, p. 29. Certains auteurs ont adoptécette leçon, mais à tort. On comprend encore qu’à unnom étrange, dont la signification échappe, on substitueun nom connu. Mais, en supposant que hinnâm fût dansle texte, comment l’aurait-on remplacé par un nominconnu? D’ailleurs, les autres versions, excepté la

HICT. DE LA BIBLE.

l’arabe, ^Lofc^, Ahnâs% Cf. Jacques de Rougé, Monnaiesdes nomes de l’Egypte, Paris, 1873, p. 28. Cetteville est plusieurs fois mentionnée dans la stèle du roiéthiopien Piankhi-Mériamen. Cf. J. de Rougé, Chrestomathieégyptienne, Paris, 1876, fasc. iv, p. 6, 16, 35, 37.Elle se retrouve sur les monuments assyriens sous laforme Hi-ni-in-H. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriftenunadas Alte Testament, Giessen, 1883, p. 410. C’estYHéracléopolis des Grecs, le village actuel à’Ahnâs el-Medinéh,dans la moyenne Egypte, qui renferme encoredes ruines, explorées par M. Naville. Voir fîg. 98. Cetteville eut autrefois une grande importance politique etmilitaire. Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuplesde l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 445-448; t. iii,p. 162. À l’époque dlsaïe, l’Egypte n’avait plus l’unitéqu’elle avait eue jadis. Émiettée, sous la suzeraineté desrois éthiopiens, elle comptait dans ses nomes différentsprinces, qui avaient plus ou moins d’autorité. Poufobtenir un appui contre l’Assyrie menaçante, le roi deTanis n’était plus le seul à qui l’on dût avoir recours.

III. - li

Parmi les princes égyptiens, celui de Ifininsu était undes plus puissants. A. Legekdre.

    1. HANIEL##

HANIEL (hébreu: IfannVël; Septante: 'Avei^X),deuxième fils d’OUa, chef de famille et vaillant guerrierde la tribu d’Aser. I Par., vii, 39.

    1. HANNAPES (Nicolas de)##


HANNAPES (Nicolas de), dominicain français, patriarche de Jérusalem, né à Hannapes dans les Ardennes,vers 1225, mort en mer le 18 mai 1291. Entré fort jeuneà Reims dans l’ordre' de saint Dominique, il fit ses étudesau couvent de Saint-Jacques, à Paris, et y enseigna lathéologie. Après avoir été prieur de plusieurs maisonsûe son ordre, il fut envoyé à Rome où il devint grandpénitencier. En 1288, Nicolas IV le choisit pour patriarche de Jérusalem, lui confiant en même temps legouvernement de l'église de Saint-Jean-d’Acre ou Ptolémaïde, une des rares villes de Syrie encore au pouvoirdes chrétiens. Le souverain pontife le nomma égalementson légat en Syrie, en Chypre et en Arménie. Les musulmans ne tardèrent pas à venir assiéger Saint-Jeand’Acre, qui tomba en leur pouvoir le 18 mai 1291. Nicolasde Hannapes ne consentit à quitter la ville qu'à la dernière heure: mais la barque qui le portait étant surchargée par un trop grand nombre de fuyards fut engloutiedans les Ilots. Le seul ouvrage de Nicolas de Hannapesqui ait été imprimé, fut publié en 1477 sous le titre deBiblia pauperum et avec. le nom de saint Bonaventuré.C’est une collection de textes et d’exemples pris dansl'Écriture pour porter à la pratique des vertus et à lafuite du vice. Voir Biblia pauperum% 1. 1, col. 1787.

B. Heurtebize.

    1. HANNÉQEB##


HANNÉQEB, nom hébreu que l’on trouve uni àAdami, ville frontière de la tribu de Nephthali. Jos.,xix, 33. Voir Adami, t. i, col. 209, et Néceb.

    1. HANNETON##


HANNETON, insecte coléoptère qui, soit à l'état delarve, soit à l'état parfait, cause d'énormes dégâts dansla végétation. Quelques auteurs ont pensé que les livressacrés le désignent sous le nom de yéléq, àxpîç, (SpoOxoî,bruchus. Mais ce nom est manifestement l’un de ceuxqui conviennent à la sauterelle. Joël, i, 4; ii, 25; etc.

Voir Sauterelle.

H. Lesêtre.

    1. HANNI##

HANNI (hébreu: 'Unniv au ketib, 'Vnnô ou 'Unnîau keri; Septante: omis dans les Codex Alexandrinuset Codex Vaticanus), lévite qui revint de la captivité deBabylone avec Zorobabel. II Esd., xil, 9.

    1. HANNIEL##

HANNIEL (hébreu: Hannî'êl; Septante: 'Avsit|>),fils d'Éphod, de la tribu de Manassé, fut un des chefs,ndsî', chargés du partage de la Terre Promise. Num.,xxxiv, 23.

    1. HANON##

HANON (hébreu: ffânûn; Septante: "Avveiv,II Reg., xix, 1, et 'Avâv, I Par., xix, 1), fils de Naas,roi des Ammonites. II Reg., x, 1, 2. David, à la mort deson père, lui avait envoyé des ambassadeurs pour luioffrir ses condoléances; mais, s’imaginant ou se laissantpersuader que le roi de Juda. n’avait en cela qu’uneintention cachée d’explorer le pays, Hanon les traitaindignement, en leur infligeant l’affront de raser leurbarbe et de couper leurs longs vêtements jusqu'à lahauteur des reins, II Reg., x, 4; I Par., xix, 1-2.David se vit obligé de lui déclarer la guerre et d’envoyer contre lui Joab avec l'élite dé ses troupes. II Reg.,x, 7-15. Malgré le secours des Syriens, les Ammonitesfurent défaits. L’année suivante, Rabba fut assiégée etprise. II Reg., xi; I Par., xix, 1-18.

H AN UN (hébreu: tfanûn), nom de deux Israélite;.

1. HANUN(Septante: 'Avoûv), Israélite qui, avec les

habitants de Zanoé, réparèrent après la captivité la portede la Vallée et mille coudées du mur jusqu'à la portedu Fumier. II Esd., iii, 13

2. HANUN (Septante: 'Avo-jfi), autre Israélite, sixièmefils de Séleph, qui, avec Uanania, bâtit une partie desmurs d’enceinte au temps de Néhémie. II Esd., iii, 30.

    1. HAPHAM##

HAPHAM (hébreu: Ifuppim.; Septante: 'Airqpiv;Codex Alexandrinus: 'Açei’jj.), donné avec Sephamcomme fils de Hir. I Par., vii, 12. Ce verset paraît êtreun appendice à la généalogie des fils de Benjamin. Suppim (Vulgate: Sepham) et ffuppim (Vulgate: Rapham)répondent à Muppim (Vulgate: Mophim) et à Huppim(Vulgate: Ophim) qui sont rangés parmi les fils de Benjamin, Gen., xlvi, 21; on les retrouve sous une formeencore altérée dans la liste des descendants de Benjaminde Num., xxvi, 39: Sefûfdm (Vulgate: Supham) d’oùla famille des Suphamites, Sûfâmî (Vulgate: Suphamitarum) et Hûfâm (Vulgate: Hupham) d’où la familledes Huphamites, Hûfâmî (Vulgate: Huphamitarum).Dans notre verset l 'Par., vii, 12, Hapham est dit fils deHir (hébreu: l’y, 'îr). Ce Hir est vraisemblablement le

fils de Bêla, appelé au ꝟ. 7, Urai (hébreu: n>y, Hrî).

Hapham (hébreu: tfuppim) se retrouve avec une autreorthographe dans la Vulgate au j?. 15, Happhim (hébreu:Ifuppim). Voir généalogie de Benjamin, t. i, col. 1589.

    1. HAPHARAlM##

HAPHARAlM (hébreu: ïfâfdraim, ce les deuxfosses;» Septante: Codex Vaticanus: 'Ayciv; CodexAlexandrinus: 'Aqpspæiji), ville de la tribu d’Issachar,mentionnée une seule fois dans l'Écriture. Jos., xix,19. Elle a dû avoir une certaine importance, puisqu’onla trouve sur les monuments égyptiens, dans la listedes conquêtes de Sésac, n° 18. Le nom hébreu,nnsi], Hâfâraîm, y est exactement représenté par

TXT i V __l jK > "*", > Hci-pu-ra-ma. Cf. H. Brugsch,Geographische Inschriften altâgyptischer Denkmàler,Leipzig, 1858, t. ii, p. 60, pl. XXIV; W. Max Mûller,Asien und Europa nach àltâgyptischen Denkmâlem,Leipzig, 1893, p. 153, 170. Mais quel est son correspondant actuel? Il est assez dificile de le savoir au juste.Eusèbe et saint Jérôme, Onomâstica sacra, (icettingue,1870, p. 94, disent qu’Afraim, Aiçpaîfi, était de leurtemps un village nommé Afarea, 'Açpotfa, à six milles(près de neuf kilomètres) au nord dé Legio, aujourd’huiEl-Ledjdjûn, dans la plaine d’Esdrelon. Or, à la distance voulue, vers le nord-ouest, on trouve une localité,Khirbet eUFarriyéh, qui rappelle l’antique dénomination hébraïque, à part la gutturale initiale. C’est là queplusieurs auteurs sont tentés de reconnaître Haphàraïm.Cf. Survey of Western Palestine, Menioirs, Londres,1881-1883, t. ii, p. 48; G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 79; F. Buhl, Géographie desAltén Palâstina, Leipzig, 1896, p. 210. Ce site est évidemment ancien; il renferme quelques ruines, unebonne source et des tombes antiques. Cf. Survey ofWest. Pal., Memoirs, t. ii, p. 58-59. Mais il a pour nousl’inconvénient d'être trop éloigné du groupe de villesauquel appartient la cité d’Issachar. Elle est, en effet,mentionnée, Jos., xrx, 19, après Jezraël, actuellementZer'în, Sunem, Sôlâm, et avant Anaharath, En-Na’urah,ce qui la rapproche du Djebel Foqu’a et du Djebel Dahy,et la met plutôt an nord-est d’El-Ledjdjùn. Dans cettedirection et à distance suffisante, se rencontre le villaged’El-Afûléh, avec lequel on a, cherché à identifier Haphàraïm, le 'ain initial remplaçant le heth, et I tenantla place du resch. Telle est l’opinion de Knobel. Cf. Keil,Josua, Leipzig, 1874, p. 154. Le rapprochement onoraastique laisse à désirer. D’autre part, il est permis de e, j

421

HAPHARAÏM — HARAD

422

croire qa’El-Afuléh et le village voisin EUFuléh représententdeux villes de même nom, Apuru-Apulu, placéescôte à côte sur les Listes de Karaak (n M 53 et 54). Cf.G. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste deThoutmos III qu’on peut rapporter à la Galilée, extraitdes Transactions of the Victoria Institute, or philosopliicalSociety of Great Britain, Londres, 1886, p. 10.il y a donc lieu d’hésiter pour l’identification précise

d’Hapharaïm.

A. Legendre.

    1. HAPHSIBA##

HAPHSIBA (hébreu: Uefsi-bâh; «mon plaisir en

elle; «Septante: ’Ofeiêâ; Codex Alexandrinus: ’OçuiÊâ),mère de Manassé, roi de Juda. IV Reg., xxi, 1.

    1. HAPHTARAH (rnpsri##


HAPHTARAH (rnpsri, haftârâh; pluriel, haftdrôf),mot qui indique dans les livres prophétiques les sectionsde la Bible hébraïque telles qu’on les lisait déjà dutemps de Notre-Seigneur, dans les synagogues, les joursde sabbat et les jours de fête. Act, xiii, 15. Les sectionsdu Pentateuque portent un autre nom: elles s’appellentparaschah (pluriel, parschioth). Voir Paraschah.Les haphtaroth correspondent à peu près dans leslivres prophétiques aux parschioth des cinq livres deMoïse. Elles sont au nombre de cinquante-quatre etsont marquées dans les éditions de la Bible hébraïque.

    1. HAPPHIM##

HAPPHIM (hébreu: ffuppim; Septante: ’Açirtv;Codex Alexandrinus: ’Aççe(v), présenté dans la Vulgatecomme un fils de Machir. I Par., vii, 15. «Machirdonna des épouses à ses fils Happhim et Saphan et il eutune sœur nommé Maacha.» En hébreu le sens est différent: «Machir prit une femme à Ijuppiin et à Suppim,et le nom de sa sœur Maacha.» Les Septanteoffrent le même sens. Mais auꝟ. 16, Maæha est ditefemme de Machir. Aussi devrait-on trouver plutôt auverset précédent: «Machir prit une femme dont le nométait Maacha.» On ne s’explique pas ce que viennent fairedans ce ꝟ. 15, relatif à la tribu de Manassé, les noms dedeux benjamites ffuppim et Suppim, dont il est questionau ꝟ. 12. On ne s’explique pas non plus les mots:et te nom de sa sœur Maacha, puisque celle-ci au ꝟ. 16est dite femme de Machir. Le texte est évidemmentaltéré. Plusieurs hypothèses ont été proposées, plus oumoins satisfaisantes. D’après certains critiques les nomsffuppim et Suppim auraient passé par erreur de copistedu jt. 12 au il. 15. Ce dernier verset aurait été primitivementainsi: «Et Machir prit une femme dont lenom est Maacha et le nom de son frère est Salphaad.» Malheureusement Salphaad n’était pas le frère, maisseulement le neveu de Machir. Num., xxvi, 33, 27.D’autres^ critiques conservent les deux noms deÈuppimet de Suppim au ꝟ. 15, qu’ils remanient ainsi: EtMachir prit une femme de ffuppim et de Suppim; lenom de la première était Maacha et le nom de la secondeSalphaad (hébreu: Selofhâd). De la sorte Machiraurait épousé deux femmes dans deux familles de Benjamin.

    1. HARAD##

HARAD (hébreu: Hârôd; Septante: ’AptiS), fontaineprès de laquelle Gédéon campa avec ses soldats,avant de livrer bataille aux Madianites. Jud., vu. Ifârôden hébreu signifie le mouvement accéléré ou la palpitationdu cœur sous le coup d’une impression violente, lafrayeur en particulier. Gédéon se sert en effet dans l’allocutionà ses soldats t-3, du verbe hârad pour désignerquiconque a peur et tremble. Coïncidence singulière,ce même verbe revient encore, I Reg., xxviii, 5, pourexprimer l’effroi de Saül en face des Philistins, peut-êtreauprès de la même fontaine; car tandis que l’ennemicampait à Sunam, Saül était sur le versant du montGeliioé, en sorte qu’il put, sans trop s’éloigner de sonarmée, aller à Endor consulter la pythonisse.Toutelois ilesl probable que la fontaine portait son nom avant l’effroi

de ceux qui venaient y prendre position pour la bataille.Ce nom lui avait été donné sans doute à cause du mouvementpar soubresauts, sorte de palpitation ou tressaillement,qui caractérise le jaillissement de ses eaux.

On sait comment, sur l’ordre du Seigneur, Gédéon negarda pour mettre en fuite l’ennemi que les trois centshommes ayant bu dans le creux de leurs mains; lesautres furent renvoyés chez eux comme inutiles. Son campavait été établi aux flancs de la montagne, puisque d’aprèsle ꝟ. 5, ses soldats «descendirent» pourallerà la fontaineoù se fit l’épreuve. L’ennemi se trouvait au nord dansla vallée, vers la hauteur de More. Quand on examinela partie occidentale de la vallée de Jezraêl où se passala, scène racontée au livre des Juges, on est porté àcroire que «les fils de l’Orient, Madianites et Amalécites,remplissant l’étroite plaine comme une multitude desauterelles, avec leurs chameaux innombrables commeles grains de sable sur les bords de la mer», occupaientles alentours de la belle fontaine de Sunam. C’était lepoint naturellement indiqué pour recueillir eu toute sécuritéle produit des razzias tentées dans la riche plained’Esdrelon. La montagne de More correspond, en effet,à ce qu’on appelle aujourd’hui le Petit-Hermon. Vis-àviset au sud, c’est-à-dire vers les hauteurs où l’Écritureplace Harad, il n’y a que deux fontaines, celle d’Aïn el-Maïtèhoula «Source-Morte», et celle d’Aïn Djaloud. — LaSource-Morte, ainsi nommée par les Arabes depuis qu’àla suite d’éboulements de terrain elle semblait avoir disparu,coule immédiatement au pied de la colline où setrouve Zéraïn, l’antique Jezraël, vers le nord-est. AïnDjaloud est à demi-heure plus loin, vers le sud-est au piedmême du dernier contrefort des monts Gelboé. À ellesdeux, ces sources sont assez abondantes pour créer unvrai cours d’eau, le Nahr-Djaloud, qui traverse de l’ouestà l’est la vallée de Jezraël et va, au delà de Beisan,l’ancienne Scythopolis, se jeter dans le Jourdain. Aïnel-Maïtèh est la source où vont puiser les habitantsde Zéraïn. Depuis les excavations qu’on y a pratiquées,l’eau y est redevenue abondante, mais elle est loind’égaler celle d’Aïn-Djaloud. En sorte que si, par sasituation plus rapprochée, elle a le droit d’être appeléela Fontaine de Jezraël, par le développement relatif dubassin où elle s’épanche, — on la voit sortir en petitsfilets à travers les cailloux avant de constituer un ruisseau,— elle doit s’effacer devant l’importance autrementconsidérable d’Aïn-Djaloud. Celle-ci avec son vaste réservoirest réellement la grande Fontaine ouverte et communede tous les troupeaux de la vallée. Quand nous ysommes arrivés le 25 avril 1899 vers 8 heures du matin,il y avait des centaines de bétes à corne se desaltérant,se baignant et faisant retentir la vallée de leurs mugissements.La source jaillit au-dessous d’une grotte ou cavernecreusée dans la masse rocheuse que les monts Gelboé projettenten s’inclinant dans la plaine (fig. 102). Ses eauxmédiocrement fraîches, comme toutes celles de Palestine,sont quand même excellentes. À peine sorties avecimpétuosité à travers les larges fentes de la roche, ellessont recueillies dans un vaste réservoir de 20 mètres dediamètre, jadis pavé et où à travers les pierres à demisoulevées, sous les joncs qui les couvrent d’ombre, semultiplient à l’aise d’innombrables poissons. On n’enfait guère la pêche que lorsqu’on n’a plus d’autre nourrituresous la main. Des bœufs, pour enter les piqûresdes mouches, se tiennent mollement couchés dans ceseaux limpides, ne laissant voir que leur tête pleine d’unebéatitude suprême. Nos moukres, comme pour rappelerle grand nombre des soldats de Gédéon, avaient commencépar s’agenouiller et boire la face contre terre,montrant ainsi qu’il est toujours difficile à de pauvresgens de ne pas se laisser aller’sans réserve même auplaisir de boire de l’eau. En sortant ]du bassin circulaire,la magnifique source va, par deux canaux différents,mettre en mouvement deux moulins sans importance Elle devient ensuite la rivière dont nous avons parlé.Rien n’est plus aisé que de reconstituer sur place etla Bible à la main, comme nous l’avons fait nous-même,la scène où se passa le drame raconté au livre des Juges. Gédéon et les trois cents hommes que Dieu lui a fait choisir étaient campés au-dessus de la fontaine.Madianites et Amalécites se trouvaient au bout occidentalde la vallée, là où les collines se rapprochent et oùs’ouvre, sur l’autre versant, la plaine d’Esdrelon, dontles pillards convoitaient les récoltes. Peut-être leurshommes et leurs troupeaux s’appuyaient-ils simultanémentsur Sunam et Jezraêl où deux fontaines devaientleur fournir de l’eau en abondance. Les fils d’Israëlétaient donc très proches de l’ennemi. C’est là, dans lavallée, v. 8, au milieu des ténèbres, que Gédéon descenditvers eux, avec son serviteur Phara, pour savoir ce quise passait au camp de ses adversaires. Puis, heureux dece qu’il avait entendu, il remonta vers sa petite troupequ’il organisa en trois groupes pour remporter sa fameusevictoire. Voir Gédéon, col. 148. — Quelques exégètes ont identifié la fontaine d’Harad avec celle deJezraël. Voir Fontaine, t. ii, col. 2304. et Jezraël.

Au temps des Croisades, la belle fontaine servit de campement tantôt aux chrétiens qui la nommaient Tubania,Guillaume de Tyr, Hist. bell. sac., xxii, 26, peut-être en souvenir des trompettes, tubæ, des soldats de Gédéon, tantôt aux troupes de Saladin qui l’appelaient, comme aujourd’hui, Aîn et Djaloud. Bohædin, Vita Saladini, p. 53. Ce nom d’Aïn-Djaloud lui est venu probablement de l’étrange tradition qui déjà, dès le commencement du IVe siècle, faisait mourir, dans la vallée où coule la fontaine, le géant Goliath terrassé par David. En arabe Goliath se dit Djaloud. D’après d’autres, la source aurait tiré sa dénomination actuelle de Galaad, nom qu’aurait porté au temps de Gédéon, Jud., vii, 3, une partie des monts Gelboé, mais Galaad en cet endroit est à peu près sûrement une faute de copiste. Voir Gelboé, col. 157.

E. Le Camus.

HARAM, pour Haran, Is. xxxvii, 12. Voir Haran 3.


HARAN, nom de deux personnages et d’une ville.

1. HARAN (hébreu: Hârân; Septante: Ἁῥῤάν), filsde Caleb et d’Épha, de la tribu de Juda. I Par., ii, 46.

2. HARAN, un des signataires de l’alliance théocratique. II Esd., x, 27. Voir IIàrim 2.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
102. — Fontaine d’Aïn-Djaloud. D’après une photographie de M. L. Heidet


3. HARAN (hébreu: Hârân; Septante: Χαῥῤάν, Χαῥῤά; Vulgate: Haran; C haran, Judith, v, 9; Act., vii, 2, 4; Haram, Is., xxxvii, 12), ville de Mésopotamie où se rendit la famille de Tharé après avoir quitté Ur Kasdim. Geu., xi, 31. C’est là que mourut Tharé, Gen., xi, 32, et que restèrent les descendants de Nachor, Gen., xxvii, 43, près desquels Jacob vint.se réfugier. Gen., xxviii, 10; xxix, 4. Après y avoir séjourné un certain temps, Abraham en sortit pour aller dans la terre de Chanaan. Gen., xii, 4, 5; Judith, v, 9; Act., vii, 2, 4.

Dans le discours que le Rabsacès de Sennachéribadressa aux habitants de Jérusalem pour les engagerase soumettre au roi d’Assyrie, il rappela la prise decette ville par les Assyriens, IV Reg., six, 12; Is., xxxvii, 12.

Cette ville a conservé jusqu’à nos jours son nom antique,qui n’a jamais changé. On le trouve fréquemmentsur les monuments assyriens, où il est donné commecelui d’une cité araméenne. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1853,

p. 134. Il est exprimé en caractères cunéiforme* par undëogramme, ffarrànu, qui veut dire «route». Jjarran,en efl’et, située au sud-est d’Orfah, se trouve au pointd’intersection où se croisent les routes qui conduisentaux gués de l’Euphrate, d’une part, aux gués du Tigre,de l’autre. Elle occupait un point commercial important.Ezech., xxvii, 23. Le village actuel, sur le ISelikh, l’ancienBilichus, petit affluent de l’Euphrate, est au centre d’uneplaine d’alluvion, très fertile, qui se déploie au piedméridional d’un vaste plateau calcaire. Ses habitantsconservèrent pendant longtemps l’usage de l’araméen etle culte des divinités araméennes. Il paraît avoir faitpartie du royaume d’Abgar, dont la capitale était Édesse,éloignée seulement d’une journée de chemin. Il ne renfermeplus que quelques vestiges de l’ancienne Carrhse.On peut cependant distinguer encore la vieille enceinte,

Elle est entourée d’une couronne de collines, formi’e deroches volcaniques, et dont les dernières ondulationsvont expirer sur les bords de l’Euphrate. Son étendueest de plus de 30 kilomètres carrés; de petits ruisseauxla parcourent dans tous les sens, mais ils sont souvent àsec; on y compte plus de vingt villages. Abraham y aconduit certainement bien des fois ses troupeaux, commeplus tard son petit-fils Jacob y conduisit ceux de Laban.Pendant l’hiver, la température y est basse; en été, lachaWr y est étouffante, surtout quand souffle le vent dusud, qui vient du désert d’Arabie. Aussi pendant deuxmois de l’année, en octobre et en novembre, tout y estbrûlé, excepté sur les bords de l’eau. Dès que quelquesgouttes de pluie arrivent, la végétation pousse avec unevigueur extrême, mais elle est bientôt flétrie par lesvents d’hiver. Ce n’est qu’au printemps que le sol se

103.

Vue de Harau.

dans l’intérieur de laquelle sont les ruines d’une basiliqueet d’une mosquée. Cf. E. Sachau, Reise in Syrienund Mesopotamien, Leipzig, 1883, p. 217-224; plan deIJarrân, p. 223. Les restes d’un vieux château se dressentau-dessus de la plaine et se remarquent de fort loin. Aupied des débris de la forteresse sont accumulées, semblablesà des ruches d’abeilles, les habitations des Bédouins.Autrefois, quand Abraham y arriva, les maisonsétaient bâties, comme de nos jours, en forme de pain desucre (fig. 103), avec des pierres superposées les unes surles autres, sans ciment, recevant la lumière par l’ouverturelaissée à l’extrémité du cône. La pénurie, ou plutôtl’absence du bois, a toujours obligé de leur donner cetteforme bizarre. Tout près du village est un puits qui attiresurtout l’attention du voyageur, c’est celui où Rébeccarencontra Éliézer, où Sara s'était certainement rendueavant elle. Maintenant encore, les femmes de Harran yviennent tous les matins faire leur provision d’eau, lestroupeaux viennent chaque jour s’y abreuver. «Lés principauxhabitants actuels de Haran sont des Bédouins,attirés en ce lieu par les pâturages du voisinage. Quelqnes-unslogent dans des maisons, la plupart campentsous leurs tentes de peaux de boucs noirs. Ils nourrissentleurs bestiaux avec les herbages que produit la plainede Servdj. Celle-ci s'étend entre Haran et l’Euphrate.

couvre d’une manière un peu plus aurable de ces plantesaux formes et aux couleurs variées, à la taille gigantesque,dont la description semble donner une couleurfabuleuse aux tableaux qui nous représentent l’Orient.Ce pays est cependant inférieur à la Chaldée et, sur unnouvel appel de Dieu, Abraham dut quitter Haran avecmoins de peine que sa patrie, Ur Kasdim, pour se rendreen Palestine.» F. Vigouroux, La Bible et les découvertesmodernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 450-451.Dès les temps les plus anciens, le district dans lequelHaran était bâtie était sous la domination de Babylone.Haran était, en fait, la ville frontière de l’empire, commandantla grande route qui menait de Chaldée et d’Assyrieen Syrie et en Palestine. La divinité à laquelleelle était dédiée était le dieu-lune d’Ur Kasdim. Le symbolede cette divinité était une pierre conique, avec uneétoile au-dessus. Des pierres gravées à ce symbole sevoient au British Muséum. Cf. A. H. Sayce, La lumièrenouvelle, trad. de l’anglais par Ch. Trochon, Paris, 1888,p. 61. Il est souvent fait mention de l’antique cité dansJesinscriptions de Théglathphalasar, de Sargon.de Salmanasar,etc. Elle est célèbre dans l’histoire profane par ladéfaite de Crassus, qui y fut vaincu et tué par les Parthes.Pline, H. À 7., v, 24. — Cf. W. Ainsworth, Researches ï» Assyria, BabyloniaandChaldiea, Londres, 1838, p. 153;

R. A. Chesney, The Expédition for the Survey of theRiver* Euphrates and Tigris, 3 in-8°, Londres, 1850, t.i,p. 48, 106-115; t. ii, p. 401, 426, 433, 460; D. Chwolson,Die Ssabier und der Ssabismus, Saint-Pétersbourg,1856, t. i, p. 301-471; A. P. Stanley, The Jewish Church,Londres, 1870, 1. 1, p. 414-418; W. F. Ainsworth, Haranin Mesopotamia, dans les Proceedings of the Societyof Bïblical Archteology, t. xiii, mai 1801, p. 385-301.

A. Legendre.

    1. HARBONA##

HARBONA (hébreu: ffarbônd’, Esth., i, 10, etIJarbônâh, vii, 9; Septante: ©apptx, Esth., i, 12; etBouf a6âv, vii, 9), le troisième des sept eunuques du roiAssuérus, Esth., i, 10; ce fut lui qui suggéra à Assuérusde pendre Aman à la potence que celui-ci avait préparéepour Mardochée.

    1. HARDOUIN Jean##


HARDOUIN Jean, jésuite français, fils d’un imprimeur-librairede Quimper, né le 23 décembre 1646,mort au collège Louis-le-Grand, à Paris, le 3 septembre1729. Entré au noviciat, le 25 septembre 1660, il professales belles-lettres, la rhétorique, quinze ans la théologiepositive et fut longtemps bibliothécaire au collège deParis. Homme d’une vaste érudition, de connaissancesétendues en Écriture Sainte, théologie, philosophie, histoire,numismatique, chronologie, littérature, «il travaillaquarante ans, dit Huet, à ruiner sa réputation sanspouvoir en venir à bout.-» Ce fut, en effet, le savant leplus paradoxal, non seulement de son époque, maispeut-être de tous les temps. Son imagination ardente luifit concevoir en différentes branches des sciences lessystèmes les plus extravagants et il les soutint avec unebonne foi et une conviction qu’il est aussi difficile desuspecter que de l’expliquer. Les contradicteurs, on lepense bien, ne lui firent pas défaut, et l’acrimonie qu’ilsmirent dans leurs critiques, ne fit que rendre plus obstinéC6 singulier savant. N’eût-il pas mieux valu ne pasprendre au sérieux les théories du P. Hardouin, qui nepouvaient séduire que des esprits aussi bizarres que lesien? Combattu même par quelques-uns de ses collègues,il fut obligé par ses supérieurs de publier la rétractationde toutes ses erreurs, et il le fit avec une sorte d’ingénuité,devant laquelle on se sentirait presque désarmé.Ses ennemis soutinrent que, malgré sa soumission, ilresta obstiné dans ses systèmes, rien ne le prouve. Parmises ouvrages, nous devons signaler De supremo ChristiDamini Paschate, in-4°, Paris, 1693. Le président Cousinet le P. Lamy, de l’Oratoire, combattirent les idéesdu P. Hardouin, qui leur répondit par une Lettre, publiéeen 1693 et insérée dans ses Opéra selecta. En 1727, unprotestant de Wittemberg, G. J. Weidler, fit paraître desAnlmadversiones chronologie» in sententiam Harduinide ullimo Christi paschate. — Chronologia Veteris Testamentiad Vulgatam versionem exacta, et nummisantiquis illustrata, in-4°, Paris, 1697; Leipzig, 1700.L’auteur y développe son système, que tous les écritsqui ont passé pour anciens ont été fabriqués au xiii 8 siècle,sauf les ouvrages de Cicéron, l’histoire naturelle de Pline,les Géorgiques de Virgile, les épltres et les satyresd’Horace et quelques autres. — Paraphrase de l’Ecclésiaste,avec le latin de la Vulgate à fa marge, avecl’explication des mots Vrim et Thummim et avec desremarques, in-12, Paris, 1729; — Le livre de Job selon laVulgate, paraphrasé avec des remarques, in-12, Paris,1729; — Commentant in Novum Testamentum. Acceditejusdem Auctoris Lucubratio; in cuj us prima parteostenditur, Cepham a Paulo reprehensum, Petrum nonesse; in altéra parte, Joannis Apostoli de SanclissimaTrinitate locus explanatur et eidem Auctori suo vindicatur,in-f», Amsterdam, 1741. Ce commentaire, publiédouze ans après la mort de l’auteur, fut mis à l’index,le 28 juillet 1742. Mo r de Fitz-James, évêque de Soissons,lança contre lui un mandement dans lequel il condamnait,en même temps, l’ouvrage du P. Berruyer. Outre

ces ouvrages d’une certaine étendue, le P. Hardouin ainséré dans les Mémoires de Trévoux un bon nombrede dissertations, dont les suivantes sont relatives à l’ÉcritureSainte: Sur le mot de Libertinorum, qui se trouvedans les Actes des Apôtres au chap. vi, verset 9, et paroccasion sur les Assidéens, Pharisiens, Sadducéens etsur le nom de Machabée (Mémoires, mai 1701); Explicationde deux versets du chapitre septième des Actesoù l’on voit que saint Etienne est parfaitement d’accordavec Moyse (1714); Conciliation de Moyse avecsaint Etienne, au^ sujet du dénombrement des enfansde Jacob (1715); Étymologie du mot Boanergès (1719);Explication de quelques passages du IV chapitre de laGenèse (1725); Les deux premiers versets du v chapitred’Isaïe expliqués (1727); L’apparition du Sauveurdans la Galilée dont parlent saint Matthieu et saintMarc (1729). — Dans le Journal des savans, mai 1707,Traduction et explication du lxvw psaume de David,Dans la seconde édition de Pline le naturaliste (1733),on inséra du P. Hardouin une dissertation De situParadi&i terrestris. Les Opéra selecta (1709), mis à l’index,le 13 avril 1739, renferment plusieurs des pièces précédenteset, en outre: De LXX Hebdomadibus Danielis,adversus H. P. Bernardum Lamy. Ce fut cet ouvragecontre la publication duquel protestèrent les supérieursdu P. Hardouin et qu’il rétracta lui-même.

C. Sommervogel.

1. HAREM (hébreu: tfârim; Septante: ’Hpot(ji), cheid’une famille dont les membres revinrent de Babyloneau nombre de 320. II Esd., vii, 35. Il est nommé Harim,I Esd., ii, 32. Voir Harim 2.

2. HAREM. Voir PALAIS.

    1. HARENBERG Jean Christophe##


HARENBERG Jean Christophe, polygraphe allemand,protestant, né en 1696, à Langenholtzen, prèsd’Ilildesheim, mort le 12 novembre 1774 à Saint-Laurent,près de Schœningen. H étudia à Hildesheim et àl’université de Helmstadt, où il devint professeur delangues orientales. Il fut successivement recteur duchapitre de Gandersheim, inspecteur des écoles du duchéde Wolfenbuttel, professeur à Brunswick et prévôt dumonastère sécularisé de Saint-Laurent. Outre une cartede Palestine publiée à Augsbourg en 1737, nous mentionneronsde cet auteur les ouvrages suivants: JuraIsraélitarum in Paleestina, in-4°, Hildesheim, 1734;Erklârung der Offenbarung Joannis, in-4°, Brunswick,1737, l’auteur veut découvrir dans l’Apocalypsel’annonce des événements de son époque; Aufklârungdes Buchs Daniels, 2 in-4°, Quedlinbourg, 1770-1772;Otia gandershemensia sacra, exponendis sacris litteriset historiés ecclesiasticse dicata, complexa trèsac decem observationes, in-8°, Utrecht, 1740, onze deces observations se rapportent à l’Écriture Sainte. Dansle deuxième volume du Thésaurus theologico-philesophicus,in-f°, Utrecht, 1739, se trouve une dissertationd’Harenberg: Demonstratio qua ostenditur Christumeadem die naturali judaica, qua in crucem actus est,cum reliquis Judseis comedisse agnum paschalem.

— Voir Walch, Biblioth. theologica, t. iii, p. 430;t. iv, p. 768, 810. D. Heurtebize.

    1. HAREPH##

HAREPH (hébreu: jfdrif et Jfdrif; Septante: ’Apefç;Codex Alexandrinus: ’Apesp), chef d’une famille dupeuple. Les fils d’Hareph, benê-Bîarif, revinrent d’exilavec Zorobabel, au nombre de 112. II Esd., vii, 24.Dans la liste parallèle de I Esd., ii, 18, il est appeléIora (hébreu: Yôrâh). Dans la recension de Lucien, ontrouve également’IeopTie pour II Esd., vii, 24. Harephse trouve parmi les chefs du peuple qui signèrent l’alliancethéocratique au temps de Néhémie.II Esd., x, 19.

H ARES (hébreu: har-Bérès: Septante: Codex Vatir

canus: h tm ô’pei tco ost paxwfiei; Codex Alexandrinus:iv ™ opsi to-j Mupcrtvûivo;), montagne d’où les Danitesne purent chasser les Amorrhéens. Jud., i, 35. La Vulgateexplique le nom par cette addition: «c’est-à-direla montagne des tessons.» Les Septante, d’après le manuscritdu Vatican, ont donné le même sens, en traduisant:èv Tô opst Tô 4(TTpene118et. Telle est, en effet, lasignification de l’hébreu hérés, écrit par un samèch ouon tin final. Le même manuscrit grec ajoute: èv w a;ôtp-icot xai èv u> aï àXwirr)-<e;, «dans laquelle sont les ourset dans laquelle sont les renards.» C’est une mauvaiselecture et une_ mauvaise interprétation du texte: be-Ayydlônùbe-Sa’albim, qui, comme la Vulgate l’a biencompris, désigne deux villes, Aïalon et Salebim. Le manuscritd’Alexandrie, avec toO Mup<nvô>voî, «du myrte,» suppose la lecture mn, hâdas, au lieu de mn, hérés;

la confusion entre les deux premières lettres est facile àcomprendre. Hérés, avec samech final, veut plutôt dire «soleil». Har-Hérés signifie donc «la montagne dusoleil». Mais n’y a-t-il point lieu de voir ici une localitémentionnée ailleurs sous un nom à peu près semblable?Il est permis de le croire. Har-Hérés précède les villesbien connues d’Aïalon, aujourd’hui Yâlô, et de Salebim,Selbît. Voir la carte de la tribu de Dan, t. ii, col; 1232.Dans l’énumération des cités frontières de la tribu, Jos.,xix, 41, 42, nous trouvons, après Saraa et Esthaol, Hirsémés(hébreu: ’lr Sâméë, «la ville du Boleil» ), Sélebinet Aialon. Ailleurs, III Reg., iv, 9, à propos desdistricts organisés par Salomon pour les approvisionnementsde la maison royale, nous rencontrons dans lemême: Salebim, Bethsamés (hébreu: Bê( Sâméé, «lamaison du soleil» ) et Élon ou Aïalon. On peut donc regardercomme une seule et même ville Har-Iférés, ’lrSdméS et Bêf Sdméi, subsistant toujours dans’AïnSchéma, «la source du soleil,» localité située sur lesconfins de Juda et de Dan. Voir Bethsamés, 1. 1, col. 1732.

— Cependant ceux qui font de Itérés un nom distinct ycherchent un correspondant aux environs d’Aialon, dansle village de Khurbetha ibn Harith, dans la colline deBatn Harâschéh, et plus loin dans Hdris ou Kefr Hdris.Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names andplaces in the Old and New Testanient, Londres, 1889,p. 85. Nous préférons la première opinion. — Le motHérés se lit encore, Jud., viii, 13, dans ma’alêh hé-ÏJârés, «la montée de Hérés;» voir Hérés; puis, Is.,xix, 18, dans’lr ha-Hérés, «la ville du soleil;» voir

Héliopous.

A. Legendre.

    1. HARET##

HARET (FORÊT DE) (hébreu: ya’ar Hârét; Septante:Codex Vaticanus: èv itôXsi Sape; *; Codex Alexandrinus:èv T» j rcdXei’ApidW), forêt dans laquelle Davidvint se réfugier, d’après les conseils du prophète Gad.IReg., xxii, 5. Les Septante, lisant’ïr, au lieu de ya’ar,ont fait de Haret une «ville». Josèphe, Ant. jud., VI,xii, 4, appelle de même ce lieu de refuge’Sàpr) nota;,s’appuyant probablement sur la version grecque. C’estd’après ces témoignages sans doute que quelques auteursont voulu identifier cette localité avec le village actuelde Saris, sur la route de Jaffa à Jérusalem. Cf. G. Bôttger,Lexicon zu den Schriften des Flavius Josephus,Leipzig, 1879, p. 220. Il semble plus naturel que David

soit venu se mettre à l’abri dans une forêt. Mais où se

trouvait-elle? Tout ce que nous savons de certain, c’estqu’elle était «dans la terre de Juda». I Reg., xxii, 5.Eusèbe et S. Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870,p. 96, 226, assimilent Arith à un village de leur tempsnommé Arath à l’occident de Jérusalem. On croit plutôtque le nom de ffâré( s’est peut-être conservé dans celuiàeKIiârâs, petit village entouré d’oliviers, au nord-ouestd’Hébron. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs,

Londres, 1881-1883, t. iii, p. 305.

A. Legendre.

    1. HARHUR##

HARHUR (hébreu: Harhûr, «embrasement, fièvre;»

Septante: Apo15p; I Esd., ii, 51; ’Apo-j(i, Codex Alexandrinus:VApoûp, II Esd., vii, 53), chef d’une famille deNathinéens, dont les membres revinrent de Babyloneavec Zorobabcl. I Esd., ii, 51; II Esd., vii, 53.

    1. HARIM##

HARIM (hébreu: Harim, «consacré,» cf. le sabéen,mn, Halévy, Éludes sabéennes, in-8°, Paris, 1875,p. 411, 504; Muller, Epigraphische Denkmàler ausArabien, in-4°, Vienne, 1889, p. 43, n» xvh), nom detrois Israélites.

1. HARIM (Septante: Xap7)6; Codex Alexandrinus:Xapi^(i), prêtre, chef de la famille sacerdotale formant,au temps de David la troisième classe. I Par., xxiv, 8.

2. HARIM (Septante: ’HXV), chef d’une famille dupeuple, dont les membres, au nombre de 320, revinrentde la captivité avec Zorobabel. I Esd., ii, 32.Dans la liste parallèle, I Esd., vii, 35, la Vulgate l’appelleHarem. Parmi sa descendance, plusieurs épousèrentdes femmes étrangères, d’après I Esd., x, 31, où laVulgate l’appelle Herem. Harim (Vulgate: Haran) estparmi les chefs du peuple signataires de l’alliance avecNehémie. Il Esd., x, 27 (hébreu 28).

3. HARIM (Septante: omis dans le Vaticanus pourI Esd., ii, 42; le Codex Alexandrinus a’Hpsn; dansla liste parallèle II Esd., vii, 42, et dans I Esd., x, 21,le Vaticanus a’Hpâ(i comme V Alexandrinus), chefd’une famille sacerdotale dont les membres, au nombrede 1017, revinrent d’exil avec Zorobabel de la captivitéde Babylone. I Esd., ii, 39. Dans II Esd., vii, 42, il estappelé Arem, t. i, col. 939. On trouva dans sa descendancedes prêtres qui avaient épousé des femmes étrangèresdurant la captivité. I Esd., x, 21. Le nom deHarim devrait vraisemblablement se trouver dans la listedes prêtres qui revinrent à Jérusalem avec Zorobabelsi l’on compare cette liste II Esd., xii, 2-7, avec la listede II Esd., x, 1-8, mais on trouve à la place le nom deRhéum, hébreu: mm, II Esd., xii, 3: il n’y a qu’unetransposition des consonnes avec un yod’, allongé envav, i, ann. Aux jouis de Joachim, fils du grand-prêtreJosué, c’était Edna, fils de ffarim (Vulgate: Haram),qui était devenu chef de cette famille sacerdotale. II Esd.,xii, 15. Harim (Vulgate: Harem) se trouve parmi lesprêtres signataires de l’alliance avec Néhémie. II EsJ.,x, 5 (hébreu, 6). Peut-être est-il le même que Harim,le père de Melchias, lequel rebâtit une partie des mursde Jérusalem. II Esd., iii, 11. La Vulgate l’appelle Hérem.Voir Hérem.

    1. HARIPH##

HARIPH (hébreu: Harêf; Septante: ’Ap! (i; CodexAlexandrinus: ’Apet), descendant de Caleb, dans latribu de Juda. Il est donné comme père, c’est-à-direfondateur de Bethgader. I Par., ii, 51.

    1. HARLEMIUS Jean##


HARLEMIUS Jean, de son vrai nom Willems,jésuite hollandais, né à Harlem vers 1537, mort à Louvainle 1 er octobre 1578. Admis au noviciat en 1564, ilenseigna l’hébreu, etc., l’Écriture sainte à Louvain, futrecteur de Louvain, puis provincial de Belgique. On ade lui Index biblicus, qui res eas, de guibus in sacrisbiblicis agitur, ad certa capita, alphabeti ordine digestarevocatas, summa brevitate complectuntur, in-16,Anvers, 1571, 1580; Lyon, in-8°, 1581, 1600. H est joint àla polyglotte d’Arias Montanus, 8 in-f°; Anvers, 15691572, et à laBible de Salamanque, in-f°, 1685. Dans la polyglotte,on trouve encore du P. Harlemius: Varia lectionesinlatinis Bibliis editionis vulgatx ex mss. collectSB,et ad textum Hebraicum, Chaldaicum, Græcum et Syriocumexaminatx et discussee. C. Sommervogel.

    1. HARMA##

HARMA (hébreu: Hornidh; Septante: Codex Vaticanus: ’Epjiz; Codex Alexandrinus: ’Ep[iiX, Jos., XV,

30; ’Epu, i, Jos., xiic, 4) ville de la tribu de Juda, située àl’extrémité méridionale de la Palestine. Jos., xv, 30. Ellefut plus tard attribuée à Siméon. Jos., xix, 4. Elle est appeléeHorma. Num., xiv, 45, Deut., i, 44, etc. Voir Horma..

    1. HARMONIE DES ÉVANGILES##


HARMONIE DES ÉVANGILES. Voir Évangiles(Concorde des), t. ii, col. 2099.

    1. HARNAIS##


HARNAIS, ensemble de cordes, de courroies ou d’objetsde métal, de coussins, de tapis, etc., dont on revêtun cheval ou tout autre animal de selle ou de trait, quandon veut l’utiliser ou simplement l’orner. Les anciensmonuments nous donnent une idée de la manière donton harnachait les chevaux chez les Égyptiens, t. i,fig. 218, 226, col. 899, 903; t. ii, fig. 193, col. 566; chezles Assyriens (fig. 104) et t. i, fig. 228, 229, 235, 240, 312,col. 904, 905, 907, 983, 1146; t. ii, fig. 195, 430, col. 569,1150, etc.; à Cypre, t. ii, fig. 194, col. 567. On apportaitsouvent un grand luxe à décorer ces animaux, surtoutquand ils avaient à porter des rois ou des chefs. Surl’Obélisque noir de Nimroud, ïonservé au British Muséum,et sur lequel sont résumés les événements durègne de Salmanasar 111, on voit représenté un roi deGilzàn, Sua, qui amène à Salmanasar un cheval toutharnaché (fig. 105). Jérémie, li, 27, parle de chevauxqui ressemblent à des sauterelles hérissées, peut-être àcause de leurs panaches et aussi des traits que les guerriersbrandissaient au-dessus de leurs têtes. Zacharie,x, 3, mentionne «le cheval de gloire et de bataille»,c’est-à-dire le cheval magnifiquement caparaçonné quele roi montait pour aller au combat. Le cavalier quiapparut pour terrasser Héliodore dans le temple montaitun cheval orné d’un équipement magnifique,xaM.Ê<rTTi <t «y> optimis operi mentis. II Mach., iii, 24.Saint Jean décrit des chevaux harnachés pour le combat,avec des cheveux comme ceux des femmes et destêtes comme ceux des lions. Apoc, ix, 7, 8, 17. Ces traitsfont encore allusion à tous les ornements dont les chevauxétaient’surchargés. Les Orientaux ont toujours

de métal qu’on passait aux naseaux des animaux qu’onvoulait dompter. On l’employait quelquefois pour le

104.

Tête de cheval assyrien avec ses harnais.Bas-relief du Musée du Louvre.

cheval. IV Reg., xix, 28; Is., xxxvii, 29. Voir Anneau,t. i, col. 636.

2° Méfég, xaXivôç, camus, frenum, la bride au moyende laquelle on tire sur la bouche du cheval. Ps. xxxii(xxxi), 9; Prov., xxvi, 3. Le mé(ég est deux fois associé

^TMiimimuiiiiiiiiiiillil]

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105. — Sua amène à Salmanasar un cheval tout harnaché. Obélisque de Nimroud. D’après une photographie.

aimé à orner leurs montures. Cf. Jud., viii, 21. Quelques-unesdes pièces du Harnachement sont seulesnommées dans la Bible; ce sont les suivantes:! flah, aYxitrrpov f i|iô(, circultu, le mors ou anneau

au fyilf. IVReg., xrx, 28; Is., xxxvii, 29. Saint Jacques,m, 3, et saint Jean, Apoc., xiv, 20, mentionnent le frein,-/aï.ivo’c, qu’on met à la bouche des chevaux.3° Résén, -/<iXivo «, xri|16’;, frenum, autre espèce de brido qui se met à la bouche du cheval, Job., xxx, 11; Is., xxx, 28, mais qui diffère de la précédente, puisque l’une et l’autre sont employées conjointement. Ps, xxxil (xxxi), 9.

Ḥébél, φορβεία, funis, Job, xl, 20, le licou de corde au moyen duquel on tire l’animal.

Yéṭer, χαλινός frenum, Job, xxx, 11, autre espèce de corde servant à maintenir et à diriger le cheval. Voir Corde, t. ii, col. 964-965.

Meṣillôṭ, χαλινός, frenum. Zach., xiv, 20. Les meṣillôṭ (sont des clochettes, des grelots ou de petites plaques sonores qui s’attachaient au cou des chevaux. Voir Clochette, t. ii, col. 808. La traduction des versions se justifie en une certaine façon, parce que ces clochettes devaient être attachées à une sorte de licol.

Kar, σάγματα, stramenta. Gen., xxxi, 34. Le kar est la selle du chameau, sorte de palanquin qui abritait contre le soleil. La selle du cheval n’est pas nommée.

Bigdê-hoféš lerikbâh, κτῆνοι εἰς ἅρματα, tapetes ad sedendum, en hébreu «les tapis étendus pour aller à cheval». Ezech., xxvii, 20. On les faisait venir de Dedan. C’étaient des housses précieuses dont on recouvrait la selle ou qui elles-mêmes la remplaçaient. A l’entrée de Notre-Seigneur à Jérusalem, elles ont été représentées par les manteaux que les disciples étendirent sur l’ânesse et sur l’ânon. Matth., xxi, 7; Marc, xi, 7; Luc, xix, 35. Voir Tapis. — Sur le harnachement des divers animaux, voir Âne, t. i, col. 571; Chameau, t. ii, col. 523; Cheval, t. ii, col. 680; Éléphant, t. ii, col. 1661. — Les Israélites étaient fort peu cavaliers, à raison de la nature montagneuse de leur pays. Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’il y ait si peu de détails dans la Bible sur le harnachement des montures.

H. Lesêtre.

HARNAPHER (hébreu: Ḥarnéfér; Septante: Ἁναρφάρ; Codex Alexandrinus: Ἁρναφάρ), un des fils de Supha, dans la tribu d’Aser. I Par., vii, 36.


HARODI (hébreu: ha-Ḥărôdî; Septante: ὁ Ρουδαῖος; Vulgate: de Harodi), nom ethnique indiquant la patrie de deux des vaillants gibborîm de David, Semma et Élica. II Sam. (Reg.), xxiii, 25. Si l’orthographe du mot n’a pas été altérée, ces deux guerriers étaient donc originaires d’une ville appelée Harod, d’ailleurs inconnue. Mais la leçon ha-ḥărôdî peut être fautive; car nous lisons dans le passage parallèle que Semma (ou Sammoth) était ha-ḥărôrî (Vulgate: Arorites), I Par., xi, 27 (sans parler de hay-yzrâḥ [Vulgate: Jezerites] qu’on lit I Par., xxvii, 8, et d’où il résulterait que le même personnage serait originaire d’une localité appelée Jezrâh). Voir Arari et Arorite 2, t. i, col. 882 et 1027; Semma et Élica, t. ii, col, 1670.


HAROMAPH (hébreu: En cours Hârûmaf; Septante: Ἐρωμάθ; Codex Alexandrinus: Ἐρωμάθ; Codex Sinaiticus: Ἐιωμάθ), père de Jédaia, qui rebâtit la partie des murs de Jérusalem, située en face de sa maison. II Esd., iii, 10.


HAROSETH (hébreu: Hàrôséf hag-gâim; Septante: Codex Vaticanus: Ἀρεισώθ τῶν ἐθνῶν, Jud., iv, 2, 13, 16; Codex Alexandrinus: ’Aaeip&i, sud., iv, 2; Spufiov, sud., iv, 16; Vulgate: Haroseth gentium, «Haroseth des Gentils»), ville de Palestine, résidence de Sisara, généralissime de Jabin, roi d’Asor. sud., iv, 2. C’est de là qu’il partit, avec ses neuf cents chars de guerre et toute son armée, pour s’établir sur les bords du torrent de Cison et attendre l’attaque de Barac et de sa petite troupe. Jud., iv, 13. C’est jusque-là que son armée en déroute fut poursuivie par les Israélites vainqueurs. Jud., iv, 16. Pour l’ensemble du combat, voir Cison (Torrent de), t. ii, col. 781; Histoire, col. 784; pour les détails, cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6° édit., Paris, 1896, t. iii, p. 116-123. La cité n’est mentionnée que dans ce récit des Juges. Elle est appelée Haroseth des Nations, sans doute à cause de l’influence qu’y avait gardée l’élément païen ou chananéen. Quelques auteurs l’ont cherchée dans les environs du lac Houléh ou de Cadès de Nephthali. A la suite de W. M. Thomson, The Land and the Book, New-York, 1859, t. ii, p. 143, on est généralement plus disposé aujourd’hui à la reconnaître dans El-Ḥarthiyéh, village situé à l’entrée de la gorge qui sépare la plaine de Saint-Jean-d’Acre de la plaine d’Esdrelon. L’arabe الحرتىيّة, El-Ḥârthiyéh, représente suffisamment l’hébreu חֲרשֶׁת, ḤârôSét. La position surtout paraît bien convenir aux données scripturaires. Le village, assis sur un monticule, est, à la vérité, bien misérable aujourd’hui et d’une étendue bien restreinte: il se compose d’une quarantaine de maisons grossièrement bâties, la plupart très délabrées; mais les aires qui le précédent vers l’est semblent avoir été jadis occupées par des habitations. C’est certainement un point stratégique important, en ce qu’il commande le passage étroit, resserré entre le Carmel et les premières collines de Galilée, qui ouvre communication entre la plaine maritime et la grande plaine d’Esdrelon. On comprend donc très bien que Sisara s’y soit établi. Ses chars bardés de fer, qui n’auraient pu manœuvrer dans les montagnes de Nephthali, pouvaient se mouvoir à l’aise dans cette contrée. F. Buhl, Geographie des alten Palästina, Leipzig, 1896, p. 214, objecte que, d’après Jud., iv, 13, 16, la ville ne pouvait être située près du Cison et devait être plus éloignée du lieu du combat. Il nous semble, au contraire, très naturel que Sisara soit venu de El-Hârthiyéh prendre position entre Mageddo et Thanac, développer ses terribles chars de guerre à l’endroit où la plaine est le plus large et le plus unie. Il est naturel aussi que l’armée vaincue ait cherché à regagner sa forteresse, dont elle était assez loin pour ne pouvoir échapper à la poursuite des Hébreux. — Cette identification est admise comme possible par les explorateurs anglais: Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. i, p. 270; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 80. Elle est acceptée par F.Mühlau dans Riehm, Handwörterbuch des Biblischen Alterlums, Leipzig, 1884, t. i, p. 572; G. A. Smith, The historical Geography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 392; carte, pl. vi.

A. Legendre.


HARPE (hébreu: kinnôr; Septante: κιθάρα, κινύρα; Vulgate: cithara, quelquefois lyra), instrument de musique triangulaire et portatif, pourvu d’une rangée de cordes d’inégale longueur, que l’on pince avec les mains.

I. Nom.

Le nom hébreu kinnôr provient de la racine כנר, kânar, «vibrer, rendre un son.» À la même classe appartiennent رنا, رنّ, רוץ, רנץ, רנה, «résonner, pousser des cris.» Les Grecs ont gardé ce nom sémitique sous la forme κιννύρα, κινύρα (dans, les Septante, κινάρα); כִּינָרָא dans l’hébreu talmudique.

II. Description.

Harpes les plus anciennes.

Dans sa tonne la plus ancienne, la harpe était composée d’une pièce de bois arquée ou de deux morceaux de bois présentant un angle dans l’ouverture duquel le jeu de cordes était tendu obliquement. Selon cette disposition, l’instrument affectait la forme triangulaire, d’où le nom de τρίγωνον. Deux des côtés étaient formés par les tiges de bois, et le troisième par la plus longue des cordes. Voir fig. 106. C’est la harpe que l’on trouve sur les monuments égyptiens à partir de l’invasion des Hyksos et dont le nom même, [Hiéroglyphe à insérer], kinnanaur, a été emprunté aux sémites comme l’instrument lui-même. V. Loret, L’Egypte du temps des Pharaons, in-12, Paris, 1889, p. 146. Ces instruments primitifs ne possédaient pas de caisse à résonnance. Une autre sorte de harpe antique

égyptienne présente une tige courbe. La caisse sonoreadaptée à la partie inférieure de cette tjge donne àl’instrument l’aspect d’une guitare dont le mancheserait recourbé. En ayant égard à cette disposition, onpeut en quelque manière justifier la traduction de kinnor par. y^> dans la Bible arabe. Walton, Polyglotte.Les cordes, faites de boyaux de mouton, Odyss.,xxi, 407, de gazelle, de chameau, étaient enroulées etfixées par une extrémité à l’une des tiges, et tendues àl’autre au moyen de chevilles de bois. Ces cordespouvaient être de même grosseur, la longueur et latension suffisant à différencier les sons. Elles étaient dureste en petit nombre. L’échelle tonale de la harpe étaitconséquemment d’une étendue fort restreinte, chaquenote ne rendant qu’un son. Dans la simplicité de la

sans puissance, le «chant de la harpe» plaisait auxanciens. Grave et austère, il. était pour eux l’expressiondu calme et de la paix. Clément d’Alexandrie, Stromat.,vi, 9, t. ix, col. 309. Tel était le trigone asiatique, dontles tribus du Caucase auraient, dit-on, gardé l’usage.Radde, Untersuchungen in den Caucasus Lànder,Tïflis, 1866, dans Guhl et Eoehner, La Vie antique,La Grèce, Paris, 1884, p, 291, note. La harpe antiquemanche recourbé a été de nos jours retrouvée parSchweinfurth chez les Nyamnyam et les Abyssins.Voir Hartmann, Les Peuples de l’Afrique, Paris, 1880,p. 164, 165.

Manière de jouer de la harpe.

La harpe se portait

appuyée contre le corps(fig.l06), serrée sous le bras(fig.l07),ou suspendue par une courroie au cou ou à l’épaule(fig.l08)Si l’on n’était pas en marche, on pouvait reposer l’instru106.Harpes égyptiennes antiques représentées sur les monuments. IV’-VI" dynastie.D’après Lepsius, Denkmâler, Abth. II, Bl. 109, 36, 61.

construction primitive, le tirage des cordes sur les tigesdevait amener le rétrécissement de l’ouverture del’angle, par suite de l’absence de la colonne. L’instrument,surtout s’il ne possédait pas de boîte de réson107. — Harpistes égyptiens. Beni-Hassan. D’après ChampoUion,Monuments de VÉgyptc, t. iv, pl. 397.

nance, ne pouvait rendre que des sons maigres et sanséclat; l’intensité n’était jamais modifiée, les timbresvariaient peu; le joueur ne produisait donc ni effets nicontrastes. Pourtant, en dépit de sa sonorité sèche et

ment sur un appui ou sur le sol. Le joueur se tenaitassis, 1. 1, fig. 383; t. ii, fig. 191, ou debout. — On faisaitvibrer les cordes en les touchant à vide avec les doigtsde la main droite ou avec les deux mains, si la gauchen’était pas employée à soutenir l’instrument. L’usage du

108. — Petite barpe à sept ccrdes. Développement de la caissesonore. Ghizéb. D’après ChampoUion, Monuments de l’Egypte,t. iv, pl. 418.

plectre, 7t>7jxTpov, bâtonnet ou crochet, de bois oud’ivoire, destiné à pincer les cordes, est moins ancienque le procédé de percussion manuelle. Il est peut-êtred’origine grecque, mais Homère n’en fait pas mention;Ëpigone d’Ambracie (vne siècle) ne s’en servait pas,Athénée, Deipnos., iv, 25, p. 183; et, si pour les instrumentsnationaux des Grecs les deux procédés de percussionétaient employés, les instruments d’origine asia

tique n’admettaient «que le simple attouchement desdoigts, t|/aX|Lô;. De là leur dénomination communede ^aXnfjpia». Gevaërt, Histoire et théorie de la mu109. — Harpe portative, appuyée sur l’épaule et harpe à pied.D’après Champollion, t. ii, pl. 142.

sique dans l’antiquité, Gand, 1875-1881, t. ii, p. 243.La Bible ne parle non plus que du second: niggèn bedimensions et d’étendue fort diverses, qu’aucune règlene fixait, et l’on augmenta progressivement le nombredes cordes (fig. 107, 108, 109, 110, 111). Les modèles les plusanciens n’en comptaient que deux, trois, quatre (commeles harpes africaines signalées ci-dessus), sept au plus,à ce point que l’apparition, au temps des Rois, de l’instrumentà huit cordes fut un fait assez considérable pourque cet instrument obtint une appellation particulière.Voir Musique. Ou vit apparaître plus tard la harpe àdix-hdit et vingt-quatre cordes. Les rabbins rapportentque le nombre des cordes s’éleva jusqu’à quarante-sept.Voir Ugolini, Thésaurus, t. xxxii, col. xxxi-xxxii. LesGrecs employaient l’épigone monté de quarante cordes.Pollux, Onomast., iv, 9, et le qanûn des Orientaux modernesen a soixante-six.

Harpes égyptiennes.

1. Le spécimen égyptien du

Musée du Louvre est une harpe à vingt et une cordes,dont la hauteur totale dépasse un mètre. Un ample corpsde résonnance, recouvert encore en grande partie deson enveloppe en maroquin vert, forme la partie principalede l’instrument. Les cordes sont fixées par uneextrémité le long de la caisse sonore: l’autre extrémité,terminée par une houppe, est enroulée à une tige transversale.Les chevilles qui fixent les cordes «sont alternativementen ébène noir, et en ébène jaune probablementpour permettre à l’exécutant de reconnaître facilementses notes» (fig. 113). Voir Loret, L’Egypte au tempsdes Pharaons, p. 146. Le nom égyptien de la harpe est

J’jjU, ban, ou I V, banit. — 2. Parmi les représentations monumentales de l’Egypte, on doit signalerles deux harpistes du tombeau de Ramsès III, à Thèbes(fig. 114). L’un des deux instruments mesure presque deuxmètres; les cordes sont au nombre de onze, quoique lapeinture n’exprime que dix attaches. Le second, un peu

110. — Harpe droite, jouée debout.D’après Champollion, t. ii, pl. 145.

1Il et 112. — Harpes ornées, jeu de cordes en éventail. Thèbes.D’après Champollion, t. ii, pl. 187, 134.

yâdô, percutiebat manu sud. I Sam. (Reg.), xvi, 23.

Perfectionnements de la harpe.

Les types de

harpes se perfectionnèrent dans la suite: on les courba

pour donner aux joueurs plus d’aisance, on les fit de

moins haut, a quatorze cordes encore visibles, pour dix-huitattaches. Les harpes reposent sur le sol. La caissesonore, arrondie par la base et très développée, estornée de peintures et de marqueteries. La pose des

deux harpistes est remarquable: ils inclinent l’épaulecontre leur instrument, de façon à favoriser par la sta113. — Harpe égyptienne triangulaire. Musée du Louvre.

bilité de leur corps le jeu des bras et des mains à notesrapides. Voir M. Fontanes, Les Égyptes, Paris, 1882,

en ont conservées les monuments, toutes les variétés deformes, de dimension et d’ornementation, les harpesassyriennes, peut-être d’une facture moins ornée,gardent toutes, dans leur construction, une dispositioncommune et paraissent faites sur un modèle invariable.Elles portent à la partie supérieure la boîte sonore, quel’exécutant appuie sur son épaule ou retient sous sonbras, toujours d’une manière identique. La traverse inférieureà laquelle sont nouées les cordes, est à la hauteurde la poitrine du musicien. Les extrémités libres descordes, ornées de houppes, sont pendantes au-dessous,de la longueur d’environ une coudée. Moins encore quepour l’Egypte, l’examen des monuments ne permet pasde distinguer avec précision les détails de constructionde ces harpes assyriennes. Les sculpteurs ne se piquaientpas d’exactitude, et, dans les représentations qu’ils nousont léguées, le nombre des chevilles ne correspond pasà celui des cordes; aussi la supputation peut-elle varierde dix à vingt-trois. — La scène musicale du bas-reliefde Koyoundjik fournit la représentation de vingt-six musiciensde Suse, dont sept harpistes (fig. 115).

Harpes des Hébreux.

D’après la leçon du texte

hébreu actuel, II Reg., vi, 5, suivie généralement par lesversions, les harpes des Hébreux auraient été construitesen bois de cyprès, bërôsîm; mais cette lecture est fautive;le vrai texte se litl Par., xiii, 8; voir C%près, t. ii,col. 1174; et il faut renoncer à trouver dans ce passagel’indication de la matière employée à la fabrication desinstruments de musique. On adopta plus tard pour cetusage, mais exceptionnellement, le bois d’almuggîm oualgwnmîm, t le santal,» voir Algum, t. i, col. 366, quandles marchands eurent rapporté à Salomon ce produit del’Inde, que la Judée ne connaissait pas. III Reg., x, 12.Le santal donne un bois fin, se fendant en planchettestrès minces, susceptible d’un beau poli et fort recherchéen tabletterie. Salomon, comme aujourd’hui encore lesHindous, le fit servir à la fabrication des instruments de

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114. — Harpistes égyptiens. Tombeau de Ramsès III. D’après Champollion, t. iii, pL 261.

p. 356, 357. Peut-être chantent-ils en s’accompagnant.

Harpes assyriennes.

Tandis que les harpes

égyptiennes affectent, dans les représentations que nous

musique, qu’il orna richement, les garnissant de chevilleset de clous d’argent et d’or. Josèphe, Ant. jud. rVIII, iii, 8; II Par., ix, 10, 11.

III. La. harpe dans l'Écriture. — 1° La harpe estl’instrument à cordes le plus anciennement connu, lepremier dont nous trouvions la mention dans la Bible. «Jubal fut le père de tous ceux qui jouent de la harpe,kinnor, et de la flûte.» Gen., iv, 21. — 2° Elle sert dansles fêtes et dans les démonstrations joyeuses. Laban dità Jacob: «Je t’aurais suivi avec des témoignages dejoie, des chants, des tambourins et des harpes, kinnôrôf.» Gen., xxvii, 31. —3° On cherche, pour distraireSaûl, un homme sachant jouer de la harpe, menaggênbak-kinnôr, etl’on trouve David, qui faisait passer lesaccès du roi en jouant de son instrument. I Reg., xvi,16-18. — 4° Le kinnor semble avoir été seul en usagejusqu’au temps des rois, époque où le nable est mentionné pour la première fois. —5° La troupe des prophètesdescend de la montagne «précédée d’un nable, nêbél,

115.

Joueurs de harpe susiens. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pl. 48.

d’un tambourin, d’une flûte et d’une harpe», kinnor.I Reg., x, 5. Devenu roi, David fait jouer devant l’archedes harpes, kinnôrôt, des nables, des tambourins, descymbales et des trompettes, accompagnant les chants.I Par., xiii, 8; II Reg., vi, 5. — 6° Le concert sacré, organisé par David pour le second transport de l’arche,comprend trois classes d’instruments: les nables, nebdlim, les harpes, kinnôrôf, et les cymbales, I Par., xv,16; six des fils des lévites chantent en jouant de laharpe à huit cordes, kinnôrôf 'al hassemînit, six autresjouent du nable accompagnant les voix hautes, nebâlini'al-'âldmôf. I Par., xv, 20-21. Voir Exégèse musicale dequelques titres de psaumes, dans la Revue biblique,janvier 1899, p. 122-123. Ces instruments se joignentaux cornes et aux trompettes de métal et aux cris de lafoule. IPar., xv, 28. — 7° Le service musical du’Temple,inauguré par David, renouvelé par Ézéchias, puis reconstitué par Néhémie, comporta ces mêmes classes d’instruments: nables, harpes et cymbales. Idithun était le chefdes harpistes. I Par., xxv, 1-6; II Par., xxix, 25; II Esd.,Xii, 27. — 8° La harpe kinnor est fréquemment nomméedans le psautier: seule, Ps. xliii (xlii), 4; xcviii (xcvn), 5;CXLvii (cxlvi), 7; associée au nable: Ps. lvii (lvi), 9;lxxi (lxx), 22; cvin (cvn), 3; cl, 3; à l’instrument àdix cordes, 'âsôr: Ps., xxxiii (xxxii), 2; xcn (xa), 4.— 9° Sous les règnes postérieurs nous voyons Saloraon

remplissant son palais de nables et de harpes, kinnôrôf,en bois A’algummîm, II Par., IX, 11; et Josaphat victorieux se rendre au temple avec des nables, des harpes,kinnôrôf, et des trompettes. II Par., xx, 28. — 10° La harpeest employée dans les fêtes profanes. Job reproche auximpies de se divertir au son du tambourin, de la harpe,kinnor, et de la flûte. Job, xxi, 12. Les femmes enjouaient. Is., xxiii, 15, 16. On l’employait enfin dans lesfestins. Elle s’y joignait au nable, au tambourin, à laflûte et ahx voix. Is., v, 12. C’est pourquoi le prophèteannonce, pour peindre le deuil du pays, que le bruitjoyeux des tambourins cessera, qu’on n’entendra plusle tumulte des voix en fête, que les doux sons de laharpe, kinnor, se tairont et que l’on ne boira plus levin en chantant, Is., xxiv, 8, 9; et les Israélites captifsà Babylone suspendent leurs harpes aux branches dessaules pour ne pas chanter les cantiques de Jérusalemen pays d’exil. Ps. cxxxvii (cxxxvi), 2. La harpe n’estpas employée, comme la flûte, dans les cérémoniesfunèbres. — 11° Les auteurs sacrés font allusion à la «résonnance», kémyâh, n’Dn, de la harpe, Is., xiv, 11,cf. xvi, 11; Ezech., xxvi, 13; «la voix de tes harpes, qôlkinnôrayk, ne s’entendra plus.» Voir Chant sacré, t. ii,col. 555. — 12° Le kinnor subsistait encore au tempsdes Machabées, distingué de la cithare grecque:xeôâpaïc xa xiv-jpaic. I Mach., iv, 54. C’est de mêmela cithare grecque que désigne le livre de Daniel parla transcription de qîtârôs, Dan., iii, 5; comme aussiles livres du Nouveau Testament. I Cor., xiv, 7; Apoc,v, 8; xiv, 2; xv, 2. On trouve de grossières représentations de cet instrument sur les monnaies de Barcochébas. Voir Lvre, t. iv, fig. 139, col. 450. — 13° Dansla symbolique chrétienne, la harpe désigne la divinelouange et la joie éternelle des saints. Ce caractère aété pris des textes de l’Apocalypse indiqués ci-dessus.Voir Gagny, In Apoc, xv, 2, dans Migne, CursusScript. Sacrée, t. xxv, p. 1354. Pour le nêbél, instrument qui est quelquefois rendu par harpe et que lesexégètes regardent comme une sorte de guitare ou deluth, voir Nable. J. Parisot.

    1. HARPON##


HARPON, instrument de fer, en forme de pointe oude croc et pourvu d’un long manche, pour percer et retirer de l’eau les animaux aquatiques. Dans le livre deJob, il est deux fois question du harpon, à propos ducrocodile. On ne peut percer la mâchoire de cet animalavec le hôa)}, ni perforer sa tête avec le silsal. Job, XL,21, 26. Le hôah, 'J/IXÀtov, armilla, dont le nom vient del}âli, l’anneau qu’on passe aux naseaux, devait être enforme de croc; on l’entrait dans la mâchoire du crocodile quand il bâillait et ensuite on tirait dessus. Le silsal,icXot’ov, gurgustium, la pique à poissons, est plutôt uninstrument rectiligne, mais terminé par une pointe deflèche permettant de percer l’animal et de le tirer à soi.C’est cet instrument qui paraît être figuré sur les scènesde chasse à l’hippopotame ou au crocodile. Voirt. i, fig. 472,473, col. 1552, 1554; t. ii, fig. 408, col. 1126. — Amos, iv, 2,parlant des femmes de Samarie, dit que le Seigneur lesfera enlever avec des sinnôf. La sinnâh, ôicXov, contus,tire son nom de sa ressemblance avec les épines, sinnim. C’est un harpon aigu et légèrement recourbé, àl’aide duquel on enlève le poisson. Il est possible queprimitivement la sinnâh n’ait été qu’une grosse épinequ’on utilisait en la laissant attachée à la branche. Voir

Hameçon.

H. Lesêtre.

    1. HARSÀ##

HARSÀ (hébreu: ffarsâ; Septante: 'Apr.uâ, I Esd.il, 52, et 'AS<%?âv, II Esd., vii, 54), chef d’une famille deNathinéens qui revinrent d’exil avec Zorobabel. I Esd.,n, 52; II Esd., vii, 54.

    1. HARTMANN Anton Theodor##


HARTMANN Anton Theodor, théologien et orientaliste allemand, protestant, né à Dusseldorf le 25 juin 1774,

mort à Rostock le 20 avril 1838. Il devînt en 18Il professeurde théologie à l’Université de Rostock. Ses principauxouvrages sont: Aufklàrung ûber À sien fur Bibelforscher,^ in-8°, Oldenbourg, 1806-1807; Die Hebrâerinam Putztische und als Braut, 3 in-8°, Amsterdam,1809-1810; Supplementa ad J. Buxtorfii et W. GeseniLexica, in-4°, Rostock, 1813; Thesauri linguæ hébraicme Mischna augendi, 3 in-8°, Rostock, 1825-1826; LinguisticheEinleitung in das Studium der BûchadesAlten Testaments, in-8°, Rostock, 1818; Historisch-kritischeForschungen ûber die Bildung, das Zeitalter undPlan der fûnf Bûcher Moses, in-8°, Rostock et Gustrow,1831; Die enge Verbindung des Alten Testaments midemNeuen, in-8°, Hambourg, 1831. Voir Redslob, dansYAllgemeine deutsche Biographie, t. x, 1879, p. 680.

    1. HARTUMMIM##

HARTUMMIM (hébreu: hartummîm). Voir Divination,2°, t. ii, col. 1443.

    1. HARUPHITE##

HARUPHITE (hébreu: ha-Jfârufi, et au keri: ha-lfârifî;Septante: 4 XapccitpiY|X; Codex Alexandrinus: ’Apou<p(), nom patronymique appliqué à Saphatia de latribu de Benjamin, qui serait, d’après la leçon pluscorrecte du keri, un descendant de Jfarif. Par., xii, 5.Ce Saphatia, fils de Hârif, au temps de David, était peut-êtrede la même famille que les fils de Harif (Vulgate:Hareph), qui revinrentà Jérusalem au temps de Zorobabel.Il Esd., vii, 24. Voir Hareph.

    1. HARUS##

HARUS (hébreu: Ifârus; Septante: ’Apoiic), pèrede Massalémeth, épouse de Manassé et mère d’Amon,roi d «Juda. Harus était de Jétéba (hébreu: Yotbâh).IV Reg., xxi, 19.

    1. HARWQDD Edouard##


HARWQDD Edouard, philologue anglais, de la sectedes unitaires, né en 1729, dans le comté de Lancastre,mort à Londres le 14 janvier 1794. Il se livra d’abord àl’enseignement et acquit une grande connaissance dela langue grecque. En 1765, il était à Bristol, où ilexerçait les fonctions de ministre; mais ses mauvaisesmœurs et ses doctrines entachées „d’arianisme le forcèrentà chercher un refuge à Londres, où il vécutpéniblement et mourut dans la misère. Parmi ses nombreuxécrits, nous n’avons à mentionner que les suivants:A new Introduction to the study and knowledgeof the New Testament, in-8°, Londres 1767; À libéralTranslation of the New Testament, 2 in-8°, Londres,1767; The New Testament collated with the mostapprovedMs. with sélect notes in English, critical and explanatory,2 in-12, Londres, 1776. — Voir W. Orme, Bibliotheca

biblica, p. 232.

B. Heurtebize.

    1. HASABAN##

HASABAN (hébreu: Ifâsubah; Septante: 'A<rot>6l;Codex Alexandrinus: ’Aos6à), un des fils de Zorobabel.I Par., iii, 20.

. HASABIA ou HASABIAS (hébreu: Qâsabyâh, etBîàsabyâhû, «Jéhovah estime,» Septante: ’AeraëJa ou"Aoraëiccç), nom de neuf prêtres ou lévites; l’hébreu encompte quatre autres que la Vulgate orthographie Ilasébia.

. 1. HASABIAS (Septante: ’AatSti), lévite, fils d’Amasias,un des ancêtres d’Êtlian le chantre, dans la branchede Mérari fils de Lévi. I Par., vi, 45 (hébreu, 30).

2. HASABIAS (hébreu: BîâSabyâhû), lévite, le quatrièmedes six fils d’Idithun, maître de chant du tempsde David, I Par., xxv, 3. Il était à la tête de la douzièmeclasse de chanteurs. I Par., xxv, 19. Dans ce dernierpassage, les Septante d’après le texte du Codex Vaticanusont’Apid, mais le Codex Alexandrinus porte’Aoa6; ’a.

3. HASABIAS (hébreu: Bîàsabyâhû), lévite de lafamille d’Hébron, fils de Caath. Lui et les Hébronites aunombre de 1700 avaient la surintendance de tout ce quiconcernait le culte du Seigneur, et le service du roi, àl’ouest du Jourdain. I Par., xxvi, 30.

    1. HASABIAS##


4. HASABIAS, lévite, fils de Camuel et chef de la tribude Lévi au temps de David. I Par., xxvii, 17.

5. HASABIAS (hébreu: Bîàsabyâhû), un des chefs deslévites qui, du temps du roi Josias, fournirent auxlévites cequi était nécessaire pour célébrer la Pâque. II Par., xxxv, 9.

G. HASABIAS (Septante: ’Aueêefa), lévite de la branchede Mérari, qui revint de Babylone avec Esdras. I Esd.,vin, -19. Peut-être est-ce le même personnage que lelévite appelé par la Vulgate Hasébia. I Par., ix, 14.

    1. HASABIAS##


7. HASABIAS, un des princes des prêtres qui accompagnaaussi Esdras à son retour. I Esd., viii, 24.

8. HASABIA (Septante: omis dans le Vaticanus, maisCodex Alexandrinus: ’Auaëîa), lévite, fils de Boni.II Esd., xi, 15.

    1. HASABIAS##


9. HASABIAS, lévite, ancêtre d’Azzi, et fils de Mathanias.II Esd., xi, 22. E. Levesque.

    1. HASADIA##

HASADIA (hébreu: Blasadyâh, a. Jéhovah fait miséricorde;» Septante: Aera8îa), un des fils de Zorobabel.I Par., iii, 20. Peut-être est-il né après le retour dela captivité: il est énuméré parmi les cinq derniersenfants de Zorobabel, séparés des trois premiers et paraissantformer une catégorie à part.

    1. HASARSUHAL##

HASARSUHAL (hébreu: Ifàsar Sû’âl; Septante: ’Effsperouâi), ville de la tribu de Siméon. I Par., iv, 28.Elle est appelée ailleurs Hasersual. Jos., xv, 28; xix, 3;II Esd., xi, 27. Voir Hasersual.

    1. HASARSUSIM##

HASARSUSIM (hébreu: Ifâsar sûsîm; «le villagedes chevaux»; Septante: 'Huao><jsw<sh), ville de latribu de Siméon, I Par., iv, 31, appelée ailleurs Hasersusa.Jos., xix, 5. Voir Hasersusa.

    1. HASBADANA##

HASBADANA (hébreu: Ifasbaddânâh; Septante:omis dans le Codex Vaticanus; dans Y Alexandrinus: ’A<raëaau.â, et Sinaiticus: ’AdaëSavâ), un des lévites quise tinrent à la gauche d’Esdras pendant qu’il lisait la loiau peuple rassemblé à Jérusalem. II Esd., viii, 4.

    1. HASBÉYA##


HASBÉYA, ville de Galilée, appelée N’son dans leTalmud, Demai, ii, 1 (voir M. Schwab, Talmud deJérusalem, t. ii, 1878, p. 145), que plusieurs géographes,probablement à’tort, identifient avec Baalgad. Jos., xi, 17;xii, 7; xiii, 15. Voir Baalgad, t. ii, col. 1337. Située surle versant occidental de l’Hermon, elle est bâtie en amphithéâtredans l’ouadi et-Teim, au fond d’un vallon, surle flanc occidental. Les deux côtés de la vallée sontcultivés en terrasses jusqu’à leur sommet et couvertsde vignes et d’oliviers. Il y a dans les environs beaucoupde mines de bitume. À une demi-heure d’Hasbéya,au nord, est la source de Hasbani, la source la plus septentrionaledu Jourdain. Voir V. Guérin, Galilée, t. ii,p. 287; Ed. Robinson, Bïblical researches, 2e édit.,t. iii, p. 380.

    1. HASÉBIA ou HASÉBIAS##

HASÉBIA ou HASÉBIAS (hébreu: HâHbijâh: Septante: ’Aaaêia, ’Aaa61aç), nom d’un prêtre et de troislévites.

    1. HASÉBIA##


1. HASÉBIA, lévite, de la branche de Mérari, un despremiers habitants de Jérusalem au retour de la capti

vite de Babylone. I Par, , ix, 14.. Il pourrait bien être lemême que le lévite Hasabia de I Esd., viii, -19. VoirHasabia, 6.

    1. HASÉBIAS##


2. HASÉBIAS, lévite, chef d’une des [deux circonscriptions du territoire de Géila. Il rebâtit une partie dèsremparts de Jérusalem. II Esd., iii, 17.

3. HASÉBIA (Septante: omis dans le Codex Vaticanus, II Esd., x, 11; Alexandrinus: 'E<re6(a; ; Codex Vaticanus: 'ASla; Alexandrinus: 'Aoaëla. pour II Esd., xii,24), un des lévites signataires de l’alliance théocratique,renouvelée sous Néhémie. II Esd., x, 11. Il paraît êtrele même que Hasébia un des chefs des lévites, sous lepontificat de Joacim, fils de Josué. II Esd., xii, 24, 26.

4. HASÉBIA (Septante: omis dans le Codex Vaticanus et Y Alexandrinus), prêtre de la famille d’Helcias,sous le pontificat de Joacim, fils de Josué, après le retourde la captivité de Babylone. II Esd., xil, 21.

    1. HASEBN À##

HASEBN À (hébreu: ffàSabndh; Septante: 'Eoaëavâ),un des chefs du peuple qui signèrent après Néhémie lerenouvellement de l’alliance. II Esd., x, 25.

    1. HASEBNIA##

HASEBNIA (hébreu: Ifaiabneyâh; Septante: omis),un des lévites qui, au temps de Néhémie, firent au nomdu peuple l’aveu du péché et la prière. II Esd., ix, 5.

    1. HASEBONIA##

HASEBONIA (hébreu: Ifasabneyâh; Septante:'A<T6avâ[i; Codex Alexandrinus: 'Aaëavia.), pèrede Hattusqui rebâtit une partie des remparts de Jérusalem.Il Esd., iii, 10.

    1. HASEM##

HASEM (hébreu: IfâMm; Septante: 'Aoip; CodexAlexandrinus: 'A<rdu(ji), chef d’une famille du peupledont les membres revinrent avec Zorobabel au nombrede 328. Dans la liste parallèle, 1 Esd., Il, 19, il est,appelé dans la Vulgate Hasuni; de même dans II Esd.,x, 48, et Hasom dans I Esd., x, 33.

E. Levesque.HASÉRIM (hébreu: Ifâsêrim; Septante: Codex Vaticanus: 'AarfiM; Codex Alexandrinus: 'AtïjpcoO),nom que les Septante et la Vulgate ont inexactementpris pour un nom propre. Il est dit, Deut., ii, 23, queles Caphtorim chassèrent les Hévéens «qui habitaientba-hâsêrîm jusqu'à Gaza», c’est-à-dire au sud-ouest dela Palestine. L’hébreu hàsêrim est le pluriel de hàsêr,dont l'état construit, hâsar, se trouve dans plusieursnoms composés: Ifâsar-' Adddr, Vulgate: villa nomineAdar, Num., xxxiv, 4; ffàsar-Gadddh, Asergadda, Jos.,xv, 27; tfâsar-Sûsdh, Hasersusa, Jos., xix, 15; ffâsar't, nân, villa Enan, Num., xxxiv, 9, 10; Ifâsar Sû'al,Hasersual, Jos., xv, 28. Une autre forme du pluriel,tf&sèrôt, indique une station des Israélites dans le désert. Num., xr, 35. Or, ce mot signifie proprement «lieuentouré de clôtures». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 512.Il correspond aux douars des Arabes d’Afrique. VoirHaséroth. Le passage du Deutéronome que nous venonsde citer représente donc les Hévéens comme une tribunomade qui habitait dans ces sortes de campements, «dans les clôtures,» et non pas a à Haserim». Demême presque toutes les localités dont le nom a pourélément hâsar se trouvaient sur les confins du désertou dans le désert même. Il faut ajouter cependant quehâçêrîm indique aussi de simples villages, qui ne sontpas, comme les villes, protégés par des murailles, ce queles Septante appellent ticailtK, *<3|tai. Cf. Lev., xxv, 31;Jos., xiir, 23, 28; xv, 32. Voir Hévéens.

A. Legendre.

    1. HASÉROTH##

HASÉROTH (hébreu: B~âsêrôt; Septante: 'A<n)p<18,

Nuin., xi, Si; xiir, 1 (hébreu, xii, 16); xxxiii, 17, 18;

AûXiiv, Deut., i, 1), une des stations des Israélites dans

le désert, après leur départ du Sinaï. Num., xi, 34; xiii,

1;.xxxiii, 17, 18; Deut., i, 1. L’hébreu hâsêrôf signifie «clôtures, enceintes». Voici comment l’explique unvoyageur, E. H. Palmer, The désert of the Exodus,Cambridge, 1871, t. ii, p. 321: «Les Maghrabins ouArabes d’Afrique, venus primitivement de l’Arabie, ontconservé plusieurs usages domestiques tombés en désuétude dans leur patrie d’origine. Ils demeurent sousla tente, comme les Bédouins de l’Orient, mais n'étantpas, comme ceux-ci, entourés de gens de leur proprerace, ils sont exposés à de fréquentes attaques de la partdés tribus qui habitent les montagnes de l’Atlas. Pourse protéger contre ces incursions, ils ont recours à unetrès ancienne méthode de fortification. Quand le lieupropice à un campement a été choisi, le bétail, regardécomme la plus grande richesse de la tribu, est réuni enun seul endroit, et les huttes ou les tentes sont dresséesà l’entour en forme de cercle; le tout est alors environné d’un petit mur de pierres, destiné à servir dedéfense; entre les pierres sont placés d'épais fagotsd’acacia épineux, dont les branches entrelacées et lespointes en forme de longues aiguilles constituent autourdu camp une barrière infranchissable. C’est ce qu’onappelle douars; on ne peut guère douter que ces douarsne soient la même chose que les hâsêrôt ou «clôtures» en usage parmi les tribus pastorales mentionnées dansla Bible.» — Cette station, mentionnée après celle deQibrôt ha{ta'âvdh ou «les Sépulcres de concupiscence»,Num., xi, 34, est depuis longtemps identifiée avec 'AïnIfadrah ou Jfûdrah. Cf. E. Robinson, Biblical Researchesin Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 151; Stanley, Sinaiand Palestine, Londres, 1866, p. 81-83. L’arabe ïwô^,

Ifadrah, reproduit exactement l’hébreu n’nsn, ffâsêrôf.

et donne un sens équivalent: «habitation, parvis,maison.» Le site correspond oralement aux donnéesscripturaires. C’est une oasis qu’on rencontre au nordest du Djebel Mûsa, dans la direction d’Akabah, à huitheures d’Eruéis el-Ébéirig, où une conjecture probable place Qibrôt hatta'âvâh. Elle se trouve un peu àgauche de la route principale qui va du Sinaï à Akabah,et qui, après avoir quitté l’ouadi Sa’al, passe à traversune plaine de sable, avant d’entrer dans l’ouadi Ghuzaléh.En montant quelque temps dans cette plaine, le voyageuratteint une gorge taillée dans le roc calcaire, à traverslaquelle il aperçoit, vers le nord-ouest, Vouadi Ifadrahs’allongeant entre des rochers de grès, aux formés fantastiques, aux couleurs éclatantes, avec, au delà, une forêtde pics montagneux et, à gauche, une large vallée conduisant vers le Djebel et-Tih. Au milieu de l’ouadi Ifadrah, se dresse un bosquet de palmiers, d’un vertsombre, avec la source 'Aïn Ifadrah, qui sort du rocherpar derrière. L’eau abondante a le goût douceâtre decelle de Gharandel; un conduit creusé dans le granit ladéverse dans un bassin, d’où elle se répand à traversles jardins que les Arabes cultivent encore aujourd’huien cet endroit. Le paysage est sans contredit un des plusbeaux du désert. Cf. Ordnance Survey of the Peninsulaof Sinai, Southampton, 1869, t. i, p. 122; E. H. Palmer,The désert of the Exodus, t. ii, p. 312; M. J. Lagrange,L’itinéraire des Israélites du pays de Gessen aux bordsdu Jourdain, dans la Revue biblique, t. ix, 1900, p. 276.— Cette identification est combattue par Keil, Numeri,Leipzig, 1870, p. 246, et H. C. Trumbull, Kadesh-Barnea, NewYork', 1884, p. 314. — Au commencement duDeutéronome, i, 1, la Vulgate ajoute au nom d’Hasérothces mots: «où il y a beaucoup d’or.» L’hébreu Dizdhdb, qu’ils traduisent, indique plutôt un nom de lieu.

Voir Dizahab, t. ii, col. 1453.

A. Legendre.

    1. HASERSUAL##

HASERSUAL (Ifâsar Sû'dl, «le village» ou plutôt «le douar du chacal»; Septante: XuvocffccoXâ, Jos., xv,28; 'ApuuXi, Jos., xix, 3; 'E<n)peouÀâ6, I Par., iv, 28;omis, II Esdr. xi, 27; Codex Alexandrinus: 'AuapuovXi,

Jos:, xv, 28; 2ep<rouX «, Jos., xix, 3; ’Erepaoua)., I Par.,iv, 28; ’EoepsooX, II Esd., xi, 27; "Vulgate: Ifasersual,Jos., xv, 28; xix, B; II Esd., xi, 27; Hasarsuhal, I Par.,IV, 28), ville de la tribu de Juda, Jos., XV, 28, assignée" plus tard à Siméon, Jos., xix, B; I Par., iv, 28, réhabitée,après la captivité, par les enfants de Juda, II Esd.,XI, 27. Elle appartenait à l’extrémité méridionale de laPalestine. Elle n’a pu, jusqu’ici, être identifiée, commela plupart des localités qui se trouvent dans le mêmegroupe. Deux seulement, dont elle est rapprochée dansles différentes énumérations, Molada ou Tell el-Milh, etBersabée, Bir es-Séba’, pourraient servir de point de

repère.

A. Legendre.

    1. HASERSUSA##

HASERSUSA (hébreu: ifâsar Sûsâh, Jos., six, 5;IXàsar Sûsïm, I Par., iv, 31, «le village des chevaux;» Septante: Codex Vaticanus: Eap<jou<recv, Jos., xix, 5; ’Hiu’ïuæoopiji., I Par., iv, 31; Codex Aleooandrinus: ’A<rsp<rou<rî(i, Jos., XIX, 5; ’H[ii<rusti)<yfu., I Par., iv, 31;Vulgate: Hasersusa, Jos., xix, 5; Hasarsusim, I Par.,iv, 31), ville de la tribu de Siméon, située par là mêmeau sud de la Palestine. Jos., xix, 5; I Par., iv, 31. Lenom hébreu, par sa signification, semble indiquer unantique dépôt ou relais de cavalerie, de même queBethmarchaboth, «maison des chars,» qui le précède,désigne probablement un entrepôt de chars de guerre.Voir Bethmarchaboth, t. i, col. 1696. Mais, où se trouvaitla ville? C’est encore un problème aujourd’hui.V. Guérin, Judée, t. iii, p. 172, serait tenté de l’identifieravec Khirbet Sûsiyéh, localité située dans les montagnesdé Judée, au sud d’Hébron. Il est certain que lerapport onomastique est frappant, mais la position noussemble beaucoup moins convenable. Le village, placéentre El-Kurmul, Carmel, Khirbet Ma’în, Maon, etEs-Semu’a, Istemo, appartient à une portion du territoirede Juda, distincte de celle qui fut concédée àSiméon. Cf. Jos., xv, 26-31, 50, 55; xix, 2-6. On a proposéaussi,-d’après Tristram, Susîn, ou Beit Susîn, surla route des caravanes de Gaza en Egypte. Cf. G. Armstrong,W. Wilson et Conder, Nantes and places in theOld and New Testament, Londres, 1889, p. 82. L’emplacementserait meilleur. — Dans la liste de Josué, xv,26-31, parallèle à celle de Jos., xix, 2-6, on trouve Sensenna(hébreu: Sansanna) au lieu de Hasersusa. Reland,PaUestina, Utrecht, 1714, t. i, p. 152, est disposé à croireque les deux noms indiquent une même ville. Voir

Sensenna.

A. Legendre.

    1. HASIM##

HASIM (hébreu Jfuiim; Septante: omis dans leCodex Vaticanus; ’Aaàë, dans Y Alexandrinus), donnécomme le fils d’Aher dans la Vulgate. I Par., vii, 12. Letexte hébreu a le mot fils au pluriel, ffuHm benê’ahêr, «Husim les fils d’Aher.» Le texte de ce verset a évidemmentsouffert: aucune des nombreuses restitutionsessayées n’est bien satisfaisante.

    1. HASOM##

HASOM (hébreu: IfâSum; Septante: ’H<rdtii), pèrede plusieurs Israélites qui renvoyèrent les femmes étrangèresprises à Babylone contrairement à la loi. I Esd.,x, 33. Voir Hasum 1.

    1. HASOR##

HASOR, ville chananéenne. I Keg., xii, 9. Ce nomest écrit ailleurs Asor. Voir Asor 1, t. i, col. 1105.

H ASRA (hébreu: Biasrdh; Septante: XiMufo; Codes.Alexandrinus: ’E<rmpr), père de Thécuath, ancêtre dela prophétesse Holda. II Par., xxxiv, 22. Dans le passageparallèle, IV Reg., xxii, 14, il est appelé Harhas (Vulgate:Amas).

    1. HASSÉMON##

HASSÉMON (hébreu:. Jfé&môn; Septante: omis),ville de la tribu de Juda, située à l’extrémité méridio- (nale de la Palestine, et mentionnée une seule fois dans I

l’Écriture. Jos., xv, 27. Elle est, comme la plupart deslocalités de ce groupe, restée inconnue.

A. Legendre.

    1. HASSUB (hébreu##


HASSUB (hébreu,: Hmùb; Septante: ’AmiS), lévitede la branche de Mérari, père de Seméia, I Par., rx, 14.Dans la généalogie parallèle de II Esd., xi, 15, il estappelé Hasub dans la Vulgate. Voir Hasub 3. "

    1. HASUB (hébreu -##


HASUB (hébreu -.IfaSSûb; Septante: ’A<ro-j6, saufdans II Esd., x, 23, où on lit: ’A<roû9, mais le CodexAlexandrinus a la leçon ordinaire’Asoùë), nom detrois Israélites.

1. HASUB, fils de Phahath-Moab, rebâtit une partiede la muraille de Jérusalem et la tour des Fours. II Esd.,m, 11.

2. HASUB bâtit vis-à-vis de sa maison une partie desremparts de Jérusalem, au retour de l’exil. II Esd., iii,23. Il est différent du précédent. Il paraît être le mêmepersonnage que Hasub, un des chefs du peuple qui signèrentl’alliance. II Esd., x, 23.

S. HASUB, lévite père de Séméia, dans la branche deMérari. II Esd., xi, 15. C’est le même personnage quela Vulgate appelle Hassub dans I Par., IX, 14.

    1. HASUM##

HASUM (hébreu: Hdsum), nom de deux Israélites.»

1. HASUM (Septante: I Esd., ii, 19, ’Aai^; CodexAlexandrinus: ’Auoil[i; dans les autres endroits: ’Huo[i),chef d’une famille du peuple dont les membres revinrentde Babylone avec Zorobabel au nombre de 223.! Esd.,h, 19. Dans la liste parallèle, II Esd., vii, 22, il estnommé Hasem par la Vulgate. Le nombre des membresde cette famille est dans ce dernier passage de 328. Plusieursdes fils de Ifâs’um renvoyèrent les femmes étrangèresqu’ils avaient prises à Babylone contrairement àla loi. I Esd., x, 33: dans cet endroit la Vulgate donnele nom sous la forme Hasom. Hasum, chef d’une familledu peuple qui se trouve parmi les signataires de l’alliance,II Esd., x, 18, est vraisemblablement le mêmepersonnage.

2. HASUM (Septante: omis dans le Codex Vaticanusqui ne nomme que quatre lévites au lieu de sept; le CodexAlexandrinus a’Q<jâ[i), lévite qui se tenait avec sisautres lévites à la gauche d’Esdras pendant qu’il faisaitau peuple la lecture de la loi. II Esd., viii, 4.

    1. HASUPHA##

HASUPHA (hébreu: tfâsûfâ’et Bîàèufâ; Septante.’Auouçé; Codex Alexandrinus: ’Auouçâ pour I Esd.,Il, 43; et’A<yqu, Codex Alexandrinus: ’Aotiçô pourII Esd., vil, 47), chef d’une famille nathinéenne quirevint de la captivité de Babylone avec Zorobabel.I Esd., Il, 43; II Esd., vii, 47.

    1. HATHATH##

HATHATH (hébreu: B~âtaf, Septante: ’AOiO), undes fils d’Othoniel, descendant de Cénez. I Par., iv, 13.

    1. HATIL##

HATIL (hébreu: Hattil; Septante: ’Ateiâ; CodexAlexandrinus: ’ArréX, pour I Esd., Il, 57, et’Ey^X,Codex Alexandrinus: ’EtrijX pour II Esd., vii, 59), chefd’une famille, «les fils d’Hattil,» rangée après les Nathinéensparmi les fils des serviteurs de Salomon. Ilsrevinrent de la captivité de Babylone avec Zorobabel.I Esd., ii, 57; II Esd., vil, 59.

    1. HATIPHA##

HATIPHA (hébreu: ifâtifâ’; Septante: ’Atouçix;Codex Alexandrinus: ’Azupi pour I Esd., ii, 54;. et’Axtiçi pour II Esd., vii, 56), chef d’une famille deNathinéens dont les membres revinrent à Jérusalem avecZorobabel. I Esd., ii, 54; II Esd., vii, 56.

    1. HATITA##

HATITA (hébreu: IJâtità'; Septante: 'Arfui, chefd’une famille de lévites, appelés «fils de portiers», I Esd.,u, 42, et «portiers», II Esd., vii, 45 (Vulgate, 46), c’està-dire chargés de la garde des portes du Temple. Cettefamille, ainsi que celles de plusieurs autres portiers, revint de la captivité avec Zorobabel. I Esd., ii, 42; II Esd.,vu, 45.

    1. HATTUS##

HATTUS (hébreu: (fallût), nom de trois Israélites.

1. HATTUS (Septante: Xarro-jç, I Par., iii, 22, et'Atto-jç, I Esd., viii, 2), fils de Séméia et petit-fils de Séchénias dans la descendance de Zorobabel. I Par., iii, 22.Probablement on doit l’identifier avec le Hattus des filsde David qui revint de captivité avec Esdras. I Esd.,vm, 2.

2. HATTUS (Septante: 'AttoûO; Codex Alexandrinus:'AutoÛç), fils d’Hasébonia, qui rebâtit une partie desremparts de Jérusalem, en face de sa maison. II Esd.,iii, 10.

3. HATTUS (Septante: 'AttoiSç, II Esd., x, 4; omisdans II Esd., xii, 2, mais Codex Alexandrinus /Attôuç),prêtre qui signa l’alliance théocratique à la suite deNéhémie. II Esd., x, 5. Il était revenu de la captivité deBabylone avec Zorobabel. II Esd., xii, 1, 2.

    1. HAUTS-LIEUX##


HAUTS-LIEUX. I. Sens et étyhologie. — HautLieu répond à l’hébreu bâmâh, pluriel bdmôf. Le kametsest impur comme si le mot dérivait de la racine bùm.Mais cette racine n’existe ni en hébreu ni dans aucunelangue sémitique. Le mot bâmâh lui-même n’est usitéqu’en hébreu et en assyrien, où il s’emploie générale-'ment au pluriel. Delitzsch, Assyr. Handwôrt., p. 177.On a comparé le persan bàm, sommet, toit d’une maison,et le grec pw^ç, éminence naturelle ou artificielle.Bm[j.ôç, qui dans la langue commune veut dire autel,signifiait primitivement"estrade. lliad., viii, 441. Les Septante rendent en général bâmâh par unijXïi dans le Pentateuque, par ta tyrikâ, ta û^r, dans les livres historiqueset par (3u>[j.ôç dans les prophètes. La Vulgate traduit d’ordinaire excelsum et quelquefois fanum. — Quelle quepuisse être l'étymologie, le sens originaire du mot estcertainement hauteur, lieu élevé. Ce sens ressort avecévidence en assyrien, où les bamâti sont opposés auxplaines, et même en hébreu, où le peuple monte versles bâmôt, I Reg., ix, 13, 19; Is., xv, 2, et en descend.I Reg., x, 5. On trouve parfois bâmâh employé dans cesens primitif, II Reg., i, 18 (super excelsa tua y est misen parallélisme avec super montes tuos); Mïch., iii, 12,Jer., xxvi, 18 (la montagne du Temple sera changée;en hauteurs [bâmôf] boisées); de même Ezech., xxxvi,2; Num., xxi, 28. Plus souvent bâmâh signifie lieu fortifié, les forteresses étant bâties de préférence sur leshauteurs. Ps. xviii, 34 (hébr.); Hab., iii, 19; Am., iv, 13;Mich., i, 3; Deut., xxxii, 13; xxxiii, 29; Job, ix, 8; Is.,xrv, 14; lviii, 14. Mais le sens le plus usuel de beaucoup est: 1) hauteur où l’on rend un culte à la divinité; 2) par extension, sanctuaire construit sur les hauteurs; 3) enfin lieu d’adoration ou sanctuaire quelconque,même dans les plaines et dans les vallées. Jer., vii, 31{bâmôt de Topheth, dans la vallée des fils d’Hinnom);IV Reg., xvii, 9. Il faut remarquer que le sens religieuxest à peu près le seul connu des prosateurs, les deuxautres acceptions étant plus ou moins poétiques. Poétique aussi serait le sens de tumulus funéraire s’il étaitétabli. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 188. — Bâmâh, trèsfréquent au pluriel, est assez rare au singulier. Il s’applique au singulier: — 1. au grand bâmâh de Gabaon,1Il Reg., iii, 4; I Par., xvi, 39; xxi, 29; II Par., i, 3,13; — 2. à celui de Rama où se rencontrent Saül etSamuel, I Reg., ix, 12, 13, 14, 19, 25; — 3. à celui de


Gabaath-Élohim, I Reg., x, 5, 13; — 4. au sanctuairefondé par Jéroboam à'Béthel, IV Reg., xxiii, 15; — 5à l'édicule élevé par Salomon en l’honneur de Chanios,III Reg., xi, 7; — 6. à un lieu indéterminé. Ezech., xx,29; Jer., xlvhi, 35; Is., xvi, 12. — On peut se demandersi bâmâh ou bâmôf (la distinction entre le pluriel et lesingulier est souvent difficile à faire) ne désigne pas enoutre un objet servant au culte ou relatif au culte. Mésanous apprend (ligne 3 de son Inscription) qu’il a fait cebâmat (ou ces bâmôt) à Chamos, et par là il paraîtentendre la stèle commémorative elle-même, érigée enaction de grâces des bienfaits reçus de son dieu. Ézéchieldit que Jérusalem, sous la figure d’une prostituée, a prisses habits et en a fabriqué des bâmôf telu'ôf (tentes oudais faits de morceaux cousus ensemble). Ezech., xvi,16. Josias fait brûler le bâmâh, expressément distinguéde l’autel, que Jéroboam avait érigé à Béthel. IV Reg.,xxiii, 15. Cependant le bâmâf de Mésa peut être unédicule contenant la stèle; celui d’Ezéchiel, une sortede tabernacle formé de tentures; et celui de Jéroboam,un édifice en planches bâti près de l’autel. Nous retombons ainsi dans l’un des trois sens ordinaires.

II. Symbolisme.

Chez un grand nombre de peuplesles montagnes furent le temple de la divinité. SuivantHérodote, i, 131, les Persans immolent à Jupiter, c’està-dire à leur dieu suprême, sur les plus hautes montagnes: Ati [liv êicl zk >ùr{klnaTa td>v oùpéeov àva6a(vovTaç8)<n’aç ÊpS’sv. On faisait de même en Asie Mineure(Apollonius de Rhodes, Argonaut., Il, 524), ainsi que dansle monde grec, où toutes les cimes élevées étaient dédiéesà Jupiter. Vossius, In Melam, i, 2. C’est surtout dans lepays de Moab et la terre de Chanaan que cet usage étaiten vigueur, comme nous l’apprennent les écrivains sacrés,mais il est faux de prétendre, ainsi que le font souventles rationalistes, qu’il est exclusivement propre à cespeuples et que les Hébreux doivent le leur avoir emprunté; comme si le monde grec n’avait pas ses acropoles, la Chaldée et le pays d'Élam ses ziqqurat, l’Egypteses éminences artificielles et l’univers entier ses montagnes sacrées. Que les Hébreux aient hérité des HautsLieux de Chanaan comme de son territoire est. unethéorie qui, pour être aujourd’hui très en vogue, n’en.est pas plus fondée pour cela. Cf. J. Wellhausen, Prolegomena zur Géschichte Isræls, 1886, p. 18; R. Smend,Lehrbuch der alttestam. Beligionsgeschichte, 1899,p. 157. En sens contraire, J. Robertson, The early Religion oflsroel, 5° édit., 1896, p. 248.

Un fait si général doit avoir ses racines dans les profondeurs de l’instinct religieux. On peut en donner troisraisons: — 1. Les montagnes étaient regardées commeplus rapprochées de Dieu et plus aptes, par conséquent,à établir le commerce entre le ciel et la terre. À défautde montagnes on construisait des tours de Babel, desziqqurrat, pour se rapprocher du ciel. — 2. Elles étaientconsidérées comme la demeure même des dieux. ChezHomère les dieux descendent toujours des crêtes escarpées et y remontent après avoir secouru leurs fidèlesOn sait que les Chaldéens appelaient Aralu la montagneoù leurs grands dieux faisaient leur séjour. Delitzsch,Wo lag das Parodies? p. 118. L’Olympe, le Pélion, l’Ida,le Casius et, en Palestine, l’Hermon, le Carhiel, le Thabor; etc., furent toujours honorés comme la demeuredes immortels. — 3. Les montagnes, par leur altitude,symbolisent la majesté de Dieu et font naître naturellement en nous le sentiment de sa grandeur. Toute montagne est appelée montagne de Jupiter: II5v ôpoc toûAlix; opoî ôvo(*àC6Tat, dit Mélanthe, De sacrificiis. Peutêtre les montagnes de Dieu, Ps. xxxv, 7, doivent-elless’entendre de même; mais la chose reste douteuse.

A côté de ces avantages, les hautes montagnes avaientdes inconvénients: l’accès difficile, l’impossibilité des’y réunir en grand nombre et le manque d’eau, qui lesrendaient impropres aux banquets sacrés, conclusion

m. - is

nécessaire de tous les sacrifices qui n’étaient pas desholocaustes. Pour ces motifs, les collines d’élévationmédiocre furent souvent préférées, et surtout lesbosquets arrosés par une source abondante; la collineoffrait un point de repère suffisant au rassemblementreligieux et le bosquet prétait à la fête le charme de sonombre et la fraîcheur de son eau. Tous ces endroits, endépit de l’étymologie, étaient compris sous le nom généralde Hauts-Lieux. La formule complète était: Sacrifiersur toute montagne et sur toute colline et soustout arbre touffii. Deut., xii, 2; III Reg., xiv, 23; IV Reg.,xvi, 4; xvil, 10; II Par., xxviii, 4; Is., lvii, 5; Jer.,

mêmes arbres solitaires. Seulement ils ont érigé sue lesmontagnes sacrées un kubbéh, petit édifice à coupoleblanche, qui marque pour eux la tombe d’un seheikh,d’un ouély (saint) ou d’un néby (prophète), et donne àleur vénération une couleur orthodoxe. Ces endroitss’appellent toujours maqâm comme dans le Deutéronome:Détruisez tous les lieux (meqômôt, pluriel de niasqôm) où les gentils adorent leurs divinités. Deut., xii, 2.Les fontaines vénérées de nos jours et les arbres où lesArabes suspendent des haillons en ex-voto sont associésde même à la mémoire d’un patriarche ou d’un saint.Clermont-Ganneau, The Survey of Western Pales116. — Bâmâk assyrien. Bas-relief du British Muséum.

il, 20; iii, 6, 13; xvii, 2; Ezech., vi, 13; xx, 28. La raisonde ce choix est expressément indiquée par Osée, iv, 13: «Ils sacrifiaient sur la cime des montagnes, et ilsbrûlaient de l’encens sur les collines, sous le chêne, lepeuplier et le térébinthe; car l’ombrage en est agréable.» L’agrément de l’endroit lui-même, le silence recueillide sa solitude, le paisible mystère de sa retraite, la vuedes grands arbres, témoignage de la fécondité de la naturesans le travail de l’homme, l’abri d’un frais ombragecontre les ardeurs d’un soleil oriental, la proximitéde l’eau pour les ablutions, les libations et le festinsacré, surtout quand le culte religieux avait lieu en pleinair et revêtait trop souvent un caractère dissolu et impudique:telles étaient sans doute les raisons d’être desHauts-Lieux chananéens.

Mais il est curieux de noter que les mêmes endroitsont continué à exercer à travers les âges les mêmes séductionssur les habitants du pays. Malgré leur rigoureuxmonothéisme, les musulmans de nos jours vénèrentencore Iss mêmes collines, les mêmes sources, les

Une, Londres, 1881, p. 325; Conder, Tent Work in Palestine,1880, p. 304-310. Ces faits, en nous montrantla persistance des coutumes locales, nous aideront àmieux comprendre l’histoire des Hauts-Lieux. — Pourles textes des auteurs classiques relatifs aux Hauts-Lieux,voir J. Spencer, De legibus Hebrseorum ritualibusearumque rationibus, . II, c. xxiii. Sur une autreexplication naturelle des Hauts-Lieux, cf. W. R. Smith,Lectures on the Religion of the Sémites, 2e édit., 1894,p. 489.

III. Histoire.

Moïse et les Hauts-Lieux.

La législation

du Deutéronome, relativement aux lieux souilléspar un culte idolâtrique, paraît des plus nettes. «Détruiseztous les lieux où les nations dont vous occuperezl’héritage adorent leurs divinités, sur les hautes montagneset sur les collines et sous tous les arbres touffus.Renversez leurs autels, brisez leurs massébas, brûlezleurs achéras, mettez en pièces les statues de leurs divinitéset abolissez jusqu’au nom même de ces lieux."Vous n’agirez pas ainsi à l’égard de Jéhova, votre Dieu;

mais l’endroit que Jéhova, votre Dieu, aura choisi parmitoutes les tribus, vous le rechercherez et vous y viendrez.» Deut., xii, 2-5. — Cette législation comprend deuxparties: — 1. injonction absolue de détruire tous les édificesou objets ayant servi au culte des idoles; de débaptiserles lieux eux-mêmes pour effacer la mémoire d’unculte superstitieux; — 2. défense d’offrir à Jéhovah dessacrifices en dehors d’un lieu unique, à partir d’uneépoque encore vague qu’une révélation ultérieure devaitdéterminer. Voir Sanctuaire (Unité du). — La premièreinjonction est formelle. Elle est répétée, en termespresque identiques, en d’autres endroits du Pentateuque,Deut., vii, 5 (destruction des autels idolâtriques, desmassèbâh, des’â&érâh et des statues); Exod., xxiii, 24(destruction des massèbâh); Exod., xxxiv, 13 (destructiondes autels, des massèbâh et des’âSérâh); Num.,xxxiii, 52 (destruction des images, maikîyôf, des statuesde métal fondu, salmê massékôf, et enfin des Hauts-Lieux,bâmôf). Il peut être intéressant de noter que,dans ce dernier passage, le seul où les Hauts-Lieux soientproscrits sous leur nom technique de bdmôp, Moïse nedit pas: «Détruisez tous les Hauts-Lieux,» comme laVulgate le donnerait à entendre, omnia excelsa vastate,mais bien: «Détruisez tous leurs Hauts-Lieux.» Ce nesont pas les Hauts-Lieux en eux-mêmes qui sont réprouvés,mais les Hauts-Lieux de Chanaan. Cf. Lex mosaica,or The Law of Moses and the Higher Criticism, Londres,1894, p. 266 et 502. — La seconde clause est beaucoupmoins Claire. D’après la tradition talmudique, ellene devait entrer en vigueur qu’après la construction duTemple. Quoi qu’en pensent un certain nombre d’exégètescatholiques, cette interprétation est beaucoupplus conforme soit au texte du Deutéronome, soit auxpassages de l’Écriture qui l’expliquent ou y font allusion.Voyons d’abord comment l’entendit la coutume,qui a force de loi lorsqu’elle se fait l’interprète de laloi. Sur les différents sentiments des catholiques à cetégard, cf. de Hummelauer, Comment, in libros Samuelis,p. 93-95.

2° Les Hauts-Lieux depuis Moïse jusqu’à la constnictiondu Temple. — Les Hébreux ne furentpas toujoursfidèles à détruire les autels des idoles. Tud., ii, 2. Cefut une des suites de leur tolérance à l’égard des peuplesvaincus. Cette tolérance devait les perdre. Jud.,Il, 3. Tls firent disparaître, il est vrai, les monumentspréhistoriques, dolmens, menhirs, cromlechs, cairns, etc.,associés non sans raison au culte des idoles. On n’enrencontre aucun en Judée, un seul douteux en Samarie,un de médiocre importance dans la Basse -Galilée etquatre dans la Haute. Au contraire, ils sont fréquentsdans la Syrie, au delà du Jourdain, sur les montagnesde Galaad et surtout dans le pays de Moab, où les explorateursanglais en comptèrent, en 1881, plus de septcents. C. R. Conder, Heth and Afoab, 3 8 édit., 1892, p. 197,271. Dans la Palestine proprement dite, ils doivent avoirété détruits systématiquement et, ce qu’il y a d’étrange,c’est qu’ils l’aient été dans la Samarie schismatique et laGalilée à moitié infidèle. Les critiques pour lesquels leDeutéronome remonte seulement à l’an 622 et le Codesacerdotal à l’an 444 ont à expliquer cela. — La loi mosaïqueeut donc un commencement d’exécution. Mais,en épargnant des populations imprégnées de paganisme,les Juifs perpétuaient au milieu d’eux des foyers d’idolâtrie.Les Hauts-Lieux, détruits aujourd’hui, se relevaientle lendemain. Nous avons vu plus haut combien sonttenaces les coutumes populaires. Aussi, dans tout l’AncienTestament, nous entendons parler sans cesse desHauts-Lieux chananéens et du culte infâme qui s’y pratiquait.

Du reste, les Juifs ne s’interdisaient pas non plusd’adorer Jéhovah sur les hauteurs. Eux aussi avaient leursHauts-Lieux qu’ils regardaient comme légitimes. QuandSaûl vient à Rama consulter Samuel, on lui annonce

que le prophète ne tardera pas à paraître, car il doit yavoir un sacrifice solennel sur le Haut-Lieu. Le motbâmâh est répété cinq fois dans ce contexte, sans quel’auteur sacré manifeste la moindre surprise. I Reg., ix,12, 13, 14, 19, 25. On dit que Samuel étant prophètepouvait autoriser, par exception, les sacrifices sur lesHauts-Lieux. Hais ceci n’a pas l’air d’une dérogation.C’est une chose usuelle à laquelle tout le peuple s’attend.

— La vraie raison qui autorisait le culte des Hauts-Lieuxnous est donnée par le livre des Rois. «Le peuple sacrifiaitsur les Hauts-Lieux, car on n’avait pas bâti jusqu’alorsde temple au nom de Jéhovah. Or, Salomon aimaitJéhovah et suivait les voies de David, son père; mais ilsacrifiait et brûlait de l’encens sur les Hauts-Lieux. IIalla donc à Gabaon pour y offrir des sacrifices; car c’étaitlà le Haut-Lieu principal (hab-bâmâh hag-gedôlâh). Salomonoffrit mille holocaustes sur cet autel. Et Jéhovahapparut en songe à Salomon, la nuit,» etc. III Reg.,m, 2-5. Puisque Gabaon était le Haut-Lieu principal, ily en avait d’autres, où le peuple immolait ses victimes,sans que l’écrivain sacré y trouve rien de répréhensible.

— Salomon est favorisé d’une vision divine après sonsacrifice. Le culte sur les Hauts-Lieux était donc alorslégitime, à condition d’avoir Jéhovah pour objet, et l’auteurinspiré nous dit expressément pourquoi: Parcequ’on n’avait pas encore bâti de temple à Jéhovah; end’autres termes: Dieu n’avait pas encore déterminé lélieu du sanctuaire unique, II Reg., vii, 6, 7; III Reg.,vin, 16, et la loi du Deutéronome, xii, 5, 11, n’avait pasencore à recevoir son application. En attendant, on restaitsous le régime de la première loi du Sinaï, Exod., XX,24, 25; car la législation plus rigoureuse du Lévitique,XVII, 3-9, avait été abrogée, expressément pour unepartie et équivalemment pour l’autre. Deut., xii, 10-15.Ceux qui maintiennent dans sa rigueur la loi du Lévitiquene font pas attention que les Juifs ne la connaissaientpas avant Salomon. Quand Absalom dit à son pèrequ’il a fait vœu d’aller à Hébron offrir des sacrifices àJéhovah, le saint roi David n’y voit rien que de trèsnaturel: Va en paix, répond-il à son fils. II Reg., XV,7, 9. Cf. I Reg., xx, 29, où il est question d’un sacrificede famille à offrir à Bethléhem le jour de la néoménie.Les partisans de cette opinion ne remarquent pas nonplus que si la loi du Lévitique avait été en vigueur,entre l’occupation de la Terre Promise et la constructiondu temple, les sacrifices offerts devant l’arche d’allianceséparée du tabernacle auraient été illicites, ce que personnen’a jamais prétendu. En effet, le texte du Lévitiqueest formel, xvii, 9. Ce n’est pas devant l’arche,c’est expressément devant l’entrée du tabernacle, pasailleurs, que la victime doit être immolée, pour se conformerà cette prescription. Du reste, nous savons pourquoiGabaon était au temps de David et de Salomon legrand Haut-Lieu, non pas le seul mais le principal. C’estque le tabernacle s’y trouvait. I Par., xvi, 39; xxi, 29;

II Par., i, 3, 13. Il fallait donc, comme nous l’enseignel’auteur des Paralipomènes, qu’on y immolât le sacrificeperpétuel et qu’on y célébrât le culte public. IPar, , xvi,39. C’est ce qu’on avait fait toujours, là où se trouvait letabernacle, à Silo d’abord, puis à Nobé.

Voici d’ailleurs la liste des Hauts-Lieux de Jéhovah, enentendant ce mot non d’Un autel érigé, en passant, pourune circonstance particulière, mais d’un sanctuairestable, où l’on se rendait à des époques fixes, pour yrendre un culte au vrai Dieu. — 1. Gabaon, le Haut-Lieuprincipal, appelé cinq fois du nom technique de bâmâh,

III Reg., iii, 4; I Par., xvi, 39; xxi, 29; II Par., i, 3,13. — 2. Rama, partie de Samuel, dont le bâmâh estmentionné en propres termes cinq fois de suite. I Reg.,ix, 12, 13, 14, 19, 25.-3. Gabaath-Élohim, où Saûlrencontre le cortège des prophètes descendant du bâmâh.I Reg., x, 5, 13. — Six autres localités, sans porter dansl’Ecriture le nom de bàmâh, en vérifient la définition. Ce

sont: — 4.Bethléhem oùl’ontientdesréunionsreligieusesrégulières, aux néoménies, avec sacrifices publics. I Reg.,X2, 24-29; xvi, 2-5. — 5. Galgala. Josué y avait érigé lesdouze pierres commémora tives, Jos., iv, 19-25, circoncisles hébreux, Jos., v, 2-9; c’était une des trois places oùSamuel se transportait périodiquement pour jugerIsraël et que les Septante appellent des lieux sanctifiés:

  • Ev toîc r, fca<r(iévot;. I Reg., vii, 16. Samuel y convoque

le peuple pour le sacrifice. I Reg., x, 8. Ce devait êtreune habitude qui subsista après la construction duTemple. Ose., iv, 15; cf. ix, 15; xii, 11. —6. Ophra possédaitl’autel érigé par Gédéon à Jéhovah sur les ruinesde l’autel deBaal, Jud., vi, 26, et appelé par lui Yehôvâhsàlôm. Cet autel existait encore à l’époque où écrivaitl’auteur du livre des Juges. Jud., VI, 24. Après sa victoire,Gédéon y mit un éphod fait avec l’or et la pourpredu butin. Jud., viii, 27. — 7. Hébron avait commeBethléhem ses sacrifices de famille. On y acquittait desvœux faits à Jéhovah. II Reg., xv, 7-9, 12. Il est évidentpar le récit que c’était une coutume reçue dont les pluspieux, comme David, ne se formalisaient pas. — 8. Silofut le grand Haut-Lieu au même titre que Gabaon tantque le tabernacle y resta. — 9. Il faut en dire autant deNob, I Reg., xxi, 1-9, qui eut quelque temps le privilègede posséder le tabernacle, le grand-prêtre et l’éphod.

On ne saurait appeler Hauts-Lieux les endroits témoinsd’un sacrifice isolé, offert à Jéhovah pour un motif exceptionnel,théophanie, victoire éclatante, etc., tels queBochim, le locus flentium de la Vulgate, Jud., ii, 5, etSaraa. Jud., xiii, 8-23. L’autel de Saül après sa victoirecontre les Philistins, I Reg., xiv, 35, n’a même absolumentrien d’exceptionnel. L’arche est dans le camp et legrand-prêtre Achias aussi. I Reg., xiv, 18. Au contraire ilest vraisemblable, sans qu’on puisse le démontrer, queBéthel, Dan, Masphath, le mont des Oliviers, le Carmel,étaient des lieux consacrés au culte de Jéhovah. PourBéthel et Masphath nous avons le mot des Septante citéplus haut. I Reg., vii, 16. Pour le mont des Oliviers lechoix qu’en fait David pour y adorer Jéhovah. II Reg.,xv, 30-32. Le mari de la Sunamite s’étonne qu’elle veuillealler au Carmel un jour ordinaire qui n’est ni sabbat, ninéoménie. IV Reg., iv, 23. Il est certain que le culteétrange de Micha, transféré ensuite à Dan, avait pourobjet Jéhovah, Jud., xvii, 3; le lévite qui fait fonction deprêtre consulte Jéhovah. Jud., xviii, 5-6. À Dan c’est undescendant de Moïse, Jonathan, qui est prêtre, et ce cultedure jusqu’à la captivité, ibid., 30; mais il est mêlé àtant de pratiques idolâtriques qu’on ne peut, de bonnefoi, le considérer comme un culte rendu au vrai Dieu.Il en est de même de Béthel, quelle que fût l’intentionsecrète dé Jéroboam. Le culte qu’il établit à Béthel et àDan est non seulement schismatique et illégitime, maisformellement idolâtrique, III Reg., xii, 2653; II Par.,ri, 15; xiii, 9, bien qu’il prétendit sans doute rendrehommage au Dieu national d’Israël.

De la construction du Temple à la captivité.

Il est

évident que durant cette période le culte sur les Hauts-Lieuxfut illicite. H n’avait plus de raison d’être, il étaitcontraire à la centralisation religieuse désormais nécessaire,il était en opposition directe avec la loi du Deutéronome,dont l’application stricte ne pouvait plus êtreretardée. Les prophètes s’élèvent avec vigueur et indignationcontre les Hauts-Lieux, sans distinguer entre lesHauts-Lieux de Jéhovah et les Hauts-Lieux idolâtriques.Tous sont maintenant considérés comme sacrilèges. «Ilsseront dissipés, les Hauts-Lieux impies, crime d’Israël,où l’on adore les vaches (c’est-à-dire le veau d’or) deBethaven (entendez Béthel).» Ose., x, 5, 8. Amos n’est pasmoins virulent, vii, 9; ni Michée, I, 5; ni Jérémie, xvii,3; ni Ézéchiel, vi, 3, 6. Les livres historiques eux aussicondamnent sévèrement le culte des Hauts-Lieux. Lesrois qui en ont érigé n’échappent jamais au blâme. Salomon,LU Reg., xi, 7; Jéroboam, ÙI Reg., xii, 31; xiii,

32; Joram, II Par., xxi, 11; Achaz, II Par., xxviii, 4,tombent tour à tour sous le coup de cette réprobation.Au contraire, pour les avoir renversés, Ëzéchias, IV Reg, ,xviii, 4, Josias, IV Reg., xxiii, 8, Asa, II Par., XIV,2-5, Josaphat, II Par., xvii, 6, sont comblés d’éloges.Il est une formule intermédiaire qui revient dansl’Écriture comme un refrain et ne semble pas impliquerun blâme sévère. C’est la formule de la Vulgate:Excelsa autem non abstulit. III Reg., xv, 14; xxii, 44;IV Reg., xii, 3; xiv, 4; xv, 4, 35; II Par., xx, 33. Elles’applique à des rois qui ont marché droit devant leSeigneur tels que Josaphat, aussi saint que son pèreAsa, III Reg., xxii, 43, Joas au temps où il était docileaux conseils de Joïada, IV Reg., xii, 3, Amasias dont ladroiture, sans égaler celle de David, est cependant louéepar l’auteur sacré, IV Reg., xiv, 3, Azarias, approuvédans la même mesure, TV Reg., xv, 3, Joatham, IV Reg.,xv, 34, et enfin Asa qui nous est présenté comme unmodèle accompli de piété et de fidélité à la loi de Dieu:Asa fit ce qui était droit en présence du Seigneur,comme Davidson père;.. Mais les Hauts-Lieux ne furentpas supprimés; cependant le cœur d’Asa fut parfait devantle Seigneur, tous les jours de sa vie. III Reg., xv,11-14. S’il y a faute, ce ne peut être évidemment quefaute vénielle. Remarquons d’abord que la formule de laVulgate est moins explicite en hébreu. Au lieu de: «Iln’abolit pas les bâmô(,» on lit dans le texte la tournurepassive: «Les Hauts-Lieux ne furent pas abolis,» ce quidonne une nuance un peu différente.

De tout temps les rois ont dû tolérer beaucoup dechoses qu’ils n’approuvaient pas. En politique le mieuxest parfois l’ennemi du bien; et, en tout cas, l’impuissanceou la bonne foi excusent. Il ne faut donc pass’étonner des éloges que les livres des rois donnent àJosaphat, à Joas du vivant de Joïada, à Amasias, à Azarias,à Joatham, à Asa surtout. Ils cédèrent sans doute àune nécessité politique et ils pouvaient d’autant plus setranquilliser qu’ils laissèrent probablement subsister lesseuls Hauts-Lieux de Jéhovah. Nous avons pour le conjecturerun témoin inattendu, l’auteur des Paralipomènes.Au dire des rationalistes, ce dernier arrangerait l’histoireà sa façon; il refuserait en particulier de reconnaîtrela légitimité des Hauts-Lieux de Jéhovah et supprimeraitde parti pris la mention: Excelsa autem nonabstulit, dont les livres des Rois accompagnent la noticedes rois pieux. Toutes ces assertions sont erronées. Ausujet d’Asa, II Paralipomènes, xv, 17, reproduisent exactementla mention de III Reg., xv, 14. De même pourJosaphat «qui marcha, sans se détourner, dans la voied’Asa son père, faisant ce qui était juste aux yeux du Seigneur.Seulement les Hauts-Lieux ne furent pas abolis, etle peuple n’avait pas encore affermi son cœur dans le servicede Jéhovah son Dieu». II Par., xx, 32, 33. L’obstinationet l’aveuglement du peuple excusent le roi, dumoins en partie. Que le culte des Hauts-Lieux toléré parces rois pieux fût non pas le culte infâme des idolesmais le culte illégal de Jéhovah, l’histoire de Manassèsnous permet de le supposer. Elle appartient en propreà l’auteur des Paralipomènes. L’impie Manassès, aprèsavoir rétabli les Hauts-Lieux, démolis par Ézéchias sonpère, érigé des autels à Baal et des’âsérâh, adorétoute la milice des cieux et placé des statues idolâtriques.jusque dans le temple de Salomon, II Par., xxxiii, 1-7 Vfut emmené captif à Babylone, rentra en lui-même, fitune sincère pénitence et reconnut que Jéhovah était Dieu.jk. 8-13. De retour à Jérusalem il fit disparaître lesdieuxétrangers et l’idole, kas-sémél, de la maison du.Seigneur, ainsi que les autels élevés sur la montagne duTemple. Il rétablit l’autel du Seigneur, y sacrifia des victimespacifiques et des hosties de louanges et enjoignità Juda de servir Jéhovah Dieu d’Israël, ꝟ. 14-16. «Cependant,ajoute l’écrivain sacré, le peuple sacrifiait encoresur les Hauts-Lieux, mais seulement à Jéhovah.)< Ce texte est fort intéressant à plusieurs titres: — 1. Il nous montre combien l’auteur des Paralipomènes est exempt de cet esprit de système qu’on lui reproche tant.— 2. Il nous apprend qu’il y avait deux sortes de HautsLieux, ceux des idoles et ceux de Jéhovah. Manassès converti démolit les premiers, qu’il avait autrefois érigés lui-même, et épargna les seconds. —3. Malgré cela l'écrivain inspiré ne met pas en doute la sincérité de sa pénitence; il le croit donc excusé soit par la bonne foi soit par les nécessités politiques.

Après le retour de la captivité. — Il n’est plus désormais question de Hauts-Lieux et le nom de bâmôp luimême semble oublié. Ézéchiel, qui écrivait durant la captivité, est le dernier à l’employer et son invective contre les Hauts-Lieux n’est que l'écho du passé. C’est cependant vers cette époque ou même plus tard, selon l'école rationaliste, que l’auteur du code sacerdotal seserait avisé de proscrire les Hauts-Lieux et d’en ordonner la démolition. Cela n’est guère vraisemblable; mais la critique interne aime à se jouer dans l’invraisemblance. — Voir Idolâtrie.

F. Prat.

HAVOTH JAÏR (hébreu: Ifavvôp Yâ'ir, Septante: iitavXei; 'Iorfp, Num., xxxii, 41; Jud., x, 4; @au<18 'Iatp;Codex Alexandrinus, 'Avxiô Tafp, Deut, III, 14; a[x(i[iai 'Iaip, Jos., xiii, 30; I Par., ii, 23; Codex Vaticanus, omis; Codex Alexandrinus, 'AuwB 'Iapet’p, III Reg., iv, 13; Vulgate: Havoth Jair, Num., xxxii,41; Deut., iii, 14; Jud., x, 4; vici Jair, Jos., xiii, 30; oppida Jair, I Par., ii, 23; Avothjair, III Reg., iv, 13), groupe de villes situées à l’est du Jourdain, primitivement conquises par Jaïr, descendant de Manassé, dont elles portèrent le nom. Num., xxxii, 41; Deut., iii, 14;,Jos., xiii, 30; III Reg., iv, 13; I Par., ii, 23. Plusieurs difficultés se rencontrent ici à propos du nom, de la situation et du nombre de ces villes.

Nom. — Suivant certains auteurs, le mot Jfavvôt, d’après une racine commune à l’arabe et à l’hébreu, désignerait des tentes disposées en cercle, ou, par extension, de simples villages. C’est le sens donné par les versions anciennes: Septante: £itaijXei;, Ti(i[iat; Vulgate: vici, oppida. «Les Amorrhéens avaient bâti des villes fortes sur les confins de Moab et d’Ammon; mais dans l’intérieur du pays, ils habitaient des bourgs ouverts, que tes fils de Manassé prirent facilement et fortifièrent au besoin pour y mettre à l’abri leurs familles et leurs troupeaux.» F. de Hummelauer, Comment. in Num., Paris, 1899, p, 358. Il semble pourtant que les ifavvôptle Jaïr sont les cités «munies de murs très hauts, de portes et de traverses», que la Bible signale dans la région d’Argob. Deut., iii, 4, 5. On comprend que le vainqueur ayt été fier d’attacher son nom à cette conquête,à moins d’admettre, avec R. Cornely, Introductio in S. Script., Paris, 1887, t. ii, p. 84, que le vaillant guerrier appela ironiquement ces places fortes «ses bourgs, ses tentes». D’autres exégètes prennent tout simplement ici la racine hâvdh, «vivre,» avec le sens de «demeurer», comme live et dwell en anglais s’emploie l’un pour l’autre, comme en allemand leben se trouve dans certains noms de villes, par exemple, Aschersleben, Eisleben. Bavvôp Yâ'ir signifierait donc «les habitations de Jaïr», Jairsleben. Cf. Gesenius, Thesaurus, T>. 451; Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, T>. 526; Keil; Die Bücher Moses, Leipzig, 1870, t. ii, P. 428.

Situation. — D’après certains passages de l'Écriture, les cités de Jaïr étaient en Galaad. Num., xxxii,14; Jud., x, 4; III Reg., iv, 13; I Par., ii, 23. D’aprèsd’autres, elles étaient en Argob et en Basan. Deut., iii,14; Jos., xiii, 30. Y a-t-il ici contradiction, ou est-ilbesoin de distinguer, suivant les parties de la Bible, lesHavoth Jaïr de Galaad et celles de Basan? Nous ne lecroyons pas. Galaad désigne, d’une façon générale, la région transjordane, Basan et Argob déterminent le pays d’une façon spéciale. Cf. Deut, , iii, 13-14. Voir Argob 2, 1. 1, col. 950; Basan, 1. 1, col. 1486; Galaad 6, t. iii, col. 47. Quelques auteurs, cependant, croient voirune distinction nettement marquée dans III Reg., iv, 13: «Bengaber, à Ramoth Galaad, avait Havoth de Jaïr, fils de Manassé, en Galaad; il avait le district d’Argob, qui est en Basan, soixante villes grandes et murées.» Il semblerait, en effet, au premier abord, que le territoired’Argob est. en opposition avec les cités dont nous parlons. Mais on peut très bien aussi regarder la seconde partie de la phrase comme un développement de la première, Argob étant, nous venons de le dire, en Galaad; ce qui ressort encore davantage de la comparaison avec Num., xxxii, 40-41; Deut., iii, 4, 5, 13, 14; Jos., xiii, 30.

Nombre. — D’après Josué, xiii, 30, et III Reg., iv,13, les villes étaient au nombre de soixante. Le Livre des Juges, x, 4, ne parle que de trente, et, dans I Par., ii, 23, on n’en compte que vingt-trois. En ce qui concerne Jaïr, le Juge, il suffit de répondre qu’il fit simplement revivre l’ancien nom, et que* lés trente villes mentionnées sont en rapport avec ses trente fils, qui en étaient les gouverneurs. Le livre des Paralipomènes, après avoir dit, ii, 22, que Jaïr, fils de Ségub, posséda vingt-trois villes dans la terre de Galaad, ajoute, ꝟ. 23, que «les Gessurites et les Araméens prirent les Havoth Jaïr, Canath et ses villages, soixante villes». Le texte ici est obscur et paraît altéré. Quoi qu’il en soit, certains auteurs tranchent ainsi la difficulté. Les soixante cités dont il est ici question indiquent celles de Jaïr unies à Canath et ses dépendances. Jaïr n’aurait, en réalité, conquis que vingt-trois villes, en Basan, tandis que Nobé se serait emparé de trente-sept du côté de l’est. Cf. Num., xxxii, 42. Le territoire de Basan ou d’Argob, avec ses soixante places fortes, aurait ainsi appartenu à deux grandes familles de Manassé. Mais, en raison même de cette parenté, et peutêtre d’une certaine suzeraineté exercée par Jaïr, Josué et l’auteur du III' livre des Rois, auraient indistinctement appliqué le nom de Jaïr aux soixante villes. D’autres exégètes, admettant la distinction entre les Havoth Jaïr de Galaad et celles de Basan, supposent que Jaïr prit vingt-trois villes dans la première contrée, en leur donnant son nom, qu’elles conservèrent jusqu’au temps des Juges et des Rois, bien qu'à ce moment leur nombre fût monté à trente. Le même conquérant prit soixante villes dans la seconde région, en leur imposant le même nom,qui disparut bientôt. Cf. Keil, Die Bücher Moses, t. ii,p. 429; Cornély, Introductio, t. ii, p. 85. Voir, du reste,sur cette difficile question, les commentateurs et leurs différentes solutions. Ces villes ne sont pas mentionnées en particulier; mais nous savons que le pays d’Argob et de Basan possédait d’antiques cités, comme Canath, Salécha, Édraï, qui conservent encore des vestiges de leur primitive grandeur.

A. Legendre.


HAYMON D’HALBERSTADT, évéque bénédictin, né vers 778, mort le 23 ou le 26 mars 853. Moine de Fulde, il vint à Tours avec Raban Maur pour étudiersous Alcuin; de retour dans son monastère, il en fut le chancelier et l'écolâtre. Il était abbé d’Hersfeld lorsque, en 841, il fut élu évêque d’Halberstadt. Au dire de Trithème, il avait composé des commentaires sur presque tous les livres de la Bible. Seuls ont été imprimés: In omnes psalmos explanatio, in-8°, Cologne, 1523; In Isaïam libri tres, in-8°, Cologne, 1531; In xii prophetas et in Cantica canticorum, in-8°, Cologne, 1533 (le commentaire sur le Cantique des cantiques est généralement attribué à Rémi d’Auxerre); Commentaria in Epistolas Pauli omnes, in-8°, sans lieu, 1528; in-8°, Cologne, 1539; In Apocalypsim libri vii, in-8 1, Paris,1535. Les œuvres d’Haymon d’Halberstadt se trouvent aux tomes cxvi, cxvii et cxviii de la Patrologie latine. — Voir P. Antonius, Exercitatio historico-theologica de vita et doctrina Haymonis Halberstadiensis, in-4°, Halle, 1704; C.-G. Derling, De Haymone episcopo Halberstadiensi commentatio historica, in-4°, Helmstadt, 1747; Histoire littéraire de la France, t. v, p. 111; Mabillon, Acta sanctorum ord. S. Benedicti, sæc. iv, part. I (1677), p. 618; Annales ord. S. Benedicti, t. n (1739), p.585, 586; dom François, Bibl. générale des écrivains de l’ordre de S. Benoît, t. i, p. 455; Ziegelbauer, Hist. rei litterariæ ord. S. Benedicti, t. iv, p. 24, 28, 29, 30, etc.

B. Heurtebize.

HAZAEL (hébreu: Hâzd’êl, Hâzâh’êl, II Par., xxii,6, «Dieu regarde, c’est-à-dire protège;» Septante: Ἀζαήλ; Vulgate: Hazæl) est un roi de Syrie qui régna à Damas de 886 à 857 avant notre ère et qui est mentionné dans les inscriptions cunéiformes sous le nom deHaza i-lu. Il n’était d’abord qu’un des principaux officiers du roi Bénadad I er, peut-être le général en chef de son armée, et Josèphe, Ant. jud., IX, iv, 6, le qualifie «le plus fidèle des serviteurs» de ce roi. Le prophète Élie reçut un jour du Seigneur l’ordre d’aller à Damas sacrer Hazaël roi de Syrie, III Reg., xix, 15, qui était désigné dès lors comme le futur instrument des vengeances divines sur Israël. III Reg., xix, 17. Son glaive fut, en effet, terrible pour le royaume d’Israël. Voir t. ii, col. 1226, 1673. Plus tard, quand Elisée alla à Damas, le roi Bénadad Ier, qui était malade, envoya Hazaël consulter l’homme de Dieu sur sa guérison. Hazaël alla à la rencontre du prophète avec la charge de quarante chameaux en présents, choisis entre tous les biens de Damas, les plus beaux produits et les objets les plus précieux de la capitale Élisée connaissait les projets ambitieux d’Hazaël, il savait que, quelle que fût sa réponse, le courtisan annoncerait au roi sa guérison;aussi il répondit à l’envoyé: «Allez et dites au roi: - Vous guérirez; cependant le Seigneur m’a montré qu’il mourrait de mort.» Puis, debout devant Hazaël, il fixa sur lui un regard pénétrant, et l’ambassadeur royal, comprenant que ses sentiments secrets étaient dévoilés, se troubla et rougit. Élisée se mit à pleurer. Hazaël surpris demanda: «Pourquoi mon seigneur pleure-t-il?— Je sais, répliqua l’homme de Dieu, quels maux vous infligerez aux fils d’Israël, Vous brûlerez leurs villes fortes, vous tuerez par l’épée leurs jeunes hommes, vous écraserez leurs petits enfants et vous ouvrirez le ventredes femmes enceintes.» Par une fausse et feinte humilité, Hazaël répartit: «Qu’est votre serviteur, un chien (selon les Septante, , un chien mort), pour accomplir de si grandes choses?» Élisée ajouta: «Le Seigneur m"a fait voir que vous serez roi de Syrie» » Revenu auprès de son maître, Hazaël lui dit au nom du prophète: «Vous recouvrerez la santé.» Mais le lendemain, il pritune couverture, la plongea dans l’eau, puis retendit mouillée sur le visage de Bénadad qui mourut étouffé, et il régna à sa place. IV Reg., yili, 7-15. Voir t. i, jcol. 1574; t. ii, col. 1227, 1694.

Hazaël eut bientôt l’occasion de commencer à exécuter contre Israël les maux prédits par Élisée. Joram, en effet, semble avoir mis à profit le changement de dynastie opéré à Damas, pour reprendre aux Syriens la forteresse de Ramoth-Galaad. Hazaël, qui n’avait pu sauver cette ville, se vengea de sa perte par l’échec qu’il infligea aux Israélites dans les environs de Ramoth.Joram, qui avait pour allié Ockozias, roi de Juda, Il Par., xxii, 6, fut blessé dans le combat et se rendit à Jezraël pour se soigner, laissant à Jéhu le. commandement de son armée. Le général en chef fut sacré roi d’Israël parl’envoyé d’Élisée à Ramoth même, et c’est de là qu’il partit pour aller exterminer la maison d’Achab. rV Reg., viii, 28, 29; ix, 1-16. Calmet, Commentaire littéral nulle quatrième livre des Bois, 2e édit., Paris, 1724, t. ii, p. 847, 849-850; Mgr Meignan, Les prophètes d’Israël, Quatre siècles de lutte, Paris, 1892, p. 278-279. Au début de son règne, Jéhu chercha à se fortifier contre les Syriens et, inaugurant la politique fatale que devait suivre un siècle plus tard Achaz, roi de Juda, il implora contre Hazaël la protection dé Salmanasar II, roi d’Assyrie, et s’assura son appui en lui payant tribut. Ce faitnous est révélé par deux inscriptions cunéiformes, celle des taureaux et celle de l’obélisque de Nimroud, qui racontent la campagne du roi de Ninive contre Hazaël. Dans la dix-huitième année de son règne, Salmanasar II traversa l’Euphrate pour la seizième fois. Hazaël, roi de Damas, se confiant sur la force de ses soldats, en rassembla un grand nombre et se fortifia à Saniru, un pic des montagnes qui sont vis-à-vis du Liban. Salmanasar le défit, tua six mille hommes de son armée, prit onze cent vingt et un de ses chars et quatre cent soixante-dix de ses chevaux. Hazaël s’enfuit et s’enferma dans sa capitale. Le roi de Ninive assiégea Damas, coupa les plantations, s’avança vers les montagnes du Hauran, saccageant les villes, y mettant le feu et emmenant de nombreux prisonniers. Voir t. ii, col. 1227. Vigouroux,La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 479-482; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 5e édit., Paris, 1893, t. ii, p. 379. Trois ans plus tard, en la vingt-unième année de son règne, 839, Salmanasar fit une seconde campagne contre Hazaël et il lui prit quatre villes. Hazaël n’essaya plus de résister aux Assyriens; pour ne pas s’exposer à de nouvelles défaites, il se soumit et consentit à payer tribut. En paix de ce côté, il poursuivit avec succès ses entreprises contre Israël, dont Jéhovah était las. Dans une série d’escarmouches, sous le régne de Jéhu, il battit les Israélites sur toute la partie des frontières de leur pays qui était en contact avec la Syrie, depuis le Jourdain jusqu’au point le plus oriental, dans le pays de Galaad, de Gad, de Ruben et de Manassé, depuis Aroër sur l’Arnon jusqu’à Basan. IV Reg., x, 32, 33; Maspero, op. cit., p. 381-382. Le prophète Amos, i, 3, 13, prédit des châtiments contre Damas, dont le roi à écrasé Galaad sous les herses de fer et a éventré les femmes enceintes. Voir col. 55. Sous Joachaz, fils de Jéhu, Hazaël et son fils Bénadad II furent encore les ministres de la vengeance divine contre Israël. Le roi de Syrie avait fait périr presque toute l’armée israélite et l’avait réduite en poussière, pareille à celle de l’aire qu’on foule aux pieds. IV Reg., xiii, 3, 7. Cependant, dans cette extrémité, Joachaz implora le Seigneur, qui écouta sa prière, vit l’affliction de son peuple et lui envoya un sauveur. IV Reg., xiii, 4-5, 22, 23. On a soupçonné que ce sauveur, à moins que ce ne soit Joas, fils de Joachaz, IV Reg., xiii, 25, n’était autre qu’un roi assyrien qui, en battant le roi de Damas, avait donné du répit aux Israélites. «Mon opinion, dit G. Smith, The Assyrian Eponym Canon, p. 192, est que par ce sauveur il faut entendre Salmanasar dont les expéditions contre Bénadad durent abattre pour un temps la puissance et donnèrent ainsiaux Israélites le temps de respirer.» Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 484-485; Meignan, Les prophètes d’Israël. Quatre siècles de luttes, p. 301-305. Hazaël fit aussi une expédition contre le royaume de Juda, sous le règne de Joas. Il vintassiéger Geth et, quand il l’eut prise, il se mit en marche contre Jérusalem. Joas acheta la paix et donna au roi de Syrie tout l’argent que ses prédécesseurs avaient offert au temple de Jérusalem. IV Reg., xii, 17, 18. Cf. II Par., xxiv, 23, 24. Hazaël eut pour successeur sonfils Bénadad IL IV Reg., xiii, 24. Ce roi habile et valeureuxavait bâti dans sa capitale un palais magnifique, que le prophète Amos, i, 4, menaça d’incendie pour venger les crimes des Syriens contre Israël. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t iii, p. 489. Quelques assyriologues pensent qu’il y eut d’autres rois de Syrie qui portèrent le nom d’Hazaël; mais il est fort

possible qu’Hazaël II ne soit qu’un dédoublement d’Hazaël Ier. Voir t. ii, col. 1225.

E. Mangenot.

HAZAZEL, nom du bouc émissaire. Voir Bouc émissaire, t. i, Col. 1871.

HAZIA (hébreu: Ifâzâyâh, «Jéhovah voit;» Septante: Ὁζειά), fils d’Adaïa, ancêtre de Maasia, l’un des chefs de Juda qui habita Jérusalem au retour de la captivité. II Esd., xi, 5.

HAZIR (hébreu: Hêzîr; Septante: Ἡζείρ), un des chefs du peuple signataires de l’alliance théocratique à la suite de Néhémie. II Esd., x, 20.

, ה, cinquième lettre de l’alphabet hébreu, représentant une aspiration comme notre h aspirée. Il est impossible de dire avec certitude ce que signifie le mot הא, hê', ou הי, hê, et quel objet représentait l’hiéroglyphe primitif de cette lettre. J. Fürst, Hebräisches Handwörterbuch, 3e édit., 1876, t. i, p. 310, voit dans la forme phénicienne du caractère, ϡ, l’image grossière d’une haie. D’après H. Ewald (voir Gesenius, Thesaurus, p. 359), ce signe représente une fente, une crevasse. D’autres y voient une fenêtre. E. de Rougé le fait dériver de l’image hiéroglyphique égyptienne figurant un plan de maison. Voir Alphabet, t. i, col. 405. — Dans les transcriptions des noms propres, la Vulgate supprime ordinairement le hé: הרסה = Edissa, Esth., ii, 7; הדזרם = Aduram, Gen., X, 27, etc. Elle est quelquefois conservée comme dans היר = Hor, Num., XX, 22, etc.; mais généralement notre traduction latine se sert de la lettre h pour rendre la heth ou le aïn hébreu. Voir Heth 2, col. 668.

HÉBAL (hébreu: 'Êbâl), nom d’un descendant de Jectan et d’une montagne de Palestine.

1. HÉBAL (Septante: Codex Vaticanus, omis; Codex Alexandrinus: Γεμιάν), huitième fils de Jectan, descendant de Sem. I Par., i, 22, L’orthographe de ce nom est ailleurs, Gen., x, 28, Ébal. Voir Ébal 1, t. ii, col. 1524.

2. HÉBAL (hébreu: har 'Êbâl, «mont 'Êbàl;» Septante: ὄρος Γαιβάλ), montagne de la chaîne d'Éphraïm, située au nord de Naplouse, en face du mont Garizim. Deut., xi, 29; xxvii, 4, 13; Jos., viii, 30, 33. Sa situation est déterminée dans le premier passage de la Bible où il en est question, Deut., xi, 30. Voir Garizim, col. 106.C’est la montagne des malédictions, c’est-à-dire celle au pied de laquelle se tenait une partie des Israélites pour l’imposante cérémonie prescrite par Moïse, Deut., xi, 29; xxvii, 13, et accomplie par Josûé, viii, 33. Les tribus qui y prirent place furent Ruben, Gad, Aser, .Zabulon, Dan et Nephthali. Deut., xxvii, 13. Elle fut aussi marquée par un double monument religieux, destiné à montrer que Dieu et sa loi prenaient possession de la terre deChanaan en même temps que le peuple hébreu. Le premier était un monument de pierres enduites dechaux, espèce de stèle gigantesque, sur laquelle furent gravées les paroles de la loi, c’est-à-dire probablement un résumé de la législation proprement dite. Deut., xxvii, 2-4. Le second était un autel de pierres brutes et non polies, sur lequel on offrit des holocaustes au Seigneur. Deut., xxvii, 5-7; Jos., viii, 30-32. D’après le Pentateuque samaritain, ces pierres et cet autel auraient été dressés sur le mont Garizim et non sur le mont Hébal. Mais tous les manuscrits hébraïques, aussi bien que la version des Septante et celle de la Vulgate, portent, dans le passage en question, le mot t&âï au lieu de Garizim. Le mont Hébal (fig. 117) s’appelle aujourd’hui Djebel Slîmali, ou pleinement Djebel Sitti Slîmah; ou encore Djebel Eslâmiyéh, du nom d’une femme musulmane dont le tombeau y est vénéré. Peu visité par les voyageurs européens, il n’est guère fréquenté non plus, du moins dans toutes ses parties, par les habitants de Naplouse. Les Juifs craignent de s’y aventurer, parce qu’il passe pour peu sûr; les Samaritains l’ont en horreur, parce que, à leurs yeux, c’est la montagne des malédictions, et que le Garizim est leur montagne sainte, celle des bénédictions, où s'élevait jadis leur temple et où ils sacrifient encore. Quant aux musulmans, ils y vénèrent, à la vérité, deux oualis; mais, en dehors de ces deux points, ils parcourent rarement le plateau de cette montagne. Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 446. L’Hébal est à 938 mètres au-dessus de la Méditerranée, et à 360 au-dessus de la vallée de Naplouse, dépassant ainsi le Garizim de 70 mètres environ. Il renferme, sur ses flancs inférieurs et méridionaux, plusieurs anciens tombeaux creusés dans le roc, et qui sont sans doute les restes del’antique nécropole de Sichem. Cf. F. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, Paris, 1865, t. ii, p. 250-252. Il est, en général, beaucoup plus dénudé que la montagne opposée. Il a cependant, jusqu'à une certaine hauteur, une bordure de jardins entourés de. haies de cactus. Malgré lesrochers qui hérissent ses pentes abruptes et la roideurde leur inclinaison, elles étaient autrefois cultivées parétages, comme l’attestent de nombreux murs de soutènement;aujourd’hui encore, elles ne sont pas complètementincultes; car, dans les endroits les moins escarpéset où les anciennes terrasses sont mieux conservées, ony sème soit du blé, soit du dourah. Le sommet forme unplateau assez étendu; la vue qu’on embrasse de là est àpeu près semblable à celle du mont Garizim, mais avecune plus grande extension vers le nord-est. La partienord n’offre nulle part de ruines apparentes; seulement çà et là, de petits murs d’enclos renversés et ayant servi à délimiter des propriétés prouvent que jadis ce sommet était cultivé en céréales ou en vignes; de vieux ceps rampent encore sur le sol en plusieurs endroits. À la partie sud, on remarque des ruines appelées Khirbet Kléiséh ou Knîséh, selon V. Guérin, Samarie, t. ii,p. 449, Khirbet Quléisa ou Qunéisa, suivant les explorateurs anglais, Survey of Western Palestine, Name lists, Londres, 1881, p. 185. Elles occupent le point culminant de la montagne. De nombreuses maisons jonchent de leurs débris confus un sol inégal et rocheux; les matériaux avec lesquels elles étaient construites avaient été à peine équarris. Une enceinte carrée, mesurant environ 32 pas sur chaque face et bâtie avec des blocs plus considérables, eux-mêmes très grossièrement taillés, estappelée El Qala’ah, «le château.» On en ignore la destination. Les musulmans vénèrent sur l’Hébal deux tombeaux: celui d’une femme, Sitti Slîmah, qui lui a donné son nom, et celui d’un scheikh appelé 'Amâd ed Din, «soutien de la religion.» Voir la carte du mont Garizim, col. 109. Reste-t-il quelque chose de l’autel primitif élevé par Josué? Voici ce que dit à ce sujet V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 451: «Pour retrouver ce monument précieux, j’ai parcouru avec soin tout le plateau méridional de la montagne, de même que j’en avais exploré le plateau septentrional; mais toutes mes recherches ont été vaines. D’abord, il est à croire que cet autel n’existe plus depuis longtemps, les Samaritains ayant transporté au Garizim la tradition qui le rattachait à l’Hébal et, par conséquent, ayant peut-être, pour accréditer ce transfert, effacé jusqu’aux traces du monument primitif; ensuite, quand même il existerait encore, comme il était bâti avec des pierres informes et non taillées, et que la plus grande partie du plateau méridional de l’Hébal est couverte de blocs de rocher plus ou moins considérables, et diversement entassés, ou disposésnaturellement par assises horizontales, il serait à peu près impossible actuellement de le retrouver au milieu de ce chaos confus, à moins d'être guidé dans

cette recherche par la tradition; mais celle-ci a été complètement perdue par les Juifs, et les Samaritains l’ont reportée ailleurs depuis de longs siècles. Ce qui me semble le plus probable, c’est que l’enceinte carrée signalée par moi au Khirbet Kléiséh peut avoir jadis renfermé cet autel. Ensuite, elle paraît avoir été remaniée et avoir servi à un but de défense. Cette enceinte occupe, en effet, le point le plus élevé de l’Hébal, et tout porte à penser que l’autel érigé par Josué devait être situé sur le sommet de cette montagne.» Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1873, p. 66-67; 1876, p. 191; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 186-187; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1889, p. 35-36.

A. Legendre.

HÉBER, nom de six personnages. Il répond dans la Vulgate à deux noms hébreux dont la première lettre diffère, עבר, ’Êbér, et תבר Hébér, le premier ’Êber venant d’une racine, ’âbar, «passer au delà,» le second, Hébér, d’une racine, ḥábar, «joindre, associer.» Au premier nom se rapportent les nos 1, 4, 5; au second, 2, 3, 6. Les Septante ont habituellement gardé une distinction entre ces deux noms: le premier étant rendu par Ἔβερ ou Ὠβήδ, le second par Χάβερ, Xόβωρ ou Ἅβαρ.’La Vulgate a mis indistinctement Héber, excepté dans Jud., iv, où elle a Haber. Voir Haber, col. 382.

1. HEBER (hébreu: ’Êbér; Septante: Ἔβερ, et dans Num., xxiv, 24; Ἔβραίους, mais Codex Ambrosianus: Ἔβερ), fils de Salé, descendant de Sem, et père de Phaleg et de Jectan. Gen., x, 24; I Par., i, 19; Luc, iii, 35. Dans la généalogie de Gen., xi, 16-17, il est dit que Héber avait 31 ans quand il engendra Phaleg, et qu’ensuite il vécut 430 ans. Dans I Par., i, 24, 25, la même suite des patriarches est donnée, moins l’indication de leur âge. Il est présenté comme l’ancêtre du peuple hébreu, qui porte son nom. Gen., x, 21; Num., xxiv, 24. Voir Hébreu.

2. HÉBER (hébreu: Hébér, et Num., xxvi, 45: Hêbér; Septante: Gen., xlvi, 27, Xόβωρ; Num., xxvi, 45, Xόβερ; I Par., vii, 31: Γάβερ, Codex Alexandrinus: Xάβερ; I Par., vji, 32: Xάβερ), fils de Beria, le fils d’Aser. Gen., xlvi, 17; I Par., vii, 31. De lui se forma la famille des Hébérites. Num., xxvi, 45. Les descendants d’Héber ne sont énumérés que dans I Par., vii, 32-34.

[Image à insérer]117. — Le Mont Hébal. D’après une photographie. — Au pied de la montagne, Naplouse.


3. HÉBER (hébreu: Hébér; Septante: Ἀβειδὰ, Codex Alexandrinus: Ἄβερ), un des fils de Méred par une de ses femmes, Judaia. Il est présenté comme le fondateur de la ville de Socho. I Par., iv, 17, 18.

4. HÉBER (hébreu: ’Êbér; Septante: Ὠβήδ), chef d’une famille de Gadites qui habitait dans le pays de Basan ou en Galaad. I Par., v, 13, 16.

5. HÉBER (hébreu: ’Êbér; Septante: Ὠβήδ) Benjamite, fils d’Elphaal. I Par., viii, 12.

6. HÉBER (hébreu: Hébér, à la pause Hâbér; Septante: Ἅβαρ), autre Benjamite, fils d’un Elphaal, I Par., viii, 17, qui paraît différer d’un précédent Elphaal lequel a aussi un Héber parmi ses enfants, v. 12.

HÉBÉRITES (hébreu: ha-Hébri; Septante: ὁ Χοβερεί), famille de la tribu d’Aser, dont Héber 2 était le père. Num., xxvi, 45.

1. HÉBRAÏQUE (BIBLE). Voir Bible, t.I, col.1776.

2. HÉBRAÏQUE (LANGUE). — La langue hébraïque est la langue que parlaient les anciens Hébreux et dans laquelle a été écrite la plus grande partie de l’Ancien Testament. À part un verset de Jérémie, x, 11, quelques chapitres de Daniel, ii, 4b-vii, 28, et d’Esdras, I Esd., IV, 8-vi, 18; vii, 16-26, qui sont en araméen, c’est en hébreu qu’ont été rédigés tous les livres protocanoniques de l’Ancien Testament, ainsi que plusieurs deutérocanoniques conservés seulement dans les traductions (Eccli.; peut-être Dan., iii, 24-90), xiii, xiv; I Mach.) et un certain nombre d’apocryphes (Énoch, les Psaumes de Salomon, etc.). — En dehors de ces écrits bibliques ou se rattachant à la Bible, il ne nous est parvenu que quelques inscriptions rédigées en hébreu: l’inscription de Siloé, découverte à Jérusalem en 1880 et remontant au VIIIesiècle av. J.-C.; une vingtaine de sceaux en partie antérieurs à la captivité et ne contenant guère autre chose que des noms propres; des monnaies du temps des princes machabéens. — Le nom de langue hébraïque n’est pas ancien dans la Bible; il remonte aux environs de 130 av. J.-C., date à laquelle il est pour la première fois employé par le traducteur de l’Ecclésiastique (ἐν ἑαυτοῖς ἑβραϊστὶ λεγόμενα; voir Hébreu 2, col.515). La langue hébraïque a été appelée langue sacrée par les Juifs en opposition avec l’araméen qui est dit langue profane. Les savants désignent souvent l’hébreu biblique sous le nom d’ancien hébreu par opposition au néo-hébreu de la mischna. — L’hébreu est une branche de cette grande famille des langues sémitiques (voir Sémitiques [Langues]) répandues dans l’Asie occidentale, de la Méditerranée au Tigre et à l’Euphrate, des montagnes d’Arménie au sud de l’Arabie, portées par les Arabes jusqu’en Abyssinie et par les Phéniciens dans les îles et sur divers rivages (Carthage) de la Méditerranée. — Pour les savants qui divisent les langues sémitiques en quatre groupes: méridional (arabe, éthiopien), septentrional (dialectes araméens), oriental (assyro-babylonien), et intermédiaire (dialectes chananéens), c’est à ce dernier groupe qu’appartiennent, avec le phénicien, le punique, le moabite, etc., l’ancien hébreu et les dialectes néo-hébreu et rabbinique qui en sont issus.

I. Écriture. — I. alphabet et consonnes. — L’un des traits les plus caractéristiques dans les langues sémitiques est l’importance des consonnes. Ce sont les consonnes qui indiquent l’idée maîtresse du mot dont les voyelles ne servent qu’à marquer les nuances ou les points de vue secondaires. Toutes les fois par exemple que les trois lettres Q D Š seront groupées dans cet ordre, et quelles que soient les voyelles, on aura des mots renfermant l’idée de sainteté: QâDaŠ, «il a été saint;» QâDôŠ, «saint;» QôDéŠ, «sainteté, sanctuaire;» QâDêŠ, «voué à la prostitution sacrée.» Il en est tout autrement dans nos langues, comme le prouvent les mots suivants qui ne diffèrent entre eux que par leurs voyelles.: PâLiR, PeLeR, PiLeR. PoLiR. Cette remarque nous permet de comprendre pourquoi l’alphabet hébreu pouvait ne renfermer que des consonnes. Lorsque l’hébreu était une langue parlée, il suffisait au lecteur expérimenté de connaître le sens principal exprimé par les consonnes; le contexte et la teneur générale du passage déterminaient le sens secondaire qu’il devait exprimer au moyen de telles ou telles voyelles. — Il y a vingt-deux lettres dans l’alphabet hébreu; toutefois, comme l’une de ces lettres correspond à deux articulations, on peut dire qu’il y a en tout vingt-trois consonnes. Leurs noms, d’origine phénicienne, désignent les objets avec lesquels leur forme primitive présentait des ressemblances. Nous reproduisons ici la forme des lettres, leurs articulations, leurs noms transcrits en caractères romains, la signification certaine ou simplement probable de ces noms. Enfin puisque les lettres hébraïques ont été employées comme chiffres, nous indiquons dans une dernière colonne leur valeur numérique.

ALPHABET HÉBREU

forme.articulation.nom
en hébreu
transcription.sens.valeur
numérique.
11.א’, esprit douxאָלֶףAleph.Bœuf.101
12.בbבֵּיתBeth.Maison.102
13.גg, toujours dur.גּימֶלGhimel.Chameau.103
14.דdדָּלֶתDaleth.Porte.104
15.הhהֵאHê.Fenêtre.105
16.וvוָוVav.Crochet.106
17.זzזַיִןZaïnArme.107
18.חḥ, aspiration très forteחֵיתḤêth.Rempart.108
19.טtטֵיתTêth.Serpent.109
10.יy, consonneיוֹדYôd.Main.110
11.ך, כkכָּףKaph.Creux de la main.120
12.לlלָמֶדLamed.Aiguillon.130
13.ם, מmמֵםMêm.Eau.140
14.ן, נnנוּןNun.Poisson.150
15.סsסָמֶךְSamek.Appui.160
16.ע‘, esprit rudeעַיִןAïnŒil.170
17.ף, פpפֵּאPê.Bouche.180
18.ץ, צtsצָדֵיṢadê.Harpon.190
19.קqקוֹףQoph.Nuque.100
20.רrרֵישׁRêsch.Tête.200
21.Dictionnaire de la Bible/Tome 3.1.b GREC-HERNIE - Wikisource (2)
שׂsשִׂיןṠin.
Dictionnaire de la Bible/Tome 3.1.b GREC-HERNIE - Wikisource (3)Dent.
300
שׁchשׁיןŠin.
22.תתָּוTav.Signe.400

Remarques. — 1. Cinq de ces lettres ont une forme différente à la fin des mots; ce sont les lettres צ, פ, נ, מ, כ, qui deviennent ץ, ף, ן, ם, ך. — Le Ṡin et le Šin ne diffèrent entre eux que par le point diacritique placé à gauche pour la lettre Ṡin (שׂ), à droite pour la lettre Sin (שׁ).

9 8 7 6 5 4 3 2 1

— 2. L’hébreu s’écrit de droite à gauche (בראשית ברא) et non de gauche à droite comme s’écrivent nos langues européennes. Jamais on ne commence un mot à la find’une ligne pour le continuer au début de la ligne suivante:on laissera plutôt un espace blanc à la fin de la ligne. Certaines lettres toutefois peuvent se dilater pourremplir cet espace blanc: ת, ם, ל, ה, א, peuvent devenir ﬨ, ﬦ, ﬥ, ﬣ, ﬡ. i — 3. Au point de vue de la prononciation, la plupart des lettres hébraïques ont leur équivalent dans nos langues. Les gutturales, ע, ח, ה, א, présentent seules une difficulté notable; l’א se fait sentir par une articulation très légère semblable à l’esprit doux du grec; le ה correspond à notre h aspiré,le ח au ch allemand très fort; quand au ע, c’est une articulation toute particulière aux Orientaux (gh ou rg). Parmi les sifflantes ז, שׁ, שׂ, ץ, ס, ז correspond à notre z, ס à notre s; שׂ a un son un peu plus dur; le צ est intermédiaire entre s dur et ts. — 4. Les lettres hébraïques servent aussi à marquer les chiffres, notammentpour l’indication Ses chapitres et des versets de la Bible. Les unités sont exprimées par les lettres א à ט, les dizaines par les lettres י à צ. Le premier groupe des centaines (100 à 400) est indiqué par les lettres ק à ת; le deuxième groupe des centaines (500 à 900) est parfois indiqué par les lettres finales (ךi= 500, םi= 600, ןi= 700, ףi= 800, ץi= 900), parfois aussi par תi= 400 joint aux lettres du premier groupe des centaines (תקi= 400 + 100 = 500). Pour exprimer les mille, on fait souvent usage des premières lettres de l’alphabet surmontées de deux points (א֞i= 1000, ב֞i= 2000). Quand il faut combiner ces lettres pour former des chiffres complexes, les lettres les plus importantes précèdent les autres. Une remarque spéciale est à faire à propos du chiffre 15. Il s’écrirait régulièrement יהo(10 + 5); mais יה est l’écriture abrégée du nom divin יהוה; aussi l’écrit-onטוo(9 + 6). Une raison analogue fait écrire 16 par טז au lieu de יו.

II. les voyelles. — Dans nos Bibles hébraïques les voyelles sont indiquées par des signes spéciaux dus à diverses combinaisons du point et du trait, et placés, soit au-dessus, soit à l’intérieur, soit surtout au-dessous desconsonnes. Ces points-voyelles sont combinés d’après un système adventice ajouté après coup aux textes sacrés par les Massorètes (voir plus bas, col.504). — On distingue trois groupes de voyelles: les longues, les brèves et les semi-voyelles. Les noms araméens donnés à ces signes se rapportent à la forme que prend la bouche ou aux mouvements qu’elle exécute en prononçant ces voyelles.

1o Voyelles longues. — Il y en a cinq:

forme.nom.valeur.exemple.align=right |1.ָKamets,â long,אַָב’âb,«père.»align=right |2.ֵTséré,ê long,אֵם’êm,«mère.»align=right |3.ִChireq gadol,î long,אִישׁ’iš,«homme.»align=right |4.וֹCholem,ô long,קוֹלqôl,«voix.»align=right |5.וּSchoureq,û long,קוֹלsûs,«cheval.»

Comme on le voit, les trois dernières voyelles longues supposent, quand elles sont pleinement écrites, la présence d’une consonne. Le Cholem toutefois est assez souvent indiqué par un simple point placé au-dessus des consonnes (קְטֹל): cette écriture défective ne s’emploie pas toujours d’une façon arbitraire, mais est soumise à certaines règles qu’il serait trop long d’indiquer ici. Quant à l’écriture défective du Chireq gadol et du Schoureq, elle est considérée comme fautive.

2o Voyelles brèves. — Il y en a cinq:

forme.nom.valeur.exemple.align=right |1.ַPatach,a bref,אַָח’âḥ,«frère.»align=right |2.ֶSégol,é bref,מֶלֶךְmêlêk,«roi.»align=right |3.ִChireq qaton,i bref,אִם’im,«si.»align=right |4.ָKamets chatouph,o bref,-כָּלkol,«tout.»align=right |5.ֻKibbuts,u bref,אֻמִּים’ummim,«peuples.»

Un des grands défauts du système massorétique est l’emploi du même signe pour indiquer â long et o bref. Le meilleur moyen de se fixer sur la prononciation de ce signe dans les divers cas où on le rencontre est de recourir à l’étymologie. Toutefois on peut remarquer que la prononciation â long est la plus fréquente et formuler le principe suivant qui sera plus facile à comprendre après ce qui sera dit des syllabes: L’o bref ne se rencontre que dans les syllabes fermées non accentuées, ou dans les syllabes ouvertes devant un chateph-kamets ou un autre kamets-chatouph.

3o Semi-voyelles. — Elles sont appelées schevas (שְׁוָא) et l’on en distingue deux espèces: le scheva simple et le scheva composé.

1. Le scheva simple (&ensp; ְ&ensp;) a une double fonction. Parfois il ne rentre pas, à proprement parler, dans le système des voyelles. D’après la tradition massorétique en effet, aucune lettre, dans le corps du mot, ne peut être dépourvue de signe vocalique: si elle n’a pas de voyelle propre, on met un scheva. Le rôle de ce scheva est souvent alors de marquer la fin d’une syllabe fermée, de diviser deux syllabes consécutives (voir plus loin la question des syllabes: II, Phonétique, col.469). Il est à noter toutefois que les lettres faibles (voir II, Phonétique) peuvent être dépourvues de tout signe vocalique, même dans le corps du mot. À la fin des mots, le ך final est la seule lettre qui prenne régulièrement ce scheva simple (מֶלֶךְ), que l’on appelle «scheva quiescent» et que l’on ne fait pas sentir dans la prononciation. — Au commencement des mots (קְטֹל), et des syllabes, soit après une voyelle longue קוֹ_טְלָה, soit après un scheva quiescent יְַק_תְלוּ, le scheva simple est appelé «scheva mobile»; il se fait entendre dans la prononciation comme un e muet très bref: qetôl, qô-telâh, iq-telu. C’est souvent alors (voir VII, Histoire de la langue hébraïque, col.502) un reste d’ancienne voyelle. — 2. Les «schevas composés» que l’on appelle aussi chateph, sont obtenus par la juxtaposition du signe du scheva simple et des signes des voyelles brèves. On a ainsi: un chateph-patach, ֲ i (חֲמוֹר, ḥămôr), un chateph-ségol, ֱ i(אֱמֹר, ’émôr), un chateph-kamets, ֳ i(הֲלִי, hôlî), qui équivalent à des voyelles a, é, o, très brèves, analogues à celles qui terminent les mots italiens Róma, Amáre, Córso. Ces schevas composés s’emploient surtout avec les gutturales; toutefois ֲ iet ֳ ise rencontrent avec d’autres lettres.

III. autres signes massorétiques. — Le système massorétique ne pourvoit pas seulement à l’indication des voyelles; il renferme d’autres signes dont les uns servent à préciser la prononciation de certaines consonnes, dont les autres marquent les relations qui existent entre les mots et les phrases.

1° À la première catégorie appartiennent: — 1. Le daguesch fort; c’est un point placé dans des lettres qui se trouvent d’ordinaire au milieu des mots pour indiquer qu’elles se redoublent dans la prononciation: קִטֵּל doit se prononcer qit-têl. — 2. Le daguesch doux; c’est un point qui se met en certains cas dans les lettres בגדכפת pour indiquer qu’elles ne sont pas aspirées (voir II, Phonétique). — 3. Le mappiq; c’est un point placé dans les lettres faibles אהדי pour indiquer qu’elles gardent leur valeur de consonne (voir II, Phonétique): on ne le trouve guère que dans le ה final. — 4. Le raphé; c’est un signe d’un emploi assez rare dans la Bible. Il consiste en un trait placé au-dessus d’une lettre pour indiquer qu’elle n’a ni daguesch ni mappiq.

5. Le méthég, ' petit trait vertical placé à gauche d’une voyelle (&ensp; ָֽ&ensp;); il indique que, même dans une syllabe non accentuée, par exemple dans une syllabe tonique secondaire, cette voyelle ne doit pas être prononcée trop rapidement.

2o À la seconde catégorie appartiennent: — 1. Le maqqef, trait d’union que l’on met entre deux mots qui ne doivent plus en faire qu’un avec un seul accent principal sur le second mot: כָּל-אָדָם, kol-’âdâm, «tout homme;»

— 2. Surtout les accents proprement dits. Ils sont très nombreux dans le système massorétique. Leur fonction est double. Ils indiquent avant tout la syllabe tonique de chaque mot; pour cette fin et quelles que soient leurs autres fonctions, ils se placent au-dessus ou au-dessous de cette syllabe tonique, généralement au-dessus ou au-dessous de la consonne qui en marque le début. L’accent tonique est généralement sur la dernière syllabe du mot (qui est alors appelé milra), parfois sur la pénultième (le mot est alors dit mil‘ĕl), jamais sur l’antépénultième. — Les accents servent en outre à indiquer le lien logique de chaque mot avec la phrase tout entière, en marquant soit la connexion, soit la séparation des termes; on distingue, à cause de cela, des «accents conjonctifs» et des «accents disjonctifs». — De plus il y a deux systèmes d’accentuation, dont l’un est employé pour les livres regardés comme poétiques par les Massorètes (Psaumes, Proverbes, Job), l’autre pour les livres censés rédigés en prose. Les accents prosaïques sont au nombre de vingt-sept, les accents poétiques au nombre de dix-neuf. Il est inutile de les énumérer ici. — Les accents les plus importants sont les deux disjonctifs suivants: le Silluq ( –ֽ ) qui, joint au Soph-Pasuq (&nbsp; ׃&nbsp;), marque la fin du verset, et l’athnach <! -- Cette police de caractères n’accepte pas le caractère Unicode de l’Athnach --> qui se met sous la tonique à la fin de la première moitié du verset.

II. Phonétique. — La phonétique est l’étude des propriétés des consonnes et des propriétés des voyelles.

I. propriétés des consonnes. — 1o Il faut distinguer d’abord plusieurs groupes de consonnes importants à signaler, à savoir: les gutturales (ע, ח, ה, א), les muettes (ת, פ, כ, ד, ג, ב), les faibles (י, ו, ה, א), les sifflantes (שׁ, שׂ, ץ, ס, ז), les dentales (ת, ט, ת), les liquides (ר, ן, ם, ל).

2o Les phénomènes généraux auxquels les consonnes hébraïques peuvent être sujettes sont: — 1. La commutation, en vertu de laquelle une lettre a été remplacée par une autre lettre du même organe ou assez homogène, par exemple dans עלץ, עלם, אלז, «être dans la joie,» גאל et געל, «racheter.» — 2. L’assimilation, en vertu de laquelle la consonne qui termine une syllabe se change en la consonne qui commence la syllabe suivante. Le cas le plus fréquent est l’assimilation de la consonne יִקָּטֵל: נ pour יִנְתָטֵל. L’assimilation n’a lieu d’ordinaire que dans le cas où la première consonne n’a pas de voyelle, mais un simple scheva quiescent; quant à la seconde consonne, elle se redouble et prend le daguesch fort. — 3. La suppression des consonnes et plus particulièrement des faibles, אהוי, et des liquides, למנ. Elle a lieu soit au commencement des mots quand la consonne aurait un simple scheva mobile (גַּשׁ pour נְגַשׁ, impératif kal de נַגָשׁ), soit au milieu des mots surtout après une consonne munie du scheva mobile (יַקְטִיל pour יְהַקְטִיל, imparfait hiphil de קָטַל), soit à la fin des mots par exemple aux 3es pers. ptur. mas. des verbes (יִקְטְלוּ pour יִקְטְלוּן, imparfait kal de קָטַל), soit aux états construits pluriels des noms, où ים–ִ devient י–ֵ.i— 4. La transposition. On la remarque dans certains mots; c’est ainsi par exemple que שִׂימְלָה et שַׂלְמָה ne diffèrent que par la transposition du ל et du מ et ont exactement le même sens. La transposition a lieu aussi dans certaines formes grammaticales, lorsque la conjugaison amène la juxtaposition d’une sifflante après une dentale préformante; dans ce cas la sifflante passe avant la dentale et la forme הַשְׁתַּמֵּר remplace, à l’hithpahel de שָׁמַר, la forme normale הִתְשַׁמֵּר.i— 5. Surtout le redoublement, indiqué par le daguesch fort. Le redoublement est essentiel: quand une consonne devrait être écrite deux fois sans autre intermédiaire que le scheva simple quiescent, הִכְרַתִּי pour הִכְרַתְתִּי; quand il y a assimilation, יִגַּשׁ pour יִנְגַּשׁ; quand le redoublement est caractéristique d’une forme grammaticale soit dans la conjugaison du verbe (לִמֵּד de לָמַד), soit dans la dérivation des noms (גַּבּוֹר). Il est en revanche des cas où le redoublement n’a d’autre raison d’être que l’euphonie. On ne redouble pas les consonnes finales, ni certaines consonnes (notamment les sifflantes et נ, מ, ל, י, ו) munies du scheva simple.

3o Les lettres muettes, les gutturales et les lettres faibles donnent lieu à plusieurs remarques particulières: 1. Les muettes ont une double prononciation: un son primitif dur et rapide, et un son aspiré, plus doux et plus faible (on ne fait guère sentir la différence que pour le פ, dont la prononciation dure est p, dont la prononciation aspirée est ph). La prononciation dure, indiquée par le daguesch doux, s’est maintenue dans les muettes: au début des mots, quand ils commencent une phrase ou un membre de phrase, ou bien quand ils sont précédés d’un mot terminé par une lettre sans voyelle; au commencement des syllabes dans le corps des mots, quand la syllabe précédente se termine par une consonne munie du scheva quiescent (יִרְפָּא, «il guérit» ); enfin toutes les fois que ces consonnes sont redoublées (le daguesch fort remplit alors une double fonction: il indique le redoublement et sert de daguesch doux). — 2. Les gutturales ont trois propriétés spéciales. — Leur dureté ne permet pas qu’on les redouble; elles n’ont jamais de daguesch; le ה et surtout le ח peuvent avoir un redoublement atténué que l’on appelle virtuel et qui exerce son influence sur le choix des voyelles qui les précèdent. — Leur prononciation rauque est inséparable d’une certaine association avec le son a; de là vient que, toutes les fois que c’est possible, la voyelle a prend, devant les gutturales, la place des autres voyelles: זֶבַח pour זֶבֶח, «sacrifice.» Quand cette substitution répugne aux principes de la grammaire, on introduit, entre la voyelle et la gutturale, un a intermédiaire très bref, dit patach furtif, qui n’est pas même une voyelle proprement dite et qui se prononce avant la lettre sous laquelle il est inscrit: שָׁלוּחַ, Šâlua, pour שָׁלוּח. — Enfin lorsque ces consonnes n’ont qu’une semi-voyelle, on ne peut généralement les prononcer sans faire entendre un son plus caractérisé que celui du scheva simple mobile; de là l’emploi des schevas composés avec les gutturales, אֱמֹר׃ pour אְמֹר; et יַהֲרֹג pour יִהְרֹג; même le scheva composé est remplacé par une voyelle proprement dite devant un scheva simple, יַהַרְגוּ pour יַהֲרְגוּ (chaque gutturale a une affinité particulière avec un scheva composé: א avec ֱ , i ה et ח avec ֲ ).{{{1}}} Toutefois la règle du scheva composé, absolue quand la gutturale est au début des mots et des syllabes (גָּאֲלָה, עֲמֹד), admet beaucoup d’exceptions quand la gutturale termine la syllabe (יַחְשֹׁב, שָׁלַחְתָּ). — Le ר est assimilé aux gutturales en tant qu’il ne peut pas se redoubler, et qu’il a quelque affinité pour le son a. — 3. Les lettres faibles ont ceci de particulier que leur articulation est, en certains cas surtout, très atténuée, très adoucie, et peut même, sous diverses influences, ne plus se faire entendre du tout; dans ce dernier cas, les lettres faibles ne servent plus qu’à allonger les voyelles qui les précèdent. — L’א est l’esprit doux du grec; il garde toujours cette articulation et reste lettre gutturale quand il est au début du mot ou d’une syllabe: אָמַר, ’âmar, «il a dit.» Il la garde même en certains cas, lorsque dans le corps du mot il termine une syllabe, נֶאְדַר. Mais l’א perd le plus souvent sa valeur de consonne à la fin des syllabes dans le corps du mot; il la perd toujours quand il termine le mot lui-même. Dans ces deux cas il ne fait plus qu’allonger la voyelle qui précède: ריאצל pour ריאצל (pour ריאצל), לאברpour , סצא לאסד pour סצא (cf. aussi ראשים pour ראשיםavec transposition, sous la consonne munie du scheva, de la voyelle de la lettre suivante). Parfois on n’écrit plus l’א «devenu muet: >ns' pour >rNï>. — Au début des mots et des syllabes, le ח garde toujours sa valeur de consonne gutturale (sauf pour le verbe חלף, qui suit, en grande partie, la conjugaison d’un פי). Il la garde aussi d’ordinaire à la fin des syllabes soit dans le corps des mots (יתףר), soit même â la fin (בכה). Parfois cependant on l’élide: c’est, par exemple, quand il est précédé d’une lettre munie de scheva simple mobile et qui prend alors la voyelle du ii, yiNS pour ywrra; c’est aussi quand la voyelle qui le précède et celle qui le suit se contractent en une diphtongue: "IMD pour WDiD. — À la fin des mots, le ח n’est pas toujours une consonne même atténuée; très souvent il n’a d’autre rôle que d’indiquer une des voyelles longues â, ê, ô (voir plus bas). — Le י est une vraie consonne, assimilable, quant à sa prononciation orientale et primitive, au w anglais dans war.Toutefois le son du י est très obscur; quand, d’une part, le י est précédé d’une des voyelles o ou u et que, d’autre part, il n’a pas de voyelle propre, il tend à s’affaiblir, àse contracter avec cette voyelle qui le précède de manière à donner un û long: atfin pour suhn ou atfin. Le même affaiblissement en u (ou en o) a lieu lorsque, suivi d’un ô long, le י est précédé d’un simple scheva (oip pour Dip) ou même quand il est entre deux voyelles (aip pour mp). Précédé de la voyelle a, le י muni d’un simple scheva donne la diphtongue au: 3>înn pour2tnhn. Il faut enfin noter que le t se change assez facilementen’soit au début des mots (ib> pour Tbi) soit

-’' -T -T

au milieu, sous l’influence du son i (ntpn pour D’ipn).

— L’i est, lui aussi, une véritable consonne, assimilableà l’y du mot anglais year. Mais précédé du son i ou duson é, il perd sa valeur de consonne et donne un î longou un ê long; précédé de o, il donne la diphtongueai. — En dehors des cas où le t etl’i sont précédés desvoyelles de son analogue ou homogènes (u et o pour le i,i pour 1) ou de la voyelle o, ces lettres gardent leurvaleur de consonne: fhi, îb^. — À la fin des mots

T - "T

toutefois, même quand elles sont précédés des voyelleshomogènes ou de a, i et > disparaissent très souvent:>ba, par exemple, devient bî et un n est introduit pour

"T TT

marquer la voyelle longue qui résulte de ce changement:nbî (voir, pour l’emploi de ce ii, VII, Histoire de

la langue hébraïque, col. 499).

II. propriétés des voyelles.

Les voyelles constituent un élément secondaire dans la langue hébraïque; aussi sont-elles généralement flottantes et pour le plus grand nombre soumises à des changements multiples: allongements, abréviations, additions, suppressions. — Il y a peu de mots dont les voyelleséchappent à toute espèce de changement et sont «impermutables». Certaines voyelles sont, dans tel mot donné, impermutables par nature; ce sont généralement les voyelles longues â, ê, i, ô, û, mais seule la connaissance des formes grammaticales permet de savoir avec certitude si elles ne peuvent changer. Le plus souvent toutefois, â, ê, i, ô, ù, essentiellement longs, sont pleinement écrits; é et t sont écrits avec» (tst), ô et û aveci ("rtsa); l’a long est rarement représenté par une consonne dans le corps des mots. — En d’autres cas, les voyelles sont impermutables à raison de leur position. Ainsi une voyelle brève est impermutable quand elle est suivie d’une consonne redoublée (tel ï’i bref-nsi) oud’une lettre qui, d’après les principes de la grammaire, serait munie du daguesh si sa nature ne s’y opposait (tel l’a bref de nnn pour min). Pareillement une voyelle longue sera impermutable quand elle remplacera une voyelle brève devant une consonne qui devrait être redoublée si sa nature ne s’y opposait (tel l’a long de ^13 pour ip12). — Quant aux voyelles «permutables», elles changent généralement sous l’influence des désinences ou des transformations diverses qu’amènent la déclinaison des noms ou la conjugaison des verbes. Mais on peut préciser davantage les causes de ces changements en disant qu’ils peuvent dépendre: de la syllabe, de l’accent tonique, de la pause, de l’euphonie. 1° La syllabe.

En hébreu, comme dans les autreslangues, la syllabe est le résultat de la conjonction desvoyelles et des consonnes en groupes caractérisés. —En hébreu, une syllabe commence toujours par uneconsonne. Il n’y a d’exception au principe général quepour la conjonction T lorsqu’elle est ponctuée i. — Quantà leurs finales, certaines syllabes se terminent par unevoyelle (p et n dans nbiap) et sont dites & ouvertes».

T T T: - T

D’autres syllabes se terminent par une consonne (td

dans nbisp) ou deux (nbio dans Fibisp) et sont dites

t: - t::-::- t «fermées». Parmi les syllabes fermées on donne le nomspécial de syllabes «aiguës» à celles qui sont terminéespar une lettre redoublée: dn dans "isn. — Il faut noter

aussi que ni le scheva simple mobile ni le scheva composéne peuvent constituer, avec les consonnes qui lesentourent, des syllabes proprement dites: la consonnemunie de ces demi-voyelles se rattache à la syllabe quisuit (iVep> se doit lire yiq-telû; "iby£ se doit lire pô-’âlô).

— Les syllabes ouvertes ont généralement des voyelleslongues: btJp, etc. Quant aux syllabes fermées ou aiguës,

elles ne peuvent prendre que des voyelles brèves (nsbD,

nDDn), à moins qu’elles n’aient l’accent (ddtt, «sage» ).

7: T TT

Il arrive sans cesse que la déclinaison des noms ou la conjugaison des verbes transforme des syllabes fermées en syllabes ouvertes, des syllabes ouvertes en syllabes fermées, et amène par conséquent des changements dans leurs voyelles.

L’accent tonique. — L’accent tonique principal est d’ordinaire sur la dernière syllabe, parfois sur la pénultième. Lorsqu’on ajoute des désinences, elles attirent généralement l’accent; plus rarement elles le laissent sur la dernière syllabe du radical. Or, en hébreu comme d’ans toutes les autres langues qui font sentir la tonique, la syllabe accentuée attire sur elle l’effort de la voix, souvent même aux dépens des autres syllabes. Lors donc que, en vertu des flexions grammaticales, l’accent tonique principal est déplacé, les voyelles et les syllabes initiales se trouvent modifiées, abrégées et même supprimées.

La pause. — On désigne sous ce nom la forte intonation que, dans la lecture publique et rythmée des synagogues, on donne à la syllabe tonique du mot qui termine une phrase ou un membre de phrase important. Elle se produit régulièrement avec les grands accents silluq et ahtnaq; on la rencontre parfois avec des accents secondaires moins importants (zaqeph-qaton, rebia, pazér, etc.). Elle amène l’allongement des voyelles et parfois en fait réapparaître que la flexion grammaticale avait supprimées.

L’euphonie. — On a vu qu’un mot hébreu peut se terminer par deux consonnes sans voyelles. Toutefois, pour éviter l’articulation dure qui en résulte, on introduit souvent une voyelle auxiliaire entre ces deux consonnes, é bref avec les consonnes ordinaires (טלר pour טלר); a bref avec les gutturales (נער pour נער); i bref avec י (בית pour בית). La même raison d’euphonie fait qu’on ne laisse jamais deux schevas consécutifs au début d’un mot ou d’une syllabe; on remplace le premierpar une voyelle auxiliaire (i bref en général; sous les gutturales ou immédiatement avant, la voyelle qui correspond au scheva composé qu’elles affectent): דברי pour דברי; לאבל pour לאבל.

III. Morphologie. — La morphologie est la science des formes grammaticales, c’est-à-dire des modifications ou flexions que subissent les mots en vue d’exprimer lesdiverses nuances de la pensée qui se rattachent à l’idée principale figurée par la racine elle-même. — 1° La racine est l’élément fondamental en hébreu comme dans toutes les autres langues. Les racines hébraïques ontgénéralement trois lettres qui, avec les voyelles qu’elles soutiennent, forment deux syllabes. Il faut regarder comme réellement trilittères un certain nombre de racinesdans lesquelles une des deux dernières lettresa disparu et qui dès lors paraissent n’avoir que deux radicales: il en est ainsi avec les mots dont les deux dernières consonnes sont semblables: בו pour בוו, «piller,» avec ceux dont une des deux dernières lettres estfaible: קס pour קזס, «se lever;» quant aux racinesà quatre lettres, elles sont souvent d’origine étrangère;parfois aussi elles sont dérivées de racines trilittères.Les racines ont des voyelles spéciales pour les verbes etpour les noms. Généralement on choisit, pour point dedépart des flexions grammaticales, la racine sous laforme qu’elle revêt à la 3° pers. sing. masc. du parfait,dans le verbe à sa conjugaison la plus simple.

Les flexions sont de deux sortes en hébreu.

Ily a des flexions «internes» consistant en des modificationsintroduites dans l’intérieur même de la racine,telles que des redoublements de lettres: Sup de biop; des

changements de voyelles: hwp, btop, biop, etc. — Il y a

— t:

aussi des flexions «externes» consistant dans l’additionde divers éléments qui, tout en étant distincts de la racine,s’unissent à elle pour ne constituer qu’unseul mot. Ces éléments adventices prennent le nom depréformantes ou préfixes quand ils sont mis au débutdu mot avant la racine: Vcp, MspJ, S’iapn, Vispnn; quand

ils sont à la fin du mot, on les appelle affermantes, suffixesou désinences: SiDp, nVop, «Vopn. — La morphologie doit s’occuper: des pronoms, des verbes, desnoms, des particules.

I. les pronoms.

Pronoms personnels.

Ils sontles plus importants et se présentent sous plusieursformes. — 1. Pronoms séparables isolés:


SINGULIER.

1° pcrs.com. >::>* (à la pause

T

< <

>r: N), >: x (à (a pause»: n).

t —: t

2° pers. masc. niw (rarementVHi.àt - t<la pause rtPN).

1’pers. fém. PK (rarement’fin;

pause DN)

t

3° pers. masc. N"n

3* pois. fém. N’il


PLURIEL.

wn: N (à la pause! ; rt: x),

i: n3(àtop.ijn:), . «N.

-: t -.

ont».

n: nx (ou nanx, rarem.T» - T.._

pis ou tfin).

en (-on) ou rœn.… T..

nsn (rorcmentin, "p).

l’on veut attirer d’une façon particulière l’attention surle sujet du verbe. Les pronoms personnels sont indiquésle plus souvent par des débris de ces formes complètes,qui se joignent comme préfixes ou comme suffixesaux mots auxquels ils se rapportent.

2. Pronoms inséparables.

Une première série deces formes mutilées sert à indiquer les personnes dansla conjugaison des verbes et elles se divisent en deuxgroupes selon qu’on les met avant ou après le radical.Les formes mutilées qui servent à indiquer les personnesau parfait se mettent après le radical et correspondentd’ordinaire à la finale du pronom séparable.Ce sont:


SINGULIER.


PLURIEL.

1™ pers. com.» s.

i:.

2° pers. masc. p.

B71.

2e pers. fôm. ru

P.

3° pers. com…

1.

Ces pronoms séparables sont d’un emploi assez peu fréquent.Ils ne peuvent en effet être utilisés comme compléments;d’autre part les formes verbales renferment enelles-mêmes l’indication des personnes; on ne se sert doncdes pronoms personnels séparés que dans les cas où

Les formes mutilées qui servent à indiquer les personnesà l’imparfait se placent. avant le radical et correspondentd’ordinaire au début du pronom séparable.Si la première lettre est identique pour plusieurs formes,on complète l’indication des personnes par desdésinences empruntées aux finales de ces mêmes pronoms;on a ainsi:


SINGULIER. PLURIEL.

1™ pers. com pré), n prèf. j,

2e pers. masc prêtn. (désin. ^), préf. ri»

2* pers. tém.(désin. 1), préf. n. (désin. ru), prèf. n.

3° pers. masc (désin. 1)

3’pers. fém (désin. ni)

T

Il est à remarquer que les pronoms de la 3° pers. nesont pas employés comme désinences au parfait singulier,ni comme préfixes à l’imparfait; toutefois on empfoie lesdésinences 1 (des vieilles formes de dfin et de on) et na

(des formes rniw et nsn) pour distinguer les genres

à l’imparfait pluriel.

Une deuxième série de formes pronominales mutiléessert à indiquer les pronoms compléments des verbes,des noms et des prépositions. Elles sont généralementles mêmes, que les pronoms soient compléments desnoms, des verbes ou des prépositions; il n’y a d’exceptionque pour la 1™ pers. du sing. Voici le tableau de cespronoms suffixes:


SINGULIER. PLURIEL.

l"pers. com. >_ (avec les verbes i;), 13,

2’pers. masc. ^, D3.2° pers. fém. ^, p,

3< pers. masc. iii, 1 ( v), nn, D.3’pers. fém. ri, -..)h, t.

T T

Parmi ces pronoms il en est qui commencent par uneconsonne: ce sont ceux que de préférence on joint auxformes qui se terminent par une voyelle. Quand il est nécessairede les joindre à une forme qui se termine par uneconsonne, on intercale très souvent une voyelle de liaison(r, ,?: _); seuls les pronoms 03 et p ne prennent jamais

cette voyelle. — La plupart des suffixes qui commencentpar une voyelle (’__, 3, o, t_J ont l’accent tonique.

Au contraire, le plus grand nombre des suffixes quicommencent par une consonne laissent l’accent sur lavoyelle de liaison ou sur la dernière syllabe du mot, etsont dits suffixes légers; il n’y a d’exception que pour 475

hébraïque (langue)’476

as, p. on, jn, qui ont toujours l’accent toniqqe et sont

dits suffixes graves. — Lorsque les pronoms suffixessont joints au verbe, ils expriment d’ordinaire le complémentdirect du verbe actif de l’hébreu. — Unis aunom ils expriment le génitif et équivalent à de véritablespronoms possessifs: nsD, «le livre de moi» (c’est-à-dire:

mon livre). — Avec les particules, ils peuvent exprimertous les compléments dont elles sont susceptibles.

Autres pronoms.

1. Pronoms démonstratifs. —

On peut employer comme pronoms démonstratifs lespronoms personnels de la 3° pers. (nv, N>n, nn, jn): ils

servent alors de préférence à indiquer les objets éloignés.. — Les pronoms démonstratifs proprement ditsse rapportent surtout aux objets présents ou rapprochés.Ils ont une forme pour le masculin singulier(nr, .ou, avec l’article, rwn), une autre pour le féminin

singulier (tint, ou, avec l’article, riNin), une antre

enfin pour le pluriel aux deux genres (n’îS, ou, avec

l’article, n’wri). — On trouve aussi une forme poétique

invariable (n) et quelques autres formes extrêmementrares (n^n, nVi, rôn). — 2. Lepronom relatif invariable

est-itfN; ce mot ne sert pas seulement de pronom relatif:c’est une application particulière du rôle généralqu’il remplit pour indiquer la relation. — Dans plusieurslivres, Ttf» a perdu son» initial et assimiléson i final;

telle paraît être du moins l’origine de la particule tf(tf, tf), qui se joint au mot en amenant le redoublé— T

ment de la lettre suivante. — 3. Les pronoms inlerrogatifs(qui peuvent aussi servir de pronoms indéfinis)sont: >d, qui, pour les personnes, et no, quoi, pour leschoses.

v "’il. le verbe. — Le verbe a en hébreu une importancetoute particulière. Il est, comme dans les autres langues,l’élément principal de la phrase. Mais en outre, c’est delui le plus souvent que sont formées les autres parties dulangage. Le nom hébreu est presque toujours dérivé duverbe. — Il est très rare, au contraire, qu’un verbe dérived’un nom (il y en a pourtant plusieurs exemples et onles appelle verbes dénominatifs); mais, même en ce cas,le nom d’où ce verbe dérive se rattache souvent à unautre verbe qui lui a donné naissance.

Formes ou conjugaisons.

Ce qui frappe tout

d’abord dans le verbe hébreu, c’est une grande richessede formes ou de conjugaisons. — 1. Conjugaison «impie. Elle est dite forme légère (Vp, kal), parce qu’ellen’a ni daguesch ni préfixe; elle exprime de la façon laplus élémentaire l’action ou l’état correspondant à laracine. Le radical (c’est-à-dire la 3e pers. sing. masc.du parf.) est dépourvu de toutes préformantes spécialeset muni de deux voyelles; dans les verbes transitifsces deux voyelles sont â long et a bref: b13p, «il a tué;» dans les verbes intransitifs, la secondevoyelle est souvent ê long (133, «il est lourd» ) ouô long. (r’i’Dp, «il est petit» ). — 2. Conjugaisons dérivées.Dans nos langues indo-européennes il arriveparfois qu’en changeant une voyelle dans un verbe, ouen modifiant légèrement une de ses consonnes, ouencore en lui ajoutant un préfixe, on obtient un verbenouveau dont le sens est dérivé par rapport à celui duprécédent; on a ainsi en grec-rEvo^ai et fewôu, en latinjacere et jacêre, lactêre et lactare, en anglais to fallet to fell, en allemand trinken et trânken, en françaisconter, raconter, etc. Mais ce qui dans nos langues nese produit qu’à titre d’exception existe à l’état de s ystèmedans les langues sémitiques, et notamment enhébreu. De la conjugaison simple se forme toute unesérie de conjugaisons secondaires que l’on appelle

graves, alourdies (onas), parce qu’on ne les obtient

qu’en chargeant le radical de diverses modificationsinternes ou externes. — On a encore recours, pour désignerces formes, à l’ancien verbe-type Vts, «faire, 9

auquel on donne les voyelles ou les préfixes de chacunedes formes qu’il doit indiquer. Ces conjugaisons sontau nombre de sept principales auxquelles s’en rattachentun certain nombre d’autres, plus rares en hébreu, bienqu’elles puissent être d’un fréquent usage dans d’autreslangues sémitiques, et sur lesquelles il n’y aura pas lieud’insister ici. — Ce sont:

a) Le pihel que l’on obtient en redoublant la seconderadicale et dont les voyelles t bref et ê long (on trouve aussibeaucoup d’exemples de pihal) ont pris la place de deux abrefs primitifs qui reparaissent dans la conjugaison: bsn

(pour Vep). — Le pihel exprime avant tout l’intensité ou

la répétition de l’acte ou de l’état indiqués par la formesimple: pm, «rire;» pihel, «jouer, plaisanter.» L’intensitéde l’action se manifeste parfois par un effet moralet amène l’agent à exercer son influence sur d’autresagents pour obtenir la réalisation de l’acte exprimépar la racine: de là le sens causât if qui s’attache quelquefois,au pihel, surtout dans les verbes qui sont intransitifsau kal: lob, «apprendre; x> pihel, «enseigner;» pis,

-T -T «être juste;» pihel, «déclarer juste.» — Il est enfin ànoter que beaucoup de verbes dénominatits sont usités aupihel, soit que cette conjugaison indique la productionde l’objet exprimé par la racine nominale: j sp, «faire

un nid,» de rp, «nid,» soit qu’elle indique au contrairela suppression de cet objet: ffvt, - «déraciner,?>de tfitf, «racine.» — Au pihel se rattachent plusieurs

formes rares dans le verbe régulier, mais assez fréquentesdans les verbes irréguliers: poel (biD’ip), pilelfijîisp) et pilpel (SSï, de bi, pour Vi», «rouler» ).

b) Le puhal passif du pihel, obtenu comme les autrespassifs en assombrissant en ù bref la première desdeux voyelles primitives (Visp) du pihel: bisp. Il a tous

les sens passifs correspondant aux divers sens actifs dupihel. — Au puhal se rattachent le poal, le polal, lepolpal.

c) L’hiphil dont la caractéristique est le préfixe n etdont les voyelles i bref et î long (b’iopn) ont pris la

place de deux â brefs primitifs (Viapn) qui reparaissentdans la conjugaison. — L’hiphil exprime avant tout lacausalité physique ou morale exercée pour la productionde l’acte ou de l’état indiqués parle kal: xs>, «sortir;»

TT

hiphil, «faire sortir;» srrp, «être saint;» hiphil, «sanctifier.» Cette signification donne naissance à unesérie de sens secondaires qui varient avec les différentsverbes. — Souvent les verbes dénominatifs sont usités àl’hiphil pour exprimer la production de l’objet indiquépar le nom. — À l’hiphil se rattache le tiphel avec lepréfixe n au lieu de ii, et le schafel avec le préfixe ti/;cette dernière forme, régulière en syriaque, est presqueinouïe en hébreu.

d) L’hophal est le passif de l’hiphil; on l’obtient enassombrissant en o bref la première des voyelles primitives(Vison) de l’hiphil: Vopn. Parfois, il équivautsimplement au passif du kal.

e) Le niphal est dérivé du kal au moyen d’un 3 préfixéau radical: Vopa. Dans une partie de la conjugaison,le i, qui est ici ponctué i bref, n’a qu’un simplescheva; on le fait alors précéder du n (muni de Javoyelle auxiliaire i bref) prosthetique ou euphonique;il en résulte l’assimilation du; avec la première consonnedu radical, bispn (infinitif niphal, pour Vepan). —

Le niphal est avant tout une forme réfléchie: inD, «cacher;» niphal, a se cacher.» Il exprime aussi la réciprocité:yy>, «conseiller;» au niphal, «tenir conseil,»

le but tout personnel d’une action: Ssxtf, «demander;» au niphal, «demander pour soi.» — Toutefois leniphal est souvent employé dans un autre sens. Tandisque le.pihel et l’hiphil ont une forme passive qui leurcorrespond directement, le kal n’a de passif qu’au participe.Pour le reste de la conjugaison c’est le niphalqui sert de passif au kal.

f) VlUthpahel formé du pihel (avec l’a bref primitif dela première radicale) en lui préfixant un ri, avec un n

euphonique vocalisé comme au niphal: Visprin. Le n

préfixe est, comme le:, l’indice des formes réfléchies.Aussi l’hithpahel est-il à proprement parler le réfléchidu pihel; mais sa signification s’est étendue et il est purementet simplement la conjugaison réfléchie du verbehébreu. Il exprime la réciprocité, le but personnel, trèsrarement le passif (forme passive très rare: hothpahal.)

Il arrive fréquemment que plusieurs de ces conjugaisonsdonnent des significations identiques ou dontles différences sont à peine sensibles. D’ailleurs il est trèsrare qu’un verbe ait ses sept formes; le plus souvent plusieursconjugaisons sont inusitées pour chaque verbe.enparticulier.

Genre et nombre des verbes.

Très riche en conjugaisons,

le verbe hébreu est aussi très précis pourl’indication des personnes quant au genre et quant aunombre.

L’hébreu ne compte que deux genres: le masculin etle féminin, et que deux nombres: le singulier et le pluriel.Le duel n’est guère usité que pour les choses pairesde leur nature, telles que les parties du corps, et n’apas de forme spéciale dans la conjugaison. — Les personnes,dans le verbe, ont des formes particulières pourle singulier et le pluriel, et les 2° et 3 a pers. ont de plusdes formes spéciales pour le masculin et pour le féminin.Il est à noter toutefois qu’à certains temps, la 3e pers.n’a, au pluriel, qu’une forme pour les deux genres.

Modes du verbe.

La conjugaison hébraïque n’a

que deux modes personnels: l’indicatif et l’impératif.Il n’y a que rarement des formes spéciales pour lesubjonctif, le conditionnel et l’optatif. De là, en beaucoupde circonstances, de sérieuses difficultés pour l’intelligencede la dépendance et de la coordination desphrases. — Outre ces deux modes personnels, l’hébreucompte deux modes impersonnels, l’infinitif et le participe.

Temps du verbe.

La langue hébraïque, pauvre

en modes, l’est encore plus en temps. Les sémites n’avaientpas su exprimer nettement les trois périodes qui divisentla durée considérée à notre point de vue subjectif:le présent, le passé et l’avenir. L’hébreu se place au pointde vue de l’objet, de l’acte, ou de l’état dont il est question,et se demande à quel point d’achèvement en estcet acte ou cet état, quelle que soit la période de la duréeà laquelle il le considère. Aussi l’hébreu n’a-t-il, àproprement parler, que deux temps: — 1. Le parfait,qui indique que l’action ou l’état exprimés par le verbesont accomplis ou pleinement réalisés. Ce parfait hébreun’est donc pas toujours à confondre avec le parfait de nosconjugaisons indo-européennes. De fait, il faut souventle traduire par notre parfait, par exemple: «Nous avonseu un songe.» Gen., XL, 8. Mais il exprime en d’autres casnotre plus-que-parfait: «Et il (Dieu) se reposa de toutson travail qu’il avait accompli,» Gen., ii, 2; notre imparfait,surtout dans les narrations: «II y avait dansle pays de Hus un homme qui s’appelait Job,» Job, 1, 1;notre plus-que-parfait du subjonctif: «Si Jéhovah desarmées ne nous avait laissé un reste, nous eussions étécomme Sodome.» Is., i, 9. — Il peut même correspondre

à notre présent quand, par exemple, il s’agit d’exprimerun état qui est la résultante d’une action ou d’unautre état pleinement accomplis: «Je sais» (c’est-à-dire «j’ai appris» ). Job, ix, 2. — Bien plus, il équivaut assezsouvent à notre futur simple, par exemple, lorsqu’on aune telle certitude de l’accomplissement de l’acte àexécuter qu’on peut déjà le considérer comme achevé: «Tu me délivreras (sûrement), Seigneur.» Ps. xxx, 6.C’est à cette hypothèse que se rattache le Perfectumpropheticum: «Le peuple qui marchait dans les ténèbresverra (Vulgate: vidit) une grande lumière.» Is., îx, 1.De même il doit parfois être rendu par le futur antérieur: «Et les restes de Sion seront appelés saints…lorsque le Seigneur aura lavé les orduresdes filles deSion.» Is., iv, 3, 4. — 2. Le second temps est l’imparfaitqui représente l’action exprimée par le verbedans un état incomplet d’achèvement ou de réalisation.Il est donc loin de correspondre à notre imparfait, etses significations ne sont ni moins variées ni moinsvagues que celles du parfait. Le plus souvent il faut letraduire par notre futur, celui de tous nos tempsqui marque le plus clairement qu’une action est inachevée: «Voici, ils ne me croiront pas, ils n’écouterontpas ma voix,» Exod., iv, 1; ou par notre futurpassé: «L’aîné qui devait régner» (qui regnaturuserat). IV Reg., iii, 27. — Très souvent toutefois il correspondà notre présent de l’indicatif: «Qui cherches-tu?» Gen., xxxviii, 15; à notre présent du subjonctif: «Confondons leur langage afin qu’ils n’entenderdplus la langue les uns des autres,» Gen., xi,7; à l’optatit: «Que ton serviteur parle.» Gen.,xliv, 18. — Parfois même il correspond à notrepassé, par exemple après certaines particules quigouvernent l’imparfait même quand elles sont placéesdans le récit d’événements passés: «Alors parla Josué,» Jos., x, 12; mais surtout quand il s’agit d’exprimerdes actions qui se sont produites habituellement dansune période donnée. C’est ainsi qu’en parlant des relationsde Job avec ses enfants, l’on dit: «Ainsi Job faisait-ilavec ses enfants.» Job, i, 5.

Rien donc de plus vague que les temps hébreux; leursignification est à ce point flottante qu’en nombre decas on peut employer indifféremment l’un ou l’autred’entre eux, et que souvent le contexte et quelques règlesassez indécises de la syntaxe permettent seuls de saisirleur sens exact. Il en est résulté une grande difficultépour les traducteurs qui avaient à rendre les textessacrés en grec ou en latin. Parfois le souci de la fidélitéleur a fait suivre des procédés de traduction quinuisent à la précision et à l’exactitude. C’est ainsi, parexemple, que fréquemment ils ont, comme par principe,exprimé le parfait hébreu par notre passé et l’imparfaitpar notre futur, alors que l’un et l’autre correspondaientau présent. Le Ps. I est particulièrementinstructif à cet égard. Une première série deverbes est au passé dans la Vulgate: non abiit… nonstetit… non sedit; ceux qui viennent ensuite dans lespropositions principales sont au futur: meditabitur…et erit… dabit… non defluet… prosperabuntur… nonrésurgent… peribit. En réalité il s’agit d’un parallèleentre le juste et l’impie qui est toujours vrai et toujoursprésent.

Mécanisme de la conjugaison.

Il est assez simple.

La série des modifications se fait sur deux formes principalesde la racine. — 1. En partant de la 3e pers. sing.masc. du parfait (bop), on obtient successivement: 1e reste

— T

du parfait, le participe (au kal et au niphal) et l’infinitif.

— a) Le parfait se conjugue en ajoutant au radical les désinencespronominales mentionnées plus haut, col. 474;à la 3e pers. sing. fém., la désinence n est une désinence

caractéristique du féminin que l’on retrouve aussi dansles noms. Les Voyelles du radical changeront selon que

les désinences commencent par une voyelle (n_, i) oupar une consonne, qu’elles sont accentuées (n_, i, dp,in) ou non (n, ii, >n). — 6) Les participes de la conjugaisonsimple et celui du niphal s’obtiennent égalementdu parfait. Kal a deux participes; un actif (Vop), dont

la voyelle caractéristique est l’ô long impermutable dela première radicale; un passif fiTOp) caractérisé surT

tout par l’û long impermutable de la deuxième radicale.Le participe niphal Oîispi) ne diffère du parfait que

par l’allongement de la voyelle de la seconde radicale.Ces participes sont des noms véritables qui se déclinentcomme les adjectifs ordinaires. — c) On distingueen hébreu deux infinitifs: l’infinitif dit «absolu», etl’infinitif «construit». Ces infinitifs sont, eux aussi, devéritables noms abstraits, dérivés du radical d’après lesmêmes principes que les substantifs ordinaires. — L’infinitifle plus souvent employé est l’infinitif construit, quine mérite d’ailleurs cette appellation que pour le kal,jisp, où il est en réalité dans les mêmes rapports avec

l’infinitif absolu "rtisp que l’état construit avec l’état absolu

T

dans les noms. Aux autres conjugaisons l’infinitif construitest un nom à part ayant toujours, il est vrai, sapremière voyelle semblable à celle de l’infinitif absolu(niphal inf. abs. "îispn, const. "îispn; pihel inf. abs. "rép,

const. "rep, etc.). Cet infinitif qui exprime l’idée verbale

abstraite, par exemple, le tuer, peut avoir un double complément.Il peut avoir un complément à la façon du nom,indiquant la personne à laquelle il faut attribuer commeà un sujet l’acte exprimé par le verbe: le tuer de Pierre,c’est-à-dire l’acte par lequel Pierre tue. Il peut avoir uncomplément direct à la façon du verbe, indiquant le sujetsur lequel s’exerce l’action exprimée par la racine:le tuer Pierre, c’est-à-dire l’acte par lequel on tuePierre.

2. L’infinitif construit sert à son tour de radical secondairepour le reste de la conjugaison, c’est-à-dire pourl’imparfait, l’impératif et le participe de certaines conjugaisonsquhel, puhal, hiphil, hophal, hithpahel). — a) L’imparfaits’obtient en faisant précéder l’infinitif construitdes préfixes pronominaux indiqués plus haut (col. 474),ou des préfixes * (d’origine incertaine) pour les 3 M pers.masc, et n (ancienne désinence féminine)pour les3 M pers.fém.; ces préfixes, munis par eux-mêmes d’un simplescheva, s’unissent au radical selon les règles générales dela phonétique: kal, hbpt.pour Map»; pihel, Vep»; hiphil,

<jfopt pour tyopn». L’addition des désinences (col. 474) se

fait comme au parfait. — b) L’impératif n’a qu’un temps.Comme d’ailleurs il n’a que des secondes personnes, iln’a pas besoin de préfixes qui nuiraient à la brièvetédu commandement. — c) Aux pihel, puhal, hiphil, hophalet hithpahel, les participes s’obtiennent en préfixantà l’infinitif construit un d qui se traite absolument commeles préfixes de l’imparfait: pihel, VispD; hiphil, "vepD

pour. ViopriD, etc.).

Suffixes verbaux.

À la flexion des verbes se rattache

leur adjonction aux suffixes pronominaux compléments.Ces suffixes exprimant le complément directne s’unissent qu’aux formes actives. De plus,certains suffixes sont incompatibles avec certaines formes,personnelles du verbe; les 2 M pers. du verbe ne prennentjamais les suffixes de la 2e pers., ni les i m pers. duverbe les suffixes de la l re pers.; la 3e pers. sing. fém.ne reçoit pas les suffixes des 2° pers. ptur. Il est à noterque, devant ces suffixes, certaines désinences archaïquesont prévalu, que l’on ne retrouve plus dans la conjugaisonordinaire (qdtalti, pour qâtalte, à la 2’pers. sing.fém., parf. kal; etc.). —Voir les suffixes verbaux, col. 474.

Verbes irréguliers.

Il n’y a pas en hébreu,

comme en latin et en français, de verbes qui suiventdes’conjugaisons différentes de celle que nous venonsd’indiquer. Toutefois la présence dans le radical de certaineslettres appartenant à des groupes spéciaux amènel’application des principes de phonétique propres à cesgroupes, et par suite modifient les principes générauxexposés ci-dessus. De là les verbes dits irréguliersde l’hébreu. Leur nombre est assez considérable, puisquechacune des lettres du radical peut être empruntéeà l’un ou à l’autre de ces groupes. On a encore recourspour les désigner, au verbe "î78: chacune de ses lettressert à indiquer la radicale qui présente quelque anomaliedans le verbe que l’on a en vue; ainsi le verbeid? est un verbe s guttural, parce que sa première radi"T

cale est une gutturale. — Les verbes irréguliers se divisenten gutturaux, assimilants, et faibles. — 1. Les «gutturaux» sont ceux qui ont une gutturale pourl’une ou l’autre de leurs trois radicales. — 2. Les verbes «assimilants», appelés aussi «défectifs», sont ceux quiont un 3 comme première radicale (verbes as) et ceuxqui ont leurs deux dernières radicales semblables(verbes 77). — 3. Enfin les verbes faibles sont ceux quiont pour l’une de leurs trois radicales une des lettresfaibles t», ii, i, et»: ns et ah; rb; >r, 17, et >7. Le mêmeverbe peut se rattacher à plusieurs de ces conjugaisonsà la fois et être, v. g. p et vh (Mta), iy et n 1! (n’iS), etc.

1T

m. nom. — Sous ce titre, il faut entendre les substantifset les adjectifs; ces derniers en effet se traitentexactement d’après les mêmes principes que les nomsproprement dits.

I 3 Formation des noms. — Les noms primitifs sontpeu nombreux. La plupart des substantifs qui dans lesautres langues sont primitifs se rattachent en hébreu àun verbe. C est ainsi que les noms d’animaux, de plantes,de métaux, etc., sont des dérivés par rapport à un verbeexprimant l’une des qualités, des états ou des actes lesplus saillants de l’animal, de la plante, du métal enquestion; la cigogne par exemple (m>on) est l’oiseau

T * ~pieux, le bouc (i» ït) est l’animal velu, l’orge (mrto) es

le blé barbu, l’or (anTjest le métal jaune (ans). Il y a

toutefois un certain nombre de noms qu’on ne peut rameneràaucune racine verbale de l’hébreu: 2t», «père;»

dm, «mère;» pp, «corne;» etc.

Le plus grand nombre des noms dérivent d’un verbeLes procédés de dérivation sont multiples en hébreumais se ramènent à quelques groupes principaux.

a) Beaucoup de noms dérivent du verbe par lasimple modification des voyelles: ist, «parole,» de-ist, «parler.»

b) D’autres sont formés par le redoublement del’une des radicales isn, «laboureur;» parfois des deux

T *

dernières: ijssrn, «tortueux;» ou de toute la racinebabs, «roue.»

c) Un grand nombre sont dérivés au moyen d’un préfixe: «, 738N, «doigt;» ii, rrran, «regard, vue,» de

nas, «voir;» >,-ins>, «huile;» 3, qiSipsj, «luttes;»

-t t: * ":tf, narri*, «flamme.» Les plus fréquents sont d et n:D*ipc, «lieu,» de o r.p, «se tenir debout;» Dann, «aut t:truche.»

d) D’autres noms enfin sont formés au moyen d’afformantes:>, "jms, «jardin planté;» a, zho, «échelle,»

de Vîd; et surtout j, fnsî, «souvenir.»

Un nom dérivé ou primitit peut donner naissance àd’autres noms qui sont dits dénominatifs, fisip, «oriental,» de cip. «orient.» ° Flexion des noms. — 1. Genre. — Les noms hébreuxsont tous masculins ou féminins. La langue hébraïque neconnaît pas le genre neutre. Le masculin n’a pas de finalespéciale; un assez grand nombre de noms féminins n’enont pas non plus et se laissent reconnaître surtout par leursignification (comme les noms de familles, d’animaux, lesnoms d’objets qui seraient neutres en latin, etc.). Maisle plus souvent le féminin est indiqué par une finaleparticulière. Il était caractérisé primitivement par ladésinence n_; on la retrouve encore dans certains mots

soit sous cette forme inaltérée (mnâ, «émeraude» ), soit

-: it

avec allongement de la voyelle (nSn;, «héritage s).

Cette désinence était réduite à un simple n soit avec lesnoms terminés au masculin par une voyelle (nin>, «juif;»

Timn», «juive» ), soit même avec des noms terminés par

une consonne. Mais à l'état normal de la plupart desnoms, cette désinence a été altérée: le n a disparu, lavoyelle s’est allongée dans la syllabe ouverte et un ii,mater lectionis, a indiqué cette voyelle longue: rroiD,

T «jument,» de did, «cheval.» Cette finale attire l’accent etamène des suppressions de voyelles: itf >, «juste,»

TT

fém. mtft. Les noms ségolés tels que "fia, «roi» (ouavec les gutturales iiii, «jeune homme» ) reprennentleurs formes primitives ftbD, ni) devant cette désinence: nsbD, «reine,» mvî, «jeune fille.»

2. Nombre.

Chacun des deux genres a une désinencepropre pour le pluriel et pour le duel. Au pluriel masculin, on a n'*, rarement >., '., > Cette désinence

s’ajoute au radical d’après les mêmes principes que ladésinence du féminin:-itf>, «juste,» ptur. nnxtf». Toutefois les noms ségolés se rattachent ici au type des nomsdissyllabiques: ^bn, «roi,» ptur. nobn. Les noms terminés en t_ redoublent leur ' devant la désinence dupluriel (n3T, «hébreu,» ptur. o» "Dy), tandis que les nomsterminés en nperdent cette consonne: mh, «-voyant;» ptur. nnh. Au féminin, on substitue n*i (rarement DWou D» ni), à la désinence n. du singulier. — Le duel

T

n’est employé que dans les noms et seulement pour leschoses paires de leur nature, par exemple les deuxmains, ou considérées comme paires par l’usage:une paire de souliers. Il se termine en d» _ (très rarement en j», j., ); au masculin cette désinence s’ajoute

au radical comme celle du pluriel; au féminin elles’ajoute à l'état construit (ancienne désinence at de l'étatabsolu) du singulier (n’nsty, de nsto, «lèvre» ).

, '-t: it

3. Etat construit.

C’est une modification de l'étatnormal ou absolu des noms particulière aux languessémitiques; il sert à indiquer le rapport de possession. Dans la construction latine Liber Pétri, c’est lenom du possesseur qui est modifié; en hébreu, aucontraire, c’est le nom de l’objet possédé qui éprouveun changement. Ce changement a d’ailleurs pour résultat d'établir une connexion plus intime entre le premier nom et le second: aussi la voix se précipite-t-ellesur le second nom; le premier est prononcé le plusbrièvement possible, privé des voyelles permutables quine sont pas absolument nécessaires à sa prononciation:-si, «parole,» état construit:-en. Au masculin pluriel,

l'état construit amène la suppression du o final et leremplacement de >_ par >: d>did, «chevaux,» état

construit: tpw. La désinence o' du duel masculin devient pareillement n» a», «yeux,» état construit: 'J’y.

.A l'état construit, le nom féminin singulier a gardé le n


de l’antique désinence; on se borne à abréger ou à supprimer les voyelles permutables: npis, «justice, * état

construit: nps. Enfin l'état construit féminin pluriel a

la même désinence que l'état absolu et il n’y a de changement que dans les voyelles permutables: n’ipis, «lesactions justes,» état construit: n*ipis.

4. Cas.

L’hébreu n’a pas de désinences pour les cas.Toutefois on pourrait rattacher à ces sortes de désinences certaines afformantes que l’on retrouve parfois àla suite du radical. La plus fréquente est la terminaisonn_, appelée «hé local», qui donne au mot la force

T

d’un accusatif pour indiquer le plus souvent le lieu verslequel on se dirige, rutes, «vers le nord,» de tiss. La

T T… T

désinence >_ qui correspondrait au génitif (et qui se

trouve généralement dans les états construits hjd >3311?, «l’habitant du buisson,» ou entre les noms et les prépositions qu’ils gouvernent, n’ija 'mi, «grande parmi

les peuples s), et la désinence i qui correspondrait aunominatif sont des archaïsmes que l’on ne retrouvequ’en poésie.

5. Suffixes des noms.

À la flexion des noms se rattache leur adjonction aux suffixes pronominaux. Cessuffixes exprimant des rapports de possession se joignentnaturellement à l'état construit. Unis à un nom singulier, ils expriment la personne ou les personnes auxquelles un objet appartient; unis à un nom pluriel, lessuffixes du singulier et du pluriel expriment la personne ou les personnes auxquelles appartiennent plusieurs objets. Voir ces suffixes, col. 474.

6. L’article.

En hébreu l’article ne constitue pasun mot indépendant. Sa forme normale est un n préfixe,muni de la voyelle a bref et amenant le redoublementde la première consonne du mot auquel on le joint:-iyjn, «le jeune homme.» Ce redoublement est dû sans

doute à l’assimilation d’une lettre disparue, peut êtred’un a que l’on retrouve dans une forme sabéenhe del’article ou du h qui est resté dans l’article arabe. Devantcertaines gutturales surtout, sa voyelle subit parfois desmodifications dans le sens de l’allongement.

ïv. les particules. —» Adverbes. —Il est assez rareque les adverbes aient une forme spéciale. Le plus souvent on emploie adverbialement des mots empruntésaux autres éléments du discours: des noms à l’accusatif(Van, * beaucoup» ) qui parfois ne sont plus usités comme

substantifs (aoo, «alentour» ); des noms précédés de prépositions (1J1, «seulement» ); des adjectifs, particulièrement avec la désinence féminine (îuWM"i, «d’abord» ),des infinitifs absolus surtout de la forme hiphil (nain, «beaucoup» ), des pronoms (rn, «ici» )> des noms denombre (rire*, «une fois» ). Parfois cependant on donneaux noms employés adverbialement une désinence

spéciale: □ (noi», «pendant le jour» ) ou □ (ntons, «soudain,» pour pjrns, de yns). Enfin certains adverbes

ont une forme spéciale, qui dérive généralement d’unsubstantif ou d’un pronom, mais qui est assez altéréepour qu’on ne puisse en dire l’origine d’une façon certaine: ctf, «là;» ix, «alors;» f3, «ainsi;» il faut

T T "

surtout signaler les négations vii, bs, et la particuleinterrogative n (qui ire se distingue de l’article que parsa voyelle).

2° Prépositions^ — Elles ont d’ordinaire la même origine que les adverbes; ce sont des substantifs employésdans une acception particulière ("irm, «.après;» nnFi. «sous;» by, «sur;» etc.) et souvent, plus ou moins

III. - 16

mutilés. La mutilation est portée à son dernier degré dansles particules a, a et h. — Les particules a, "i, d (abrégéde pa) expriment les cas du nom. Le datif s’exprime

par le préfixe j qui marque le complément indirect etaussi la direction. L’ablatif est indiqué, tantôt par a, «par, au moyen de, dans,» tantôt par d qui correspondà ex du latin, a, «comme,» marque le rapport d'égalité.Les préfixes a, a,-a se joignent au nom à lafaconde l’article, mais avec des voyelles qui varient selonles préfixes: nais, «selon la parole;» rnian «de

tt: 7:

l’orient.» — À ces particules se rattache le signe de l’accusatif:us. Les prépositions se joignent aussi aux suffixespronominaux. Conformément à leur origine elless’unissent d’ordinaire aux suffixes des noms et prennentla forme de l'état construit pluriel: onnnN, «aprèseux,» de nnx, «après.»

.3° Conjonctions. — Parmi elles on reconnaît: desformes primitivement pronominales (>a, «parce que;»

ITtfN, «que» ), ou nominales (p, «de peur que,» etc.);des prépositions qui, unies aux conjonctions >a ou tj>n,donnent des locutions conjonctives (-ni>NS, «selon que;» iu> «i?» «parce que,» etc.); enfin des formes si altéréesqu’on n’en peut indiquer l’origine (*! «, «ou;» DN, «si; *

  • }N, «aussi» ). Â cette dernière catégorie appartient la

principale de toutes les conjonctions hébraïques: i, «et; s c’est encore un préfixe ponctuel, souvent i (devantune lettre munie de scheva simple et devant a,o, s), etc.

Interjections.

En dehors de celles qui ne sont

que de simples cris, nN, Dn, etc., ce sont des formes proTnominales: jn et nan, «voici;» des formes verbales: lan, «allons,» ou des adverbes,»:, «de grâce,» appliquéspar l’usage. à cette signification particulière.

IV. SYNTAXE.

Les langues sémitiques se distinguentd’ordinaire (il faut faire exception pour l’arabe, et enpartie pour l’assyrien) de nos langues indo-européennespar la simplicité de leur syntaxe. La syntaxe de l’hébreuest particulièrement élémentaire. Il ne faudrait pascroire pourtant, comme on l’a fait parfois, qu’il n’y aitaucune syntaxe en hébreu. La langue hébraïque a desrègles qui président aux rapports des mots entre eux,à la disposition des mots dans la phrase et des phrasesdans le discours, et l’on peut diviser la syntaxe hébraïqueen: syntaxe du verbe, syntaxe du nom, syntaxe dupronom, syntaxe des particules et syntaxe des propositions.

I. s yntaxb DU VEBBS.

De l’indicatif.

Nous avons

feit remarquer plus haut la pauvreté de l’hébreu lorsqu’ils’agissait d’exprimer les divisions du temps et l’indécisionqui régnait fréquemment dans, l’emploi du parfaitet de l’imparfait. Toutefois l’usage de ces temps n’estpas entièrement livré à l’arbitraire: si l’on peut, en certainscas, employer indifféremment l’un ou l’autre destemps hébreux, il n’en est pas ainsi dans la plupart descirconstances; la syntaxe détermine auquel de ces deuxtemps il faut recourir quand il s’agit d’exprimer lesdiverses nuances de nos présent, passé et futur, quenous avons mentionnées plus haut (col. 477-478). — Lasyntaxe règle aussi certains emplois particuliers del’imparfait pour exprimer des modes qui n’ont pas leurséquivalents dans la conjugaison hébraïque, à savoir lecoltortatif (par lequel on s’exhorte soi-même à exécuterune action) et le jussif (par lequel on exprime l’ordre oule désir qu’une autre personne accomplisse une action).Souvent on emploie pour exprimer ces nuances de lapensée l’imparfait pur et simple. Mais en certains cas,ï'imparlait prend une forme spéciale; pour exprimer leeshortatif on ajoute souvent aux 1™ pers. une désinence

paragogique n; il y a même à l’hiphil dans le verbe

régulier, et à plusieurs autres formes dans les verbesirréguliers, des imparfaits spéciaux apocopes pour exprimerle cohortatif et le jussif. — Surtout la syntaxeindique un emploi spécial de la conjonction 1, «et,» qui a une grande importance pour la précision des tempshébreux. L’hébreu est très pauvre en conjonctions; il n’apas cette variété de particules qui nous permet d’exprimertoutes les nuances de la subordination des idées. Lalecture de la traduction latine elle-même laisse voirqu’il n’y a guère en hébreu qu’une seule conjonctionfréquemment usitée, la conjonction i, «et.» Toutefoiscette conjonction n’est pas toujours simplement copulative;en certains cas elle exprime non seulement lacoexistence de deux actions, mais leur subordination,leur dépendance. C’est ce qui arrive lorsque, dans lesphrases débutant par un parfait ou par une locutionéquivalente au parfait, on met à l’imparfait précédé de itous les autres verbes; et il en est de même lorsquedans les phrasés commençant par un imparfait on metles autres verbes au parfait précédé de 1. Le but de cetteconstruction est de marquer que toutes les actions indiquéespar les divers verbes de la phrase autres que lepremier sont dans une relation intime, une suite logiqueou chronologique (d’où le nom de consecutio temporis)avec l’acte ou l'état indiqués par ce premier verbe. Si,par exemple, le premier verbe est mis au parfait pourrelater un événement passé, tous les verbes qui suiventet qui sont à l’imparfait précédé de i doivent êtrerendus par le passé; si au contraire le premier verbe auparfait annonçait un événement futur, tous les verbesà l’imparfait précédé de i devraient être rendus par lefutur. Pareillement lorsque l’imparfait qui commencela phrase est à rendre par le futur, tous les verbes quisuivent (au parfait avec i) seront à traduire par le futur.Parfois même la portée de ce 1 sera plus étendue etexprimera une suite, une corrélation plus complexe. Lesfonctions remplies par ce 1 font qu’on lui donne le nomde 1 consécutif terme plus exact que celui de 1 conversifusité autrefois. Devant l’imparfait, le 1 consécutif estcaractérisé par sa voyelle (a bref avec redoublement de lapréformante qui suit, où d long devant X), par l’influencequ’il exerce sur l’accent (pour le faire revenir sur lapénultième, s’il y a lieu) et par suite sur les voyelles

("TON’i, «et il dit,» de nDN>). Devant le parfait, le T

consécutif n’a pas de ponctuation spéciale.

De l’impératif.

L’impératif ne s’emploie que

dans les phrases affirmatives, et il exprime soit l’ordreau sens strict, soit le désir, l’exhortation (dans ces cas,il est souvent complété par des particules cohortatiïesib, «a), parfois l’assurance, la confiance. Dans les phrases

T

négatives, l’impératif se rend par l’imparfait qussif)'précédé de b».

De l’infinitif.

1. L’infinitif absolu exprime l’action

verbale d’une façon abstraite et ne s’emploie que dansdes cas spéciaux. L’usage le plus particulier de cet infinitifest celui qui consiste à le mettre avant ou après,un verbe personnel pour exprimer l’action avec plusd’insistance:de là cette construction caractéristique dela littérature biblique que la Vulgate latine rend par desformules comme celle-ci: Plorans ploravit (Lam., i, .2), etc. — 2. L’infinitif construit est le plus employé, ilpeut seul être régi par un nom ou par une prépositionet, seul aussi, il peut régir les autres éléments de laphrase. C’est un véritable nom; tantôt il est sujet de laphrase: «Un homme être seul,» c’est-à-dire «qu’unhomme soit seul», «n’est pas bon,» Gen., ii, 18;ailleurs il sera complément d’un nom: «Le temps derassembler, s Gen., xxix, 7, ou d’un verbe: «Je ne saisni sortir ni entrer,» III Reg., m; 7, ou d’une préposition: «dans son rencontrer lui, i c’est-à-dire a lorsqu’il le 485

hébraïque (langue)’486

rencontre». Num., xxxv, 19. Quant au temps, Il peut,selon le contexte, exprimer le présent, le passé ou lefutur; précédé de la préposition b, il équivaut augérondif: rrttoyb, «en faisant.»

Des participes.

Le participe hébreu n’a pas de

temps et peut prendre à cet égard toutes les significationsque demande le contexte; toutefois le participeactif se rapporte de préférence au présent, tandis que leparticipe passif doit souvent se traduire par le passé oupar le participe latin en dus, da, dum. Quant à la construction,on peut traiter les participes ou comme desadjectifs verbaux qui, demeurant à l’état absolu, prennentleurs compléments à la façon du verbe, ou commedes noms que l’on met à l’état construit devant leurcomplément à l’état absolu. — Le participe remplaceparfois un mode personnel; dès lors il a, au point de vuedu temps, la même signification qu’aurait eue le modepersonnel lui-même.

il. syntaxe du nom. — Nous nous bornerons à indiquerles points principaux. — 1° Détermination dunom. — 1. Par l’article. L’article ne s’emploie en hébreuque devant les noms déterminés, c’est-à-dire, d’unemanière générale, devant les noms d’objets dont il a étédéjà question (<t Dieu dit: Que lumière soit; et la lumièrefut» ), qui sont connus ou censés tels (le roi Salomon) ou encore qui sont seuls de leur espèce (le soleil).De fait on met l’article: devant un nom génériqueemployé collectivement ( «le juste,» «le Chananéen» ),devant un nom générique appliqué par excellence à unobjet particulier (roiFn,» l’adversaire» ); devant des

noms propres de rivières ( «Jeîjil» ), de montagnes ( «leLiban» ), et parfois de villes; devant certains noms quenous regarderions comme indéfinis, mais que le géniehébreu considère comme déterminés; devant un adjectifqui qualifie un nom déterminé par l’article ou detoute autre façon ( «J’homme le bon,» pour «l’hommebon»; parfois cependant on met l’article seulement devantl’adjectif ou seulement devant le nom). Au contraire,l’article hébreu se supprime: devant les nomspropres de personnes, de pays, de peuple (lorsque cenom est identique avec celui du fondateur de la nation: «Israël, Moab;» en revanche les noms ethniquesprennent l’article: «les Hébreux» ); devant des nomsdéterminés par l’état construit ou par un suffixe, devantles attributs. — 2. Par l’état construit. Un nom à l’étatconstruit, qu’il soit suivi d’un autre substantif ou d’unsuffixe, est par lui-même déterminé et limité dans sesapplications. L’état construit s’emploie avant tout pourindiquer notre génitif. Dans ce cas, il est rare qu’ungénitif dépende de plusieurs états construits; au lieu dedire: «les fils et les filles de David,» on dira: «lesfils de David et ses filles.» Il est rare aussi qu’un nomà l’état construit soit suivi de plusieurs génitifs; aulieu de dire: <t le Dieu du ciel et de la terre,» ondira plutôt: «le Dieu du ciel et le Dieu de la terre.» Le génitif peut avoir tantôt un sens subjectif et désignerle possesseur, etc. ( «le Dieu des cieux» ), tantôt unsens objectif ( «la crainte du roi» ).

2° Expression des cas., — 1. Le nominatif et le vocatifse reconnaissent à la place qu’ils occupent dans la phrase.

— 2. Pour le génitif on emploie d’ordinaire l’état construit,mais parfois aussi certaines particules: b ptt, «qui (est) à» ( «le troupeau qui est à son père,» c’est-à-diret le troupeau de son père», Gen., xxix, 9), ou

simplement b (b d’appartenance, comme dans "pnb i&to,

t::" «Psaume de David» ) — 3. Le datif et l’ablatif se rendentpar les particules préfixes dont nous avons déjàparlé. — 4. Quant à l’accusatif, il sert à désigner, outrele complément direct du verbe transitif, le lieu où l’onva, et parfois le lieu où l’on est, le point auquel unechose atteint, etc. La particule ns ne s’emploie guère

que devant les noms déterminés (surtout en prose).

Adjectifs exprimés au moyen d’un substantif.


L’hébreu a peu d’adjectifs proprement dits; il est particulièrementpauvre en adjectifs indiquant la matièredont une chose est faite. De là, la nécessité de recourirà des périphrases, quand il n’y a pas d’adjectifs;. de là,par extension, l’emploi de ces périphrases, même quandil y aurait un adjectif. Le plus souvent on rend l’adjectifpar le substantif correspondant: «Ses murs sont bois,» pour «sont en bois», Ezéch., xiii, 22; «des vases d’argent;» «une possession de perpétuité,» pour «unepossession perpétuelle», Gen., xvii, 8; «une pierre deprix,» pour <t une pierre précieuse». Pour exprimerles qualités d’un individu, on lui adjoint souvent uneépithète composée d’un substantif (par exemple, homme,maître, fils ou fille), et d’un génitif exprimant plus spécialementla qualité en question: «homme de paroles,» pour «éloquent»; «maître de songes,» pour «songeur», «fils de l’Est,» pour «Oriental»; i fils de Sélial,» pour «méchant». De même en parlant d’un coteauon dira: «un coteau fils de graisse,» pour «un coteaugras». Is., v, 1.

Comparatif et superlatif des adjectifs.

Non seulement

l’hébreu a peu d’adjectifs, mais il ne connaîtpour chaque adjectif que le positif. Le comparatit et lesuperlatif s’expriment par des circonlocutions. — Lecomparatif est d’ordinaire rendu par la préposition p (ou

le préfixe d); ainsi pour dire «plus doux que le miel»,on dira «doux plus que le miel». — Les superlatifscorrélatifs ( «le plus grand…, le plus petit» ) sont expriméspar le positif: «un grand luminaire» et «un petitluminaire», pour «le plus grand luminaire» et «te pluspetit luminaire». Gen., i, 16. Le superlatif absolu s’exprimepar le positif établi dans un contexte tel qu’il s’appliqueà un individu comme à celui qui possède éminemmentla qualité dont il est question. «David était lepetit, t> c’est-à-dire c< tepZttspeti£»; parfoisaussion répètel’adjectif trois fois: «saint, saint, saint,» pour <t trèssaint». Is., vi, 3. (Cf. aussi: «le Saint des Saints,» etc.)

Genre et nombre.

1. À défaut du genre neutre on

se sert souvent en hébreu du féminin pour exprimer ceque les Grecs et les Latins auraient rendu par le neutre.De là vient que dans quelques passages de l’Écrituretraduits servilement, on lit le féminin au lieu du neutre: «Unam petii à Domino, fianc requiram, ut inhabitemetc.,» pour: «unum… hoc.» Ps. xxvi, 4. —2. L’adjectif (comme le verbe) s’accorde en genre et ennombre avec le nom. Il y a exception pour les nomscollectifs (souvent accompagnés d’adjectifs au pluriel),pour les pluriels de majesté (accompagnés d’adjectifs ausingulier), etc.

m. syntaxe des pronoms. — 1° Pronom personnel.Le pronom personnel de la 3e personne se substitue auverbe être: «ceci est (n» n) un don de Dieu.» Eccle.,

v, 18.

2° Pronom relatif -|*N. Pour rendre les cas obliques

de notre pronom relatif (dont, à qui, etc.), l’hébreu arecoursà des constructions particulières. Ainsi l’on a: «^ que… à lui,» pour «à qui»; «qui… lui» ("itfN’m’it» ), pour «qui» accusatif; «qui… en lui,» pour «enqui»; «que… son, sa,» pour «c dont;» «que… là,» pour «où»; «que… de là,» pour «d’où»; etc. Souventle relatif est supprimé pour alléger la phrase: «dans une terre non à eux,» pour «qui n’était pas àeux», Gen., xv, 13; «au temps le sacrifice commença,» pour «où le sacrifice commença». II Par., xxix, 27.’iv. syntaxe dbs particules. — Il faut surtout noterl’emploi des négations:» *h (poét. ba) ou la négationpure et simple; b «employé dans les phrases prohibitives:j>n qui rentenne le verbe «être» et équi487’hébraïque (langue)

vaut à «il n’est pas, il n’y a pas s>. L’emploi consécutifde deux négations renforce le sens négatif de la phrase.

v. syntaxe des propositions. — Le point le plusimportant est celui de la construction des phrases. Dansles phrases nominales (dont l’attribut est un subtantifou un terme équivalent) on met d’abord le sujet, puisl’attribut. Dans les phrases verbales (dont l’attribut estnn verbe ou un mode personnel) on place successivementle verbe, le sujet, puis le complément du verbe oul’objet. On change parfois cet ordre pour donner plusde relief à tel ou tel élément de la phrase. À signaleraussi les phrases complexes dans le genre de celle-ci:Dieu, sa voie est parfaite. Ps. xvii, 31.

V. Poésie.

i. livres et parties poétiques de labible. —Il y a dans la Bible hébraïque des livres écritsen prose et des livres rédigés conformément aux principesd’une véritable poétique.

1° Des livres entiers sont en vers: Job, les Psaumes,les Proverbes, le Cantique, les Lamentations, auxquelsil faut ajouter l’Ecclésiastique (et peut-être, d’aprèsplusieurs critiques, l’Ecclésiaste). Les prophètes, Isaïe,Amos, Osée, Michée, Nahum, Habacuc, Joël etvbdias sesont presque toujours astreints aux règles de la poésie.

2° On trouve aussi des chants et des cantiques dans leslivres rédigés en prose. — Dans les livres historiques: lechant de Lamech, Gen., ïv, 23 b -24; la bénédiction deJacob, Gen., xlix; le cantique de Moïse au sortir de lamer Rouge, Exod., xv; le couplet de l’Arnon, Num., xxi.14-15, el celui du puits, 17-18; le chant de victoire d’Hésébon,27-30; les oracles de Balaam, Num., xxiii, 7-10,18-24; xxiv, 3-9, 15-24; le dernier cantique de Moïse,Deut., xxxii, 1-43; la bénédiction de Moïse, Deut.,xxxiii, 1-29; le couplet du soleil arrêté, Jos., x, 12-13;le cantique de Débora, Jud., v; la fable de Joathan (?),Jud., ix, 7-15; les proverbes de Samson, Jud., xiv, 14, ’%; le couplet de la mâchoire d’âne, Jud., xv, 16; lecantique d’Anne, I Reg., ii, 1-10; le refrain de la supérioritéde David sur Saûl, I Reg., xviii, 7; la lamentationde David sur la mort de Saül et de Jonathas, II Reg.,i, 18-27; le dernier cantique de David, II Reg., xxii,2-51; et ses Novissima verba, II Reg., xxili, 1-7; le coupletqui sert d’exorde à la prière de Salomon lors de ladédicace du temple, III Reg., viii, 12; le cantiqued’Asaph. I Par., xvi, 8-36. — Dans les livres prophétiquesde Jérémie et d’Ëzéchiel, il y a aussi nn bonnombre de morceaux poétiques; mais il est plus difficilede les distinguer que dans les livres historiques;le style oratoire des^ prophéties a toujours beaucoup deressemblance avec la poésie proprement dite.

II. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA POÉSIE HÉBRAÏQUE.

— 1° La richesse. — Abondance des images, force et élévationde la pensée, grandeur et simplicité de l’expression,puissance des métaphores, tel en est le caractèreVoir le discours de Dieu, Job, xxxvih-xli; Psaumes de lacréation, Ps. viii, ciii, etc. Le caractère oriental du poèteinspiré, le milieu dans lequel il vivait, sont pour beaucoupdans la richesse exubérante des poésies bibliques.2° Le lyrisme.

Il est inutile de rechercher dansnotre Bible les genres de là poésie classique. D n’y apas d’épopée; le drame n’a rien qui lui correspondeexactement, même dans le livre de Job; en revanche,la poésie gnomique est abondamment représentée dansles Prov. et l’EccIi. Mais le trait le plus caractéristiquedes poèmes bibliques, c’est le lyrisme, l’expression dessentiments personnels de l’auteur, ou des sentimentsqu’il a en commun avec les autres hommes. La plupartde nos poèmes bibliques présentent ce caractèreque l’on rencontre plus spécialement dans les hymneslyriques par excellence du Psautier. D’ailleurs tout enétant l’expression de sentiments personnels, les chantssacrés d’Israël ont un caractère assez universel pourque nous y trouvions l’expression de nos propres sentiments:il n’y a pas nne prière, dans le Psautier en

particulier, qui ne puisse devenir la prière de l’humanitétout entière.

Un caractère constamment religieux.

Il n’estpas douteux que les Israélites, comme tous les autrespeuples, n’aient eu leurs chants et leurs poésies profanes.Nous en avons pour preuve le témoignage des écrivainssacrés eux-mêmes: Is., v, 12; Amos, vi, 5. Il est assezprobable même que plusieurs des vieux chants conservésdans le Livre des Guerres de Jéhovah ou dansle Livre du Juste, et consignés dans le Pentateuque,tels que le chant du puits, Num., xxi, 17-18, et celui d’Hésébon,27-30, aient appartenu à la poésie profane desHébreux: on ne découvre en effet dans ces chantsaucun trait qui les signale comme des cantiques religieux.Mais la poésie profane des Israélites ne nous apas été conservée, et, à part un tout petit nombred’exceptions, nos poèmes bibliques sont des chantssacrés, tout pénétrés de l’esprit religieux. — Ils le sontd’ailleurs en différentes manières. Très souvent, surtoutdans les Psaumes, ils sont religieux par leur sujetmême: ils célèbrent les attributs divins, la puissancede Dieu, sa bonté, son action providentielle dans lemonde et plus particulièrement dans le peuple choisi;ils expriment les sentiments religieux de l’âme quiadore, qui admire, qui prie, qui rend grices. En d’autrescirconstances, les poésies sacrées sont religieuses par lamanière dont elles développent un sujet profane en lui-même.C’est ce qui arrive: lorsque, chantant les merveillesde là création ou les grands phénomènes de lanature, le Psalmiste en rapporte avec tant d’empressementla gloire à Dieu qui les produit; lorsque l’auteurdu livre de Job discute, à la lumière des principes fournispar la religion, le problème de la souffrance du juste;il en est de même dans les sentences du livre des Proverbesoù l’on rattache aux directions de la Sagesseéternelle, communiquée à l’homme, les règles les plusminutieuses de notre conduite.

III. LA LANGUE HÉBRAÏQUE AU POINT DE VUE POÉ-TIQUE.— 1° La langue hébraïque a ses richesses et seslacunes; mais elle est éminemment poétique. Elle metsurtout en relief l’action: le verbe qui est l’expressiondirecte de l’action occupe la place centrale; les nomsdésignent les êtres par l’action qu’ils accomplissent leplus fréquemment, par l’état qui leur est le plus ordinaire;les noms hébreux sont par excellence des nomsd’action ou des noms d’agents. D’ailleurs l’emploi dunom est beaucoup plus développé que dans nos langues:il remplace nos adjectifs, nos adverbes, nos prépositions.Dans la langue hébraïque dès lors, tout estvie et activité: la poésie ne saurait trouver nulle partailleurs d’aussi précieuses ressources. Parfois mêmecertains défauts seront merveilleusement utilisés par lepoète: si l’imprécision des temps hébreux rend difficilela tâche de l’historien qui veut marquer l’enchaînementdes faits, le poète sera souvent heureux de ne pasvoir sa pensée limitée par des indications trop précisesde temps et d’époque. — 2° La langue hébraïque esttrop poétique par elle-même pour qu’on puisse s’attendreà trouver en hébreu une langue spéciale auxpoètes. Toutefois ils affectent souvent: a) certains motsinusités dans la prose (tfïjN, «homme,» pourtf» *»; rnfc, «chemin,» pour ^-fl) et souvent d’origine araméenne;

6) certaines acceptions particulières de mots usités enprose, surtout l’emploi de l’épithète pour le substantif:ion, «le fort, s pour «Dieu»; rua 1?, «la blanche,»

T tt:

pour «la lune»; m>n>, «l’unique,» pour «l’âme», etc.c) certaines désinences particulières: formes allongéesdes suffixes (iD.1. "hlL, pour □ et a), désinences des

cas dans les noms, prépositions séparées avec la terminaisonde l’état construit pluriel, ’S 7 pour by;» j» » pour HÉBRAÏQUE (LANGUE)

490° t; nnx pour nrm, etc.; d) diverses particularités de

syntaxe, tendant souvent à introduire dans la phraseune plus grande brièveté: suppression de l’article, em-,ploi de l’état construit devant les prépositions, suppressiondu relatif et de la particule de l’accusatif, etc.

IV. BÈGLES PARTICULIÈRES DE LA POÉSIE HÉBRAÏQUE.

— 1* Le parullélisme. — C’est un des traits les plussaillants de la poésie hébraïque, l’un des caractèresque les versions nous ont le plus fidèlement conservé.Il a été néanmoins ignoré des exégétes chrétiens etjuifs jusqu’en 1753. Plus d’une fois, sans doute, lesanciens commentateurs l’avaient signalé pour divers casparticuliers. Mais c’est Lowth qui le premier, dans sesLeçons sur la poésie sacrée des Hébreux, fit voir danscette particularité un élément essentiel de la poétiquebiblique. Depuis lors le parallélisme a été étudié entous ses détails, et dans les éditions les plus récentesdes Septante et de la Yulgate, on en a tenu comptepour la division du texte sacré. Le parallélisme, parallelismustnembrorum, souvent comparé au mouvementd’un balancier, s est la correspondance d’un vers avecun autre» (Yigouroux, Manuel biblique, 11e édition,t. ii, p. 266):

L’homme patient vaut mieux que l’homme fort,Et celui qui domine son esprit que celui qui prend des villes.

Prov, , xvi, 32.

Entre ces deux vers la correspondance est parfaite,( l’homme patient» est identique à «celui qui domineson esprit», l’homme fort,» ou «vaillant», à «celui quiprend les villes d’assaut». Quant à la comparaison,elle n’est pas exprimée dans le second vers; il fautsous-entendre le terme même du premier membre.Parfois la correspondance est plus exacte encore:

La maison des impies sera détruite,La tente des justes prospérera.

Prov., xiv, 11.

On distingue diverses espèces de parallélisme: —1. Au point de vue de la manière dont les membres secorrespondent, il y a: — le parallélisme «synonymique»,dans lequel le second membre exprime exactement lamême pensée que le premier et en des termes respectivementéquivalent»:

Les cieux proclament la gloire de Dieu,Et le firmament publie la force de ses mains.Ps., xviii, 2.

— le parallélisme c antithétique», dans lequel lesecond membre met en relief la vérité contenue dans lepremier par le contraste de la maxime opposée. C’est leparallélisme le plus fréquent dans les Proverbes:

La crainte de Jéhovah augmente les jours,Mais les années des impies sont raccourcies.

Prov., x, 27.

— le parallélisme «synthétique», dans lequel le secondmembre complète la pensée exprimée dans le premier:

Mieux vaut rencontrer une ourse dont on a pris les petits,Qu’un Imbécile plein de confiance en sa sottise.

Prov., xvii, 12.

2. Au point de vue du nombre des membres il y a:

— le parallélisme «distique», qui ne compte que deuxmembres. Tous les exemples qui précèdent rentrentdans cette catégorie;

— le parallélisme i tristique,» qui compte troismembres:

Les rois de la terre s’associent,Et les princes délibèrent ensembleContre Jéhovah et contre son Oint.

Ps. ii, 2.

Dans ce tristique, les deux premiers membres forment un parallélisme synonymique, mais le troisièmemembre est synthétique.

On pourrait peut-être distinguer un parallélisme «àquatre membres», mais il est facile de le ramener àdeux parallélismes distiques.

Le parallélisme est un élément essentiel de la poésiehébraïque; on le rencontre partout sous une formeou sous une autre. Dans les passages poétiques oùil fait actuellement défaut, l’expérience prouve que,le plus souvent, divers accidents de copistes et de manuscritsont dénaturé le texte; si on le rétablit soit àl’aide des fragments qui en demeurent, soit avec lesecours des versions, on retrouve le parallélisme primitif.— De même que le mouvement du balancier,un pareil procédé engendrerait vite une fatigantemonotonie; c’est ce qui arrive en certains poèmes danslesquels les auteurs n’ont pas su dominer cette difficulté.Mais le plus souvent les poètes sacrés en ont évité lesinconvénients en s’appliquant à introduire dans leparallélisme même la plus grande variété. Tantôt ils ontcombiné ensemble diverses espèces de parallélisme, lesynonymique avec l’antithétique, le distique avec letristique, etc.; tantôt ils ont développé la même penséedans plusieurs parallélismes consécutifs. D’autres fois,deux parallélismes s’enchevêtrent l’un dans l’autre;plus souvent on sous-entend un verbe, ou un sujet dansl’un des membres, on interrompt la régularité monotoneà l’aide d’interrogations, de suspensions, de parenthèses,etc.

Le vers hébreu.

Son existence est admise par

tous ceux qui se sont occupés de la poésie hébraïque.Mais quant à la nature de ce vers, les opinions ont beaucoupvarié, et aujourd’hui encore il reste sur cette questiondes points obscurs. C’est ainsi tout d’abord que descritiques identifient le vers hébreu non avec le stique, oule membre du parallélisme, mais avec le parallélisme lui-même:le stique ou membre du parallélisme ne seraitalors qu’un hémistiche par rapport au vers tout entier.Cette opinion ne paraît pas fondée: si elle est susceptiblede s’appliquer aux parallélismes distiques, il seraitbeaucoup plus difficile de l’admettre pour les parallélismestristiques: on aurait alors des vers démesurémentlongs et irréguliers. Il faut voir selon toute probabilitéun vers proprement dit dans chaque membre duparallélisme. — Les anciens Josèphe, Eusèbe, saint Jérôme,croyaient reconnaître dans les vers hébreux desmètres analogues à ceux de la poésie classique, deshexamètres, des pentamètres, etc. On en resta longtempsà cette opinion sans d’ailleurs se préoccuper de l’approfondir.Aujourd’hui elle paraît fausse; lorsque les savantsmodernes ont voulu l’appliquer d’une manière rigoureusementscientifique aux poèmes bibliques, ils ne sontarrivés à aucun résultat. Il a fallu chercher un terme decomparaison non dans les mètres classiques, mais dansles poésies sémitiques les plus simples. M. Le Hir (Lerythme chez les Hébreux, dans son introduction auLivre de Job) eut le premier l’idée de comparer le vershébreu avec le vers usité dans les anciennes hymnesde l’Église syrienne. M. Bickell a repris cette idée, l’aapprofondie et l’a appliquée aux poésies de la bible hébraïque;on peut contester un certain nombre de seshypothèses (par exemple, sur le nombre des syllabes nonaccentuées qui peuvent séparer deux syllabes accentuées); mais l’ensemble de son système paraît assez définitif.— 1. Dans le vers hébreu, on ne mesure pas les syllabes,on ne les distingue pas en brèves et en longues; onles compte simplement et, au point de vue de la quantité,le vers hébreu est isosyllabique. Il n’ajdonc riende commun avec le vers latin ou le vers grec; il ignorele mètre proprement dit, le «pied.» En revanche, il serapproche de nos poésies liturgiques les plus simples,telles que le Stabat ou le Dies irse. — 2. Si dans levers hébreu on ne tient pas compte de la quantité

des syllabes, on attache au contraire une très grandeimportance à l’accent. La sjllabe accentuée a un rôleconsidérable dans la cadence et le rythme du vers hébreu;on sait qu’il en est de même dans les poésies’liturgiques de l’Église. D’après la place occupée parl’accent, on peut même avoir des groupes de syllabesauquel on donnera, par analogie, le nom de pieds: ceseront des ïambes ou des trochées, selon que la syllabeaccentuée sera, ou non, la première. — 3. La numérationdes syllabes est chose difficile. En plus d’un casen effet il faut négliger la vocalisation actuelle du textehébreu; les Massorètes ignoraient le vers hébreu etils ne se sont préoccupés que de fixer la lecture du texted’après la prononciation qui prévalait à leur époque etqui s’écartait assez souvent de la prononciation ancienne.C’est ainsi qu’en beaucoup de cas il faut négliger,outre les schevas et les demi-voyelles, les voyellesauxiliaires et certaines voyelles initiales; ailleurs il fautremonter à des formes primitives remplacées, dans letexte, par des formes plus récentes. Considérées enelles-mêmes ces corrections sont admissibles; les textesbibliques ont beaucoup souffert dans tous ces petitsdétails. Toutefois on conçoit une certaine défiance lorsqu’onvoit tant de modifications réclamées au nomd’un système qui est loin d’être arrêté dans ses détails.Les objections deviennent plus nombreuses encore enprésence de toutes les restitutions ou suppressions demots et de membres de phrase auxquelles donne lieul’application des principes de M. Bickell; sans doute, iln’est aucune de ces corrections que l’on ne puisse appuyersur des exemples dûment constatés; mais nul autremoyen de critique ne révèle autant d’altérations dans lestextes sacrés. — 4. Les «espèces» du vers hébreu sontavant tout caractérisées par le nombre des syllabes. Onen trouve de quatre, cinq, six, sept, huit, neuf et dix-syllabes. M. Bickell avait jadis admis des vers dodécasyllabiques;mais une étude plus approfondie de laquestion l’a amené à voir dans ces vers deux membresde parallélisme, l’un de sept, l’autre de cinq syllabes.Le vers le plus souvent employé paraît être le vers heptasyllabique,c’est le vers usité dans le livre de Job,dans beaucoup de maximes et de portraits du livre desProverbes, dans nombre de Psaumes. D’ailleurs desvers de diverses espèces peuvent se trouver groupés dansle même morceau. C’est ainsi que tout un genre poétique,le genre «Lamentation» ou Qinah, paraît caractérisépar l’alternance du vers heptasyllabique et du verspentasyllabiquejon retrouve aussi cette alternance dansdes poèmes didactiques tels que le grand Ps. cxviii:Beali immaculati in via.

Cf. G. Bickell, Metrices bibl. reg. exempl. illustrât.,Inspruck, 1882; Supplem. ad metr. bibl., dansZeitschr. derdeutsch. Morgent ànd.Gesellsch., t. sxxiii,xxxiv, xxxv; Carmina Vet. Test, metrice, Inspruck,1882; Dichtungen der Hebrâer, Inspruck, 1882-1883;Kritische bearbeitung der Proverbien mit einem Anhangeûber die Strophik des Ecclesiasticus, dansZeitschr. ꝟ. d. Kunde des Morgent andes; V. Grimme,Abriss des hebr. Metrik, dans Zeitschr. d. deutsch.Morgent ànd. Gesellsch.; Gietmann, De re metrica Hebrseorum,1880; A. Rohling, Dos Salomonische Spruchbuch,ûbersetzt und erklàrt, Mayence, 1879.

La strophe.

C’est le groupement d’un certain

nombre de vers dans un ordre déterminé. Son existencea été à peine soupçonnée jusque vers 1831, date à laquelleM. F.-B. Kœster la signala dans un article intitulé DieStrophen oder der Parallelismus der Verse der HebrâischenPoésie, dans les Studien und Kritiken, 1831,p. 40-114. On admettait volontiers la distribution desPsaumes en parties distinguées par le sens, par le refrainou de toute autre manière, et parfois on donnaità ces divisions et subdivisions le nom de strophes. Maisen réalité on ne reconnaissait pas l’existence de strophes

se rattachant pour chaque morceau poétique à un typedéterminé. D’ailleurs ce type n’est pas encore rigoureusementprécisé; il a pu exister en hébreu, comme danstoutes les langues, des strophes de longueurs variables,et indécises. Cf. D. H. Mûller, Die Propheten in ihrerursprunglichen Form. Die Grundgesetze der ursemitischenPoésie erschlossen und nachgewiesen in Bibel,Keilinschriflen und Koran, und in ihren Wirkungenerkarmt in den Choren der Griechischen Tragédie,Vienne, 1896; I. K. Zenner, Die Chorgesânge in Bûcheder Psalmen. Ihre Existenz und ihre Form nachgewiesen,Fribourg en Brisgau, 1896.

4° Sur VAlphabétisme, voir Alphabétiques (Poèmes).

VI. Vocabulaire.

Nombre des mots.

On ne peut

juger du nombre des mots hébreux que par la Bible.Sans doute les Livres Saints ne représentent qu’une partierestreinte des sujets traités par les Hébreux, soit dansleurs conversations, soit dans les autres compositions littérairesqui ne sont pas parvenues jusqu’à nous. Mais onest porté à croire que la langue hébraïque ne disposait pasd’un vocabulaire très riche. — On ne compte guère plusde 2050 racines parmi lesquelles beaucoup sont peu usitéesou tiennent une place très restreinte dans la formationdes mots; on estime qu’avec 500 racines l’on estcapable de lire couramment la plupart des textes bibliques.Le nombre des mots est proportionné à celui desracines: si l’on fait abstraction des noms propres, l’hébreubiblique compte environ 5000 mots (d’après Renan).

Structure des racines et des mots.

À cet égard

l’hébreu se rapproche de très près des autres languessémitiques (voir Sémitiques [Langues]), et ne présentepas de particularités notables.

Caractère du vocabulaire hébreu.

1. L’hébreu

a une grande abondance de termes pour désigner: desobjets usuels, animaux domestiques, ustensiles diversservant à la vie quotidienne; — les phénomènes quitombent sous l’observation journalière, v. g. phénomènes.météorologiques, pluie, tempête, etc.; — les relationssociales ordinaires; — en particulier les actes de la viereligieuse ou du culte et les diverses conceptions se rapportantaux idées religieuses juives: ainsi il y a ungrand nombre de mots pour désigner la sagesse, la loide Dieu, etc. r~ 2. Mais le vocabulaire hébreu est pauvrepour l’expression des idées abstraites et des sentimentsde l’âme. Ainsi, dans une langue dont le seul monumentest un livre éminemment religieux, il n’y a pasde terme qui corresponde exactement à l’idée abstraitede «religion»; l’idée de la religion ne peut s’exprimerque par le terme de «crainte de Dieu». L’hébreua des mots ^)our l’amour et la haine, mais non pour lapréférence; de là ces phrases évangéliques tout empreintesdu génie hébraïque: «Si quelqu’un ne hait sonpère ou sa mère, … il ne peut être mon disciple.» Luc., xiv,26. Elle ne peut nommer qu’imparfaitement les facultés del’âme: les termes qui désignent le siège de ses diversesopérations sont vagues: le «cœur» désigne l’intelligence;les «reins» ou le «foie», les affections. —3. La plupart des racines qui expriment des opérationsspirituelles, intellectuelles et morales ont gardé un sensprimitif se rapportant à la vie physique et extérieure.Dans nos langues, ces racines se ramènent bien étymologiquementà des termes exprimant des opérations physiques:intelligere veut dire «lire entre»; mais à peu prèstoujours ce sens primitif a disparu de l’usage et le motaujourd’hui usité ne signifie plus rien autre chose quel’acte spirituel ou moral. En hébreu, au contraire, lacoexistence des deux sens est très fréquente. C’est ainsique le mot bâràk veut dire primitivement fléchir le genou.De là à l’idée de € saluer» selon les pratiques orientales,il n’y a pas loin; en réservant ce nom à l’hommage renduà Dieu, on aura la signification de «vénérer, d’adorer»,avec les sens connexes de «prier, d’invoquer». Le salutévoquera aussi l’idée de «louer», de «bénir», de faire des

vœux pour le bien-être de celui qu’on salue. Bien plus,soit parce que celui qui salue s’attire les faveurs dusupérieur ou de Dieu, soit parce qu’on a simplementtransporté au supérieur (en leur faisant subir les modificationsnécessaires) les actes et les sentiments de l’inférieur,ce même mot s’appliquera à Dieu qui «bénit»,qui «honore» un inférieur d’une façon quelconque.Enfin par contraste le mot bârâk exprimera la malédiction.Ni le mot latin benedicere ni le mot français «bénir» (qui est plus riche en acceptions que la plupart denos autres mots) ne peuvent exprimer toutes ces multiplessignifications. Voir Bénédiction, t. i, col. 1580hébreu rendent la traduction des livres bibliques trèsdifficile, plus difficile que la traduction de tous les autresauteurs anciens, et expliquent pourquoi les textes et lesversions de l’Écriture ont particulièrement besoin d’êtreaccompagnés de notes et de commentaires.

VII. Rapports de la langue hébraïque avec lesautres langues sémitiques. — La comparaison doits’établir aux divers points de vue que nous avons précédemmentconsidérés pour l’hébreu.

I. ÉCRITURE.

Alphabet.

Pour la comparaison

des alphabets, voir les tables des Alphabets sémitiques,t. i, col. 405-414 et l’article Assyrienne (Langue) t. i,col. 1169-1174. — 2° Voyelles. — Le système des pointsvoyellesusité dans la Bible, avec la combinaison dupoint et du trait comme caractère principal, est apparentéavec les systèmes adoptés par les Syriens orientauxet les Arabes; il se distingue nettement des procédésusités dans l’assyrien (écriture syllabique), dans l’éthiopien(voyelles indiquées par diverses modifications deslettres elles-mêmes), et le dialecte des Syriens occidentaux(emploi des lettres grecques).

II. phonétique..-* 1° Consonnes. — i. Nombre desconsonnes. — En dehors des autres langues sémitiquesdu groupe intermédiaire, la langue syriaque est la seulequi ait exactement le même nombre de consonnes quel’hébreu; encore ne dédouble-t-elle pas le v en deuxlettres. L’hébreu possède plus d’articulations quel’assyrien, mais il est inférieur aux langues sémitiquesdu Sud pour la distinction des dentales (l’arabe comptedeux lettres pour chacune des dentales i, ts, n), deslabiales (l’éthiopien a trois lettres pour le s), des sifflantesaspirées (l’arabe et l’éthiopien décomposent le s en deuxarticulations secondaires). Les gutturales paraissent plusnombreuses en hébreu qu’en assyrien (il semble quel’assyrien ne distingue guère ii, n et y); mais le n et le yfournissent chacun deux gutturales en arabe (_ et z;

s. et à; le n en fournit pareillement deux en éthiopien,

  • h et "?). On peut se demander si chacune des lettres

hébraïques n et y ne représente pas elle-même deuxsons. II est en effet curieux de constater, pour le y enparticulier, que, dans la transcription des noms propres,les Septante le rendent tantôt par y (équivalent assez exactdu arabe), Tonoppapour mby, tantôt par l’esprit rude, ’HXf pour iby, ou même l’esprit doux, ’AtiaXVjx pour

  • pboy. Voir Heth, col. 668. Il est d’autre part intéressant

de remarquer que certaines racines hébraïquesrenfermant la lettre n ont deux sens très différents,correspondant en arabe à deux mots, l’un avec _,

l’autre avec ^: bsn, «lier» (ar. ^3-j^-) et «prêter» ’/cî

{ar. ^J^^.1). Il est donc probable que pour plusieurs<le ces lettres l’écriture hébraïque ne reproduit pas toutesles nuances de la prononciation.

2. Propriétés des consonnes.

Les phénomènes géné-Taux,tels que la commutation, l’assimilation, la transpositionet le redoublement se présentent dans lesautres langues sémitiques comme dans l’hébreu. Il faut

noter toutefois: que la transposition est moins fréquentedans la conjugaison hébraïque que dans l’assyrienet les langues sémitiques du Sud (la métathèse du n dansla huitième conjugaison arabe a lieu avec toutes leslettres et pas seulement avec les sifflantes), que l’hébreua conservé le redoublement avec beaucoup plusd’exactitude que certaines langues du groupe araméen,par exemple, les dialectes des Syriens occidentaux (ils nefont presque jamais entendre le redoublement qui, dansles textes ponctués, n’est indiqué par aucun signe spécial).— On peut dire, d’une façon générale, que l’hébreuest une des langues sémitiques dans lesquelles lesconsonnes ont gardé avec le plus d’exactitude leurs articulationsprimitives, et qu’en dehors de quelques exceptionselle est à cet égard comparable à l’assyrien et àl’arabe.

Quant aux propriétés particulières à certains groupesde consonnes, on peut faire les remarques suivantes: —La double prononciation des labiales ne se retrouveguère que dans l’araméen. — Les gutturales ont moinssouffert en hébreu que dans la plupart des autreslangues sémitiques: tandis que l’assyrien les confond,que l’éthiopien les a si souvent confondues et dénaturées,l’arabe est la seule langue sémitique.qui lesdistingue avec plus de précision que l’hébreu. D’ailleursla loi d’euphonie qui empêche en hébreu le redoublementdes gutturales ne se retrouve qu’en araméen;l’affinité pour le son a ne paraît pas non plus s’exercerd’une façon constante dans la conjugaison et ladéclinaison arabes. — L’aphérèse et l’assimilation du 3,communes à l’hébreu et à l’araméen, ne se produisentpas dans les langues sémitiques du Sud. — L’hébreuest seul à connaître le n lettre faible dans les verbes nb;en revanche IV est plus stable encore dans l’hébreuque dans le syriaque (où parfois il perd sa valeur deconsonne non seulement à la fin des syllabes mais mêmeau début). Quant au 1 et à 1’», l’hébreu et le syriaquesont les principaux dialectes qui les confondent si constammentau début des mots; l’assyrien et surtout leslangues du Sud distinguent des verbes is et des verbes» s. L’arabe et l’éthiopien connaissent pareillement desverbes ib et >b, dans lesquels ces lettres faibles sont loind’être aussi altérées qu’en hébreu ou en syriaque; enrevanche le n et l'> subissent à peu près partout les mêmesmodifications, quand ils sont dans le corps des mots.

Voyelles.

1. Nombre des voyelles, — Si l’on regarde

le système massorétique comme la représentationsuffisamment exacte des voyelles de l’hébreu biblique,on constatera que l’hébreu est l’une des langues sémitiquesdont la vocalisation est la plus variée. Il a gardéles trois voyelles principales a, i, ii, sous leur doubleforme de voyelles brèves et de voyelles longues; il apareillement distingué avec précision les voyelles secondairesé et o en longues et en brèves. Seul l’arabe peutà cet égard être comparé à l’hébreu; l’arabe en effet distinguetrès nettement les voyelles primitives en longueset en brèves et, bien qu’il no les indique pas par dessignes spéciaux, il admet autour de ces trois sons principauxdes prononciations tout à fait semblables auxvoyelles secondaires de l’hébreu. Les imperfections dusystème d’écriture cunéiforme ne permettent guère deVavoir jusqu’à quel point les Assyriens distinguaient leslongues et les brèves. On sait en revanche que si cottedistinction existe chez les Syriens orientaux (qui ontles cinq voyelles de l’hébreu), elle manque assez souventde précision chez les occidentaux; quant à l’éthiopien,en dehors de l’a bref et d’un é bref qui se confond avece muet, il ne signale, dans son écriture, que des voyelleslongues (â, ê, i, ô, û); c’est la preuve que la distinctionen brèves et en longues n’était pas très sensible pourles Abyssins. Il faut noter enfin que la précision desdemi-voyelles par des signes spéciaux (schevas simpleset composés) est particulière à l’hébreu.

2. Permutations, altérations des voyelles. — Ces phénomènes se produisent ou par suite des flexions grammaticales ou par suite de l’usure de la langue. A. cesdeux points de vue, l’arabe a beaucoup mieux sauvegardésa vocalisation que l’hébreu. Les flexions grammaticalessont loin d’amener autant de changements, de suppressions et d’additions de voyelles en arabe qu’en hébreu.D’autre part, l’usure n’a presque pas fait sentir son influence sur la vocalisation arabe. De là le recours fréquent des grammairiens à cette langue pour l’explicationdes formes hébraïques qui ont subi des altérations plusou moins notables. En, revanche, l’hébreu a gardé lapureté de sa vocalisation beaucoup plus parfaite que lesyriaque ou l'éthiopien: dans ces deux langues il semblequ’on n’ait conservé de voyelles proprement dites que lenombre strictement nécessaire pour la prononciation desconsonnes; l’e muet y remplace très souvent des voyellesque l’on retrouve en hébreu dans un état de parfaiteconservation.

/II. morphologie. — 1° Pronoms. — i. Les pronoms personnels de l’hébreu présentent beaucoup deressemblances avec ceux des autres langues sémitiques. Les consonnes essentielles sont identiques danspresque toutes ces langues. Il est à noter que l’hébreuest à peu près le seul dialecte dans lequel la premièrepersonne du singulier ait à la fois la forme longue>3lN (que l’on retrouve en assyrien) et la forme brève

>jn (que l’on retrouve en arabe, en araméen, en éthiopien). Seuls l’assyrien et le syriaque assimilent commel’hébreu; le 3 et le n dans des pronoms aux secondespersonnes. Les éléments essentiels des pronoms de laB 8 pers. semblent être au singulier les voyelles û et î;tandis qu’en arabe et en araméen ces voyelles sont précédées de n comme en hébreu, elles sont précédées dem en assyrien, suivies de lettres proclitiques en assyrien--- et en éthiopien. — Les voyelles n’ont pas naturellementla même fixité que les consonnes et varient avec chaquelangue. Certaines variations proviennent d’ailleurs dece que les voyelles de l’hébreu sont plus altérées quecelles des autres langues. L'> final de la 2e pers. fém.

sing. (>pn) a généralement disparu de l’hébreu comme de

la prononciation du syriaque, 'on le retrouve au contrairedans presque toutes les autres langues sémitiques. Il en estde même de la voyelle m des désinences des 2e et 3e pers.ptur. qui s’est atténuée en hébreu (diw, juk, on, ]n)

comme en éthiopien (sauf aux 3 «pers.), tandis qu’elles’est conservée en arabe, et, pour le masculin aumoins, en syriaque et en assyrien. Cette dernière langued’ailleurs a une très grande variété de pronoms personnels. — Des remarques analogues sont à faire pour lespronoms suffixes et préfixes destinés à marquer les personnes dans la conjugaison verbale et pour les pronomssuffixes compléments. — S. Les pronoms démonstratifs, relatifs et interrogatifs présentent une bien plusgrande variété. On peut toutefois y reconnaître le plussouvent les mêmes éléments primitifs modifiés par certaines altérations de voyelles et même de consonnes, ouencore par l’addition do diverses lettres proclitiques etenclitiques (assyrien et éthiopien).

Le verbe.

L’hébreu est à peu près la seule langue

sémitique dont les radicaux soient presque constammenttrilittères; le syriaque et l'éthiopien en particulier admettent beaucoup de radicaux quadrilittères. Mais danstoutes les langues sémitiques, comme dans l’hébreu, leverbe est d’ordinaire le point de départ de la dérivationdes noms et autres parties du langage.

i. Les formes ou conjugaisons. — Les conjugaisonshébraïques se peuvent ainsi classer: trois conjugaisonsactives, la simple (ftaî), l’intensive quhel) obtenue parle redoublement de la 2° radicale, et la causative (kiphil) obtenue au moyen du préfixe n; deux conjugaisons

passives, le passif de l’intensive (puhal) et le passif de lacansative (hophal), obtenues par des changements devoyelle; une conjugaison réfléchie (niplial) obtenue dela forme active simple par le moyen du préfixe i; uneconjugaison réfléchie (hithpahel) obtenue de la formeintensive active au moyen du préfixe n. — La forme active simple se retrouve naturellement dans toutes lesautres langues. — Tandis que l’assyrien et le syriaquen’ont comme l’hébreu qu’une forme intensive, les languessémitiques du Sud (arabe, éthiopien) en ont au moinsdeux consistant l’une dans le redoublement de la 2e radicale, l’autre dans l’allongement de la première voyelle(arabe, qâtala; éthiopien, qâtala, qêtala, qôtala); cettedernière forme se retrouve dans les verbes irréguliersde l’hébreu. — La conjugaison active causative n’estindiquée par le préfixe n que dans l’hébreu et le chaidéen; dans l’arabe, le syriaque, ce ri est remplacé parun n; l’assyrien le remplace par un w qui, en syriaque,donne une seconde forme causative. En éthiopien lesystème des formes causatives indiquées par N est beaucoup plus développé; il y a des formes causatives particulières correspondant soit à l’actif simple, soit auxdivers actifs intensifs. — Les formes passives n’existentqu'à l'état de vestiges dans la conjugaison syriaque;on leur substitue pour l’indication du sens passif lesformes réfléchies: on ne les retrouve pas davantage enassyrien. En arabe au contraire, à peu près toutes lesformes verbales (actives, causatives, réfléchies) ont uneforme passive correspondante, obtenue par un changement de voyelles: l'éthiopien n’a pas cette particularité.— La conjugaison réfléchie obtenue au moyen du préfixe

est particulière à l’hébreu, à l’assyrien et à l’arabe:

elle n’est employée qu’assez rarement dans l'éthiopien. — En revanche la conjugaison réfléchie obtenue au moyen du préfixe n est moins fréquente enhébreu que dans la plupart des autres langues sémitiques. Le syriaque a une forme réfléchie en n (avecun s prosthétique au lieu de n) pour chacune desformes actives, simple, intensive et causative. Il en estde même: de l’assyrien qui a même une forme réfléchieavec n correspondant à son niphal; de l’arabe, quin’emploie pas de lettres prosthétiques devant le n auxréfléchis des intensives, et qui met le n après la premièreradicale au réfléchi de la forme simple (pour le réfléchides causatives, cf. la forme Xe); de l'éthiopien. — L’hébreud’ailleurs ne connaît pas une foule d’autres formes verbales usitées dans d’autres langues, par exemple lesformes avec nt préfixe de l’assyrien, les formes avec sipréfixe de l'éthiopien, etc.

2. Genre et nombre.

La plupart des langues sémitiques ne distinguent que les deux nombres, singulier etpluriel, dans la conjugaison: seul, l’arabe a des formesspéciales pour le duel. Quant aux genres, elles n’admettent que le masculin et le féminin: la distinction enest d’ordinaire mieux marquée, aux 3 M pers. du parfaitpluriel, dans les autres langues que dans l’hébreu.

3. Modes du verbe.

L’indicatif, l’impératif, le participe et l’infinitif sont communs à presque toutes leslangues sémitiques, bien que des formes spécialesfassent parfois défaut pour l’infinitif.

4. Temps.

La plupart des langues sémitiquesn’ont que le parfait et l’imparfait. Il est même à noterque l’assyrien n’a pas de parfait proprement dit; maisen combinant le participe avec les pronoms personnelsil est arrivé à indiquer un état permanent assez analogue à notre présent, et a ainsi créé une sorte detemps nouveau, le permansif. Les Syriens, sans ajouterainsi un nouvel élément à la conjugaison, ont souventusé du même procédé pour indiquer le présent. — Leslangues sémitiques autres que l’assyrien n’ont, commel’hébreu, qu’un seul parfait pour chaque conjugaison.Mais en divers dialectes on trouve plusieurs imparfaits.C’est ce qui a lien: en assyrien (des deux imparfaits, 497

hébraïque (langue)

l’un sert de parfait, l’autre d’imparfait proprement dit);en éthiopien (les deux imparfaits sont formés à peu présde la même manière que ceux de l’assyrien et servent,l’un pour l’indicatif, l’autre dans des phrases où nousemploierions le subjonctif), surtout en arabe. Cette dernièrelangue ne compte pas moins de cinq imparfaitspour chaque conjugaison; ils diffèrent par leurs désinenceset servent: pour l’indicatif (yaqtuh:), le conditionnel(yaqtula), le subjonctif (yaqtul), et l’énergique(yaqtulan et yaqtulanna). L’hébreu n’ignore pas absolumentces diverses formes; ses imparfaits ordinaires correspondentà la forme arabe usitée pour l’indicatif (moinsla voyelle finale); elle a pour le cohortatif des formesavec la désinence â qui rappellent celles du conditionnelarabe; ses imparfaits apocopes sont, par leur forme etleur emploi, à rapprocher du subjonctif arabe: enfin devantles suffixes, l’imparfait hébreu prend parfois un 2épenthétique qui tient des formes énergiques de l’arabe.Le mécanisme de la conjugaison est le même dansl’hébreu et dans toutes les autres langues sémitiques.Il y a aussi de très grandes similitudes entre tousces idiomes quant à l’addition des suffixes pronominauxcompléments. Toutefois l’arabe garde mieuxses voyelles que l’hébreu et la plupart des autreslangues, qu’il s’agisse des voyelles primitivement caractéristiquesde chaque forme (qaffala pour qittêl, au pihel; ’aqtala pour hiqtîl, au hiphil), ou des voyelles qui setrouvent placées devant les désinences (qâtalaf pourqâtalâh ou qdtelah, à la 3’pers.sing. fém. parf. kal), oudes voyelles des préformantes (yaqtulu pour yiqtol àla 3e pers. sing. masc. impart, kal).

Les verbes irréguliers de l’hébreu se rattachent auxmêmes types que les verbes irréguliers des autres languessémitiques. Toutefois l’arabe et l’éthiopien n’ont pas deverbes irréguliers à gutturales, et laissent moins aisémentles lettres faibles perdre leur valeur de consonnes;en syriaque, au contraire, il n’y a plus qu’une seuleclasse pour les verbes Nb, ib et >b.

Le nom.

1. Formation. — Il y a une très grande

analogie entre l’hébreu et les autres langues sémitiquespour la formation des noms. Presque toujours ces derniersdérivent des verbes et expriment un caractère plussaillant de l’objet qu’ils désignent. D’ailleurs leurs modesde dérivation sont identiques, avec cette réserve toutefoisque l’arabe, ayant gardé plus fidèlement sa vocalisation,fournit l’ensemble le plus complet et le moinsaltéré de types nominaux, surtout quand il s’agit desformes obtenues par des changements de voyelles (c’estainsi, par exemple, qu’à peu près tous les types denoms à voyelles brèves ont été altérés en hébreu). D’autrepart, certaines langues sémitiques affectent de préférencetelles ou telles préformantes, telles ou telles ail’ormantes.2. Flexion.

a) Le neutre n’existe dans aucune languesémitique. Quant au féminin, l’hébreu est avec le syriaque(n est remplacé par x prononcé ô) la seule langue

sémitique qui ait perdu à peu près complètement l’anciennedésinence n l’arabe toutefois admet d’autres

— j

désinences secondaires. — 6) L’hébreu n’a rien qui correspondeaux pluriels brisés ou internes de l’arabe et del’éthiopien. D’autre part, la désinence im qui caractérisele pluriel masculin ne se retrouve guère dans les autreslangues sémitiques. La consonne a est le plus souventremplacée par n (syriaque, in; assyrien, ani; arabe,ùnna; éthiopien, dn). La désinence du pluriel féminin niest commune à l’hébreu, au syriaque et, sous une formeât plus primitive, à l’assyrien, l’arabe, l’éthiopien (icielle s’ajoute à la désinence du féminin singulier au lieude la remplacer). Ignoré du syriaque, de l’éthiopienet peut-être de l’assyrien, le duel n’existe que dans l’hébreuet dans la déclinaison arabe. — c) L’état construitest commun à l’hébreu et à toutes les autres languessémitiques et consiste toujours dans l’abréviation des

formes absolues. Au singulier, l’état construit produitpartout la suppression des voyelles non caractéristiques(en syriaque les voyelles sont tellement réduites, à l’étatabsolu, que l’état construit ne produit aucun changement)et peut amener, dans les langues qui ont des désinencescasuelles, la suppression de ces désinences (commeen assyrien; en éthiopien, on emploie partout commeétat construit la forme de l’accusatif). Dans les languesqui ont gardé l’ancienne désinence at à l’état absoluféminin, l’état construit ne diffère de l’état absolu quepar la suppression des désinences casuelles. (assyrien:Sarratu, «reine,» état const., sarrat) et de certainesvoyelles. Au pluriel masculin la consonne finale disparaîten syriaque et en arabe comme en hébreu; en assyrienil n’y à pas de forme spéciale, à moins que l’on neconsidère comme telles les désinences î et ê dupluriel masculin que l’on retrouve aussi à l’état absolu.

— L’araméen est seul à employer cette forme spécialedu nom déterminé qui est connue sous le nom d’état emphatiqueet qui semble formée du nom absolu auquel onaurait ajouté un suffixe représentant l’article. — d) Il restedans le nom hébreu certaines désinences que l’on rapporteà des suffixes primitivement destinés à désigner lescas: u pour le nominatif, i pour le génitif, a pour l’accusatif.En dehors du syriaque, toutes les autres languessémitiques ont gardé leurs cas plus fidèlement quel’hébreu; on trouve régulièrement les trois cas dansl’assyrien, l’arabe (pour les noms triptotes et avec nunationmalkun, malkin, màlkan, quand ils sont indéterminés); l’éthiopien n’a gardé que la désinence casuellede l’accusatif. — e) L’addition des suffixes se fait auxnoms à peu près partout comme en hébreu. — f) Seuls,en dehors de l’hébreu, l’arabe et le sabéen ont unarticle représenté par une particule déterminée.

3. Particules.

Les particules ont les mêmes originesdans l’hébreu et les autres langues sémitiques; cesont le plus souvent des formes verbales ou nominalesemployées dans une acception particulière, parfois avecune désinence caractéristique. On retrouve à peu prèsdans toutes ces langues les particules 3, b (arabe, éthiopien,syriaque, etc.), 1 (arabe, éthiopien, syriaque, assyriensous la forme de l’enclytique ma, etc.), mais il est ànoter que l’arabe et l’assyrien renferment plus de particulesque l’hébreu; que le syriaque et surtout l’éthiopiensont très riches en particules explétives, analogues àcelles que l’on retrouve en grec et qui ajoutent peu au sens.

IV. syntaxe.

La syntaxe hébraïque est une desplus élémentaires; elle se rapproche à cet égard de lasyntaxe syriaque, bien que celle-ci se soit compliquéepeu à peu sous l’influence du grec. En revanche, lessyntaxes de l’assyrien et des langues sémitiques du Sudsont complexes, à des degrés divers. Les points parlesquels elles l’emportent sur la syntaxe hébraïquesont surtout: la précision des temps dans le verbe, aumoyen de divers auxiliaires; l’expression des divers modesconditionnel, subjonctif, optatif; la subordination despropositions au moyen de particules spéciales, etc. Lasyntaxe arabe est de toutes la plus riche.

v. poésie. — La poésie sémitique était partout trèssimple à l’origine, comme on peut le voir par les spécimensqui nous sont conservés des poésies assyriennes, et desanciennes poésies arabes. Elles semblent pour la plupartavoir eu le parallélisme comme trait principal;les vers paraissent être à peu près toujours isosyllabiques;mais l’arabe, comme d’ailleurs l’hébreu postérieurà la Bible, a beaucoup compliqué sa prosodie; ily a introduit le mètre et des combinaisons de vers souventtrès multiples.

vi. vocabulaires. — Le vocabulaire des autres languessémitiques a beaucoup d’analogies avec celui del’hébreu. Partout on remarque, avec des différences dedegré, une certaine pauvreté en adjectifs et en adverbes,et une certaine difficulté d’exprimer les idées abstraites. HEBRAÏQUE (LANGUE)

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— Toutefois, on remarque que, d’une part, le vocabulairehébreu tel que la Bible nous le fait connaître est pauvrerelativement au lexique assyrien et surtout au dictionnairearabe (celui-ci est d’une richesse inouïe); que, d’autrepart, le vocabulaire hébreu n’est pas aussi mélangé determes étrangers que les vocabulaires syrien et éthiopien.— On trouve dans les vocabulaires autres que l’hébreubeaucoup de racines vraiment sémitiques qui nefigurent pas dans la Bible. Mais souvent les racinessont communes à toutes ces langues. D’ordinaire ellesgardent partout la même signification. Parfois elles admettentdes nuances assez diverses: ’amar, par exemple,signifie: «dire» en hébreu et en syriaque; «ordonner»en arabe; «montrer» (forme pihel) et «savoir» (formeaphel) en éthiopien; «voir» en assyrien. En certainescirconstances la même racine a dans ces diverses languesdes sens absolument différents. — En d’autres cas les racinesqui se correspondent dans les diverses langues sémitiquesdiffèrent selon des lois que la grammaire comparéea pu relever avec assez de précision; c’est ainsi qu’enpassant d’une langue à l’autre les gutturales, les labiales,les dentales, les palatales et les sifflantes de divers degréspeuvent s’échanger; l’hébreu barzel, «fer,» devient parselen assyrien et en araméen; Hâqed, «amandier,» de l’hébreudevient Sêgdâ en syriaque; qdtal, «tuer,» de l’hébreudevient qafala en arabe et en éthiopien, etc. Souvent les sifflantesde l’hébreu sont remplacées dans d’autres languespar dès dentales généralement de même degré: ze’êb, «ours,» de l’hébreu devient dibâ en araméen; Sélég, «neige,» de l’hébreu (assyrien Salgu) devient talgd ensyriaque, etc.; bien plus s correspond parfois à y dusyriaque: ’érés, «terre,» de l’hébreu, devient’ar’â enaraméen, etc.

VIII. Histoire de la langue hébraïque.

I. origines.

— 1° L’hébreu, langue chananéenne. — L’hébreu est un, dialecte chananéen, ainsi que le prouvent les nombreusessimilitudes qu’il présente avec le phénicien, le moabiteet sans doute aussi les langues d’Ammon et d’Édom. Cf.Jer., xxvii, 3. Aussi ses origines se confondent-ellesavec celles de ces divers dialectes. Or les monumentspermettent de constater l’existence des langues chananéënnesà des époques déjà très reculées. Les tablettesdécouvertes à Tell-el-Amarna, par exemple, attestentqu’au xve siècle avant notre ère les peuples des bordsméditerranéens de l’Asie occidentale, tout en se servantde l’assyrien pour leurs documents officiels, taisaientusage de dialectes chananéens dans le langage ordinaire.On peut même remonter plus loin et constater dans lesdocuments égyptiens des mots empruntés aux langueschananéennes dès le xvie siècle.

Il est certain toutefois que ces divers documents, sianciens qu’ils soient, ne nous font pas arriver jusqu’auxorigines des langues chananéennes. Ces origines sontenveloppées de nuages et paraissent se confondre aveccelles des autres langues sémitiques. On a essayé, pourrésoudre la question, de montrer dans quelles relationsde filiation ou de maternité la langue hébraïque pouvaitse trouver vis-à-vis des autres langues sémitiques-RichardSimon pensait que l’hébreu était de toutes leslangues sémitiques la plus ancienne et celle qui avaitdonné naissance à toutes les autres. Cette opinion estaujourd’hui entièrement abondonnée. Des savants frappésd’une part par les ressemblances qui existent entrel’hébreu et l’arabe ou l’assyrien, constatant d’autre partque ces dernières sont dans un meilleur état de conservation,ont regardé tour à tour l’un ou l’autre de cesdialectes comme la langue sémitique mère et en ont faitdériver l’hébreu; M. Delitzsch donne ses préférences àl’assyrien; M. Schrader et M. D. S. Margoliouth optentpour l’arabe. Il n’est pas’sûr que le degré de conservationou d’altération de diverses langues de même famillepeuvent nous renseigner sur leurs rapports de maternitéou de filiation; et beaucoup de savants sémitisants ont

renoncé à chercher la langue mère du groupe sémitique.Us aiment mieux voir dans tous les idiomes de cettefamille autant de langues sœurs qui, comme les languesindo-européennes, ont eu un lieu d’origine commun etse sont ensuite diversifiées dans les différentes tribus,au fur et à mesure de leur séparation et avec des allérationsplus ou moins rapides selon les circonstances etles milieux de diffusion. C’est généralement aux bordsdu golfe Persique que l’on place le berceau primitif deS"peuplessémitiques et de leurs langues; de là ces tribusont rayonné dans l’Asie occidentale pour se fixer peu àpeu dans des contrées déterminées; et c’est sous l’influencede ces localisations que les divers idiomes sémitiquesse sont constitués en langues distinctes. Il n’estpas surprenant dès lors que l’on remarque plus de ressemblancesentre certaines langues sémitiques (v. g.l’hébreu et l’arabe), qu’entre d’autres (v. g. l’hébreu etl’araméen); ressemblances et différences pourront teniraux circonstances qui ont entouré le développement deces divers idiomes. D’ailleurs certaines ressemblancesauront peut-être une autre origine; il n’est pas impossible,par exemple, que les idiomes chananéens aientété influencés après coup par la langue assyrienne, officielledans toute l’Asie occidentale à l’époque des inscriptionsde Tell el-Amarna.

A quelle époque faut-il placer l’origine des langues sémitiquessur les bords du golfe Persique? À quelles datesassigner les premières migrations des peuples sémitesfixés en Chanaan? Autant de questions sur lesquelles ilest impossible d’être précis. La Genèse rattæhe aux migrationsd’Abraham la fondation des petits peuplesd’Edom, de Moab et d’Ammon, et il est assez vraisemblableque ces migrations se placent avant l’an 2000 av.J.-C. — Abraham en arrivant en Chanaan parlait-il chananéen,ou bien, après avoir parlé assyrien ou araméen,adopta-t-il une langue déjà en usage dans le pays où il sefixait? Autre question difficile à résoudre. Toujours est-ilque c’est à partir d’Abraham que la langue chananéenneaurait commencé à se diviser lentement en divers dialectes;ainsi se seraient formées les langues des peuplessémites fixés sur les bords de la Méditerranée, ainsi l’hébreuaurait-il acquis «es caractères distinctifs.

2° Les premiers développements de la langue hébraïque.— L’histoire de la langue hébraïque est trèsdifficile à faire et pour plusieurs raisons. Tout d’abord lenombre des documents sur lesquels on pourrait en baserle développement (nous n’avons que les livres bibliques)est très restreint et ne représente pas à beaucoup prèsl’ensemble de la littérature hébraïque; d’ailleurs aucun deces documents ne nous permet de remonter jusqu’auxorigines; d’autre part enfin, nous n’avons sur la date denombre de ces documents que des données incertaines. Deplus, lorsqu’il s’agit de faire l’histoire d’une langue, lesparticularités grammaticales et orthographiques ont unegrande importance: or il n’y avait pas à ces époquesreculées de règles de grammaire ou d’écriture qui donnassentaux diverses formes de la langue hébraïque unefixité et une régularité rigoureuses; de là les divergencesque l’on rencontre fréquemment entre les diverses transcriptionsd’un même morceau plusieurs fois reproduitdans la Bible. Cf. II Reg., xxiii, et Ps. xviii. Enfin il ya tout lieu de croire qu’en transcrivant les morceauxanciens, les scribes n’ont pas craint de remplacer desformes et des mots archaïques par des termes plusrécents, plus intelligibles à l’époque où ils exécutaientleur travail (cf. ce qui a été fait pour le texte hébreu del’Ecclésiastique). Il est donc très difficile de retracer l’histoirede la langue hébraïque; mais cette histoire estspécialement obscure dans les premières phases de sondéveloppement. Laissant de côté la question de l’écriture(voir Écriture hébraïque, II, col. 1573-1585), onpeut faire les remarques suivantes:

a) La famille d’Abraham apporta en Chanaan ou adopta

dans ce pays une langue très voisine des dialectes de Moab,de Tyr et de Sidon, plus rapprochée de l’arabe et de l’assyrienque des autres idiomes sémitiques. Une fois constituée,cette langue demeura assez fermée à l’importationde mots étrangers. La Bible^nous apprend que la famillepatriarcale séjourna en Egypte pendant assez longtemps,et néanmoins les mots égyptiens employés dans la Biblesont très peu nombreux: ye’ôr, «le Nil;» âhû, «roseau,» etc. On peut attacher une certaine valeur àl’hypothèse qui explique un certain nombre de motscommuns à l’hébreu et à l’assyrien par des empruntscontemporains des tablettes de Tell el-Amarna; mais il nesemble pas que, dans ces premières phases de son développementet en ce qui regarde les noms communs, l’hébreuait subi l’influence étrangère bien au delà de ceslimites. Dans la suite, quelques mots ont été empruntéssoit à l’Assyrie, soit à l’Egypte, et même à l’Inde et peut-êtreà la Grèce.

b) Il est très difficile de dire si, dans la langue hébraïque,on peut découvrir plusieurs dialectes. Beaucoupd’essais ont été faits pour déterminer, dans lesdivers livres et documents de la Bible, les caractèresspéciaux de ceux que l’on pourrait attribuer à des écrivainsdu Nord ou à des écrivains du Midi. Les résultatsde ces travaux sont très douteux: d’une part, la diversitédes opinions touchant l’existence et le nombre des dialectesest très grande; d’autre part, les particularitéssignalées sont tellement minutieuses qu’on peut se demandersi elles suffisent à distinguer des dialectes. C’estainsi, par exemple, que la différence constatée entre lesEphraïmites et les habitants de Galaad, Jud., xii, 6, aupoint de vue de la prononciation de la lettre iii, ne sauraitsuffire à établir l’existence de deux dialectes.

3° Périodes antérieures à l’état actuel de la languebiblique. — Divers indices nous permettent de conclurequ’avant la période qui correspond à la forme actuelle dela langue biblique, l’hébreu a déjà eu toute une histoireet subi d’assez nombreuses modifications. Ces indicesconsistent surtout: dans des archaïsmes qui sont commeles témoins de cet âge reculé; dans des formes très classiquesd’ailleurs, qui en supposent d’autres depuis longtempsinusitées; dans diverses analogies de l’hébreu avecles autres langues sémitiques, qui amènentà conclure àd’anciennes analogies plus nombreuses encore. Ces indicesdoivent être recueillis et examinés avec la plusgrande prudence: car il est facile, dans des constatationsaussi minutieuses, de faire des généralisations trophâtives. D’ailleurs on ne saurait dire à quelles datesplacer cette phase plus pure de la langue hébraïque, nidéterminer si elle est antérieure à la composition detous les écrits bibliques; il est très possible en effetque des morceaux écrits dans cette période archaïqueaient été, par la suite, mis à l’unisson des autres écritsbibliques. La chose est d’autant plus probable que lesdifférences principales portent sur des questions de détail(prononciation, etc.), assez variables de leur nature.Quoi qu’il en soit, on peut, de ces indices, tirer aveccertitude les conclusions suivantes:

a) C’est surtout dans les voyelles que les changementsont été les plus nombreux. Il faut relever d’abord lamultiplication des voyelles par le dédoublement des sonsprimitifs.il est du moins admis par beaucoup) de savantsque l’hébreu comprenait d’abord trois sons susceptiblesd’être longs ou brefs, en tout six voyelles: â, â, i, i,n, û. Il est douteux que, dès l’abord, il y eût des diphtonguesproprement dites: dans les groupes ay et av, le > etle i étaient de véritables consonnes. En hébreu, commeen arabe, mais avec une fixité beaucoup plus grandedes sons secondaires se sont groupés autour de ces sonsprimitifs; ils ont fini par constituer des voyelles absolu" ment semblables aux précédentes: a bref a ainsi donnénaissance à é bref (yad, «main,» yédkém, «votre main» )et à i bref, (bat «Aile,» biffi, «ma fille» ); i bref a donné

naissance à é bref (héfsi, «mon bon plaisir,» du primitif/h/s); u bref qui s’est surtout maintenu dans lessyllabes aiguës (’uzzi, «ma force s), a donné naissanceà o bref (et. pour la forme hopkal: hoqtal et huggaS).En revanche â long a souvent donné naissance à ô long(cf. qôtêl de l’hébreu et qâtil de l’assyrien pour le participeactif kal), parfois même peut-être à m; I long a donnénaissance à ê long (cf. imparf. hiphil: yabîn et yabên),û long à ô long. Quant aux diphthongues, ay a donné S,et av a donné ô. Et c’est ainsi que l’hébreu a acquis sesdix voyelles, â, a, é, ê, i, i, ô, ô, û, û. Certaines de cesvoyelles et tous les schevas composés doivent aussi leurorigine à des raisons d’euphonie, et à la loi du moindreeffort dans la prononciaton. Comme on le voit, cette multiplicationdes voyelles représenterait déjà une altérationdes sons primitifs. — Mais d’autres déviations se sontproduites dans le système vocalique. Beaucoup de voyellesprimitivement brèves se sont allongées, généralementsous l’influence de l’accent, soit dans les syllabes toniques,soit dans les syllabes prétoniques; c’est ainsi que lesnoms du type primitif qâtal sont devenus qâtàl. Plussouvent encore les voyelles primitives ont disparu: cf.pour la forme verbale qâtelâh, l’arabe qatalaf; pour laforme nominale sedâqâh, la forme arabe sadaqafun. —Ces altérations ont atteint les formes grammaticaleselles-mêmes, comme on le voit surtout dans la conjugaisonverbale; les formes de l’imparfait kal, yâqûm etyâsob, indiquent pour le verbe régulier une forme primitiveyaqtol ou yaqtul pour yiqtol; les formes qittaltaet yeqattel du pihel permettent de remonter à uneforme primitive qattal au lieu de qittêl; de même à l’hiphil,les formes hiqtalta et yaqtêl invitent à reconnaîtreune forme primitive hoqtal au lieu de hiqtîl, etc.

b) Il s’est produit aussi des changements en beaucoupde désinences qui se sont affaiblies dans leursconsonnes ou leurs voyelles, ou bien qui ont totalementdisparu. — Telles sont les désinences pronominales:afpi (dont la trace survit pour la conjugaison verbaledevant les suffixes, qelalfihû, «tu l’as tué» ) devenuaff; affum, affun (dont on retrouve la trace dans laforme verbale qetalfu qui se place devant les suffixes),hum, hun, devenus aftêm, atpén, hêm, hên. — Tellessont les désinences’nominales, du féminin singulier (afdevenu ah avec suppression du n et introduction du hémater lectionis), du pluriel masculin absolu (la désinenceê de l’état construit semble évoquer pour l’état absoluune désinence aïm semblable à celle du duel; cf., en syriaque,aïn qui parfois devient en) et surtout les désinencescasuelles (voir plus haut). — Telles sont les désinencesverbales, par exemple a( devenu âh (3e pers. fém.sing.), un devenu û (3 8 pers. ptur.) et celles que nousvenons de mentionner à propos des pronoms.

c) Certaines formes verbales ont été supprimées: leparticiple qâtûl pourrait bien être un reste d’un passifde kal.

d) Enfin il y a eu des modifications plus profondes portantsur l’essence même de certains éléments du langage.

— Quand on compare les formes isolées des pronomspersonnels’anôkî, atfah, avec les formes inséparablesqui servent à marquer les personnes du verbe (fi, (a;éthiopien, ku, ka) ou à indiquer les pronoms compléments(i, ka), on arrive à cette conclusion que dans lepassé ces pronoms avaient vraisemblablement une doubleforme et se prononçaient tantôt avec { et tantôt avec fc. —Les particules préfixes servant à indiquer, soit les conjugaisonsverbales, soit l’article, soit diverses prépositions,semblent n’être autre chose à leur tour que les derniersvestiges de mots qui avaient à l’origine une existencetrès indépendante.

Il est possible que ces deux dernières constatationset à plus forte raison celles de plusieurs savants touchantles racines bilittères primaires (voir Sémitiques[Langues]), nous conduisent à des époques beaucoup plus

éloignées que les remarques relatives aux voyelles et auxdésinences. Mais toutes ces indications tendent à mettreen relief que l’hébreu biblique, tel qu’il se présente ànous, est un idiome déjà altéré, partiellement usé etvieilli; elles nous font entrevoir, avant la période biblique,un autre âge dans lequel l’hébreu avait une bienplus grande richesse de phonétique et de morphologie.

Les périodes de l’hébreu biblique.

L’un des traitscaractéristiques de la langue hébraïque durant la périodebiblique est sa grande fixité. Sans doute il fauttenir compte des corrections qui ont pu ramener à desformes grammaticales plus récentes les plus vieux documentsde l’Ancien Testament; on peut dire toutefois que,durant les longs siècles auxquels correspond la sériedes écrits de la Bible hébraïque, la langue sacrée demeuresensiblement dans le même état; on ne remarquepas les nombreux changements que l’on constate dansles langues indo-européennes pour une durée aussiconsidérable. — Néanmoins la captivité de Babyloneest une date qui compte pour la langue hébraïque; ellemarque le moment où cet idiome arrivé à son apogée autemps d’Ézéchias entre décidément dans une période,de rapide décadence et elle en divise l’histoire en deuxparties bien distinctes. Encore cette division de l’histoirede l’hébreu en deux périodes doit-elle être acceptée aveccertaines réserves: il est en effet facile de constaterque des morceaux (par exemple des psaumes) postérieursà la captivité sont rédigés avec autant d’artque les plus belles compositions littéraires du tempsd’Ézéchias; quand l’hébreu cessa d’être une langueparlée, il demeura langue littéraire et il se trouva desécrivains assez heureux pour égaler, à des époques rapprochéesde l’ère chrétienne, ceux de leurs prédécesseursqui avaient écrit à l’âge d’or de la littérature hébraïque.

a) La période antérieure à la captivité ou l’âge d’orde la langue hébraïque. — La langue hébraïque garde,pendant toute cette période et avec une étonnante fixité,sa pureté et sa vigueur; elle se fait remarquer, dans laprose, par la vivacité de ses tableaux, l’entrain de sesmises en scène, le naturel presque naïf de ses récits;dans la poésie, par la régularité de son parallélisme, lahardiesse de ses images et la concision de ses compositions.C’est l’âge de l’hébreu sans mélange, c’est l’époqueclassique. Dans cette longue période, la fixité générale dela langue n’exclut pas la variété du style selon les auteurset selon les diverses époques. On peut s’en rendrecompte si l’on compare entre elles des compositionscomme: le cantique de Débora (Jud., v) qui est rédigédans un hébreu très pur et qui, en dehors du w relatifattribuable peut-être à une influence dialectale (il seretrouve dans le Cantique des Cantiques), ne renfermequ’un nombre restreint de particularités grammaticaleset lexicographiques; les oracles d’Amos, d’Osée, d’Isaïeet de leurs contemporains du VIIIe siècle, dont la langueest si harmonieuse, si concise, si énergique, si étudiéeet pourtant si simple; les écrits de Jérémie (vu» siècle),à la phrase plus longue, au style plus calme mais aussiplus lâche, au rythme plus doux. — Dans ces dernièresépoques, l’art et l’étude que l’on remarque dans lescompositions bibliques laissent entrevoir qu’une distinctioncommence déjà à s’établir entre la langue littéraireet la langue du peuple.

i>) La langue hébraïque à partir de la captivité. —Depuis lors, tandis que les lettrés sauront demeurerfidèles au type ancien de la littérature hébraïque, lalangue du vulgaire s’acheminera de plus en plus vers ladécadence. Les écrivains bibliques n’échappent pas tousà cette influence. Elle se manifeste déjà en plusieursendroits de Jérémie,-par deux de ses traits les pluscaractéristiques, la prolixité et le pastiche: dans plusd’un oracle, le prophète met en prose et délaye lesœuvres de ses prédécesseurs. Cf. Is., xv-xvi; Jer.,

XLvni. Dans Ézéchiel s’accuse un autre caractère qui iras’accentuant de plus en plus, l’emploi des aramaïsmes.C’est à l’époque de la captivité en effet que s’opère peuà peu la substitution de l’araméen à l’hébreu dansl’usage vulgaire. Cette substitution n’a pas été l’œuvred’un jour, mais s’est faite d’une manière progressive, àla suite des relations des Israélites avec les peuples quiparlaient araméen. Ces relations semblent avoir eu deuxcentres: la Palestine, où il paraît bien qu’on parlait l’araméenou du moins un hébreu très aramaïsé à la fin dela captivité; la Babylonie, où, malgré l’esprit de corpsqui groupait les exilés en communautés assez ferméessous la direction de l’aristocratie sacerdotale, on ne sutpas entièrement se soustraire à l’influence étrangère.Toujours est-il qu’à partir du retour de l’exil le peupleparlait araméen et ne comprenait guère plus l’hébreu,II Esd., lia, 23-24; et, malgré l’essai de réaction tentépar Néhémie, II Esd., xiii, 25, l’usage de l’araméen allase généralisant de plus en plus. L’hébreu ne demeura quecomme langue littéraire et liturgique. Il perdit plus deterrain encore dans l’ancien royaume du Nord, dans lepays de Samarie, où on lui substitua, même dans l’usagelittéraire, le dialecte samaritain qui se rattache nettementaux idiomes araméens. — Dans Daniel et dans Esdrasse trouvent des passages entièrement rédigés enaraméen. Sans présenter cette particularité dont l’originecertaine est encore à déterminer, les livres des Paralipomènes,de Néhémie, d’Aggée et de Malachie sont deslivres de décadence. Pour l’Ecclésiastique, voir Ecclésiastique,t. ii, col. 1547.

5° L’œuvre des Massorètés, ou la vocalisation dés textessacrés. — À mesure que l’hébreu cessait d’être la langueparlée, à mesure aussi que le canon des Écritures se formaitet que croissait le respect religieux dont on entouraitles Livres Saints, deux préoccupations se faisaientjour et s’accentuaient de plus en plus. — Le peuple necomprenait plus l’hébreu classique et était incapable desuivre les lectures liturgiques de la synagogue. Il fallutlui traduire la parole de Dieu et la lui expliquer; de làla version grecque de l’Ancien Testament en faveur desjuiveries alexandrines; de là les interprétations paraphrastiquesdes Targums composés en chaldéen pour lescommunautés juives de Palestine et de Babylonie; de làenfin les gloses et explications, conservées d’abord par latradition orale, plus tard consignées par écrit et renferméesdans le Talmud avec son double élément: lamischna (me siècle ap. J.-C.) et la ghemara (ghemarade Jérusalem, au IVe siècle; ghemara de Babylone auVIe siècle). — Un autre besoin se faisait aussi sentir:celui de la fixation du texte sacré. Les procédés detranscription étaient par eux-mêmes assez défectueux:l’incurie des scribes était parfois très grande, et leuraudace allait souvent jusqu’à substituer sciemment descorrections arbitraires aux leçons anciennes. D’autrepart, les changements qui s’introduisaient graduellementdans l’écriture favorisaient toute espèce de méprises etde bévues. Il en résultait de grandes différences entreles multiples copies de l’Ancien Testament qui circulaientdans les synagogues et chez les particuliers: lacomparaison du texte hébreu massorétique avec la versiondes Septante permet de constater que ces altérations,tout en portant sur des détails, allaient parfoisassez loin. La vénération croissante pour le texte sacréne pouvait laisser subsister pendant longtemps ces divergences;dès le deuxième siècle et peut-être dès le troisièmeavant notre ère, on surveillait avec beaucoup desoin la transcription des manuscrits, de ceux de la Loi enparticulier; au second siècle de l’ère chrétienne on étaitparvenu à une telle unité dans la transcription des textessacrés qu’entre les divers manuscrits qui sont postérieursà cette époque, qu’entre le texte massorétique et celuique suppose la version de saint Jérôme, on ne saurait releverdes différences assez caractéristiques pour répartir ces

documents en diverses familles. Ce travail de fixation fatcomplété pendant l’âge talmudique (du IIe siècle au rv «)par une étude très approfondie et très minutieuse desparticularités grammaticales et orthographiques dutexte (matres lectionis, écriture pleine, écriture défective;petites lettres, grandes lettres, lettres surmontées depoints, etc.), sur la computation du nombre des versetsde la Bible et même des mots et des lettres, sur ladétermination du qerî el du ketïb, la division du texteen sections et en phrases pour la lecture publique, etc.Mais il ne suffisait pas de préserver le texte contretout danger de corruption à l’aide de précautions infinies:il fallut en arrêter la lecture. Comme on l’a vii, le textehébreu ne portait que des consonnes. Le lecteur suppléaitaux voyelles selon le sens et le contexte. Un telprocédé présenta de grandes difficultés dès que l’hébreucessa d’être langue parlée. Aussi de très bonne heure sepréoccupa-t-on d’indiquer au moins les voyelles principales.L’attention se porta d’abord sur les voyelleslongues. Assez longtemps avant l’ère chrétienne, peut-êtremême avant la version des Septante, on lesindiquait déjà au moyen des lettres quiescentes:N et n servaient à la fin des mots à indiquer les voyelleslongues â (ê, ô); ~ servait, dans le corps des mots et à lafin, à indiquer la voyelle û long (et ô long); > servait àmarquer i long (et parfois ê long). Ces lettres quiescentesétaient de la plus grande utilité; sans elles en effet lesformes grammaticales les plus nécessaires à distinguerétaient confuses. Les formes verbales qdtal et qâtelû seconfondaient; indiquée seulement par d, la désinence imdu pluriel masculin ne différait pas de la désinence âmdu suffixe masculin pluriel, etc. Toutefois cette introductiondes lettres quiescentes ne se fit ni d’une façonofficielle ni d’une manière uniforme. Il n’y eut à ce proposaucune préoccupation d’unifier les manuscrits.Laissé à peu près à la libre initiative de chaque scribele procédé fut diversement appliqué. Les manuscritsdont se servaient les Septante avaient sûrement deslettres quiescentes: mais la différence qui existe entrecertaines leçons de la traduction alexandrine et le textemassorétique ne s’expliquent que par l’absence de règlesfixes dans l’introduction de ces quiescentes: cf. parexemple Ps. cm (civ), 18, l’hébreu d’wd, «cyprès,» etle grec r^âxtti aù-côv, own; on peut conjecturer que letexte primitif ne portait que Dtina. Ce système était appliquéd’une manière assez irrégulière, et avec plus oumoins de discernement selon le degré d’intelligence descopistes; au fond c’était déjà une interprétation dutexte. Surtout ce système était loin de représenter toutesles voyelles du texte et de répondre à toutes les exigencesde la lecture publique. Néanmoins aucun perfectionnementn’y fut apporté, ni pendant la période defixation du texte, ni même probablement durant l’âgetalmudique; du moins si certains signes furent alorsintroduits autour du texte, ils furent très peu nombreux.Le système actuellement en vigueur pour l’indicationdes voyelles hébraïques ne remonte qu’à la périodemassorétique ( vie â xie siècle).

Étymologiquement le mot «massore» semble vouloirdire «tradition s, de la racine talmudique masar. Dansson acception primitive et générale, ce mot désigne les résultatsdu travail auquel la tradition juive a soumis le textebiblique après sa fixation, soit afin de prévenir les altérationsdont les copistes pouvaient se rendre coupables etles divergences qui en pouvaient résulter, soit pour déterminerla lecture exacte de l’Écriture. Ainsi entendu lenom de «massorétique» peut aussi bien s’appliquer àl’âge talmudique qu’aux siècles qui l’ont suivi. Toutefoison réserve plus spécialement ce nom de massorétiqueà la période durant laquelle les observations léguéespar l’époque talmudique au sujet du texte sacréont été mises par écrit (durant l’âge talmudique, on disait:ce qui est transmis par la tradition orale ne doit pas

être écrit), durant laquelle aussi le système de la vocalisationet de l’accentuation du texte sacré a été élaboré(vie à xie siècle).

Le système des voyelles et des accents massorétiquesest, on le sait, très compliqué. Il n’est pas l’œuvred’un savant qui l’aurait inventé de toutes pièces ou d’unecommission qui en aurait discuté les principes. Sansdoute nous n’avons pas de documents positifs qui nouspermettent de tracer l’histoire précise de cette invention,pas de manuscrits qui en représentent les diversesphases. Mais nous savons d’une façon certaine comments’est peu à peu élaboré un autre système de vocalisationtrès voisin, quant à la date et quant au procédé,du système adapté à la Bible par les massorètes, àsavoir le système des syriens orientaux; et il n’y a pas detémérité à penser que le système des voyelles hébraïques,comme celui des voyelles syriennes, est le fruit d’une évolutionlente et graduelle. — Tout d’abord les massorètes sesont gardés de ne rien changer aux consonnes du texte; etils ont porté le scrupule jusqu’à ne jamais introduire denouvelles lettres quiescentes pour l’indication des voyelleslongues, quand leurs manuscrits en manquaient; ils ontpréféré marquer î long et û long par les signes de i bref etde «bref. Il est probable qu’à l’origine un point indiquait,selon les positions qu’il occupait: le redoublement deslettres ou l’aspiration des muettes (quand il était à l’intérieurdes consonnes), la différence de prononciation dutJ et du tir, et puis certaines voyelles (â, ô, quand il étaitau-dessus de la lettre; i, ê, quand il était au-dessous). Ausimple point on ajouta la combinaison de plusieurs pointsen groupes pour distinguer ê long et é bref, u bref etû long; même pour le son a, on introduisit le trait horizontal,que l’on combina ensuite avec le point (selon laforme primitive du kamets _) pour distinguera long

(et o bref) de a bref. Le système alla se développant etse précisant, de façon à reproduire aussi exactement quepossible toutes les nuances de la prononciation desvoyelles hébraïques, des semi-voyelles elles-mêmes.Toutes ces dispositions du point, au-dessus, au-dessouset à l’intérieur des lettres, tous ces groupements de points,toutes ces combinaisons du point et du trait aboutirentà un système dans lequel on distinguait cinq voyelleslongues, cinq brèves et quatre semi-voyelles. Pour compléterle travail destiné à fixer la lecture du texte sacré,les massorètes ajoutèrent aux signes qui indiquaient laprononciation des consonnes et des voyelles, d’autres signesdestinés à marquer les coupures de la phrase; développé,lui aussi, par une série d’essais successifs, lesystème de l’accentuation massorétique arriva, avec letemps et par degrés, à sa forme définitive. Cette ponctuationet cette accentuation furent d’abord appliquées àla Loi, mais on l’étendit ensuite à toute la Bible.

Tel est le système massorétique tel qu’on le trouveaujourd’hui encore dans nos Bibles hébraïques. Aquelle date doit-on le faire remonter? Il semble difficiled’en placer les premiers essais avant le VIe siècle. Il y atrop de différences entre les transcriptions des Hexapleset la vocalisation de nos Bibles hébraïques pour qu’Origèneait pu connaître la ponctuation massorétique mêmedans ses premiers éléments. Saint Jérôme paraît égalementl’avoir ignorée tout à fait, bien qu’à son époque laprononciation massorétique fût en grande partie fixéepar la tradition orale. Le fait que la synagogue, fidèleaux traditions de l’âge talmudique, ne fait usage que demanuscrits sans voyelles nous invite à placer auVIe siècle les premiers essais d’un système de vocalisationmassorétique; c’est d’ailleurs le moment où seconstitue la massore syrienne qui semble avoir exercéson influence sur la massore hébraïque. D’autre part,au moins en ce qui regarde Je système de vocalisation,il ne faut pas faire descendre bien au delà de la secondemoitié du viiie siècle son complet développement. Au

Xe siècle en effet, Aaron ben Ascher († 930), qui héritapeut-être de l’opinion de son grand-père Moïse benAscher, attribuait l’invention des points voyelles à lagrande synagogue; le gaon Mar Natronai II, chef d’écoleà Sura en 859-869, l’attribuait aux «sages».’On étaitdonc convaincu, dès le ixe siècle, de la très haute antiquitédu système massorétique: sa constitution définitiveest à placer avant le vii.i» siècle ou au moinsavant 750; il fut complété dans la suite par des discussionssur les divergences des manuscrits, sur l’emploide certains signes supplémentaires, par desremarques et des explications auxquelles les deux BenAscher ont donné une forme définitive: mais cette dernièrepériode de l’histoire de la massore relève de l’histoiredu texte hébreu, non de l’histoire de la langue.

On a généralement admis que notre système de vocalisationet d’accentuation du texte biblique avait été élaboréen Palestine, dans l’école de Tibériade. Des doutestoutefois ont été soulevés assez récemment contre cetteopinion. Le nom de la voyelle â semblerait supposerqu’on le prononçait ô; le signe commun pour â long etpour o bref confirmerait cette hypothèse. D’autre part,aucun signe ne permet de distinguer la double prononciationdu i qui était en usage à Tibériade. Autant deraisons qui inviteraient à aller chercher ailleurs, peut-êtreen Babylonie, le lieu d’origine de ce système.

C’est dans une histoire du texte hébreu qu’il convientd’apprécier la valeur exégétique de la massore. Nousn’avons à rechercher ici que sa valeur pour l’indicationdes voyelles. Or on peut dire que le système massorétiquereprésente bien la prononciation des voyelleshébraïques. Sans doute, il y a eu de la systématisation,on s’est préoccupé de fixer des règles de lecture, autantque de consacrer la prononciation reçue; et il est probableque les signes massorétiques ne rendent pas exactementtoutes les nuances dont les voyelles étaient susceptiblesau temps même où ce système a été élaboré:à plus forte raison le système des points-voyelles est-illoin de correspondre partout à la prononciation en usageà l’époque où furent rédigés les plus anciens ocumentsde l’Ancien Testament. Ce système, toutefois, n’est pasun système artificiel. Les massorètes ont fait des règles,mais après s’être appliqués à analyser avec soin la prononciationde leurs contemporains les plus autorisés.Aussi, non seulement la vocalisation massorétique esten parfaite harmonie avec la phonétique générale deslangues sémitiques, mais elle représente une prononciationtraditionnelle de l’hébreu qui remonte très hautdans l’histoire. C’est ce que l’on remarque en comparantla vocalisation massorétique, avec les transcriptions del’hébreu renfermées dans les œuvres de saint Jérôme,dans les Hexaples, dans la traduction des Septante,avec les renseignements que les.anciens, nous ont léguéssur la prononciation du phénicien. Sans doute, il y ades différences et elles vont s’accentuant à mesure quel’on fait appel à de plus vieux documents: mais la vocalisationdemeure toujours substantiellement identique.On a récemment découvert un manuscrit hébreu desProphètes copié en 916 (CodexBabylonicus, édité en 1876et conservé à Saint-Pétersbourg), qui présente un systèmede vocalisation tout autre que celui dont nous venons deparler. Voir Babylonicus (CoDEX), t. i, col. 1359. Les signessont d’ordinaire placés au-dessus des lettres: â longest indiqué par un «légèrement altéré, î long par unpoint provenant de la lettre >; ë long par deux points placéshorizontalement; ô long par un trait vertical venantde la lettre î; û par un point au milieu du î; a bref eté bref accentués par un y raccourci et couché; a bref eté bref non accentués par deux points disposés obliquement;un trait place au-dessous des signes employéspour â, ê, i, û représente o, é, i, u; placé au-dessus deces signes et au-dessus de a tonique, ce trait indique laprononciation de ces voyelles devant une consonne

doublée; placé seul au-dessus de la lettre, ce même traitmarque l’e muet on l’absence de voyelles. — Commeon le voit, à côté de quelques éléments communs ausystème de nos Bibles hébraïques ce procédé renfermedes signes tout à fait particuliers. On l’appelle «systèmebabylonien», non qu’il ait été employé par l’ensembledes Juifs babyloniens à l’exclusion de l’autre, mais plutôtparce qu’il aurait été imaginé dans une école particulièrede Babylone; il est curieux d’y constater l’emploid’un même signe pour a et ê, pour ô et o.

La période grammaticale.

La Bible ne nous

offre pas de vestiges d’études grammaticales contemporainesde la composition des Livres Saints. Il faut arriverjusqu’à l’âge talmudique pour trouver trace de semblablespréoccupations; beaucoup de particularités relevéespar les rabbins dans le Talmud se rapportent à lagrammaire. D’autre part les auteurs ecclésiastiques,saint Jérôme entre autres, ont consigné dans leursœuvres un bon nombre de remarques philologiques etgrammaticales ayant trait à la langue hébraïque. Toutefoisc’est beaucoup plus tard que la grammaire hébraïque pritson essor. Il y eut d’abord quelques essais dans le mondejuif oriental, surtout en Babylonie; mais ces essais furentassez infructueux; les auteurs qui se rattachent à cepremier mouvement, Menahem Ben Sarouk de Tortose(f950), auteur d’un lexique des racines hébraïques (publiépar Filipowski en 1854) et son adversaire, Dounasch ibnLabrat (en hébreu Adonim ha-Levi), Rabbi Salomon benIsaac (fll05) originaire de Troyes, appelé par abbrévationRaschi et parfois cité sous le nom de Jarchi,Rabbi Samuel ben Méir (Rashbam, fll50), RabbiJacob ben Méir (Rabbi Tam, f 1171), furent de grandsinterprètes de la Bible et d’excellents talmudistes, maisl’esprit de synthèse grammaticale leur fait grandementdéfaut. — C’est sous l’influence de la culture arabe quela science de la grammaire hébraïque entra dans unephase de progrès rapide. Le milieu de ce développementse trouva naturellement dans les communautésjuives de l’Espagne et du nord de l’Afrique. Les premiersde ces grammairiens furent le juif africain Jehuda ibnKoreisch (vers 880; il reste de lui une lettre arabe auxJuifs de Fez où il est’question des rapports du chaldéenet de l’arabe avec l’hébreu) et surtout Saadyah (Saïd ibnJakoub al-Fayoumi, -ꝟ. 942), gaon de l’école babyloniennede Sora et auteur de traductions et de commentairesfort estimés, qui, le premier, s’occupa de traités surdivers points de la grammaire et du lexique hébraïques.Toutefois, c’est environ un demi-siècle plustard qu’on s’occupa de synthétiser les résultats des étudesgrammaticales en des ouvrages d’ensemble sur la languehébraïque. Juda Hayoug (chez les Arabes Abou ZachariaJahia ibn Daud), médecin de Fez, établi à Cordoue(† 1M0), pablia divers traités sur la nature des racinesdéfectives, la permutation des lettres faibles, les principesde la ponctuation. Mais le premier auteur d’une grammairehébraïque et d’un dictionnaire hébreu est RabbiJonah ben Gannah ou Rabbi Mérinos (chez les ArabesAboù’l Walid Merwan ibn Djannah), surnommé «leplus fort des grammairiens»; né vers 990, il était médecinà Cordoue. Cette grammaire et ce dictionnaire,composés en arabe, marquent l’apogée de la sciencegrammaticale hébraïque au moyen âge. — Jusqu’auxvr siècle, l’étude grammaticale et lexicographique de lalangue hébraïque fut le patrimoine des juifs. U fautciter: au xiie siècle, le juif aragonais Salomon benAbraham ben Parhon, auteur d’une grammaire et d’undictionnaire; Abraham ben Méir Aben Ezra, le Sage(† 1167), disciple de Hayoug et de Rabbi Jonah commele précédent, auteur d’une grammaire en hébreu et deplusieurs traitée spéciaux sur le même’sujet; JosephKimchi (f vers 1160), auteur d’ouvrages critiques sur lesécrits de Ben Sarouk, d’Ibn Labrat et Rabbi Tam; MoïseKimchi (Ramack, 1190), auteur d’une grammaire qui se

rapproche des nôtres et a été souvent imprimée aux xvi°et xviie siècles; — au xiiie siècle, David Kimchi, le pluscélèbre de la famille, auteur d’une grammaire et d’undictionnaire qui devaient être les deux parties d’ungrand ouvrage appelé Miklol, «la perfection;» de fait, cenom a été réservé à la grammaire. Ces ouvrages sont leschefs-d’œuvre de la philologie juive au moyen âge; — auxv 6 siècle, Profiat Duran (Isaac ben Moses ha-Levi Efodi,vers 1400), qui combat souvent Kimchi; — au xvie siècle,Élie Levita (Eliah ben Ascher ha-Levi, surnommé Ashkenaziou l’Allemand, 1472-1549); disciple, éditeur, commentateurdes Kimchi et héritier de leur gloire, il acomposé un dictionnaire chaldaïque, un lexique intituléThishbi et un ouvrage sur la massore.

Des juifs, l’étude de l’hébreu passa au xvie siècle auxmains des chrétiens; les protestants poussés à l’étude del’hébreu par le principe qui faisait de la Bible le seuldocument de la foi, contribuèrent beaucoup au progrèsde cette science. Dès avant la réforme, Jean Reuschlin(1455-1522) et le dominicain Santés Pagninus (1471-1541)préparaient la voie aux célèbres Buxtorf (JeanBuxtorf, le père, mourut en 1629). Toutefois ces auteurssi justement célèbres suivaient les principes des grammairiensjuifs. Il faut arriver au xviiie siècle, à AlbertSchultens de Leyde (1686-1750), et à Schrœder, de Marbourg(1721-1798), pour voir inaugurer de nouvelles méthodes,celle par exemple de la comparaison de l’hébreuavec l’arabe.

Le dix-neuvième siècle marque une époque de renouvellementpour les études hébraïques. Le mouvement aété donné par Gesenius, puis entretenu par Ewald,Olshaùsen, Stade et Konig. Chacun de ces savants, s’efforçantd’introduire dans l’étude de l’hébreu une méthoderigoureusement scientifique, a employé des moyensspéciaux que M. Kônig caractérise avec beaucoup deiustesse. W. Gesenius (-ꝟ. 1842; voir col. 415; méthodeanalytique-particularité) explique d’ordinaire l’hébreupar l’hébreu, observe avec soin la formation et la flexiondes mots et les diverses particularités qu’ils peuventprésenter, pour résumer ensuite ses observations dansdes règles claires et précises; il a été suivi par Bôttcher(† 1863). Ewald († 1875; voir t. ii, col. 2131; méthode synthétiquespéculative) recourt à un certain nombre deprincipes philosophiques puisés dans les lois généralesdu développement linguistique; dans la phonétique, ilobserve surtout les influences que les consonnes et lesvoyelles exercent les unes sur les autres; dans la morphologie,il considère les lois qui président au développementdu langage pour les appliquer aux diverses espècesde racines, aux flexions des noms et des verbes;il a été suivi par Seffer et Herman Gelbe. Justus Olshaùsen(méthode comparative et historique), en partant desmêmes principes qu’Ewald, remonte à une langue hébraïqueprimitive, sœur de l’arabe, de laquelle il déduitles formes actuelles; il est suivi par G. Bickell et

A. Mùller. Les méthodes de Gesenius et d’Ewald ontété synthétisées par C. W. Ed. Nâgelsbach († 1880);celles de Gésénius et d’Olshausen l’ont été, dans lesplus récentes éditions de la Gesenius’hebrâischer Granumatik, par Rédiger († 1874) et surtout E. Kautzsch. Enfin

B. Stade a suivi, en combinant leurs méthodes, Ewaldet Olshaùsen. M. Kônig (méthode analylique-historiquephonétique-physiologique) étudie à part chaque élémentde la langue (noms, verbe), puis met en relief les formesles plus proches de l’arabe comme étant les plus anciennes,et cherche à expliquer les déviations par la phonétiqueet la physiologie.

Autour de ces grands auteurs, qui marquent les étapesde l’étude de la langue hébraïque depuis le xvie siècle,gravitent une foule d’auteurs secondaires: nous indiqueronsles noms et les œuvres de nombre d’entre euxdans la Bibliographie.

IX. Bibliographie.

i. grammaire. — 1° Grammairiens juifs du moyen âge. — Jehudah ibn Koreisch (x» s.),Risalah, édit. Barges et Goldberg, Paris, 1842 (1857).Dounasch ibn Labrat (xe s.), traité contre Saadiah (Teshubhah),édit. R. Schrôter, Breslau, 1866 (cf. S. G. Stern,Liber Responsionum, Vienne, 1870); traité contre BenSarouk, édit. Filipowski, 1855. Ben Ascher de Tibériade(xe s.), Dikdukê ha-leamim, édit. Baër et Strack, Leipzig,1879. R. Jonah (xie s.), Harrikmah, édit. Goldberg, Francfort,1856 (1861); Opuscules arabes et trad. française,édit. J.-H. Derenbourg, 1880. Abr. Aben Ezra (xii» s.),Mozne lesôn haqqodesh, édité en 1546, etc., et en dernierlieu par Heidenheim, Offenbach, 1791; SèferSahuth, édit. Lippmann, Fûrth, 1827; Safah Berurah,édit. Lippmann, Fûrth, 1839; autres traités, édit. Lippmann,1843, et Halberstamm, 1874. Moïse Kimchi, Grammairehébraïque, édit. Const. L’Empereur, Leyde, 1631;traduite en latin, Otôoitopioc ad scientiam, par Seb. Munster.David Kimchi, Miklol, l re édition à Constantinople,1534 (Venise, 1545, etc.; trad. latine de Guidacerio,1540; édit. à Fûrth, 1793; édit. Rittenberg, Lyck, 1862).Profiat (Peripot) Duran, Grammaire hébraïque, rmryansx, édit. J. Friedlânder et J. Cohn, Vienne, 1865.2° Grammaires antérieures au XIXe s. — 1. ïW s.

— a) Chez les Juifs: œuvres grammat. d’Elias Levita;grammaires d’Abraham de Balmès (Miqneh Abram;Venise, 1523), de Moïse Provençale (composée en vers àMantoue, 1535, publiée à Venise, 1597), d’Emmanuel deBénévent (Mantoue, 1557), etc. — 6) Chez les chrétiens:C. Pellican, De modo legendi et intellig. Hebrsea (Bêle,1503); J. Reuchlin, Rudim. hebr. (Pforzheim, 1506),les grammaires de F. Tissard (Paris, 1508), de A. Giustiniani(Paris, 1520); Santés Pagninus, Institut, hebr,lib. JF(Lyon, 1526); Séb. Munster, Opus grammat. exvariis Elianis libris concinn. (Bâle, 1542); les travauxgrammat. de Cinqarbres (Paris, 1546), R. Chevallier(Genève, , 1560), Martinez (Paris, 1567), Bonav. Com.Bertram (Comparât, gram. hebr. et aram., Genève,1574), F. du Jon (Junius; Francfort, 1586), etc. — 2. xviie s.

— a) Chez les Juifs: œuvres grammat. de Sam. Archivolti(Padoue, 1602), d’Is. B. Sam. ha-Lévi (Prague,1628), de R. Is. Ouziel, Manassé b. Israël, de Aguibar,Sal. di Oliveyra, etc.; Spinoza (Compend. gram. ling.Aefcr., , Amsterd., 1677), J. L. Neumark (Francfort, 1693).

— b) Chez les chrétiens: Buxtorf, Epitomegram. hebr.(î(fâ>), Thesaur. gramm. (1609); les œuvres grammat.deSchickard (Horolog. hebr., Tubingue, 1623); Ph. d’Aquin(Paris, 1620), Th. du Four (Paris, 1642); J. Le Vasseur,(Sedan, 1649); Erpénius (1621, 1659), Dilherr (1659 et1660), Jac. Alting (Fundam. punctat. ling. sanct. sivegramm. hebr., Groningue, 1654, 1687); J. A. Danî(Nucifrangibulum, Iéna, 1686; Compend. gram. hebr.,1694); les grammaires de Math. Walmuth (Kiel, 1666),Chrétien Reinecke, Cellarius, etc. — 3. xviii «s. — a) Chezles Juifs: œuvres grammat. de AI. Sûsskind (Côthen,1718), Salom. Cohen Hanau (divers traités), Aaron Moïse(Lemberg, 1763). — 6) Chez les chrétiens: œuvres grammat.d’Abr.Ruchat (Leyde, 1707), F. Masclef (Paris, 1716),P. Guarin (Paris, 1724), Ch. Houbigant (Paris, 1732),Schultens (Institut, ad fundam. ling. hebr., Leyde,1737), J. D. Michaëlis (Hebrâische Gramm., Halle, 1744),J. B.Ladvocat (Paris, 1755), B. Giraudeau (La Rochelle,1757, 1758), Simonis, Schrôder (Institut., etc., 1766),Robertson (Edimbourg, 1783), S. S. Vater (HebrâischeSprachlehre, Leipzig, 1797), C. C. F. Weckherlin (Stuttgart,1797), Hartmann (Anfangsgrûnde der Hebr. Sprache,Marbourg, 1798), G. P. Hetzel, etc.

3. Grammairiens du XIXe siècle. — Jahn, Gramm.ling. hebr., 1809; W. Gesenius, voir col. 415; Ewald,voir t. ii, col. 2131; J.-E. Cellérier, Eléments de lagramm. hébr. trad. librement de Gesenius, Genève,1820; 2e édit., 1824; Ph. Sarchi, Gramm. hébr. raisonnéeet comparée, Paris, 1828; J.-B. Glaire, Princip.de gramm. hébr. et chald., Paris, 1832, 3e édit.,

1843; Stier, Lehrgebaûde d. hebr. Spr., Leipzig, 1833;Hflrwitz.A Gramm. of thé Heb. Lang., Lond., 'î'éd.1835;Luzzato, Proleg. ad una gramm. ragionata délia ling.r, br, Padoue, 1836; S. Preiswerk, Gramm. hébr., Bâle,1 838, 3e édit., 1884; Is, Nordheimer, À critic Gramm. oftheHeb. Lang., New-York, 1838-1841; J.du Verdier, Nouv.gramm. hébr. raison, et camp., Paris. 1841; Hupfeld,Ausfûhrliche hebr. Gramm., 1841, Lee, Gramm. of theItebt.lang.m a séries of iectares, Londres, 3e édit., 1844;Sal. Klein, Gramm. hébr. raison., et comp., Mulhouse,1846; Moses Stuart, Gramm. of the Hebr. lang., plus,édit.; Duverdier, Double gramm., édit. Migne, Paris, 1848;Luzzato, Gramm. délia l. ebr., Padoue, 1853-1869; C.Bôniias Guizot, Nouv. gramm. hébr. analyt. et raisonn.,Montauban, 1856; Seffer, Elementarbuch d. hebr Spr.,plus, édit.; J. Olshausen, Lehrb. d. hebr. Spr., Brunswick,1861; I. M. Rabbinowicz, Gramm. hébr. trad. de Voilent, par Clément-Mullèt, Paris, 1862-1864; H. Bôttcher,Ausfuhrliches Lehr. der hebr. Spr., édit. Muelhau,Leipzig, 1866-1868; H. Gelbe, Hebr. Gramm. fur denSchulgébrauch, Leipzig, 1868; G. Bickell, Grundrissder hebr. Gramm., 1869 (trad. ang. par S. I. Curtiss,1877; trad. fr. par É. Philippe, Paris, 1883); J. P. N.Land, Hebreuwsche gramm., Amsterdam, 1869; F. I.Grundt, Hebr. elem. grammatik, Leipzig, 1875; B. Stade,Lehrb. der hebr. Spr., 1 Theil, Leipzig, 1879; C. W. E.Nâgelsbach, Hebr. gram. als Leitfaden fur gymnas. u.academ. Untemcht, Leipsig, 1856; A. Mùller, Hebr.Schulgram., Halle, 1878; F.-E. Kônig, Hist. Krit. Lehrgebaûde der hebr. Spr., Leipzig, 1881-1897; H. L. Strack,Hebr. Grammatik, 7e édit., Berlin, 1899 (trad. fr. parBaumgartner, Paris, 1886); K. Ludwig, Kurzer Lehrgangd. hebr. Spr., 2e édit., Giessen, 1899; B. Manassewitsch,Die Eunst, die hebr. Spr. durch Selbstwiterricht schnellu. leicht zu erlernen, 2e édit., Vienne, 1899; C. Vosen,Rudim. ling. hebr., édit. Kaulen, Fribourg, 1899;M. Adler, Elem of hebr. gram., Londres 1899; Scholz,Abr. d. hebr. Laut. undFormenlehre, 8e édit., Kautzsch,Leipzig, 1899.

n. lexicographie. — Voir Dictionnaires de laBible, t. ii, col. 11, et Concordances, t. ii, col. 899.

m. histoire de la LANGUE. — Cf. les grammairesde Gesenius, Ewald, Olshausen, Stade, Kônig; les traitésde grammaire sémitique comparée; Bertheau, art. Hebr.Spr., dans Herzogs' Realencykl., Nôldeke, art. Spr.Hebr.; dans Schenkels' Bibellex.; Œhler, art. Hebr.Spr., dans Schmids' Enctjcl. des gesammt. Erziehungsund Unterrichtswesens, l re édit.; Nestlé, id. 2e édit.; Gesenius, Kritisch. Geschichte d.hebr.Spr.u. Schrift, Leipiig,1815; E. Renan, Hist. gêner, et systèm. comp. des lang.sémit., 3e édit., Paris, 1863; W. Lindsay A., Hebrew etHebr. long., dans À Cyclop. of Biblic. Liter., éd. byKitto, 3 vol., éd. W. Lindsay A., t. ii, p. 250-257, Edimbourg, 1864; Clermont-Ganneau, La stèle de Dhiban,Paris, 1870; W. Rob. Smith, Hebr. lang. and litter.,dans VEncycl. brit., 9 8 édit., t. xl, p. 594 et sq., Edimbourg, 1880; E. Kautzsch, Die Siloah Inschrift, dansla Zeitschr. der deutsch. Palâst. Vereine, 1881, 1882;Chwolson, Corpus inscript, hebraic, St-Pétersbourg,1882; Fred. Delitzsch, The hebr. lang. viewed in thelight of Assyr. research, Londres, 1883; T. Nôldeke,Semit. Languages, dans l’Encvcl. britann., 9e édit.,t. xxi, p. 641-656, Londres, 1886°; W. Wright, Lectureson the compar. gramm. of the semit lang., Cambridge,1890; Loisy, Hist. crit du texte et des vers, de la Bible,I, Hist. crit. du texte de l’A. Test., Paris, 1892; H. Zimmern, Vergleich. gramm. der semit. Spr., Berlin, 1898;D. S. Margoliouth, Lang. of the O. Testam., dans Hastings, Dict. of the Bible, t. iii, p. 25-35, Edimbourg,1900

IV. HISTOIRE DE L'ÉTUDB DE L’BÉBBBU. — Voir Wolf,

Bibliotheca hebraica, 1715-1753; Fr. Delitzsch, Jesurunsive Prolegomena in Concordantias. a J. Furstio éditas, Grimma, 1838; Ewald et Dukes, Beitràge zùrGesch. der ait. Ausleg. des A. Testam., Stuttgart, 1844;Hupfeld, De rei gramm. ap. Jud. initUs, Halle, 1847;S. Munk, Notice sur AboulWalid Merwan et sur quelq.autr. gramm. hébr. du Xe et du xi' s., dans le Jour-:nal asiat., t. xv (1850), p. 297-337; Steinschneider,Bibliograph. Handb. uber die Literat. fur hebr.Sprachkunde, Leipzig, 1859; Neubauer, Notice sur lalexicographie hébr., dans le Journ. asiat., 1861;Fûrst, Biblioth. judaica, 3 vol., Leipzig, 1863; J. Tauber, Standpunkt und Leisxung des R. D. Kimhials Gramm., Breslau, 1867; M. Weiner, Parchon alsGramm. und Lexicograph., Offen.; 1870; L. Geiger,Dos Studium der hebr. Spr. in Deutschl. vomEnde des 15 bis z. Mille des 16 Jahrh., Breslau, 1870;S.-O. Stern, Liber responsionum, Vienne, 1870; S.Gross, Menahem B. Saruk, Breslau, 1872; A. Berliner, Beitràge zur hebr. Gramm. im Talmud undMidrasch, Berlin, 1879; E. Kautzsch, J. Buxtorfder atteste, Bâle, 1879; Bâcher, Abr. Jbn Ezra alsGrammatiker, Strasbourg, 1881; Die gramm. Terminal, des Jehuda ben David Hajjug, Vienne, 1882;B. Pick, The study of hebr. lang. among Jews andChristians, dans la Biblioth sacr., 1884, p. 450 et suiv.,1885, p. 470 et suiv.; Strack et Siegfried, Lehrb. derneuhebr. Spr. u. Liter. Karlsruhe, 1884; W. Bâcher, Diehébr.-arab. Sprachvergleich. des Abulw. M., Vienne,1884; B. Drachmann, Abu Zakana (R. lehuda Chajjug),Breslau, 1885; W. Bâcher, Jos. Kimhi et AbulwalidMerwan, dans la Rev. des Etud. juiv., t. vi; Leb. u.Werk. des Abulw. M., Leipzig, 1885; L. Rosenak,Fortschritte der hebr. Sprachwissens. von JehudaChajjûg bis David Kimchi, Frieb. 1899; W. Bâcher,Die Anfânge der hebr. Gramm., dans la Zeitschr.der Deutschen tforgent . Gesellsch., t. xlix, p. 62,334-392, 1895.

v. travaux SPÉCIAUX. — 1. Phonétique. — Voir A.-B.Davidson, Outlines of hebr. accent., Londres, 1861;Pinsker, Einl. in d. babyl. hebr. Punkt. Sysl, Vienne,1863; Fr. Deliztsch, Physiologie und Musik in ihrerBedeutung fur die gramm. besond. die hebr., Leipzig,1868; Chwolson, Die quiescentes >in in der althebr.Orthogr., dans les Abhandl. d. Petersb. Orient Congress., 1876; Petermann, Versuch einer hebr. Forment,nach des Ausspr., der heutig. Samarit., 1868; E. Kônig,Gedanke, Laut, u. Accent als die drei Faktor. d.Sprachbild. compar. u. physiolog. am Hebr. dargestellt, Weimar, 1874; L. Segond, Traité élément, desace. hébr., Genève, 2 édit. 1874; W. Wickes, À treatiseonhébr. accent., Oxford, 1881-1887; Jos.Wijnkoop, Le</esde accent, hébr. ling. ascensione, Leyde, 1881; H.Grimme, Grundzûge der hébr. Akzentund Vokallehre,Fribourg, 1896; F: Prætorius, Ueber den rûckweichend. Ace. im Hebr., Halle, 1897.

2. Morphologie.

Voir F. Barth, Die Nominalbildungin den semit. Sprachén, 2 édit., Leipzig, 1894; Poznanski,Beitràge zur hebr. Sprachwissenscltafl, 1894; Is. Kahan,Die Verbalnominale Doppelnatur der hebr. Particip.und Infinitive, 1889; Ern. Sellin, id., 1889, de Lagarde,Ueber sicht uber die im Aram. Hébr. u. Arab.ûbliche Bild. der Nomina, Gottingue, 1889-1891; Diehl,Dos Pron. pers. suꝟ. 2 u. 3 pers. ptur des Hebr. in deralttest. Uberlieferung, Giessen, 1895; Fr. Philippi, Wesen und Ursprung des status constr. im Hebr., Weimar, 1871.

3. Syntaxe.

Voir S. R. Driver, À treatise on theuse of the ternes in Hebrew, Oxford, 1874; 3 édit., 1892;Harper, Eléments of hebrew syntax, Londres, 1890.I. -B. Davidson, Hebrew. si/ntaa:, 1894; V. Baumann, Hebr.Relativsâtz, Leipzig, 1894; Isen Herner, Syntax der Zahlrwôrter im A. T., Lund> 1893; P. Friedrich, Die Hebrâischen Condilionalsalze, Konigsberg, 1884.

J. Todzahe.

2. hébraïques (versions) du nouveau testament.

D’après la tradition, l’Évangile de saint Matthieu fut écrit primitivement en hébreu, mais par «hébreu» il faut entendre l’araméen parlé au temps deNotre-Seigneur. Voir Matthieu. Sébastien Münster, en1537, publia une traduction, qu’il avait découverte, de notrepremier Évangile, en ancien hébreu ou plutôt en hébreurabbinique, sous le titre de תורת המשיח, Tôraṭ ham-mašîaḥ. Le nom du traducteur était alors inconnu; on sutplus tard qu’il s’appelait Schemtob Isaac. Son œuvré faitedirectement sur la Vulgate ou sur une version italienne,abonde en barbarismes et en solécismes. Elle eut néanmoins plusieurs éditions et l’on ajouta à l’une d’ellesune version hébraïque de l’Êpitre aux Hébreux. Une nouvelle édition, d’après un manuscrit provenant d’Italieet meilleur que celui de S. Münster, fut donnée à Paris,en 1555, par Tillet, évêque de Saint-Brieuc, avec uneversion latine de Mercier. Herbst l’a rééditée sous cetitre: Des Schemtob ben-Schaphrut hebräische Uebersetzung des Evangeliums Matthæaei nach den Drucken S. Münster und J. du Tillet-Mercier, Gœttingue,1879. — Les quatre Évangiles, traduits en hébreu classique, furent publiés à Rome, en 1668, par un Juif converti, originaire de Safed en Galilée, Giovanni-Batista Giona. — La première traduction complète du NouveauTestament fut faite par Elias Hutter, et publiée en 1600à Nuremberg dans sa Polyglotte. Voir Hutter. Cetteœuvre n’est pas sans mérite. W. Robertson en a donnéune édition revisée à Londres, en 1666. — R. Caddockpublia à Londres, en 1798, un Corrected New Testament in Hebrew. — La Société biblique de la Grande-Bretagne publia une version nouvelle en 1818 et en 1821.Elle fut revue en partie par Gesenius et Joachim Neumann, et éditée par Greenfield, en 1831, dans la Polyglotte de Bagster. Une nouvelle édition revue par Mac Caul,S. Alexander, J. G. Reichardt et S. Hoga, parut également à Londres, en 1838. Dans le but de l’améliorerdavantage, C. Reichardt et R. Biesenthal se remirent àl’œuvre, en 1856, et publièrent, en 1866, une éditionavec voyelles et accents. Franz Delitzsch s’efforça deperfectionner encore cette version. La Société bibliqueédita son travail en 1877; puis, après qu’il eut étéretouché en prenant pour base le textus receptus del’édition Elzévir de 1624, en 1878; plusieurs éditions ontparu depuis. — Voir Frz. Delitzsch, The Hebrew New Testament of the British and Foreign Bible Society,in-8°, Leipzig, 1833. Voir Delitzsch, t. ii, col. 1342.

1. HÉBREU (hébreu: ‘Ibrî; féminin: ‘Ibriyyâh; pluriel: ‘Ibrîm, ‘Ibriyyôṭ; Septante: Ἑβραῖος, Ἑβραϊκός;Vulgate: Hebræus, Hebræa, Hebræi, Hebraicus), nom ethnique donné d’abord à Abraham, Gen., xiv, 13, etplus tard à ceux de ses descendants qui étaient issus deJacob. Gen., xxxix, 14; Exod., i, 15, etc.

I. Ethymologie.

Il existe plusieurs explicationsde l’origine de ce mot.

1° D’après la tradition rabbinique, Midrasch, Bereschith Rabba ; Aben Esra, In Exod., xxi, 2, les Chananéens auraient surnomméAbraham ‘Ibrî, parce que c’était un émigrant qui venait d’au delà (‘êbér) du fleuve de l’Euphrate. Déjà les Septante acceptaient cette étymologie puisqu’ils ont traduit hâ-‘Ibrî, Gen., xiv, 13, par ὁ περάτης, «celui d’au delà.» De même Aquila: ὁ περαΐτης. (Le jeu de mots ‘Ibrîm ‘âberu, «les Hébreux passèrent» le Jourdain, I Sam., xiii, 7, ne prouve rien dans la question présente.) Cf. Gesenius, Geschichte der hebraïschen Sprache und Schrift, in-8°, Leipzig, 1815, p. 9-12. Cette explication a été acceptée par Origène, Hom. xx in Num.,4, t. xii, col. 725; S. Jean Chrysostome, Hom. xxxv in Gen., 3, t. liii, col. 326; Théodoret, Quæst. lxi in Gen.,t. lxxx, col. 165; S. Jérôme, Lib. heb. quæst, in Gen., xiv, 13, t. xxiii, col. 960.

2» Une seconde explication fait dériver «hébreu» du nom d’Héber, un desancêtres d’Abraham. Gen., x, 24-25. Voir Héber1, col. 463.Ce qui peut la confirmer, c’est que Sem est appelé,Gen., x, 21, «le père de tous les benê-‘Éber,» et que,dans ce passage, benê-‘Éber est évidemment une désignation indiquant la descendance d’Héber, comme ailleursBenê-Isrâ’êl désigne les descendants d’Israël ou Jacob.Josèphe adopte cette étymologie dans ses Antiquités judaïques, I, vi, 4. Voir aussi Eusèbe, Præp. ev., vii, 6;x, 14, t. xxi, col. 516, 837; S. Augustin, De Civ. Dei,xvi, 3, t. xli, col. 481.

3° Personne ne soutient plusaujourd’hui l’opinion émise par Charax de Pergame:Ἑβραῖοι. Οὕτως Ἰουδαῖοι ἀπὸ Ἀβραμῶνος. «Hébreux.On appelle ainsi les Juifs du nom d’Abramôn (Abraham).» Dans C. Mûller, Historicorum Græcorum fragm.,49, édit. Didot, t. iii, p. 644. Nous la retrouvons dansl’Ambrosiaster, Comm. in Ep. ad. Philipp., iii, 5-7, t. xvii,col. 415, et dans S. Augustin, Quæst. in Gen., 24 (dubitativement), t. 552; cf. De consens. Evangelist., i, 14,t. xxxiv, col. 1051; mais ce Père l’a abandonnée dansses Rétractations, ii, 16, t. xxxii, col. 636, et De Civ. Dei, xvi, 3, t. xli, col. 481. Sans compter les difficultés philologiques d’une pareille étymologie, Abraham étant appelé «l’Hébreu» dans la Genèse, xiv,13, ce titre ne peut être une dérivation de son nom.

4° La forme grecque Ἑβραῖος et la forme latine Hebræus ne dérivent pas directement de l’original ‘Ibri, mais de la forme araméenne intermédiaire עִבְרַאי, ‘Ibra’i.

II. Emploi du mot Hébreu dans l’Ancien Testamentet dans les auteurs profanes.

1° Le nom d’Israël etd’Israélite fut plus employé après l’Exode que celuid’Hébreu pour désigner les descendants de Jacob, voirIsraélite; mais les écrivains grecs et latins ne les appelèrent jamais de ce dernier nom; ils les nomment toujours Hébreux ou Juifs. Lucien, Alexander (dial. xxxii),13; Pausanias, IV, xxxv, 9; V, v, 2; vii, 4; VI, xxiv, 8;VIII, vii, 4; X, xii, 9; Plutarque, Symp., IV, vi, 1 (édit.Didot, Moralia, t. ii, p. 815); Ptolémée Chennos, dansPhotius, Biblioth., 190, t. ciii, col. 625; Charàx de Pergame, dans Müller, Hist. græc. fragm., 49, édit. Didot,t. iii, p. 644; Porphyre, Vita Pyth., 11, édit. Didot(à la suite de Diogène Laërce), p. 89; Tacite, Hist., v, 2. Voir aussi Th. Reinach, Textes d’auteurs grecs et romains relatifs au judaïsme, in-8°, Paris, 1895, p. 65, 286.Josèphe lui-même appelle ses compatriotes «Hébreux» (ou Juifs), non Israélites. Ant. jud., I, vi, 5, etc. Uneinscription trouvée à Rome porte: συναγωγή Αἰβρέων.Corpus inscript. græc., ii. 9902; E. Schürer, Geschichte des judischen Volkes, 3e édit., t. iii, 1898, p. 46; Berliner, Geschichte der Juden in Rom, 2 in-8°, Leipzig,1893, t. i, p. 64. Nous avons vu à Corinthe en 1899 unlinteau de porte que les Américains venaient de découvrir dans leurs fouilles et qui porte un fragment d’uneinscription identique: [Συνα]ΓΩΓΗ ΕΒΡ[αιων].

2° C’est un problème non encore complètement résolu si le nom des Hébreux se retrouve sur des monuments profanes plus anciens que ceux des Grecs et des Latins.

1. Un égyptologue français, Fr. Chabas, a cru reconnaître les ‘Ibrim dans les Aperi-u ou Aberi-u des documents égyptiens. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes', 6e édit., 1896, t. ii, p. 258-261. Cette identification, d’abord admise par plusieurs égyptologues, est aujourd’hui généralement rejetée. M. Fr. Hommel la défend néanmoins dans son Altisrælitische Ueberlieferung in inschriftlicher Beleuchtung, in-8°, Munich, 1897, p. 258-259.

2. Les lettres assyriennes trouvées à Tell el-Amarna mentionnent des Abiri ou Khabiri. Le roi de Jérusalem Abdkhiba écrit à son suzerain le pharaon Amenhotep que le sud de la Palestine, le Négeb, la plaine maritime ou la Séphélah et la région connue plus tard sous le nom de tribu de Juda, est infestée par les Abiri. Ils ont poussé l’audace jusqu’à assiéger Jérusalem. Le roi chananéen demande des secours

contre eux au roi d’Egypte» parce qu’il est incapable deleur résister tout seul. Voir Journal asiatique, t. xviii,1891, p. 517-527. Plusieurs assyriologues croient que ces461° "isont les Hébreux. Hommel, Veberlieferung, p. 231.Il est possible en effet que ces Âbiri soient des enfantsd’Israël qui auraient fait des incursions en Palestine,avant l’exode, pendant leur séjour en Egypte (cf. I Par.,ti, 42-43, et voir W. M. Mùller, Asien und Europa nachaltâgyptischen Denktnâlern, in-8°, Leipzig, 1893, p. 236;Hommel, Veberlieferung, p. 228); mais le fait n’est pascertain.

3° On a cherché à se rendre compte de la raisonpour laquelle les descendants de Jacob sont appeléstantôt Hébreux, tantôt Israélites. D’après Gesenius,Thésaurus, p. 987, tandis qu’ils s’appellent eux-mêmesIsraélites ou Israël, ils ne sont nommés Hébreux dansl'Écriture que lorsque celui qui parle est un étranger,Gen., xxxix, 14, 17; xli, 12; Exod., l, 16; ii, 6; Num.,xxiv, 24; I Sam. (Reg.), iv, 6, 9; xiii, 19; xiv, 11; xxix,3; Judith, x, 18; xii, 10; xiv, 16; ou bien lorsque lesIsraélites parlent d’eux-mêmes à des étrangers, Gen.,xl, 15; Exod., i, 19; ii, 7; iii, 18; v, 3; vii, . 16; ix, 1,13; x, 3; Jonas, i, 9; Judith, x, 12; II Mach., vii, 3; ouenfin, lorsqu’ils sont mis en opposition avec les autrespeuples. Gen., xliii, 32; Exod., i, 15; ii, 11, 13; xxi, 2;Deut., xv, 12; I Sam. (Reg.), xiii, 3, 7; xiv, 21; Judith,xv, 2; xvi, 31; II Maçh., xi, 13; xv, 38. Le passage deJérémie, xxxiv, 9, 14, où le mot Hébreu est employésans qu’on puisse le faire rentrer dans aucune de cestrois classifications, est considéré comme faisant allusion à Deut., xv, 12.

III. Emploi du mot Hébreu dans le Nouveau Testament.

Dans le, Nouveau Testament, le mot Hébreudésigne: — 1° dans un sens général, tout membre de lanation Israélite. II Cor., xi, 22; Phil., iii, 2. — 2° Dansun sens plus strict, les 'ESpaïot, «les Hébreux,» sontceux qui, au commencement de l'ère chrétienne,habitaient en Palestine et parlaient «le dialecte hébreu» ou araméen (voir Hébreu 2), par opposition aux 'EXXtjvKTraf ou Juifs hellénistes qui faisaient usage de lalangue grecque. Act., vi, 1. — 3° Dans le titre de l’H, pîtreaux Hébreux, ce dernier mot s’entend des Juifs convertis, qu’ils parlent grec ou araméen.

F. Vigouroux.2. HÉBREU, nom donné à la langue parlée par lesHébreux. — 1° Dans les livres protocanoniques del’Ancien Testament, la langue parlée par les descendantsde Jacob n’est jamais ainsi nommée. Cette appellationapparaît pour la première fois dans le Prologue grecde l’Ecclésiastique: iêpâïatl (Vulgate: Verba hebraica).Isaïe, xxix, 18, la désigne sous le nom de «langue deChanaan». Dans IV Reg., xviii, 26 (et Is., xxxvi, 11), demême que dans II Esd., xiii, 24, parler hébreu se ditparler yehûdît, îouêatW, judaice. L’hebraice, «enhébreu,» qui se lit" dans la Vulgate, Esther, iii, 7, estune addition du traducteur. Voir Hébraïque (Langue).— 2° Dans le Nouveau Testament, la langue qui separlait en Palestine au temps de Notre-Seigneur et desApôtres est appelée «hébreu»: iëpaU SiœXsxxoç, hebraicalingua, Act., xxi, 40; xxii, 2; xxvi, 14; iëpa’tW, hebraice,Joa., v, 2; xrx, 13, 17, 20; Apoc, ix, 11; xvi, 16 (cf. Josèphe, Ant.jud., III, i, 1; II, x, 6), parce qu’elle était enusage chez les Hébreux de Palestine, mais cette dénomination ne doit pas s’entendre de l’hébreu proprementdit, c’est-à-dire de celui de l’Ancien Testament; elle désigne en réalité un dialecte araméen, se rapprochantbeaucoup du syriaque. Voir Syriaque (Langue).

F. Vigouroux.HÉBREUX (EPITRE AUX). - Titre et souscription. — Les manuscrits.onciaux les plus anciens kAB,l’oncial K du ixe siècle, les minuscules 3, 17, 37, 47, 80,les versions sahidique et bohaïrique portaient en tête decette épttre itpoç Egpaiou; ; le codex D n’a pas de titre.

Les autres manuscrits ajoutent Eic «rtoXri ou d’autresdéveloppements. Voir Tischendorf, Novuni Testamentum græce, editio octava major, t. ii, p. 780. Les manuscrits «6, 17, ont pour souscription xpo; ESpaioti»;quelques codices ajoutent: E^poopr) aito pcofiiriç… airottaXtac, EypaçT) aito rraXta; âia TcixoŒou, arco aBuvtov,EYpaçr) Eëpaïwu. Pour les souscriptions plus développées, voir Tischendorf, Nov. Test., t. ii, p. 839.

I. Destinataires de l'Épitre. — I. question préliminaire: CET ÉCRIT EST-IL UNE LETTRE? — On luiconteste ce caractère, parce que l'Épitre aux Hébreux neporte en tête ni la suscription, ni l’adressé qu’ont toutesles Épitres du Nouveau Testament, à l’exception de lapremière Épître de saint Jean, et parce qu’on n’y trouvepas non plus les indications préliminaires sur le sujetde la lettre, son occasion, les rapports de l’auteur avecses lecteurs, que présentent les autres Épitres du Nouveau Testament. Après la conclusion de la lettre, ferméepar un amen, xiii, 21, il y a, il est vrai, quelques lignesde salutation; mais plusieurs critiques, [tels qu’Overbeck et Lipsius, supposent que ces données personnellessont une addition postérieure. En outre, dit-on, cetteÉpttre est écrite d’après un plan nettement tracé, qui sedéveloppe régulièrement; le style en est très littéraire.Les arguments se succèdent dans un enchaînement trèsstrict, que ne comporte pas une lettre. Reuss, entreautres, et après lui Schwegler, Baur, Ewald, Hofmann, etc., ont donc soutenu que l'Épitre aux Hébreuxn’est pas une lettre adressée à une communauté déterminée, mais «dans l’ordre chronologique le premiertraité systématique de théologie chrétienne». Reuss,Histoire de la théologie chrétienne au siècle apostolique, in-8°, Strasbourg, 1864, t. ir, p. 269. — Celte hypothèse ne paraît pas justifiée par l’examen de l'Épitre,car en plusieurs endroits l'écrivain s’adresse nettementà des personnes déterminées; il est impossible de voirdans ces passages des observations ou des exhortationsgénérales. Il dit lui-même à ses frères qu’il a écritbrièvement, et les prie de supporter ces paroles d’exhortation, xiii, 22; il montre qu’il connaît bien ses lecteurs;il sait quels sont leurs défauts, v, 11; ce qu’ils sont etce qu’ils devraient être, v, 12; ce qu’ils ont fait, VI, 10.Il leur rappelle le souvenir de leurs premiers combats,x, 32, de leur charité, x, 34. La forme de l'écrit et surtout son appareil dialectique ne peuvent établir quenous avons ici un traité de théologie; car, si la conclusion s’imposait, il faudrait l’appliquer aussi à l'Épitreaux Romains, dont le développement logique est toutaussi serré que celui de l'Épitre aux Hébreux. Enfin lessalutations de la fin et la promesse d’aller voir bientôtses lecteurs doivent être tenus pour authentiques, caron les rejette uniquement parce qu’elles sont gênantespour l’hypothèse qu’on veut établir. En fait, cet écrit estune espèce d’allocution écrite à des frères d’une communauté déterminée, à qui l’auteur a voulu envoyer uneparole d’exhortation, Xiyoc ttje TOxpoaX7)<reo>;, xiii, 22.

II. À QUELLE COMMUNAUTÉ EST ADRESSÉE L'ÉPITRE

AUX hébreux. — Il est difficile de l'établir d’une manière absolue, puisqu’il n’est fait aucune mention dansl'Épitre de ceux auxquels elle est adressée, ni de leurlieu de résidence. Les manuscrits les plus anciens, Sinaiticus, Vaticanus, Alexandrinus, nous donnent cependant une indication: ils portent en tête l’adresse:irpoç Eëpatou;. Quoique ces titres soient l'œuvre descopistes, qui s’en servaient pour classer leurs parchemins, ils nous apprennent quelle était la tradition deleur temps au sujet de cette Épître. Or, cette tradition,qui s’est maintenue jusqu'à nos jours, est justifiée parl'étude de l'écrit lui-même. L’auteur veut prouver lasupériorité de l’alliance nouvelle sur l’ancienne, afinque ses lecteurs^ chancelants dans leur fidélité, restentfermement attachés à la confession de leur espérance,x, 23. Et, quoiqu’il ait pu, en fait, adresser cette dé

monstration à des chrétiens autrefois païens, enclins àadopter les croyances et les observances juives, commele firent les Galates, néanmoins toute l’argumentationsuppose que les lecteurs sont des chrétiens, issus dujudaïsme. Dieu a parlé autrefois à leurs pères, i, 1, et àeux en ces derniers temps par son fils, i, 2; c’est à lapostérité d’Abraham, II, 16, que le Fils vient en aide. Lepeuple, à).aô;, dont il est plusieurs fois parlé, vii, 5, 11,27; îx, 7, 19; IV, 9; xi, 25, est le peuple juif; nulle partil n’est fait même allusion aux Gentils. C’est à des Juifsseulement que l’écrivain pouvait parler des souillureslégales, des mets purs et impurs, ix, 10; xiii, 9; des purificationspar les sacrifices d’animaux, ix, 13. La dialectiqueest toute scripturaire; les preuves alléguées nesont pas des raisonnements, mais des textes bibliques.La typologie de l’Épltre ne peut être comprise que pardes Juits. Zahn, Einl. in dos N. T., t. ii, p. 129 — On asoutenu cependant (particulièrement von Soden, Schùrer,Weizsâcker, Pfleiderer) que les lecteurs étaient despaïens convertis. Voici les arguments que présente vonSoden, Handcommentar zum Neuen Test., iii, derBrief an die Hebrâer, p. 11-14: — 1. C’est plutôt àd’anciens païens qu’à des Juifs que l’écrivain a pu parlerde péchés volontaires, x, 26, de l’endurcissement parla séduction du péché, iii, 13, des entraves du péché,311, 1. — 2. Les éléments de la parole du Christ, telsque la doctrine des baptêmes, la résurrection des morts,le jugement éternel, vi, 1, 2, étaient surtout enseignésaux païens; les Juifs les connaissaient déjà au momentde leur conversion. — 3. Ce ne sont pas des Juifs qu’ondevait exhorter à servir le Dieu vivant, ix, 14; celas’adresse à d’anciens adorateurs des idoles mortes. — Cesquelques observations ne peuvent prévaloir contre l’impressiongénérale, qui se dégage de toute l’Épitre. Lesexhortations morales pouvaient être adressées à des Juifsaussi bien qu’à des païens; les doctrines élémentaires,dont il est parlé, vi, 1, 2, étaient le fond de la prédicationapostolique, quels que fussent les auditeurs, et enfinl’expression: Dieu vivant, que l’auteur aime à répéter,x, 31; xii, 22; iii, 12; ix, 14, lui vient de l’Ancien Testament.Ps. xlii, 3; lxxxiv, 3; Jer., x, 10; Dan., vi, 26.Cette formule avait passé dans le langage solennel, ainsique le prouve l’adjuration de Caïphe à Notre-Seigneur.Matth., xxvi, 63. — Harnack, dans la Zeitschrift fur dieneutestamentliche Wissenschaft, 1900, p. 18-19, croit quepour l’auteur la différence entre Juifs chrétiens et païenschrétiens n’existait plus. Tous les passages, où l’on a vudes allusions à des Juifs, peuvent aussi bien s’appliquerà des païens convertis. C’est possible pour quelques passages,nous le reconnaissons, mais non pour tous. Leslecteurs de l’Épître aux Hébreux étaient donc des Juifsconvertis. — Cependant, comme cette lettre s’adresse àune communauté particulière et non à tous les Juifsconvertis (quelques critiques cependant ont soutenucette hypothèse), il faut déterminer le lieu de résidencede ces Juifs. Est-ce Jérusalem, Alexandrie, Rome oumême d’autres villes, telles que Corinthe, Antioche, laGalatie, etc.? Les dernières désignations sont trop improbablespour être discutées. Examinons seulement lesarguments en faveur des trois premières villes mentionnées.

Jérusalem.

La tradition, à peu près unanimement,

a cru que l’Épltre était adressée aux chrétiens deJérusalem. La façon dont il est parlé du tabernacle etdes cérémonies du culte, IX, 2-9. qui y était pratiqué,montre que l’auteur avait en vue^e temple de Jérusalem.En opposition avec le temple, l’auteur nommerèiutffuvaytûYTJ, x, 25, des chrétiens. Or, s’il s’agissaitd’une communauté de la dispersion, le contraste ne se^rait pas de même degré; il faudrait parler d’une auvaïavrf.Et l’on comprend très bien, ainsi que nous le montreronsplus loin, que les chrétiens de Jérusalem aientété tentés d’abandonner leur épisynagogue pour assister

exclusivement aux cérémonies du temple. Toute l’argumentationde la lettre tend à prouver que ce n’était pasun malheur de ne plus participer au culte du temple,d’en être exclu; ce qui ne pouvait concerner que deschrétiens, habitant Jérusalem. — À cela on fait observer:1. qu’une lettre adressée à des Juifs de Jérusalem auraitdû être écrite en araméen et non en grec. Nous répondronssimplement que l’auteur s’est servi de la languequ’il connaissait le mieux. — 2. D’après cette lettre lesdestinataires ont déjà supporté des persécutions, x, 3234. «Souvenez-vous des premiers jours, où, après avoirété éclairés, vous avez soutenu un grand combat aumilieu des souffrances; ici, exposés en spectacle auxopprobres et aux tribulations; là, sympathisant avec ceuxqui étaient traités ainsi.» Ceci pourrait à la rigueurs’appliquer aux chrétiens de Jérusalem, mais plus loinil est dit: «Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sangdans votre lutte [contre le péché,» xii, 4. Pouvait-onécrire ces paroles à une Église, arrosée du sang desmartyrs, Etienne, les deux Jacques, et d’autres encore?

— Remarquons que dans ce texte il ne s’agit pas depersécutions; mais de luttes contre le péché; ce quipeut indiquer des luttes morales et s’appliquer aussibien aux chrétiens de Jérusalem qu’à d’autres. — Mais,pouvait-on leur dire: «Vous, en effet, qui depuis longtempsdevriez être des maîtres, vous avez encore besoinqu’on vous enseigne les rudiments des oracles de Dieu?» v, 12; VI, 1-3. C’est cependant aux chrétiens de Jérusalemque l’on a dû promettre que Dieu n’oublierait pasla charité, qu’ils avaient montrée en son nom, ayantservi les sainte et les servant encore, vi, 10, et celad’autant plus que, lorsqu’il est parlé dans le NouveauTestament des saints, o£ âyiot, sans adjonction de lieu,il s’agit des chrétiens de Jérusalem.

Alexandrie.

Quelques arguments indiqueraient

que l’Éptlre a été adressée à la communauté judéo-chrétienned’Alexandrie. Celle-ci était nombreuse et influente,surtout au point de vue des idées. Or il n’est pas douteux,dit-on, que notre Épitre ne reflète les tendancesdes écrivains juifs d’Alexandrie et ne reproduise leurméthode d’interprétation allégorique des Saintes Écritures.Seuls, des Juifs alexandrins pouvaient suivre lesraisonnements de l’écrivain et admettre sa spiritualisationdu judaïsme. En outre, les citations de l’AncienTestament sont empruntées au Codex Alescandrinas desSeptante et l’on rencontre plusieurs expressions particulièresaux livres alexandrins de la Bible: 7roXu[i.ep<îc,Heb., i, l=: Sap., vii, 22; ànapaa^a, Heb., i, 3=Sap.,vu, 25; ûmoatâdiç, Heb., i, 3 = Sap., xvi, 21; ôepetmov,Heb., iii, 5 = Sap., x, 16. — De plus, l’auteur paraitêtre un Juif alexandrin; son vocabulaire et son style ontbeaucoup d’analogie avec ceux de Philon; or il étaitmembre de la communauté à laquelle il écrivait. Enfin,cette Épitre a été connue dès les temps les plus anciensà Alexandrie. — Ces arguments ne sont pas très convaincants.Nous dirons plus loin jusqu’à quel point il fautreconnaître un caractère judéo-alexandrin à l’Épltre auxHébreux et nous croyons bien que, si cette caractéristiquedétermine surtout la pensée personnelle de l’auteur,elle indique aussi l’état d’esprit des lecteurs; parconséquent, elle implique chez ceux-ci des doctrines etdes tendances judéo-alexandrines. Seulement, ces doctrineset cette méthode allégorique étaient connuesailleurs qu’à Alexandrie et s’étaient répandues danstoute la Diaspora juive et même à Jérusalem, puisquenous apprenons qu’il y avait dans cette ville une synagoguede Juifs alexandrins. Act., vi, 9. — Quant à l’emploidu Codex Alexandrinus dans les citations de l’Épitreaux Hébreux, il est restreint à quelques passages assezpeu concluants, sauf un. L’Église d’Alexandrie a connuen effet de bonne heure notre Épitre, mais elle l’a connuecomme écrite aux Juifs de Jérusalem. Voir Clémentd’Alexandrie, Strom., i, 8, t. es, col. 284, et son témoitémoignage dans Ëusèbe, H. E., vi, 13 et 14, t. xx, col. 548, 549.

Rome.— Enfin, on a cru que cette Épître avait étéécrite à la communauté judéo-chrétienne de Rome. Cette opinion est même actuellement la plus en faveur enAllemagne, où elle a été adoptée par Wetstein, Holtzmann, Harnack, Mangold, Schenkel, Zahn, von Soden. Alford, Bruce, Renan, Réville l’ont aussi acceptée. Déjà,vers la fin du Ier siècle, Clément Romain, dit-on, connaît l'Épître aux Hébreux; en de nombreux passages, ainsi que nous le dirons plus loin, quoiqu’il ne cite aucune phrase textuellement, on voit qu’il s’est inspiré de cet écrit: le raisonnement est identique, les idées sont les mêmes, quelquefois aussi les termes. Cette connaissance de l'Épître s’explique "très bien, si la lettre a été écrite à la communauté judéo-chrétienne de Rome. Celle-ci, en outre, devait avoir sur l'Épître des données spéciales, puisque, d’après Eusèbe, H. E., iii, 3, t. xx, col. 217, elle la rejetait, comme n'étant pas de saint Paul. De plus, «le grand combat, au milieu des souffrances,» x, 32, «le dépouillement de leurs biens,» x, 33, dont ils ont eu à souffrir, s’appliqueraient bien à la communauté de Rome, qui fut persécutée et expulsée de la ville par ordre de Claude, tandis que les allusions à des persécutions imminentes, x, 25; xii, 4, 26; xiii, 13, pourraient se rapporter à la future persécution de Néron, qu’on pouvait déjà prévoir. Enfin, l'écrivain envoie à ses lecteurs des salutations de la part de ceux qui sont: ἀπὸ τῆς Ἰταλίας, xiii, 24. Ces frères sont ceux qui sont venus de l’Italie et qui accompagnent l'écrivain; c’est à une communauté d’Italie seulement qu’une telle salutation a dû être envoyée. Il est possible, il est vrai, de croire qu’il s’agit ici des «frères de l’Italie,» ἀπὸ τῆς Ἰταλίας; ἀπὸ, ainsi que la fait remarquer Blass, Gr. N. T., § 40, p. 122, a pris dans le Nouveau Testament la place de ἐξ. Dans ce cas cette phrase indiquerait plutôt le lieu de départ de la lettre. — Ces arguments ne sont pas sans valeur; cependant si cette lettre a été écrite à la communauté chrétienne de Rome, comment expliquer que l'écrivain dise de ses membres qu’ils sont lents à comprendre, v, 11, qu’ils ont besoin qu’on leur enseigne les doctrines élémentaires de la foi, qu’on les nourrisse de lait comme des enfants, v, 12, eux dont saint Paul a dit que leur foi était renommée dans le monde entier, Rom., i, 8, et à qui il a adressé une lettre, où il expose les doctrines les plus profondes du christianisme? — En outre, l'Épître aux Hébreux est adressée à une église, où les chrétiens d’origine juive sont prédominants, au point qu’il n’est nulle part fait allusion à des chrétiens païens d’origine.Or, dans l'Église de Rome, les paga no-chrétiens étaienten majorité. M. Milligan a supposé, il est vrai, The Theology of the Epistle to the Hebrews, p. 49-50, que cette lettre aurait été envoyée à une communauté judéo-chrétienne de Rome, composée de ces auditeurs, auxquels ilest fait allusion au livre des Actes, ii, 10, auditeurs qui, de retour à Rome, dans leur patrie, seraient restés en dehors de la prédication apostolique, ce qui expliquerait leur état d’infériorité doctrinale. Cette hypothèse s’adapterait bien aux diverses circonstances de la lettre; son défaut est d'être gratuite. Cependant, qu’il y ait eu à Rome diverses communautés chrétiennes, cela ressort de l'Épitre aux Romains, où l’on voit saint Paul distinguer, xvi, 3-13, plusieurs communautés et, v. 14-15, d’autres communautés. Ceci expliquerait le passage, x,25, où les lecteurs sont exhortés à ne pas déserter leurassemblée, c’est-à-dire à ne pas aller à une autre communauté chrétienne. Il ne s’agirait donc pas ici de retourner à la synagogue juive. — Zahn, Einl. in das N. T., II, p. 144, et Harnack, dans la Zeitsch. fur die neutest. Wiss., 1900, p. 19, croient aussi que l'Épitre a été écrite à une des petites communautés de Rome.

II. Occasion et but de l’Épître. — L'étude mêmedu contenu de l'épître nous fait connaître à quelle occasion et dans quel but elle fut écrite. Nous supposonsqu’elle fut écrite, ainsi que nous le démontrerons, versl’an 63-66; mais, le fût-elle plus tard, que nos observations auraient la même valeur; quelques-unes mêmeseraient encore plus démonstratives. Vers l’an 63-66, plusde trente ans s'étaient écoulés depuis la mort du Christ,et les fidèles ne voyaient pas se réaliser les promessesdu Seigneur, qu’on avait mal comprises. Jésus avait dit,Matth., xxiv, 34; Luc, xxi, 32: «Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point que tout cela n’arrive,» c’est-à-dire l’avènement du Fils de l’homme, le royaume de Dieu. Or la génération qui avait entendu ces paroles était disparue et le Sauveur n'était pas venu. En outre, les chrétiens juifs n’avaient pas oublié les splendides cérémonies du culte juif, tout cet ensemble d’institutions qui enserraient la vie et qui avaient pour elles de si solides fondements, et ils se rappelaient la grandeur et l’autorité de Moïse, qui avait été fidèle dans sa maison à celui qui l’avait établi, iii, 2, la promesse faite à Abraham par Dieu lui-même, vi, 13. C’est Dieu qui avait donné les ordonnances relatives au culte, ix, 1, etc’est sur ses plans qu’avait été construit le Tabernacle,IX, 2-5. Pour l’expiation des péchés on avait un grand-prêtre, chargé de présenter des offrandes et des sacrifices pour les péchés, v, 1. Cette déception, ces souvenirs et ces regrets pouvaient éveiller dans l’esprit des chrétiens juifs le doute sur la valeur de l’institution chrétienne, qui n’avait aucun culte organisé, à part la participation à la fraction du pain. Point de temple, point d’autel, au sens matériel. Pour le chrétien de ce temps le christianisme était surtout une espérance. Or la réalisation de cette espérance paraissait s'éloigner de jour en jour. Nous ne pouvons dire s’il y eut de véritables apostasies, des retours complets au judaïsme, quoique certains passages semblent y faire allusion, x, 39, mais il y eut certainement un affaiblissement de la foi chrétienne, puisque l’auteur déclare qu’il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés et qui sont tombés soient encore renouvelés, vi, 4-6; il parle de celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu et tenu pour profane le sang de l’alliance, qui aura outragé l’Esprit de la grâce,x, 29; il en est qui ont abandonné leurs assemblées, x, 25. Toutes les exhortations à la fidélité, si répétées et si puissantes, xiii, 9; IV, 14; x, 23; iii, 1, 2, 6, indiquentque cette fidélité allait diminuant. De là à un relâchement dans la piété et dans l’accomplissement des devoirs chrétiens, il n’y avait qu’un pas et il semble bien que ce pas avait été franchi; car, en plusieurs endroits, il est parlé de péchés graves, vi, 4-8; x, 29; il est nécessaire d’exhorter les fidèles à la paix avec tous, à la sanctification, xii, 12,à l’amour fraternel, à l’hospitalité, xiii, 1; à la pureté, xii, 16, au respect du lit conjugal, xiii, 4, etc. On voit donc quelle était la situation: angoisse chrétienne au sujet du Christ, qui ne revenait pas; doute sur la légitimité de l’abandon d’une institution divine et, en outre, persécution de leurs frères juifs, excommunications, rejet de la société; toutes ces causes avaient amené un affaiblissement de la fidélité chez les chrétiens et une explosion de péchés. L’auteur de l'Épitre veut remédier à cette situation, répondre à ces doutes en envoyant à ses lecteurs une parole d’encouragement et de consolation, xiii, 22. Pour cela il établira la supériorité de l’alliance nouvelle sur l’alliance ancienne, mais mêlera à chaque instant l’exhortation morale à l’exposé dogmatique, et insistera surtout sur la fidélité et la patience,sur l’espérance; car, pour lui, la foi c’est la fermeattente des choses qu’on espère, xi, 1. En outre, après avoir achevé sa démonstration, l’auteur donnera lesconseils et renouvellera les exhortations, dont ses frèresavaient besoin.

En vue de prouver la supériorité de l’alliance nouvelle sur l’ancienne, et de répondre aux attaques desadversaires, l’auteur établit d’abord que les organes de

l’ancienne alliance: les anges, les prophètes, Moïse, legrand-prêtre, les prêtres lévitiques, sont inférieurs àl’organe de la nouvelle alliance, qui est Jésus-Christ.Il compare ensuite les deux alliances elles-mêmes etprouve que la nouvelle alliance l’emporte sur l’ancienne:1. par son sanctuaire qui est céleste, tandis que celui del’ancienne était terrestre; — 2. par son sacrifice, lequelest parlait et par conséquent n’a pas besoin d’être réitéré,tandis que celui de l’ancienne alliance, étant imparfait,devait être renouvelé. De cette démonstration découlel’exhortation principale de rester attaché à leur foi quiest parfaite, qui a sauvé les justes de l’ancienne allianceet les sauvera aussi. — C’est au moyen de l’Épître seulementque nous avons établi quelle en était l’occasion.Si nous croyons qu’elle a été écrite en 63-66 aux chrétiensde Jérusalem, nous pouvons ajouter quelques renseignementsqui corroborent ceux que nous venons dedonner. Nous apprenons par Eusèbe, H. E., iv, 22, t. xx,col. 379, qu’après le martyre de Jacques le Juste, premierévêque de Jérusalem, l’Église fut troublée par uncertain Thébatis, furieux de n’avoir pas été choisi commeévêque. Il est probable que déjà se dessinaient ces tendances,qui aboutirent, plus tard, à l’ébionitisme. NotreÉpitre paraît répondre à cet état d’esprit d’hommesqui, tout en croyant que Jésus est le Messie, veulentcependant maintenir les institutions et le culte mosaïques,et c’est à eux ou, si l’on veut, à une tendance analogue,que répond l’auteur de l’Épître aux Hébreux. — Tout celase tient bien si l’on croit qu’elle a été écrite aux chrétiensde Jérusalem, mais devient moins cohérent, ’si les destinatairessont ailleurs. Dans ce cas, on appuie surtout surles exhortations pratiques et l’on établit que le but a étéde rappeler les lecteurs à leur ancienne foi, de renouvelerleur courage en leur montrant la supériorité duChrist comme personne et comme œuvre. Si l’auteur achoisi comme point de comparaison l’ancienne alliance,c’est que la nouvelle alliance ne pouvait être mise encomparaison qu’avec celle-là. Pour des chrétiens, fussent-ilsissus du paganisme, la comparaison était impossibleavec d’autres religions que celle de l’Ancien Testament.Qu’ensuite l’auteur ait basé toute son argumentation surles Saintes Écritures, cela ne peut nous étonner, carl’Ancien Testament était pour les premiers chrétiens,quelle que fût leur origine, le livre sacré, qui était luet expliqué dans les réunions chrétiennes. La lettre deClément Romain est tout aussi imprégnée de l’AncienTestament que l’Épître aux Hébreux. Tout ce qui est ditici du Christ a donc un caractère pratique et est destinéà promouvoir la fidélité à son égard. Cette manière devoir s’éloigne peu de la précédente; l’angle de vue seulementest différent.

III. Date de l’Épître. — Les critiques sont en désaccordsur la date de l’Épître aux Hébreux. Ewald, Lewiset Ramsay la placent entre 58-60; Westcott, Lûnemann,Wieseler, EUehm, Weiss, Ménégoz, Davidson, Cornely,Schâfer, Trenkle, entre 64-67, probablement avant lecommencement de la guerre juive. Holtzmann, Schenkel,von Soden, au temps de la persécution de Domitien, 90;Pfleiderer, en 95-115; Volkmar, Keim, Hausrath, pendantla persécution de Trajan, 116-118. Remarquons toutd’abord que les dates extrêmes sont exclues par le faitque Clément Romain, écrivant en 93-97, a certainementconnu cette Épitre,

1° Ceci posé, cherchons dans l’Épître elle-même les-quelques indications qui nous permettront de fixer approximativementla date de composition. Ch. ii, 3, il estdit: «Le salut, annoncé d’abord par le Seigneur, nousa été confirmé par ceux qui l’ont entendu;» d’après v,12, les lecteurs devraient depuis longtemps être desmaîtres, StSàoxaXoi, x, 32; ils ont subi autrefois, auxpremiers jours, après avoir été éclairés, un grandcombat, tandis que maintenant, xii, 12, 13, leurs mainssont languissantes et leurs genoux affaiblis ils suivent

des voies qui ne sont pas droites; les conducteurs, quileur ont annoncé la parole de Dieu, sont arrivés auterme de leur vie, xiii, 7. De cet ensemble, il résulteque la lettre a été écrite au temps où vivait la secondegénération chrétienne, mais déjà vers la fin de cetteseconde génération. Si maintenant nous acceptonsque le Timothée, mentionné au chapitre xiii, 23, estle compagnon de saint Paul, comme nous ne connaissonsaucun emprisonnement de Timothée avant lafin de la captivité de saint Paul à Rome, cela reportel’Épître après l’an 62-63. D’autre part, elle n’a pu, semblet-il,être écrite après l’an 70. À plusieurs reprises, il yest question des cérémonies du culte juif comme existantencore. En effet, quelle que soit la manière dont l’auteurenvisage les sacrifices lévitiques, car son point de vueest souvent allégorique, il n’en reste pas moins qu’il ditnettement qu’on les offre de son temps. Après avoirdécrit le tabernacle, ix, 2-5, et les cérémonies qui s’yfont, ꝟ. 6-8, il ajoute: «C’est une figure pour le tempsprésent où Ton présente des offrandes et des sacrificesqui ne peuvent rendre parfait.» Au chapitre x, 1-3, ilest encore plus catégorique: «Car la loi ayant une ombredes biens à venir et non l’image réelle des chosesne peut jamais par les mêmes sacrifices, qu’on offreperpétuellement chaque année, rendre parfaits ceux quis’en approchent. Autrement n’aurait-on pas cessé de lesoffrir parce que ceux qui rendent ce culte, une foispurifiés, n’auraient plus eu aucune conscience de leurpéché? Mais le souvenir des péchés se rattache chaqueannée à ces sacrifices.» Cf. ix, 6, 7, 22, 25. Dans cedernier verset, le grand-prêtre paraît encore en exercice. «Ce n’est pas pour s’offrir lui-même que le. Christest entré dans le tabernacle, comme le grand-prêtrey entre chaque année, avec du sang étranger.» Ailleurs,l’auteur affirme qu’il y a encore des prêtres qui offrentdes sacrifices.: «Si Jésus était sur la terre, il ne seraitpas même prêtre, car il y a des prêtres qui présententdes offrandes selon la loi.» viii, 4. L’auteur veut direévidemment que Jésus n’étant pas de la tribu sacerdotaled’Aaron ne serait pas prêtre, ce qui n’est vrai quedans le cas où cette institution existe encore, ce qu’affirmed’ailleurs nettement la seconde partie du passage.Toute l’Épître, en outre, est fondée sur cette idée quel’institution légale subsiste toujours. Ainsi que nousl’avons vii, le but de l’auteur était de détourner seslecteurs du culte mosaïque. Or, si le temple n’existaitplus, il n’y avait plus de raison de les détourner de ceculte qui n’était plus en exercice, puisqu’il ne pouvaitavoir lieu qu’au temple de Jérusalem. De plus, cettedestruction du temple aurait été un argument puissantpour la démonstration de la thèse soutenue; mêmepourrait-on dire, le plus puissant et absolument sansréplique. Comment l’auteur ne s’en est-il pas servi? Enfinaurait-il pu dire ces paroles, viii, ’13: «En disant: unealliance nouvelle, il a déclaré la première ancienne. Or,ce qui est ancien, ce qui a vieilli, est près de sa fin,èyYÙç àçovidiioO.» Cette minutie de détails dans laquelleentre l’auteur sur le sanctuaire et son culte, ix, 1-9, etses comparaisons avec le ministère de Jésus, ix, 11-14,et les exhortations à ne pas retourner à ces imagesmortes, mélangées à cette argumentation, ix-x, prouventtpie l’auteur compare deux alliances actuellementexistantes et qu’il craint que ses lecteurs ne fassentdéfection et ne retournent à l’ancien culte, ce qui établitson existence. Enfin, l’attente prochaine du Seigneur,qui se retrouve en plusieurs passages et qui était jointepar les premiers chrétiens à. la prédiction de la ruinede Jérusalem, prouve que, cette ville existait encore, àmoins qu’on ne veuille supposer que l’on croyait à laprochaine arrivée du Seigneur, parce que la premièrepartie de la prédiction, la ruine de Jérusalem, avait eulieu. H semble cependant que s’il en avait été ainsi, l’auteurl’aurait dit. Enfin, si nous admettons que l’Épître a été écrite aux Juifs de Jérusalem, elle n’a pu l’êtrequ’après la mort de saint Jacques, car, xiii, 17, il est dit: «Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte.» On peut supposer qu’après la mort de saint Jacques (an 62) les presbytres de Jérusalemexercèrent l’autorité, mais que ce ne fut pas sans difficulté, Eusèbe, H. E., ii, 22, t. xx, col. 380, ce qui expliquerait l’exhortation ci-dessus citée. L’Épître a dû être écrite avant le commencement de la guerre juive, puisqu’il n’en est nulle part question; peu de temps auparavant, car le temps des persécutions, xii, 4-5, et des promesses, x, 36-37, paraît s’avancer; ils voient s’approcherle jour, x, 25. Ce serait donc entre 63-66 qu’il faudrait fixer la date de l’Épître.

2° Malgré ces arguments, des critiques d’esprit modéré,parmi lesquels nous citerons Zahn, Einl. in das N. T., t. ii, p. 140, ont cru que l’Épître aux Hébreux avait été écrite après 70. Voici les arguments mis en avant. Divers passages, ii, 3, 4; v, 12; x, 32, montrent que les lecteurs appartiennent à la génération post-apostolique. L’auteur connaît les Épîtres de saint Paul, de saint Pierre et de saint Jacques, les écrits de saint Luc et l’Apocalypse. Il parle de l’alliance mosaïque comme d’une ancienne alliance, IX, 1, qui avait un culte, par conséquent ne l’avait plus. L’argument tiré des allusions au culte lévitique prouve nettement que le temple n’existait plus, puisque constamment l’auteur, au lieu de parler du temple et du culte, qu’on y rendait à Dieu, parle du tabernacle, de ce qu’il contenait, du culte qui avait le tabernacle pour centre, ce qu’il n’aurait pas fait si le temple avait été encore debout et si le culte y eût été encore en exercice. De plus, en supposant que l’auteur ait voulu parler ici du temple, il pouvait le faire, même après qu’il avait été détruit, car pour un écrivain juif le temple, préexistant avant sa construction sur la terre, existait encore après sa destruction temporaire. La preuve qu’il a pu parler du temple et des cérémonies du temple au présent, c’est-à-dire comme existant encore, c’est que d’autres auteurs écrivant certainement après la destruction du temple ont écrit aussi comme si le temple existait encore. Clément Romain, 1 Cor., 41, 2, t. i, col. 289, Οὑ πανταχοῦ, ἀδελφοί, προσφέρονται θυσίαι ἐνδελεχισμοῦ ἥ εὐχῶν, ἀλλ' ἥ ἐν Ἱερουσαλὴμ μόνη. «Ce n’est pas en tout lieu qu’on offre des sacrifices perpétuels ou votifs, mais à Jérusalem seulement.» Cf. Barnabé, Epist. , vii-ix, t. ii, col. 744-748; Epist. ad Diognet., 3, t. ii, col. 1172; Justin, Dialog., 117, t. vi, col. 745. Nous-mêmes, nous nous servons constamment du présent pour raconter un événement passé; c’est ce qu’on appelle le présent historique. — Ces arguments, ne sont pas décisifs. Les textes allégués prouvent que les lecteurs n’étaient pas disciples immédiats du Seigneur, mais n’obligent pas à dépasser l’an 64-70, comme date de l’Épitre. Les rapports entre l’Épître aux Hébreux et les écrits du Nouveau Testament, seront discutés plus tard; ils ne nécessitent pas en tout cas l’hypothèse d’un emprunt direct. Le contexte explique le passage ix, 1. Le temple de Jérusalem n’est pas nommé, mais seulement le tabernacle; c’est vrai, mais remarquons que, si le temple n’est pas nommé, il est dans la pensée de l’auteur; c’est de lui qu’il parle, quand il dit, IX, 6-7: «Les prêtres officiants entrent constamment dans la première enceinte, tandis que dans la seconde le grand-prêtre seul entre une fois par an avec du sang qu’il offre pour lui-même et pour les péchés du peuple.» Cf. ix, 22, 25; v, 1-3. Les passages x, 1-3, et x, 11, s’appliquent évidemment au temple. Qu’en d’autres endroits l’auteur parle du tabernacle au lieu du temple, cela s’explique par son procédé d’allégorisation et de dialectique. Il voulait décrire l’ancien culte. Pour cela il a simplement reproduit les textes où il en était question. Or ces textes mentionnent le tabernacle et non le temple. Notre auteur ne s’est pas cru autorisé à modifier les textes; il les a reproduits tels qu’il les trouvait. Quant à l’emploi du présent pour raconter les événements passés, nous n’en contestons pas la possibilité, mais l’argument prouve seulement que l’auteur aurait pu parler ainsi, même après la destruction du temple. Il ne prouve pas que letemple n’existait plus.

IV. Lieu de composition. — On n’a sur ce point aucune donnée positive. La seule qui pourrait être une indication est le passage, xiii, 24, ἀσπάζονται ὑμᾶς οἱ ἀπὸ τῆς Ἰταλίας. Si ἀπὸ a ici le sens de ἔξ, comme il l’a, en effet, dans quelques passages, Act., x, 23, τῶν ἀπὸ τῆς Ἰόππης; XVII, 13, oi ἀπὸ τῆς Θεσσαλονίκη; Ἰουδαῖοι, etc., l’Épître a été écrite en Italie. Ceux d’Italie les saluent. Cependant la signification régulière de ἀπὸ est «venant de». Dans ce cas, l’auteur envoie à ses lecteurs les salutations des chrétiens venant d’Italie et étant avec lui. En quel endroit? nous l’ignorons. Quelques manuscrits A, P, 47, ont en souscription: ἀπὸ ρωμης; d’autres, K, 109, 113, etc., ἀπὸ Ἰταλίας; mais ces souscriptions sont relativement récentes et n’ont aucun caractère d’authenticité. Elles sont tirées des paroles mêmes de l’Épître. Nous devons mentionner une hypothèse ingénieuse qui a été faite sur la date et le lieu de composition de l’Épître aux Hébreux par Lewis, dans The Thinker, septembre 1893, et qui a été reprise et fortifiée par Ramsay dans The Expositor, juin 1899. La voici en bref. L’Épître aux Hébreux a été achevée à Césarée de Palestine, en avril ou mai. 59, vers la fin du gouvernement de Félix. Il y est parlé de questions qui avaient été souvent discutées entre Paul et les chefs de l’Église de Césarée pendant l’emprisonnement de l’Apôtre dans cette ville; le résultat en est consigné dans cette Épître, qui fut la lettre de l’Église de cette ville au parti juif de l’Église de Jérusalem. L’écrivaina été Philippe le Diacre. Le but était de placer leslecteurs juifs sur un nouveau terrain d’idées, d’après lesquelles ils pourraient mieux comprendre les doctrinesde Paul et son œuvre. Ainsi, on réconcilierait les Juifsintransigeants avec les partisans de Paul, non en essayantde leur expliquer les doctrines pauliniennes, mais enconduisant les judéo-chrétiens sur une nouvelle ligned’idées qui les amènerait à des conceptions plus élevées.Le projet de composer une telle lettre avait été discutéd’abord avec Paul, puis celle-ci lui avait été soumise etil y avait ajouté les derniers versets. La lettre étant collective n’avait pas reçu la suscription ordinaire. — Cette hypothèse expliquerait bien la tradition orientale qui, tout en reconnaissant que le style et la langue de cette lettre ne sont pas de saint Paul, néanmoins rattachait celle-ci à l’Apôtre. Elle rendrait compte aussi de ce fait que les doctrines sont présentées sous un autre aspect que dans saint Paul, et cependant en plusieurs points se rattachent aux enseignements des Épîtres pauliniennes. Malheureusement aucun texte n’appuie cette hypothèse.

V. Auteur de l’Épître aux Hébreux. — La questiond’authenticité ne se pose pas pour l’Épître aux Hébreuxde la même façon que pour les autres livres du NouveauTestament; car, ainsi que nous le verrons, la traditionn’a pas été, dès l’abord, fixée sur le nom de l’auteur; il y a eu, dès l’origine, sur ce nom, désaccord ou ignorance et, de nos jours encore, les critiques sont divisés. Outre ceux qui, comme Origène, concluent que Dieu seul connaît celui qui a écrit cette Épître, les uns l’attribuent à saint Paul, d’autres à saint Barnabé, à saint Pierre, à saint Luc, à Silas, à Apollon, à saint Clément Romain. Étant donné cette variété d’opinions, nousdevrons tout d’abord établir les faits, c’est-à-dire:1° suivre l’histoire de l’Épître dans la littérature chrétienne; 2° étudier l’Épître en elle-même, pour en faire ressortir les particularités linguistiques, historiques et doctrinales. De ces deux études ressortiront les conditions auxquelles doit satisfaire toute hypothèse sur le nom de l’auteur. I. Histoire de l'épître aux Hébreux. — Nous allonssuivre les traces que l’Épître aux Hébreux a laissées dansles premiers écrits chrétiens, fixer ce qu’on pensait del’auteur et de la valeur de cette Épître comme Écriture,par conséquent, tout en étudiant son histoire, établir, àun certain degré, la canonicité. Comme l’histoire del’Épître aux Hébreux s’est poursuivie, au commencement,indépendante en Orient et en Occident, sans qu’une tradition influe tout d’abord visiblement l’une sur l’autre, nous étudierons séparément les deux traditions, jusqu’au jour où elles se confondent.

Tradition orientale.

Les allusions et les rapprochements qu’on a signalés avec les passages de l’Épître aux Hébreux dans les Pères orientaux des deux premiers siècles sont, en général, peu concluants. On pourra remarquer dans l’Épître de Barnabé, v, 1, t. ii, col. 734, 8 èfftiv èv tô) pavut’op-aii «Otoû toû aîjiaToi; = Heb., xii, 24, xa aî’jiaTt pavrtffjioO. — Comme l’Épître aux Hébreux, Poiycarpe, xil, 1, t. v, col. 101, appelle le Christ: grand-prêtre, sempiternus Pontifex; Justin, Apol. I, 12, t. vi,col. 345, parle aussi du Christ comme apôtre. Or, c’estdans l’Épître aux Hébreux seulement que le Christ estappelé grand-prêtre, iv, 14, et apôtre, iii, 1. Saint Justin,disant, Dial., 113, t. VI, col. 737: Oû-nS; icrriv h xatàtt|v xiiÇiv MeX^ioeSèx PaaiXsù; EaMiix xa aiwvtoç îepeùçGiI/iotou ûitâp/wv se rapproche de Heb., v, 9, 10; vi, 20;vu, 12. — Le premier témoignage certain que nous rencontronsest celui de Pantène, chef de l’école catéchétiqued’Alexandrie, à la fin du IIe siècle, et c’est de lui queClément d’Alexandrie tenait ses renseignements sur cetteÉpître. Voici ce que rapporte Eusèbe, H. E., VI, 14, t. xx, col. 549 et552: «Clément dit dans ses Hypotyposes, t. ix, col. 748, que l’Épître aux Hébreux est l’œuvre de Paul et qu’elle a été écrite aux Hébreux en langue hébraïque.Luc l’a traduite avec soin et publiée pour les Grecs, cequi explique la ressemblance de style dans cette lettre etdans les Actes.» Mais il explique que ces mots: Paull’apôtre, n’ont pas été mis en tête, parce que l’Apôtre,écrivant aux Hébreux, qui le tenaient en suspicion, n’apas voulu dès l’abord les choquer en voyant son nom.Et il ajoute: «Mais maintenant, ainsi que le dit le bienheureuxprêtre, Pantène, puisque le Seigneur, étantl’apôtre du Tout-Puissant, a été envoyé aux Hébreux,Paul, envoyé aux Gentils, n’a pas voulu par respect pourle Seigneur s’inscrire comme apôtre des Hébreux, parcequ’étant apôtre des Gentils il a écrit aux Hébreux de sasurabondance.» Dans les Stromates, VI, 8, t. IX, col. 284,Clément d’Alexandrie cite un passage de l’Épître auxHébreux, v, 12, comme ayant été écrit par Paul auxHébreux. — Le témoignage d’Origène est encore pluscaractéristique; il est donné par Eusèbe, H. E-, vi, 25,t. xx, col. 584, comme un extrait des homélies d’Origène,t. xiv, col. 1309: «Comme caractéristique le style de l’Épître aux Hébreux n’a pas la vulgarité de parole de celui de l’Apôtre, qui reconnaît lui-même qu’il est vulgaire dans son langage, c’est-à-dire dans sa phrase; la diction de l’Épître est d’un grec plus pur, et quiconque a le pouvoir de discerner la phraséologie d’un auteur le reconnaîtra. En outre, que les pensées en soient admirables et qu’elles ne soient inférieures en rien aux écrits reconnus comme apostoliques, c’est ce que croira tout homme qui examine soigneusement les écrits apostoliques. Si je donnais mon opinion, je dirais que lespensées, voiîp.aTa, sont de l’Apôtre, mais que la langue etla disposition des pensées sont de quelqu’un qui s’estsouvenu des enseignements apostoliques. Par conséquent,si quelque Église regarde cette Épître commede Paul, qu’elle soit approuvée même pour cela. Car ces’est pas sans raison que les anciens nous l’ont transmisecomme étant de Paul. Mais quel est celui qui a- écrit l’Épître, tî; Si i Ypàifiac-crv sitkjtoXtiv, Dieu sait lavérité. La tradition est venue jusqu’à nous qui rapporteque Clément, l’évêque des Romains, a écrit l’Épître;

d’autres disent que c’est Luc, celui qui a écrit l’Évangile et les Actes.» Ce jugement paraît être celui qui résume le mieux la pensée d’Origène sur la question, sa pensée plus mûrie; c’est une sorte de jugement critique, car dans ses autres ouvrages nous trouvons des affirmations plus catégoriques sur l’origine paulinienne de cet écrit. Dans son Épître à Africanus, 9, t. xi, col. 65, il se déclare prêt à démontrer contre ceux qui le nient que l’Épître est de Paul; In Num. Honi., iii, 3, t. xii, col. 596,il la cite, comme étant de Paul, ainsi que dans plusieursautres passages, où il dit cependant que ce n’est pasl’opinion de tous. La question est de préciser ce qu’avoulu dire Origène. L’écrivain était-il pour lui un simplescribe? C’est peu probable. Il affirme d’abord que l’Épître diffère des autres pour la langue et la disposition du sujet, ensuite que les pensées sont de Paul; c’est donc qu’un disciple de l’Apôtre a composé l’Épître, en utilisant les pensées de son maître; mais tout le reste, langue et raisonnement, est de lui. On remarquera que la critique catholique en est encore aujourd’hui au même point sur l’authenticité paulinienne de l’Épître. — Les écrivains de l’Église d’Alexandrie, saint Denys, Ep. ad Fab., 2, t. x,col. 1297, saint Pierre d’Alexandrie, Ep. can., 9, t. xviii,col. 485, saint Alexandre, De Ariana hmr. ep., 1-2,t. xviii, col. 557, 565, 575, saint Athanase, Serm. cont.Arian., ii, 1, 6, t. xxv, col. 148, 153, Didyme, De Trin.,i, 15, t. xxxix, col. 317, 320, saint Cyrille, Thés, de Trin.Ass., 4-7, t. lxxv, col. 37, 40, regardèrent tous cetteÉpître comme étant de saint Paul. Euthalius, Ep. Paul.Arg., t. lxxxv, col. 776, rappelle les anciens doutes,mais y répond par les raisons déjà alléguées par Clémentd’Alexandrie et Origène. On la trouve au dixièmerang dans la Synopse du Pseudo-Athanase, t. xxviii,col. 484. Saint Cyrille de Jérusalem, Cat., t. xxxiii,col. 684, 912, 992, l’attribue aussi à saint Paul. SaintÉpiphane, Hser. xlii, 12, t. xli, col. 812, ne connaît aucunmanuscrit qui ne la possède tantôt au dixième, tantôtau quatorzième rang. En 264, les Pères du conciled’Antioche se servent contre Paul de Samosate de cetteÉpître comme étant de saint Paul. Mansi, Coll. Conc,t, i, p. 1038. Saint Jean Chrysostome, In Heb., t. lxiii,col. 10, Théodore de Mopsueste, In Heb., t. lxyl,col. 952, et Théodoret, In Heb. Arg., t. lxxxii, col. 673,l’acceptent aussi comme de saint Paul. Théodoret mêmeIn Heb. Arg., t. lxxxii, col. 673, affirme que ceux quila repoussent comme supposée sont travaillés du morbusarianicus. La version syriaque, les Pères syrienset cappadociens reçoivent de même cette Épître commepaulinienne. — Eusèbe de Césarée résume bien ces diversestraditions. On sait qu’il s’est occupé à diversesreprises, dans son Histoire ecclésiastique, de rapporterles témoignages des Églises sur les livres du NouveauTestament, de les caractériser et de les partager en diversescatégories. Or, H. E., ii, 17, t. xx, col. 180, il affirme que l’Épître aux Hébreux est de Paul; iii, 3, t. xx, col. 217, il dit qu’il y a quatorze Épîtres de Paul reconnueset non disputées. Dans sa Démonstration évangélique,t. xxii, col. 300, 317, etc., il est tout aussi catégorique. Cependant il faut mentionner que quelques-uns, dit-il, ont rejeté l’Épître aux Hébreux sous prétextequ’elle était discutée par l’Église de Rome, parce qu’ellen’avait pas été écrite par Paul. Il dit, iii, 3, t. xx, col. 217, que Paul a écrit aux Hébreux dans leur propre langue, mais que Clément plutôt que Luc a traduit la lettre; vi, 14, t. xx, col. 350, il range l’Épître aux Hébreux parmi les livres discutés, àvTiXsyrfjjLsvat ypaçat’. En résumé Eusèbe tient l’Épître aux Hébreux pour canonique et par conséquent comme étant d’origine apostolique et de saint Paul. — En fait donc, l’Église d’Orient, vers la fin du iie siècle, regardait l’Épître aux Hébreux commeun livre d’origine apostolique, par conséquent commecanonique. Probablement on la possédait dans la collectiond’écrits canoniques à la suite des Épîtres de Paul, ce qui a conduit à la rattacher à saint Paul. Toutefois,par scrupule littéraire on n’a pas regardé le texte greccomme étant de l’Apôtre. Les divergences sur le nom del’écrivain prouvent qu’on ne possédait aucune traditionoriginale et que l’on faisait des conjectures. Peu à peula question s’est simplifiée et, sous l’influence de la traditionalexandrine, on a accepté sans réstriction l’Épîtrecomme paulinienne. Il n’en fut pas de même tout d’aborden Occident.

Tradition occidentale.

Le jugement de l’Égliselatine sur l’Épître aux Hébreux est résumé en ces termespar saint Jérôme, dans son De Vir. ill., 59, t. xxiii,col. 669: Sed et apud Romanos usque hodie quasi Pauli apostali non habetur. — Parmi les Pères apostoliques,Clément Romain a certainement connu l’Épîtreaux Hébreux. Le témoignage d’Eusèbe, H. E., iii, 38,t. xx, col. 293, est très important à ce sujet. «. Dans cetteÉpître, dit-il (la première aux Corinthiens), il donne denombreuses pensées tirées de l’Épître aux Hébreux etaussi cite verbalement quelques-unes de ses expressions,montrant ainsi pleinement que ce n’était pas une productionrécente. Quelques-uns ont cru que Clément avaittraduit cette Épître de l’hébreu. Cela semble probable,parce que, entre l’Épître de Clément et celle aux Hébreux,il y a ressemblance de style et de pensées.» La mêmetradition est affirmée par saint Jérôme, De vir. ill., 15,t. xxiii, col. 663. — Funk a relevé 26 passages de la premièreÉpître Clémentine qui rappellent plus ou moinsl’Épître aux Hébreux; Holtzmann dit 47, mais ne les citepas. Il n’y a aucune citation textuelle d’un passage entier,mais beaucoup d’expressions semblables. Les penséesque développe Clément Romain se rapprochent tellementde celles de l’Épître aux Hébreux, qu’il a dû en avoir letexte sous les yeux ou la posséder très bien de mémoire.On remarquera que les pensées des c. viii, IX, xii, t. i,col. 225, 228, de Clément Romain et les exemples àl’appui correspondent à celles de l’Épître aux Hébreux.Les exemples cités sont les mêmes mais en ordre inverse.Cf. Clément Romain, xvii, t. i, col. 241, avec Heb., xi, 32, xii, 3. Le passage de Clément Romain, xxxvi, 2, t. i, col. 281: Ὂς ὢν ἀπαύγασμα τῆς μεγαλωσύνης αὐτοῦ, τοσούτῳ μείζων ἐστίν ἀγγέλων, ὅσῳ διαφορώτερον ὄνομα κεκληρόνομηκεν. Γέγραπται γὰρ οὕτως: Ὁ ποιῶν τοὺς ἀγγέλους, etc., se rapproche beaucoup de Heb., i, 3, 5, 7, 13. On y trouve les mêmes citations de l’Ancien Testament. Cf. encore: Clément Romain, ix, 2, 3, t. i,col. 228 = Heb., xii, 1, 2; xi, 5. Clément Romain, x, 1,t. i, col. 228= Heb., xi, 7, 8, 9. Clément Romain, xvii,5, t. i, col. 245= Heb., iii, 2; Clément Romain, ix, 2,t. i, col. 228 = Heb., xi, 7. Pour la comparaison destextes, voir Charteris, Canonicity, p. 272. — Les ressemblancesqu’on a signalées entre l’Épître aux Hébreux etle Pasteur d’Hermas sont très vagues. Aucun écrivainde l’Église romaine avant le ivesiècle, en dehors desaint Clément, ne paraît avoir connu cet écrit. Marcionne l’a pas inséré dans son Apostolicon. Le canon deMuratori, fin du iiesiècle, ne le mentionne pas et semblel’exclure, puisqu’il est dit que saint Paul écrivit à septÉglises, à moins qu’on n’adopte l’hypothèse des critiquesqui, l’identifient avec l’Épître cataloguée: Ad Alexandrinos: Fertur etiam ad Laudicenses, alia ad Alexandrinos Pauli nomine finctæ ad heresem Marcionis. Cettehypothèse paraît peu probable, car l’Épître aux Hébreuxne porte pas le nom de Paul et ne professe en rien leserreurs de Marcion. L’Épître aux Hébreux ne figure pasnon plus dans le Catalogus Claromontanus. Cependant,elle n’était pas inconnue à Rome, puisque, d’après saintÉpiphane, Hær., lv, 1, t. xli, col. 972, les Melchisédéciens,qui avaient pour chef le banquier Théodote deRome, vers le commencement du iiiesiècle, s’appuyaientsur l’Épître aux Hébreux pour dire que Melchisédechest sans père ni mère. Eusèbe, H. E., v, 26, t. xx,col. 509, nous dit que, dans un livre de dissertations diverses ou sermons qu’il a connu, Irénée nomme l’Épîtreaux Hébreux et en cite des passages. Par contre, EtienneGobaros, dans Photius, Bibl., Codex ccxxxii, t. ciii,col. 1104, dit qu’Hippolyte et saint Irénée affirment quel’Épître aux Hébreux n’est pas de Paul. Nous n’avonsdans les écrits que nous possédons de saint Irénée aucunecitation de l’Épître aux Hébreux ou même de rapprochementsà signaler. Or saint Irénée, dans son livre sur leshérésies, a cité toutes les autres Épîtres de saint Paul, àl’exception de celle à Philémon. Cependant, qu’il aitconnu et étudié l’Epître aux Hébreux et s’en soit imprégné,cela paraît probable; Zahn, Gesch. des neutest. Kan., i, p. 298, note 2, en donne la preuve, en citantde nombreux passages de saint Irénée, qui rappellentl’Épître aux Hébreux. Eusèbe, H. E., vi, 20, t. xx, col. 573,nous apprend que dans son dialogue avec le montanisteProclus, Caïus, prêtre de Rome, qui vivait au temps deZéphirin, au commencement du iiiesiècle, «mentionnaitseulement treize Épîtres de Paul, ne comptant pas l’Épîtreaux Hébreux parmi les autres. Et jusqu’à nos jours il yen a parmi les Romains, Ρωμαῖοι, qui ne la regardentpas comme une œuvre de l’Apôtre.» Par Ρωμαῖοι Eusèbene désigne pas seulement les chrétiens de Rome, maisles Latins. Rufin l’a traduit par apud Latinos — Laposition de l’Église d’Afrique à l’égard de l’Épître auxHébreux est à peu près identique. Encore jusqu’à la findu ivesiècle, tout en possédant un canon plus completque celui de toutes les Églises d’Occident, elle ne reconnaissaitque treize Épîtres de saint Paul. Optât de Milèveet tous les actes contre les Donatistes ne s’appuient jamaissur cette Épître. Saint Cyprien, et tous ceux dont on lui aattribué les écrits, ne citent jamais l’Épître aux Hébreux;il paraît l’exclure quand il dit que Paul écrivit à septÉglises. De exhort. mart., ii, t. iv, col. 668. Cette abstentions’explique par l’opinion que l’on avait en Afrique surcette Épître; Tertullien nous la fait connaître. Dans sontraité De padieilia, 20, t. ii, col. 1021, après avoir citéen faveur de sa thèse l’Ancien Testament, les Évangileset tout l’ordre de bataille des Épîtres de Paul, l’Apocalypse,la première Épître de Jean, il ajoute: Volo tamen ex redundantia alicujus etiam comitis apostolorum testimonium superducere. Exstat enim et Bamabæ titulus ad Hebræos. Et utique receptior apud Ecclesias epistola Barnabæ illo apocrypho Pastore miechorum; et ilcite le chapitre vi, 1 et 4-8, et il ajoute: Hoc qui ab apostolisdidicit et eum apostolis docuit nunquam mœcho et fornicatori secundam pœnitentiam promissam ab Apostolis norat. Optime enim legem interpretabatur et figuras ejus jani in ipsa veritate servabat. Ces derniers motsprouvent bien qu’il s’agit de notre Épître. On remarqueracependant que Novatien, qui enseignait qu’il n’yavait pas de deuxième pénitence pour les Lapsi, ne s’estpas servi de cette Épître pour établir son hérésie. Dansla controverse qui s’éleva au sujet des Lapsi, personnene la cita, ce qui serait bien étonnant si on l’avaitregardée comme paulinienne ou même canonique. —La vieille version latine est probablement originaired’Afrique, dans sa forme la plus ancienne. Or on remarqueque dans le Codex Claromontanus, qui représentele texte le plus primitif de cette version, la traductionde l’Épître est criblée de particularités de langageet d’inexactitudes. Le traducteur emploie des mots inusités,il adapte le latin à la forme grecque, il paraphrase,il méconnaît le sens; bref, cette traduction n’est pas dela même main que celle des autres livres du NouveauTestament et n’a pas subi la revision qui adaptait lesautres livres à l’usage public, corrections grammaticalesou littéraires. Il ressort de la stichométrie de ce Codexqu’il attribuait cette Épître à saint Barnabé. On retrouvela même attribution dans la dixième homélie attribuée àOrigène, dans la Revue biblique, 1899, p. 278. Sa position,en face des autres livres du Nouveau Testament, étaitdonc spéciale. À la suite du grand mouvement que soule

vèrent les hérésies ariennes dans l'Église, l’influenceorientale se fit sentir en Occident et nous voyons dans lesécrivains latins cet état d’indécision au sujet de l'Épîtreaux Hébreux se résoudre au Ve siècle par son admissionparmi les Épîtres de saint Paul. Saint Jérôme nous ditquelle était au rve siècle l’opinion de l'Église latine.Comm. in Matth., xxvi, 8, t. xxvi, col. 192: Nam etPaulus in Epistola sua quæ inscribitur ad Hebrseos licetde eamulti Latinorutn dubitent. Et Ep. cxxix, ad Dixrdan., t. xxii, col. 1103: Quod si eam Latinorum consuetudo non recipit inter canonicas Scripturas et tamennos utramque suscepimus nequaquam hujus temporisconsuetudinem, sed veteram Scriptorum auctoritatemsequentes. Il semble donc que, sur ce point, saintJérôme se sépare de la tradition latine pour suivre uneautre tradition ancienne, probablement celle d’Alexandrie. Mais il n’y a pas, dans ses écrits, unité de vuessur la question. Il parle de l'Épître comme étant desaint Paul, sans faire aucune réserve, In Is., v, 24, vii, 14,t. xxiv, col. 202; puis il dit: «l’apôtre Paul ou qui queCe soit qui a écrit PÉpltre,» ou bien: beaucoup deLatins doutent. In Matth., 26, t. xxvi, col. 199. Cependant l'Épître est utilisée comme paulinienne par saintHilaire de Poitiers, De Trin., iv, 11, t. x, col. 104;Lucifer, De non conveniendo cwnx hssreticis, t. xiii,col. 782; Victorinus Afer, Pacianus, Faustinus, DeTrin., 2, t. xiii, col. 61; Ambroise, De fuga ssec., 16,t. XIV, col. 557; Pelage; Rufin, Symbol. Apost., 37,t. xxi, col. 374, etc. On ne la trouve pas commentéedans YAnibrosiaster. Philastre, évêque de Brescia, à lafin du IVe siècle, dit qu’elle n'était pas lue dans leséglises; Hser., 88, t. xii, col. 1199, ou du moins qu’elle nel'était que dans quelques églises seulement. Ibid., 89, t. xii,col. 1200. En somme, il hésite; il ne sait pas à qui ildoit attribuer cette Épître: Sunt alii quoque qui Epistolam Pauli ad Hebrseos non asserunt esse ipsius, seddicunt Barnabx apostoli aut démentis de Urbe Episcopi. Alii autem Lucse Evangelistse. La liste du CodexMommseianus, écrit en Afrique, à la fin du IVe siècle,mentionne seulement treize Epîtres de Paul. Saint Augustin était aussi assez incertain sur l’auteur de l'Épîtreaux Hébreux. Dans son Inchoatio Exposit. Ep. adRomanos, p. 11, t. xxxv, col. 2103, il laisse incertainela question de canonicité. Il savait bien qu’elle n'étaitpas reçue en Occident, mais il accepte l’autorité desÉglises orientales: ilagis me movet auctoritas Ecclesiarum orientalium quæ hanc Epistolam etiam incanonicis habent. De pecc. meritis et remis., i, 27, 50,^. xli, col. 500. Ordinairement, il s’en sert comme d’uneÉpître de saint Paul. Cette indécision sur l’auteur del’Epître se montre clairement dans les décrets des conciles d’Afrique de cette époque, et l’on voit la transitionse faire entre une opinion et l’autre, probablement à lasuite de discussions entre les membres du concile. Dansles conciles d’Hippone, en 393, et de Carthage en 397, sontdéclarées canoniques: Pauli Apostoli Epistolse tredecim;ejusdem ad Hebrseos una. Le deuxième de Carthage,419, n’hésite plus et dit: Epistolse Pauli apostoli quatuordecim. Mansi, Concil., t. iii, p. 891; t. iv, p. 430. Enfévrier 405, le pape Innocent I er, écrivant à Exupère, évêquede Toulouse (Pair, lat., t. xx, col. 502), qui lui demandait quels livres il fallait tenir pour canoniques, dressele canon du Nouveau Testament et y mentionne quatorze'Épitresde Paul. Le décret du pape Gélase est conforme àcette lettre, t. xlix, col. 158. C'était donc à ce moment larègle pour l'Église latine. En 360-370, l’authenticité paulinienne avait été officiellement décrétée au concile deLaodicée. Par suite des rapports plus fréquents entre lesEglises d’Orient et d’Occident, le mélange des traditionss’est donc opéré et, au commencement du ve siècle, tousacceptaient sans réserve la canonicité et l’authenticitépaulinienne de l'Épître aux Hébreux. Au moyen âge,personne n’hésite sur ces deux questions. C’est au

xvie siècle gue les doutes renaissent avec le cardinalCajetan et Érasme. Ce dernier en émet sur l’auteur etsur l’attribution à saint Paul. Cajetan, Comm. inEpist. Pauli, ad Hebrseos, Lyon, 1639, t. v, p. 349,cite saint Jérôme et conclut que l'Épître aux Hébreuxne peut être de Paul. Il va plus loin et affirme que ledoute sur l’authenticité entraîne le doute sur son autorité canonique. Nisi Pauli esset Epistola non perspicuam esse ejus canonicitatem. C’est une erreur, car lacanonicité n’est pas liée à l’authenticité. En effet, lacanonicité de l'Épître aux Hébreux a été formellementreconnue par le concile de Trente, lorsqu’il déclaredans le canon des livres qu’il faut tenir pour sacréset canoniques quatorze Épîtres de Paul apôtre, auxRomains…, aux Hébreux, etc. Remarquons que ce décretporte directement sur la canonicité seule. L’origine paulinienne de l'Épître n’est pas définie, quoique le décretporte: quatorze Épîtres de Paul, parmi lesquelles l'Épîtreaux Hébreux. Que les Pères du concile aient cru que cetteÉpître était de saint Paul, cela est certain; ils n’ont pasmême eu sur ce point les doutes qu’ils ont eus sur l’origine davidique des Psaumes et qu’ils ont exprimés par laformule plus générale de Psalterium Davidicum au lieude Psalmi David. Aussi Melchior Cano a-t-il pu dire,De lotis theolog., ii, 11: Quam hæreticum sit eamEpistolam a Scripturis sacris excludere, certe temerarium est (ne quid amplius dicamus) de ejus auctoredubitare quem Paulum fuisse certissimis testimoniisconstat. Toutefois, comme les définitions de l'Église nedoivent pas être interprétées, mais acceptées dans leursens strict, nous devons conclure que la question d’auteur reste ouverte à un certain degré. Le terme- «auteur» peut, d’ailleurs, être entendu dans un sens large ourestreint.

Les réformateurs, Luther en tête, rejetèrent l’originepaulinienne; cependant, au xvii» et au xviiie siècles lesprotestants la reconnurent de nouveau. De nos jours,tous les rationalistes et la très grande majorité des protestants ne l’acceptent plus, Biesenthal et Kay exceptés.Les critiques catholiques croient en majorité qu’elle aeu Paul pour auteur, mais donnent à ce terme un sensplus ou moins large, depuis ceux qui tiennent l'Épîtrepour une traduction d’un original hébreu écrit par saintPaul, ou qui attribuent à un secrétaire seulement laforme du langage, jusqu'à ceux qui l’attribuent à undisciple de culture alexandrine, reproduisant librementles pensées de son maître. C’est à peu près l’opinion deM. Batiffol, Littérature grecque, in-12, Paris, 1897,p. 10. On dira plus loin à quel écrivain chacun attribuecette Épître.

il. caractéristiques internes. — La tradition primitive est, on vient de le voir, ou muette ou indécisesur le nom de l’auteur de l'Épître aux Hébreux. Quelques noms ont été mis en avant, plutôt comme des conjectures critiques que comme transmis par la tradition; enfin saint Paul a fini par être déclaré l’auteur decette Épître. Toutefois, on peut croire que c’est dans unsens large que l'Épître lui a été attribuée. L'étude descaractères internes va nous montrer à quel degré onpeut maintenir cette tradition postérieure. Après avoirétudié la langue, les particularités historiques et la doctrine de l'Épître, surtout en comparaison avec saint Paul.les rapports de notre Épître avec les autres écrits duNouveau Testament et l’Alexandrin Philon, nous résumerons les caractères que doit présenter l'écrivain etnous dirons quelques mots sur les auteurs proposés.

1° Langue de l'Épître. — Avant d’aborder l'étude dela langue, il faut d’abord nous demander si le textegrec, que nous avons, est l’original, ou s’il n’est qu’unetraduction d’un original hébreu. Nous avons déjà vuque Clément d’Alexandrie, frappé de la différence delangue entre l'Épître aux Hébreux et les autres Épîtresde saint Paul, affirmait que l’Apôtre l’avait écrite aux

Hébreux en langue hébraïque, et que Luc l’avait traduite.C’était une conjecture critique et non une tradition;la preuve, c’est qu’Origène proposa une autre solutiondu problème. Eusèbe, H. E., iii, 38, t. xx, col. 293,dit aussi que PÉpitre aux Hébreux a été écrite enhébreu et que la traduction en est attribuée par les unsà Luc, par les autres à Clément. Un certain nombre dePères et d’écrivains ecclésiastiques ont accepté cettehypothèse: Théodoret, Euthalius, saint Jérôme, Primasius,saint Jean Damascène, Œcuménius, Théophylacte,Cosmas Indicopleustes. Grâce à saint Jérôme, ellefut adoptée par d’autres en Occident: Baban Maur,saint Thomas. Scripserat Paulus, dit saint Jérôme,De Vir. ill., 5, t. xxiii, col. 618, ut Hebrseus Hebrmishebraice, id est suo eloquio disertissime ut ea qu&eloquenter scripta fuerunt in hebrseo eloquentius verterenturin grsscum et hanc causant esse quod a cxterisPauli Epistolis discrepare videatur. Ce n’est encorequ’une conjecture. En fait, nous n’avons aucune tracedocumentaire d’un original hébreu de l’Épltre. Personnene dit l’avoir vu et toutes les versions anciennes,syriaques, coptes, arméniennes, ont été faites sur legrec. Plus récemment, nous trouvons cette hypothèse,acceptée par Cornélius à Lapide, Noël Alexandre, Goldhagenet, de nos jours, par un certain nombre de critiquesprotestants et, parmi les catholiques, par Reith" mayr, Valroger, Bacuez. Les arguments sur lesquels ons’appuie ont été donnés par Michaélis: 1. Il y a plusieurscitations de l’Ancien Testament, qui n’ont aucuneforce probante, si l’on s’en tient aux Septante, et en ont,si l’on adopte le texte hébreu. Heb., xi, 21; i, 7; ix, 11,23-24. — 2. Il y a dans l’Épître plusieurs passages difficilesà expliquer, parce que le traducteur a mal traduit,i, 2-11, 1, 9; iii, 3, 4, 5, etc. Berthold a répondu à cetteargumentation. Pour nous, tenons-nous-en à l’expositionpositive qui suffira pour prouver que le texte grec estbien l’original. L’étude de la langue prouve nettementque l’Épître a été écrite en grec. — 1° La puretéet l’élégance de la langue établibsent que nous avons iciune œuvre originale et non une traduction. Il suffit dese reporter à une traduction grecque d’un texte hébreupour voir la différence: le mouvement de la phrase, laconstruction, l’agencement des propositions n’a rien degrec; c’est de l’hébreu sous un vêtement grec. La constructionde la phrase grecque en effet est essentiellementbasée sur la subordination des propositions, tandisque celle de la phrase hébraïque est basée sur la coordinationdes propositions. Or, dans l’Épître aux Hébreux,la phrase, quoique teintée d’hébraïsme, est cependantd’un grec qui rappelle assez bien les écrits de ce tempslà.Les périodes abondent et l’on ne voit pas commentelles pourraient être une traduction d’un texte qui n’enavait pas. Qui pourrait croire que la belle période dupremier chapitre vient de l’hébreu? S’il fallait chercherà cette Épître des termes de comparaison, on lestrouverait dans le livre de la Sagesse ou dans les écritsde Philon, lesquels sont des œuvres originales, sortiesd’un cerveau juif, et non des traductions. — 2° Relativementd’ailleurs aux autres livres du Nouveau Testament,l’Épître aux Hébreux est assez pure d’hébraïsmes.On en trouve cependant assez pour que l’on soit obligéd’admettre que l’auteur était un Juif hellénisé. Voici lesprincipaux hébraïsmes. — 1. Au point de vue grammatical:l’emploi d’un substantif au génitif, apposé à unautre pour tenir lieu de l’adjectif, i, 3, xffi panait "! ;8uvet|i£iûç aùxoû, la parole de sa puissance pour sa parolepuissante; IX, 5, x^pou^M- 86Et)c, Ie chérubin de gloirepour le chérubin glorieux; iv, 2, 6 Xôyoç tïk cfooîjc, laparole de l’ouïe, de l’audition, pour la parole entendue;v, 13, Xifoç Sdkxkntijvïiç,-la parole de la justice pour laparole juste; vi, 1, etc. Les noms hébreux restent indéclinables,vii, 11; ix, 4, 5; xi, 30; xii, 22. Nous avons laconstruction à7to<rojvai àico, III, 12, au lieu du génitif;

XaXeîv iv, i, 1, au lieu de 8tà; Sy.wfit xati tJvoî, vi, 13,au lieu de l’accusatif; xataTtoiveîv, qui est intransitif,construit avec ànâ, iv, 10; elvai eî; ti, viii, 10, pouretvaé ti; le pléonasme de éauTOÏç ou èv êavxotç avecexeiv, x, 34. Jamais un Grec n’aurait écrit: I, 2, lit’iafànov x<5v 7|{upùv Toiixuv, V, 7; Jv xaîç T|yipou; tTJÇaapxo’c avroû. — 2. Au point de vue lexicographique:Yeûofiai Savâxov, II, 9; arapii.a, ii, 16, dans le sens depostérité; <ràp5 xecl a?|ia, II, 14, pour signifier l’homme;xâptv eûpïoxEiv, ry, 16; ôpioXovla, iii, 1, foi professée;eôXoyîa, VI, 7, bénédiction; èpY<xÇe<x8at Sixaiodiivrjv, xr,33; pr, [xa, vi, 5, promesse; è! jepxo|i.<xc ê* ttjç ô<npôoç, vii, 5,pour signifier naître; ’eSeîv Oivaxov, xi, 5; iteptitocuéto èv,xin, 9; èvtiîtiov ôeoû, xra, 21. Cette proportion d’hébraïsmesest insignifiante en comparaison de cellequ’on trouve même dans saint Luc, excepté dans laseconde partie des Actes des Apôtres. Il est certain que,si le texte avait été traduit de l’hébreu, on en auraitrelevé un nombre beaucoup plus considérable. Ainsi,rien que dans le chapitre Ie * de saint Luc, qui est pourla longueur le cinquième de l’Épître aux Hébreux, j’enrelève 25. — 3. On trouve des expressions grecques,dont on n’a l’équivalent ni en hébreu ni en araméenet qui ne pourraient être exprimées en hébreu que pardes circonlocutions, ce qui prouve qu’elles proviennentd’une source grecque. On ne saurait comment traduirelittéralement en hébreu: I, 3, àica.ifa(ry.a xr, ç S^Çrjç, «lereflet de sa gloire;» liexpiorcafleïv, v, 2, «être dans dejustes sentiments à l’égard de quelqu’un, compatir;» SvxTcpinrivsuxoc, v, 11, «difficile à expliquer;» EÎmepiVxotxo;, xil, 1, «qui circonvient facilement, s et laphrase, XI, 1, Ttiaxi; èXmÇojié’vtDv, ûîtôdxauiç îtpaYUa-rtiiv,cXeyxoç où [S).era>|jivwv. — 4. Il y a des assonances, desjeux de mots et des paronomases, qui seraient incompréhensibleset impossibles si l’original n’était pas grec:v, 8, e|ia6sv àf’ûv é’îtaOsv, «il a appris par les chosesqu’il a souffertes;» v, 14, xaXoO xe xai xaxoO, «ce quiest bien et ce qui est mal;» vii, 19, è^y^ ^^! «nous nousrapprochons,» a, vii, 22, son relatif dans Ë-yyuo?, «garant;» vin, 7, a|A£|ijrco;, «sans défaut,» dans viii, 8, (jiejiçô(jievo;, «blâmant;» ix, 28, rcpoævexŒU, «s’étant oifert,» danse! ç xb àveveYxetv, . «pour porter;» xiii, 14, eu nsvovi<rav, «qui ne demeure pas» est en opposition avec(iéùo’jo-av, «qui est à venir, a Citons encore: i, 1, tioXu-Hep£>ç-îtoXuxp<511(oi; ; II, 8, ôiroxâijai-àvvrao’TaxTov; VII, 3,cHtâxup-àjr/jxtop; vil, 23, itapaitâveiv-nsveiv; ix, 10, èitipp(i[i «o-( xa itô|iairt; X, 29, ï)Yr]<x<z|AEvoc Èv & ï)Y’6’! r *? l>e * c’Il est^ impossible de supposer que les deux langues,l’hébreu et le grec, aient permis un emploi aussi répétéde la paronomase dans les mêmes phrases. — 5. Enfin,les citations de l’Ancien Testament sont toutes extraitesdes Septante, même quand Je texte grec n’est pas enaccord avec l’hébreu. On pourrait supposer que le traducteurgrec aurait fait cette adaptation au texte desSeptante; ce serait déjà étrange pour les cas où lestextes ne sont pas concordants, mais la suppositiondevient fausse quand, par exemple, le raisonnementde l’auteur est basé sur un passage des Septante, quiest en désaccord avec l’original hébreu. Ainsi, x, 5,l’auteur cite le Psaume xxxix, 7, du texte grec: Siôxocl £Ï<TEpx<5|ievo{ eïç tbv x(S<j(j.ov Xéyet: Ousïkv xal Ttpoaipopàvoùx rfié-raa<;, ffojp/x 8è xaxrjpxîffto (iot. «C’estpourquoi le Christ entrant dans le monde dit: Tu n’asvoulu ni sacrifice ni offrande; mais tu m’as formé uncorps.» Le raisonnement est celui-ci. Dieu n’a pas étésatisfait des sacrifices mosaïques; pour les remplacer ila donné un corps à son Fils de sorte que, x, 10, en vertude cette volonté, nous sommes sanctifiés par l’offrandedu corps de Jésus-Christ. Le raisonnement est basé surcette proposition: aûiLa 5ï xecxTjfxisiû |aoi. Or le textehébreu porte: «Tu ne désires ni sacrifice ni offrande, ’oznaîm kârita lî, tu m’as ouvert les oreilles.» Il estpossible de voir comment du texte hébreu on est arrivé à celui des Septante; mais, ce qui est certain, c’est que l’auteur raisonnait sur ce dernier et non sur le texte hébreu. En outre, en plusieurs passages, l’auteur sans faire de citations rappelle des faits, qui proviennent d’une mauvaise lecture des Septante. Ainsi, xt, 21, citant les Septante, il dit: Ἰακὼδ προσεκύνησεν, en s’inclinant sur le sommet de son bâton, ἐπὶ τὸ ἄκρον τῆς ῥάδδου αὑτοῦ. Or l’hébreu a: «Israël adora en se tournant vers la tête de son lit.» La différence vient de ce que les Septante ont lu mattéh, «bâton,» au lieu de mittäh, a lit;» il n’y a qu’une différence de voyelles. L’auteur a même reproduit une faute de traduction, qui ne se retrouve que dans le Codex Alexandrinus. Ainsi, ΣΠ, 15, nous avons: Ἐπισχοποῦντες… μή τις ῥίζα πικρίας ἄνω φύουσα ἐνοχλῆ, «Veiïllant à ce qu’aucune racine d’amertume poussant des rejetons ne produise du trouble.» Or le Codex Alexandrinus, dans Deut., XxIX, 18, ἃ: μή τίς ἐστιν ἐν ὑμῖν ῥίζα πιχρίας ἄνω φύουσα ἐνοχλῇ, tandis que le Codex Vaticanus, traduit exactement l’hébreu: μὴ τίς ἐστιν ἐν ὑμῖν ῥίζα ἄνω φύουσα ἐν χολῇ καὶ πικρία, «Qu’il n’y ait parmi vous aucune racine poussant des rejetons dans le trouble et l’amertume.» Il serait possible de citer encore d’autres exemples analogues. Il reste donc certain que le texte grec est le texte original.

Vocabulaire de l’Épître.

1. Eu égard à la brièveté de l’Épître, le vocabulaire en est particulièrement riche et offre des caractéristiques très marquées. Thayer compte dans cette Épître 168 ἄπαξ λεγόμενα; cette proportion est considérable, puisque l’Épître aux Romains en contient seulement 1143; I Corinthiens, 110; IT Corinthiens, 99; Galates, 34; Éphésiens, 49; Colossiens, 38; Philippiens, M; I Thessaloniciens, 3; II Thessaloniciens, 11, et Philémon, 5. Seules, les Épitres pastorales ont le même nombre d’apax, soit 168. Mais l’Épitre aux Hébreux est approximativement plus longue d’un tiers. Ces ἄπαξ λεγόμενα se décomposent ainsi:

1. Mots spéciaux à cette lettre et inconnus soit au grec classique soit au grec biblique. Il y en ἃ 10: ἀγενεαλόγητος, vil, ὃ; αἱματεχχυσία, IX, 22; ἔχτρομος, XII, 21, dans les manuscrits N D, n’est pas dans les dictionnaires grecs, mais a été trouvé dans la 265 ligne de l’inscription d’’Hadrumète, découverte en 1890 et publiée par Maspero, Collections du Musée Alaoui, 1se série, 85 liv., Paris, 1890, p. 100; les manuscrits ACMr portent ἔντρομος; εὐπερίστατος, xii, 1; θεατρίζειν, x, 33; Polybe a ἐχθεατρίζεϊν; μέσθαπο- δότης, XI, 6; μισθαποδοσία, Ir, 2; πρόσχνσις, XI, 28; συγ- χαχουχεῖν, XI, 25; τελειωτής, XII, 2. Quelques-uns de ces mots ont dans le grec classique des similaires, provenant de mêmes racines. —

2. On trouve aussi dans cette Épître 92 mots du grec classique, qui ne se rencontrent ni dans les Septante ni dans le reste du Nouveau Testament, ce qui prouve assez bien la culture classique de l’auteur. Citons: ἀκλινής, X, 23; ἀλυσιτελής, x, 17; ἀναλογίζεσθα:, XII, 3; διόρθωσις, IX, 10; évo- ὀρίζειν, X, 29; εὐαρέστως, XI, 28; συμπαθεῖν, 1V, 15; ὑπείκειν, XIII, 17, etc. —

3. Dix-huit autres mots, inconnus aux Septante et au Nouveau Testament, se trouvent dans les auteurs de la littérature grecque contemporaine ou postérieure: ἀθέτησις, VIL, 18; ἀκατάλυτος, VII, 16; ἀφορᾶν, XII, 2; δυσερμήνευτος, ν, 11; εὐποιΐα, χπι, 16; μετριοπαθεῖν, ν, 2; πολυμερῶς, πολυτρόπως. s. ꝟ.; τυμπανΐζειν, XI, 35; ὑποστολή, x, 39, etc.

4. Soixante-quatorze mots employés par les auteurs classiques et les Septante se retrouvent ici seulement et non dans les autres livres du Nouveau Testament: αἴγειος, χι, 37; αἴτιος, V, 9; διάταγμα, χι, 18; εὐλάδεια, ν, 7; κατάσκοπος, XI, 31; φοθερός, Σ, 25; xapaxtip, 1, 3. —

5. Treize mots post-classiques, mais employés dans les Septante, se retrouvent ici et non dans le Nouveau Testament: ἀγνόημα, 1x, 7; αἴνεσις, XIII, 15; λειτουργικός, τ, 14; ἀπαύγασμα, I, 2; ὁρχωμοσία, V, 2; πρωτοτόχια, XII, 16. —-— 6. On remarquera les préférences de cet écrivain pour les mots composés; ils sont trés nombreux dans cette Épître, beaucoup plus que dans un livre quelconque du Nouveau Testament. Là où saint Paul a l’expression simple, l’Épître a un mot composé: μισθαποδοσία, 11, 2 = I Cor., πὶ, 8, μέσθος; ἡ συντελεέα τοῦ αἰώνος, ΤΣ, 96 — I Cor., x, 11, τὸ τέλος τῶν αἰώνων; συνεπιμαρτυρεῖν, π, 4 = Gal., v, 3; μαρτυρεῖν; ἔν δεξιᾷ τοῦ θρόνον τῆς μεγαλωσύνης, VHI, 1 = Col., πὶ, 1, ἐν δεξιᾷ τοῦ θεοῦ; ἀναλογίζεσθαι, XIL, 3 = λογίζεσθαι, Rom, iii, 8,

II. Si maintenant nous comparons le vocabulaire de l’Épitre avec celui de saint Paul nous relevons 292 mots étrangers aux écrits pauliniens. Il est vrai que 462 de ces mots s’y retrouvent à l’état composé à l’aide d’une préposition. Pour les 130 autres, à part quelques-uns, dont saint Paul n’a pas eu à se servir, parce qu’ils se trouvent dans des citations ou se rapportent au culte mosaïque, la plupart d’entre eux étaient d’usage courant et saint Paul les aurait utilisés, s’il les avait connus. Voici quelques observations sur les ressemblances et les différences entre le vocabulaire de l’Épitre aux Hébreux et celui des Épîtres de saint Paul.

1. Emploi des particules.

L’emploi des particules, conjonctions et prépositions, est une des caractéristiques les plus-nettes d’un style. Or saint Paul emploie εἴ. τις 50 fois; εἴτε, 63 fois; εἴ πως, 3 fois; πότε, 9 fois; € Era, 6 fois; εἰ δὲ καὶ, 4 fois; εἴπερ, 5 fois; ἔχτος et μή, 8 fois; εἴγε, 5 fois; μή πῶς, 12 fois; μηκέτι, 740 fois; μὲν οὖν γε, 3 fois; l’Épitre aux Hébreux n’emploie jamais ces conjonctions; ἐάν qui se trouve 88 fois dans saint Paul n’est employé que 2 fois dans l’Épître aux Hébreux, si-l’on en excepte & fois dans les citations. Comme composé de εἰ, l’Épître aux Hébreux ne connaît que εἰ μήν 1 fois, ur, 8, contre 98 fois dans saint Paul; εἰ καὶ, 16 fois dans saint Paul, n’est qu’une fois dans Heb., vi, 9; εἰ οὐ, 1 fois, χη, %5, contre 16 fois dans saint Paul; ὅταν, 23 fois dans saint Paul, n’est qu’une fois dans Heb., 1, 6; ὄτε, 20 fois dans saint Paul, 2 fois dans Heb.; ὥστε, 39 fois dans saint Paul, 1 fois dans Heb.; μηδείς, μηδέ, 29 fois dans Paul, 2 fois dans Heb.; πῶς, interrogatif. 40 fois dans Paul, À fois dans Heb. Mais ὅθεν, employé 6 fois et ἐάνπερ 8 fois dans l’Épitre aux Hébreux, sont inconnus à saint Paul; διό est employé relativement 2 fois plus dans Heb. que dans saint Paul. L’usage des prépositions est très différent chez les deux écrivains. L’Épître aux Hébreux préfère ἀπό, κατά, μετά, παρά, περί; saint Paul διά, ἐχ, σύν, inconnu à Heb., ὑπέρ, ὑπό; παρά avec l’accusatif, uni à un comparatif, fréquent dans Heb. et dans le grec classique, ne se trouve jamais dans saint Paul; ὑπέρ avec la même construction, une fois dans Heb., , jamais dans saint Paul. —

2. Formules de rhétorique.

L’Épître aux Hébreux ne connaît pas les formules de rhétorique::τί οὖν, τί γάρ, ἀλλ᾽ ἐρεῖ τις, μὴ γένοιτο, ἄρα οὖν, οὐκ οἴδατε, familières à à saint Paul, et se sert des formules: ὡς ἔπος εἰπεῖν, ete τὸ διηνεκές, χαθ᾽ ὅσον, étrangères à saint Paul. —

3. Emploi des verbes et des cas.

Il y a quelques différences à signaler. L’Épître aux Hébreux emploie καθίζω intransitivement, 1, 3; saint Paul dans un contexte semblable l’emploie transitivement, Eph., 1, 20. Heb. emploie χοινωνεῖν avec le génitif de l’objet, π, 14; saint Paul avec le datif de lo objet, Rom. ΧΗ, 43; xv. 27; Gal., vi, 6, etc. Heb. dit: εἴρειν πρὸς τίνα, 1, 13. Saint Paul se sert du datif de l’objet, Rom. 1x, 12; Gal., πὶ, 16. Heb. ἃ κρατεῖν avec le génitif. 1v, 14, saint Paul avec l’accusatif, Col. τ, 49. Heb. ἃ καταδαλλεῖν θεμέλιον, 11, 4, saint Paul dit: ἰσθάναι θεμέλιον, IT Tim, It, 19, τιθέναι θεμέλιον; I Cor., ΠῚ, 10, οἰκοδομεῖν θεμέλιον, Rom., ἀν, 20. — 4, Tournures ei mots spéciaux à l’Épitre aux Hébreux. — Nous trouvons dans l’Épitre aux Hébreux de nombreuses tournures de phrases, qui lui sont absolument spéciales: διαφερώτερον ὄνομα κληρονομεῖν, I, 4; εἶναι εἰς πατέρα, 1, 5; ἀρχήν λαμβάνειν λαλεῖσθαι, 11, ὃ; προσερχέσθαι θρόνῳ χάριτος, νι, 16; χεχωρισμένος ἀπὸ τῶν ἀμαρτολῶν, VI, 26; χρείττων, employé 11 fois dans Heb. dans le sens de: «le plus

excellent,» n’est qu’une fois dans saint Paul, I Cor., xii,31, et encore, dans les meilleurs manuscrits, il y a tietÇaw;irpo<rcpx£<x8ai xû 8ew, 5 fois dans Heb.; 1 fois seulementdans saint Paul et encore dans I Tim., VI, 3, où letexte est douteux; des manuscrits lisent irpopé^ETai;06Ôç Cûv, iii, 12; Çûv h ï.6foz, iv, 12, se trouvent 6 foisdans Heb., jamais dans saint Paul; teXeiom, 9 fois dansHeb. pour signifier «rendre parfait, atteindre à laperfection», une fois dans Philippiens, iii, 12, dans lesens d’être parfait; saint Paul emploie de préférenceôixcuow. Le groupe: xXT)povo|jié(i>, xXïipovojiia, très fréquentdans Heb., l’est beaucoup moins dans saint Paul;tepeûç est 14 fois et àp-/iepey «17 fois dans Heb., jamaisdans saint Paul. — 5. Nous avons certains mots trèscaractéristiques de la langue de Paul que PÉpître auxHébreux ne connaît pas: sjayYÉXiov, pour signifier larévélation de Dieu par Jésus-Christ, employé 69 foispar saint Paul, ne l’est jamais par l’Épître aux Hébreux;tù.arntkiÇouu.jtoujours employé par Paul à la voixmoyenne, ne l’est que 2 fois par Heb., iv, 2, 6, àla voix passive et non dans le sens particulier de saintPaul; xaTspyâïojias, 21 fois dans saint Paul; jamais dansHeb. Muffx^ptov, tcXy)P(5(ù, oixoSou.éb), 61xaioo>, sont inconnusà l’Épître aux Hébreux; le groupe de mots: àYaitâw,aYâro), àvaroixoc, fréquents dans saint Paul, 135 fois,est représenté 2 fois dans Heb. par àyaitâw et encoredans des citations, 1 fois par àyâit» ) et 1 fois par àfanrjtéç;le groupe: àlrfizia, àVi)6ï)c, àXïiôeiw, 55 fois danssaint Paul, 3 fois seulement dans Heb.; àîrôoroXoç, 1 foisdans Heb. et s’appliquant à Jésus-Christ, 34 fois danssaint Paul à son sens ordinaire. Le groupe xau-/ao|j.at,xaûxisi» ) 58 fois dans saint Paul, 1 fois dans Heb. Legroupe: çpovâ», çp<5vï)[i.a, 31 fois dans saint Paul, inconnuà Heb. L’optatif a, on le sait, à peu près disparu duNouveau Testament; on l’y trouve 66 fois seulement et,feit caractéristique, il est 28 fois dans Luc, 32 fois danssaint Paul et 1 fois seulement dans Heb., xiii, 21, etencore vers la fin du ch. xiii, qui, d’après quelques-uns,a été ajoutée par Paul, ce qui tendrait à prouver quel’auteur ne peut être un Alexandrin, car il saurait mieuxemployer les tournures grecques. — 6. Certains motssont employés par Paul et par l’Épître aux Hébreux,mais différemment. On a signalé en particulier: ulo’;coO ©£oû, xXir)pov(Sfi.oç, ÛTt&crracTiÇi Tâ£ic, &PY<>v>e t c ->e * sur "tout ittaxiç. Signalons aussi la manière dont Jésus-Christest appelé soit dans saint Paul, soit dans l’Épître auxHébreux. Saint Paul, en parlant de Notre-Seigneur,ajoute presque toujours au nom de’IïjctoOç celui deXptffrôç ou de Kupioç: ’Iï)(xoûç XpKxxoç, Xpio"ro’ç’Iï](To*jç,6 KiSptoç’I^o-oO?; une fois sur trente, à peu près, ildira’Itjooûç tout seul. Dans l’Épître aux Hébreux laproportion est renversée; presque toujours, neuf foissur treize, on a’I^o-oûç seul et trois fois’It, <joûi; Xpiax6ç;une fois Kupioc ï)Si.wv’Ii)<ro5c. Les épithètes que saintPaul et Heb. ajoutent au nom de Jésus ou de Jésus-Christsont différentes. Paul se sert de Kupioç xptfifo,êîxæoç (épithète donnée à Dieu par Heb., xii, 23), uiôçupwrdxoxoç, irpwtdToxoç "zr^ç xTi’asoiç, Tcpedxoi èx vExpôiv,êeuTepoç avOpwrco;, [itakffi Beoû xat âvôptiîcwv, xEça>7)icâ<7r|ç «pxle *<**’s50u «Ji’o{. L’Épître aux Hébreux emploieles suivantes: Xpio-ro; uM; èiti-rov otxov, àpytepeiç,àp^iepE’Jç àfioXuyia;, àizàazokos, (ieoÎtt)Ç.Sto&rpait, «PXIY^îo-(i>T<)ptaç, àp-/T)Y<i; merrew;, xX71pov<Su.oi; iravTwv, âitayyaatiaZiXrfi xa: xapax-njp Tr,? ûitoarâffetûc aOxoO. — 7. Il fautrelever cependant un certain nombre d’expressions caractéristiques,communes à Paul et à l’Épître aux Hébreux:VEvexpw|tÉvo «, employé en parlant d’Abraham, Rom.rv, 19 = Heb., xi, 12; xaTapyéw, Heb.,-n, 14, employédans le même sens que 1 Cor., xv, 26; II Tim., i, 10;icEpeffo-OTÉpu; dix fois dans Paul, deux fois dans Hébreuxet jamais dans les autres livres du Nouveau Testament;vvvt dix-huit fois dans Paul, deux fois dans Hébreux,jamais ailleurs, excepté deux fois dans les Actes, dans

des discours de saint Paul. De même, xaOzrcep onze foisdans Paul, une fois dans Hébreux, jamais ailleurs. L’emploidu pronom indéterminé tîveç pour désigner unemultitude est le même dans Rom., iii, 3; I Cor., x, 7, 10,et dans Heb., iii, 16; <